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Mttteum
173
LA CRÉATION
ET
SES MYSTERES DEVOILES
ŒT OUVRAGE SE TROUVE ÉGALEMENT CHEZ LAUTEUR ,
Bac «« teMoiiTlIle, 49^ à Nenllly, près Paris.
I M p. B F. \ A R n K T C* , 2 , R D K n A SI I E T T H
LA CRÉATION
KT SES
MYSTÈRES DEVOILES
Ouvrage où Fod expose claiieiiuiDt la Nature d». tous les Etres
LES ÉLÉMENTS DONT ILS SOUt COMPOSÉS
ET LEURS B APPORTS AVEC LE GLORE ET LES ASTRES
LA NATURE ET LA SITUATION DU FEU DU SOLEIL
L'ORIGINE Qt L'AMÉRIQUE
. . * - ^
LA FORMATION FORCÉE DB NOUVELLES PLAKÈTES
L'ORiaiNB DIS LANGUES BT LBS CAUSES DE LA VARIÉTÉ DBS PHYSI0N0MIR3
LE COMPTE COURANT DE L'HOMME AVEC LA TERRE, RTC.
PAR AT SNIDEK^
0
PARIS
LIBRAIRIE A. FRANCK
67 , RUI RICHELIEU
LIBRAIRIE E. DENTU
PAL419-ROYAL, GALERIE d'oRIÉAKS, 1 .'t
1859
Droli de Traclociion rénervé
i « « .^ #
PREFACE
0
v^ Félix qui poluit rerum cognoscere C4U»a».'
û Virgile, Georg., II.
I « *
>
0 Pendant plus de vingt ans, mes réflexions et mes
recherches m'ont porté à me demander l'origine de
ces nombreuses populations que Christophe Colomb
rencontra en Amérique lors de sa découverte en
1492, ainsi que les autres voyageurs qui l'ont
suivi. -
Comment ces populations se trouvaient-elles dans
ces contrées inconnues?
Dans le pays même, c'est-à-dire en Amérique, ni
Colomb, ni Améric Vespucci, ni Cortèz, ni Piz-
zaro, ni leurs successeurs, n'ont jamais trouvé de
livres pour éclairer l'histoire de l'origine du peuple
américain.
Tout ce que les auteurs modernes ont dit et écrit
sur le passage présumé des peuples par le nord, ou
en traversant la mer, était conjectural et impossible
a mes yeux ; d'abord le nord de l'Asie ne touche pas
avec le nord de l'Amérique pour qu'il y ait une corn-
PKËFAGE.
munication par terre, et quant à la traversée par
nier, la distance de l'Afrique a rAmérique était im-
mense, et la navigation était inconnue ou dans Ten-
fance ; ensuite, ce qui détruisait Tune et Tautre
de ces hypothèses, c'étaient les débris de monu-
ments, de colonnes et de pierres qui avaient servi
très-anciennement, quelques-unes portant encore des
vestiges d'inscriptions pareilles à celles de l'Egypte,
que je voyais dans les forêts et dans les déserts de
l'Amérique.
Il me semblait donc que, quand même les hommes
auraient pu traverser l'Océan, ils n'auraient certes
pas emporté avec eux ces masses énormes de pierres
et en si grande abondance.
Si les hommes avaient emporté seulement leurs
instrument^, et travaillé la pierre en Amérique, l'art
se serait conservé et perfectionné; car le goût des
arts, qui est inné chez tous les peuples, progresse
surtout quand une nation jouit d'une paisible tran-
quillité, comme celle dont jouissaient les populations
en Amérique à l'époque de la découverte de ce grand
continent.
Mais les monuments en pierre de taille qu'on ren-
contrait à cette époque n'étaient que des débris,
sauf quelques rares sujets qui ornaient des temples
du Mexique et qui étaient vénérés comme des objets
d'un ancien souvenir.
Aussi, dans mes pérégrinations à travers les déserts
de l'Amérique, ai-je rencontré en bien des endroits,
ainsi que je le disais tout à l'heure, des débris d'an-
ciennes colonnes, des fragments de statues, et de
grandes pierres, quelques-unes portant encore des
PRÉFÀGS. 7
vestiges d'hiéroglyphes, et j'en ai vu ensevelis dans
les terres et dans le fond de certaines rivières.
Je n'ai pas manqué, en toute occasion, de prendre
des notes de la position de ces découvertes, et lorsque
l'objet était à ma portée, je le mesurais et j'en faisais
la description ; mais malheureusement ces notes se
sont perdues dans les vicissitudes de mes excur-
sions.
De nos jours cependant les fouilles dommencenl à
se pratiquer par les soins des hommes instruits et des
propriétaires dans certaines contrées du Nouveau-
Monde; déjà, grâce à eux, nous sommes à même, non
plus d'énumérer des fragments et des débris, mais bien
des monuments entiers, des statues et des tables de
taille gigantesque, des animaux complets en pierre
de toute sorte, et même des traces d'inscriptions qui
ue tarderont pas à être déchiffrées. Dans le courant
de cet ouvrage, j'indique la localité et le nom de
l'honorable personnage qui est déjà en possession
d'une centaine de ces trésors de l'antiquité, et qui
continue toujours ses fouilles.
C'est ainsi que les entrailles de la terre amé-
ricaine semblent faire sortir ces témoins pour venir
confirmer son origine telle que je me suis proposé de.
l'indiquer. Je dois cette découverte à mes réflexions
et à mes recherches, et j'espère avoir touché du
doigt la vérité.
Mais, pour la faire comprendre , cette vérité, pour
expliquer le détachement, la séparation de ce nou-
veau monde qui a été uni à l'ancien pendant tant de
siècles, il me fallait présenter leurs positions primi-
tives, leur liaison antérieure, le tout dans son en-
8 - PRÉFACE.
semble. Pour donner ces explications, il me fallait
remonter à la position de notre planète, et pour
traiter de notre planète, il fallait me reporter à son
origine, à sa création.
Mais comment oser parler de la création, quand
déjà les hypothèses des savants sur cette question
ont rempli le monde sous toute espèce de formes?
Toutefois, ayant examiné les systèmes de presque
tous les auteurs qui ont traité ce grave sujet, j'ai
remarqué qu'aucune de leurs opinions ne se rap-
portait complètement à mes idées. Convaincu de la
vérité où m'ont conduit mes réflexions, j'ai entrepris
la tâche d'exposer le système que m'indiquait ma
conviction, basée sur l'inévitable liaison des êtres de
toute espèce, depuis la masse grandiose du globe,
jusqu'au plus petit insecte.
J'ai trouvé que l'infiniment petit a été l'origine
et la source de l'infiniment grand ; que rien ne vient
de rien, mais aussi que ce qui est grand ne vient pas
du grand, mais commence par un être petit, attendu
que la nature n'agit qu'à l'aide de corps ou d'élé-
ments imperceptibles.
Je me suis convaincu que la terre de l'Amérique
et celle de l'ancien monde ont été composées en
même temps, avec une matière identique, et que les
êtres de toute nature qui habitent ces deux grands
continents, ceux qui s'agitent à la surface de la
terre, comme ceux qui nagent dans les eaux, comme
les êtres qui planent dans l'air, sont également com-
posés de la même matière que le corps de la planète
qui devait servir à leur séjour.
Pour développer ces idées, il me fallait entrer
PRÉFACE. l)
dans tous les détails de la création, entendue dans
son sens le plus général ; c'est-à-dire, dans les dé-
tails de la composition de chacun des êtres, non-seu-
lement de là planète, mais aussi des règnes minéral,
végétal et animal ; et encore des eaux, du feu et de
Tair , puis des phénomènes intérieurs et extérieurs
de la terre, et enfin de son atmosphère, et de la loi
du mouvement universel.
Comme ces phénomènes ont une liaison directe
avec les astres, mes recherches ont dû se porter sur
les corps des autres planètes, et sur le soleil, qui do-
mine notre constellation.
Parmi les planètes, j'ai choisi Saturne; son poids,
ses satellites, m'offraient un terme de comparaison
assez commode pour expliquer leurs phases dans les
époques de la création, et concevoir, par analogie, la
séparation de notre Lune.
Quant au Soleil, les astronomes les plus éminents;
Herschel, Arago, et M. de Humbold, ont exprimé à
ce sujet des opinions qui sont généralement reçues.
Cependant, aucun d'eux n'a résolu positivement le
pi*oblème de la nature et de la situation de son feu
resplendissant; par conséquent, la porte des re-
cherches étant encore ouverte sur cette question, je
dus essayer aussi d'exposer mon idée. Ici un fait in-
contestable me guidait: l'origine et la nature positive
des matières ; car, si les matières composant le soleil
étaient de la même origine que celles composant les
planètes, it n'y avait aucune raison de douter que son
corps ne possédât les mêmes éléments ; il fallait seu-
lement savoir comment se produisait et de quoi s'a-
limentait le feu extérieur du soleil, ce feu si puissant.
10 PRÉFACE.
qui domine et vivifie toutes les planètes, ainsi que
les êtres qu'elles contiennent.
Pour résoudre cette question importante, après
avoir consulté les œuvres des Newton , des Ke-
pler, etc., et n'ayant rien trouvé de satisfaisant à cet
égard, j'ai fait la comparaison de ce feu sublime et élé-
mentaire avec celui de notre globe et déterminé sa
position entre la planète et le soleil, et j'ai osé pré-
senter pour solution une nouvelle hypothèse; cette
idée toute neuve m'est v^nue comme une consé-
quence inévitable de la simplicité avec laquelle toutes
les choses de la nature sont faites.
Le feu céleste, comme celui de l'intérieur de la
terre, ayant coopéré, en consolidant notre planète, à
l'addition des êtres qu'elle produisait dans les règnes
végétal et animal, il m'a fallu entrer dans l'expli-
cation du travail de la création, d'après les époques
de formations successives des minéraux, des vé-
gétaux et des animaux, en faisant la statistique de
certaines espèces de ces derniers, pour déter-
miner la condition des êtres en général sur la
terre.
Les eaux, qui ont joué un si grand rôle dans la
formation de notre monde, devaient avoir leur place
assignée depuis leur origine jusqu'au terme de leur
mission. Cet élément primitif ayant un rapport per-
pétuel avec l'existence du globe et de tous les êtres
qu'il contient, et ayant participé h de grands phé-
nomènes, j'ai dû observer, en passant, les causes
et les effets de cette puissance à l'extérieur comme
k rintérieur de la terre.
L'atmosphère, qui fait visiblement partie de notre
PRÉFACE. 11
planète et qui la sépare de l'espace, en servant de
gi*and laboratoire chimique aux émanations ter-
restres; cette atmosphère, où Tair se purifie, et, qui
iious en fournit constamment pour notre existence,
ne pouvait manquer d'avoir son histoire dans mon
exposé.
Enfin, Thomme, le dernier arrivé sur notre globe
dans Tordre de la création, portant en lui l'intel-
ligence avec les devoirs qu'elle lui impose, termine
mon ouvrage.
Le dernier jour de la création, dans lequel nous
vivons, m'a offert des arguments positifs qui ont
justiSé beaucoup d'explications concernant les jours
précédents de la création ; ces arguments ont régula-
risé, après examen, des conditions qui auraient pu
rester danà le domaine des hypothèses.
Parmi ces faits se trouvent la dérivation des mo-
lécules et les rapports analogues des êtres entre eux ;
j'ai dû examiner ce que l'homme, comme individu,
reçoit de la terre et lui rend, établir pour ainsi dire
son compte courant, qui s'est étendu, par un calcul,
sur toute la race humaine ; ce calcul m'a conduit au
bilan des autres êtres, et leur ensemble m'a fourni
la statistique du mouvement jourpalier sur lequel j'ai
pu baser le chiffre des émanations qui se produisent
sur tout le globe terrestre.
La matière sur laquelle repose la loi de la pesan-
teur et les principes du mouvement perpétuel sont
l'objet d'un chapitre spécial.
L'origine des langues et les causes de leurs diver-
sités, comme la cause de la variété des physiono-
mies humaines, sont aussi Tobjet d^un chapitre à
12 PRÉFACE.
part, ainsi que le but de la création de l'homme.
Enfin, j'examine ce qu*a produit jusqu'ici l'intelli-
gence de l'homme dans le grand œuvre de la civili-
sation. Ce dernier tableau n'est pas flatteur pour
l'homme ; mais je ne pouvais que dire la vérité, heu-
reux si l'aperçu que je donne, dans les derniers cha-
pitres, des maux qui affligent l'espèce humaine con^-
tribue à rendre l'homme aussi parfait de cœur qu'il
l'est au point de vue de l'intelligence dont il a été
gratifié par le Créateur.
Dans un ouvrage aussi peu volumineux qu'est
celui-cf, je me suis eflbrcé de rendre mes pensées le
plus clairement, le plus simplement possible, afin que
tout le monde puisse le lire et le comprendre, sans
avoir besoin de chercher dans le dictionnaire la va-
leur de termes nouveaux ou scientifiques.'
Je sens que j'ai trop osé peut-être en touchant à la
partie philosophique de la création ; du moins, je me
suis astreint, autant que possible, aux époques de la
Bible.
L'astronomie a nécessairement réclamé une place
dans mon ouvrage : je lui ai fait celle que la nature
de l'œuvre comportait; quant aux règnes minéral,
végétal et animal, ils y figurent avec les êtres les plus
importants de la création.
Si quelqu'une de mes idées ne paraissant pas suf-
fisamment prouvée, on jugeait à propos de la classer
dans le nombre des hypothèses, elle n'en sera pas
moins utile pour des recherches subséquentes.
€ Tant qu'il ne nous est pas donné, > disait le sa-
vant Anglais Newton, « de parvenir au juste degré de
€ certitude, il convient de tolérer les hypothèses,
PRÉFACE. 13
<sr mais en les rapportant seulement entre les choses
« probables. *
Le célèbre Allemand Euler disait aussi : « Je ne
« pense pias qu'une grande liberté de feindre des hy-
<r pothèses soit pernicieuse à la connaissance de la
« vérité; car je suis bien persuadé que ce n'est
« qu'après plusieurs de ces essais, que l'on tente en
« imaginant des hypothèses^ qu'il nous est permis
« d'arriver à la vérité. »
Le philosophe français Descartes, en traitant du
magnétisme, a donné un exemple frappant de l'avan-
tage des hypothèses.
Enfin, l'Américain Francklin, mon compatriote, a
encore dit : c Je considère une théorie toujoui*s utile,
^ lorsqu'elle classe les faits méthodiquement; elle
« sera une hypothèse, mais une hypothèse indispen-
« sable qui débrouillera un grand nombre de faits
^ connus. *
Quelle que soit donc la hardiesse de certaines de
mes hypothèses, je suis convaincu que ces grands
hommes les auraient approuvées, comme je suis sûr
que, si Franklin vivait, il partagerait mon opinion
sur le fait de la formation de l'Amérique et sur l'ori-
gine de ses premiers habitants.
A. Snidek.
PREMIER JOUR
OU
PREMIÈRE ÉPOQUE
RÈGNE DE L'AIR ET OU FEU
Après de longs efforts, un immense assemblage
S'élève, et du chaos tout-à-coup se dégage :
Le monde naît enfla ; ses ressorts affermis
Se composent encor d'éléments ennemis.
Le choc tumultueux de leur foule infinie
De ce jeune univers éloignait l'harmonie;
Mais la terre bientôt se sépare des cieux;
L'onde envahit des mers les gouffres spacieux ;
Les monts dressent leur cime, et l'essence éthéréo
S'élance et resplendit à la voûte azurée.
Lucrèce ,
Traduit pAr M. de Ponckrville.
LE &ÉMIE DE LA NATURE.
Je crus voir, dans l'éclat de sa riche parure,
Appai'altre à mes yeux le Dieu de la nature ;
Dans ses traits doux et fiers une mâle beauté
Semblait joindre la grâce à la sévérité;
Son front touchait le ciel, ses pieds foulaient la terre.
Ses accents ressemblaient k la voix du tonnerre;
Mille astres éclataient sur son front radieux,
La foudre dans ses mains et l'éclair dans ses yeux ;
Douze signes ornaient sa ceinture flottante.
Au tissu varié de sa robe éclatante
Les sept rayons d'Iris prodiguaient leurs couleurs;
Sous ses pieds les gazons se tapissaient de fleurs.
Il ordonnait : les eaux s'échappaient de leurs sources;
Le tonnerre grondait, les vents prenaient leurs courses;
Autour de lui , le Temps , sous mille aspects nouveaux ,
Achevait , renversait , reprenait ses travaux ;
Les débris s'animaient, la mort était féconde,
Et la destruction renouvelait le monde.
Dblille.
PREMIER JOUR
00
PREMIÈRE ÉPOQUE
RÉGNE DE L'AIR ET DU FEU
CHAPITRE PREMIER
IVotlonuB i;énérales
Sommaire. — Aspect du ciel; nombre des étoiles, 1,2. — Vide du
lîrmament, 3,4. — Loi de destruction et de production, 5 à 8. —
Nature de Tiiomme , 9. — Analogie de l'homme avec les astres , 10.
— Intelligence de Thomme, 11. -^ Nouveaux ri^iporU de l'homme
avec les corp.^ célestes, 12. — Éléments dont ils sont composés , 13.
— Matière et fonction de notre globe, Û, 15, 16. — Témoignage de
la Bible, 17, 18.
I . — Quel que soit le point du globe sur lequel rhomme
se trouve , son regard embrasse, du zénith à l'horizon , cette
voûte infinie du ciel qui contient suspendues les étoiles par
millions.
2. — Ces étoiles, grandes è nos yeux comme de petits
diamants, sont séparées les unes des autres par des millions
de millions de lieues.
3. — Ces astres, soleils, planètes, ou étoiles, sont bien plus
nombreux encore; nos yeux^ nos télescopes les plus puissants
2
18 PREMIÈRE ÉPOQUE.
n'ont pas assez de portée pour nous permettre de les conipter,
ou même de les apercevoir dans le vide incommensurable du
firmament (1).
4. — Ce vide immense est destiné à recevoir d'autres
astres et de nouvelles planètes, qui augmenteront, à des mo-
ments donnés, le nombre des étoiles dans la sphère de Tu-
nivers.
5. — L'univers est, en vertu d'une loi éternelle, le foyer
d'un mouvement perpétuel de production et de destruction.
6. — Chaque soleil et chaque planète, par la même loi,
est également un foyer de productions et de destructions con-
tinuelles.
7. — La matière, y compris l'homme, qui en fait parlie,
est l'objet d'une incessante production et destruction.
8. — Ce qui provient de la destruction est une cause de
nouvelle formation.
9. -H. L'homme est composé de la même matière dont
est composé le monde qu'il habite.
10. '^ La nature agit sut l'homme et sur tout œ qui l'en-
toure , avec les mêmes lois suivant lesquelles elle agit sui-
tes corps célestes.
11. — Dieu a donné à l'homme l'intelligence, afin qu'il
ptifeèô "recottUâUf è , iwlïnirer et imiter, durant sa courte
Clattïère, là ^Herfectioti dont il voit le modèle dans l'univers,
12. — Chaque soleil et chaque planète absorbent et re-
jettent continuellement des fluides , comme l'homme aspire
VtAr ^t rejette i^fi hakine et s6i tr^mpiration*
(-1) Herschell a calculé 75 miUions d^éloiles; mais s'il eût pu placer
son télescope sur la plus éloignée qu'il ait aperçue , il en aurait trouvé
des milliards dans lés espaces supérieurs, indépendamment de cdles
ôt Ift vofe lactëé, et s^ns y comprendro ies comètes.
NOTIONS GÉNÉRALES. 19
13. — La réunion des molécules, ou fluides superflus,
épars dans l'espace , est le principe de la formation des astres
nouveaux , comme une molécule de semence est le principe
de la formation d'une plante ^ d'un animal et de l'homme.
K. — Notre globe a été composé du superflu des éma-
nations des autres astres, soleils et planètes.
15. — L'état actuel de notie globe, ses évolutions, ses
attractions, et ses émanations, nous fournissent autant d'é-
léments de comparaison avec les autres astres qui lui ont
donné leurs fluides superflus; bien plus, en vertu de la
loi de travail perpétuel que nous avons indiquée (13), ils
fournissent encore et fourniront toujours la matière destinée
à composer d'autres astres que nous ou nos descendants par*
viendrons à découvrir dans l'espace.
16. — Notre globe kii-même, par la force de liaison
qui règle le mouvement universel de tous les corps existants
sous la voûte du ciel, contribue depuis sa formation, et con-
tribiiera toujours à l'expansion de ces fluides, en émettant sa
portion de molécules superflues, comme on le verra au
chapitre xi.
I7« — Les anciens livres, la sainte Écriture elle-mêue,
quelque abrégée qu'elle isoit^ nous ouvrent la voie à ta con*-
naissance de ces faits, car nous lisons dans la Bible : « la
terre était sans forme et vide (c'est-à-dire dans le vidé), et
les ténèbres étaient sur la face de l'abîme. Ce fut le premier
jour. » (Genèse^ ch. i, v. 2.)
Ig. — Nous allons donc suivre, au milieu de ces ténèbres
dont parle la Bible, le chaos du premier jour, oi| pour mieux
dire de la i«*emière époque de formation ; mais, avant tout,
nous devons entrer dans quelques détails pour développer
les principes que nous vepons de poser.
20 première; époque.
CHAPITRE IL
DéTeloppement des Principes énoneé»
ei-demiiui.
Sommaire. — Élaboration des fluides dans l'espace, 19. — ' Leurs mod -
fications dans notre atmosphère, 20. — Effets analogues qui se pro-
duisent dans le règne animal, 21. — Rencontre et réunion des masses
de fluides; leur assemblage, 22. — Propriété de cet assemblage, 23.
— Sa contraction , son rétrécissement , sa force attractive , 24. — Sa
pesanteur, 25. — Formation du feu central , 26. — Belles conséquences
du travail de Tassemblage , 27. — Mode de formation des planètes et
des satellites , 28. — Loi relative aux satellites, 29, 30. — Système
des anneaux, 31. — Decsité des satellites, 32, 33. — Exemple tiré de
la planète Saturne , 34. — Limites dans lesquelles nous nous renfer-
mons, 35. — Tableau de la densité des corps de notre système solaire, 36.
19. — Tout soleil, toute planète, a ses émanations con-
linuelles jour et nuit; une partie de ces émanations retourne
à sa source primitive, en vertu de la loi d'attraction , d'im-
pulsion et de répulsion (1), sous des formes diverses de cha-
leur, pluie ou neige; mais une partie se disperse et voyage
dans respace sous forme de molécules invisibles; ces molé-
cules possèdent naturellement la 'pro'pnété intrinsèque des
corps existant dans l'astre ou la planète qu'elles ont
quitté.
20. — Ainsi, les émanations de toute nature qui sortent
continuellement de notre globe, s'élèvent et passent dans son
atmosphère, qui est Timmense laboratoire où se purifient tous
les éléments émanés de la terre. Cette purification s'opère
au moyen de Téther qui filtre constamment des régions su-
périeures dans les régions inférieures; c'est là que s'exé-
(1) Nous n'avons pas besoin de démontrer celle loi; elle a été trop
bien expliquée par les Kepler, les Newton, etc.
DÉVELOPPEMENT DES PRINCIPES. 21
cuieni les modiBcations chimiques de la matière dont one
partie, poussée par les vents hors des limites de l'atmosphère,
pénètre, par Teffet de sa subtilité, dans les régions supé-
rieures et latérales en dehors de notre globe.
21. -^ De même, quand Thomme, quand les animaux res-
pirent, il se fait une opération chimique dont les poumons
sont le foyer; Tair aspiré s'y décompose; Tun de ses élé-
ments, Toxygène, suivant les physiologistes, entre dans le
sang, et une partie des autres éléments est expulsée sous
forme de ce qu'on appelle Thaleine ; Thaleiné n'est donc plus
composée des mêmes principes que Pair; elle a changé de
qualité, et en sortant des êtres animés, elle passe dans l'at-
mosphère, et se mêle à la masse des molécules dispersées
dans Tespace.
22 — Il arrive un moment où une énorme quantité de
ces molécules de toute nature, entraînées par leur propre
poids, qui engendre les vents dans toutes les directions, sont
poussées vers un point central, et se rencontrent dans les
régions célestes ; ce phénomène doit s'opérer dans les diverses
sphères d'activité des astres ou constellations, au moins une
fois tous les quatre ou cinq siècles, par une raison que nous
verrons plus tard ; alors, la^ rencontre des molécules sur une
immense échelle produit forcément leur union ; cette union
forme un amas très-considérable; c'est ce que nous appellerons
un assemblage.
23. — Cet assemblage, quelque dilaté qu'il soit, est déjà
un corps spécial et isolé dans l'espace ; ce corps a aussi la
propriété inhérente à tous les corps, d'attirer. à lui et d'ab-
sorber les molécules isolées qui s'approchent de son cercle
d'action.
24. — L'assemblage, par la loi du mouvement universel,
ne peut pas rester slalionnaire ; il se trouve poussé avec vio-
lence, il est entraîné par le courant, et doit suivre la marche
22 PREMIÈRE ÉPOQUE.
ouverte devant lui sur un chemin qui sera bieRioi son orbite
régulière; dans sa course précipitée, Tassemblage se rétrécit,
se contracte, en diminuant son volume, qui se durcit vers le
centre, en même temps qu'il augmente sa sphère extérieure
par Fadjonction constante de nouvelles molécules, lesquelles
forment de nouveaux cercles successifs autour du premier
corps,
25. — Ce corps a déjà un poids suffisant pour se maintenir
en équilibre ; il entre aussitôt dans les lois de la pesanteur
qui régissent les autres corps célestes, et par conséquent, il
est immédiatement en harmonie avec ceux de la constellation
dans laquelle il se trouve, et commence à subir sa première
règle organique, qui est de faire ses évolutions rapides dans
un sens circulaire ou ovale.
26. — Un rétrécissement progressif sera l'effet de ce travail
continu ^ et la compression de Tassemblage sera relative ou
proportionnelle à la vitesse de sa rotation ; la contraction
produisant une dureté centrale, cette dureté engendrera le
feu, et ce feu dominera la masse, classera les matières en
les séparant de leurs parties liquides.
27. — Plus l'assemblage se durcit, plus il augmente sa
force d'attraction , en sorte que pendant longtemps il sera
destiné à faire un double service. D'abord, il absorbera les
molécules vagabondes dans l'espace, et provenant des fluides
superflus des autres astres; son travail aura ensuite pour
conséquence la formation d'une nouvelle planète dans le cadre
du firmament ; enfin il sera, de plus, un moyen de purifier
l'air du ciel en balayant, pour ainsi dire, les fluides hété-
rogènes, et en les rendant utiles pour une nouvelle trans-
formation.
28. — Le temps que durera ce premier enfantement d'une
nouvelle planète sera subordonné à la quantité de molécules
ou de fluides superflus qui se trouveront disponibles pour elle
DÉVELOPPEMENT DES PRINCIPES. ^3
dans Tespaee, et à Taptitiicle qu'aura le nouveau corps pour
les recevoir ou les rejeter; ainsi, il les recevra tant que ses
parties extérieures, déjà liées au centre par une affinité cti-^
recte, conserveront la même énergie d'attraction. Dans le
cas contraire, les nouvelles couches de molécules qui se û\^
poseront circulairement et se fixeront autour du corps pi^n*
cipal ne pourront pas filtrer et se fusionner jusqu'au centre;
elles ne pourront qu'être rejetées par celui-ci, s'il arrive que
lai cause qui a fait obstacle à la filtration immédiate devienne
plus puissante; alors la répulsion ou le rejet aura lien^ soit
par le détachement d'une couche tout entière, soit par la
séparation de quelques fragments; chaque portion» ainsi dé-
tachée, formera autant de satellites toujours adhérents au
corps principal, ainsi que nous voyons la lune graviter autour
de notre globe, et les satellites de Jupiter et de Saturne
tourner autour de ces planètes.
29. -- Les satellites se formeront à mesure qu'ils seront
détachés du corps principal. La place dans laquelle chaque
satellite aura été déposé lui restera acquise, pQur toujours
sans qu'il puisse jamais s'en écarter, à cause du rapport
d'affinité et de dépendance toiit à la fois qui unira ce sa-;-
tellite à sa planète; il resterai presque sous sa, domination ;
son mouvement de rotation sera assujéti au mouvement du
corps principal, quelle que soit la distance qui les sépare.
30. — Chaque satellite se trouvera éloigné de sa planke
à une distance plus ou moins grande , la cause de cette dis^
tance provenant simplanent du rétrécissement du corps
principal, car chaque satellite reste au point où il a été
déposé.
3 1. — Un anneau peut se détacher tout entier de la cir-
conférence de la planète, à un moment donné de refroidis-
sem^t, et conserver sa forme ; cela arrivera toutes les fcMs
qu'il hii manquera la chaleur et la force, soit pour se ré-
24 PREMIÈRE ÉPOQUE.
Irécirsor lui-même, soit pour se partager en plusieurs corps;
alors cet anneau, et successivementd'autresanneaux,se main-
tiendront en état circulaire autour de la planète, quand même
cette planète continuerait à se rétrécir vers son centre ; c'est
ce qui est arrivé à la planète Saturne, dans la constellation de
noU*e soleil. Il existe sans doute, et il y aura, dans la suite
des temps, bien d'autres planètes présentant des phénomènes
semblables, et peut-être avec une douzaine et plus d*anneaux
autour d'elles, dans les constellations que nous ne parvenons
pas à apercevoir.
32, — Les satellites, après leur formation, restent gé-
néralement plus légers que la planète dont ils dépendent,
ainsi que le prouve la lune, qui n'a, à peu près, que sept
dixièmes de densité relativement à la terre.
33. — Cependant, une planète peut se refroidir à la pre-
mière où à la seconde époque de sa formation, et dans ce cas
elle restera toujours très-légère, tandis que ses satellites
peuvent conserver leur chaleur spéciale, continuer l'œuvre
de leur rétrécissement particulier; dans ce cas, le satellite
deviendra un corps plus compacte, mais sa petite dimension
le laissera toujours soumis aux lois dominantes de sa planète,
èi laquelle il a laissé la quintessence de ses fluides.
3<. — Saturne n'a qu'un dixième du poids ou de la densité
de notre globe; cette circonstance, et celle de son immense
circonférence, prouvent que la planète Saturne s'est refroidie
aux premières époques de sa formation, après cependant
avoir détaché ses satellites, et peu de temps après la sépa-
ration de ses derniers anneaux, qui, refroidis eux-mêmes, lui
sont restés forcément adhérents.
35. — Notre but n'étant point d'entrer dans les détails de
l'astronomie, nous nous arrêterons aux indications stric-
tement nécessaires pour expliquer l'origine et la suite de
nos recherches de formation primitive ; quant à la planète
DÉVELOPPEMENT DES PRINCIPES. 25
Saturne, nous l'avons prise comme point de comparaison ;
nous pourrons y revenir, mais nous donnerons , surtout
lorsqu'il en sera temps, des détails sur le soleil, astre
qui domine dans le cercle de notre constellation. Il nous
sufGt, pour le moment, d'indiquer la densilé des principaux
corps célestes de notre système solaire comparativement à la
terre.
Nous nous bornerons* aussi à indiquer les grands faits pri-
mitifs de la nature, car les petits phénomènes qui se pro-
duisent dans Tespace, comme la foudre, les comètes, les
aérolithes, et tant d'autres accidents momentanés, n'entrent
pas dans le plan de cet ouvrage; ils sont expliqués dans les
traités spéciaux d'astronomie et de météréologie.
36. -r Densilé des corps célestes dans notre système so-
laire :
La Terre représente 1,000
Le Soleil 0,254,84 prouvé par l'Observatoire.
La Lune 0,742 Id. id.
Mercure ....... 2,583
Vénus 1,037,9
Mars 0,650,6
Jupiter. . 0,258,0 prouvé par TObservatoire.
Saturne 0,104,22 Id. id.
Herschell. 0,220,4 Id. id.
»
Vénus serait donc la seule planète dont la densité appro-
cherait de celle de la terre ; cependant, comme elle est plus
près du soleil , son rétrécissement a dû être plus grand et sa
dureté doit être plus forte, ainsi qu'on parviendra sans doute
à le reconnaître par les observations futures de l'astronomie.
Ces faits exposés, nous revenons au chaos dont nous avons
parlé à la fin du premier chapitre.
26 PREMIÈRE ÉPOQUE.
CHAPITRE III.
IValt — AssemMa^e — Rotation da Cliaos
Sommaire. — Action des vents , 37. — Rencontre des molécules , 38. — '
Choc; l'assemblage se sotidifle, 39. — Formation du feu, ses effets, 40.
— Fluide magnétique, sa propriété, AL — Principe électrique, 42.
— Formation de notre globe, 43. — Expérience tirée de la neige, 44.
— Molécules aqueuses , molécules sèches , 45. — Calcul des molécules
élémentaires de notre globe, 46. — Marche de la condensation du
fluide élémentaire, quantité des molécules employées , 47, 48. — Bases
de notre calcul , 49. — Addition successive des molécules , 50. — Pro-
cédé du travail de condensation, 51. — Détachement de la lune, ses
causes, 52. — Conséquences pour la terre de Téruption des volcans,
53. — Quantité de matières qui ont composé notre satellite , 54. —
Tableau du travail progressif de condensation , nombre de siècles em-
ployés, 55.
37. — A ce moment de la nuit éternelle, au milieu de ces
ténèbres qui couvraient la face de Tabîme, suivant l'expres-
sion de la Bible, les soixante-quatre courants indiqués par la
rose des vents chassaient devant eux les molécules ou fluides
superflus des astres du firmament.
On sait que le vent ne doit sa force d'impulsion qu'à la
pesanteur de Tair; or, les fluides en question étant par eux-
mêmes un air, mais un air cinq fois plus pesant que l'air or-
dinaire, leur énergie d'impulsion sera cinq fois plus considé-
rable et plus violente,
38. — Les vents, de mille côtés diflérents, se dirigeant
donc vers un seul point, poussaient sur un centre commun
les énormes masses de ces matières. Elles se rencontrent,
voilà le choc qui s'opère, la force du contact les unit, un im-
mense assemblage se forme , et ses molécules ne peuvent plus
se dégager ; désormais leur sort sera commun pour le reste
de l'éternité ; de nouvelles masses portées dans la même di-
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ASSEMBLAGE. 27
reetion par les courants qui se succèdent viennent se préci-
piter sur les extrémités de cet assemblage; les derniers fluides
qui arrivent ainsi à Textérieur cherchent à se faire jour pour
continuer leur route avec toute la force d'impulsion qu ils
ont reçue ; mais ces nouveaux fluides peuvent à peine péné-
trer jusqu'au centre de la masse, et, s'ils y pénètrent, c'est
pour s y arrêter et faire corps avec la matière déjà plus com-
pacte qu'ils y rencontrent.
39. — C'est ainsi que se continuera pendant quelque
temps Tunion des matières dans le grand assemblage; mais
dorénavant ce ne sera plus les vents seuls qui y contribue-
ront; les courants ne seront plus qu'un auxiliaire secondaire;
l'assemblage, devenant corps solide, sera lui-même un instru-
ment d'attraction; car, à l'instant du premier choc, le croi-
sement des molécules a produit un centre commun, centre
pressé, comprimé, bientôt endurci, aimanté (1), et destiné à
servir de pivot à toute la masse.
40. — La pression de l'assemblage, s' augmentant vers le
point central, engendre le feu (2).
Ce feu est l'âme (3), le régulateur du corps de la nouvelle
planète; ce feu va dissoudre, analyser et réunir les diflé-
rentes substances renfermées dans ses molécules, lesquelles
contiennent, ainsi que nous l'avons déjà indiqué (m 19), les
{A) Prenez une petite barre de fernon rouillée, tenez-la d'aplomb ,
à 50 centimètres du sol , et laissez tomber d'aplomb cette barre sur
une pierre. Cje choc, en ébranlant toutes les molécules du métal , lui
fera acquérir des propriétés magnétiques; pour vous en convaincre,
approchez le bout qui a frappé le sol, d^une aiguille; quand même elle
serait sur Teau , elle sera attirée vers la barre de fer.
(2) Tous les mouvements violents suffisent pour produire du feu.
'Descartes, Princ.^ iv, art. Lxxxvn.
(3) Ainsi deux grands pouvoirs furent créés par Dieu :
L'un, c'est Tattraction; et l'autre, c'est le feu.
Delille , Règnes , i.
28 PREMIÈRE ÉPOQUE.
propriétés intrinsèquea^ de la matière existant dans les autres
astres du firmament.
41. — Le classement opéré par l'action du feu, en déga-
geant toutes les matières, réunit les atomes magnétiques, dont
le fluide puissant tient la masse de l'assemblage assujettie aux
divers corps déjà classés dans Tespace.
42. — Le point du ciel où s'est opérée la première rencontre
des molécules était un vide ( 1) assez vaste pour former le lit
de la nouvelle planète; les courants ont pu, pour quelques
moments, agiter Tassemblage suivant certaines déviations ;
mais déjà la masse est devenue un corps solide et assez pesant
pour ne plus obéir aux caprices des vents. Le principe élec-
trique inhérent aux molécules s'est développé dans le corps
entier et va le guider régulièrement sur le chemin de Torbile
que le Créateur de l'univers a fixée pour les évolutions de
cette nouvelle planète.
43. — Dans les notions générales, nous avons expliqué le
travail que fait une nouvelle planète dans le cours de sa for-
mation (23 à 28); ce travail a été le même pour notre globe;
seulement, il nous reste à savoir l'espace qu'il a occupé dans
le vide, lors de sa plus large dilatation d'assemblage, la quan-
tité de molécules qui ont été employées pour sa formation,
le temps qu'il est resté dans l'état de chaos primitif, et ce
qu'il a dû faire dans le cours du premier jour, c'est-à-dire
durant la première époque de sa condensation.
Une double expérience nous a fourni les bases de nos re-
cherches, ainsi que la démonstration et le calcul des pro-
priétés que les molécules acquièrent par leur passage dans
les espaces célestes.
{A) Le mol vide, généralement adopté, n'est pourtant pas le véri-
table mot, car l'espace contient dans toute son étendue un fluide ou
éther très-subtil et éminemment élastique, lequel s'unit au corps nou-
veau qui prend sa place en s'y amalgamant lors d'une nouvelle for-
mation.
ASSEMBLAGE. 29
H. — La neige étant la seule matière venant du ciel que
nous ayons eue à notre disposition, afin de nous rendre
compte des qualités qu'elle pouvait avoir acquises dans l'atmo-
sphère, nous avons rempli déneige un verre, et, l'ayant placé
dans une chambre à température modérée, nous avons re-
marqué que la neige contenue dans le verre s'est peu à peu
rétrécie sur elle-même en formant une boule compacte; ses
molécules se resserraient autant que possible vers le centre,
et, lorsqu'elles ne purent plus se comprimer, quand tous les
pores se trouvèrent fermés par leur propre contraction, alors
seulement la boule a commencé à se fondre extérieurement
et a continué de se liquéûer constamment par les couches
extérieures,sauf la partie supérieure, qui résistait et qui s'est
fondue la dernière.
45. — Nous avons donc la preuve que l'élaboration des
matières dans l'espace est telle, que chaque molécule, même
de la neige, reçoit sa part d'élasticité, d'électricité et de ma-
gnétisme; que partout où les molécules se rencontrent en
masse» après s'être élaborées dans l'atmosphère, elles tendent
à l'union et à la compression entre elles, et que, lorsque le
durcissement est parvenu à son maximum, alors, si le corps
est composé de molécules totalement aqueuses, la compression
continuant en amène la dissolution ; dans le cas, au contraire,
où les molécules seraient d'une nature sèche ou solide, la
compression poussée à son maximum engendrerait le feu,
46. — L'opération suivante nous a servi de base pour le
caleul.
Nous avons pris un litre de neige dans son état naturel,
et nous l'avons laissée fondre; elle nous a donné le quart de
la mesure en eau ; cette eau, bouillie quelques minutes, s'est
réduite à la huitième partie; un huitième s'est donc perdu
en évaporation. Nous disons s'est perdu, quoique une dimi-
nution de l'eau ne soit pas une véritable perte, attendu
30 PREMIÈRE ÉPOQUE.
que la partie transformée en état de vapeur est allée quel-
que part dans Tair.
Le flocon ou le grain de neige, quelque minime qu'il soit,
est un géant en raison des molécules élémentaires, qui sont
imperceptibles ; aussi cette comparaison ne doit-elle servir
que pour démontrer le degré de réduction d'une matière pro-
venant du ciel, et la seule qui puisse avoir de l'analogie avec
les molécules élémentaires en question.
Nous avons considéré que la plus petite parcelle de neige
est, relativement à une molécule, ce que le chitTre 600 est
au chiffre 1 , et que la densité du corps de notre globe est
quatre jois et demie celle de Teau. Nous avons tenu compte
de la différence d'épaisseur et d'élasticité des molécules dans
les abstractions de notre calcul, et nous avons obtenu pour
résultat 800 y. 1 ; donc, huit cents lieues de molécules ou de
fluide primitif équivalent à une lieue du corps de notre globe
en son état actuel .
47. — L'espace que Tass^ïîblage de notre globe a occfupé
dans le ciel , et la quantité de molécules employées pour
arriver à sa formation, peuvent être appréciés d'après sa
grosseur actuelle, qui est de 9,000 lieues de circonférence
en outre <te son atmosphère. Pour le former, il a fallu, d'a-
près oe qui précède, 7,200,000 lieues de circonférence de
molécules ou fluide primitif» Toutefois, comme cette quantité
de fluide n'a pas été réunie d'un seul coup, on conçoit qu'en
réalité, il ne se soit pas produit une circonférence aussi vaste
pour Tenfantement de notre globe.
(8. — Le maximum de molécules qui a servi au premier
assemblage a été tout au phis de la moitié du nombre ci-
dessus, c'est-à-dire de 3,600,000 lieues de circonférence, et
encore le choc primitif a-t-il instantanément réduit cette
masse de fluide à une condensation de moitié ; donc 1 ,800,000
lieua*i ont été la plus grande circonférence qui se soit mise en
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ASSEMBLAGE. 31
mouvement de rotation, lors de la formation du globe ter-
restre, et, dès ses premières évolutions , la pression de l'as-
semblage en a continué le rétrécissement.
49 — Pour connaître le progrès de la pression qui s'est
opérée vers le centre, suivre à l'œil la diminution de la cir-
conférence qui a été le travail des siècles, et voir en même
temps Tadjonction progressive de la seconde moitié des mo-
lécules indiquées, il suffit de se reporter aux belles lois dé-
couvertes par Kepler, et de considérer les célèbres principes
de Newton ; c'est là ce qui nous a mis sur la voie de notre
calcul.
50. — Il serait long et fastidieux de suivre pied à pied
la marche du rétrécissement des 1,800,000 lieues de fluide,
et le remplacement successif des couches transmises à Tin-
lérieur, par de nouvelles couches déposées à l'extérieur pour
entrer, à leur tour, dans Tinlérieur de la masse, et faire
place à d'autres molécules qui seront attirées également jus-
qu'à la concurrence des 3,600,000 lieues qui doivent com-
pléter la quantité voulue de 7,200^000, lesquelles gravite*
ront encore sur elles-mêmes avec une autre addition de
fluide qui devra appartenir au satellite. En vue d'abréger,
nous partageons en cinq périodes le rétrécissement progres-
sif effectué dans l'assemblage de notre globe à cette première
époque*
51. — Dîins les prettliers temps, la matière étant légère,
se resserrait plus facilement ; mais à mesure qu'avançait le
travail de la compression, plus la matière se consolidait, plus
il lui fallait de temps pour se rétrécir davantage. Dans cette
première époque de formation, nous avons cependant la com-
pensation des molécules fraîches qui viennent se joindre pé-
riodiquement à la massé , et nous devons à cette combinaison
la facilité de calculer en périodes égales le temps du travail
depuis le jour du premier assemblage jusqu'au moment où le
32 PREMIÈRE ÉPOQUE.
rétrécissement s'est trouvé assez réduit pour détacher le cercle
satellite qui formera la lune,
52. — Ce satellite de notre globe s'est détaché de la masse,
lorsque, par son propre poids, il pouvait se maintenir comme
un corps isolé. Deux puissants auxiliaires ont contribué à cette
séparation : l'un était le refroidissement de la couche pâteuse,
presque liquide, du cercle intermédiaire; l'autre, l'explosion
violente de millions de volcans, qui, éclatant au même ins-
tant, ont produit le cataclysme de la fin du premier jour ou
de la première époque; cette explosion a séparé le satellite de
la planète, en le laissant à la place qu'il occupait, pendant
que le corps de cette planète se resserrait sur son centre.
53. — La première conséquence qui est dérivée de l'é-
ruption des volcans tout autour du globe, c'est qu'ils ont porté
sur toute la surface delà terre une couche d'acide provenant
des exhalaisons souterraines échappées en fumée; cet acide,
qui peut avoir été d'une nature plus ou moins carbonique ,
était certainement doué ^'une force extraordinaire et capable
d'asphyxier tous les êtres vivants, si, à cette époque, il y eût eu
des habitants ; cet acide a été, par sa présence et son amal-
magation avec les matières de la surface, le principe de la
formation des sels, dont le rôle primitif se manifesté dès le
commencement, et se trouve dans l'ordre des nécessités de la
terre; car c'est grâce à son influence, que la végétation des
plantes va se développer prodigieusement dans les journée^
successives (1).
i^) Nos volcans, si rares et $i chétifs qu'ils soient maintenant, sont
encore une des principales sources de l'acide carbonique. M. de Hum-
boidt a le premier signalé Tabondance de pareilles émanations « qui
apparaissent, disait-il^ comme un dernier effort de ractivité i^oLca-
nique. » M. Boussingault analysa en ^1827 les gaz qui se dégageaient
des volcans de Téquateur, et il Irouva que ces gaz contenaient jusqu'à
95 pour cent d'acide carbonique.
M. Bunsen a trouvé des résultats analogues dans les volcans d'ïs-
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ASSEMBLAGE. 33
54. — Le moment est arrivé pourtant de remarquer que
la lune ayant un diamètre de 782 lieues, selon Copernic ,
et 1,800 lieues de circonférence, suivant Topinion généra-
lement adoptée , ce satellite aurait eu besoin , comparative-
ment à la terre, d'une quantité de molécules d'un chiffre
de 1,440,000 lieues de circonférence; mais comme son corps
est plus léger dans la proportion de j^, elle n'a employé, par
cette raison, que 1,068,480 lieues de molécules en circon-
férence primitive; ce qui, ajouté aux 7,200,000 de la terre,
fait une totalité de molécules en circonférence, de 8,268,480
lieues pour la composition de notre globe et de son satellite
la lune.
lande, el les eaux thermales d^Aix-la-Chapelle. Cet acide est en disso-
lution dans beaucoup d^eaux minérales acidulées, comme celles de
Vichy, de Spa, de Seltz, etc.
M. Charles Deville analysant deux échantillons de gaz recueillis
pendant la dernière éruption du Vésuve, a trouvé dans Tun 3 1/2 et
dans Fautre 9 1/4 pour cent diacide carbonique.
L*analyse des gaz du lac de Naphte ou de Polici, en Sicile, a donné
5 pour cent d'acide carbonique.
Le lac d^Averne , célébré par Virgile , n'était qu^une sorte de puits
profond d*où s^exhalaient en quantité considérable des émanations
d'acide carbonique ; les oiseaux qui venaient chercher leur nourriture
sur ses bords, y tombaient asphyxiés; d'où lui vient le nom primitif
d^ji-ornis (contraire aux oiseaux) , dont on a fait Aveme. On le regar-
dait autrefois comme une des bouches de l'enfer.
Dans la chaîne de TAltaï , en Asie , il existe des sources où le gaz
carbonique se trouve mélangé avec des gaz inflammables dont les
Chinois se servent peur différents usages.
Une de ces sources, encadrée dans la glace, est d*une force extra-
ordinaire , et de son bouillonnement rayonnent des masses de glo-
bules, qui, malgré l'acide carbonique contenu dans cette eau, sont
remplies de gaz hydrogène, en sorte qu'en approchant une allumette
enflammée de la source, on voit celle-ci s'entourer d'une ceinture de
flammes voltigeant sur l'eau.
Le feu sacré des Perses provenait de sources pareilles.
34 PREMIÈRE ÉPOQUE.
55. — Le tableau suivant représente à vue d'œil , mais
bien entendu hypothétiquement, le progrès de raccumulation
et de la réduction.
ASSEMBI^GB
primitif
et périodes
soccessifes
3,600,000
1** période.
2"« période.
3"* période.
4"* période.
5"* période.
AGCDlfULATION
des quantités
de
molécules
TOTAL
3,600,000
4,500,000
5,600,000-
6,300,000
7,200,000 I
» »
900,000
900,000
900,000
900,000
1,068,480 qai ont servi pour la formation du satellite.
REDUCTION
par effet
da
rétrécissement
1,800,000
1,200,000
1,000,000
800,000
600,000
Total pour la planète, 7,200,000 lieues de circonférence.
Total pour le satellite, 1,068,480 Id. id.
8,268,480 lieues de circonférence.
EN
combien
de
tempe
Instantaném.
60 siècles.^
60 d".
60 do.
60 d».
60 d».
300 siècles.
CHAPITRE IV
Conmitloii du fita^telllte de la Terre
et TruwtM tetérleor
SoMHAiRi. — Gouche liquide et p&teuso; ses premières conséquences, 56.
— Pourquoi la lune n'a pas d'atmosphère , 57. — DisUnce de la lune
à la terre justifiée, 58. — Feu intérieur, son action, 59. — Causes
des grands cataclysmes , 60. — Conséquences pour la lune de la perte
de son atmosphère, 61. — Condensation de la masse lunaire, 62. —
Raison des hautes montagnes et des grands volcans de la lune , 63.
— Marées de la lune, 64. — Nature de l'atmosphère lunaire, 65. —
Absence d'êtres vivants; fin de la première Journée, 66.
56. — Par le tableau qui précède, nous voyons que le ré-
trécissement de notre globe a été plus rapide au commen-
cement, lorsque les molécules étaient fraicbes, molles, et qu'à
FORiMATION DE LA LUxNE. 35
mesure que le temps s'est écoulé, ce durcissement est devenu
plus lent, quoiqu'il s'opérât avec l'amalgamation de nouvelles
matières fraîches, qui s'ajoutèrent peu à peu, comme on l'a
vu, dans l'espace dé 240 siècles, à la siJrface et dans les
pores de l'intérieur. C'est dans cet espace de temps que se
sont réunies les molécules formant un ensemble de 7,200,000
lieues de circonférence. Arrivé à cette quantité, le travail
intérieur divisa les matières par l'action du feu, jusqu'au
point de transmettre à la surface, et presque tout autour du
cercle extérieur, la partie pâteuse et la plus liquide de ces
substances ; cette matière, rejetée à la surface, devient doré-
navant un rempart pour empêcher l'entrée à toute autre
matière nouvelle; aussi les molécules qui se sont accumulées
à la cinquième période durent rester à part pour former une
couche particulière.
57. — Pendant la durée du contact de ces molécules et
de leur rotation avec la totalité de la masse, dans le cours
de 60 siècles, le cercle extérieur, c'est-à-dire les 1,068,480
lieues de molécules en circonférence, qui ont formé le sa-
tellite, subit nécessairement lui-même la loi du rétrécis-
sement proportionnel ; dans cette action, ce cercle perdit la
quintessence de son propre gaz, que le grand corps attira en
lui-même; c'est par cette raison que la lune n'a plus, ou qu'il
lui reste très-peu d'atmosphère ; elle l'a perdue en faveur de la
terre, et elle dépendra constamment de cette planète, par une
conséquence de l'affinité du gaz qu'elle lui a cédé dans cette
combinaison primitive.
58. — Les calculs de l'astronomie ont prouvé que la lune
se trouve actuellement éloignée de la terre de 95,000 lieues;
cette donnée est précisément en rapport avec les chiffres de
notre tableau, qui montrent que les molécules dernières ar-
rivées pour former ce satellite, s'étaient fixées sur un cercle
de démarcation qui devait les séparer de la masse de notre
36 PREMIÈRE ÉPOQUE.
planète, lorsque celte masse avait environ 600,000 lieues de
circonférence.
La quantité de molécules formant un cercle de 600,000
lieues de circonférence, à la fin de 240 siècles, doit avoir été
réduite à 500,000, soixante siècles plus tard, à Tépoquede la
séparation du satellite; notre calcul est donc exact, car la
distance du centre à la circonférence extérieure, d'après les
calculs du cercle , suivant le rapport d'Archimède, 7: 22,
ou celui d'Adrien Métius, 113 : 355, ou encore celui des as-
tronomes 1 : 3,14059..., serait toujours approchant de95,000
lieues.
59. — Nous avons parcouru les phases de réduction qui
se sont produites dans une série de 300 siècles, et nous avons
vu l'énorme quantité de 7,200,000 lieues de matières se
condenser en une simple masse de 600,000 lieues.
Cette pression s'est effectuée, non-seulement par la per-
pétuelle rotation du corps sur lui-même, mais plus encore
par le rétrécissement opéré dans la masse, en conséquence
de l'attraction et de Faction des feux intérieurs.
Ces feux intérieurs constitués par l'effet de la compression,
agissent sur mille points différents ; par leur action , toutes
les molécules se décomposent, leurs matières se séparent, et
les éléments homogènes s'unissent entre eux dans l'acte même
de leur décomposition.
Les vides ou cavités, formés partout dans l'intérieur, ré-
sultat de ce grand travail de décomposition, de rétrécis-
sement et de classement, se remplissent par la chute de nou-
velles matières superposées qui tombent dans le foyer du feu.
60. — Cette opération perpétuelle forme constam-
ment de nouvelles cavernes, qui à leur tour s'affaissent,
portant, par les éboulements qui s'effectuent, la matière
fraîche de l'extérieur sur la masse incandescente de l'in-
térieur.
FORMATION DK LA LUNE. 37
Ce grand travail s'opère dans une longue suite de siècles ;
il a pour résultat le rétrécissement et une densité progressive
de la planète; car, à mesure que Tinfiltration des matières
fraîches s'exécute à Tintérieur, à mesure aussi que le classe-
ment s'effectue entre les matières dures, les matières liquides
ou pâteuses sont repoussées de Tintérieur à l'extérieur, où
elles se déposent sur un lit qui deviendra plus tard le bassin
des mers.
Lorsqu'une grande quantité de ces matières pâteuses et li-
quides sont poussées sur la surface, elles commencent à
obstruer et à remplir en partie les vides ou les cratères qui
servaient de soupiraux ou de cheminées au feu intérieur.
Alors arrive la nécessité pour ce feu de s'ouvrir des passages
nouveaux, et pour les obtenir, il se fait des explosions ; des
volcans s'ouvrent en mille endroits, et quand ces effets se
produisent dans un même instant, ils amènent les grands
cataclysmes, comme celui qui a séparé la lune.
61. — Nous avons déjà indiqué qu'au moment où les élé-
ments de la lune sont demeurés séparés de la grande masse
de la planète terrestre, celle-ci avait absorbé, en se l'ap-
propriant, la quintessence de leurs gaz; ces gaz, surtout
magnétiques et électriques, ont filtré du cercle extérieur des
molécules dans l'intérieur de la terre. Nous avons vu éga-
lement que la lune se trouvera ainsi privée de Téther atmos-
phérique qui sera, par contre, en assez grande abondance
autour de notre globe. Il faut maintenant voir les consé-
quences qui vont résulter de cette perte pour notre sa-
tellite. Nous allons les expliquer en suivant Tordre de son
travail.
62. — Les matières destinées à former notre satellite,
une fois isolées, ont dû d'abord se ramasser sur elles-mêmes;
leur cercle, très-étendu, s'est resserré facilement, selon l'ordre
de rotation de tous les corps célestes.
38 PREMIÈRE ÉPOQUE.
Dans cette rotation , la masse lunaire a opéré son rétré-
cissement de la même manière que Ta fait celle de la
terre, c'est-à-dire que le travail a suivi la même analogie,
pendant un certain nombre de siècles. Tune comme l'autre
se rétrécissant vers son propre centra.
La lune, étant plus petite, a dû accomplir beaucoup plus
vite son rétrécissement.
63. — La lune, dans ce travail de compression identique
à celui de la terre, a vu s'allumer son feu central par l'effet
du durcissement de ses matières (40); les explosions de ses
volcans seron légalement énergiques, et comme elle n'a point
d'atmosphère qui puisse peser sur sa surface, ses cratères
seront plus libres et auront visiblement beaucoup plus
d'étendue.
Les soulèvements du sol ne rencontrant non plus aucune
pression atmosphérique qui comprime leur action, les mon-
tagnes seront plus élevées que sur la terre, et par une con-
séquence naturelle, les éboulements seront aussi plus faciles,
puisqu'ils trouveront des cavernes plus spacieuses pour les
engloutir.
64. — Les eaux nécessairement dérivées de la pression
des molécules, auront également une action plus libre à l'ex-
térieur du satellite, attendu l'absence d'une atmosphère qui
aurait circonscrit leurs élévations ; les marées autour de
la lune auront donc un libre essor, et s'élèveront avec
plus de violence, et à des hauteurs bien plus grandes que
les marées de notre globe, qui sont contenues par son atmo-
sphère.
65. — Cependant la lune, dans le travail de séparation
qui s'opérera dans son sein par l'action de son feu central ,
trouvera pourtant, dans la division de ses matières, un résidu
de gaz propre à rester autour du satellite en forme d'atmos-
phère; mais ce résidu aura peu d'importance, et sa nature
FORMATION DE LA LUNE. 39
sera trop faible pour exercer une influence physique sur le
corps de ce satellite.
Toutefois, cette petite atmosphère, quelque minime qu'elle
soit, sufâra pour le travail de la respiration des êtres qui
doivent être appelés à habiter sur la surface de la lune.
66. — Nous retrouverons la lune à json état de formation
complète le jour où , suivant la Bible, les astres deviendront
visibles à la terre; en attendant, revenons à notre globe. Nous
l'avons laissé à la fin de cette première journée ou époque de
la création, achevant de s'épurer et de sortir de la première
nuit de son chaos.
Dans cette journée solennelle, la confusion des molécules
pendant Télaboration du feu, de Tair et de l'eau, s'opposait à
la formation et au développement de toute espèce d'êtres
vivants sur la terre (car la terre n'était pas matériellement
encore formée), quoique l'esprit vivifiant y fût déjà ré-
pandu, ainsi qu'il se trouve présent toujours et partout ; mais
ce qui régnait alors, c'était le feu intérieur dans le travail de
destruction apparente, produisant en réalité l'arrangement
des matières au milieu des ténèbres, et préparant Tavénement
d'une domination différente pour la seconde époque.
Et les ténèbres étaient sur la face
de Tablme : ce fut le premier jour.
Genèse, chap. i, v. 2 et 5.
DEUXIÈME JOUR
00
DEUXIÈME ÉPOQUE
RÈ6NE DE L'EAU
C'est à Veau^ dont tout sort, que Thaïes nous ramène.
Vair seul a tout produit, nous dit Anaximène;
Et Tétemel pleureur (1) assure que le feu
De l'univers naissant mit les ressorts en jeu.
L. Racine.
Si des airs et du feu , de l'onde et de la terre ,
L'essence avec lenteur nait, s'augmente et s'altère,
Ce monde, leur ouvrage, est soumis à leur sort;
Il reçoit la naissance , il subira la mort.
Une puissance, enfin, destructive et féconde.
Forme, épuise, entretient tous les membres du monde.
Il faut donc que la terre , et les cieun et les flots
Se replongent un jour dans l'horrible chaos.
(Lucrèce, ch. 5.)
De Pongbrvillb.
(I) HéracUte.
DEUXIÈME JOUR
OU
DEUXIÈME ÉPOQUE
RÉGNE DE L'EAU
CHAPITRE V
IntervMlle du premier «a «eeend J^*ar
SoMiiAiRe. — Nécessité de Tintervalle d'une époque à Tautre , 67. —
Signification de cet intervalle , 68. — Analogie avec le repos nécessaire
à tous les êtres et notamment à l'homme, 69. — Différence entre le
repos du globe et celui de l'homme, 70. — Repos des volcans causé
par leur affaissement , 71. — Forces de la nature , leur énergie Crois-
sante, 72. — Apparition des premiers êtres « les coquilles, 73. — Les
premières plantes, 74.. — L'eau se sépare des autres matières, 75. —
Formation des bassins et des montagnes ; durée de l'intervalle , 76.
67. — La Bible et tous les livres anciens sur lesquels nous
nous appuyons, nous expliquent que Dieu a accompli la création
en six jours (ou, bien entendu, en six époques); par consé-
quent, il y a un certain intervalle d'un jour à Tautre ; c'est
incontestable. Mais quelle est la raison qui justifie cet inter-
valle ? car Hen n'était impossible à Dieu; il pouvait faire le
tout en un seul jour, en une seule époque; sa volonté suprême,
qui est-la cause de tout ce qui existe, n'a pas besoin de prendre
du repos pour réfléchir à ce qu'elle devra faire le lendemain.
Il est donc évident, et les anciens l'ont reconnu comme
44 DEUXIÈME ÉPOQUE.
nous, que le Créateur a voulu marquer d'un intervalle le pas-
sage d'un jour à l'autre ou d'une époque à l'autre, et nous al-
lons voir que cet intervalle était nécessaire.
68. — Que s'est-il fait dans cet intervalle ? Pourquoi était-il
nécessaire ? Le globe n'a certes pas pu suspendre un instant
son travail de rotation autour de son axe ; les éléments qui lui
appartenaient et ceux de tout le firmament devaient continuer
de fonctionner d'après les lois d'organisation de l'ensemble ;
que signifie donc cet intervalle de repos ?
Il a une signification très-positive, et il se rapporte, propor-
tion gardée de son importance, aux lois générales de la nature,
qui sollicitent au repos, sorte d'intervalle après le travail ,
tous les êtres, en commençant par l'homme, qui est par sa
nature en analogie parfaite avec tout ce qui fonctionne dans
l'univers.
Nous avons déjà vu et nous aurons occasion de remarquer
encore les rapports et les liaisons de l'homme avec tout ce
qui existe en lui et autour de lui, depuis le haut du ciel jus-
qu'aux entrailles de la terre, et. c'est par cette étude que nous
sommes arrivé à reconnaître ses relations avec les lois gé-
nérales.
69- — Qu'il soit donc admis que l'intervalle ou le repos
d'une époque à l'autre était nécessaire, comme il est néces-
saire à l'homme de dormir après le travail du jour, afin d'ac-
quérir par son repos de nouvelles forces pour le lendemain (1);
comme il est nécessaire à la terre d'avoir le repos d'une
année à l'autre lorsqu'elle a produit une récolte, car si Ton
continuait toujours de semer du blé sur le même terrain, il
serait bientôt épuisé et ne donnerait plus de moisson ; comme
aussi les plantes de toute espèce éprouvent le repos de l'hiver
pour reprendre, avec leur précédente énergie, le travail de
(4) Voir la note A, à la fin du volume.
INTERVALLE. 45
leur fécondation et produire au printemps des feuilles fraîches
et des rejetons plus vigoureux.
70. — Seulement Thomme» pour' qui la journée a été de
vingt-quatre heures, n'a besoin que de six heures de repos ; de
même, et relativement, le globe, pour qui les journées ont été
de trois cents siècles, aura besoin pour le moins de soixante
siècles de repos ; mais le repos ou sommeil du globe n'était
pas de la même nature que celui de Thomme; le globe tour-
nait toujours sur lui-même; ses fonctions continuèrent leurs
rapports avec les autres astres ; son repos ou son inertie rela-
tive avait lieu dans son intérieur par un affaiblissement de
travail après quelque grand cataclysme.
71. — Le premier jour de formation de notre globe a fini
par un grand cataclysme qui a dégagé son cercle extérieur; ce
cercle est devenu, comme nous Tavons vu, son satellite, la
lune ; ce qui a réduit considérablement, en un instant, la ma-
tière constituant notre planète. Ce cataclysme dut momenta-
nément épuiser les forces intérieures du globe; aussi, les mil-
liers de volcans qui avaient causé la séparation des deux corps
restèrent quelque temps en inaction et comme affaissés.
72. — Ainsi la nature n'est pas destinée à aller par sauts et
par bonds; sa marche doit être régulière dans tous les temps;
et lorsque la nécessité lui impose un effort extraordinaire, tel
qu'un cataclysme, elle répare ensuite ses forces par un inter-
valle de repos, jusqu'à ce que les désordres de la révolution
ayant disparu, elle puisse reprendre la suite de son travail
précédent ; c'est dire qu'au second jour ou à la seconde époque,
la pression qui produit le rétrécissement et le feu intérieur
sera plus énergique qu'elle ne l'a été pendant cet intervalle
de repos comparatif; et cette énergie, croissant de plus en
plus, amènera un nouveau cataclysme.
4
73. — Mais ce qu'il y a de plus remarquable dans cet in-
46 DEUXIÈME ÉPOQUE.
lervalle de repos relatif, c'est qu'il est l'époque nécessaire et
tranquille de la génération, vivifîcation et multiplication des
êtres destinés à occuper le globe.
Le premier jour ou la première époque n'admettait aucune
classe d'êtres capables d'exister dans le tourbillon de l'assem-
blage; mais, dans l'intervalle de ce jour au second, la croûte
du globe se trouvant constituée, une classe d'êtres envahit
cette écorce.
Quelle est Tespèce qui parait la première, qui pourra vivre
sur un sol encore mou , fangeux, où la matière n'est qu'une
pâle boueuse? Ce sont les coquilles, c'est précisément ce sol
qui leur convient; leur multiplication sera énorme; l'espèce
se divisera en une multitude de classes, chaque classe se
reproduira par des croisements et formera des races de toutes
formes et de toutes grandeurs; la terre sera pour longtemps
le royaume des coquilles; leur carapace les protégera contre
les secousses et les violences des courants qui les rouleront
d'un côté à l'autre de la planète, et elles trouveront partout
les mêmes éléments de substance.
Avec les coquilles paraissent contemporainemenl les po-
lypes, ces êti*es moitié minéraux et moitié végétaux, qui se
multiplient dans la vase et qui formeut par leurs corps des
roches, des bancs, etc.
74 — La nature boueuse du sol admet aussi la produc-
tion d'une sorte de plantes mollasses, telles que les cactus ,
les joncs, les fougères, etc. ; la grande chaleur du sol les fera
pousser même à de très-grandes dimensions, et toute la cir-
conférence de la planète en sera envahie.
75. — Pendant que cet intervalle ou, si l'on aime mieux,
l'aurore du second jour favorisait la production de ces êtres
sur la surface du globe, l'intérieur reprenait peu à peu son
travail de décomposition ; le feu central réactivait son œuvre
de séparation des matières ; la pierre et le règne minéral com-
INTERVALLE. 47
mençaient à se former pour se subdiviser bientôt en mille
espèces de propriétés différentes ; l'eau, qui était encore
amalgamée à ces matières, allait être rejetée insensiblement
à la surface , afin de former plus tard les mers , les lacs et
fleuves.
La sortie de ces eaux de l'intérieur à la surface ne pou-
vait s'effectuer qu'au moyen de passages; ces passages étaient
des crevasses causées par des bouleversements ou cataclysmes
partiels sur l'un ou l'autre point de la circonférence; ces
cataclysmes partiels étaient toujours assez importants pour
contribuer à la réduction de la terre et à son rétrécissement.
76. -- A la première époque, il ne pouvait y avoir de
montagnes notables autour du globe , la surface étant pres-
que plane ; le cataclysme qui a séparé te satellite ayant mis
à découvert une surface fangeuse et aqueuse^ cette surface
se présenta à peu près nivelée et lisse; mais la partie qui est
restée sèche offrait comme la forme d'un bloc avec quelques
aspérités plus ou moins inégales , entre lesquelles les eaux
devaient se sillonner provisoirement des passages , jusqu'à ce
que la condensation et les éboulements eussent produit des
profondeurs plus marquées , qui sont devenues le siège spé-
cial des eaux , pendant que les soulèvements formaient des
collines et des montagnes, effet naturel des cataclysmes par-
tiels et des grands cataclysmes successifs.
Lintervalle, donc, aura duré depuis le grand cataclysme
général du premier jour , jusqu'au premier cataclysme partiel
qui annonçait Taube du second jour.
48 DEUXIÈME ÉPOQUE.
CHAPITRE VI
Formation de rEaii et des Mers
Sommaire. — L'eau agent général de la deuxième époque, 77. — Déga-
gement de la terre et sa position à Test, 78. — Travail d'épuration de
l'eau, 79. — Formation des courants, 80. — Origine du flux et du
reflux des mers, 81. — Théorie des contre-courants, 82. — Formation
des profondeurs et des hauteurs dans l'Océan , 83. — Principes de la
formation des pierres et des minéraux , 84. — Origine des sources et
desriyiëres, 85. — Théorie de la formation des eaux thermales, 86.
— Lacs intérieurs souterrains , 87. •— Origine dos volcans et des trem-
blements de terre, 88. — Utilité de la combinaison' de l'eau avec les
autres éléments , 89. — Formation* et variété des matières destinées à
l'entretien du règne végétal et du règne animal , 90. — Courants super-
posés, 91. — Différentes espèces d'habitations des animaux sous-ma-
rins, 92. — Tribut porté au feu par l'eau, 93.
77. — Le premier jour, ou la première époque de l'assem-
blage des molécules par Taction de Tair et par leur compres-
sion, nous a montré le règne du feu ; nous allons voir dans
le second Jour ou dans la seconde époque le règne de l'eau.
Ainsi ces trois éléments , Tair , le feu et l'eau , qui sont et qui
seront toujours les objets principaux de nos besoins, et sans
lesquels nous ne pouvons exister , ont été aussi les matériaux
primitifs de la constitution de notre planète , et ont dominé
exclusivement dans les deux premières époques de son orga-
nisation.
78. — Le grand cataclysme du premier jour n'a pas eu
seulement pour effet la séparation du satellite de la terre , et
un grand rétrécissement de la planète sur elle-même; car,
dans Taccomplissement de ce phénomène, la masse la plus
pesante a glissé sur un des bords du cercle spbérique , de
manière que cette masse, qui devait être la terre , estdemeu-
FORMATION DE l'eAU ET DES MERS. 49
rée à Test, tandis que sur l'autre partie de la circonférence
est restée la matière légère, pâteuse , ou liquide, qui devait
plus tard former le lit des mers : voilà le premier degré de la
séparation de la terre et des eaux.
79. — Ainsi, un tiers environ de notre planète restait à
découvert, à sec, tandis que sur les deux autres tiers du con-
tour et sur toute la surface correspondante s'étendait la ma-
tière liquide, qui devait augmenter constamment par l'adjonc-
tièn des matières humides qui sortaient de Tintérieur du
globe; toutes ces évaporations s'effettuèrent avec un travail
régulier d'épuration , d'après lequel l'eau la plus limpide et la
plus légère montait toujours à la surface.
80. — L'eau envahit autour de la circonférence toutes les
localités qui pouvaient lui offrir un lit; ces masses de liquide,
en augmentant, se réunirent et acquirent une force d'unité
qui engendra des courants ; ces courants vont dorénavant et
pour l'éternité dominer les eaux en dirigeant leur parcours et
leur action.
81. — Cependant les courants ne peuvent pas transporter
ces masses d'eau tout autour delà circonférence de la planète;
elles couvrent les deux tiers de la surface , il est vrai , mais il
reste encore un tiers à peu près qui barre leur passage ; ce
tiers veut rester lui-même le maitre de sa position ; c'est la
terre presque solide qui se dresse comme un plateau supé-
rieur, indépendant, sur le bord de la sphère ; ce plateau est
comme un rocher contre lequel viennent se briser les cou-
rants, et qui. les fait rebrousser chemin et retourner sur
leurs pas; c'est le commencement du flux et du reflux, et de
l'ondulation des vagues.
82. — Les eaux, repoussées par la terre ferme, revenant
à leur point de départ, rencontrent sur leur chemin des cou-
rants nouveaux qui amènent de nouvelles couches d'eau ,
lesquelles seront à leur tour également repoussées par le
4
50 DEUXIÈME ÉPOQUE.
même obstacle, et forcées de revenir aussi à leur point de
départ. Dans ces mouvements , les couches liquides se dépla-
cent , les plus légères passent au-dessus, les plus denses ou
les plus lourdes se tiennent au-dessous; tel est le principe des
courants et contre-courants superposés.
Ce croisement des diverses masses d'eau accroît la rapidité
des courants; cette rapidité se manifeste avec plus ou moins
d'énergie» selon l'épaisseur des couches et l'impétuosité des
chocs; rimpulsion est encore augmentée quelquefois par les
vents, et alors la violence des courants est terrible.
83. — Toutes les fois que les courants sont poussés avec
cette violence , ils forcent leur passage en creusant des lits
dans l'océan , et en emportant avec eux toute la matière ou
le terrain qui cède facilement à leur impétuosité; c'est aussi
le point de départ du déplacement des matières solides et de
Tarrangement des couches terrestres de la première forma-
tion, l'origine des éminences qui ont été soulevées plus tard
et sont devenues des collines et des montagnes, dont les iné-
galités sont en rapport avec celles des profondeurs de l'océan.
84. — Souvent , à la place même où s'opère le creusement
de ces profondeurs, se rencontre la voûte d'une caverne sou-
terraine formée, comme nous l'avons vu (59, 60), par le feu
souterrain. La voûte se trouvant enlevée par l'action des
courants , Teau tombe et porte avec elle sur le feu ou la
masse incandescente une immense quantité de matières fraî-
ches; ces matières sont des plantes, des coquilles, des pois-
sons, etc., dans leurs mille variétés, tous propres à se subli-
mer dans la grande fournaise et à produire ces dissolvants
qui, dans le travail de l'analyse, décomposent admirablement
les corps en leurs divers éléments ; de là chaque matière va
s'unir à ce qui lui est homogène. De là vient aussi le prin-
cipe de formation des pierres, des métaux, etc., subdivisés en
des milliers de familles de nature et de qualités différentes.
FOUMATION DE L'EAU ET DES MERS. 51
85. — Les courants , après avoir déposé ces aliments nou-
veaiix au service du feu , s'ouvrent des passages pour sortir
dans toutes les directions possibles, et s'échappent , soit par
tiltration , soit par des cataractes, reparaissant ainsi à la sur-
face à des points plus ou moins éloignés de celui où ils avaient
disparu .
Ainsi a commencé le passage des eaux à travers les couches
terrestres , et de là Torigine des sources, principe de forma-
tion des ruisseaux , des rivières et des fleuves* Les inonda-
tions du Nil sont causées principalement par de pareils dépôts
formés dans les lacs souterrains de l'Afrique (1).
86. — Lorsque le voyage des eaux est suffisamment pro-
longé, elles déposent, par une loi de la filtration , des dé-
tritus hétérogènes pour alimenter les plantes , et sortent
fraîches, claires et potables ; mais lorsque ayant peu voyagé,
elles arrivent directement du contact du feu, elles reparais-
sent à la surface, encore chaudes et chargées de sels, de.
soufres, de bitumes, ou d'autres matières minérales. Ce sont
ces eaux que Ton nomme thermales.
87. — Dans ces courses à travers les couches souterraines,
les eaux rencontrèrent des cavités dans lesquelles se tirent
des dépôts , qui sont devenus des réservoirs, ou des lacs inté-
rieurs. Il s'est produit encore de ces lacs ou réservoirs toutes
les fois que les eaux ont r^contré des matières assez molles
pour y former un bassin , et lorsque ces bassins se sont ap-
profondis par les affaissements volcaniques , ils sont restés
ouverts à la surface, comme la mer Caspienne et le lac
Baïkal (2).
88. — Lorsque, dans l'intérieur du globe , le travail du
feu multiplie les vides, les cavernes, les voûtes, les bour-
(i) Voir la note B à la fin du volume.
(2) Voyez la note C. -
52 DEUXIÈME ÉPOQUE.
soufflures , préparatifs des révolutions physiques qui en se-
ront la conséquence, ces vides se remplissent d'air qui se
dégage de toutes les parois des cavités pour être absorbé par-
le feu souterrain qu'il alimente ; cet air doit se renouveler
au moyen de communications avec la surface extérieure,
soit par les crevasses , soit par les volcans, qui représentent,
pour ainsi dire, les cheminées du grand laboratoire terrestre;
mais toutes les fois que les courants des eaux portent sur leur
passage des couches de matières solides, telles que les sables,
les limons, elc, et qu'en passant, ces couches restent dépo-
sées dans les crevasses ou dans les cratères , alors le feu se
trouvant comme emprisonné et privé du contact de l'air ,
cherche une communication; pour Toblenir, il fait de si vio-
lents efforts, qu'il s ensuit des explosions ; ces explosions
produisent de nouvelles ouvertures et des volcans nouveaux;
ces phénomènes s'annoncent toujours par des secousses inté-
rieures ; c'est le principe de ce que nous appelons les trem-
blements de terre.
89. — L'eau, l'air et le feu, cette trinité merveilleuse
dans son action, prodigieuse dans son activité, incompréhen-
sible dans ses effets, ont été les éléments , les principes de
division et en même temps de classification de tous les corps,
de tous les composés ^ dans la formation du globe terrestre.
Que de produits s'engendrent sous nos yeux par l'eau et
pnr l'air! Combien de combinaisons, de transformations ne
voyons-nous pas se produire aussi par l'eau au simple rappro-
chement du feu ! Nous l'éprouvons chaque jour dans la satis-
faction de nos besoins matériels ou de notre curiosité ; à l'aide
de l'eau, nous fabriquons des creusets dans lesquels le feu nous
ouvre les secrets de l'analyse et décompose les plus durs mé-
taux; dans une marmite, il nous permet de changer la forme
des produits bruts pour les rendre utiles à notre alimentation,
à la condition d'employer l'eau, car l'eau est aussi nécessaire
FORMATION D£ l'ëAU ET DES MERS. 5!^
pour aider à la cuisson des aliments qu'elle est indispensable
pour Tacililer notre digestion.
L'eau, Tair, et le feu, soit réunis, soit isolés, sont d'une
nécessité absolue pour l'existence de Thomme , comme ils ont
été nécessaires dans le grand laboratoire des entrailles de la
terre, pour convertir, former et classer tant de minéraux
que nous baptisons de mille noms différents; car le grand
laboratoire du globe possédait tous les matériaux à combi-
ner, puisque les éléments de ces matériaux se trouvaient par
atomes dans les molécules de l'assemblage primitif.
90. — Le règne de l'eau, à cette seconde époque, a établi
ses lois, d'après lesquelles les eoinantsont été chargés du trans-
port des couches terrestres d'une situation à Tautre. La pro-
vidence du Créateur a voulu, par ce point de départ, pour-
voir à deux grands résultats à la fois : le premier au profit
des êtres destinés à habiter sous les eaux, car Tenlèvenient
des matières laissait des profondeurs dans lesquelles les pois-
sons et les autres êtres trouvaient à des étages successifs des
antres et des repaires pour vivre sépares selon les races ; le
second, au profit des êtres destinés à habiter sur la terre, car
les couches des matières terrestres portées par les eaux étaient
riches d'engrais et propres à la végétation future préparée en
vue du règne animal. Des couches d'une nature identique se
formaient également au-dessous des mers , et lorsque le fond
de l'océan s'est découvert pour devenir le plateau terrestre,*
ainsi qu'il est arrivé à plusieurs reprises, la surface du sol a
présenté ses couches enrichies des mêmes engrais que nous
venons d'énumérer.
91. — Bien que les eaux, ainsi que leurs lits, aient sou-
vent changé de place autour de la surface du globe, cependant
les lois primitives de leur tiavail comme de leur existence ,
sont toujours restées les mêmes, ces lois ne pouvant plus su-
bir d'altération ni de changements.
.54 DEUXIÈME ÉPOQUE.
AU commencement, l'eau qui entourait la surface de la
planète n'était que d'une mince épaisseur, à cause dé la grande
extension de la superficie; mais à mesure que le rétrécisse-
ment du globe s'opérait, Teau se concentra, et les profon-
deurs se firent dans les endroits marqués par les chutes indi-
quées plus haut (83, 84), et toutes les fois qu'une profondeur
partielle avait lieu, elle devait créer son courant particulier;
ce courant formait une couche de passage indépendante de
la couche du courant qui passait au-dessus d'elle; de là sont
venus ces courants superposés que nous reconnaissons sous la
mer, les gulph-stream ^ etc.
92. — Les courants des eaux, en creusant leurs propres
lits, ont , suivant la vélocité dé leur parcours, établi à diffé-
rentes profondeurs de magnifiques plaines, où l'herbe et le
sable devaient convenir à certains poissons; les excavations
inférieures furent formées pour le séjour d'autres races de
poissons; plus profondément encore s'étendirent des espaces
vides où des arbres et des plantes devaient servir d'abri et de
pâturage à d'autres espèces d'individus. Chaque étage, pour
ainsi dire, devait avoir des propriétés relatives et convenir
aux nécessités des races qui allaient bientôt paraître. Au fond
des mers, il existe donc de vastes plaines, une surface aussi
inégale que la surface de la terre et qui présente des monta-
gnes, des vallées , des ravins, des roches et des sables, ainsi
%que des herbes , des plantes, des arbres, des forêts très-éten-
dues et ayant le domicile de certains animaux qui y font leur
séjour, absolument comme certains animaux terrestres (1).
•
{{) Rien n*est plus curieux que la variélé des plantes sous-marines, les
unes destinées au pâturage, les autres devant servir d*abri et d^ombre
aux animaux nés pour vivre dans Teau. Le règne végétal sous-marin
est très-riclie en espèces qui diffèrent des plantes terrestres, mais la
quantité en est peut-être plus nombreuse que sur la terre; une grande
partie appartient à une classe qui est entre le règne végétal et le règne
animal, et qui finit par se transformer en minéral ; ces plantes, rcti-
SUITS DU RÈGNE DE L EAU. 55
93. — Les eaux ont ét^ ua puissant auxiliaire au profit
du grand laboratoire intérieur du globe, car elles portaient
au feu central, ainsi qu'on Va vu (84), d'innombrables ma-
tières fraîches après les avoir fait nattre; ces matières, ces
millions de milliards de coquilles, de poissons, de plantes, ont
été les matériaux éminemment utiles et nécessaires qui ont
servi y soit intégralement, soit comme alliage ou ciment, à la
formation de nombreuses espèces de pierres , de métaux , de
terres, etc., de tant de sortes et de qualités différentes.
CHAPITRE VU
liaite da Rè^ne de rEaii.
Sommaire. — Végétaux et animaux créés par Teau , 9li. — Travail Mes
zoophytes« bancs sous-marins, roches, lies, etc., 95. — Effets de leur
engloutissement , 06. -^ Espace occupé par l*eau à la surface du globe,
97. — Proportion des êtres occupant le globe , ordre d'apparition , 98.
— Caractère primitif de IVau , 99. — Inaction de l'atmo?»phère , 100.
— Nécessité de la pluie, 101. — Ëpoqtie de son apparition, 102. •
Ses effets, 103. — Accroissement progressif de la pluie, 10&. — Bien-
faits particuliers de Teau, 105. — Son action à travers la terre, 106. —
Observations relatives aux principes de Teaa , 107. — L'eau considérée
comme aliment, 108. — Différence de quaUté de l'eau primitive com-
parée à celle de nos jours, 109, 110,. 111. ^ Qualité de Teau comme
baromètre de la fin de notre sixième époque, 112.
94. — Il se forme sous les eaux des plantes ayant un tronc
et des fibres, et semblables, pas conséquent, à celles que
rées de leur élément et exposées à Tair, changent complélemenl de
règne et deviennent des minéraux.
« Il y a, dit de Maillet, des forêts d'arbres sous la mer, et une pro-
• digieuse quantité de champignons à brahches ou à doigts. Les habi-
« tanls de la Guadeloupe se servent de ce végétal marin pour faire de
« la chaux; on voit ces plantes croître assez vite et renaître de leur
« tronc. » — Voula{t-il indiquer les polypes^
56 DEUXIÈME ÉPOQVE.
nous voyous sar la terre. Mais les plantes n'ont pu se former
que bien plus tard, lorsque les détritus engendrés dans l'eau
eurent déposé un engrais de nature à alimenter et entretenir
la sève de pareilles productions. Au commencement, la fange
boueuse qui nageait dans les eaux ne pouvait produire que des
plantes encore mal déterminées, de ces plantes singulières,
qui de végétal se convertissent en minéral.
Par la même raison , les animaux qui se formaient alors sur
ce terrain boueux étaient aussi d'une nature indécise^ et
paraissaient participer plutôt de la pierre que de l'animal.
Ces espèces d'êtres ont été les premiers créés par l'eau ,
conjointement avec les coquilles, et comme l'étendue de la
circonférence était relativement très-considérable, ces sortes
de productions se sont multipliées d'une manière prodi-
gieuse.
Ces animaux-pierres, les plus simples de la nature, qui ne
possèdent ni cerveaux, ni moelle épinière^ ni organes de r^-
piration, ni vaisseaux destinés à la circulation des fluides; ces
animaux, qui n^ont qu'une* seule ouverture servant à la fois
de bouche et d'anus; qui se nourrissent, comme les plantes,
par la succion et l'absorption des matières qui approchent de
leur canal alimentaire; ces animaux , en apparence insigni-
fiants, ont toujours été et sont encore les plus nombreux
dans la Hature, et c'est à leur influence que Ton doit la con-
solidation des minéraux et de la croûte solide qui entoure le
globe terrestre.
Cette espèce animale, généralement appelée In grande fa-
mille des pidypes, a été divisée par ieà naturalistes en plu-
sieurs classes, dont les principales sont les zoophytes (ani-
maux-plantes), les zoolithes (animaux-pierres); les coraux
spnt une branche dominante de ces derniers.
95. — Ces petits êtres , ces produits qui semblent les plus
ténus, les plus fragiles» et auxquels on ne fait presque nulle
SUITE DU RÈGNE DE l'EAU. 57
atteDtion , ont joué cependaDt, comme nous venons de Tindi-
quer, le plus grand rôle dans la formation du globe; rien ne
prouve mieux la vérité de cet adage : Tt^mon fait la force ;
car c'est Tunion de ces petits êtres, en apparence si futiles,
qui a produit les biincs et les rochers contre lesquels les mers
ont dû reculer. Ainsi Teau , ce puissant élément, a trouvé le
plus terrible envahisseur de son domaine dans les groupes de
ces animalcules auxquels elle a donné la vie.
Ces petits animaux ont formé des bancs qui , par la suite
des siècles, sont devenus des îles et des continents, et il en
surgit encore de nos jours au milieu des mers, qui ont sou-
vent la même origine (1).
Plusieurs de ces îles formées par les polypes ont été sou-
levées ensuite par l'action des volcans au milieu des océans;
lorsqu'elles se trouvèrent au-dessus des eaux , Faction des
(4) CeUe année, on lisait dans an journal de Paris, le Siècle du 10
janvier 'l 858 :
«Un fait curieux qui intéresse la science et la navigation vient d^êlre
signalé. Le détroit de Torrès^ situé dans TOcéan équinoxial, entre la
Nouvelle-Hollande et la Papousie, a été de tout temps d'une naviga-
tion difficile, à cause des nombreux îlots qui la parsèment; mais des
passages profonds et indiqués sur les cartel permettaient aux plus gros
navires de traverser ce bras de mer en naviguant avec soin. Des tra-
vaux hydrographiques récents , exécutés par ordre de l'amirauté an-
^'laise, viennent de faire connaître que ces passages étaient envahis
par des excroissances madréporiques qui rendent désormais la naviga-
tion du détroit impraticable pour les navires d^un fort tonnage.
a Les polypes calcaires de cette mer croissent avec une telle puis-
sance qu'on a calculé que si leur développement suit toujours la même
loi, le détroit de Torrès pourra, dans vingt ans environ, être inter-
cepté sur plusieurs points dans toute sa largeur. 11 a 160 kilomètres
de long sur une largeur très-variable, et qui est, dans certains en-
droits, de 5 kilomètres seulement. En 1606, époque où il fut décou-
vert, le détroit de Torrès ne comprenait que 26 îlots; aujourd'hui il
en a plus de ^150, sans compter ceux que les Iravaux récemment exé-
cutés par l'administration ont permis de reconnaître. »
58 DEUXIÈME ÉPOQUE.
polypes dut cesser, car ils ne peuvent ni vivre, ni travailler
en dehors de leur élément. Cependant, après quelques siècles,
ces iles ont présenté à leur surface une belle végâation de
toute sorte de plantes et une population variée d'animaux
compatibles avec le climat, l'homme sauvage y compris, ainsi
que Tont prouvé les découvertes des voyageurs.
96. — Aux époques piimordiales, où les éboulements étaient
fréquents comme les cataclysmes, ces bancs n'avaient pas le
temps de se former complètement; ils étaient engloutis, avant
d'être consolidés, dans les gouffres de l'intérieur incandescent,
auquel ils apportaient précisément , avec leurs acides et leurs
principes caustiques, homogènes à ceux du règne minéral, un
auxiliaire indispensable à la formation des pierres et des miné-
raux en général, ainsi que nécessaire à la séparation et à la
purification de certaines classes de ce règne important.
97. — Mais ce n'est pas tout: l'eau est la mère de bien d'au-
tres produits qui , à leur tour, deviennent puissants et influeat
grandement sur les événements du globe (1). Pour avoir une
idée exacte de leur importance, il faut examiner la position
que l'eau a prise autour du globe et la division de son règne
. par le classement des races auxquelles elle a donné la vie.
L'eau embrassait, depuis le commencement, les neuf dixiè-
mes de la surface du globe (au moment où notre satellite s'est
détaché) ; ce domaine immense à l'époque où le globe était
vingt fois plus grand dans sa circonférence qu'il ne l'est au-
*(^) Les êtres et les objets qui cmt pris naissance dans Teau, savoir :
les os des animaux, les arbres , les cailloux, les sables^ etc., ont été
transportés par les courants en mille endroits ; ils ont rempli le lit
des rivières et rendu des continents entiers arides et inhabitables ;
exemple, le Sahara ; ils ont rempli de même les cratères des volcans
et causé des cataclysmes qui ont bouleversé la terre sens dessus des-
sous; ils ont formé des bancs et obstrué les passages de la navigation;
ils ont comblé des porls, couvert des villes et des villages, etc.
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SUITE DU RÈGNE D£ l'eAU. 59
jourd'hui, comprenait un espace tellement vaste , qu'il s'y
produisit des myriades d'êtres dont le calcul surpasse toute
imagination. Par les cataclysmes successifs, le globe s'est con-
stamment réduit; sa circonférence a diminué et, au moment
où nous écrivons, Teau ne domine plus que sur à peu près les
quatre cinquièmes de la surface. Mais la multitude des êtres
ainsi que leur classement est restée, proportionnellement à
son étendue, la même qu'au commencement. Nous présentons
dans le tableau ci-contre la succession des diverses espèces,
dans l'ordre de leur apparition, et l'espace qu'elles ont occupé
et qu'elles occupent encore proportionnellement , afin qu'on
puisse avoir une idée de leur importance relative.
98. — Ce tableau, qui aurait pu ne venir qu'ultérieurement
dans un chapitre du règne animal , trouve sa place ici à cause
de l'espace que l'eau a concédé à chaque race de ce règne
dans son domaine; ce tableau, dressé suivant la forme cir-
culaire du globe, représente au centre les deux cercles de
capacité proportionnelle occupés aujourd'hui par l'homme et
tout le règne animal; le cercle suivant est celui des oiseaux;
les autres indiquent l'étendue relative de l'espace occupé par
les diverses espèces d'animaux aquatiques, en s'élargissant
suivant l'importance des races jusqu'à celle des polypes, qui
est la pins nombreuse et la première venue.
On remarquera que le dehors du grand cercle , au-dessus
des polypes, qui représente l'extérieur de toute la circonfé-
rence du globe terrestre et marin , est envahi par le règne végé-
tal, dont les plantes sont aussi bien sous les eaux que sur la
terre.
Ce tableau peut aussi douner une idée de retendue relative
de notre planète, en considérant le grand cercle extérieur mar-
qué n* 1 comme représentant la grandeur du globe au moment
de l'apparition des premiers végétaux et animaux, et le plus
petit cercle marqué n^ 8 comme représentant la grandeur du
\i\obe à la 6™e journée ou à notre époque actuelle.
60 DEUXIÈME EPOQUE.
Ce tableau représente donc les circonférences extrêmes de
proportion et de réduction qu'a subies la terre.
99. — L'eau a donc un empire immense en étendue , en
domination et en population; ses produits sont incalculables ;
les effets de ses actions sont prodigieux; son domaine est à la
fois bienfaisant et redoutable; il est de son essence d'être tran-
quille et calme, mais Timpulsion des courants et des vents,
les actions souterraines du feu et de l'air, l'accroissement et
l'agitation des animaux qu'elle contient^ lui font changer de
caractère et même dénaturent sa qualité et sa couleur (1).
100. — A celte époque primordiale l'eau ne pouvait pas jouer
le grand rôle qui devait lui être assigné plus lard dans lesphé^
nomènes de l'atmosphère; celle-ci étant également à son état
de formation n'avait pas encore besoin d'agir par absorption
pour reverser sur la terre et restituer à la mer la pluie et la
rosée au service des règnes végétal et animal, qui Jusque-là
n'avaient pas paru.
La nature, dans son admirable travail, fournit en temps
opportuns aux besoins de chaque être qu'elle produit, et l'en-
chaînement des nécessités réciproques marche selon l'agran-
dissement des espèces.
101. — Lorsque les végétaux et les animaux envahirent la
terre, l'eau qui filtrait dans les souterrains, qui travei^sait les
parties sèches par les ruisseaux, les rivières ou les fleuves,
n'était pas suffisamment étendue pour l'entretien périodique de
la vie des plantes et des animaux ; il fallait que la nature vint
au secours de ces nouveaux comparants dans toutes les locali-
tés de la terre , et elle ne manqua pas de pourvoir à l'importante
fonction de l'arrosage des terres, et à la formation de certains
dépôts sur les points du globe où le grand réservoir de l'Océan
ne pouvait pas arriver. De là vint la création de la pluie.
(^) Voir Ici note D, à la fin du volume.
SUITE DU RÈGNE DE l'eAU. 61
102. — Dans les temps primitifs il n'y avait pas de pluie;
elle aurait été inutile, et les causes de sa formation n'existaient
pas encore; la terre n'émettait pas alors ces vapeurs et ces
exhalaisons qui ont été depuis nécessaires aux échanges qui
s'opèrent dans l'atmosphère; d'ailleurs, l'atmosphère n'était
pas complètement formée ; c'est plus tard, par suite de l'alté-
ration des eaux primitives et du besoin de leur purification ,
que s'opéra le merveilleux ouvrage de l'absorption des vapeurs
et leur transformation en pluie, qui n'a commencé à tomber
sur la terré qu'à la 4™e époque, lorsque le ciel, selon la Ge-
nèse, a été distingué, découvert à la terre,
103. — La pluie devait naître de la force des choses. Nous
savons aujourd'hui qu'elle se forme des vapeurs qui s'exhalent
du globe en s'élevant dans l'almosphère, où elles subissent, au
contact de l'air, celte admirable distillation qui sépare l'eau
pure et la laisse retomber sur le globe comme si elle passait
par un tamis, pour se répandre doucement et en parties égales
sur la terre.
Il semble que l'empire de l'eau , dont nous nous occupons ,
devrait s'enrichir des quantités de pluie qui lui viennent de
cette source; mais loin de là, la pluie n'ajoute rien à la masse
liquide, et souvent, dans son passage d'un instant, elle occa-
sionne des accidents plus ou moins graves , sans augmenter
d'une seule goutte l'ensemble des eaux autour du globe.
104. — L'accroissement des plantes et des animaux sur la
terre, ayant produit une augmentation de vapeurs, il s'en est
suivi un accroissement progressif et relatif de pluies et de
rosées, et il en sera réclamé encore davantage par suite de
l'appauvrissement des terres et de la nécessité de réparer l'épui-
sement de leurs propriétés fécondantes.
On compte, de nos joui*s, que de la quantité de pluie qui
tombe sur la terre, un sixième est absorbé par le sol; une
pareille quantité est transportée par les cours d'eau , les
62 DEUXIÈME ÉPOQUE.
fleuves, les rivières, etc., et que le restant retourne en va-
peurs.
105. — Si Teau, à certains moments, se montre, dans
rOcéan, le plus orageux et le plus terrible ennemi du genre
humain, d'un autre côté, elle prête du secours à Thumanité
pour la préserver de la destruction du feu en éteignant les
incendies.
Rien n'est plus obéissant à la volonté de Thomme que cet
élément lorsqu'il n'est pas influencé et maîtrisé par les capri-
ces de l'air; il se soumet aux besoins industriels jusqu'à épuir
sèment, se transformant en vapeurs pour donner sa force aux
machines et aux bateaux, comme sMl voulait, sous la direction
de l'homme , faire concurrence à la vélocité des vents.
106. — Comme le feu sépare les choses qui sontjointa«î,
l'eau rejoint celles qui sont séparées. L'essence du feu s'éva-
pore dans l'air, l'air se jette dans l'eau, et l'eau pénètre dans
la terre, qui est le réceptacle de toutes les semences. Si l'eau ne
passait et ne repassait incessamment par les conduits de la
terre, le feu la consommerait. L'eau, en passant par la terre,
aide à la putréfication, qui est la mère de la génération. L'eau
passe à travers le feu et, en retournant sur son passage, elle
attire les bitumes, les soufres et les autres propriétés minéra-
les qu'elle reporte à la surface et qu'on emploie pour l'usage
des bains ou des eaux médicinales.
107. — D'après les expériences de Cavendish, en 1784,
répétées ensuite par Lavoisier, Laplace, Monge et Meunier,
l'eau est formée de 85 parties (en poids) d'oxygène et de
15 d'hydrogène (en poids).
En faisant brûler ensemble, dans des vaisseaux clos, les
deux gaz hydrogène et oxygène , dans les proportions ci-des-
sus, on forme une quantité d'eau égale au poids des deux gaz.
Mais ces gaz occupent un espace très considérable avant leur
combustion; car pour former un décimètre cube d'eau, il faut
SUITE DU RÈGNE DE l'EAU. 63
634 décimètres cubes de gaz oxygène et 1 51 3 décimètres cubes
de gaz hydrogène.
Le gaz hydrogène est le fluide le plus léger que Ton con-
naisse; il Test de 13 à 14 fois plus que l'air que nous respi-
rons. Le rapport du poids de Teau à celui de Tair est ainsi
établi dans V Annuaire du Bureau des longitudes : un déci-
mètre cube d'eau pesant 1 kilogramme, le décimètre cube
d'air pèse 1 gramme 298187 à la température de zéro et sous
la pression atmosphérique de 76 centimètres.
L'eau y à raison de l'extrême petitesse de ses molécules, de
leur indépendance réciproque, de leur mobilité, se soumet
avec la plus grande docilité et la plus grande exactitude aux
lois de l'hydrostatique , c'est-à-dire à cette partie de la physi-
que qui a pour objet la pesanteur et l'équilibre des fluides.
l'eau comme ALmsirr.
108. — Dans le règnç de l'homme, à la sixième journée,
nous signalerons les fonctions de Tair comme aliment; il est
donc à propos, pendant que noas sommes dans le règne de
l'eau, d'observer aussi quel est son rôle dans les mêmes
fonctions.
L'eau est non-seulement la boisson la plus commune de
rhomme, et la seule qui serve à tous les animaux, mais
elle est le meilleur dissolvant de la matière nutritive. L'eau
s'associe, se combine avec toutes les matières solides que
nous employons pour notre nourriture, et devient elle-même
alimentaire; ainsi , dans le pain, elle prend de la solidité ;
elle forme une des parties constituantes des aliments princi-
paux dont se nourrissent tous les peuples de la terre , et
joue, par conséquent, le premier rôle dans l'économie ani-
male.
Il y a plus : l'eau est la médecine la pli^s salutaire pour le
règne animal.
64 DEUXIÈME ÉPOQUE.
L*eau froide flatte le palais» apaise la soif, aide à la di-
gestion en remontant les forces de Testomac.
Ueau refroidie à la glace est un tonique encore plus
actif.
L'eau tiède relâche les viscères.
L'eau chaude excite les nausées , et peut, dans beaucoup de
caç , remplacer les émétiques.
l'eau primordiale.
109. — L'eau primitive, quoiqu'elle n'ait pas été rempla-
cée, n'était cependant pas la même que celle dont nous avons
r usage de nos jours.
Au sortir de sa source sublimée, pour ainsi dire, et con-
centrée dans la molécule, l'eau primitive était vierge; l'atome
liquide que la pression avait extrait de l'atome solide était
pur, et ces atomes liquides accumulés formaient une eau la
plus délicieuse que l'imagination puisse concevoir.
Mais à mesure que les siècles s'avancèrent, les plantes et
les animaux s'introduisirent dans l'eau en s'y dissolvant ;
leur présence et leui*s décompositions altérèrent et corrompi-
rent la qualité de l'eau.
Quelle différence, en effet, dans les propriétés de l'eau au
commencement d'une journée ou d'une époque , comparati-
vement à celle qu'on dut lui trouver à la fin de la même
époque , lorsque des myriades d'animaux , dans l'espace de
300 siècles , s'y étant décomposés , l'eurent corrompue en
altérant totalement sa nature!
L'eau alors , après cette longue période de temps , devait
être nécessairement méconnaissable et presque entièrement
changée quant à ses qualités.
C'est pourquoi aussi la Providence, ayant en vue la purifi-
cation générale de la matière, a renouvelé, à diverses grandes
époques, le bouleversement total du globe.
SUITE DU RÈGNE DE L EAU. 05
MO. — A chaque bouleversement produit par les grands
cataclysmes qui renouvelaient la face de la terre, il y a donc
eu une purification générale de Feau , qui reparaissait pure
pour la nouvelle journée qui commençait. N'aurions- nous
pas de nos jours, dans notre sixième époque, quelques échan-
tillons de cette eau pure ? Oui, certes, nous en avons; il doit
en exister dans les rochers où elle reste enfermée , attendu
qu'il entre dans la mission d'un cataclysme de comprimer
violemment tout ce qui se trouve à ce moment sous l'action
foudroyante de sa pression ! Or, entre les pierres et les mé-
taux, il y a toujours eu de petites ou de grandes cavités; l'eau
qui s^y trouve au moment du cataclysme est emprisonnée par
un autre minéral qui presse les parois, et toutes les fois que
les deux minéraux, qu'ils soient pierre, cristal ou roche,
possèdent une cavité centrale, cette cavité conservera son
vide, tandis que le contour sera pressé pour ne former plus
qu'un bloc; si, dans cette cavité, il se trouvait de l'eau, elle
y restera donc prisonnière pour toujours, car il n'y a plus
moyen qu'elle en sorte, ni qu'elle s'en évapore.
III. — On rencontre de temps en temps, particulière-
ment en Amérique, des morceaux de cristal de roche où l'on
voit, par la transparence, la goutte d'eau, très-belle, grande
et limpide.
On a reconnu aussi des gouttes d'eau dans des morceaux
de quartz; mais, comme on ne pouvait pas le prévoir, en
cassant la pierre on a perdu l'eau. Le cristal de roche ne
trompe pas, il ne cache rien, car il est transparent; nous
jsavons que sa formation est certainement antérieure au dé-
luge; donc là goutte d'eau qu'il contient est au moins de la
cinquième journée, si ce n'est de la quatrième ou de la troi-
sième époque de formation de notre globe.
Mais cette eau primordiale, quand même elle serait de la
quatrième ou de la cinquième époque de formation , ne sau-
5
6G DEUXIÈME ÉPOQUE,
rait plus convenir à notre constitution; notre physique étant
habitué à une eau corrompue ne pourrait pas supporter la
boisson d'un liquide dont la pureté remonte à trois cents, à
cinq cents ou à mille siècles; la différence de climat de ces
temps reculés , en comparaison du climat et des autres con-
ditions physiques de notre temps, est immense, et si Ton
buvait aujourd'hui cette eau primordiale » le moindre effet
qu'elle pourrait avoir sur nos intestins, ce serait de les pétri-
tier, et par là elle nous causerait la mort.
l'eau comme baromètre .
112. — • Si, d'après la Bible, nous nous trouvons aujour-
d'hui à la sixième journée , c'est-à-dire à la sixième époque
de formation , nous pouvons hardiment consulter comme
un baromètre infaillible la qualité générale de Teau , et
au moment donné où sa nature sera profondément altérée,
notre postérité pourra calculer sur ce baromètre la durée
probable, ou la fin de cette journée ou de cette sixième
époque.
FIN DU RÈriNE DE L*EAU: ' C7
CHAPITRE VIII
Fin du Rèstie de TKaa
Sommaire. — Altération de l'eau des mers, 113. — Altération de Teaii
terrestre, 114. — Examen d'une goutte d'eau douce an microscope,
115. — Décroissance périodique de la qualité de l'eau, lie. — Loi de
disparition des êtres; restitution des éléments; difTérence relative à
l'eau , 117. — Variété des races provenant de l'absorption des sucs spé-
ciaux, 118. — Méduses, sèches; influence do leurs liqueurs pour l'eau,
119. — Absorption d'électricité et de magnétisme, mer lumineuse, 120.
— Genre torpille, etc., 121. — Coquilles électriques, 122. — Mer lu-
mineuse, 123. — Abondance des fluides électriques, 124. — Vues delà
Providence dans la formation des races nouvelles, 125. — Réflexions
sur les services rendus par l'eau, son analogie avec l'éther, 126. —
Développement des rapports de l'eau avec l'éther, 127. — L'éther est-
il le séjour d'ôtres animés? 128. — Effets de l'eau combinée avec l'air
et le feu, 129, 130. — Fin de la seconde époque, 131.
113. — L'eau de la mer , aujourd'hui , est déjà très alté-
rée, et il u en peut être autrement en raison des millions de
myriades d'animaux qui , depuis tant de siècles, séjournent,
vivent et se décomposent dans son sein; cette eau n'est plus
potable, et continuera de plus en plus à s'altérer jusqu'à de-
venir totalement corrompue ; elle le serait déjà sans les aspi-
rations et les expirations successives de l'atmosphère, qui en
rafraîchissent journellement la surface, par la puriOcation
des vapeurs et leur restitution en forme de rosées, pluies,
etc., etc.
lU. — L'eau terrestre, que nous appelons douce, cette
eau que la nature a pris soin de nous distiller à travers les
couches de la terre , cette eau que nous croyons limpide, est
loin de valoir Teau pure et primitive des premières époques
de formation; il suffit de l'analyser et on y trouvera un mé-
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FIN DU RÈGNE 1>K L*EAU. 69
117. — Toutefois, quoique le changement, la décrois-
sance et la disparition des êtres soient le résultat général
prévu dans les grandes lois de Tunivers, le résultat partiel ,
relatif à notre planète pendant le cours de ses fonctions , est,
en un sens , bien différent.
Pour mieux expliquer ce fait, anticipons' un peu sur les
époques suivantes.
L'homme, comme on le sait, rend à la terre les éléments
qu il a reçus de la terre; le poisson, ou tout animal aquatique,
rend à l'eau les éléments d'existence qu'il a puisés dans le
sein de l'eau; la terre et l'eau doivent rendre à leur tour
un tribut au firmament. Cette rotation d'échanges, cette res-
titution d'éléments d'existence par suite de la disparition
dçs corps, est inévitable; mais les effets momentanés pré-
sentent des différences essentielles.
Voici les différences :
Le firmament s'enrichit de la surabondance des vapeurs
émises par les êtres qui se développent sur notre planète; la
terre s'engraisse des cadavres des hommes et des autres ani-
maux; mais Teau se corrompt, ses qualités s'altèrent par les
détritus des corps qui s'y déposent.
118. — Non seulement l'eau s'altère en qualité, change
de nature et de couleur, comme nous l'avons vu, mais les
disparition de races entières est également prouvée dans le règne
animal .et végétal.
La disparition. des astres est aussi un fait reconnu. Ainsi la constel-
lation des pléîades était composée de sept étoiles; on n^en compte plus
que six.
On en a perdu une dans la petite ourse; une dans Andromède, etc.
« Désastre vraiment effroyable, dit M. Moreau de Jonnès, dans son
« ouvrage la France avant ses premiers habitants^ puisque Texlinc-
« tion d'un soleil suppose Tanéantissement de plusieurs mondes comme
« le nôtre, et la destruction de tous les êtres quelconques qui les ha-
<c hitaient! »
70 DEUXIÈME ÉPOQUE. |
races anéanties et perdues dans son sein y ont laissé, par la
décomposition de leurs cadavres, mille substances diverses
qui s'y sont séparées, et Teau ne pouvant pas les consumer
comme le ferait le feu , il s'ensuit que ces substances putré-
fiées donnent la vie à de nouveaux êtres ; ces êtres amènent
de nouvelles races; ces races nouvelles s'imprègnent d'un
attribut distinctif, par exemple, d'un suc provenant de la
décomposition d'un être précédent; ce suc, qui était, par hy-
pothèse, un caustique faible , devient un caustique renforcé
dans les individus de la race nouvelle. '
Ainsi, un acide, un phosphore , un venin, c'est-à-dire une
propriété ou une arme de défense quelconque, qui étaient
moins indiqués, moins puissants dans une race éteinte, de-
viendront plus marqués, plus abondants, plus communs dans
une race nouvelle qui continuera de s'alimenter de tel ou tel
suc particulier dans les détritus de certains cadavres spé-
ciaux.
119. — Rien n'est plus propre à prouver la vérité de cette
opération que les méduses ; ces animaux sécrètent et excrè-
tent, en la lançant à volonté, une liqueur ècre et brûlante*
qui est l'effet et le produit des sucs que cette race pompe dans
les détritus spéciaux des cadavres décomposés dans l'eau.
De même, les sèches et les poulpes répandent une humeur
noirâtre qui trouble l'eau immédiatement , et leur permet
d'échapper en se dérobant à la vue des ennemis qui les pour-
suivent. Si ces animaux se défendent et se sauvent par cet
ingénieux expédient, ils n'en causent pas moins un dommage
à l'eau qu'ils salissent et altèrent par ces excréments brûlants
et noirâtres.
Ainsi , les individus des deux races que nous venons de
citer, ont la propriété de choisir les sucs qui sont les plus
aptes à composer dans leur corps de ces liqueurs spéciales
qu'ils peuvent lancer pour leur défense, et ils abandonnent
les sucs d'une nature différente.
FIN DU RÈGNE DE l'eàU. 71
On conçoit que dans les sucs ainsi abandonnés par cesdeux
races , il y a d'autres propriétés qui , séparément , peuvent
donner à d'autres poissons, d'une constitution différente, à
d'autres espèces d'êtres qui s'en emparent et les absorbent >
une force inbérente à la matière dont ils s'imprègneot.
POISSONS ÉLECTRIQUES.
120. — Ainsi, par exemple, le corps de chaque animal ,
soit sur la terre, soit dans l'air, soit dans T^u, a, dans sa
composition, quelques atomes d'électricité et de magnétisme
qui font partie essentielle de son fluide vital.
Dans la décomposîtimi àe& cadavres an sein des mers , ces
atômes électriques et magnétiques, qui se séparent des corps,
sont en grande partie absorbés par une race de nouveaux
êtres , qui , en les choisissant pour aliment, se trouvent for-
tifiés d'une abondance d'électricité ou de magnétisme analo-
gue à l'abondance d'humeur que nous avons signalée dans la
sèche ou la poulpe.
Nous voyons de nos jours des surfaces fort étendues sur la
mer , qui présentent, de temps à autre, des phénomènes cu-
rieux de lumière électrique. En effet , après tant de siècles de
décomposition des millions de milliards de cadavres sous-ma-
rins , il ne pouvait pas en être autrement ; leurs atomes d'élec-
tricité, séparés par la dissolution, se réunissent par leur
attraction mutuelle; l'union de ces molécules forme des mas-
ses, et les races nouvelles, destinées à s'en nourrir , ne suffisent
pas pour en absorber la totalité ; il en reste donc une assez
grande abondance, dans certaines circonstances déterminées,
sur la surface de la mer; cette quantité est augmentée encore
parles êtres mêmes qui s'en sont nourris et qui se décompo-
sent après leur mort.
121. — Ainsi, nous voyons des poissons qui font de ces
72 DEUXIÈME ÉPOQUE.
molécules leur nourriture spéciale et qui, imprégnés de cet
aliment, donnent des signes de réiectricité ramassée dans
leurs corps vivants; dans ce genre sont la torpille, lagyni-
note et le roalaptérure.
La torpille (1) a son organe électrique sur les côtés du cou;
la gymnote au-dessous de la queue, et le malaptérure autour
du corps entier; mais chez tous il est d'une nature à peu près
semblable; à Toeil nu on le prendrait pour un morceau de
lard; à l'aide d'une forte loupe, on reconnaît qu'il est com-
posé d'un nombre considérable de petites cellules, toutes
uniformes, que circonscrit une membrane très serrée , très-
résistante, et que remplit un liquide gélatino-albumineux.
122. — Si le genre Torpilles, comme le genre Sèches, ab-
sorbe une partie, spécialement choisie par leur espèce^ de
ces matières électriques, il en reste donc une autre partie
(-1) La torpille, poisson du genre des raies; son corps, complète-
ment lisse, est aplati et presque circulaire; elle a beaucoup de ressem-
blance pour la forme générale avec une petite raie.
(c L^espace situé entre les nageoires pectorales, la tète et les bran^
c chies , est rempli de chaque côté par un appareil singulier formé de
« petits tubes membraneux serrés les uns contre les autres, subdivi-
« ses par des cloisons horizontales ou petites cellules remplies de mu-
c cosités, et animés par une grande quantité de nerfs. C'est dans cet
« appareil que réside la puissance que possède la torpille d'imprimer
« une commotion soudaine aux corps qui s'approchent d'elle ou qui la
« touchent avec la main ou même avec un bâton, et de les paralyser.
<c Les torpilles donnent, par le même moyen, la mort aux poissons et
a aux animaux dont elles font leur nourriture. 9 ( M. Douillet.)
La commotion que Ton reçoit lorsqu'on touche une torpille est sem-
blable à celle que cause la bouteille de Leyde, ou tout autre corps
fortement électrisé.
La gymnote a un corps cylindrique et très-allongé; elle a la faculté
de donner des secousses encore plus fortes, et elle peut engourdir
même à distance les autres animaux. Lorsqu'on la touche à deux
mains, la commotion devient si forte, qu'elle peut renverser un
homme.
FIN DU RÈGNE DE L EAU. 7^
dont les molécules ne sont convenables ni à Fune ni à l'autre
de ces racés de poissons; et pour employer ce que ceux-ci
rebutent, il a surgi, dans l'ordre des coquilles, une race toute
particulière qui s'en empare et forme une nouvelle classe
dont Télectricité, moins forte mais plus lumineuse, ressort
même en dehors de leurs carapaces, et présente, en certaines
occasions, des phosphorescences sur une grande étendue des
mers.
Un phénomène de ce genre vient d'être publié tout récem-
ment et nous en donnons le détail en note (1).
123. — Ces molécules électriques, avec les mélanges pu-
trides provenant des décompositions des cadavres, engendrent
aussi des insectes et des animalcules spéciaux d'un nombre
considérable , et on les yoit fréquemment dans les mers et
dans les lacs; leur quantité est énorme; souvent les capi-
taines voyageant la nuit voient , sur une distance de plu-
sieurs lieues, la mer blanche comme du lait; ce sont les
corps de ces vers à la surface de l'eau qui produisent ces
phénomènes.
124. — Les volcans sous-marins, par leurs éruptions ins-
tantanées, causent la mort immédiate de myriades de poissons;
la décomposition de ces masses de cadavres produit une pu-
tréfaction qui engendre une infinité de ces vers et forme en
outre toute sorte d'aliments aux autres animaux sous-marins;
la matière électrique est donc énormément abondante dans
toutes ses subdivisions.
125. T- Ces détails tendent à démontrer ces grandes lois
de la nature : que toute décomposition d'un corps se ramifie
en résultats différents; que chaque subdivision a son emploi
et que tout emploi nouveau tient à un changement de cons-
titution dans les corps; que tout changement dans un organe
(1) Noie, F, à la fln du volume.
74 DEUXIÈME ÉPOQUE.
fondamental entraine des modifications dans les autres or-
ganes pour conserver rharmonie, maïs qu'en même temps
un caractère spécial détermine chaque être en particulier;
enfin que la Providence a voulu, par la formation de nouvelles
races dans Teau, faire absorber les détritus séparés des cada-
vres, afin d'empêcher que leurs miasmes, qui se seraient sans
cela trop accumulés, corrompissent entièrement les eaux:
sans cette prévoyance, le monde n'aurait pu durer.
Nous verrons dans le règne animal combien de fois une
race de poissons aurait déjà suffi pour envahir tous les bassins
des mers; en attendant, retournons à notre seconde époque,
en continuant notre étude sur le règne de l'eau.
L EAU BT l'ËTHER.
126. -— Quelles que soient les altérations que l'eau a
subies dans le cours des siècles , son règne aura^ toujours
rendu les plus grands services à tous les êtres appelés à pas-
ser par ce globe; si ces êtres ont été les instruments d'alté-
ration de ses qualités, s'ils ont été assez ingrats pour en
changer la nature, l'eau n'aura pas moins été constamment
appropriée à leurs besoins.
Quelle sublime conception que celle de la formation de
Teau! Indépendamment des usages auxquels elle sert, l'eau,
par l'une de ses propriétés, inspire encore une profonde
réflexion, car elle nous donne l'idée d'étudier et la clef pour
comprendre la nature de cet autre élément que nous ne pou-
vons ni toucher, ni voir; cet élément qui remplit les espaces,
que nous appelons Yéther, faute de savoir son vrai nom, qui
soutient les énormes poids des globas et des astres du firma-
ment avec la même facilité que l'eau soutient sur sa surface
tous les vaisseaux du monde, sans paraître en aucune ma-
nière fléchir sous leurs masses.
127. — • L'eau, diaphane comme l'éther du ciel, nedifl'ère
FIN DB RÈGNE DE L'eAU. 75
de celui-ci que par la différeuce considérable de son poids,
Teau pesant 2,600 fois plus que Téther, et 900 fois plus que
Fair. L'eau a cet avantage sur Tair que chaque goutte d'abord
isolée s'incorpore et s'amalgame avec une autre goutte dès
Finstant qu elle la touche et compose un ensemble uniforme
et élastique précisément comme Féther.
Uéther étant un fluide infiniment plus subtil, a Favantage
d'une force proportionnelle 2,600 fois plus énergique que
celle de l'eau.
Une analogie bien marquée entre l'eau et Féther résulte
encore de l'aptitude de Fun et de Fautre à ouvrir ses pores à
tout objet plus lourd, à lui donner passage et à se refermer
sur lui sans qu'il paraisse le moindre dérangement à leur état
précédent.
128. — Ici vient se placer une réflexion : Si l'eau engendre
et entretient tant d'êtres aquatiques , pourquoi Féther n'en-
gendrerait-il pas également des êtres homogènes à sa nature?
Nous avons vu qu'il y a entre l'eau et Féther analogie de
forme, d'élasticité et de ténacité; nous avons vu aussi que la
différence est de 2,600 fois dans la subtilité de ces deux élé-
ments, en sorte que, relativement, les êtres habitant dans
Féther seraient 2,600 fois plus subtils que les habitants de
l'eau.
Comme tout ce qui existe dans l'univers est animé, il n'y
a aucun doute que Féther ne soit le séjour de certains êtres
que notre vue trop grossière ne peut distinguer, et que nos
télescopes mêmes ne peuvent saisir. D'ailleurs, comme ce
fluide que nous appelons Féther ne commence qu'au delà de
notre atmosphère, nous ne le connaissons pas dans sa véri-
table pureté.
Cependant, puisqi#il en filtre continuellement quelques
parties à travers notre atmosphère, il ne sera pas impossible
de parvenir, avec des instruments plus perfectionnés, à trou-
ver un jour la solution de ce problème.
76 DEUXIEME ÉPOQUE.
Mais nous ne voulons pas nous éloigner de nos recherches
sur la création terrestre; restons donc dans le règne de Teau.
AFFINITÉ ET COMBAT DE L EAU ATEC L AIR ET LE FEU.
129. — L'eau, coinine nous l'avons indiqué, a été origi-
nairement le fruit de la décomposition des molécules de l'air;
ces deux éléments, qui, séparés; semblent deux ennemis, ont
eu la même origine, et conservent dans leur sein le feu qui a
été l'instrument de leur séparation.
1 30. — Si le feu s'empare de quelque objet terrestre, l'air
non -seulement active l'incendie, mais l'encourage et aug-
mente la destruction ; pour l'arrêter, pour le comprimer, on
a recours à l'eau, qui Tétouffe et l'anéantit.
Dans une bourrasque sur mer, c'est encore l'air qui, par
ses mouvements, cherche à détruire ce que l'eau protège sur
sa surface; les navires qui y périssent doivent leur perle au
combat de ces deux éléments entre eux, lutte d'une violence
qui parfois surpasse l'imagination humaine.
Il est donc évident que ces trois éléments primitifs, l'air,
l'eau et le feu, séparés, agissent en bien et en mal avec une
énergie extraordinaire sur les destinées des êtres, tandis qu'u-
nis et ne formant qu'un seul corps, ils entretiennent la vita-
lité et constituent la force qui soutient l'univers.
131. — Le second jour ou la seconde époque, qui dura au
minimum 300 siècles comme la première époque, finit éga-
lement par un cataclysme qui engloutit toute la partie décou-
verte de la terre ; cette partie était à l'est , et ouvrait les
cratères de ses nouveaux volcans vers le sud; c'est vers ce
point que sera tournée, pour la troisième époque, la partie
découverte du plateau de la terre, tandll que l'est, le nord et
l'ouest de la sphère seront couverts par les eaux.
TROISIÈME JOUR
OU
TROISIÈME ÉPOQUE
RÈGNE DE LA TERRE
s
De sa puissance immortelle
Tout parle, tout nous instruit^
Le jour au jour la révèle ,
La nuit Tannonce 4 1& nuit.
Ce grand et superbe ouvrage
N'est point pour Thomme un langage
Obscur, et mystérieux :
Son admirable structure
Est la voix de la nature
Qui se fait entendre aux yeux.
J.-B. Rousseau.
J*ai vu les blés mûrir où mugissent les flots.
Les coquilles des mers fécondant les campagnes,
Et Tancre antique enfouie au sommet des montagnes:
Linné.
TROISIÈME JOUR
ou
TROISIÈME ÉPOQUE
RÈ&NE DE LA TERRE
CHAPITRE IX.
InlePTalle dn deuxième aa troisième Jfonr
Sommaire, — Appellation de la terre; ses premières productiong, 132. —
Nécessité d'étudier la terre, 133. — Ses dimensions et son étendue,
134. — État de pureté de l'eau et de la terre, 135. — Repos à l'inté-
rieur du globe ; ses causes , 136. — Agitation momentanée à l'extérieco*,
137. — Développement du règne végétal , 138. — Nous reste-t-il quel-
ques traces des végétaux de cette époque ? 139. — ^^ Premiers animaux
aquatiques terrestres ; leur disparition , 140. — Grands animaux de
seconde formation, 141. — Minéraux solides; cataclysmes partiels, 142.
132. — Les trois éléments* primitifs, Tair, le feu et Teau,
avaient, dans les deux premières époques, accompli les lois
suivant lesquelles la nature a tracé le grand travail de l'orga-
nisation des êtres.
Le troisième jour, suivant la Bible (Genèse, ch. I, v. 10,
11, 12), rélément aride recevait le nom de terre, et ses pre-
miers fruits furent Therbe verte et les arbres. Ce sont donc
les végétaux qui, suivant la Bible, devront régner à cette
époque déformation.
80 TROISIÈME ÉPOQUE.
133. — Mais avant d'examiner le règne végétal, qui va oc-
cuper la surface de la terre et qui, par sa présence, attirera
les finimaux qu'il devra nourrir, il est nécessaire de porter
notre attention sur celte terre qui est la mère du règne végé-
tal, animal et minéral.
La Bible, peu explicite, n'a pas eu Tintention d'enlever à
la terre son règne, et la science demande que nous nous arrê-
tions à son examen, car, à défaut d'explications qui manquent
dans les livres de l'Ëcriture sainte, la terre nous offre dans
ses entrailles des pages précieuses pour découvrir les antiquités
et nous donner les informations nécessaires à notre ouvrage;
c'est donc au règne de la terre qu'appartiendra la troisième
journée, c'est^nlire la troisième époque.
134. — La circonférence du globe, réduite de la moitié, se
trouvait être hypothétiquement de cent mille lieues après le
cataclysme du second jour.
L'élément aride, c'est-à-dire la terre, ne se montrait à dé-
couvert que sur un quart de cette circonférence du côté mé-
ridimaly les trois autres quarts étant couverts d'eau.
135. — La terre et l'eau étaient l'un et l'autre en ce moment
dans un état de pureté parfaite, car le cataclysme, dans la
révolution qu'il venait d'opérer, avait englouti toutes les
matières hétérogènes qui se trouvaient à la surface.
136. — L'intérieur du globa étant assez rafraîchi par la
quantité des nouvelles matières tombées dans son centre, aura
pour quelque temps un travail paisible tout en perfectionnant
les produits du règne minéral.
137. — L'^agitation sera plus sensible au dehors, momen-
tanément du moins, jusqu'à ce que les eaux puissent se fixer
dans tous les coins des cavités où les lits et les vallées leur
permettront d'arrêter leur niveau.
138. — L'extérieur de la planète jouissant d'un climat
INTERVALLE. 81
presque toujours égal, F accroissement du règne végétal sur
la terre et sous \eé eaux va progressivement se développer
avec tout le luxe possible, et naturellement les animaux qui
sont aptes à se nourrir de plantes se hâteront de paraître sur
toute l'étendue.
139. — Comme il serait curieux de connaître les qualités
des plantes qui ont fleuri à celte époque ! Elles étaient certai-
nement de formes gigantesques ; mais cette époque est trop
loin de nous pour qu'il en reste des vestiges dans nos mines
de houille; car, il est facile de le comprendre, les végétaux
dont les empreintes se rencontrent dans les fossiles des houil-
lères sont d'une période plus récente, et peuvent tout au plus
appartenir à la quatrième époque; et encore nos fouilles dans
la terre sont jusqu'à présent trop rapprochées de la croûte
du globe, outre que les plantes des époques primordiales ont
dû être toutes consumées par l'action du feu pour entrer dans
la composition des minéraux.
D'ailleurs les couches de houilles n'ont pu se former qu'à
l'instant d'un refroidissement ultérieur, à mesure que le feu
se retirait pour se diriger sur d'autres points de l'intérieur,
abandonnant les matières végétales et animales surabondantes.
Ces matières restant à leur place se refroidissaient, et nous
les trouvons, ainsi refroidies, au milieu ou à côté d'autres mi-
néraux qui avaient déjà subi toutes les métamorphoses que le
feu avait à opérer sur eux. Telle fut la formation des houil-
lères.
Aujourd'hui on reconnaît, au microscope, dans les charbons
déroche, des impressions de plantes et de troncs d'arbres en-
tiers, souvent atteignant 20 et 30 mètres de hauteur; parfois
on trouve des modules de minerai de fer argileux, des feuilles,
des branches et des fruits, autour desquels la matière métal-
lique s est concrétionnée ; on y rencontre également des formes
d'animaux et surtout abondamment des poissons dont les os
6
82 TROISIÈME ÉPOQUE.
et les épines sont d'une dimension irès-étendue, et des écailles
gigantesques carbonisées.
UO. — Sur la surface encore extrêmement dilatée du globe à
cette époque, Teau n'était pas profonde, ainsi que nous l'avons
constaté, et même, à peu d'exceptions près, la profondeur ne
pouvait guère être, en moyenne, que de 1 à 2 mètres; en consé-
quence de cette disposition^ les animaux les plus nombreux,
après les coquilles et les polypes, devaient être les amphibies,
les tortues, les crapauds, etc., de formes colossales, et dont
les espèces ont disparu de la même manière que les grands
végétaux.
141. — Aussitôt qu'un animal, de quelque espèce qu'il soit,
paraît sur la terre, dans ces petites races qui se multiplient
prodigieusement, il en nait incontinent un autre d'une espèce
plus grande destiné à le dévorer. Ainsi, après les coquilles
parurent les animaux géants qui devaient s'en nourrir et ayant
des organes appropriés à ce genre de nourriture; alors aussi,
pendant cet intervalle de repos, se multiplièrent considérable-
ment les polypes et les mollusques, que nous avons déjà vus
figurer dans l'époque précédente.
142. — Dans le même intervalle, que nous continue-
rons de supposer de 60 siècles , l'intérieur de la terre eut
le temps de consommer les matières fraîches qui lui avaient
été fournies par le cataclysme qui a terminé la seconde
journée.
Nous devons donc placer à cette époque la formation des
pierres les plus solides et les plus pures. Lorsque ces minéraux,
par l'effet de leur propre disposition, emprisonnaient comme
par une cloison le feu qui les avait formés, ce feu cherchant
h se remettre en contact avec l'air, s'ouvrit un passage en
faisant de nouveau éclater les masses solides qui l'enlaçaient;
les explosions qui en résultèrent bouleversant les matières la-
térales ou superposées, il se produisit des cataclysmes partiels
OPINIONS DES PHILOSOPHES. 83
à différents points, ce qui dut se renouveler assez fréquemment
dans le courant d'une époque.
Nous admettons que l'intervalle, qui a été un temps de repos
sans aucune commotion de ce genre, cesse du moment qu'un
de ces cataclysmes partiels a paru sur le globe.
CHAPITRE X.
Opinions de» PhlicMioplieii
Sommaire. — La terre considérée sous trois aspects, 1^3. — Ce que c'est
que Variée; le règne de la nature, Uli. — But et mission de la terre,
145. — Ce que nous devons à la science ; observation concernant Moïse,
146. — Opinions des philosophes ; les plutoniens et les neptuniens, 1^7,
— Sanchoniafon, 148. — Thaïes, 149. — Ànaximandre et Galilée, 150.
— OcelUis Lucanus, 151. — Timée de Locres, 152. — Aristote, 153.
— Pythagore , 154. — Heraclite, 155. — E mpedo clés , 156. — Anaxa-
gore, 157. — Démocrite, 158. — Épicure, 159. — Les prôtres égyp-
tiens, 160. — Platon, 161. — Les Indiens , 162 , 163. — Réflexions au
au sujet de ces opinions, 164. — Descartes, 165. — Linné, 166. —
Burnet, 167. — Bourguet, 168. — Woodward, 169. — Scheuzer, 170.
— Fontenelle, 171. — Whiston, 172. — Deluc , 173. — Reyr, 174. —
De Maillet, 175. — Morro, 176. — Buflfon, 177. — Hutton , 178. —
Pallas, 179. — Saussure, 180. — Dolomieu , 181. — La Place, 182.
— Patrin, 183. — Opinions de Humbert Geffroy, Bêcher et Schal;
réfutation, iSli. — L'opinion des Indous approche le plus de la vérité,
185. — Motif de ce jugement, 486. — Notre opinion formelle, 187, 188.
143. — La troisième époque nous présente donc le règne
de la terre ; nous devons l'examiner sous trois aspects diffé-
rents : 1° dans son état de formation relative à son époque;
2** dans son étal de fonction comme règne de la nature, et
3** dans son état de subordination comme tributaire de l'u-
nivers.
144. — Quant à son état de formation, nous y avons déjà
84 TROISIÈME EPOQUE.
été initiés par les deux époques précédentes, et du moment
que la terre s est dégagée des eaux, et qu une partie, nom-
mée Y aride dans l'Écriture, se présenta à découvert, cette
partie dut immédiatement livrer sa surface au règne végétal ;
celui-ci, à son tour, fut destiné à procurer la nourriture au
règne animal ; ces deux règnes fonctionnent à la surface de
la terre avec la même activité que le règne minéral fonc-
tionne au-dessous, et les trois règnes sortant du même sein,
liés ensemble par la même origine, ne pouvant pas exister
l'un sans Tautre, seront obligés de suivre, pour l'éternité, les
destinées de la terre, qui est leur mère commune; le travail
d'ensemble, qui s'opérera par leur action combinée, sera
appelé le règne de la nature.
Les fonctions du règne de la nature seront, d'après les lois
établies par le Créateur, une conséquence aussi fatalement
nécessaire que Ta été la formation même de la terre; elles
seront en rapport avec l'activité de cette formation , mais
embellies par Tordre merveilleux de ses nouvelles disposi-
tions,
145. -^ Quel est le but visible de la terre? Après avoir
constaté d'une manière qui nous semble irréfragable sa for-
mation primitive ; après avoir reconnu qu'elle est la mère des
trois règnes, minéral, végétal et animal; après avoir reconnu
de même que sa mission est de produire ainsi le merveilleux
règne de la nature ; lorsque nous voyons que les siècles dé-
posent dans son sein toutes les générations, nous contente-
rons-nous de supposer que le but de la terre, que son objet
définitif, eu un mot, est d'engloutir ce qu'elle a créé? Non,
la mission de la terre n'est pas seulement d'ensevelir succes-
sivement les êtres qu elle a portés, puis de redonner la vie
en reprenant dans son sein le dépôt des générations de tous
les siècles; elle a un but plus important, plus grand, plus
en rapport avec sa position; elle a été formée par une fatale
OPINIONS DES PHILOSOPHES, 85
nécessité, et cette nécessité de sa formation entraîne, par la
même loi, la nécessité pour elle de payer son tribut à Tuni-
vers; la monnaie ou la matière de ce tribut se compose dans
son sein par les opérations qui s y produisent; c'est une con-
séquence de Fharmonie qui règne dans la nature, d'après les
fonctions et conformément aux prescriptions de la loi uni-
verselle.
U6. — La terre a été considérée longtemps parmi les
anciens peuples comme l'univers même, comme la seule créa-
tion de rÊtre suprême, née pour le service de Thomme. Il y
€Ut dansies temps reculés des savants qui contribuèrent, par
calcul, à propager cette croyance, et Ton connaît assez les
motifs intéressés qui les ont portés à imaginer des mystères
et à entretenir les peuples dans Tignorance.
La science a fini par déchirer le voile, mais il a fallu bien
des siècles pour que la vérité osât se montrer au grand jour ;
c'est à la science que nous devons d'avoir pu lire dans les
entrailles de la terre, et c'est là un livre trop grand, dont les
pages sont trop répandues pour qu'il soit possible d'en empê-
cher Texamen. En mettant ces pages en regard des récits de
la Bible, nous voyons que Moïse savait parfaitement ce qu'il
disait; mais en même temps il laissait mystérieusement le
champ ouvert aux interprétations.
Moïse était trop savant pour ne pas prévoir qu'un jour vien-
drait où la terre parlerait d'elle-même en montrant ce qui
existe dans son sein ; c'est pourquoi Moïse est resté sous la
réserve; mais cette réserve même s'évanouit lorsqu'il annonce
que la terre ou Varide a paru le troisième jour;. donc le pre-
mier et le second jour avaient été ceux de l'air, du feu et de
l'eau. Il est évident, par conséquent, que la terre est le fruit
de ces trois éléments; elle ne pourrait pas exister ni se per-
pétuer sans la présence de ces mêmes frois éléments généra-
teurs; elle restera toujours sous leur dépendance et ne sera
féconde et productive que par leur concours.
86 TROISIÈME ÉPOQUE.
147. — La' terre, avant l'élude de la géologie, a été le su-
jet de bien des recherches où se sont exercées les imaginations
des plus célèbres philosophes, et qui ont donné lieu à mille
théories plus ou moins ingénieuses ou absurdes, émises et
soutenues soit par les Egyptiens, soit par les Grecs et les Ro-
mains, depuis Sanchoniaton jusqu'à Epicure, et depuis Platon
jusqu'à nos jours.
On s'est même souvent divisé en deux camps principaux:
cehii des Plutoniens, qui prétendaient expliquer la composition
du globe par le feu, et les NeptunienSy qui soutenaient que
l'eau seule avait formé le monde et donné la vie à tous les
êtres.
Nous pouvons dire que ces disputeurs avaient raison de part
et d'autre; seulement, ils n'ont pas aperçu que la théorie de
chacun, prise isolément , était une impossibilité; mais réunies
et combinées, les deux actions, celle du feu et celle de Teau,
avec le concours de l'air, ont développé leurs propriétés, et
produit, par le travail du premier et du second jour, les ré-
sultats que nous venons d'exposer.
Au surplus , les opinions relatives à cette belle question ont
été si variées , et parfois si divergentes, qu'il sera curieux de
rappeler par extraits les systèmes les plus importants et les
opinions les plus accréditées des meilleurs philosophes.
OPINIONS DES AUTEURS ANCIENS SUR L'ORIGINE DE L'UNIVERS
ET LA FORMATION DE LA TERRE.
148. — Sanchoniaton, prêtre de Beryte, le plus ancien^
des historiens , vivait du temps de Sémiramis, vers l'an 21 64
avant J.-C. (selon Ussérius), 937 ans avant que Moïse sortit
de l'Egypte avec les Israélites.
Il a écrit l'histoire des Phéniciens; cette histoire commen-
çait, dit-on , par un système absurde et fabuleux sur la for-
mation de l'univers. On sait que les Phéniciens se croyaient»
OPINIONS DES PHILOSOPHES. 87
suivant Sanchonialon , le premier peuple du monde/ L'au-
teur, qui ne s'accorde jamais avec Moïse, attribue tout aux
descendants de Caïn , et ne parle pas du déluge.
Philon de Biblos, écrivain du deuxième siècle, a traduit en
grec l'ouvrage de Sanchoniaton. Cette histoire phénicienne
est perdue, ainsi que la traduction grecque de Philon. Nous
ne connaissons ces deux ouvrages que par quelques fragments,
que Polydore (né à Tyr, Fan 283 de J.-C), rapporte, et qui
ont été copiés et commentés par Ëusèbe, dans sa chronique,
que saint Jérôme a traduite.
Ëusèbe nous dit que Sanchoniaton avait puisé tout ce qu'il
rapporte sur l'origine du monde, dans les écrits du Thot ou
Mercure des Égyptiens, attendu que ce dernier, ayant été
l'inventeur des lettres, doit avoir été le premier historien.
C'est donc, ajoute l'abbé Banier, dans les ouvrages de ce chef
de savants, du célèbre Mercuve, que l'auteur phénicien avait
puisé le fond de son histoire.
U9* — Thalês (7e et 6e siècle avant J.-C.) a été le pre-
mier de tous les Grecs qui se soit appliqué à la physique et
à l'astronomie. Il habitait en lonie sur les côtes de TAsie-Mi-
neure. Il croyait que l'eau était le premier principe de toutes
choses; que la terre n'était qu'une eau condensée , Tair une
eau raréfiée; que toutes choses se changeaient perpétuelle-
ment les unes dans les autres; mais, qu'en dernier lieu, tout
se résolvait en eau ; que l'univers était animé et rempli d'êtres
invisibles qui voltigeaient sans cesse d'un côté et de l'autre;
que la terre était au milieu du monde ; qu'elle se mouvait au-
tour de son propre centre, qui était le même que celui de l'u-
nivers , et que les eaux de la mer , « sur quoi elle était posée,
« lui donnaient un certain branle qui était la cause de son
« mouvement. »
Thaïes a été le premier qui ait prédit les éclipses du soleil
et de la lune; c'est lui qui a recherché le premier l'origine des
88 TROISIÈME ÉPOQUE.
vents, la matière de la foudre, la cçuse des éclairs et du
tonnerre.
Personne, avant lui, n'avait connu la manière de mesurer
les hauteurs des tours et des pyramides par leur ombre méri-
dionale, lorsque le soleil est dans Téquinoxe.
Instruit à l'école des Égyptiens, Thaïes avait adopté leur
calendrier, qui fixait Tannée à 360 jours; il ajouta cinq jours
à la fin des douze mois pour achever le cours de Tannée.
C'est Thaïes qui a donné connaissance de la petite Ourse,
dont les Phéniciens se servaient pour régler leur navigation.
150. — Dans le système de Thaïes, la terre élait formée
en sphère; Anaximandre la croyait un cylindre, comme si elle
devait rester enfermée dans un plat ovale au milieu duquel
étaient les eaux; d'autres philosophes la supposaient carrée ,
conique , rhomboïdale ; enfin il n'y a que depuis trois siècles
qu'on s'est approché de la vérité, encore avec un grand ris-
que, car Galilée, qui soutenait que la terre est ronde et
tourne sur elle-même, fut emprisonné et forcé de se dédire
sous peine de perdre la vie. Ce célèbre astronome, obéissant
aux caprices de l'ignorance et de la superstition, dut se ré-
tracter; mais en même temps, fort de sa conscience, il mur-
murait entre ses dents: « E pur si muove! » Ce mot ayant
été recueilli .et compris, tous les savants firent des recherche^
qui menèrent à la connaissance des plus grands secrets de la
nature.
Cependant chaque vérité n'a été trouvée qu'à travers une
foule d'hypothèses ; les erreurs mêmes ont servi de marche-
pied, car, dans les investigations scienti tiques, Terreur con-
duit souvent à une découverte sérieuse.
151. — OcELLus LucANUs cst Tautcur grec le plus ancien
qui ait parlé de la nature de Tunivers. Né en Lucanie, côte
de la mer lyrrhénienne, disciple de Pythagore, 6e siècle
avant J.-C, il dit que l'univers est indestructible et impro-
OPINIONS DBS PHILOSOt^HES. 89
duil; qu'il a toujours été et sera toujours ; que s'il eût com-
mencé, il ne serait pas encore.
152. — TiMÉE DE LocRES, qui vécut peu de temps après
Ocellus, a traité de Tâme du monde ; il distingue Fintelli-
gence, cause de tout ce qui se fait avec dessein, de la néces-
sité, cause de ce qui est forcé par les qualités des corps.
c< De ces deux causes, ajoute-t-il, l'une a la nature du
« bon , et se nomme Dieu, principe de tout bien ; l'autre, ou
« plutôt les autres, qui marchent après la première et qui
€ agissent avec elle, se rapportent à la nécessité » (1).
153. — Aristote, le plus savant peut-être des savants de
l'antiquité, et précepteur d'Alexandre, prétend que la priva-
tion doit être mise au rang des principes; il dit que la matière
dont se fait une chose doit avoir la privation de la forme de
cette chose ; qu'il faut, par exemple, que la matière dont on
fait une table, ait la privation de la forme de la table; c'est-à-
dire qu'avant de faire une table, il faut que la matière dont
on la fait ne soit point une table.
Aristote tient que tous les corps terrestres sont composés de
quatre éléments : la terre, l'eau, Tair et le feu; que la terre
et l'eau sont pesantes, en ce qu'elles tendent à s'approcher du
centre du monde, et qu'au contraire l'air et le feu s'en éloi-
gnent le plus qu'ils peuvent; qu'ainsi ils sont légers.
154. — Pythagore (70* olympiade, 6* siècle), chef de la secte
italique comme Thaïes ét^it le chef de la secte ionique, ensei-
gnait que le monde était animé et intelligent; que l'âme de
cette grosse machine était l'éther, d'où sont tirées toutes les
âmes particulières, tant des hommes que des bêtes; il croyait
à la métempsycose et défendait de manger des animaux.
Pythagore soutenait que le principe de toutes choses était
l'anîté; que de là venaient les nombres; des nombres, les
(1) Traduction de Tabbé Le Batteux. Paris, 1768.
90 TROISIÈME ÉPOQUE.
points; des points, les lignes; des lignes, les superficies; des
superficies, les solides, et des solides, les quatre éléments,
le feu, Tair, Teau et la terre, dont tout le monde était com-
posé; et que ces éléments se changeaient perpétuellement les
uns dans les autres, mais que rien ne périssait jamais dans
l'univers, et que tout ce qui arrivait n'était que des change-
ments.
,155. — tIÉRACLiTE dit que le feu est le seul élément de
l'univers.
156. — Empedocles, d'Agrigente, était le chef de l'école
qui donnait quatre éléments à la formation de l'univers : le
feu, l'air, l'eau, et la terre. Voici. son explication. 1*» le feu,
qui prend sa source au ciel, se change en air; 2*» de l'air est
formée l'eau, qui s'épaissit et devient terre ; 3** de la terr«
naissent en rétrogradant les autres éléments, l'eau d'abord,
ensuite l'air et le feu. Cette chaîne de métamorphoses n'est
jamais interrompue, et les éléments ne cessent de voyager du
ciel à la terre et de la terre au ciel.
157. — Anaxâgore a créé le système iîomcBomigwe, d'après
lequel le feu et l'eau, par exemple, naissent des particules
du feu et de l'eau, et tous les corps, en un mot, se forment de
l'assemblage d'éléments similaires. '
158. — Démocrite (5" siècle), disciple de Leucippe, croyait
que les premiers principes de toutes choses étaient les ato-
mes et le vide; que rien ne se faisait de rien, et qu'aucune
chose ne pouvait jamais être réduite à rien ; que les atomes
n'étaient sujets ni à la corruption , ni à aucun autre change-
ment, parce que leur dureté invincible les mettait à couvert
de toute sorte d'altération ; que l'âme de l'homme, qu'il croyait
être la même chose que l'esprit , était aussi composée du con*
cours de ces atomes, de même que le soleil , la lune, et tous
les autres astres; que ces atomes avaient un mouvement tour-
OPINIONS DES PHILOSOPHES. 91
noyant qui était la cause de la génération de tous les êtres; et
comme ce mouvement tournoyant était toujours uniforme ,
c'était la raison pour laquelle Démocrite admettait le Destin ,
et croyait que toutes choses se faisaient par nécessité.
Ëpicure, qui s'est basé sur les mêmes fondements que Dé-
mocrite, mais qui ne voulait point admettre cette nécessité ,
a été obligé d*inven ter un mouvement de déclinaison.
Démocrile soutenait que Tâme était répandue dans toutes
les parties du corps, et que le motif pour lequel nous avions
du sentiment dans toutes ces parties, c'était parce que chaque
atome de Famé correspondait à chaque atome du corps.
Démocrite disait que tous les astres étaient emportés par la
rapidité d'un tourbillon de matière fluide , dont la terre était lé
centre , et que chaque astre se mouvait d'autant pins douce-
ment, qu'il était plus proche de la terre, attendu que la vio-
lence du mouvement de la circonférence s'affaiblissait peu à
peu en tirant vers le centre.
159. — Épicure (4® siècle), adoptant les principes de Dé-
mocrite, développa son système de formation du monde. Les
idées et la doctrine d'Épicure nous ont été transmises par le
poète latin Lucrèce, dans son admirable ouvrage de la Nature
des choses (1), où il s'est lui-même identifié avec le philoso-
phe grec.
160. — Les prêtres d'Egypte possédaient un grand système de
cosmogonie qui donne la plus haute idée de leurs connaissan-
ces. Ils avaient reconnu que les eaux avaient couvert tout le
globe ; qu'elles y avaient déposé, à la surface, des coquilles et
d'autres débris d'êtres organisés ; qu'il y avait eu de grands
affaissements de continents entiers. ..
(i) On sait que le cardinal de Polignac en a entrepris, sinon fait
la réfutation dans son ouvrage , également en vers latins, intitulé :
V Ànti^Lucrèce,
92 TROISIÈME ÉPOQUE.
161. — Platon, lui , prétendait que Tâge du monde doit
se compter par des myriades de siècles; il supposait qu'au bout
d'une certaine période , tout rétrogradait ; que les astres se le-
vaient à l'occident et se couchaient à l'orient , et que les hom-
mes d'alors commençaient leur carrière par la vieillesse pour
mourir dans Penfance. [Plut. An Politic.)
162. — Les Indous ou Indiens, peuple le plus ancien-
nement civilisé, représentaient la terre sous la formé d'une
fleur de lotus flottant sur l'Océan. Au milieu de la fleur,
à l'endroit du germe, ils plaçaient le mont Mérou, habita-
tion des dieux, qui symbolisait l'Inde, située au milieu du
monde.
D'autres sectes de l'Inde n'admettaient pas la fleur de lotus,
mais elles y substituaient un vaisseau mystique dont le mont
Mérou formait le mât.
Quant au Mérou , tous les systèmes s'accordent pour le
placer au centre de la terre.
Le centre de la terre était pour chaque peuple dans son
propre pays; les Egyptiens le plaçaient à Tbèbes aux cent
portes; pour les Assyriens, c'était Babylone; pour les Hébreux,
c'était Jérusalem , et les Grecs avaient fixé le centre de la
terre au mont Olympe; mais plus tard, par l'influence des
prêtres d'Apollon, le point central fut reporté au temple de
Delphes.
1 63. — Plutarque {de Oraculorum defectu) nous raconte qu'un
vieillard vénérable vivait dans l'Inde avec les génies, et in-
terprétait les oracles de la nature aux rois qui venaient le
consulter. Il révéla à ses prosélytes qu'il y avait dans l'uni-
vers 183 mondes rangés en forme de triangle, de sorte que
60 occupaient chaque côté, et qu'il y en avait un de plus à
chaque angle. Ces globes tournaient tous en rond et l'aire
du triangle était la demeure de la vérité.
Métrodore disait qu'il était aussi absurde de n'admettre que
OPINIONS DES PHILOSOPHES. 93
1 83 mondes dans Vespace, que de ne faire crotlreque 183 épis
de blé dans une vaste campagne.
164. — La comparaison des idées de ces philosophes fait
voir que Tlndien avait pour but d'indiquer , par une image ,
l'espace étroit de la demeure deJa vérité; son opinion était
toute morale; tandis que le Grec se contente de critiquer l'i-
dée matérielle sans appliquer la sienne; preuve de la mauvaise
critique qui a régné dans tous les âges. Mais il résulte de cette
comparaison que le penseur indien, à une époque très-reculée,
reconnaissait plus de planètes et de mondes que n'en ont re-
connu quelques astronomes de notre moyen-âge.
Sans nous arrêter aux opinions des autres philosophes de
l'antiquité , non plus qu'à celles des Romains, qui se trouvent
principalement dans les écrits philosophiques de Cicéron , mais
qui n'offrent guère que l'examen critique de la philosophie
grecque , nous traversons le moyen-âge et arrivons au 17© siè-
cle. A cette époque , les esprits, excités par le succès du sys-
tème astronomique que Copernic et Galilée venaient de
proclamer , cherchaient également à soulever les voiles qui
cachaient encore l'origine et la formation du monde.
OPINIONS DES PHILOSOPHES ET DES SAVANTS MODERNES
SUR L'ORIGINE DE L'UNIVERS.
165. — Descartes (17* siècle) dit que la terre et les cieux
ne peuvent être faits que d'une même matière.
Le soleil et chaque étoile fixe sont les centres d'autant de
tourbillons de matière subtile qui font circuler autour de ces
centres d'autres corps plus petits. Notre tourbillon, par exem-
ple, entraîne toutes les planètes autour du soleil, et le tour-
billon entier du soleil et des planètes circule autour de la
terre.
Cette dernière opinion rentre dans le système de Tycho-^
Beahé.
94 TROISIÈME ÉPOQUE.
La matière subtile de ces tourbillons esl celle que Descartes
nomme le premier élément; il imagine ensuite un second élé-
ment pareillement composé de molécules subtiles , mais de
forme ronde, et enfin un troisième élément composé de molé-
cules sillonnées de canaux à travers lesquels les deux sortes
de molécules susdites peuvent se mouvoir et circuler dans une
infinité de directions. Avec ces données hypothétiques, il
entreprend d'expliquer tous les phénomènes de la nature.
166. — Linné suppose que tout le globe a été couvert par les
eaux (1) ; qu'il n'y avait qu'une île considérable qui fût au-des-
sus des eaux. Dans cette ile, située sous l'équateur, était une
montagne irès-élevée, et dont la cime était couverte de neiges,
en sorte qu'elle offrait tous les climats, depuis la température
là plus chaude, qui était au bord de la mer, jusqu'au sommet.
Sur cette montagne étaient dispersés les plantes et les
animaux de tous les climats.
Les eaux se changèrent en terre et diminuèrent les
continents parurent et parvinrent à l'état où nous les
voyons.
167. — BuRNET (Thomas), Londres, 1681, dans son sys-
tème, n'indique pas comment s'est formé le globe; seulement
il dit : « Avant le déluge de Noé, la surface était plane, sans
« montagnes, sans vallées. Les matières les plus pesantes
« s'étaient précipitées au centre du globe; les moins pesantes
« se déposèrent autour de celles-ci en raison de leur gravité,
tt en faisant différentes couches concentriques. L'eau sur-
ce nagea par-dessus toutes ces couches. Des matières plus
« légères que l'eau , telles que des matières houilleuses,
^< grasses..., composèrent une dernière couche au-dessus de
« cette eau ; ce qui forma la surface ou croûte extérieure du
« globe. Toutes les parties de celle matière grasse qui s'étaient
(\) Oratio âe telluris hahitahilis incremento.
OPINIONS DES PHILOSOPHES. 95
« élevées dans Tatmosphère retombent sur cette croûte, et
« Tair devient pur.
« Au délude tout changea de face. La croûte légère de la
« terre se dessécha par Tardeur du soleil. Elle se creva de
« toutes parts. D'un autre côté, Teau qui était sous cette
« croûte se dilata , fit effort contre cette croûte qu'elle sou-
« leva en différents endroits. Les fentes de la croûte aug-
« mentèrent; enfin elle s'écroula dans le vaste abîme d'eau
« qui était au-dessous.
c< L'équilibre du globe fut troublé, Taxe de la terre s'in-
« clina comme il est aujourd'hui , et amena l'inégalité des
« saisons. One partie des eaux fut refoulée à la surface du
« globe, et vint former les mers, tandis qu'une partie des
« continents se précipitait dans l'océan intérieur. Les angles
c( de la croûte abîmée s'élèvent dans les airs et y forment les
c( montagnes et les vallées. Les eaux qui s'écoulent creusent
« de plus en plus ces vallées. . . »
Il n'y- avait pas, à notre connaissance, de matières grasses
dans le règne minéral avant la production des êtres organi-
sés. Il n'y a aucune terre plus légère que l'eau pouvant for-
mer des couches qui surnagent sur celle-ci. Ce sont là des
erreurs qu'il est bon de signaler en passant.
168. — BouRGUET, naturaliste, à qui la physique doit la
belle observation de la correspondance des angles dés mon-
tagnes^ a établi un autre système. Il dit « que notre planète
<i a pria sa forme dans un instant; que ce n'était d'abord
« qu'un amas de matière fluide ; après un certain nombre
« d'évolutions sur son axe et autour du soleil , sa première
« structure fut détruite. Bientôt après, le feu se mit dans le
« globe, et cet élément destructeur le consume lentement.
96 TROISIÈME EPOQUE.
0 jusqu'à ce que tous les êlres animés qu^l renferme dans son
(( sein soient anéantis. »
Il admet comme Woodward que, lors- du déluge, tout ce
qu'il appelle Vancien monde fut dissous, excepté les co-
quilles... Il convient aussi que les montagnes , les vallées et
les plaines ont été formées dans les eaux, qui, par conséquent,
ont couvert les pics les plus élevés.
Il ne dit point ce que sont devenues ces eaux. . . mais, comme
il admet des cavernes intérieures, il est vraisemblable qu'il
suppose qu'elles s'y sont enfouies.
Il dit encore que le globe diminuera de diamètre, mais que
son atmosphère sera beaucoup augmentée.
169. — Woodward (1) suppose aussi qu'une croûte de
terre et de pierres s'est formée au-dessus de l'eau , sans en
assigner les causes...; que cette croûte s affaisse...; que les
eaux ont dissous toutes les substances minérales et n'ont pas
touché aux coquillages ni aux autres débris d'êtres organisés.
170. — ScHEUZER a embrassé l'opinion de Woodward; il
dit que Dieu a brisé les différentes couches de la terre. Là, il
élève de hautes montagnes, comme en Suisse et dans toutes
les Alpes, tandis qu'ailleurs, comme en Flandre et en Hon-
grie.... il n'a formé que des plaines...
171. — Foî^TENELLE a aussi supposé des abaissements con-
sidérables de différentes parties de la surface de la terre,
dérivations de grands tremblements de terre ou des volcans ;
mais il n'émet aucune opinion relative à la première forma-
tion; il dit : c( Ce qui se présente le plus naturellement à
« l'esprit, c'est que le globe de la terre, jusqu'à une certaine
« profondeur, n'était pas solide partout, mais entremêlé de
« quelques grands creux, dont les voûtes, après s'être soute-
(i) Essai sur P Histoire naturelle de la terre. Londres, -1684.
OPINIONS DES PHILOSOPHES. 97
« nues pendant un temps, sont enfin venues à fondre subite-
« ment. Alors les eaux seront tombées dans les creux, les
« auront remplis , et auront laissé à découvert une partie de
« la surface de la terre, qui sera devenue une habitation con-
« venable aux animaux terrestres et aux oiseaux. .
« Dans le même temps que les voûtes ont fondu, il est fort
« possible que d'autres parties de la surface du globe se
c< soient élevées et par la même cause. Ce seront là les mon-
« tagneSj qui se seront placées sur cette surface avec des car-
re rières déjà toutes formées. »
172. — Whiston suppose que la terre avait été primitive-
ment une comète, ou l'atmosphère d'une comète, qui décrivait
une ellipse fort excentrique. Tantôt échauffée à un degré pro-
digieux dans son périhélie, tantôt exposée au froid le plus
âpre dans son aphélie, elle était alternativement en partie
vitrifiée, et en partie couverte de glaces.
Enfin son orbite se modifie et son ellipse devient à peu près
circîulaire, k la distance du soleil où elle se trouve aujourd'hui.
Tout change pour lors dans l'organisation intérieure du
globe terrestre. Le soleil communique une grande chaleur,
les glaces fondent. L'eau, devenue liquide, laisse précipiter au
centre les parties les plus pesantes. Des parties aqueuses et
aériformes demeurent engagées avec celles-ci. Cependant la
majeure partie des eaux surnage à ce noyau brûlant.
Au-dessus de cette couche d'eau se forme une nouvelle
croûte de matières, terres et pierres, qui compose la surface
du globe.
Cette croûte, mal affermie, s'écroule enfin et tombe dans
le sein des eaux. Une partie s'élève en l'air, et va former les
montagnes; tandis que l'autre partie, occupant la place des
eaux, force celles-ci à refluer sur la terre et à venir former
nos mers. Ces montagnes, avant le déluge, étaient peu élevées.
Mais, le 18 novembre 2349 avant l'ère vulgaire, une co-
98 TROISIÈME ÉPOQUE.
mète, revenant de son périhélie (celle de 1680), passe à peu
de distance de la terr« et l'ienveloppe de sa queue, formée de
vapeurs aqueuses lrè&-dilatées par la chaleur. La terre attire
une portion de ces vapeurs, qui se condensent et tombent en
pluies, qui dui*ent quarante jours, et inondent toute la surface
du globe. (C'est encore le déluge rapporté par la Genèse.)
173. — Deluc admet également la chute de la plus grande
partie du globe, mais il l'explique par une hypothèse toute dif-
férente des précédentes. Il dit « que le premier coordonnateur
« de Tunivers a construit primitivement nos globes, le soleil
« et les planètes, aux lieux où ils sont, et leur a donné leur
« forme actuelle. x>
Son système ne signale pas les lois qui ont produit ces évé-
nements.
174. — Ret; ce savant prétend également que les mon-
tagnes et les vallées ont pu être formées.par des aJOTaissements,
et il s'appuie sur ridentUé des couches que présentent les^leux
rives de la vallée.
175. — L'opinion de be Maillet est curieuse. Cet auteur
pense que tous les globes célestes^ et par conséquent la terre,
sont alternativement embrasés et recouverts d'eau; que
Teau, par conséquent, peut occuper des globes différents en
passant des uns dans les autres par Tévaporation.
176. Lazare Morro, dans son ouvrage sur Torigine des
coquilles fossiles, imprimé en 1740, avance que loutes les
montagnes ont été soulevées par Faction des feux souterrains*
Il distingue deux époques où a dû se faire cette opération.
177. — BuFFON suppose que les soleils et les comètes ont
été créés comme nous les voyons , et avec les forces néces-
saires pour leur faire parcourir Jeurs orbites.
Mais il y a 96,000 ans qu'une comète tomba obliquement
dans le soleil, et en détacha la 650* partie. Toute cette masse.
OPINIONS DES PHILOSOPHES. 99
lancée dans l'espace, se dissipa et forma toutes les planètes
principales et secondaires de notre système solaire, qui décri-
virent des ellipses peu allongées.
Notre terre, composée de cette matière incandescente»
liquide, acquit la figure sphéroîdale par son mouyement de
rotation diurne. Elle se refroidi! chaque jour. Une partie des
vapeurs qui s'étaient élevées dans l'atmosphère se condensa
et forma les mers.
Ces eaux attaquèrent les parties solides du globe, et en
firent dissoudre une portion; c'est ainsi que se formèrent les
terres et les pierres.
Le refroidissement de la terre au point de pouvoir la tou-
cher s'est fait en 34,770 ans, et son refroidissement à la tem-
pérature actuelle, en 74,832 ; d'où il suit que notre globe a
joui d'une chaleur convenable à la nature vivante depuis
40,062 ans, et que les êtres sensibles pourront encore y sub-
sister pendant 93,291 ans, c'est-à-dire jusqu'à Tan 168,t23,
depuis Torigine des planètes.
Suivant ce système, notre monde planétaire ne s'est orga-
nisé que depuis 74,832 ans
178. — Système de Hutton, — Ce système n'explique pas
la première formation du monde. Le docteur Hutton coaçoit
seulement que notre globe est soumis à une vicissitude de
destruction et de renouvellement. La matière solide de la
terre est continuellement rongée par des agents naturels.
Ainsi les rochers les plus durs sont minés peu à peu par l'air
et par l'eau , et les débris des matières sont constamment
portés vers l'Océan et déposés dans son lit.
En outre , il existe dans le sein du globe , à une grande
profondeur , une chaleur qui met en fusion les substances
déposées dans ces régions intérieures. Mais les substances
sur lesquelles opère le feu, se trouvant comprimées par les
couches supérieures, cette pression s'oppose, du moins en
100 TROISIÈME ÉPOQUE.
grande partie, à la volatilisation , et il se produit des dépôts,
des strata de matières durcies par la condensation.
Ces dépôts successifs et continuels poussent sans cesse les
matériaux consolidés à la surface du globe, où ils sont soumis
à la loi de destruction que nous avons expliquée.
C'est ainsi que notre monde est formé des débris d'un monde
qui l'a précédé, et donne maintenant les matériaux pour uo
autre monde. Celte opération naturelle n'aura jamais de fin,
comme il est impossible de lui assigner un commencement.
179. — Pallas n'indique pas de système de formation; il
dit que les eaux des mers n'ont jamais dû couvrir que les col-
lines calcaires à 100 toises d'élévation.
180. — Saussure, sans s'occuper du globe comme les pré-
cédents, se trouve encore plus embarrassé pour expliquer les
soulèvements des montagnes, opérés, dit-il, par une cause
quelconque.
181. — DoLOMiEU admet une dissolution primitive de tous
les matériaux qui composent Técorce du globe, la destruction
et la précipitation de toutes les matières, la coagulation opérée
par la cristallisation confuse.
182. — La Placé. Son hypothèse est qu'au commence-
ment y toute la masse de notre système solaire , formant une
immense atmosphère, a d'abord existé à l'état gazeux ; qu'en-
suite elle s'est modifiée en passant par l'état liquide.
183. — Patrin écrivait, en 1788, que la surface de la
terre était primitivement plane... « Mais, dit-il, les matières
« terreuses, salines, métalliques composant le globe, péné-
« trées d'eau, agissent, réagissent. •• Or, point de fermenta-
« lion sans augmentation de volume, sans boursoufflements...
« Ces boursoufflements ont soulevé les montagnes. »
184. — HuMBERT, Geffroy, Becher et Schal sont d'accord
OPINIONS DES PHILOSOPHES. 101
pour convenir que le feu, Teau et la terre ont été les pre-
miers principes de la formation du globe ; Schal ajoute pour
quatrième principe Tair.
Ainsi il y aurait eu quatre éléments d'après ces penseurs*
Mais si la terre en faisait partie , elle serait donc elle-même
un de ses principes, et puisqu'elle existerait matériellement,
de quoi serait-elle formée ? Il est évident que le principe doit
exister avant la formation ; or, la terre élant la conséquence
du principe, ne peut venir qu'à la suite de l'œuvre du prin-
cipe, qui est Tair, Teau et le feu.
185. — Les opinions des grands hommes qui ont sacritié
leur vie à Tétude de la science, méritent notre reconnaissance ;
rien aussi n'est plus instructif et amusant que la comparai-
son de leurs opinions souvent tout à fait opposées, mais tou-
jours utiles* C'est par cette raison que nous venons de les
rapprocher, bien que nous n'admettions nullement leurs prin-
cipes, à l'exception de certains cas particuliers.
Quelque curieuse que soit la grande différence des opinions
des savants modernes d'avec celles des anciens Indous , il
est cependant positif que ces derniers, avec leur mont Mérou^
approchaient le plus de la vérité sur la ligure de la terre ,
abstractivement parlant; car la terre, pendant les quatre
premières époques, n'était qu'un bloc entouré d'eau et ayant,
d'un côté seulement , une proéminence; cette proéminence
s'est peu à peu découverte en forme de grand plateau qui s'é-
levait et dont le centre le plus haut représentait un mont.
Linné est le seul , parmi les modernes, qui ait approché
des idées des Indous.
186. — Tant que la terre n'avait pas acquis, par l'action du
feu intérieur, un rétrécissement suffisant pour former une
cristallisation dont les conséquences devaient être la séparation
de certaines parties , elle restait compacte , comparativement
molle, et conséquemment toujours unie en un seul bloc, ce
102 TROISIÈME ËPOQU£.
bloc subissait, sans se désunir, tous les changements de foraie
et même de déplacements de Test au sud , du sud à l'ouest ,
de l'ouest au nord, comme un bloc de pâte qui obéit entre les
mains d'un boulanger ; mais après que le boulanger a mis ce
bloc dans le four et que le feu a consolidé le pain , il n'y a plus
moyen de dominer la pâte; il faut un couteau pour la divi-
ser. Il en a été de même de la terre : lorsqu'elle a été assez en-
durcie, elle s'est cristallisée, et lorsqu'elle s'est trouvée en cet
état de cristâUisatioD , elle n'a plus bougé de la place où elle
s'est trouvée; les efforts du grand cataclysme du cinquiènoe
jour, comme nous le verrons, n'ont eu le pouvoir que de bal-
lotter la masse terrestre; elle n'a plus changé de situation,
mais elle s'est brisée,
187. — Pour nous, il reste prouvé que la terre est formée,
comme nous l'avons expliqué, par un assemblage de molé-
cules provenant du superflu d'autres astres; la nécessité les a
réunies, puis comprimées; la compression a produit une sé-
paration, dont le résultat est la terre et Teau.
La terre est donc un composé de l'air, du feu et de l'eau,
principes contenus dans les atomes des molécules indiquées ;
ces trois éléments ont engendré forcément et constamment
des êtres , qui sont venus activer et faciliter la formation de
la terre dans toutes ses subdivisions d'ordre, d'espèces, déna-
ture et de qualités.
Du moment que la terre a été formée, elle devient, à son
tour, la mère des minéraux, des végétaux et des animaux ;
mai» lequel de ces trois enfants a dû être l'aine, si les deux
derniers ont été nécessaires pour faire le ciment ou former
l'alliage du premier dans le sein incandescent de la mère?
188. — Primitivement , dans l'ordre matériel et grossier,
pour ainsi dire , la pression seule a pu suffire pour séparer les
atomes pierreux , éléments compactes de la matière ; mais en
ce qui concerne la nature , les espèces et la qualité dès choses.
LÀ TERRE A SON ÉTAT DE FONCTION. 103
et même des< pierres, l'embrasement de l'intérieur du globe
n'a pu sublimer les substances métalliques qu'à l'aide du car- .
bone des plantes , et les plantes n'ont pu se former que par
l'engrais animal; il s'ensuit que, dans l'espèce, les végétaux .
et les minéraux d'une certaine qualité se sont présentés pres-
que simultanément; par conséquent, les trois règnes de la
nature, le minéral , le végétal et l'animal sont, à l'endroit de
la terre, ce que la trinité de l'air, du feu et de l'eau est vis-
à-vis du cieU
CHAPITRE XI
Ea Verre » son étei de ilMieiioii «^entine rèipuMs
«le la IVAtare
Sommaire. ~- Le pourquoi et le comment, 180. — Opinion des panthéistes,
190. — Rérutation , 191. -r L'existence de Dieu et Tintelligence de
rhomme, 192. — Loi de la nature, 193. -- Le progrès, 194. — Explo-
ration dans le sein de la terre, 195, 196, — Obstacles à des fouilles
profondes, 197, 198. — Problème géologique à résoudre, 199. — L*in-
finiment petit base de toute création, 200, — Loi de formation du
règne minéral, 201. — Pouvoir borné de la chimie , 202. — Mission
de la sdenoe; disparition des mystères, 203.
Igg^ — Le Créateur de l'univers nous a bien donné l'in-
telligence pour étudier, découvrir , sL nous le pouvons, et
expliquer tous les secrets de la nature et son grand œuvre ;
aucune borne ne s'iaterpose pour nous empêcher de savoit le
cmmmt..*; mais il ne nous est pas permis d'interroger le
pmrquùi...
Par conséquent , examinons comment se sont créés les mon-
des et la loi qui les wsoutient; mai& ne demandons pas pourquoi
104 TBOISIÈMË ÉPOQUE.
s'est formé l'univers, ou pourquoi existe le firmament... Ce
. pourquoi , nous ne le saurons jamais.
190. — Il y a des philosophes d'un grand mérite qui n'ad-
mettent pas de création à côté de Tinfini; ils disent que ce qui *
est infini remplit tout, comprend tout et ne peut pas avoir eu
de commencement ; qu'un créateur fait supposer un être à
part dont l'existence serait inçonipatible avec Tinfini ou se
confondrait dans l'infini et ne s*en déduirait que par abstrac-
tion; que s'il y avait jeu création ou formation du monde de
rien, c'est que le créateur aurait, au moins, tiré de lui-rmême
les éléments de l'univers; que ces éléments n'auraient donc
fait qu'un avec lui ou qu'il ne ferait qu'un avec eux; que,
d'ailleurs, si la création s'était opérée dans l'espace, l'espace
aurait devancé le créateur; ainsi l'espace comprenant la ma-
tière aurait existé lorsque le créateur a commencé son œuvre;
donc il n'y aurait pas eu création; par conséquent, la matière
et l'esprit ou l'intelligence ne font qu'un; ce sont deux prin-
cipes, l'un passif, l'autre actif, combinés ensemble et agissant
simultanément de toute éternité et dont l'existence est néces-
sairement antérieure à la formation générale; de l'action du
principe esprit sur le principe matière résultent les productions
que aous voyons et toutes celles que nous pouvons concevoir.
De là vient la célèbre école du Panthéisme.
191 — Quelque logique que paraisse en théorie la déduc-
tion qui précède, nous ne pouvons pas, pour notre part,
l'admettre; caria matière, quelque merveilleuse qu'elle soit,
avec toutes les qualités de formation et d'esprit qu'elle possède,
agit à 0os yeux sous l'impulsion d'une loi ; or cette loi ne peut
pas être un effet matériel, mais bien le fruit d'une haute in-
telligence; à cette intelligence immense on a donné le nom de
Dieu; donc il y a un Dieu créateur, et ce que nous pouvons
concéder à l'école panthéiste, parce que cela est certainement
dans les attributs de la possibilité', c'est que ce même Pieu,
LA TERRE Â SON ÉTAT DE FONCTION. 105
infini et créateur, soit répandu par son esprit dans les atomes
invisibles de T infini qui régissent l'univers, sans que cela em-
pêche qu'il ait soïi siège plus particulier dans Tun ou Fautre
point de sa création.
192. — On voit que notre ferme conviction est qu'il existe
un Dieu, être intelligent et sublime, créateur de toutes choses.
Maintenant, que son esprit soit constamment répandu partout,
et que ses lois soient immuables et en permanence pour le
travail de la nature, c'est incontestable; que la matière se dé-
compose pour se renouveler immédiatement, c'est de toute
évidence; enfin qu'une des lois de Télernité soit que la des-
truction s'effectue pouf la recomposition, cela est visible à nos
yeux.
Les détails de ces grandes et petites compositions, destruc-
tions et reconstructions, sont perceptibles à l'homme; tout ce
qui permet la question du comment cela s*€St fait, non seule*
ment peut être résolu par son intelligence, mais il tomberait
en contravention avec les lois du Créateur s'il n'en faisait pas
l'objet de ses recherches; car si Dieu n'avait pas voulu que
nous sachions, il ne nous aurait point donné l'intelligence et
les moyens de faire des découvertes.
Mais en même temps nous devons reconnaître que Dieu a
voulu conserver pour lui seul la queslioQ du pourquoi, c'est-
à-dire du motif pour lequel il a fait cet univers; comme ce
motif ne nous sera jamais connu, c'est dire que nous devons
renoncer à le demander. .. . .
193. — Mais si toute hypothèse, même la plus vraisembla-
ble, est impossible sur la question de savoir pourquoi existe
l'univers, il nous est permis en revanche de savoir comment
se forment les mondes et les êtres qui les habitent; de manière
que l'origine de l'univers restera le secret de Dieu, mais la
formation des mondes ne sera plus un secret pour l'homme.
La formation des astres, celle des comètes, des mondes.
106 TROISIÈMS ÉPOQUE.
ainsi que de tous les êtres qui les habiteat^ est une fatale né-
cessité qui doit se produire et se reprodaire sans cesse*
Cette nécessité s'appelle la loi de la natwe; elle est basée
sur le mouvement perpétuel; le mouvement perpétuel fait
produire obligatoirement des émanations ; ces émanations for-
ment du superflu sollicité à se reconstituer; la reconstitution
est la loi naturelle du progrès; le progrès est la multiplication
forcée des mondes et des êtres (1).
194. — Le monde que nous habitons nous, offre h preuve
de ce spectacle brillant des lois de la nature; son mouvement
perpétuel autour de son axe et sur son ellipse, ses émanations
qui passent continuellement dans Tatmo^ère, leur change*
ment de forme, la transformation des vapeurs en pluie qni
rafraîchit notre sol et entretient ou altère notre santé, voilà
le progrès qui pousse à la multiplication des êtres habitant k
terre.
195. — Notre monde, ou la terre que nous habitons, nous
permet d'ouvrir son sein et de pénétrer dans ses entrailles
pour étudier les lois qui les ont formées. Jusqu'à présent nous
en avons peu profité, les excavations les plus avancées n'ayant
pénétré qu'à la profondeur de 6 kilomètres au-dessous de la
surface. Ces fouilles nous ont fourni un spectacle bien inté-
ressant. En voyant tant de qualités différentes de pierres, de
métaux, de houilles, de tourbes, ainsi qu'en remarquant
l'ordre de leurs gisements , on peut admirer la régularité et
le partage des couches, tantôt droites, eflet du travail des
siècles sans altération; tantôt horizontales, ce qui indique le
moment d'un changement survenu dans le gisement spbé-*
riqœ du globe, et tantôt croisées ou verticales^ ce qui prouve
que le globe, en quelque partie, s'est prêté au déplacement
plus souvent d'un côté que de l'autre. Cela ressort du déraBr
(I) Voir c^lap. i", 4 à -16.
LA TERRE A SON ÉTAT DE FONCTION. 107
gemeni de Tordre habituel de la aature, ou, pour mieux dire
en cette occasiou, eela ressort de l'ordre du désordre. Nato-
rellemeiit les eaux y ont contribué partout en transportant et
déposant des couches, ainsi que nous Tavons expliqué pkis
haut, laissant au temps le soin de condenser régulièrement les
sédiments ainsi déposés.
196. — Mais 6 kilomètres de profondeur ne sont que la
940^ partie de l'épaisseur de la terre, depuis sa surface jus-
qu'au caitre y et cela ne peut nous apprendre tout au plus
que quelques vérités sur l'époque qui a précédé la nôtre, c'est-
à-dire nous donner quelques informations sur la craquième
journée de la Bible. l\ pourrait se trouver pourtant quelques
parties du globe qui, ayant épuisé leur concentration aux
premières époques, fussent restées fixes dans leur position
refroidie et assez concentrées pour n'avoir pas eu besoin du
travail de la cinquième époque, et qui , en même temps,
n'eussent pas été déformées par les éboulements de la qua-
trième journée. Nous espérons donc rencontrer quelques points
du globe dans ces conditions, où nous trouverons des faits du
quatrième et peut-être du troisième jour, car au delà il faut
renoncer à tout espoir de découverte.
197. — Si nous pouvions parvenir à creuser jusqu'au cin-
quième, ou seulement au dixième de l'épaisseur qui nous
sépare du centre, c'est-à-dire jusqu'à 1,100 ou 550 kilo-
mètres, nous verrions sans doute des merveilles souterraines
qui nous sont inconnues. Mais un tel travail est au-dessus
des forces humaines; car, outre la dépense énorme qu'il né-
cessiterait, on rencontrerait des obstacles, qui cependant ne
seraient insui'montables que par suite des accidents dont nous
allons parler, et qui forceraient à recommencer l'essai sqr
une autre partie du globe.
198. — Dans l'intérieur de la terre, il y a incontestable-
ment et toujours en activité une partie du feu primitif ; les
108 TaOlSIÈME ÉPOQUE.
volcans, qui sont ses cheminées^ en sont une preuve, et la
chaleur, qui filtre partout au-dessous de la surface pour la
vivification des plantes, en est une autre preuve. Mais ce feu
n'est plu» pi aussi actif ni aussi répandu quil Ta été dans les
époques précédentes; son action est lente et sa résidence n'est
plus simplement centrale , mais aussi divisée. Si une fouille
pénétrait sur un point où eiiste ce feu, il faudrait nécessai-
rement renoncer à toute continuation; au surplus, l'instru-
ment qui oserait pénétrer jusque-là serait à l'instant con-
sumé.
En second lieu , il existe dans l'intérieur de la terre des
cavernes assez considérables, produites ou creusées précisé-
ment par l'action du feu. Si on rencontrait une caverne
sèche, la fouille serait heureuse et la continuation plus facile ;
mais la plupart de ces cavernes sont remplies d'eau et for-
ment de vastes lacs alimentés directement par les eaux ve-
nant des mers et des filtratious des couches supérieures. Si
la fouille rencontrait un de ces lacs, il faudrait également
renoncer à la découverte locale et se transporter à une grande
distance pour recommencer l'essai sur un autre point.
199. — Si une fouille pouvait se faire sans rencontrer ni
le feu, ni les lacs, il est très-probable qu'après une cinquan-
taine de kilomètres , l'instrument ne pourrait plus pénétrer
en certains endroits, ceux, par exemple, où le feu a refoulé
ses résidus les plus durs ; dans ces endroits, il ne doit exister
que des roches en fer massif ou d'autres métaux qui nous
sont inconnus, mais d'une extrême pesanteur et dureté, et
contre lesquels tout instrument se briserait.
Il faudrait avoir la chance de trouver une ligne ou une
voie qui, dans sa longueur, n'offrit d'autres difficultés à
vaincre que les obstacles ordinaires; alors, sauf la rencontre
inévitable de quelques filtrations des eaux, et de quelques ro-
ches plus ou moins dures, on parviendrait à des couches in-
LA TERRE A SON ÉTAT DE FONCTION. 109
térieures encore inconnues ; l'étude comparative des matières
qui les composent permettrait à la science de reconnaître la
date de formation, et par un calcul des distances, on pourrait
arriver à la solution de ce problème, à savoir : le temps qui a
été employé pour l'endurcissement de telle pierre ou de tel
métal ; et surtout on trouverait les vestiges des animaux qui
ont été les premiers habitants du globe, vestiges qu'on peut
découvrir seulement à de grandes profondeurs, lorsque l'air
n'aurait pu y pénétrer depuis les éboulements des cataclysmes
primitifs.
200. — Toutes les matières, tous les corps ensevelis et for-
mant partie intégrante de la terre, que nous regardons comme
composant le règne minéral, présentent des caractères diffé-
rents, depuis le sable isolé jusqu'au quartz ou au marbre com-
pacte, depuis rélasticité du plomb jusqu'à la dureté de l'or ou
du platine; mais tous ces produits, regardés au microscope ,
nous font voir qu'ils sont composés , chacun en particulier,
de grains plus ou moins fins; ces grains sont eux-mêmes com-
posés d'atomes; ils nous font donc remonter à leur origine et
parlent à notre intelligence.
Ainsi , ces masses énormes de minéraux dei toutes espèces
ne sont qu'un assemblage de petits grains; ces petits grains
de chaque minerai sont composés d'atomes ; ces atomes s§
sont réunis, dans le, principe, par attraction mutuelle dans
les molécules du grand assemblage indiqué auchap. ii, n*" 22 et
suivants; puis ils se sont séparés de nouveau pour s'unir en-
suite les uns avec les autres, suivant leur nature homogène
et en raison de leurs qualités spéciales.
On ne peut pas nier l'évidence, et il faut reconnaître que
L INFINIMENT PETIT EST LA BASE DE LA MATIÈRE DONT SE COMPOSE
U TERRE ET TOUT CE QUI EXISTE EN ELLE.
201. — La loi de formation du règne minéral est donc
celle-ci : Les atomes de l'assemblage primitif du premier jour,
ItO TROISIÈME ÉPOQVE.
subdivisés et sépurës par le feu , se sont attirés les uns les au-
tres dans les ^cialités de leur caractère homogène ; si ces
aiômes offraient, par leur aature , supposons 40 espèces de
minéraux primitifs , Tamalgame des corps d'animaux et des
plantes , intervenus k l'époque de leur fusion , a dû produire
cent autres cond^inaisons ; de ces combinaisoBS sont résultées
mille variétés différentes ; ces variétés se sont encore multi-
pliées et subdivisées selon le plus ou le moins d'alliage végé-
tal et animal qui s'est introduit , en diverses proportions, aux
époques de fusion
202. — La science de la chimie nousdoni^e la clef de cette
vérité et nous permet , sinon de refaire la composition primi-
tive, du moins de la comprendre, et plus encore d'en faire
la décomposition et de voir les proportions de chacune des
matières hétérogènes qui font partie d'un métal.
La chimie, en effet, peut bien imiter de grandes choses ;
elle peut décomposer tout objet qui se trouve dans la terre ou
à sa surface, mais elle ne pourrait jamais refaire ces mêmes
d)jet$, car il lui manquerait les premiers éléments tels qu'ils
étaient à l'époque de formation. L'homme ne peut posséder,
pour les employer dans son travail, ni l'air, ni l'eau, ni le
feu, tels qu'ils existaient aux temps primitifs; le feu que
l'homme a maintenant à sa disposition est trop grossier en
comparaison de celui que la nature a employé d'abord' dans
son immense laboratoire.
Le Créateur permet donc à Thomme de le comprendre pour
Tadmirer ; il lui permet de faire tous les essais pour appro-
cher du grand œuvre de la création du monde, afin qu'ar-
rivé au terme de ses efforts, il voie, par son insuccès,
combien est grandiose l'œuvre de l'univers, combien est im-
pénétrable la loi de la nature, quelle folie il y aurait à pré-
tendre l'imiter, et combien, par c^séqueot, le Créateur
mérite notre admiration et nos humbles adorations.
hk TERRE A SON ÉTAT DE FONCTION. 111
203. — Il est donc évident, et c'est un article des lois de
la nature, que rhomme a reçu les facultés de rintelligence
pour se convaincre de ces vérités. Par suite des mêmes lois
naturelles, Thomme de science doit travailler à instruire ses
semblables, également doués d'inteiligenee, mais distraits par
des occupations secondaires Les hommes instruits sont donc
obligés de leur transmettre, sans détour et sans mystères,
toutes les découvertes; car rien n'est plus propre à conduire
à 4a saine religion qœ l'étude des oeuvres de DLcm, rien n'in-
dique mieux la soumission que nous lui devons, rien n'est
plus propice pour le culte qu'il (attende Malheureusement les
hommes instruits de l'antiquité, et Moïse lui-même, ont voulu
faire mystère de leur science, et les connaissances sont restées
circonscrites chez un petit nombre d'élus; à leur mort, la
postérité a perdu avec eux le fruit de leurs études, et îl n'est
resté que le merveilleux de leurs récits, qu'on a commentés de
mille manières, suivant les capacités et surtout suivant les
intérêts des hommes.
Ce mervalleux a engendré le fanatisme, qui a «u des con-
séquences très-graves pour l'humanité; de cruelles divisions,
des religions toutes ^^ontraires les unes a»x autres, des sectes
passionnées en ont été les résidtats, ainsi que d'horribles
guerres qui ont etftralné la ruine des peuples.
Il était réservé à la science de grandir pour expliquer le
merveilleux de la nature, et dévoiler tous les mystères, et la
science, qui a commencé son eeuvre depuis un siècle à peine,
ne manque pas à sa mission, car c^baque jour elle porte un
nouveau tribut à l'autel de la vérité.
112 TROISIÈME ÉPOQUE.
CHAPITRE XII
Bèg^oe mloéral
Sommaire. — Soins réciproques de la terre et des éléments , 20/4. — For-
mation des minéraux, 205. — Cruauté et générosité de la terre, 206.
— Corruption et épuration de la terre , 207. — Rapetissement suc-
cessif et proportionnel de la terre et de ses habitants , 208. — Perpé-
tuité de convulsions de la terre , transmises à la nature de l'homme ,
209. — Signes précurseurs de ces convulsions, 210. — Orages et trem-
blements de terre , 211. — Analogie entre la terre et l'homme , note.
— Puissance de l'électricité, 212. — Effets des courants électriques,
213. — Le phosphore organique ; réflexions sur la puissance de l'élec-
tricité, 214. — Limites de notre tâche, 215. — Le diamant et la pierre
à chaux , 216. — Pureté et simplicité des pierres précieuses ,217. —
Composition de la pierre à chaux, 218.
204. — Il est certain que la même loi de la nature qui
existe aujourd'hui existait au temps primitif; il n'y a de
modification que dans les effets , provenant de la différence
des matières plus ou moins altérées; ainsi la terre, fille des
trois éléments primitifs, Tair, l'eau et le feu, a toujours eu
besoin de leur secours pour sa conservation. A son tour, la
terre a dû rendre, relativement, les mêmes soins aux trois
règnes qui ont été engendrés dans son sein> le règne minéral,
le règne végétal, et le règne anulil; chacun d'eux, dans
ses milliers d'espèces et de races , retourne dans le sein de
la terre , avec laquelle tous les trois , sous des formes diffé-
rentes , composent une seule et même famille, comme ayant
eu une seule et même origine, et ayant une égale destinée ,
avant et après la mort, pour retomber de nouveau ensemble
dans le néant , ou plutôt pour subir uftérieurement une nou-
velle transformation.
Cette nouvelle transformation s'opère avec le concours des
trois éléments primitifs, se décomposant par atomes en quel-
RÈGNE MINÉRAL. 113
que sorte modifiés , mais toujours destinés à la recomposition
de molécules qui seront forcées d'entrer dans d'autres phases
de créations nouvelles complètement inconnues pour nous,
mais bien prévues et établies par la loi de la nature.
205. — Pour mieux saisir le travail qui s'opérait dans l'in-
térieur de la terre, il Taut tenir .compte du tribut qui lui était
payé par les végétaux et les animaux dans les grandes occa-
sions de leurs engloutissements; c'est avec leur concours
' qu'elle formait ce grand règne minéral que nous admirons
aujourd'hui. La formation a été lente , et ne pouvait avoir
lieu que pas à pas , en se perfectionnant à mesure que des""
matières fraîches venaient ^richir le travail souterrain.
Nous aurons une idée approximative de la quantité de ces
matières lorsque nous examinerons le règne animal , où les
recherches nous feront trouver, sinon des os, au moins des
traces indubitables des habitants primitifs.
La terre avait besoin d'engloutir les êtres qui se produi-
saient , pour ofTrir une meilleure demeure aux races nou-
velles, et en même temps pour continuer l'œuvre du perfec-
tionnement des minéraux.
206. — Dans les jodrs suivants nous reviendrons, à Toccii-
sion dû règne animal, sur les preuves de l'existence des
habitants primitifs, et nous verrons les traces que ces êtres
ont été obligés de léguer à la terre; il nous importe, pour le
moment, de vérifier ce qui s'est opéré dans son sein , en vue
delà conservation et du bien-être qu'elle voulait offrir, en
mère généreuse , aux nombreux enfants auxquels elle allait
donner la vie, pour la leur regrmdre de nouveau après un
court passage sur sa surface. C'est à la terre plutôt qu'à Sa-
turne que les anciens devaient prêter l'habitude de dévorer
sesenfants; elle les dévore, en effet, jusqu'à ne laisser que
des traces imparfaites de ses premiers habitants ; mais il faut
hii rendre la justice de reconnaître que de lem* vivant , la
114 TROISIÈME ÉPOQUE.
lerre leur offre el leur fournit avec un empressement mater-
nel toutes les délices que la nature est capable de produire,
et cela avec une régularilé admirable et inimitable.
207. — Curieuse coïncidence cependant ! Il semble que la
terre, mère de tout ce qui existe sur elle, ait fourni la loi ou
donné Texemple de l'ingratitude que les enfants ont généra-
lement pour leurs parents; car la terre, à force d'enfermer
dans son sein les corps de ses enfants, empeste l'air et Teau,
et subit elle-même , comme le r^ne de Teau , une aUération
funeste. La terre, en effet/ à toutes les minutes de la jour-
née, depuis un grand nombre de siècles, reçoit les cadavres
des hommes et des animaux, dont les miasmes sont incalcu-
lables. Toutefois, le calcul approximatif en sera démontré
dans le règne animal, et résumé à la sixième époque; il suf-
fit, quant à présent, de dire que la terre ne serait, à ce mo-
ment de notre journée ou de notre époque, qu'un vaste
cloaque, ne donnant que la peste et la contagion, et par con-
séquent impropre à être le séjour de Thomme , sans le
' secours de Tair, de Teau et du ï^et3, qui journellement vien-
nent rafraîchir sa surface par le déversement des vapeurs
que l'atmosphère est chargée de composer à Taide des vents ,
et qui retombent en grande partie sous la forme de phiies et
de rosées.
208. -^-' La terre aussi a eu ses moments de lutte et de
combat avec ses premiers parents, Tair, le feu et Teau;
chaque époque de formation hii a infligé de rudes convul-
sions , qui ont altéré fortement ses dimensions en les rédui-
sant constamment, de sorte qu'au sixième jour elle ne sera
plus qu*un extrait de sa grandeur précédente.
La terre, de son côté, a réduit elle-même la taille des êtres
qu'elle produisait en proportion de sa propre réduction;
ainsi les animaux et les plantes du sixième jour, c'est-à-dire
de notre époque, doivent être plus petits que ceux du cin-
KÈGNE MINERAL. 115
qoième jour, comme ceux-ci étaient beaucoup moins grands '
que ceux du quatrième jour, ou de la quatrième époque, et*
ainsi de suite en rétrogradant.
209. — Les combats de la terre, conséquence de ses con-
vntsiQDs intérieures, quoique affaiblis , ne sont pas terminés;
le principe reste et se maintiendra toujours; c'est une condi-
tion de Texistence vitale, également transmise à Thomme, qui,
depuis sa naissance jusqu'à sa mort , est en proie aux combats
de son propre tempérament; ce qui cause plus ou moins son
bonheur ou son malheur sur la terre.
210. — Tout combat ou toute convulsion qui agite la terre,
soit dans son intérieur, soit sur sa surface» se réfléchit im-
manquablement sur le règne animal et végétal , surtout dans
les lieux ou à proximité des lieux oi!i un événement de cette
nature surgit. L'homme, qui est Tétre le plus sensible du règne
animal , en souffre le plus; mais la terre, en mère affectueuse,
n'a jamais manqué de donner l'alarme , comme si elle voulait
prévenir du danger et laisser à l'homme le temps de se garan-
tir contre les violences du règne minéral. Ainsi les éruptions
des volcans n'arrivent jamais sans qu'auparavant elles soient
annoncées par des bruits souterrains, ou par Tapparition delà
famée qui sort des crevasses du cratère mi des entrailles de la
terre; de même un tremblement déterré, destiné à ébranler ,
sinon à les engloutir , des villes, villages ou territoires entiers,
n'arrive jamais sans être précédé de quelques bruits souter-
rains et souvent renouvelés, auxquels succèdent de petites
secousses avant-coureurs de la grande qui sera ta destrnctton;
aussi l'homme , s'il prend ses mesures au premier avertisse-
ment , aura le temps de se sauver, lui , sa famille et ses bes-
tiaux.
211. — Be même, si le combat part du ciel contre la sur-
face de la terre, les orages, les foudres, les trombes, etc.,
sont annoncés d'avance; la terre semble resserrer ses pores
116 TBOiSlÈME ÉPOQUE.
et refuser d'émettre ou de recevoir des évaporalions , ce qui
causée pour un moment, un froid presque glacial sous nos
pas, en même temps que les vapeurs suspendues en forme de
nuages noirs sur nos têtes semblent vouloir retarder le mo-
ment de la chute foudroyante des orages; Thomme, averti ,
peut donc chercher un abri.
Ainsi, quand les hommes périssent dans les tremblements
déterre, c'est la conséquence de leur ineptie, ou de leur
lenteur à s'échapper; les 30,000 victimes du dernier tremble-
ment de terre de Naples, du mois de décembre 1857, pou-
vaient se sauver en fuyant au premier avertissement souter-
rain qui s'était fait entendre 24 heures auparavant.
Dans Ibs époques primitives, les tremblements de terre les
plus minimes embrassaient des territoires immenses en raison
de la substance moins consolidée de ta terre et de sa prodi-
gieuse étendue ; mais à notre sixième époque, le plus grand
phénomène de cette nature n'a embrassé que l'étendue de
200 lieues carrées , encore était-ce au commencement de l'é-
poque ; cette catastrophe a englouti et renversé cent villes
dans la Lybie, ainsi que l'avance Févêque d'B[yppone(l), saint
Augustin .
.
212. — Les phénomènes qui se produisent dans le sein de
la terre et qui sont en correspondance avec Téther du ciel,
sont dirigés par des fluides électriques, dont l'énergie et la
rapidité sont également prodigieuses. Rien ne peut résister à
leur activité; tout doit se soumettre à leur passage. L'électri-
cité élève subitement la température des corps jusqu'à fondre
(1) Encore une analogie entre la terre et rhomme. La terre n*a pas
seule des tremblements, elle semble en léguer le principe à Thomme,
comme pour le prévenir que sMl possède les délices de la terre, il doit
aussi participer à ses combats. Et en effets dans les fièvres, Phomme
sent des frissons , des tremblements: ces effets augmentent dans les
paralysies^ et occasionnent quf'lquefois des secousses violentes.
RÈG.NE MINERAL. 117
et dissiper les plus réfractaires. Elle donne inslatitanément un
foyer lumineux dont mille lumières factices n'égalent pas Tin-
tensité, et capable de dissoudre les corps composés. Enfin
Télectricité a une forcesecrèteconcentrée et violente, qui fait
trembler la terre, depuis le centre du globe jusqu'à la côucbe
la plus raréfiée de son atmosphère élevée.
213. — Où et comment se produit l'électricité? Est-ce
dans la terre ou dans son atmosphère? D'où viennent les
éléments primitifs qui la font naître?... Nous les chercherons
dans le laboratoire de l'atmosphère, qui est pourvu de ma-
tières plus nouvelles que l'intérieur de la terre, particu-
lièrement à notre époque.
Les courants électriques, constamment en communication
entre eui , nous expliquent les bruits souterrains comme une
conséquence forcée de l'impulsion transmise de l'extérieur ;
la couche atmosphérique, qui fait partie de la terre même,
se trouvant raréfiée, laisse un libre passage à ces courants.
La matière électrique , considérée dans son principe ,
est la concentration de l'essence des atomes du feu primi-
tif ; c'est à elle qu'on doit ta pression de consolidation de
tous les métaux dans la terre. Comme elle est également en
force minime et proportionnelle dans l'homme , elle est le
feu qui anime l'esprit animal ; sans* elle, il n'aurait pas de
vitalité.
2U. — Déjà cette vérité a été reconnue par Yauquelin
(le phosphore organiqw) , et M. Mège-Mourries vient de dé-
couvrir que le phosphore organique se trouve dans le grain
des céréales aussi bien que dans l'œuf des animaux , en qua-
lité d'initiateur dynamique et de premier aliment de l'em-
bryon naissant.
Lorsque la science sera parvenue à dominer et à maitriseï*
la puissance de l'électricité , elle aura rendu un immense ser-
vice à l'industrie; déjà la télégraphie électrique en est un
118 TROISIÈME ÉP0U13E.
heureux commeiicement ; il s agit à présent de trouver les
moyens de s'emparer de la force électrique et de s*en servir
pour tous les besoins qui exigent l'emploi de la force mo~
trice.
Le Créateur de Tunivera n'a rien caché à Thomme sur la
terre; il lui a donné l'inlelligenee, comme nous l'avons dit,
pour découvrir et pour faire tourner à son avantage tout ce
qui existe dans la nature. L'homme est déjà arrivé à diriger
l'eau et le feu , pourquoi ne parviendrait-il pas à un pareil
résultat pour Tair, cet élément infini qui contient les trésors
les plus précieux?
Aussitôt que l'homme aura soumis la force électrique à
un emploi régulier, il aura fait la première étape sur le che-
min qui doit le conduire à diriger l'élément de l'air.
215. — Nous laissons aux savants géologues le soin de
donner des noms aux divers produits de la terre, ainsi qu'aux
minéraux et aux métaux dans leurs innombrables subdivisions
et à mesure de la découverte qui en est faite. Notre tâche s'est
bornée à la recherche du principe et des causes de formation;
ces causes, nous venons de les expliquer ; elles peuvent se vé-
rifier par la décomposition des matériaux, car l'analyse de
toutes matières', qui est la fonction de la chimie, démonti;e
la réunion des principes^ en les séparant les uns des autres.
216- — Avant de finir ce chapitre du règne minéral, qu'il
nous soit permis d'examiner de près le plus dur des minéraux
et la plus fragile des pierres que nous trouvons de nos jours.
Le choix de ces deux extrêmes sera encoje qne preuve de plus
des faits déjà signalés. Examinons donc le diapiant, qui est
reconnu jusqu'à présent pour le plus dur ainsi que le plus
précieux des minéraux, et la pierre à chaux; qui est la plus
fragile des pierres,
217. — Ceux des minéraux qui ont le moins tiré du mé-
lange des matières hétérogènes végétales et anipiales, et qu'on
RÈGN£ Mir>i£RAL. t19
peut considérer comme vierges et comme possédant le plus
de la pureté de l'extrait direct des atomes des molécules pri-
mitives, ce sont les pierres précieuses. Nous en avons pour
preuves : l"" leur clarté, leur limpidité, indice de la virginité
de leur eau originelle; 2"" leur dureté, signe d'une plus an-
cienne formation et d'un état continu sans aucun changement
successif, ainsi que d'une plus longue durée à l'influence
d'une chaleur égale pendant im très-grand nombre dé siècles;
3^ leurs couleurs variées, indice d'aspirations de la quintes-
sence des vapeurs des diverses matières minérales qui se sont
trouvées à leur proximité.
En somme ) on peut admettre que les pierres précieuses
blanches, comme le diamant le plus pur, proviennent de l'union
des atomes homogènes durcis isolément ou par suite de Téva-
poration sans autre amalgame que l'eau primitive cristallisée
dans son essence.- Les autres pierres, comme les topazes, les
rubis, les saphirs, les émerandes, etc., etc«, les diamants co-
lorés même, sont également de conservation primitive, mais
avec l'aspiration de la quintessence des vapeurs des métaux,
comme le cuivre, l'or, l'argent, le fer, le mercure, le plomb,
rétain, etc. Leur conservation est due à Tenveloppe pierreuse»,
ou métallique qui s'est cristallisée autour d'eux et les a pré-
servés dans leur nature.
Lavoisier, en brûlant du diamant sous une cloche ne ren-
fermant que de l'oxygène, obtint un produit identique à celui
de la combustion du charbon pur« c'est-à-dire de Tûcide car-
bonique. Clouet confirma les expériences de Lavoisier par des
procédés différents.
Mais si le diamant est un charbon pur, Torigine du dia-
mant, ainsi que de toute autre pierre précieuse» est donc telle
que nous l'avons indiquée, attendu que le charbon pur est la
quintessence de la matière dans sa pureté originelle.
218. — Au contraire, la pien*e à chaux a été imprégnée
120 TKUIHIÈMË EPOQUE.
de loutes les malières hélérogènes ; cependant la chaux, avant
sa calcination, n'a aucune propriété corrosive; elle n'acquiert
cette propriété que lorsqu'on l'arrose et qu'on l'imbibe d'eau,
car c'est alors que se développent sa^ parties ignées et brû-
lantes.
CHAPITRE Xni
li» Terre dans son état de sabordioatlon
comme tributaire de riJniTers
Sommaire. — Perpétuité des lois de la nature; question au sujet des
évaporations, 219. — Comment s*est formée l'atmosphère du globe ter-
restre, 220. — Son élévation et limite de son épaisseur, 221. — Varié-
tés des régions atmosphériques, 222. — Proportion des gax élémentaires
de Tair , itore, 223. — Dimension graduelle de densité de Tatmosphère,
22A. — Du poids et du volume de Tatmosphère, 225. — Résultats
fournis par le calcul, 226. — Résultat séculaire, 227. — Étendue du
tribut payé par le globe terrestre , 228. — Importance du laboratoire ^
de Tatmosphère, 229. — Excès des fluides perdus par la terre compa-
rativement à ceux qui lui sont rendus , 230. — Utitité de l'atmosphère,
231.
219. — La terre, que nous devions considérer ici seulement
eomme formation de la troisième époque, nous a entraîné à
suivre son règne, quoique d'une manière très-rapide, jusqu'à
nos jours; il n'en pouvait pas être autrement : les lois de la
nature étant aujourd'hui les mêmes qu'elles ont été de tout
temps, les preuves visibles de ce qu'elle opère sous nos yeux,
la liaison des événements physiques qui ont été la cause du
changement des matières et de leur reconstitution sur la terre,
devaient nous conduire à un aperçu général de l'ensemble;
car les récentes découvertes de la géologie sont le meilleur té-
LÀ TERRE TRIBUTAIRE DE l'uNIVERS. 121
moignage pour confirmer les faits que dous exposons dans cet
ouvrage (1).
Il nous reste a examiner si, par Tefifet de la réduction excen-
trique causée par son propre rétrécissement à chaque renou-
vellement d'époque, la terre ne subirait pas aussi une dimi-
nution de son volume ayant pour cause ses évaporations en
faveur de l'atmosphère, et en outre si la terre ne serait pas
obligée d'abandonner une partie de ces évaporations en fa-
^veur d'autres astres comme tribut en raison de sou af6nité
avec eux, ou comme obligation par suite des échanges de
fluides attirés pour leur mutuelle purification.
Relativement à ces échanges, il nous restera à calculer si
la terre n'y contribue pas de tout l'excès de son superflu, en
raison de la surabondance de ses produits.
220. — L'atmosphère de notre globe ne pouvait exister au
premier jour ou à la première époque; nous avons indiqué (55)
que la quintessence du gaz des molécules abandonnées pour
la formation de son satellite est restée en faveur de la terre au
moment de leur séparation; ce gaz, augmenté de celui de
notre planète, a formé la première couche de notre at-
mosphère, laquelle peut s'être augmentée en se dilatant en
élévation.
221. — Il serait très-diflicile de connaître l'exacte épaisseur
des couches qu'avait notre atmosphère et l'accroissement qui
s'était produit à la fin de chaque époque ; mais les calculs sa-
vants de nos célèbres astronomes nous ont, à plusieurs reprises,
indiqué son étendue à notre époque; il est vrai que leurs cal-
culs présentent de grandes difiérences.
D'après M. Biot, l'épaisseur actuelle de l'atmosphère serait
de 43 kilomètres, ou, comparée à la grandeur du rayon moyen
de la terre, elle serait dans le rapport de 1 à 48 et son poids
(^) Voyez sir Charles Lyell , Manuel de Géologie élémentaire.
122 TROISIÈME ÉPOQUE.
serait trè&-considérabIe, s'il est vrai qu'il soit de 1 kilogramme
par centimètre de surface; d'autres astronomes ont supputé
cette épaisseur a une élévation de 75 kilomètres, et Mairan
l'avait supposée de 300 lieues.
Le fait est que l'atmosphère ne peut pas s'élendre aunlelà
du point de l'espace où l'attraction du corps central fait équi-
libre à la force centrifuge. Les portions d'atmosphère qui dé-
passeraient cette limite s'échapperaient par la tangente, ou
pour mieux dire entreraient dans les atomes de l'élher et sui-
vraient une marche tout à fait indépendante de l'atmosphère
terrestre.
222. — Cependant il faut bien reconnaître que la nature de
l'atmosphère n'est pas uniforme; elle diffère énormément
en qualité et eii densité depuis la surface de la terre jus-
qu'aux dernières limites de sa hauteur; plus elle s'élève ,
plus elle est rare, et plus elle est rare, plus elle s'amin-
cit par couches de gradation, jusqu'à ce qu'elle arrive à la
finesse et à l'imperceptibilité de la matière qu'elle touche
et que nous appelons l'^i^^r dans les régions de l'espace supé-
rieur.
223. — Dans toutes les régions, l'air de l'atmosphère contient
de la vapeur d'eau, de l'acide carbonique, de l'oxygène et de
l'azote; mais l'un ou l'autre de ces gaz prédomine suivant la
différence de hauteur.
L'acide carbonique augmente en été et diminue en hiver ;
dans, un temps calme, le gaz est plus abondant la nuit que le
jour.
L'atmosphère au-dessus des grandes villes contient plus d'a-
cide carbonique qu'au-dessus de la campagne, d'après les
expériences de Saussure,
Suivant les savants chimistes MM. Dumas et Boussingaull,
la composition réelle de l'air dans ce dix-neuvième siècle est,
(în volume :
LA TEHH£ TRIBUTAIRE DE l'uNIVËRS. 123
/ faisant vivre les animaux ,
20,80 volume d*OXygène.] étant respirable, et activant
( la combustion.
{ donnant la mort aux animanx,
79,20 VOtume d* azote t •] n'étant pas respirable et étei-
( gnant les corps enflammés.
En poids i 23,10 d^oiygène ,
^ } lOM d'azote,
Et en pesanteur :
Dn litre d'air pèse, à la température de 0 degré, 1 gr. 2995.
Nous ignorons les proportions d'éléments que l'air avait
dans les premiers temps de la formation; mais nos succes-
seurs observeront dans les siècles à venir ses altérations fu-
tures. Nous savons cependant que, dès le commencement,
l'atmosphère était le dépositaire des gaz primitifs, dont les
atomes devaient servir pour arrêter et conserver en eux la
chaleur émanée du soleil ; ces atomes, invisibles à nos yeux,
font partie de l'air (1).
224. — En admettant le chiffra minimum de 43 kilo-
mètres, selon M. Biot, pour la hauteur de notre atmosphère»
soit 43,000 mètres d^élévation tout autour de la surface <lu
globe, il faut reconnaître que la qualité de l'air .composant
les couches atmosphériques diffère à mesure qu'on s'élève.
Ainsi, l'air voisin de la terre est plus pesant, non-seule-
ment parce qu'il est comprimé , mais aussi h cause des
émanations dont il est chargé. Par la même raison, dans
les profondeurs de la terre, le poids de l'air augmente
encore plus sensiblement par l'effet de la pression. A
20 lieues de profondeur , ce qui ne fait qqe la soixante-
quatorzième partie du rayon du globe, l'air pèserait au
(I) Voir la note G. à la (iti du volutnr.
124 TROISIÈME ÉPOQUE.
moins autant que Tor (suivant Y Encyclopédie méthodique ,
article air).
L'atmosphère diminue donc graduellement de poids à
mesure qu'elle s'élève , en sorte que la couche correspondant
au quarante-troisième kilomètre de hauteur , en la suppo-
sant la plus élevée, doit être presque aussi subtile que Téther,
avec lequel elle forme la limite de la circonférence de notre
planète.
225. — Si l'atmosphère s'est formée par les émanations
du globe, comme c'est indubitable puisqu'elle fait partie
intégrante de notre planète, il nous serait facile d'établir,
par un calcul de proportion, la quantité en /70icl^ que chaque
siècle aurait fournie, en prenant pour base l'hypothèse des
siècles compris dans les différentes époques de cet ouvrage;
mais ce poids, quand même il serait exact, ne peut pas
donner la solution que nous cherchons; c'est le volume qu'il
nou§ faut, pour indiquer l'étendue de l'espace qui sépare la
terre de l'éther^ espace destiné de tout temps à former le
grand laboratoire de puritication, qui devait donner à la terre
le rafraîchissement et la viviûcation par le renouvellement
de l'air périodique sur toute sa surface.
226. — Comme nous avons parlé de lieues de circonfé-
rence au chapitre de l'assemblage primitif des molécules,
nous allons réduire en lieues la hauteur de l'atmosphère sur
la base minimum de 43 ou 44 kilomètres.
Avec cette donnée, le calcul présente les résultats sui-
vants :
Diamètre de la terre. . . . 3,000 lieues.
Circonférence 9,000 »
Surface. ...... 27,000,000 lieues carrées.
Solidité 13,500,000,000 lieues cubiques.
LA TERRE TRIBUTAIRE DE l'uNIVERS. 125
En comprenant Tatmosphère dans le calcul , on trouve :
Diamètre . . .^ 3,022 lieues.
Circonférence 9,066 »
Masse , 800 millions de lieues cubiques, ou 800 millions de
fois 64 milliards de mètres cubes, ou encore 800 millions de
fois 640 milliards d'hectolitres (1).
D'après un article de M. Francœur, publié dans le Journal
des Connaissances utiles et pratiques, l'atmosphère entière
qui environne le globe pèserait 523 millions 260 mille mil-
liards de kilogrammes; soit: kil. 523,260,000,000,000,000.
227. — Ainsi, dans les temps primitifs, après la première
journée, l'atmosphère s'est formée comme partie intégrante
de la planète au moyen des évaporatioAs du globe ; si les
évaporations successives avaient dû servir pour continuer à
agrandir l'atmosphère en étendue de hauteur, les 43 kilo-
mètres ou les 75, et même les 300 lieues deMairan ne seraient
pas suffisantes pour l'accumulation qui se serait faite dans
un si grand nombre de siècles; car supposant seule-
ment 1500 siècles depuis la première époque, il s'ensuivrait
que les'43 kilomètres de M. Biot se seraient formés à raison
de un kilomètre tous les 36 siècles, en commençant à l'o-
rigine par un seul kilomètre d'atmosphère, ce qui ne nous
parait pas admissible.
Le calcul de Mairan portant sur 300 lieues présenterait
(4) Principes de ce calcul :
i lieue =3 4 kilomètres = 4,000 mètres.
1 lieue carrée = 16,000,000 mètres carrés.-
1 lieue cube = 64,000,000,000 mètres cubes.
1 litre = ^ décimètre cube.
^ hectolitre = 400 décimètres cubes.
1 mètre cube = iOOO décimètres cubes.
12G TROlSiÈMK ÉPOQUE.
une formation de uiv cinquième de lieue ou quatre cinquièmes
de kilomètre d'atmosphère par siècle, ce qui serait plus pro-
bable, et c'est ce que nous admettrions, non pas comme
atmosphère de progression, mais comme formation des prin-
cipes d'évaporation, ou, pour mieux dire, comme perte, irré-
parable pour le globe , de matières destinées à passer dans
les régions de l'espace au profit d'autres corps.
228. — Si le tribut que notre planète, pour obéir aux lois
de l'univers, doit payer en émanations ou vapeurs en faveur
des autres globes, est, par hypothèse, d'un cinquième de lieue,
ou même d'un kilomètre d'étendue en hauteur par siècle,
cela ne ferait, suivant nous, qu'un centimètre et demi de di-
minution par siècle dans le contour de notre globe. Or, il
n'est nullement douteux que nous subissons cette diminution ;
l'éloignement des mers remarqué sur une foule de points du
globe terrestre nous en fournit la preuve.
Mais ce n'est pas tout : notre globe paie un tribut plus fort
que celui qui émane de son propre corps ; les êtres qui
croissent et périssent sur la terre donnent une abondance
d'émanations indépendante du rétrécissement du globe ; l'ha-
leine et les exhalations des animaux, qui sont Feffet de leur
action à l'extérieur du globe, comptent pour une portion très-
considérable de ce tribut, comme nous l'expliquerons dans le
r^ne animal, et à. la sixième époque.
229. — Au total , l'évaporation périodique du globe est
très-considérable; elle passe dans l'atmosphère, ob elle subit
sa purification en se combinant avec la matière venant des
régions supérieures , à travers l'éther qui ouvre ses pores au
passage de toutes les molécules quelles iqu' elles soient.
Mais si l'atmosphère est un grand labomtoire de purifica-
tion qui doit rendre à la terre ce que celle-ci lui a transmis, il
est également certain que l'atmosphère rend à l'autre c6té de
ses confins les matières qui lui sont venues des autres régions.
LA TERRE TRIBUTAIRE DE L'UNlVERb\ 127
230. — Il est donc positif que Tatmosphère sert de labo-
ratoire pour les unes et pour les autres; qu'un échange de
fluides s'opère dans son sein^ et qu'il sort de notre planète
toujours un peu plus qu'elle ne reçoit en retour ; l'expansion
est constamment au moins d'un millième en plus de ce qu'elle
reçoit soit en poids soit en Y(^me , et celte fraction qu'elle
perd, quantité assez considérable, quelque minime qu'elle pa-
raisse, est le tribut qu'elle doit payer à la nature pour l'entre-
tien et la formation d'autres astres selon les lois de l'univers.
23U — L'atmosphère, dans toute son étendue d'élévation,
n'est réellement que la première couche extérieure de notre
globe : elle est Pavant-garde destinée à la protection des êtres
qui doivent habiter la seconde couche, c'est-àrdire la surface
de la terre.
L'atmosphère pèse de tout son poids sur cette surface; elle
enveloppe de sa matière tout ce qui existe sur terre et sur
mer; sans cette enveloppe et son poids, aucun être animal,
y compris Thomme, ne pourrait exister. ^
128 TROISIÈME ÉPOQUE.
CHAPITRE XIV
■i'Atmospliéroloffle
SoMMAiAB. — Étude des phénomènes de Tatmosphëre , 232. — Analogie
de l'homme avec la terre ; pression atmosphérique qu'il supporte : notes;
le calorique et le sang, 233. — Énergie d'absorption de l'atmosphère,
23ft. — Séparation des molécules dans l'atmosphère, 235. — Diversité
de ces matières; quelle est celle qui domine, 236. — Leurs combinai-
sons avec des atomes de l'éther ; nuages, vents , pluies, tonnerre, etc.,
237. — Vitesse des couches atmosphériques dans le mouvement de rota-
tion, note; calcul des mouvements de la terre, 238. — Vitesse des cou-
ches atmosphériques par régions , 239 , 240. — Nouvelle analogie entre
l'atmosphère et l'homme, 2M. — Différence de criblages dans les ré-
gions atmosphériques, 2^2. — Nature de l'électricité, son universalité,
263. — Rapidité des combinaisons des atomes; formation des nuages,
ZUUb — Les fluides émanés d'une contrée y reviennent-ils? 2A5. —
Solution de cette question, 2^6. — Formation et travail des météores,
247, 248, 249. — Fin de la troisième journée, 250.
232. — Dans le règne de la terre, qui est l'objet de
la troisième journée, nous devons seulement examiner les
causes et les effets de l'atmosphère comme agent terrestre
dans son enveloppe extérieure.
Cet examen nous conduit à rechercher ce qui se passe entre
la surface de la terre et la première couche atmosphérique
pour découvrir , s'il est possible, quelques secrets des opéra-
tions directes ou indirectes qui se pratiquent dans le labora-
toire de l'atmosphère, laquelle, en définitive, est une partie
de la terre. Si la science trouve justement un grand intérêt
dans les investigations pratiques au-dessous de la croûte de
la terre, pourquoi n'aurait-elle pas un égal intérêt à former
une nouvelle branche d'études en portant ses recherches au-
dessus de la même croûte? Si la première a été baptisée du
l'atmosphérologie. 129
nom de géologie^ la nouvelle science s'appellerait très-bien
atrmsxthérologie.
La géologie nous offre Tétude des faits passés; Talmosphé-
rologie nous offrira l'étude des faits présents et de l'avenir.
233. — L'homme, dans ses analogies avec la terre, en
présente une remarquable sous le rapport de la pression at-
mosphérique (1).
En effet, l'homme est, comme la terre, enveloppé par
l'atmosphère , qui presse Tun et l'autre eh proportion de
leur surface; c'est cette pression énergique qui donne à
rhomme la faculté de se tenir debout.
Un homme de taille ordinaire, dont le corps a 14 à 15
mille centimètres carrés de superficie, éprouve une pression
évaluée de 15 à 20,000 kilogrammes, en raison de la hauteur
et du poids de l'atmosphère (2).
La terre, dont le corps a en superficie, suivant notre calcul
(226), 27 millions de lieues carrées ou 432 mille milliards
de mètres carrés (432,000,000,000,000), éprouve une pres-
sion de 4,492,800,000,000,000,000 de kilogrammes, c'est-
à-dire à peu près 4,493 millions de milliards de Hh-
grammes, pression qui est en définitive le poids réel de Tat-
mosphère.
Ce résultat, quelque prodigieux qu'il puisse paraître, seriiit
encore inférieur à celui que fourniraient les données du Dic-
tionnaire encyclopédique des gens du monde ^ qui évalue la
surface de la terre à 509,072,546,965,000 mètres carrés,
c'est-à-dire environ 509 mille 72 milliards et 547 millions de
mètres ; ce qui impliquerait une pression , et par conséquent
un poids atmosphérique de plus de 5,294 millions de milliards
de kilogrammes (3).
(Vj Voy. note H.
(2) Voy. note I.
(3) Le poids exact serait : 5,294,354,488,430,000,000 kil.
9
130 TROiSlÈME ÉPOQUE.
234. — Si rétude de l'atmosphère ou, autrement dit, si
Tatmosphérologie peut devenirutile autant qu'elle est curieuse,
les réflexions suivantes serviront aussi de commencement ou
de clef pour ouvrir la voie aux recherches scientifiques.
Tout objet liquide, tel que Teau, le vin, le bouillon,
U huile, l'alcool, de même que certains corps solides, comme
le sucre, la chaux, Tarsenic, etc., mais dissous dans un
liquide, diminuent et disparaissent rapidement si on les
laisse à Tair libre; le pain et toute autre substance pâteuse
deviennent durs ; en un mot, tout objet mou se dessèche de
plus en plus; c'est Tatmosphère qui absorbe tout : le sucre
comme le poison, les corps huileux, la graisse^ les matières
vivantes ou mortes, l'haleine de Thomme en bonne santé
comme le dernier soupir du moribond, le suc des plantes
comme les excréments des animaux, les parfums des fleurs
comme les miasmes des cadavres, la vapeur de Teau comme
la fumée du foyer; tout est constamment et irrévocablement
absorbé par l'atmosphère ; elle est un centre continuel d'at-
traction ; tout monte chez elle, et insensiblement nous voyons
disparaître les objets qu'un moment où un jour auparavant
nous avions sous les yeux.
235. — Il est facile de comprendre que, dans l'atmosphère,
tous ces objets hétérogènes les uns aux autres trouvent,
chacun en particulier, la place convenable à son homogénéité,
et que changeant de forme et se divisant en atomes encore
plus imperceptibles, ils s'introduisent dans l'intérieur des mo-
lécules destinées soit à revenir sur la terre, soit à passer au-
delà de réther pour fonctionner ou demeurer dans les régions
du firmament en remplacement d'autres molécules qui ont
passé ailleurs.
Mais cette réalité n'interdit pas de chercher à découvrir,
soit par le calcul, soit par des investigations chimiques, les
degrés des proportions et l'influence matérielle que ces propor-
tions peuvent exercer sur les événements périodiques ; car en
I'atMosphèuolugiê. 131
^dirïetiant 43 ou 7 5 ^kilomètres pour Télévation de l'atmos*
phère, il est présuflaable qu'à chaque kilomètre de graduation,
il y a unfe différence dans la qualité et rareté des molé-
cules. Il y aura donc 43, ou 75 degrés différents de criblc^e
et de mélanges dans cette circulation des matières au sein de
r atmosphère.
236. — Ainsi les émanations des êtres vivants sont diffé*
rentes de celles des morts; également il doit y avoir une
différence dans les évaporations des divers liquides d'une
nature tout opposée : on ne peut pas admettre que la vapeur
de Talcool soit la même que celle de l'eau corrompue ou du
vinaigre, de l'urine ou du lait, des miasmes fétides ou des
parfums, et ainsi de suite; donc le premier problème à ré-
soudre ce serait de savoir quelles matières sont les plus nom-
breuses dans les quantités relatives d'évaporationsquisepro*
duisent sur le globe, et après cette statistique viendrait la
question desavoir quel degré d'influence chacune de ces ma-
tières peut exercer par ses résultats physiques.
237* — Il est naturel de penser, comme nous l'avons dit,
que ces évaporations, rapidement enlevées et plongées dans
l'atmosphère au-delà de la portée de nos yeux, rencontrent
bientôt des atomes d'une nature toute différente qui sont
descendus des régions supérieures, et que leur rencontre^
déjà prévue par les lois de l'univers, opère un merveilleux
travail dont nous ne connaissons pas le secret ; mais ce tra-
vail s'effectue, nous en voyons les résultats, c'est-à-dire
que nous voyons retourner sur la terre, l'air, le vent, la
pluie, la rosée, la neige, le tonnerre, les éclairs, etc. Nous
apercevons des nuages, comme s'ils étaient là pour tenir le
dépôt de ces matières fluides, qui nous sont destinées en
échange de nos évaporations ; nous voyons plus encoit;,
nous voyons une partie de ces nuages voyager quelquefois
avec une grande célérité comme s'ils allaient nous enlever,
132 TROISIÈME ÉPOQUE.
à liotts leur réservoir pour le porter sur une autre contrée, et
souvent encore nous les voyons aller et venir, puis s'en
retourner, comme s'ils étaient indécis sur le point où ils
auraient à s'arrêter pour se décharger ; dans leurs indéci-
sions apparentes, ils se choquent souvent ; en se heurtant, ils
procjuisent des phénomènes que nous ne connaissons encore
qu'imparfaitement; nous voyons tomber la foudre qui s'est
formée dans leur sein par le croisement de l'électricité qu'ils
font dégager de leur corps.
238. — L'astronomie a bien calculé que la terre tourne sur
son axe à raison de un dixième de lieue par seconde, et qu'elle
est emportée dans l'espace, par son mouvement de transla-
tion, à raison de sept lieues par seconde (Lalande) (1).
Mais l'astronomie n'a pas encore dit si la couche terrestre
atmosphérique tourne identiquement avec le corps de la
planète. Il faut bien remarquer que si la vélocité de l'atmos-
phère est identique dans toute sa hauteur, le cercle extérieur
ayant un rayon de 43 ou 75 kilomètres de plus que le rayon
terrestre (224), doit avoir un peu plus de rapidité que la surface
du globe, et que la vélocité de chaque point atmosphérique
est graduelle, et en raison de son éloignement de la terre.
Toutefois la rapidité des molécules de la couche supérieure
doit être considérablement ralentie par Teffet de leur légèreté
comparativement aux molécules des couches inférieures, qui
sont plus denses et plus lourdes, étant pressées par les couches
supérieures, surtout comparativement aux molécules de la
terre. C'est ainsi qu'une plume tombe moins vite dans Pair
qu'une balle de plomb.
Donc Tatmosphère a une limite d'élévation ; cette limite
est une conséquence de la rotation ; elle est établie, fixée, là
où la force de rotation a cessé.
(!) Voir noie K.
l'àtmosphérologie. 133
239. — L'atmosphère, partie intégrante de la terre, doit né-
cessairement suivre la marche de rotation que celle-ci exécute
sur son axe; mais est-ce la totalité de l'atmosphère dans toute
son élévation qui suit le mouvement de là planète ou seule^
ment une partie?
Les avis jusqu'à présent ont été partagés; il y a eu des phi-
losophes qui ont dit que la terre tournait toute seule, ce qui
est inadmissible, attendu qu'en ce cas Tatmosphère serait un
corps détaché, et s'il était détaché, il ne serait plus l'at-
mosphère terrestre.
D'autres auteurs ont dit que toute la masse de l'atmosphère
suivait le mouvement de rotation de la terre; cette hypothèse
est encore invraisemblable, parce que les couches les plus
éloignées de l'atmosphère étant beaucoup trop légères et rares
seraient abandonnées sur la route, ne pouvant suivre la rapi-
dité de la masse solide du globe.
240. — L'atmosphère est bien forcée de tourner intégrale-
ment avec la terre, mais elle le fait avec une gradation pro-
portionnelle qui s'affaiblit insensiblement à mesure que ses
molécules et ses atomes se raréfient, de manière que jusqu'à
la moitié de la hauteur de l'atmosphère les couches les plus
pesantes, touchant ou avoisinant la terre, roulent à peu près
avec la même rapidité; mais l'autre moitié, comprenant les
couches supérieures plus légères, ralentit son cours progresT
sivement, en proportion de la rareté de ses atomes; en d'au-
tres termes, des 800 millions de lieues cubiques d'atmosphère
indiquées au n» 226, un tiers environ ou la moitié marche
avec la même rapidité que la terre; les deux autres tiers ou
l'autre moitié, tout en restant attachéi^ aux premières cou-^
ches, ralentissent leur mouvement, par gradation proportion-
nelle, jusqu'à ce que la dernière couche, qui est, si l'on veut,
Tépiderme de la masse, se confonde avec Féther supérieur
qu'elle touche.
Cela nous semble démontré par la direction des vents alizés
f.^4 TROISIÈME EPOQUE.
qui souftlent entre les tropiques, en sens inverse du mouve-
ment de rotation de la terre. Or ces vents sont précisément
engendrés par ropposition du courant des couches mobiles
de Talmosphère avec le. moiivement du corps solide de h
terre, et ce qui contribue puissamment à la formation et à
Taccroissement de ces phénomènes, ce sont les «'itômes pro-
venant (le l'éther extérieur, qui filtrent à travers les couches
supérieures de l'atmosphère pour contribuer aux opérations
indiquées.
Il est évident qu'à mesure qu'on s'élève, le poids de Fat-
mosphère va en décroissant.
241. — Nous avons indiqué (233, note) que tout ce qui se
passe dans Thomme est en analogie parfaite avec ce qui se fait
dans le corps de la terre ou dans les autres corps de l'uni-
vers par l'application d'une même loi.
Pour mieux comprendre l'action de l'atmosphère énoncée
.dans l'article qui précède, examinons-nous nous-mêmes, rela-
tivement h la terre.
La peau qui enveloppe l'homme, et qui n'est pas même de
l'épaisseur d'un millimètre, est cependant formée de plusieurs
couches, dont la dernière à l'extérieur s'appelle l'épiderme et
nous sépare de l'air.
Cette épiderme a une infinité de pores par lesquels sort
notre transpiration, quelquefois si abondante que notre corps
est littéralement inondé de sueur; c'est aussi par les pores
de l'épiderme que l'homme reçoit l'air, le froid et Thumidé
qui s'introduisent dans son corps.
La terre est également enveloppée par l'atmosphère, dont
^épaisseur peut se diviser en couches proportionnelles Jus-
qu'à la dernière couche extérieure, que nous avons appelée
figurativement son épiderme.
Cette épiderme de l'atmosphère, qui la sépare de l'éther
du ciel, ayant des pores comme l'épiderme de l'homme, on
l'àtmosphérologie. 135
peut se figurer i*éDorme quantité de sueur ou de fluide qui
doit constamment la traverser soit en montant, soit en des-
cendant.
L'épiderme de Tatmosphère est la dernière limite des cou-
ches assez denses pour réfléchir et contenir la lumière solaire
et produire le crépuscule.
242. — Il serait impossible de calculer la gradation des
couches de l'atmosphère jusqu'à son épiderme; nous devons
nous contenter de savoir l'étendue et l'espace de cet immense
laboratoire atmosphérique. Cet espace, déjà calculé au m 226,
nous présente 800,000,000 de lieues cubiques. Il est évident,
en supposant exacte la hauteur de 13 kilomètres et en fixant
à chaque kilomètre une couche différente, qu il y a, comme
nous Tavons établi , 43 couches diverses dans la rareté dès
atomes composant la masse atmosphérique.
Il est également naturel d'admettre que si les 20 premières
couches ou les 20 premiers kilomètres ont leur rotation égale
à celle de la terre, les autres 23 kilomètres en ont une gra-
duellement affaiblie, et la différence étant sensible à chaque
couche, il y aura 24 couches différentes; donc 24 criblages
différents Tun de Tautre et chacun approprié au perfection-
nement des divers produits. ,
A côté de cette observation, qui est le premier pas pour
résoudre notre problème, on doit ajouter Tinfluence des cou-
rants, des vents, qui sont engendrés, comme on Ta vu, par
l'effet même de ces différences et destinée à» accélérer la for-
mation des objets, à les purifier et à les disperser; ces objets
sont l'électricité, le sec, l'humide, dans leurs mille divisions,
aptes à absorber ou rejeter la chaleur du soleil, pour passer
de nouveau sur la terre ou pour sortir par le côté supérieur
en faisant place à d'autres atomes destinés à renouveler le
travail perpétuel.
Le calorique et l'éleclricité modifient sans cesse l'at-
mosphère.
136 TROISIÈME ÉPOQUE.
Dans le milieu s'exercent les phéDomènes les plus remar-
quables ; la partie inférieure est appelée région des mé-
téores.
243. — Un des principes qui se manifestent avec le plus
d'importance dans l'atmosphère, c'est Télectricité, dont nous
avons déjà parlé (212 et suiv.); elle est le lien qui met la
terre en communication avec tous les astres.
C'est le feu vital de tous les corps grands et petits; tous en
possèdent une dose proportionnelle et suffisante pour mainte-
nir entre les êtres un rapport d'affinité perpétuelle.
On a trouvé que toutes les molécules, lorsqu'elles sont mises
en mouvement, donnent de l'électricité et qu'elle est trans-
mise à Tair par l'intermédiaire des vapeurs; ainsi la terre,
les plantes, comme les eaux, comme les animaux, possèdent
et émanent leur proportion d'électricité.
244. — La masse des matières entrées dans l'atmos-
phère et provenant soit de la terre, soit de l'élher supérieur,
ne pourrait pas exister ni s'élaborer si l'atmosphère était im-
mobile; c'est la violence de sa marche, entraînée qu'elle est
parle mouvement de la terre, d'une part, ce sont les vents
alizés, d'une autre part, qui contribuent à la purification des
atomes, comme ils lui facilitent l'absorption des éléments qui
sont nécessaires à son travail. La fusion des atomes, leur clas-
sement, leur dispersion, s'opèrent avec une rapidité que
l'imagination seule peut concevoir.
, Ceux des atomes qui sont destinés à revenir sur la terre
s'agglomèrent et forment ordinairement des nuages qui, en
grande partie , sont visibles à nos yeux , sous diverses cou-
leurs, blancs, noirs, bleus , jaunes , rouges, etc. , etc., selon
le reflet de la lumière qui les frappe, le jour ou la nuit, par
le soleil, la lune, ou les étoiles.
245. — Ces nuages que nous voyons sont-ils les dépositai-
res des fluides que nous avons fournis à l'atmosphère par suite
l'àtmosphérologie. 137
de rémanation opérée dans notre pays ? ou contiennent-ils
les produits des émanations fournies par une contrée qui se-
rait, par exemple, notre antipode?
Les vapeurs absorbées par l'atmosphère, à Paris, retom-
bent-elles sous leur nouvelle combinaison à Paris ? ou bien
seront-elles versées sur Londres, ou sur l'Amérique, ou dans
les Indes? Et lejf vapeurs des Chinois et des Japonais sont-elles
revenues chez eux ou en sommes-nous les héritiers?
246. — Il est positif que les vapeurs qui sont émanées
d'ufYi endroit ne reviennent pas à la même place, ni même à
sa proximité.
Le mouvement perpétuel de l'air nous en donne le motif;
cependant, quel que soit le point de départ d'où émanent les
évaporations\ leur produit se manifeste rigoureusement à la
latitude du climat propre à le recevoir; aussi ces fluides re-
çoivent-ils, dans la région de l'atmosphère d'où ils doivent
retomber sur la terre, l'impression du climat homogène à la
température du même point de la terre.
Ici se présente l'occasion d'un examen fort important pour
la science; car si, par une cause accidentelle, la dissolution
des matières dans l'atmosphère n'avait pas subi une transmu-
tation en vue d'une perfection relative, il se pourrait qu'une
contagion, comme le choléra-morbus , ou d'autres épidémies
fussent transportées instantanément d'une partie du monde à
l'autre.
247. ' — Eu outre du travail atmosphérique qui s'effectue
pour l'absorption, les combinaisons et la restitution des mo-
lécules de la terre , et à cause même de ce travail ^ il y a
encore à remarquer la formation de certains agents, curieux
ou* terribles , phénomènes prodigieux que nous appelons mé-
téores^
Ces météores semblent se charger de tout ce qu'il y a d'hé-
térogène et de vicié dans les atomes arrivés de la terre dans
138 TROISIÈME ÉPOQUE.
Tatmosphère; ils épuisent pour ainsi dire le Tond du creuset,
ou la lave, le rebut des matières, afin de contfibuer è la re-
production des atomes purifiés.
Ces météores ou l'élaboration de ces météores forment
aussi un objet d'étude particulier; ils pffrent différentes clas-
ses, comme si chaque classe devait absorber une portion spé-
ciale du rebut, ou des principes hétérogènes «et nuisibles des
atjômes à restituer à la terre ou à Téther, et former par eux-
mêmes un produit à part, ou un effet à part.
248. — Ainsi, les météores, en se produisant, nous appor-
tent les tempêtes, les ouragans, les trombes, tous phéno-
mènes calamiteux et terribles; d'un antre côté, il s'en
produit qui ne sont pas nuisibles, mais très-curieux, comme
1 arc-en-ciel, les halos (qui sont des cercles colorés qu'on voit
souvent autour du soleil ou de la lune), le mirage (1), les pa-
rhélies, ou faux soleils, la lumière zodiacale (2).
Il se forme encore assez souvent, et sans que ce soit à une
grande élévation dans l'atmosphère, des métépres engendrés
directement par les objets putrides de la terre, comme les
feux follets, qui ne sont que du gaz hydrogène qui se dégage
par la décomposion de matières putréfiées, et s'enflamme,
soit par l'étincelle électrique, soit par d'autres causes.
Les feux Saint-Ëlme sont de petites flammes qui se mon-
trent à l'extrémité des corps métalliques, pointus et élevés,
tels que les mâts des navires, les cordages, etc.
Les étoiles filantes ou bolides, ainsi que les aérolithes ou
pierres météoriques, doivent tomber de quelques astres en
dehors de notre globe, et s'enflamment en traversant notre
atmosphère.
(i) Tableau formé dans ratmosphére par la réflexion dVbjets sou-
vent très -éloignés.
(2) Lumière blaniche qui paraît dans le ciel en forme de globe, du
côté du couclianl, principalement entre les tropiques.
L A'^'MOSPHÈROLOGIS. ' 139
249; — Mais ces phénomènes ne sont pas tous le produit
général de la grande atmosphère dont nous parlons.
Il s'en forme accidentellement dans les régions inférieures,
par reffet de Texcédant de vapeurs produites par iine sura-
bondance d'émanations dans les localités où les populations
sont très-agglomérées, ou encore dans le voisinage des forêts.
Ces vapeurs, qui arrivent jusqu'à la hauteur des montagnes,
sont forcées par leur pesanteur d'achever leur transformation
sans dépasser la cime de ces montagnes, et là elles se con-
densent en brouillards ou en nuages, qui souvent sont forcés
de retomber en forme de neige, de grêle ou d'autres phéno-
mènes, sans avoir pu s'élever jusqu'aux masses régulières de
l'atmosphère supérieure.
Mais notre notre but n'est point de sortir des limites de la
formation de l'atmosphère ; ces phénomènes font l'objet de
la météorologie, branche des sciences naturelles, à laquelle
nous renvoyons le lecteur.
250. -^ En termiliant l'époque relative au règne de la terre,
nous devons dire que nous avons entendu indiquer seule-
ment, sous ce titre, l'action qui élabore et organise les ma-
tières dans le sein et à la surface de la terre.
Notre but était de diviser, par qrdre, autant que possible, le
travail de la création de la nature suivapt les époques ; majs
il doit être compris que nous ne sommes pas arrivas ici ^ 1^
conclusion définitive du règne de la terre, car elle n'est encore,
à la fin de cette troisième époque, qu'à la mpitié de sa
formation.
En effet, elle n'avait, à ce moment, ni la solidité, ni la
forme^ ni la matière qui devait caractériser sa nature dans
l'ordre de densité qui lui était destiné ; il lui fallait encore
traverser deux époques très-longues pour obtenir ce qui lui
manquait, et se fortifier en poids et en qualité par l'adjouc-
iion de matières qui ne pouvaient lui venir que des règnes
140 TROISIÈME ÉPOQUE.
végétal et anima). Nous pourrons apprécier, seulement à la
fin de la cinquième journée, la quantité de substance que ces
deux règnes auront fournie à la terre, pour contribuer à
sa complète formation, dans l'état où elle se trouve aujour-
d'hui.
QUATRIÈME JOUR
OU
QUATRIÈME ÉPOQUE
RÊ6NE VÉGÉTAL: LES ASTRES
Tantôt ma voix chantait les vertus minérales;
Un nœud secret les joint aux races végétales.
L*arbuste, Tarbrisseau, les herbes ^t Jes fleurs,
Des éléments divers puissants combinateurs ,
Sont le laboratoire où leur force agissante
Exerce incessamment son action puissante;
Et de tous ces agents dans la plante introduits.
Forme Téclat des fleurs et la saveur des fruits :
Admirable chimie, où l'air, la. terre et Tonde
Forment mille unions de leur guerre féconde!
Delillb ,
{Trois Règnes^ ch. vi).
LE SOLEIL
Roi du monde et du jour, guèirier aux cheveux d'or,
Quelle main, te couvrant d'une armure enflammée.
Abandonna l'espace à ton rapide essor,
Et traça dans Tazur ta route accoutumée?
Nul astre à. tes côtés ne lève un front rival ;
Les filles de la nuit à ton éclat pâlissent,
La lune devant toi fuit d'un pas inégal.
Et ses rayons douteux dans les flots s'engloutissent.
BAOUR-Lor.IflAN.
QUATftiÈME JOUR
oo
QUATRIÈME ÉPOQUE
RÉGNE VÉGÉTAL; LES ASTRES
CHAPITRE XV
Interwalle du Trotolènie au 9***^<^'^»^^ JToiir.
Sommaire. — Déplacement des eaux; rétrécissement de la planète, 251.
— Travail intérieur; progrès, 252. — Amalgame des matériaux, 253.
— Ce qui a échappé au cataclysme, 254* — Formation des houillères,
255. — Énergie productive, 256. — Le baobab d'Ânderson, 257. —
État particulier du globe, 258. — Longueur de l'intervalie; perfec-
tionnement des produits , 259. — Récit de la Bible concernant le qua-
trième jour, 260. — Place et rôle de la lune déterminés, 26f.
251. — Le. troisième jour a fini, comme les époques pré-
cédentes, par un grand cataclysme, qui a affaissé la terre
dans toutes ses parties ; l'aride ou le découvert, qui était
au sud, a disparu, Teau Payant caché en se déplaçant de
l'ouest, où va se trouver le découvert ou Taride du quatrième
jour.
Ce bouleversement du troisième jour a causé dans le vo-
lume de la planète un rétrécissement considérable, lequel,
compté avec les rétrécissements partiels qu'elle a subis dans
les siècles de la troisième époque, a réduit la circonférence
144 QUATRIÈME ÉPOQUE.
du globe ; pour la quatrième journée, à cinquante mille
lieues.
252* — Mais si le volume a diminué , la densité a aug-
menté , et la force et le progrès vont être désormais déter-
minés.
Le progrès avait déjà été notable à la troisième époque,
non-seulement dans le travail de la consolidation de la
terre, mais aussi dans la nature des minéraux et la classifi-
cation de tous les corps.
La prodigieuse quantité d'arbres, de forêts, de végétaux,
formés pendant 300 siècles, sur une circonférence de cent
mille lieues, est en dehors de tout calcul ; leur présence a
contribué à des opérations gigantesques au-dessous de la
terre ; la formation des minéraux et leur classement par suite
de Tamalgame des produits des polypes, des coquilles et
d'autres animaux, qui ont été de même, dans une proportion
énorme, engloutis par ce grand cataclysme, vont préparer un
nouvel état de formation intérieure, qui bientôt amènera le
perfectionnement de la planète.
Le progrès signifie donc ici augmentation et perfectionne-
ment dans la qualité des corps intérieurs et extérieurs : le
progrès est le but naturel et nécessaire, ou la conséquence
forcée des événements physiques.
253, — Tant que l'assemblage des molécules travaillait
isolément par lui-même, il ne pouvait produire qu une masse
molle; mais lorsque les troncs des arbres, les résidus des
végétaux et les carapaces des animaux sont venus en aide
par leur amalgamé, la composition des corps durs en a été
la suite immédiate; de là l'augmentation en densité de la paa^
tière, le feu demeurant chargé de Toeuvre du perfectionne-
ment. D'après cette loi, chaque jour le règne minéral a gagné
en dureté, et à cette quatrième journée il est beaucoup, plus
puissant qu'il ne Tétait à l'époque précédente.
INTERVALLE. 145
254. — A Taurore du* quatrième jour, nous nous trouvons
donc sur Taride de la terre découverte du seul côté silué à
Touest; rien sur sa surface que quelques tiges végétales for-
tuitement épargnées de distance en distance, et quelques frag^
menls de matières animales ou des dépôts d'œufs échappés à
la fureur des eaux qui sont parties pour remplir les gouffres
et les bas-fonds, en parcourant toute la circonférence du
globe.
Dans la rapidité de leur déplacement improvisé, la fureur
du parcours des eaux a été d'aulant plus impétueuse, qu'elle
était provoquée par Téclat subit du cataclysme.
255. — La masse des richesses végétales et animales qui
ont été englouties à ce moment est incalculable : des forêts
immenses vont être consumées pour le service du règne mi-
néral; mais leur quantité surabondante dépassant les besoins
de ce règne, une grande partie de ces forêts se refroidiront
sans être consumées j puis elles se consolideront isolément et
formeront des houillères, dont les couches compactes serviront
ultérieurement de combustible à Tusage des générations
d'êtres intelligents que la terre est destinée à produire dans
les âges successifs.
256. — La nature va recommencer à peupler sa surface
aride et sa surface sous -marine, et cette fois elle le fera avec
plus de luxe et de perfection dans les espèces ; c'est la marche
du progrès*
La végétation va devenir luxuriante, car la terre est rem-
plie et engraissée par les myriades de cadavres ensevelis, et
provenant des règnes végétal et auimal.
Les nouvelles forêts vont donner, comme aux jours précé-
dents, des arbres gigantesques ; l'herbe de ces époques n'avait
pas moins de cinq à six pieds ou deux mètres de hauteur; les
simples fougères étaient plus grandes que les arbres de nos
jours; la cime des arbres s élevait à plus de mille mètres.
10
14G QUATRIÈME ÉPOQUE.
257. ^— Lfi célèbre bolanisle Andersen, dans ses voyages,
ayant rencontré le baobab, qu'il nomma le géant du Sénégal,
prétendit reconnaître, par le nombre des couches concen-
triques, que ce géant des végétaux était contemporain de la
création; mais il faisait allusion à la création de Thomme
de la Bible ou de la sixième journée; s'il avait pu voir les
arbres de la troisième et quatrième journée, il aurait trouvé
que le géant baobab n'était qu'un nain en comparaison de
leurs énormes dimensions.
258. — Dans ces révolutions du globe, la matière, neuve
encore, déployait immédiatement et régulièrement toute son
('mergie ; sur la surface de la terre et au fond des eaux , le règne
végétal et animal se reproduisait rapidement.
Dans rintérieur de la terre, le travail du feu augmentait
d'activité en raison des matières fraîches qui lui étaient ar-
rivées.
Les eaux dominaient partout : elles s'écoularent librement
lorsqu'elles trouvaient un passage possible; elles le forçaieïit
quand elles rencontraient des barrières, leur masse étant une
force irrésistible et leurs courants impétueux renversant tous
les obstacles.
Les montagnes, à cette époque, étaient à peine marquées ;
il n'y avait encore que des aspérités de peu d'élévation, les
soulèvement^ n'étant pas concentrés ; la dilatation des bour-
soufflures de la terre prévenait toute élévation importante;
mais, par contre, il s'y formait beaucoup plus de cavernes
et de cavités de dimensions prodigieuses.
259. — L'intervalle de la 3™« à la 4'^© époque, ou le temps
de repos qui s'est écoulé entre le grand cataclysme qui a fini
la troisième journée et le petit cataclysme qui commence la
quatrième, a été plus long qu'aux jours précédents, à cause
de la quantité plus dure de matières fraîches entrées dans
l'intérieur de la terre. Celte époque devient remarquable pour
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INTERVALLE. H?
la géologie , car tous les métaux ayant à repasser encore à la
fusion et au creuset du feu , avec les alliages nouveaux , il
s'ensuivra la perfection et la croissante compacité de certains
d'entre eux, qui deviendront, par Tancienneté de leur forma-
tion , les plus durs et les plus reconnaissables dans les âges
des recherches.
260. — D'après la Bible, Genèse, chap. i » v. 14, 15, 16,
17, 18, 19, Dieu ordonne que le quatrième jour mette en
évidence les astres du firmament ; que deux grands corps lu-
mineux , le soleil et la lune , puissent luire sur la terre
pour présider au jour et à la nuit , et pour séparer la lumière
d'avec les ténèbres.
261. — Ainsi, d*après la tradition des livres saints et les
récits de Moïse, c'est le quatrième jour que notre satellite, la
lune, a été formellement achevé et définitivement concentré
en lui-même, formant un corps qui a reçu sa mission et sa
place, et dont la destinée a été fixée pour toute la durée de
notre globe.
Le cercle de la lune ne couvre plus d'un voile de molécules,
ni d'une ombre, la surface de la terre; les ténèbres qu'il
produisait ont disparu; il n'empêche plus la présence du so-
leil d'agir directement et régulièrement sur notre globe. {Vàir
la gravure qui 'indique la lune sur son orbite autour de la
terre.)
lifj ' QUATRIÈME ÉPOQUE.
CHAPITRE XVI.
Sommaire. — Quatrième joar de la Bible , 262. — Le règne végétal dans
toutes les planètes, 263. — Le règne animal dans les mômes pla-
nètes, 264. — Qualité^ et dimensions des plantes au troisième jour ;
si elles ont gagné ou perdu par la présence du soleil, 265. — Décrois-
sance du règne anima), 266« — Le progrès dans tes altérations du
règne végéta) , 267. — ' Disparition simultanée des plantes gigantesques
et des animaux géants , 268. — Causes de la décroissance du règne
végéta] , 269. — La nature ne fait pas de mystères dans ses œuvres ;
émanations pernicieuses des plantes, 270. — Effets de l'électricité sur
les plantes» 271. — Identification du règne végétal dans la masse du
globe, 272. — Affinité de ce règne avec l'atmosphère, 273. — Carac-
tères principaux des plantes actuelles, 274- — Considération au sujet
des dépôts houillers, 275.
262. — Voici le jour que la Bible reconnaît pour celui où la
lumière a été créée sans limites en faveur de la terre. Notre
globe, sous ce rapport, a été un des mondes privilégiés par le
créateur; car nous vofons que Saturne et beaucoup d'autres
mondes, qui nagent dans le firmament, sont restés soumis
à la servitude de leurs satellites, et ils demeureront peut-être
pour réternité ainsi enveloppés par un cercle qui ne peut plus
se séparer de la planète.
263. — Le règne végétal existait sur notre globe dès le troi-
sième jour, d'après le témoignage de la Bible, et comme nous
l'avons vu, du reste, quoique la terre ne jouît pas encore de
la vue du soleil , attendu le développement considérable du
cercle de la lune, qui arrêtait les rayons de cet astre ; or, si
ce règne existait pour nous en pleine vigueur, bien que le
soleil ne nous fit pas sentir les bienfaits de sa présence,
ce même règne végétal peut donc exister également dans
DU RÈGNE VÉGÉTAL. 149
Saturne et dans les autres planètes, quoiqu'elles se trouvent
sous l'enveloppe d'un cercle de satellites, dans les mêmes
conditions où se trouvait la terre à son troisième jour.
•264. — Le règne végétal, l'herbe avant tout, est la cause
naturelle de la présence de Tanimal qui s'en nourrit; donc,
en supposant les conditions de nourriture qu'avait Tanimal
au moyen de l'herbe que pouvait offrir le globe au troisième
jour, il peut exister aussi des animaux dans Saturne et les
autres planètes non encore dotées de la lumière brillante du
soleil. Il y a plus : l'herbe et Tanimal existent immanquable-
ment aussi dans le soleil, puisque le soleil renferme en lui-
même un corps opaque, isolé de Penveloppe qui brille à sa
surface.
265. — L'herbe et les plantes, en général, qui existaient
au troisième jour, avaient naturellement une différence quel-
conque de forme, d'épaisseur et de couleur, comparativement
à ce qu'elles ont été à partir du quatrième jour; elles ne pou-
vaient prospérer qu'à l'aide des sucs qui leur étaient fournis
par leurs racines et par la chaleur de la terre; il leur man-
quait le bienfait de la lumière du soleil, ainsi que la rosée que
ses rayons échauffent sur les feuilles et sur les branches, et
qui , de nos jours , fournit une seconde nourriture aux
plantes.
Cette privation du soleil a-t-elle été un bien ou an mal
pour le règne végétal ?
Comme Te soleil est utile aux plantes lorsqu'il agit concur-
remment avec l'humidité, mais qu'il dessèche les feuilles jus-
qu'à extinction quand il les frappe de sa chaleur isolée, il
semblerait que le règne végétal n'a rien gagné, pour lui-même,
à la présence du soleil, puisque les arbres, les plantes et
l'herbe étaient, pendant toute la durée de la troisième journée,
comme nous l'avons déjà reconnu, énormément plus grands
et gros qu'ils ne l'ont été par la suite, et qu'enfin tous les vé-
tSO QUATRIÈME ÉPOQUE.
gétaux o»t éprouvé une décroissance sensible à chaqve renou-
vellement d'époque*
266. — Tout étant relatif, les animaux qui se nourissaienl
de ces végétaux ne trouvèrent plus un aliment convenable à
leur coQsiilution dans les herbes nouvelles;, dont la substance
et le goût étaient altérés pour eux : la différence de cette
nourriture causa nécessairement une différence dans la qualité
des animaux et dans leur taille ; ainsi les êtres durent décroître
h chaque époque, et la décroissance dans la taille des individus
du règne animal fut en proportion de la taille des arbres et
(tes herbes,, c'est-à-dire en raison de la décroissance du r^oe
végétal.
267. — On doit donc remarquer, dans le règne végétal
primitif, cette particularité extraordinaire, quil a commencé
par ^ire gigantesque, colossal, à son enfance, et qu'en avan-
çant en âge avec le& époques, il a été en se rapetissant pour
devenir nain à son âge robuste.
Les phases de ces altérations et leurs causes nous dévoilent
un secret de la nature, secret important qui nous montre com-
biea la Providence a soin d'imprimer la loi du progrès dans
toutes les élaborations de la matière.
La transformation des végétaux, dans leur déclinaison pro-
gressive, était un bienfait que la nature préparait en faveur
des êtres plus nobles du règne animal qui devaient venir sur
la terre aux époques suivantes.
Les végétaux, à Fombre ou dans les ténèbres de la nuit,
émettent des miasmes mortels, tandis qu*au contact du soleil
ils exhalent le parfum et la fraîcheur. Par conséquent,, lorsque
Tastre du soleil n'était pas encore apparent sur la terre. Té-
manalion des plantes était pernicieuse, leurs miasmes tom-
baient épaissis sur le sol, formant un engrais abondant pour
faire pousser les troncs et les tiges d'une végétation colossale,
mais a la condition d'empoisonner l'air; cet air n'était alors
DU RÈGNE VÉGÉTAL. 151
respirable que pour les monstres géants, qui seuls pouvaient
vivre dans un pareil élément et se nourrir de cette qualité
d'herbe.
268. — En effet, avec la disparition des végétaux gigan-
tesques, ont dû disparaître les animaux géants, ces grands
sauriens, ces immenses amphibies; ces monstrueux crapauds
dont les formes hideuses ne pouvaient provenir que d'un
climat pestilentiel, et qui ont soulagé la terre de leur horrible
présence, pour faire place à d'autres êtres de physionomie
plus agréable, et en rapport avec la nouvelle face que présen-
tait lé sol à la quatrième époque.
269. — Le règne végétal, au deuxième et au Iroisième
jour, avait donc empoisonné Tair, qui restait dans une at-
mosphère comprimée; cet air alors ne pouvait être composé
que d'azote et de carbone; l'oxygène s'est développé après
que le ciel a été entièrement découvert, et que la lumière du
soleil a contribué au changement bienfaisant de la surface de
la terre, ainsi que la Bible nous l'enseigne.
C'est donc au contact de Tair par le soleil, et à celui des
plantes par sa lumièiçe, que le règne végétal doit la dimi-
nution de la taille de ses êtres, en même temps que le per-
fectionnement de leurs qualités.
Les végétaux primitifs de taille colossale ne pouvaient être
que mous et peu consistants ; le soleil vint fortifier les ra-
cines, resserrer les fibres des arbres et les consolider; c'était
le progrès, et Télaboiatibn d'une nourriture plus puissante
pour des animaux moins gigantesques, il est vrai, mais des-
tinés à être plus forts, et d'une forme plus perfectionnée.
270. — La nature est si loin de faire mystère de ses œuvres,
qu'elle en écrit les détails partout ; il suffit de suivre les
anneaux de la grande chaîne, pour se rendre compte de cha-
que événement qui s'est opéré depuis le premier jour de la
formation jusqu'à nos jours.
152 QUATRIÈME ÉPOQUE.
Pour preuve de ce que nous venons de dire, s'il ne suf-
fisait pas de la disparition des êtres géants, dont les formes
hideuses nous ont été transmises par les poètes de Tantiquité,
par les idoles des païens, et que nous retrouvons en partie
dans les espèces infiniment petites des crapauds ou des lé-
zards de nos marais actuels, le règne végétal lui-même
nous Tattesterait; car si la lumière du soleil a modifié ses
qualités, elle ne lui a pas enlevé le principe de sa constitution
primitive; les pinntes nous Tindiquent, puisque pendant la
nuit ou dans Tobscurité, elles donneni des exhalaisons mé-
phitiques, tandis qu au jour et en pleine lumière du soleil,
les mêmes plantes exhalent un agréable parfum.
Pour s'en convaincre, on peut faire Texpérience suivante:
qu'on tienne dans une chambre fermée et obscure des plantes
ou des végétaux de quelque espèce que ce soit, au bout de
trois à quatre heures, on y reconnaîtra des émanations per-
nicieuses.
Si un homme veut dormir dans une chambre remplie de
végétaux, ou même des fleurs les plus brillantes, en peu de
temps sa santé s'altérera, ses poumons se vicieront, et il
succombera à une mort prématurée.
271. — Cependant, le règne végétal n'est pas seulement
approprié à la nourriture du règne animal ; fils de la terre, il
est aussi chargé d'entretenir la correspondance entre l'exté-
rieur et l'intérieur de sa mère; c'est pour Therbe et les plan-
tes que rhumus vient se filtrer et imbibe d'une fraîcheur
humide et fécondante la piemière couche du sol terrestre ;
c'est par les arbres que s'établissent les relations électriques
entre les régions atmosphériques et la surface du globe de nos
jours.
Il y a dans les végétaux, comme dans les minéraux et dans
les animaux, une chaîne d'affinité dont les anneaux condui-
sent insensiblement à la liaison de tous les êtres; l'électricité
qui existe dans tous ces anneaux produit des phénomènes
DU RÈGNE VÉGÉTAL. 153
particuliers qui coimnandent notre admiration Que dire, en
effet, de ces plantes sensitives qui semblent annoncer qu'elles
aussi ont des sensations, et qui , faute de pouvoir se transpor-
ter, nous indiquent cependant par des signes visibles leur
caractère sensible, preuve que leurs fibres plus délicates
obéissent ostensiblement à l'impulsion de Télectricité ? Parmi
ces plantes, il y a le tournesol, qui incline toujours sa corolle
vers la face du soleil; il y en a d'autres, dans la classe des
héliotropes, qui suivent tellement Tastre du jour, que le ma-
tin elles se tournent vers l'orient, à midi vers le sud et le soir
vers l'occident; d'autres se ferment, à des heures déterminées
du jour et de la nuit ; d'autres plantes s'ouvrent pendant le
jour tandis que la nuit elles se plient et se ferment ; et cette
plante apportée du Coromandel par Forster, compagnon de
voyage de Cook, dont les feuilles et les rameaux même, par
l'effet d'une force interne, s'abaissent, s'élèvent, se retour-
nent de tous côtés pendant le jour et dorment pendant la
nuit! C'est le fluide électrique qui agit, et la nature sensible de
ces êtres nous le manifeste.
272. — Le règne végétal ayant eu part directement à la
consoUdation de la terre et à la formation des naétaux par
l'immense quantité de matières qu'il y a fournies, se trouve
identifié au corps général du globe et jusqu'à son centre
parles effets de son intervention; c'est-à-dire, qu'indépen-
damment de sa masse solide et de son carbone de plantes
primitives, il y a l'essence de son suc gazeux qui res-
tera perpétuellement mélangé aux atomes des métaux so-
lides, comme aux atomes élastiques de l'atmosphère qui
font partie intégrante du globe tout autour de la surface
de la terre.
273. — Cet amalgame permanent d'atomes tient la cor-
respondance intime entre le centre du globe et les régions de
l'atmosphère ; c'est cette liaison , cette affinité invariable qui,
154 QUATRIÈME ÉPOQUE.'
à son point culminant extérieur, Hxe les bornes de l'atmos-
phère jusqu'à son épiderme (n° 240).
C'est encore celte liaison directe qui transmet les fluides
électriques qui parlent du sol et s élèvent dans les hautes ré-
gions de l'air en présentant les mêmes signes caractéristiques
que ceux qui parlent de ratmosphère dans la direction de la
terre.
Le règne végétal , toujours actif, engendre constamment de
nouveaux fluides qui coopèrent aux phénomènes toutes les fois
qu'ils se rencontrent avec ceux qui sortent de la terre, ou ceux
qui sont destinés à y entrer.
Le règne végétal , comme le règne animal,,' fournissant sans
cesse des matières à l'intérieur de la terre, alimente perpé-
tuellement l'action des fluides électriques; et la cime des ar-
bres, ou les pointes des branches ou même des herbes en sont
généralement les conducteurs.
274. • — Nous ne parlerons pas du règne végétal de notre
sixième journée , c'est-à-dire de celui de nos jours, ni de la
qualité des plantes actuelles ; nous renvoyons aux ouvrages
de botanique, nous bornant à dire ici que le principe de leur
existence a toujours été le même ; que si elles ont changé de
taille et même de qualité , elles ont pourtant toujours conservé
leur forme et leur propriété essentielle; que leur apparente
destination actuelle est de produire des fruits pour la nourri-
ture du règne animal , et des fluides pour les travaux de l'air ;
que toutes les plantes, lorsqu'elles sont sèches, perdent l'ap-
titude à la commotion électrique , mais que si on leur rend de
rhumidité en les plongeant pendant quelque temps dans une
eau stagnante ou en les exposant à la vapeur aqueuse, alors
elles reprendront leur faculté primitive.
Aussi, toutes les plantes, à leur état naturel, sont d'excel-
lents conducteurs d'électricité. On peut de là inférer la prodi-
gieuse influence que le règne végétal a eue sur la terre à la
DU REGNE VÉGÉTAL. 155
troisième journée, où le globe était d'une étendue dix fois plus
grande qu'il ne Test aujourd'hui.
275. — Avant de quitter le règne végétal pour examiner
les astres, qui sont venus à cette quatrième journée améliorer
sa nature, jetons un regard rétrospectif sur ce grand règne de
la troisième journée. En considérant l'imposante quantité de
forêts colossales qui, à un moment donné, ont été englouties
dans les entrailles de la terre, et en voyant de nos jours ces
immenses dépôts de charbon , de roches , de lignites et de
tourbes qui abondent presque sous toute la croûte de la terre,
à tel point que les seules mines de Newcastle, en Angleterre,
qui en fournissent chaque année des chargements par millions
détonnes, pourront en fournir ainsi pendant deux mille ans
encore avant de s'épuiser, ne serait-on pas tenté de croire que
la nature a voulu préparer d'avance le combustible que la race
humaine serait appelée à consommer?
Ne pourrait-on même pas supposer que la nature prévoyait
qu'au bout d'un millier de siècles l'homme inventerait des
machines à vapeur qui utiliseraient ces houilles qu'elle allait
lui préparer, et sans lesquelles il eût été bien embarrassé pour
activer Ja jofiarche de ses bateaux-à vapeur et des locomotives
de ses chemins de fer ?
Mais qui sait combien d'autres matériaux la terre conserve
encore à la disposition de l'homme? Et indépendamment de
la terre^ n'avons-nous pas l'air et l'eau, qui offrent à notre
industrie des champs encore inexploités? La nature a tant
fait, tant préparé pour les siècles à venir ! Le génie de l'homme
06 manquera pas, sans doute, de pénétrer tous les secrets
qu'elle offre généreusement à ses recherches et à ses exploi-
tations.
156 QUATRIÈME ÉPOQUE.
CHAPITRE XVII
lie ISolell suivant les opinions s^nérales.
Sommaire. — Remplacements successifs des végétaux, 276. — Questions
à résoudre au sujet du soleil, 277. — Opinions des philosophes et des
savants , 278. — Opinions concernant les taches du soleil , 279. —
Opinions sur Tenveloppe lumineuse, 280. — Alimentation^ du soleil,
suivant Newton; erreur évidente, 281. — Nécessité d'alimentation du
soleil, 282. — Silence des savants; ordre à suivre dans la solution
de ces problèmes, 283. — Origine et formation du soleil, 286. —
Son alimentation réelle , 285. — Sources et proportions des molé-
cules , 286. — Échange d'émanations entre le soleil et les planètes ,
287. —Purification des fluides dans le soleil, 288. — Comètes, 280.
— Opinions sur la formation de la chaleur el de la lumière; théorie
des ondulations, 290. — Constitution du soleil suivant Herschell, 291.
— Habitants du soleil, 292. — Explication des modernes, 293.
276. — La quatrième journée, par conséquent, se borne à
présenter à notre imagination l'antique magnificence de ses
arbres gigantesques et de ses plantes qui poussaient, orgueil-
leuses, sous la puissante influence des lumières célestes. Leur
venue sur la terre concordait avec celle des myriades d'ani-
maux auxquels elles ont servi de pâture; puis elles ont fini
par rentrer dans la terre et disparaître pour faire place à de
nouveaux rejetons qui, à leur tour, ont été remplacés, dans
les siècles successifs, par des espèces de plus en plus dimi-
nuées de taille, en proportion du rétrécissement du globe,
mais allant toujours en se perfectionnant, car le renouvelle-
ment des choses, en vue de la perfection, est la loi du progrès.
277. — Ce qui doit encore nous occuper dans cette qua-
trième journée, c'est l'examen des astres annoncés par la
Bible. Nous avons pris l'engagement (n** 35) de revenir sur
le soleil; nous avons promis aussi quelques explications tou-
DU SOLEIL. 157
chant Saturne, pris comme terme de comparaison avec notre
planète. Venons d'abord au soleil.
Cet astre aujourd'hui, dans notre sixième époque, fonc-
tionne précisément comme il fonctionnait au quatrième jour
de la Bible, bien que l'espace de temps que nous avons admis
dans cet exposé soit au minimum de huit cents siècles, de-
puis ce quatrième jour jusqu'au moment où nous écrivons.
Ce soleil, dont le rayon est 112 fois celui de la lerre, et le
volume 1,404,928 fois celui de notre globe; ce soleil, tou-
jours le même, toujours prêt à nous transmettre généreuse-
ment sa lumière, de quoi se compose-t-il et quelle est la ma-
tière qu'il emploie pour former cette grande chaleur qu'il
rayonne et sans laquelle nous ne pourrions pas exister sur la
terre? Qui lui en fournit l'aliment?
278. — Dès la plus haute antiquité, tous les philosophes
s'accordaient à dire que le soleil était un feu continuel.
Anaximandre le proclamait un feu pur; ânâxagore le con-
sidérait comme une pierre enflammée ou même un fer chaud ;
celui-ci ne s'inquiétait pas de savoir si une pierre ou un fer
chaud pouvait naturellement se refroidir ; et le premier, pas
plus que tous les autres philosophes de son opinion, ne cher-
chait point à connaître la nature du combustible nécessaire
pour alimenter ce grand feu.
Ânaxagore, cependant, soutenait que le soleil était plus
grand qu'il ne paraissait Têtre ; il publia même qu'il était
plus grand que le Péloponèse. Toute la population d'Athènes
se récria contre une telle impiété, et, pour le punir de son
audace, on le jeta en prison, on lui fit un procès, et il fut
condamné à mort. Ce fut à grand' peine que Périclès obtint
pour lui la commutation de la peine de mort en celle de Texil.
Plutabque attribue à Épicure l'opinion que le soleil était
une masse terrestre, percée à jour comme une énorme pierre
ponce, et dans un état incandescent ; de ses trous sortaient
les rayons qui nous arrivent sur la terre.
158 QUATRIÈME ÉPOQUE.
Archélaus disait que le soleil était une étoile surpassant en
grandeur toutes les autres.
ZENON, le chef des stoïciens, enseignait que le soleil était
un feu pur plus grand que la terre.
Newton affirme que le soleil est une masse, et que les co-
mètes approchent quelquefois si près du soleil, qu'elles se
trouvent embrasées d'une chaleur deux mille fois plus grande
que celle d'un fer prêt à fondre, et qu'il leur faut cinquante
mille ans pour seYefroidir.
Sir John Herschell écrivait en 1828 « que la chaleur pro-
« duite par les rayons du soleil sur notre globe, qui en est
« éloigné de trente-quatre millions de lieues, est cependant
c( si considérable que Ton doit croire que la surface de cet
c( astre est dans un degré d'incandescence qui passe toute
« imngination. » (Philosophical Transactions,)
279. — Les observations des modernes ont découvert des
taches dans le soleil; ces taches se montrent et disparaissent ;
quelquefois elles sont très-grandes, aussi grandes que cinq,
dix, quinze, et même vingt fois notre globe. Sgheiner les
considérait comme des volcans en pleine activilé.
Hevelius voulait que le soleil fût entouré d'un océan de
feu, ayant ses mouvements tumultueux, ses abîmes et ses.
brisants, et avec une atmosphère sujette à des générations et
à des corruptions analogues à celles que produit l'atmosphère
terrestre.
KiRKER compose le soleil de la matière la plus dense qui
soit au monde ; sa masse forme un globe immense de métal
embrasé qui darde en ligne droite, de toutes parts de sa sur-
face, des feux aigus, pénétrants, dévorants, et qui s'alimentent
de la matière même de l'astre.
Derham dit que les taches solaires sont l'effet d'éruptions
volcaniques, et qu'elles sont formées par la fumée et les sco-
ries que vomissent les cratères.
DU SOLEIL. 159
Maupertuis prétend que les taches sont des corps qui nagent
dans un fluide incandescent.
Alexandre Wilson, 1774, établit que les taches ne sont
autre chose que des excavations, au fond desquelles se trouve
le noyau de Tastre.
280. — Lalande avance que le soleil est entouré d'une
matière lumineuse, éprouvant un flux et un reflux. Par suite
de cette marée, il se présente de temps en temps d'énormes
rochers à la surface de cet océan de lumière ; ces rochers
prennent ainsi l'aspect de taches noires, tandis que leurs
pentes forment les pénombres dans les endroits où la ma-
tière lumineuse ofi're le moins de profondeur.
BoDE de Berlin, en 1776, trouva que le soleil était un* corps
obscur comme la terre, mais recouvert d'une seconde atmos-
phère kl mineuse.
ëlliot, en 1787, croyait que la lumière du soleil prove-
nait de ce qu'il appelait une aurore dense et universelle,
William Herscheix, en 1795, avait adopté Tidée d'EUrot,
en déclarant que la matière qui donne au soleil son éclat
n est ni un liquide, ni un fluide élastique, mais bien une
couche de nuages phosphoriques, flottant dans l'atmosphère
transparente de l'astre.
281. -^ Les anciens n'ont jamais indiqué, ainsi qu'on
vient de le voir, comment pouvait s'alimenter cet immense
corps du soleil toujours en feu, selon eux.
Il n'y a que Newton qui nous ait dit qu£ les comètes
sont la matière destinée à réparer Us pertes du soleil ,
attendu que le soleil et les étoiles s'épuisent par des émis-
sions continuelles de lumières et de 'vapeurs. ( Principes ,
livre III, prop. 42.)
Chetne, son disciple, prétend même que la lumière et la
chaleur du soleil avaient été pins fortes autrefois que de nos
160 QUATRIËMË ÉPOQUE.
jours, parce que, disait-il, le soleil se dissipe, et la matière
dont il est œmposé s' épuise.
Un savant plus moderne, M. Waterston (Hull, 1853), sou-
tient qu'il tombe, des espaces extra-planétaires, sur notre
soleil un assez grand nombre de météores, pour engendrer la
somme énorme de chaleur actuellement émise.
Mais ni Tun ni l'autre ne font nucun calcul pour établir la
quantité probable de combustible, soit en comètes, soit en
autres corps, qui serait nécessaire pour alimenter le feu de
cet astre immense.
Le fait est que le soleil, ayant un rayon 112 fois aussi grand
que celui de la terre, et un volume égalant 1,404,928 fois
celui du globe, et répandant le feu et la lumière tout autour
de lui, devrait, selon. Newton, consommer par jour, en raison
de sa grandeur, au moins la masse d'un globe du volume du
nôtre, soit en comètes, soit en planètes, et de cette manière,
depuis le quatrième jour de sa formation ou de son apparition»
selon la Bible, jusqu'aujourd'hui, c'^st-à-dire en huit cents
siècles, il aurait consommé pour sa part la valeur de 2,920,000
planètes, ou comètes du volume de notre globe, indispensa-
bles à Tentrelien de son combustible.
Mais comme nous ne voyons point qu'une si énorme quan-
tité de planètes ou de comètes ail jamais disparu de notre
système solaire, il est très-probable que le soleil n'a pas eu
besoin de ce genre d'aliment, ni d'une pareille quantité de
combustible.
282. — Les auteurs plus modernes ne nous disent pas non
plus quel est l'aliment nécessaire au soleil pour produire son
phosphore; car, en acceptant avec Elliot et Herschell l'hypo-
thèse d'une atmosphère de première, seconde et troisième
couche autour du soleil, il est dans l'ordre naturel d'entrete-
nir et de réparer ce qui se consomme pour produire la cha-
DU SOLEIL. 161
leur et la; lumière. On ne peut pas supposer que la matière
phosphorique reste perpétuellement fa même, ni qu'elle serve
toujours dans les mêmes conditions sans altération; une telle
idée serait contraire aux lois de la nature, qui ne permet pas
que les choses restent intactes et immobiles : tout change, se
détruiLet se reconstruit de nouveau pour tous les corps dans
le ciel et sur la terre; par conséquent, le principe atmosphé-
rique de la phosphorescence ou toute autre source des effets
du soleil doivent s'alimenter périodiquement d'une façon quel-
conque, afin qu'il puisse. fournir la chaleur et la lumière à
tous les corps compris dans l'étendue de sa constellation.
L£S PROBLÈMES.
283. — Ne trouvant ni dans les auteurs anciens, ni dans
les modernes, la solution de ces questions, à savoir : de quoi se
compose le corps du soleil et quelle est la source de son ali-
mentation, nous allons essayer d'y répondre nous-méme.
D'abord le soleil est incontestablement un si grand; corps,
qu'il pourrait engloutir un million et demi de planètes grandes
comme le globe que nous habitons.
Il devient nécessaire pour nous de savoir, avant tout, de
quoi est composé ce corps immense; nous verrons ensuite
quel est l'aliment qui lui est nécessaire pour transmettre per-
pétuellement sa chaleur et sa lumière, et enfin qui lui four-
nit cet aliment et en quelle proportion il lui arrive.
284- — Le premier problème concernant la nature et la
composition. du soleil est déjà résolu par notre système uni-
versel: le corps du soleil ne peut pas avoir une origine diffé-
rente des autres corps célestes. Il a donc été formé des éma-
nations superflues provenant des astres qui existaient avant
lui, c'est-à-dire qu'il s'est forméjpréc^isément.comme s'est
formée notre planète ; seulement, les molécules qui ont servi
à composer le soleil ont été d'une nature un peu différente, et
11
162 QUATRIÈME ÉPOQUE.
sufltml possédant beaucoup plàs d'atÔnlés piids^fiëHqiiéë, ma-
gnétiques et électriques que ti'ên ont possédé }eë îttolëciiles
servant pour la formation de n<^tf é globe.
Cette différence dans là niaturé dès inoléisulés pt'ittiitîveâ du
soleil venait de la différence des àstrèà antérièiilW ^tiil les àhi
émslnées; ceâ molécules ayant leur principe s^éîéîal avaient
en outre plus de légèreté^ puisque le corps du sôféil^'est ^t-^
rêté daiis sa formation à une ëpoque où il n'avait ertcoi^è at-
teint que le quart de la densité ott de Topacité que pi^ésente
aujourd'hui notre terre (1 ) .
Ensuite lé corps du soleil h dû être dans sêi Mtistellalidn
le premier qui s'est formé sous la loi d'un astre antérieur qui
protégea sa gravitation dans un espace vide de 66 milliards
de lieues, espace où il domina après sa formation, et d'où
sîirgiréht d'autres éoi^ps de planètes sûr lesquels il devait ré-
pàhdré là luïrtlère et h chaleur. Étant le premier qui se for-
inait danè cet Itnmènse tourbillotî, il à absorbé tous les atomes
homcigènes à ik îiàlutè lariiineuse qui se trouvaient errants
dSiùi ritilthèâsé cercle dé ce vide qUé iiôus appelons son systëme
Sôiaiirè bli U bôtistèllàtiôh. Placé au centre, il en est lé ï^oi^ et
tous les autres globes présente et futurs lui sont subordonnés.
285. — Le second problème est relatif à l'alimentation du
soleil. Nous disons qu'il doit recevoir nécessairement et cons-
tamment les substances qui l'alimentent; mais il est impos-
sible d'admettre que pour se procurer cet aliment il absorbe
ni des mondes, ni des corps solides d'aucune espèce. D'abord
là seule cbiinâissaUicè dé son immense circonférence en exclut
la possibilité , éar un globe dé là grandeur du nôtre ne serait
qu'un petit point qui couvrirait un coin inà perceptible du so-
leil et i^roduîràit juste l'effet d'un petit Caillou sur la façade
ffun pklais. !)ansde tfeilèS dliUfeâfeions proportionnelles, Tali-
m^titm gérait pàfe gêftmi, èl èï l'aliment tf était pas généW,
(i) Vwir noire tableau 11" 36.
nu SOLEIL. 163
la chaleur ne pourrait pas être ëmme de lous lès pbiiifô de ta
circonférence; ensuite un corps solide, cotiime le sèrËiit nôtre
g^obe.» ne pourrait pas être instantahëment <;onverti ete ëtitt^
cdies^ quelles que soient la violence et la force du feu Sb1ai^e.
Les comètes étant composées d'un fluide jgaiieùx poumaitent,
avec plus de vraisemblance» devenir un aliiâeui pour le soleil,
attendu que leurs queues pourraient, à la rigueur, s*a)^-«>
quer t<Nit autour du «oleil à iHnstant de r^tttactkMt. Ndû$
serions donc de l'avis de Newtdu en oè qui regliHe i^ to-
inèies, s'il n'y avait pas un moyen beautou^ plus simple et
beaucoup plus rationnel d'alimenter le soleil suivant Aotirè
système d'échange des molécules.
Oui, la substance qui alimente le soleil n'est pas uutre
chose que les molécules qui lui sont fournies réguliteemeat^
comme un tribut, par les émanations des planètes et de tons
les corps de sa constellation; il les attire et les reçoit en
échange de ses propres émissions.
2(64 ^ he troisième proMètne à féso^dre» après àvoi^ dé^
(MLvert l'aliment du soleil, c'est de tnouv^r dèns quelle ptib^
f^rimï œt aliment lui esl fourni, et qut tai en fôutnit iè plm^
KottS «votes déjà dit que tous les corpt^-, et snirt&ut les p\k^
nètes faisant cortège au soleil , fournissent par lètirâ énian^^
tiens les atomes qui vont alimenter le feu solaire; la propor-
tion est relative à la masse (1), mais la quantité est grande^
énonne> et elle augmente toujours à mesure que se forme un
nouveau corps.
La part d'aliment que donne notre globe en son particulier
(^) Notre globe est un grain de sable en comparaison de Tunivers,
tX ibfi pèn de bbosè aussi eh face du soleil. M. Francœur, dans son
-BVêÈtkefiHÈphiê^ dit que notre terre, placée àù milièU du Soleil, nëigu-
nmi qm «aMÉbl ali petit liô^iM au Jûilieu d'uâ IrliH t Tdii^ile entière
dft 1» lttne> élaignée de 95,600 lieuel dîB h tèrr^ Éé troutoràil enfei^
mée dans Tintérieur même du corps solaire , à n^itié chemin, à peu
près, du centre à la surface.
164 QUATRIÈME ÉPOQUE.
est aussi très-considérable; les émanalions de la terre que
nous avons vues se purifier dans son atmosphère, et dont la
quantité nous, sera démontrée dans le règne suivant, peuvent
nous en donner une idée; car de F atmosphère nous ne voyons
retomber sur la terre que les parties aqueuses composées
d'une substance unique, tandis que les émanations compre-
naient des million^ de substances différentes; donc, la sépa-
ration qui s'est opérée dans Tair, après un travail de division
à. nous inconnu, a fait passer la plupart de ces substances
dans une région supérieure, notre atmosphère n'ayant servi
véritablement que d'instrument de criblage et de rouie de
transit,
287. — Rien de plus juste et de plus rationnel que cette
alimentation du soleil par les planètes , et en général par les
corps de sa constellation, auxquels il donne la chaleur, la
lumière et la vie.
La nature a montré, avec une clarté trop évidente, ces lois
de réciprocité, d'échange, de production et reproduction, de
cicéatipn, destruction et renouvellement, pour qu'il nous soit
permis de douter que les, émanations dé notre globe aient une
autre destinçition que celle qu'indiquent l'ordre et les besoins
de l'astre dominateur.
Il réclame donc pour lui, directement, les émanations des
planètes, après qu'elles ont passé au criblage de leurs atmo^
sphères, où elles laissent celles des parties grossières qui doi-
vent retomber, sur chaque globe respectif.
288. — Le soleil reçoit donc abondamment de ces émana-
tions, et il lui en arrive de tous les côtés, car il est au centre de
sa constellation. Il ne consomme rien pourtant, il rend tout
ce. qu'il reçoit, mais il le rend purifié, apte aux usages nour
veaux ; réchange qui s'opère est un profit pour tous.
Dans l'atmosphère du soleil, qui est immense, il y a un la.
boratoire que nous pouvons apprécier seulement par notre
* . DU SOLEIL. 165
imagination. Nous en profitons, et voilà notre investigation
terminée; nous jouissons des bienfaits de ses rayons, de sa.
chaleur et de sa lumière, et nous deyx)ns nous borner à-adaii-
rer et reconnaître qu'il n'y a qu'-un Dieu qui puisse faire un
travail si magnifique.
289. — Nous pouvons cependant apercevoir,' par les phé-
nomènes qui se passent autour de nous, que le soleil ne suffit
pas pour purifier dans son atmosphère la totalité des molé-
cules errantes dans Tespace; car, indépendamment de son ac-
tion, nous devons faire compte des comètes qui voltigent
autour de lui.
' Qu'est-ce donc que ces comètes? Elles sont, comme on le
verra, le résultat de Tasseniblage des vapeurs surabondantes
qui, s'unissant en masses, font, corps et marchent indépen-
dantes en franchissant même toutes les constellations (1).
DE LA CHALEUR ET DE LA LUMIÈRE.
w i
280.' — Nous avons expliqué comment s'est formiélesoleil;
nous avons découvert l'élément qui le nourrit et reconnu les
sources qui le lui fournissent. Il nous reste encore à savoir si
c'est dans son foyer que se forme toute cette quantité de cha-
leur et de lumière qui inonde la terre, ainsi que les autres
planètes, par l'entremise de ses rayons.
Il y a des opinions récentes d'après lesquelles on établit (2)
que la chaleur du soleil est un développement d'énergie méca-
nique qui, dans l'espace d'un siècle, équivaut à une force vive
(4) 11 y a des astronomes qui croient que le nombre des comètes est
incalculable; un, entre autres, prétend qu'entre Saturne et le soleil
on peut compter cinq cents millions de comètes.
(Voyez Syêième du monde , ou abrégé des lettres cosmologiques 'de
M. Lamber:t, page 49 ).
(2) M. Thomson de Glascow, et M. Joule.
1($ QUATBIÈME Ê^QQLE.
C9|pf^la 4^ produire le mouvQme^i de toutes les planètes.
Mais U. tjbéorie la pliJ^ ^cceptéQ ^ QQlle ^m ondulatioas,
c*est^Mii^e qve le $(^il n'éi«et pa^ de ^m coip^ le calorique
ei la lumière» i^ai^ q^ ^ pr^nœ met en mouyemeot et
rend dès lors sensibles ces deux fluides qui existent répandus
dans l'espace.
291.-^ Celte théorie, Fesqn^e géeéral^foeni aci^epiée, m
donne pourtant pas la solution des problèmes que nous «yen
poséB; elle mérite» tontefois» que nous l'expliquions arec
quelques détails (1)«
Herschell admet que le globe du soleil se compose de bms
parties : Tune, qui en serait le «idrpe om myw obscur ; une
seconde^ qui serait une atmosphère d'un fluide élastique
supportant une eouohe nuageuse ; puis, enfin» au-dessM^ de
eeilehci, la eouehe incandescente ei kimiiieuse^
Dans cette hypothèse, le célèbre astionome ne fait pas dif-
ficulté d'admettre que le corps du soleil pourrait être habité
par des êtres analogues à Thomme; l'atmosphère et la couche
nuageuse préserveraient ces habitants de la chaleur intense
du dame qui les surmonte, tout en laissant pénétrer jusqu'à
eux une lumière et une température aufliaantc».
292. — Nous admettons, avec Herschell, qu'il y a des ha-
bitants dans le corps opaque central du soleil; nous ajouterons
même que ce corps central est séparé des enveloppes eité^
rieures de manière à n^être point affecté par l'éblottissement
(i) Dans le Dictionnaire de la conversation , l^article soleil ne con-
clut pas non plus conformément à noire question. On affirme que la
chaleur communiquée à la terre par le soleil ne se manilesle que lors-
«|ue le calorique atteint Patmosphère et la terre elte^méroe , et que cet
agent se comporte comme le fluide électrique , en produisant le phé^
Bomène de la tumière et de la chmleur lorsquUl frappe les iiorps.
Mais pour que cet agent frappe les corps, il faut qu'il ait un coiidu««
teur et une source d'expansion qui deman()ent h leur tour up i^iment.
DU i^OL£iL. 167
de 1^ li^wière Rj piir rftctioH du ^; m contwre, la dispoû-
li^B est telle que les êtr(iis qui Vliç^bitéiUdoîwot jouii* tf un bop
climat, et que l'intérieur du noy^ù hpbiM reçoit sa chaleur de
la partie extérieure, à l'inv^se de i^etre gl^be, qui eOQ^rvè son
feu perpétuel daps ^on ceptre^
Les iach^3 gran.des et ^ombreuses que nous \oym^ ii Vn^
t^rîçiir du iBQleil indique^nt des ouv^f tur^s ^fis doute niéeeà-
mn^ k Ipieû^ditle^ d^ êtres babH«iit lie eori^ opaque de
r^fe; afi» babitç^pt^ m\ \mHn d^ raw^rer açmm^ \em terfo
% be$^ d'épettre ses écota^ations; doQC Tépuriitioa ^ \eim
inoléq^liss doit se faire dans un^ atmosphère intofmédiairequi
assure Tordre et le bien-être intérieur en même temps qu'elle
déverse aux couches extérieures du soleil une multitude d'à--
tomes, à charge de rechange.
Mais les réflexions d'Herschell ne donnent pas encore la
solution que nous cherchons > et il n^est pas présumable que
ce célèbre astronome aiWpenséque la couche qu'il admet in-
candescenti» è Tfti^ie^ suit isiiMtÂle ù»umet surface, car
rien ne peut rester immobile dans la nature.
393. — ^ D'autres hypothèses, et ce sont les plus modernes,
admettent autour du soleil trois enveloppes différentes; d'abord
un^ enveloppe inférieure gazeuse, semblable à des vapeiirs;.
puis une enveloppe lumineuse d'où émanent la lumière et la
chaleur rayonnante; enfin une enveloppe extérieure , on at-
mosphère, dans laquelle flottent les nuages.
Ce système est imaginé pour en tirer la conséquence que la
lufiiif^r^ ^t la chaleur sont traïasmi^s pa^r le^ ondulations et
non pas par les émissions directes , qui é^fii^nt adpptée^ jufr-
€p{% ççs derniers t^napi^,
NftPft çonlÎMUpps ïiofi reejtierçhes ^t nous trçuy^s encore ,
P qu'on a calculé qw* ]^ Imaaièr^ arrive (Jii ^^\ à Ijsi |fiFF§
%Y£iç m^ vitesse de » mWum 4fl ^m^ m iwbmAç» m 7?iW)o
lime» par sacopde; !î" qi|e Tatpjosnh^e ijpparen^e dM s^if
168 QUÀTRlÈMiS ÉPOQUE.
(ce sera sans doute la troisième ou re)Ltërieure)se pm^te ju»-
qu'à neuf vingtièmes de la distance de cet astre àMercwM,
ou environ à 6 millions de lieues de hauteur...
Ici nous devons nous arrêter, car il nous semble quil y a
une contradiction dans les déductions; et en effet, si l'on veut
que rincandescencé se tienne dans le soleil, l'ondulation sera
interceptée en route ou retardée par une atmosphère de 6 mil-
lions de lieues; donc y ou l'atmosi^ère en question n'existe
pas comme on le présume , ou Torigine de la lumière et de la
chaleur est différente; msâs cette atmosphère existant, elle
serait elle-même le grand laboratoire de Tincandescence.
CHAPITRE XVIII
!!■ Soleil dMiivant noire «ystèiiie.
SoMMAiBB. — Notre opinion concernant le soleil, 294. — Développement
de notre système, 295. — Conséquences, gravitation, 296. — Expansion
des fluides solaires, 297. — Agent particulier entre le soleil et notre
atmosphère, 298. — Ondulations, émissions ou rayonnement, 299. —
Caractère du feu solaire ; note L , application des miroirs solaires, 300.
— Action des rayons, 301. — Marche de la lumière, 302. — Propor-
tions des principes lumineux et calorifiques dans l'atmosphère, 303. —
Du phosphore terrestre, 304. — Des taches du soleil, 305. — Expli-
cation de ce phénomène , 306 , 307, 308.
•
294. — Voici notre opinion sur la création du soleil et ses
propriétés originelles.
Le soleil, dans sa grandeur actuelle, mesurant 1,404,924
fois le volume de notre globe, est le corps qui a été formé le
premier dans l'espace de sa constellation.
Sa masse actuelle est une indication d'une grande valeur
pour nous faire concevoir l'énorme quantité de molécules qui
DU SOLEIL. 169
se sont rencontrées au moment de la formation de ce corps
ofrioissal, sur le point de l'espace où il siège maintenant, et
qui devait être le centre de sa domination.
A ce point, il n'y avait auparavant que des molécules pro-
venant d'autres astres, et, pour ainsi dire, en état de vaga-
bondage. Leur union s'est opérée d'après les lois générales
que nous avons expliquées dans la formation de notre planète.
Leur assemblage sur une énorme échelle a constitué ce grand
corps. Mais les évolutions primitives de ce corps, sa rotation,
sa chaleur, son feu, tout a été formé en sens inverse de la
méthode de formation des planètes.
Ainsi, son noyau a été refroidi le premier, puis se sont siic-
4sessivement refroidies plusieurs couchés qui Tenveloppaient
à la preniière époque de sa formation. Le feu se fixa sur les
dernières couches de l'enveloppe extérieure, qui attirait à
elle tous les atomes phosphorescents , électriques et magné-
tiques.
Ainsi, la diflTérence essentielle qu'il y a entre les planètes et
le soleil, c'est que celui-ci possède a l'extérieur le feu et les
PROPRIÉTÉS QUE LES PREMIÈRES CONTIENNEIH' DANS LEUR CENTRE.
295. — La boule centrale de ce grand corps a formé un globe
habitable d'elle-même, comme nous l'avons vu n^ 292. Ce
globe est séparé d'une enveloppe qui a composé et qui est tou-
jours son atmosphère , laquelle est dominée par une autre en-
veloppe infiniment plus considérable en volume et en densité.
Cette dernière enveloppe, entièrement composée de molé-
cules spéciales, s'est divisée en plusieurs couches ou régions,
chacune formée aussi d'une spécialité d'atomes , de manière
que le^s plus énergiques, les plus phosphorescents avec le
fluide électrique et magnétique dominent la croûte exté-
rieure.
Cette enveloppe ne peut guère être, en raison de la nature
de ses molécules primordiales, d'une épaisseur moindre que
la moitié du diamètre du corps total du soleil.
170 QUATHlÀMii; ÉPOQUE.
Par cette clispo^iiion^ cette gr%ii4e m^ase %\ développéft-oa
surface, et totfilement compulsée 4e loagoétUme, de pbe»-
phore et d'électricités devait dominer, par sa puiasaûee d'atr
traction et^de répulsion, Vordra entier des planètea,
11 est évident que cette composition de la couebe extërtenre
dtt soleil est une «latièré ignée d'une activité plus pénétrante
que le feu le plus vif qu'on puisse imaginer.
On conçoit qu^ cette oompoaitionse'inaiQtienieonatamBieiit
dans le degré relatif et nécessaire pmr fournir aus planètes
la dose qu'il leur faut en ohsileur» lumière et éleelrîeitéi
que raugmentation ou la diminution des oorpa dépeadanta dn
syalème soteire fait augmenter ou diminuer l'élâ»ent: lumi-
neux ; que cet élément sa compose et se renouvelle eonfitant^
ment et régulièrement dans la couclie ou région extérieure du
soleil ; que le renouvellement du fluide solaire exige le renou^
vellemeiit dea matières destinées à le former ; par conaéfueftl,
ces matières doivent lui parvenir de quelque part.
Or, nou$ avons vu, numéros 285 et suivants, d'où et corn-
nient eUos lui parviennent.
296. — Ainsi, cet astre gigantesque, resté dans l'espace,
au centre de son tourbillon, dominant par sa masse et sa force
d^attraction^ par son feu, et par ses principes magnétiques et
électriques, toutes les planètes venues successivement autoiiir
de lui, devait recevoir d'elles un tribbt de soumission ; c'est-
à-dire qu'elles devaient tourner, chacune sur son propre axe,
en voyageant autour du grand astre par des chemins nommés
or6tYe« ou cowrôe* eMijp^içwes.
Par la même toi, les satellites durent tourner autour de leurs
planètes respectives.
C'est une loi de la pesanteur que la masse la plus forte do-
mine ; or, toutes les planètes ensemble ne forment pas la
masse que le soleil possède en lui seul ; donc, toutes doivent
lui être subordonnées.
DU SOLEIL. \1\
Mais comme les e^ps p^nt les uqs $uf le$ autres par
Itiufs mass^, ils tomberaient toqs sur le soleil» qui ^ plus ()e
masse que toutes les planètes eosemble, s'il n'y avait, pour
les sauvegarder, des \^ particulières de gravitation q^i lea
prQtégemt à toutes les distances.
L'énergie de cette gravitation est exacl,en>eAt la même que tet
CofOe d'attraction i e( elle re^siort préc^isémejat de la mçiitière qui
SQ troQv^ dans la composition de l'enveloppe immense du soleil.
Ain^i s'explique : que dans la masse, dans ce feu électrique
et magnétique, Q^iste la forc^ d'attraviçtion ; ^t quant à la ré-
pulsion, qui maintient l'équilibre des astres dans tQut^iS las
directions, elle dérive de la rotation du soleil, attendu que par
TefTet de ce mouvement, il exerce une force centripète et
centrifuge qui contrebalance son attraction à l'endroit des
planètes; tandis que les planètes, par l'effet de leur propre
mouvement, subissent la même force d'afflnité vis-à-vis du
soleil, et ces deux forces en présence Tune de l'autre, prove-
vaut de la position de leurs fluides, qui sont fixés à Vextë*^
rieur pour le soleil, et à intérieur pour les planètes, tiennent
l'attraction et la répulsion dans un juste balancement ; consé-
quence du mouvement général, non moins exact qu'il est
admirable.
297. — Dans les combinaisons de ces lois, de ces forces
d'attraction et d'expansion , le Créateur de l'univers a tout
prévu , et si le soleil devait dominer sur les planètes et en re^
eevoir un tribut, il lui était en revanche imposé de leur four-
nir la chaleur et la lumière; par conséquent, le soleil, dès sa
formation, a présenté sur sa surface, avec le feu, ta force
expansive de la chaleur et de la lumière.
Toute planète qui se formait ensuite et qui possédait cepen-^
dant le même feu , ayant chaleur et lumière renfermées dans
ses molécules, a été obligée de Taccumuler dans le centre par
la force centripète; aussi la planète dut rester un corps qpa-
172 QUATRIÈME ÉPOQIJS.
que; mais en revanche, par suite de sa rotation sur elle-même
et de la force centrifuge qui en résultait, elle évaporait autour
de sa surface un gaz atmosphérique qui était composé de la
quintessence de son feu , c'est-à-dire de la chaleur et de la lu-
mière qu'elle avait été obligée de refouler dans son intérieur^
et les atomes de cette quintessence homogène à la matière du
soleil , unis à Fatmosphère de la terre, durent établir une com^
munication sympathique avec les rayons du soleil, afin de faire
revivre par leur contact, à volonté, la chaleuretla lumière sur
la surface de la terre, toutes les fois que le soleil lui présente-
rait sa face majestueuse.
298. — II est donc bien constaté , par ces détails, que no-
tre atmosphère possède une partie des vapeurs ignées apparte-
nant au feu primitif; que ces vapeurs sont l'agent de la chaleur
et de la lumière, obéissante la présence du soleil; mais il est
aussi vrai qu il ne suffit pas que le soleil se présente; il faut
qu'entre le soleil et notre atmosphère il y ait un agent qui
porte Tétincelle pour mettre en activité la chaleur et la lu-
mière, et même que cet agent reste en activité tout le temps
que dure la présence du soleil. Nous en avons la preuve sous
les yeux, car aussitôt que le soleil disparaît, la chaleur cesse
et la lumière s'affaibUt; donc notre atmosphère ne fournit
qu'une partie de là chaleur et de la lumière dont nous jouis-
sons, et même une partie assez faible ; car , en ce qui regarde
la chaleur, elle ne peut se soutenir par elle-même que peu
d'instants , ou par accidents; et la lumière qui reste en dehors
de la chaleur doit avoir une spécialité d'atomes différents ; c'est-
à-dire que, dans rémission de ces fluides, il faut reconnaître
des atomes de deux qualités différentes; les uns ayant pour ca-
ractère le principe de la chaleur, les autres celui de la lumière.
LES ÉMISSIONS OU LES ONDULATIONS.
299. — En réponse aux savants qui pensent que le soleil
D€ SOLEIL. 173
communique sa chaleur et sa lumière par les ondulations,
nous dirons que ce système se justifie seulement à l'égard de
la lumière, mais non pas à l'endroit de la chaleur. En effet,
lorsque des nuages viennent à masquer le soleil, la chaleur
cesse immédiatement; souvent même, si le nuage est trop
épais, un froid sensible se fait sentir à Tinstant, et il dure
jusqu'à l'apparition nouvelle du soleil; d l'exception de cer^
tains jours de l'été, oii les rayons du soleil ont auparavant
imprégné la terre de leur brûlante chaleur; et lorsque le soleil
se présente de nouveau, à l'instant même le froid disparait et
la chaleur se fait sentir : elle arrive avec une rapidité pro»
digieuse.
Cependant, si la chaleur a cessé, la lumière a continué
d'agir tout le temps que le soleil était couvert ; elle s'est seu-
lement un peu affaiblie. Il est donc a peu près prouvé que la
lumière, si Ton veut, se transmet par ondulations; mais il
n'en peut être de même de la chaleur.
Nous avons une autre preuve de cette vérité. Une bougie
allumée porte la lumière à une grande distance, l'ondulation
de l'air la transmet tout autour et sur les parois de l'appar-
tement ; la chaleur, au contraire, rayonne à peine autour de
la mèche enflammée.
Il faut donc faire une distinction bien tranchée entre la
chaleur et la luoiière, qui émanent toutes les deux du soleil ;
elles ont leur source dans le feu solaire, mais ce sont deux
effets différents d'une même cause.
300. — Le feu du soleil n'est pas un feu grossier, tel que
celui que nous allumons à notre usage ; le soleil a un feu pri-
mitif tout pur, d'une essence électrique et magnétique, qui
se conserve et se renouvelle toujours de la même matière ho-
mogène, avec le même principe. Ses propriétés spéciales sont
l'attraction et la réflexion : il attire par sa masse et il réflé-
chit par ses parties.
i
174 QUATRIÈME ÉPOQUE.
. Ce (m n'idst ni liquide, ni solide ; il esl bieii inèàttdescent,
toujours prêt à accueillir les molécules qui sont forcées de lui
venir de tous les côtés; ses pores sont constanament ouverts,
unt pour recevoir les àtOmes qni lui arrivent peYpétneUem^t
qttid pour émettre perpët^iettemenl aussi les bayons éléctri^ê^.
Ce teu et <;es l'ayons né ^nt pas éblouissants» ni rouget,
dans le corps même t)u soleil ; ils n'acquièrent cette propriéié
(|H*en sortant des pores de la masse et aussitôt <fa*\h mût en
contact avec l'air (1).
301 — Ces rayons sont des jets étincelants pleins du feu
électrique de la matière solaire; ils sortent de tout le contour
du soleil et vont porter jusqu'aux bornes de sa constellation
les bienfaits de cet astre dominateur.
Ces rayons filtrent à travers Téther dans tout l'espace; leur
passage est instantané ^ et, dès qu'ils arrivent à toucher les
corps des planètes, ils s'y mettent en communication.
Les atomes homogènes de l'atmosphère absorbent la (Va-
leur, la conservent et l'augmentent tant que les rayons agis-
sent; plus ils agiront, plus Tair de l'atmosphère s'échauffera,
particulièrement lorsque le soleil les darde perpendiculai-
rement.
302. — Ainsi, le soleil émet sa chaleur, non par ondula-
tions, mais par vibration directe ; au contraire, la lumière $d
propage et se maintient par ondulations. En voici une preuve
bien convaincante :
En été, la terre, à son aphélie, est plus éloignée du soleil
qu'en hiver; la différence n'est pas moindre de 1,250,000
lieues ; cependant la chaleur que nous éprouvons est plkl^éBe^
gique dans la première saisoa qae d^ l'antre. Ctet <pê le
soleil nous dardé ators ^éft rayMÈ phis vertiidftleoMtt; Îôdê,
t'èsi la vibration directe qui nous apporte la chaleur.
0) Voyez la note L, à la fin du volume.
DU SOLEIL. 175
il Id ehÀtettf dOUé àttivftit pàt* voie d'ohdtlfàtio^, e^l-i^
tfx'^a hiver, dafl^ la saison oô te Soleil se trouve pks rappfo-
cbë éé^ te t^fHâ de l,2i&0;090 U^es, Itô ondukittoh^ à^'^nt
timim de tfaemitt à partôurir, leur effet ne se ferait piais sentir
{dtis vivement, ètlaéUMeuf* ne devrait pas ftôti^ paHeiiir aVèc
^bfô (te viôlénée (ij^'èn été ? 0^j puisque c'est l'effet contraire
qui se manifeste, il est donc évident que là ehàiètt^ bé frotis
est pas transmise par ondulationi^.
Ainsi, il nous parait démontré que la chaleur t)Ol»s arrive dA
soleil par -vibration ou émissicm directe^ dont rintensitë est
en rapport avec la position perpendiculaire de Taétre. Mais
s'il y a émission, il y a nécessairement consommation ; et s'il
y a consommation « il est besoin de matières fraîches pwr
reproduire et restituer ce qui a été perdu.
àÔS. — L'a î'umtèt-è, tîôu$ FàVoïiâ dit, nous vient par on-
dtilatioUs; elle nous arrivé avant que le soleil paraisse le ma-
tin, èl élte nôufe éckire lors tnênie que le soleil est couvert de
tfùâ^^gte, M èncôfé îai^rès qlill a passé au-dessous de Thorizon :
è*èst telte lûmlèipe q\ie nous appelons lé crépuscule.
Mais si la lumière s'est amalgamée aux ôndés de Tàt-
mosphèfé et se (conserve plus longtemps que la chaleur, c'est
ube preuve que Tair possède infmimeht plus de principe lu-
t&tneui qu'il n'a de principe calorifique.
304. — Pourquoi y a-t-il dans l'air plus de principe lumi-
neux que de principe calorifique? C'est que dans lesévapo-
rations qui passent de la terre dans l'atmosphère, il y a, ^
outre de l'élément électro-minéral, le phosphore, qui émane
continuellement des animaux et des végétaux; l'homme même
en fournit sa 'portion> et dans la division des atomes le prin-
cipe phosphoriqûe volatilisé reste en partie proportionn^le
attaché à l'atmosphère.
On devrait supposer alors que l'émission continuelle de ce
phosphore terrestre doit suffire dans âôlre atmosphère pour
176 QUATUIÈME ÉPOOLE.
donner également la chaleur et la maintenir au9si . longtemps
que se maintient la lumière; m^is cette remarque , qu'à la
disparition du soleil la chaleur cesse et la lumière reste, éta-
blit que dans les atomes terrestres phosphoriques il se fait
une séparation de deux principes, dont Tun passe dans les
hautes régions, attiré par Tastre souverain, et l'autre reste
dans l'atmosphère.
305. — Quant aux taches qu'on observe dans le soleil, sir
John Herschell a reconnu qu'elles se partagent en deux ou en
un plus ginand nombre; dans cet état elles offrent tous les ca-
ractères de cette extrême mobilité qui n'appartient qu'à Tétat
fluide et de cette agitation excessivement violente qui ne
semble compatible qu'avec Tétat atmosphérique gazeux de la
matière. Le même savant écrivait en 1828 que Textrême
subtilité de la lumière est telle que, dans la longue série des
âges, les émanations du soleil ne peuvent pas sensiblement
altérer les dimensions de ce grand corps, et il ajoute (1) :
c< Il est probable, d'ailleurs, qu'il a les moyens de compen-
(c ser ses pertes, quoique la manière dont s'opère cette res-
« tauration nous soit inconnue. »
Nous prenons acte de ces deux observations de l'éminent
astronome, et avant d'y répondre, nous en noterons une autre
d'un célèbre astronome de Rome, le père Secchi. Celui-ci s'est
aperçu que la chaleur des bords du disque solaire était pres-
que la moitié de celle du centre, et que les points également
éloignés du centre, en déclinaison, n'étaient pas également
chauds.
En résumant ces trois faits, qui paraissent venir à l'appui
de notre système, il nous reste à nous demander ce que sont
ces taches et pourquoi la chaleur varie d'un point à l'autre du
soleil?
(i) Lecoutdriea, Panorama de$> mondes, page i4S.
DU SOLEIL. 177
306. — Relativement aux taches remarquées dans le soleil
depuis Scheiner et Galilée, qui ont été les premiers à les aper-
cevoir, jusqu'à nos plus récents astronomes, elles ont été
considérées comme des ouvertures provenant de volcans ou
d'autres causes, et qui seraient nécessaires pour transmettra
Tair à l'intérieur d'un globe habité. Cela, en grande partie,
nous semble exact ; mais la quantité des taches et leur varia-
tion évidente, nous indiquent aussi une autre cause : cette
cause, ce serait la réunion de masses de molécules qui, ve-
nant de mille directions différentes, comme tribut des pla-
nètes envers le soleil, se rassemblent attirées sur un point
déterminé, où elles restent jusqu'à ce qu'elles aient passé au
filtrage de incandescence solaire, pour sortir en rayon-
nant de son atmosphère étincelante.
•
307. — Nous avons indiqué dans le chapitre précédent, nu-
méros 285 et suivants, les sources de Talimentation du
soleil. Lors donc que les émanations des planètes sont atti-
rées vers cet astre, la niasse énorme de ces vapeurs ne
peut manquer d'être perceptible jusqu'à obscurcir un point
de sa surface. Cet effet explique catégoriquement les deux
énonciations de sir John Herschell, car ce fait spécifie clai-
rement la cause directe et alimentaire, qui forme en partie
les taches en question.
Quant à l'observation de Taslronome de Rome, concernant
la différence de chaleur sur quelques points du soleil, Texpli-
cation en ressort de la même cause, attendu que là où se
porte la masse des vapeurs non encore recueillies ni puri-
fiées par le soleil, elles doivent nécessairement empêcher la
transmission d'une partie de la chaleur qui s'arrête en elles
en les traversant, de même que si, sur un feu grossier de
nos foyers, nous jetons du poussier de charbon, la partie
couverte sera pour un moment moins chaude et moins
rayonnante que le feu resté à découvert.
12
178 QUA.TRIÈME ÉPOQUE.
308. — Ainsi^ quand même une partie des taches du soleil
seraient des ouvertures destinées à transmettre et renouveler
l'air du globe opaque de cet astre, rien n'empêche aussi
que la réunion des molécules, appelées à Tahmentation du
feu solaire extérieur, ne produise également des taches.
Les détails que nous venons de donner dans les deux
articles qui précèdent, joints aux observations que nous
présentons dans le chapitre suivant, justifieront notre opi-
nion.
En temps et lieu, lorsque nous aurons reconnu par le
calcul la surabondance que laisse le produit des molécules,
et que nous aurons passé en revue toutes leurs fonctions,
nous acquerrons la certitude que les deux problèmes de sir
John Herschell et du père Secchi sont résolus par notre
hypothèse.
Provisoirement, nous laisserons le soleil remplir ses bril-
lantes fonctions, pour examiner la planète Saturne, et cher-
cher la raison de la formation de nouvelles planètes.
a ' '
* s
.')
LA PLANÈTE SATURNE. 179
CHAPITRE XIX.
lia Planète Itotarne et formation
de nouvelles Planètes.
Sommaire. — Aspirations et émanations de la planète Saturne, 309. —
Faible densité de Saturne, 310. — Ses anneaux, 311. — Leurs dimen-
sions, 312. — Révolutions possibles, 313. — Tableau des planètes, 314,
315. — Satellites de Saturne, 316. — Loi de gravitation, 317. — Com-
position des astres, 318. — Planètes récemment découvertes, 319. —
Constellations , 320. — Espace céleste à remplir ; étendue de notre
constellation, 321. — Molécules vagabondes, 322. — Correspondance des
soleils avec leurs planètes, 323. — liaisons de fa formation forcée de nou-
velles planètes^ 32li. — Application de la loi des affinités, qui lie tous les
corps célestes, 325. — Diminution et disparition successive de ces corps,
326. — Les comètes, 327. — Formation et mission de ces astres, 328.
- 309. — Comme le soleil attire de chaque planète la qua-
lité et la quantité de molécules qui sont en rapport avec la
dislance et la masse de ces corps, de même chaque pla-
nète, de son côté, retient les molécules solaires que là loi
merveilleuse de la nature lui assigne pour ses besoins. Ainsi
la planète de Saturne, dans la position de distance où elle
se trouve, doit retenir dans son atmosphère beaucoup plus
de fluide phosphorique que la terre que nous habitons.
Les émanations de la planète Saturne, dans son atmos-
phère, doivent opérer un travail différent du nôtie, et garder
aussi à sa surface plus de molécules ayant un principe calo-
rique, car elle est éloignée du soleil de trois cent soixante
millions de lieues, tandis que notre globe n'en est éloigné
que de trente-quatre millions.
Par conséquent, le rayon du soleil ne pouvant pas porter
avec lui, à la distance de Saturne, le même degré de chaleur
qu'il apporte chez nous, ce rayon doit trouver, dans Tatmos-
180 QUATRIÈME EPOQUE.
phère qu'il traverse, la matière d'un fluide, qui se chauffe au
point de maintenir la chaleur proporlionnellement aux be-
soins des êtres qui habitent la planète de Saturne ; ce fluide
doit se rencontrer entre Tun et l'autre anneau et la planète,
pour y fonctionner coiïtme une serre chaude.
310. — Saturne se trouve dans la position où se trouvait
notre globe à la seconde époque de sa formation ; par celte
raison il est d'un diamètre (selon M. Struve) de 31 ,850 lieues,
tandis que notre globe n'est plus que de 3,000 lieues de dia-
mètre. Mais aussi la masse de Saturne est neuf fois plus légère
que notre lerre.
Saturne n'ayant pas encore subi la compression qu'a su-
bie notre globe, la densité de Saturne est de 0,10422 ou un
dixième, tandis que la densité de la terre est 1,00000; c'est-
à-dire, en d'autres termes, que la masse de Saturne est en
proportion de celle de la terre, comme 104 est à 1,000, ou à
peu près comme 1 est à 10.
Si Saturne est destiné à passer par des époques de com-
pression comme en a traversé notre terre, il est évident que
cette planète deviendra plus petite que notre globe.
311. — Mais il est probable que Saturne ne peut plus se
condenser, s'il a perdu la force incandescente de son centre;
il est présumable aussi que si ses huit satellites sont dans des
conditions identiques à celles où s'est trouvé notre satellite la
lune, ses anneaux sont dans des conditions différentes.
Si Saturne est dominé par ses anneaux, il se pourrait que
ceux-ci fussent destinés à opérer une révolution dans le corps
de la planète.
Pendant une longue suite de siècles, il n'y eut qu'un seul
anneau autour de Saturne; Pythagore, qui était un grand ob-
servateur, n'avait pas même aperçu cet anneau; se serait-il
détaché depuis? Ce philosophe, qui a fait la Lyre harmo-
niqmdes Astres, n'aurait pas manqué d'assigner un bémol ou
LA PLANÈTE SATURNE. 181
un dièse, ou une cadence, à Tanneau de Saturne, comme il
Ta fait avec tant d'esprit pour chaque planète qu'il avait
aperçue.
Galilée a été le premier à s'apercevoir que Saturne se pré-
sentait sous des aspects différents ; la stupéfaction de ce cé-
lèbre astronome a été grande, mais il est mort sans se rendre
exactement compte du phénomène. Les contemporains de
Galilée ont déclaré Saturne une boule avec deitx anseSy ou un
chapeau de cardinal, et plus tard on l'assimila à une^t^on-
nette au milieu d'un plat à barbe.
11 était réservé à l'illustre Huyghens de découvrir l'anneau
de Saturne, et il publia sa découverte en 1659 dans son sys-
tème saturnin.
Un siècle plus tard, William Herschell reconnut en 1722 un
second anneau; enfin, en novembre 1850, deux astronomes
contemporains, M. Bond de Cambridge, aux États-Unis, et
M. Maidslone, en Angleterre, trouvèrent qu'il se présentait
un troisième anneau sortant entre le second et la planète de
Saturne. M, Lassell, de Liverpool, a découvert des montagnes
sur cet anneau.
312. — Il ne serait donc pas impossible que la planète
Saturne fût destinée à se diviser en lames plus ou moins
épaisses. Ce qui rend probable cette idée, c'est la nature ex-
trêmement molle et légère de sa masse et l'attraction que
peuvent exercer sur elle ses propres satellites.
Voici les dimensions des anneaux reconnues par M. Struve :
Le premier anneau a un diamètre extérieur de 70,828
lieues et 62,470 lieues pour le diamètre intérieur.
Le second anneau paraît avoir 47,207 lieues de diamètre
intérieur, et l'intervalle qui le sépare du corps de la planète
a 7,680 lieues. Les deux anneaux seraient séparés entre eux
par un intervalle de 720 lieues.
L'épaisseur des anneaux n'excède pas 100 lieues, selon sir
182 QUATRIÈME EPOQUE.
John Herschell, et leur masse, suivant Bessel, est égale à
la 118« partie de la masse de la planète.
Mais comme les anneaux ont des montagnes et une dureté
plus considérable que la planète, il n'y a aucun doute que
leur proximité exerce un pouvoir d'attraction proportionnelle
sur la masse.
Il reste à savoir à présent dans quelle proportion se trouve
le troisième anneau, qui n^est encore séparé de la planète que
par une ligne noire à peine perceptible à Taide de nos lu-
nettes.
313. — Si Saturne est destiné à subir les divisions dont
nous venons de parler, chaque séparation portera dans ce
monde éloigné un renouvellement physique correspondant
aux cataclysmes de notre planète, mais en sens inverse et
avec des effets différents.
Les anneaux, comme la planète, pourront toujours avoir des
habitants, et les êtres, organisés suivant la nature de leur sol
et de leur climat, jouiront constamment de la lumière et de la
chaleur nécessaires à leur existence ; car la lumière, comme
la chaleur, émanera toujours du principe de leurs molécules
et sera en rapport nécessaire avec leur corps et le soleil.
SU. — Le tableau suivant nous montre la différence de
densité, de volume, et de distance du soleil, relativement
à Saturne et aux autres planètes de notre constellation. La
distance est évaluée en lieues, puis en fractions ou en mul-
tiples de celle de la terre.
La densité de Saturne étant la plus légère et la plus molle,
comparativement à toutes les autres planètes, cet astre est
plus qu'aucun autre dans les conditions à subir des partages
de séparation, ainsi que nous l'avons indiqué; seulement,
comme ses huit satellites ne peuvent subsister que par Fat-
traction de la grande masse de la planète, toute séparation
qui s'effectuera en anneaux forcera ces anneaux à se mainte-
LA PLANÈTE SATURNE. 183
nir en faisceaux compactes pour conserver la masse domi-
nante, tant que la rotation sur son axe et le parcours sur son
orbite Texigeront.
315. — Tableau comparatif de la grandeur du soleil et
des planètes en proportion de la terre, et leur distance.
NOMS
des
DENSITÉ
TOLDMB
DISTANCE
du
DISTANCES
d'après
ÀSTKSS
SOLKL
CELLE DE LA TERHE
Soleil. . . .
0,2548/ï
1,404,928
lieues.
»
Mercure. , ,
2,583
0,06
14,783.400
0,387
Vénus. . . .
1,0379
0,91
27,618,600
0,723
La terre. . .
1,
1,00
34,200,000
1,
La lune. . .
0,742
0,0195
Dito.
Xf
Mars
0,6506
0,17
58,178,600
1,521
Jupiter . . .
0,2580
1470,00
198,716,400
5,203
Saturne. . .
0,10422
887,00
360,351,600
0,539
Herschell . .
0,2204
77,00
732,752,400
19,183
Neptune. . .
0,16
110,00
7,114,528^000
186,244
316. — Suit la dénomination des huit satellites de Saturne
et leur distance de cette planète.
NOMS
des
SATELLITE* DE SATURNE
NOMS
de
ceux qui les oint découverts
DISTANCE
approximative
de la planète en lieues
Le 1*' est Mimas . r - -
Herschell
50,000
60,000
80,000
100,000
140,000
315,000
440,000
900,000
— 2"« — Encelade.
— 3»« — Téthys . .
— 4"* — Dioné. . .
— 5»« — Rhéa.. . .
— 6-ne __ Titan ...
— 7m* — Hypérion.
— S"* — Japhet. . .
Herschell
Gassiui.
Cassini.
Cassini. .
Huyghens
Bond, Lassell et Maidstone.
Cassini. .
184 QUATRIEME ÉPOQUE.
317. — D'après les lois de Newton , il est prouvé que la
gravitation a d'autant plus d'énergie que les corps sur les-
quels elle s'exerce sont plus en contact, et, par contre, cetle
force va décroissant à mesure que la fixité diminue.
Aussi Saturne, dont la masse est très-voisine de ses satel-
lites, tourne avec une grande rapidité; son jour n'est que de
1 0 heures et demie.
FORMATION FORCÉE DES PLANÈTES.
318. — Si nous sommes entré dans quelques détails en
dehors de ce qui est relatif à la création de notre globe, objet
principal de cet ouvrage, c'est en raison de la variété que la
nature présente dans le grand travail de ses formations; nous
tenions à en donner une idée.
La nature est si riche de moyens, si merveilleuse dans ses
perfections, que les choses les plus contraires, les plus oppo-
sées, en apparence, s'accomplissent avec Tordre le plus admi-
rable; et toutes cependant sont soumises à une seule et même
loi. Ainsi la lumière et la chaleur, principes vivifiants de tous
les êtres subordonnés à notre soleil, émanent sans cesse de
Tastre dominateur, en raison de l'échange des atomes qu'il
reçoit de mille provenances différentes, et qu'il rend dans les
proportions nécessaires. La surabondance des produits, qui
est ce que nous avons nommé le superflu, émanant de tous
les corps et de tous les êtres qui les peuplent, sert encore à
la combinaison de nouvelles créations, constamment variées,
mais toujours sous la domination réglementaire du soleil.
319. — Depuis un demi-siècle, nous faisons des acquisi-
tions importantes dans noire constellation ; déjà cinquante-
quatre nouvelles planètes ont été découvertes seulement dans
l'espace compris entre Vesta et Jupiter.
Qui peut dire si ces nouvelles planètes et bien d'autres qu'on
FORMATION FORGÉE D£S PLiNETËS. 185
découvrira encore existaient à i'époqiie d'Adam, ou même au
temps de Noé ?
Nos ancêtres se sont beaucoup occupés d'astronomie ; c'est
à eux que nous devons les bases principales de cette science.
Sans doute, une partie de ces nouvelles découvertes aura
échappé à leurs yeux, car ils n'avaient pas, nous devons le
supposer, des instruments assez parfaits pour les découvrir ;
mais il n'y a aucun doute aussi que quelques-unes de ces pla-
nètes sont de nouvelle formation, et assurément cette forma-
tion s'est opérée exactement comme celle de notre globe.
320. — Les anciens comptaient dans le ciel 143 constella-
tions; les auteurs modernes en reconnaissent quelques mil-
liers; mais au-delà de ces milliers, il y en a des millions.
Il y a des constellations plus grandes et d'autres plus pe-
tites , selon la nature et le nombre des corps destinés à les
former.
Il y a des constellations dans lesquelles plusieurs soleils
partagent leur domination et leur influence sur les planètes
subalternes.
Chaque étoile fixe est un soleil plus ou moins grand que
le nôtre, et qui domine Tordre des planètes soumises à son
empirer
Toutes les étoiles, c'est-à-dire tous les soleils, comme tou-
tes les planètes, sont habitées par des êtres vivants.
321. — Puisqu'il est impossible de compter les constella-
tions et le nombre des planètes qu'elles contiennent, il est
aisé de concevoir le grand vide qui s'étend d'une étoile à l'au-
tre; à quoi sont donc destinés ces espaces incalculables qui
semblent vides?
Notre constellation, ou notre système solaire, occupe un
espace qu'on ne peut pas évaluer à moins de 66 milliards de
lieues cubiques. Est-ce que l'on se contenterait de croire que
cet espace immense ne contient que 7 planètes et son soleil ,
186 QUATRIÈME EPOQUE.
comme le croyaient les anciens? ou même que les 54 planètes
qu'on a découvertes depuis suffisent pour remplir sa des-
tinée?
Certainement cet espace contient en ce moment même un
nombre considérable de corps ou planètes en état de formation
plus ou moins avancée, et l'observation nous les fera voir
une à une , lorsqu'elles seront de grandeur suffisante pour être
à la portée de nos télescopes. D'ailleurs nous ne pouvons
apercevoir un corps ou une planète que lorsqu'elle réfléchit
la lumière qu'elle reçoit du soleil , et une planète ne peut ré-
fléchir la clarté qu'après être devenue corps solide. Kous ne
pouvons donc pas apercevoir, même quand ils seraient rap-
prochés, les corps en formation ou en état d'assemblage pri-
mitif.
322. — Or, les atomes ou les molécules superflues s'ac-
croissent et se multiplient incontestablement sur une grande
échelle, non seulement dans notre système solaire, de la part
de chacune de nos planètes , mais encore dans toutes les cons-
tellations, et si nous avons employé le mot de superflues^ c'est
seulement pour indiquer leur premier point de départ, lors-
qu'elles errent en vagabondes, n'ayant encore aucun centre
déterminé, jusqu'à ce qu'au moment donné, elles restent at-
tachées à l'endroit où elles se trouveront pour se Joindre aux
masses. •
Nous donnerons la preuve de Texistence perpétuelle de ces
molécules vagabondes et de leur prodigieuse multiplication;
mais devant procéder avec ordre , nous n'entrerons dans ce
détail qu'à une époque ultérieure, lorsque les objets qui. les
produisent auront passé sous notre examen ; alors nous aurons
lieu d'établir par le calcul et avec la plus claire lucidité la
preuve de ce que nous avançons.
323* — Chaque étoile ou soleil a une mission à remplir
dans la circonscription de son domaine; chacun de ces aslres
FORMATION FORCEE DES PLANÈTES. 187
n'est pas le roi de sa constellation sans un but précis et mar-
qué; tous les corps qui occupent l'espace de son empire sont
ses sujets, il est vrai: ces corps, ces planètes ne pourraient
pas exister sans lui; mais le soleil n'existerait pas non plus
s'il n'y avait des planètes et des corps analogues pour entre-
tenir la correspondance des gravitations et l'échange des flui-
des nécessaires à leur réciproque vitalité.
Le travail du mouvement perpétuel , les émanations cons-
tantes et mutuelles de tous les corps , avec les phénomènes
qui en sont la conséquence et qui se passent sous nos yeux ,
en fournissent la preuve.
324. — Du moment que l'échange des fluides est une né-^
cessité vitale, ces fluides doivent être toujours rafraîchis et
renouvelés pour répondre aux besoins qu'ils sont appelés à
remplir. Dès qu'ils doivent être rafraîchis et renouvelés , il
faut qu'ils aient une source de production : mais lorsqu'il y a
quelque production, elle devient l'objet d'un calcul; et lors-
que par le calcul on trouve que le chifi're des^ émanations pré-
sente un superflu, ce superflu doit finir par avoir un emploi.
Ainsi , rimmensité des molécules ou fluides superflus, éma-
nés de chaque planète, de chaque astre, étant prouvée par le
calcul, leur exubérance assure forcément leur union à des mo-
ments déterminés; c'est donc la nécessité, ou la loi générale
de création qui produit un assemblage, un nouveau corps dans
l'espace ; donc la formation de nouvelles planètes est forcée
par l'abondance des matières et d'après les lois de l'univers (1).
(1) « Nous ne pouvons donc douter que l'espace ne soit encore de
« notre temps le théâtre de formations nouvelles , que des mondes ne
(( prennent naissance sous l'action de la cause mystérieuse et intelli-
« gente que nous révèle à tout iiistant Tunivers. D'ailleurs, entre ces
« mondes infinis dont l'espace est peuplé., dont nos télescopes cber-
« chent la position, dont nos astronomes calculent le nombre et s'ef-
« forcent de mesurer la dislance et la masse ^ on aperçoit des amas de
188 QUATRIÈME ÉPOQUE.
325. — Cette formation forcée entraîne avec elle raffinité
et la propriété inhérente aux corps dont chaque fluide s'est
émané.
Ainsi un assemblage se compose de molécules qui, en
grande partie, ont déjà passé par l'atmosphère du soleil ;
donc elles portent en^ apanage aux corps nouveaux Tafânité
électrique du soleil ; de même que les atomes vagabonds des
autres planètes, en s'amalgamant à un même assemblage, y
portent les affinités des corps dont ils sont sortis.
Cette liaison maintient toujours dans une nouvelle planète
les propriétés primitives originelles ; par conséquent, si les
molécules primitives sont dérivées de mille planètes, indépen-
damment de celles du soleil, la nouvelle planète aura une
liaison d'affinité directe avec tous ces corps ; c'est-à-dire que,
si le mot affinité pouvait se représenter figurativement par
un fil, nous verrions la nouvelle planète liée avec mille fils,
correspondant en outre à celui du soleil, qui serait le plus
fort, tous servant à soutenir le nouveau corps avec les autres
pour marcher avec lui de parité dans les voyages aériens, et
suivre ensemble les lois du Créateur dans les combinaisons
de l'éternité.
Si nous devions ensuite expliquer les dimensions de ces
fils, nous dirions que leur longueur serait naturellement d'un
corps à l'autre, et quant à la grosseur, elle serait un million de
fois plus petite que l'atome que nous sentons par l'odorat toutes
les fois que nous percevons par ce sens une odeur que les
yeux ne peuvent pas voir.
La nouvelle planète, ainsi constituée, émanera également,
après sa formation, ses fluides comme les autres corps, et son
« ma Uères diffuses et vaporeuses qui sont répandues par quantité va-
« riablc en diverses régions du ciel. »
La terre et l'homme ,
Par M. Alfred Mauky.
DES COMETES. 189
-superflu passera aussi à d'autres formations qui subiront les
mêmes lois d'affinité.
326. — Sans doute que parallèlement à ce renouvellement
des corps célestes, il y a leur diminution et leur disparition,
qui sont la conséquence de la loi universelle d'accroissement
et de dépérissement ; mais c'est le résultat du travail des siè-
cles, travail au-delà de notre portée, et comme nous avons
dû borner nos recherches aux mystères de la création, une
étude sur la disparition des astres n'eiitre pas dans notre
plan ; il nous suffit de la signaler.
Cependant, pour ce qui regarde notre planète, nous conti-
nuons de suivre l'ordre de son rapetissement d'époque en
époque, et nous pouvons comprendre par les témoignages
qui passent sous nos yeux, que son temps de disparition,
quelque éloigné qu'il soit, ne peut manquer d'arriver con-
formément aux lois immuables de la création.
LES COMÈTES.
327. — La formation des comètes se fait bien naturelle-
ment suivant le même principe des autres corps, c'est-à-dire
qu'elles sont un assemblage de molécules antérieurement va-
gabondes dans l'espace ; seulement la différence de la forme
des comètes, leur demi-transparence et leur marche rapide à
travers plusieurs constellations indiquent qu'elles sont com-
posées d'une substance et qu'elles ont une destinée différentes
des celles des planètes.
Les comètes comme tous les corps de la nature se divisent
en plusieurs catégories : les petites appartiennent assez sou-
vent à une seule constellation , et les grandes, au contraire,
appartiennent à un nombre plus ou moins grand de constella-
tions ; les unes et les autres sont certainement destinées à
190 QUATRIÈME ÉPOQUE.
purifier le ciel des atomes vagabonds dont la substance n'au-
rait pu convenir à aucun autre emploi.
Nous pouvons, par analogie, nous reporter au règne de
Teau, où nous avons vu que la décomposition des corps donne
un nombre infini d'atomes difiérents les uns des autres, et où
nous avons vu aussi que le genre torpille absorbe une qualité
particulière de ces atomes ; d'autres poissons en absorbent
une autre qualité, et enfin, chaque classe d'êtres s'empare de
la qualité homogène à sa production, et toutefois il reste
encore assez de substances pour altérer Teau des mers.
Pourquoi ne verrions-nous pas, dans les espaces du cieK
les mêmes dispositions ? Si certaine qualité de molécules est
propre à la composition des planètes, à l'alimentation ou à la
purification des soleils, à la formation d'autres phénomènes,
il en reste aussi qui ne sont propres à aucune de ces combinai-
sons, ou qui, ayant déjà passé successivement par toutes ces
combinaisons, ont été tellement épuisées, qu'il leur manque
toute espèce d'élasticité ou d'énergie pour se combiner entre
elles directement ; et alors, comme conséquence naturelle, il
doit y avoir une loi de prévision, ayant pour effet de débjar-
rasser l'espace de ce superflu inutile, qui nuirait à la régula-
rité des mouvements dépendant des lois générales.
328. — Dans cette hypothèse, un germe formé ad hoc de
certaines molécules, doit avoir pour mission de parcourir les
constellations de l'univers , et , dans sa traversée régulière,
d'absorber en attirant autour de lui et à sa suite toutes ces
molécules épuisées, de manière à balayer le ciel, à épurer
tous les espaces, et nettoyer pour ainsi dire les sphères des sys-
tèmes solaires.
Ces germes deviennent des comètes ; en parcourant ainsi
leurs orbites, ces comètes (1) attirent les fluides épuisés qui,
(1) Kepler constatait, il y a deux siècles et demi, que les comètes
sont aussi nombreuses dans le ciel que les poissons daQs TOcéan.
DES GOMÈTËSi 191
en s'y attachant progressivement, forment des queues im-
menses.
Sans doute que leur -fin doit être de disparaître, en pas-
sant dans Tun ou l'autre des nombreux soleils de l'univers,
car il y en a qui sont bien plus grands encore que le nôtre, et
qui sont aptes à recevoir ces masses prodigieuses. En effet, on
sait que des comètes traînent des queues de plusieurs millions
de lieues de longueur, et peuvent très-bien servir momenta-
nément à l'alimentation d'un soleil en se déposant tout autour
de son disque*
Nous terminons le quatrième Jour, jour des astres, par ces
courtes observations sur les phénomènes célestes.
Nous allons voir au cinquième jour la suite des produits
terrestres, et surtout le grand travail du règne animal, qui va
désormais dominer sur la terre.
CINQUIÈME JOUR
OU
CINQUIÈME ÉPOQUE
RË6NE ANIMAL
13
Les aoimaux, divers d'espèce et de figure.
Sortirent du limon , berceau de la nature.
Quand la terre échauffée aux traits brûlants du jour.
Dans ses flancs que du ciel a fécondés Tamour,
Eut mûri la semence arrivée à son terme,
Et sous sa forme enfin développé son germe.
De Saint-Ange,
Métamorphose» d'Ovide.
LE LION ET L'AI&LE
Au lion dans les bois , à l'aigle dans son aire ,
Qui ne reconnaît pas le même caractèa-e?
Tous deux ,' rois des États par la victoire acquis.
Ne veulent de festins que ceux qu'ils ont conquis;
Ennemis généreux et vainqueurs magnanimes ,
Enfin tous deux font grâce à de faibles victimes.
Deui.le ,
Les Trois Bègnes.
CINQUIEME JOUR
on
CINQUIÈME ÉPOQUE
R ÉGNE ANIMAL
CHAPITRE XX
Intervalle da f^aatrlème an Cinquième Jour.
Sommaire. — Cinquième jour de la Bible, 329. — Causes de la violence
du cataclysme de la quatrième journée, 330. — Déplacement des eaux,
331. — Situation de la terre à la cinquième journée, 332. — Réduction
de sa circonférence, 333. — Augmentation de sa densité et.de son poids,
334. — Apparition des oiseaux, 335. — Raisons de leur création tar-
dive, 336. — Leurs besoins ; causes de leur agilité ; pesanteur de cer-
taines espèces^ 337« — Insalubrité de l'atmosphère dans les quatre
premiers jours, 338. — Formation de là couche végétale, 339. — But
de la création des oiseaux, 340. — Spectaclie de la nature, 341*
329. — La Bible nous apprend que le cinquième jour a été
Fépoque des animaux vivant sous le firmament, et particu-
lièrement des poissons qui nagent dans la mer et des oiseaux
qui volent dans Tair. (Genèse, ch« I, § 20, 21» 22, 23.)
330.' — La quatrième journée a fini par un cataclysme plus ter-
rible qu'aucun des cataclysmes précédents, par la raison que la
terre, alors plus solide et plus rétrécie que dans aucune époque
196 CINQUIÈMK ÉPOQUE.
antérieure, a opposé plus de résistance. Les explosions ne
rencontraient plus de matières molles; tout ou presque tout le
contour du globe avait déjà subi maintes fois la pression et
le rétrécissement dont nous avons expliqué la loi; donc la
résistance se trouvait générale, la matière étant beaucoup plus
durcie et plus solide que dans les cataclysmes antérieurs.
331. — La partie aride ou la masse découverte de la terre,
qui était à l'ouest, s est affaissée et, par suite de cet affaisse-
ment, les eaux voisines ont été les premières à couvrir le grand
plateau terrestre, qui est devenu désormais le fond de T Océan ;
en même temps il se découvre plus en avant un nouveau pla-
teau qui formera Taride ou la terre de la cinquième journée.
332. — Ce nouveau plateau, en suivant Tordre de déplace-
ment des jours passés, sera porté au nord-nord-est, ou à peu
près dans la situation où la terre est placée de nos jours.
333. — La circonférence du globe, au commencement du
cinquième jour, se trouve réduite de la moitié, c'est-à-dire à
25,000 lieues.
334. — Quoiqae rétrécie de moitié, la terre était bien plus
pesante qu'elle n'avait pu l'être aux époques précédentes; le
volume diminuait, mais le poids augmentait à cause de l'ad-
dition des immenses forêts, ainsi que des coquilles et autres
animaux qui s'étaient formés sur la vaste étendue de 100,
puis de 50,000 lieues de contour, pendant l'espace de tant de
centaines de%iècles.
335. — La cinquième époque na produira plus autant d'êtres
sur la terre, dont la circonférence est fort diminuée; cepen-
dant, dans les 300 siècles ou plus que va durer cette époque,
la matière nouvelle différera peu en qualité, car il viendra s'y
joindre une nouvelle espèce d'habitants qui n'ont pas besoin
pour leur existence d'une grande étendue terrestre; c'e&t la
grande classe des oiseaux vivant dans Tair et donnant à la
INTERVALLE. 197
terre le produit de leurs digestions, puis leur corps même
après leur mort.
336. — La Bible énonce, à .cette occasion, une grande
vérité et atteste en même temps l'exactitude de nos calculs.
Les oiseaux n'auraient pas pu exister lorsque le cercle de no-
tre satellite, la lune, contournait le globe; leur apparition
ne pouvait avoir lieu qu'à ciel ouvert et quand l'atmosphère
pouvait offrir à cette classe d'êtres Routes les conditions d'un
air élastique, purgé et sain; ainsi, il leur fallait des monta-
gnes et des pics plus élevés , pour abriter les différentes races
et leur faire respirer un air plus rare.
Or, même au quatrième jour, l'atmosphère n'était pas en-
core dans des conditions assei saines, et les plateaux de la
terre n'offraient pas des montagnes assez élevées pour être
aptes à la nourriture et à Tentretien des oiseaux.
337. — La création de l'oiseau s'opéra donc aussitôt qu'il
put trouver dans le fluide de l'atmosphère ia légèrelé deTair
purifié qu'il transmet à ses vastes poumons, et qui le soutient
dans ses voyages aériens. L'oiseau a besoin de l'air pur qui
pénètre jusque dans ses os et ses plumes ; c'est alors seulement
qu'il peut acquérir l'activité et la subtilité qui sont l'essence
de son être; comme le poisson, qui, par sa complexion molle
et flexible, possédant des organes analogues à l'élément hu-
mide, ne peut vivre que dans l'eau; comme le quadrupède ,
placé au milieu du sol terrestre et pierreux , a,une organisa-
tion dure et une pesanteur de membres qui le retiennent atta-
ché sur la terre* Aussi voyons-nous que l'oiseau aquatique,
le canard, l'oie, le cygne , retenant dans son corps une quan-
tité de principes humides, est bien plus lourd et plus épais que
l'agile habitant des airs; ainsi encoré"les gallinacés, les din-
dons^ les perdrix, les poules, les autruches , etc., vivant tou-
jours sur terre , en ont contracté une pesanteur de corps qui
ne leur permet plus de s'élancer au vol , même à de courtes
198 CINQUIÈME KPOQUE.
distances; ils sont forcés de laisser aux races habituées à vivre
dans les hautes régions de l'atmosphère, Tagilité, qui est le
privilège de l'espèce,
338. — * L'insalubrité de Tatinosphère durant les quatre
premiers jours s'explique facilement. D'abord la terre, molle
encore, produisait des évaporations relativement très-épaisses
et considérablement délétères, à cause des immenses submer-
sions de forêts qui s'enfouissaient constamment dans mille
endroits différents autour du globe. En second lieu^ il faut
noter Ténorme quantité d'insectes produits par l'effet de la
double chaleur sur toute la surface de la terre; ces insectes
durent envahir la presque totalité de la première couche de
l'atmosphère. En troisième lieu, nous signalerons l'humidité
constante de l'atmosphère, par suite de la faible action de la
lumière, qui n'était pas encore dégagée, et enfin l'accumula-
tion séculaire des cadavres de tous les animaux, dont une pro-
digieuse quantité resta sur le sol jusqu'à ce que les cataclysmes
les eussent engloutis dans l'intérieur; car les oiseaux de proie,
destinés à remplir les fonctions d'équarrisseurs, pour ainsi
dire, ne se présentent qu'à la cinquième journée.
339. — Cet apparent désordre, cette confusion et ce mé-
lange de miasmes provenant de l'air corrompu, des cadavres
et des insectes, étaient nécessaires pour former, sur la croule
totale du globe, une grande et épaisse couche de terre végé-
tale devant rester toujours molle, et d'une nature propre à être
labourée; car les premières plantes n'ont pu se présenter que
sur une surface trés-hétérogène, variant.à chaque instant par
l'effet des éboulements, et qui, laissant à découvert les parties
minérales ou sablonneuses et arides, rendaient le sol impropre
à l'accroissement des plantes et aux besoins des animaux.
Il fallait donc que la terre se formât une couche propre à
la végétation et convenable au séjour des êtres, séparément
(les pierres et des métaux qui devaient rester au-dessous.
INTERVALLE, 190
Ainsi, pendant que le feu, à Taidé d'une grande partie des
matières fraîches, formait à rintérieur les produits les plus
pesants et les plus précieux, tels que les minéraux et les mé-
taux, bases de la solidité de la terre, celle-ci, aidée par Teau,
devait également, avec une autre partie des mêmes matières
fraîches, se préparer un sol gras et comparativement léger
pour les merveilleuses productions de sa surface.
340. — Déjà, à la quatrième journée, la marche du progrès
dans cette voie s'était trouvée bien avancée par le travail des
siècles précédents ; mais dans le cours de la cinquième épo-
que, la terre devait arriver à son apogée de splendeur, et la
nature, en créant les oiseaux, avait pour objet de purger Tair
des insectes, et de faire dévorer les cadavres qui avaient jus-
qu'alors infecté les forêts et les plaines.
Que Toiseau ait été destiné à rendre un tel service, c'est in-
contestable ; il nous en donne la preuve lui-même, par sa
manière de vivre, par sa propreté, ses mœurs, qui sont res-
tées constamment invariables depuis sa création.
L'oiseau est l'animal le plus décent, et par là le plus sym-
pathique à la nature.
Les iles de guano qu'on a découvertes de nos jours nous
démontrent que Toiseau, dans l'état sauvage, va déposer ses
ordures, et même finir ses jours loin des habitations, qu'il a
purgées de son vivant, et qu'il ne veut pas empester de ses
restes après sa mort.
341. — Quel merveilleux spectacle que celui de la nature!
Voici le jour qu'elle destine au règne de Tanimal, c'est-à-dire
aux animaux plus parfaits que les monstres qui avaient
existé jusqu'alors, et elle les présente avec les éléments les
plus perfectionnés pour leur bien-être.
La nature a travaillé pendant des siècles pour arriver à ce
degré du progrès universel. Elle nous offre l'oiseau chantant
dans les régions de l'air , le poisson jouissant de l'élasticité
200 GINQUIÈMB EPOQUE.
de l'eau, les quadrupèdes s'euiTrant de la fraîcheur des
plantes ; et afin de ne laisser aucuu vide dans les anneaux de
la grande chaîne vitale, elle a créé en outre des êtres inter-
médiaires destinés à vivre dans Tun et l'autre élément, comme
les amphibies, qui peuvent eiister tout à la fois sur la terre et
dans Teau^ les vampires et les chauves-souris qui tiennent du
volatile et de Tanimal terrestre. Tous ces êtres ont une spé-
cialité, une mission particulière à remplir; leur accroissement
est sans limites dans tous les âges, et selon les changements
de température; une race perdue en amène une autre, plus
parfaite; car pendant la longue durée des siècles, la vie des
animaux e( celle de la terre n'ont fait que se confondre en se
fusionnant dans une seule et même matière^ pour donner
après la mort une plus belle vie.
LES FOSSILES. 201
CHAPITRE XXI
lies F«»sile0
SoMHAiRB. — Intérêt des recherches da cinquième Jour, 342. ^ Difficultés
de ces recherches, 343. — Importance des corps des animaux- primitifs,
3liU. — Égalité des matières solides des dnq derniers époques avec la
totalité des molécules de la première époque, 345. — Époques des restes
antédiluviens; rapetissement des races, 346. — Fossiles du mastodonte,
du mammouth et de Téléphant, 347. — Rhinocéros et géants du règne
animal, 348. *- Le mégathérium, crapauds fossiles, reptiles volants, etc.,
340. — Squelette du mylodon robustus, 350. — Étonnement des an-
ciens à la vue des grands fossiles, 351. — Sauriens, Tiguanodon ,
richthyosaurus, le lézard géant, 352, — Opinion de Cuvier sur la dis-
parition eu grandes races , 853. -— Belles conséquences de la théorie
de ce sayant, 354. — Débris fossiles de diverses parties du monde, 355.
— Fossiles de Thippopotame, 356. — Fossiles dé" l'Algérie, 357. —
Fossiles de l'Amérique, 358, 359. — Observations sur les cochons et les
chevaax fossiles de l'Amérique, 860. ^ Le dromatbérium sylvestre, 361.
^ Connaissances peu étendues des anciens, 362. *- Ije dryoffithécui ^
ou le fossile de forme humaine, 363. — Rhinocéros de Tempereur Domi-
tien, 364. — Les colonies de M. Barrande, 365. — Preuves que TAsie,
l'Europe, l'Afrique et l'Amérique ne faisaient qu'un seul continent, 366.
342. — Ce cinquième jour de la création offre la plus belle
carrière à nos investigations, car c'est la veille de notre pro-
pre époque , et la terre pourrait bien nous y montrer quel-
ques restes des êtres qui ont existé dans cette journée mémo-
rable.
Mais quand même la terre nous présenterait dans ses en-
trailles quelques nouveaux vestiges de ces vénérables anti-
quités» il faudrait le génie d'un Cuvier pour en rq>roduire les
physionomies.
34S. -^ Jusqu'à ce que la science, à force d'explorations,
ait trouvé, dans les fossiles pétrifiés, les squelettes ou les em-
202 CINQUIÈME ÉPOQUE.
preintes des habitants de cette époque , ou d'avant cette épo-
que , contentons-nous de les apercevoir par l'analogie des
temps ^ par la nécessité de leur apparition , c'est-à-dire par
les rapports forcés qui appellent la présence d'un être là où
son existence est nécessaire à l'harmonie générale.
Nous pouvons d'autant plus avoir confiance dans nos hy-
pothèses, que la géologie a déjà fait sur ce point de grands
progrès, particulièrement depuis un demi -siècle, et que
bientôt, nous n'en doutons point, elle viendra confirmer nos
supputations.
344. — Les formes des animaux primitifs, comme leurs
figures et leurs physionomies, étaient certainement hideuses,
comparativement aux animaux perfectionnés de la cinquième
époque; mais si les figures étaient laides, les formes étaient,
par contre y d'une taille gigantesque, et ces énormes corps ont
prodnit des matières solides en grande abondance, soit par
leurs évacuations durant leur vie, soit en léguant leurs restes
à la terre après leur mort. La terre avait besoin d'une pareille
matière , non seulement pour le travail intérieur réclamé par
l'élaboration des métaux, mais aussi pour former Tengrais
des couches végétales, afin de préparer l'organisation pro-
chaine de l'agriculture en vue de l'arrivée des nouveaux ha-
bitants qui allaient bientôt peupler sa surface.
345- -* Nos calculs démontreront que le règne animal,
concurremment avec le règne végétal , a produit, dans les
cinq dernières époques, un poids de matières solides équi-
valent à celui que pouvait peser la totalité des molécules
primitives, dont l'assemblage s'est opéré à la première
époque.
La justesse de ce résultat ressortira des explications que .
nous allons donner sur le règne animal et de certaines sta-
tistiques partielles, ; compris celle de l'homme, à la sixième
journée.
LES FOSSILKS. 203
348. — Lçs débris des grands animaux reconnus anlé-
diiuviens, trouvés en grande quantité sur les bords de la mer
aujourd'hui glaciale, au nord de la Russie et en Sibérie, ainsi
que dans le nord de rAmérique, prouvent par leur position
régionale que ces débris datent de la cinquième journée, car
à cette époque le climat, dans ces parties du monde, était tel
que ces êtres pouvaient y exister, et c'est précisément aussi la
partie du globe où l'aride, c'est-à-dire la terre, était alors à
découvert.
Ces animaux, d'une grandeur assez colossale en propor-
tion des espèces qui vivent aujourd'hui, nous donnent la
preuve du rapetissement des races à mesure que le globe se
rétrécit lui-même (1).
347. — Le mastodonte, étudié et reconstruit par Cuvier,
n'existe plus qu'à l'état fossile ; il se rapproche des éléphants
et se classait avec eux dans la famille des pachydermes pro-
boscidiens; seulement il est d'une création plus ancienne que
l'éléphant.
On trouve ^continuellement des fossiles de mastodonte dans
TAsie septentrionale , en Europe et en Amérique, particu-
lièrement aux alentours des rives de l'Ohio, en Virginie et
dans le Canada, où les habitants le nomment le père aux
bœufs ou l'ancien bœuf, bien qu'il soit quatre fois plus grand
que ne l'est le bœuf actuel. Le mammouth (2), qui est aussi
(l'une taille prodigieuse et qu'on avait cru être un éléphant
Carnivore, a fourni les moyens de l'examiner par les fossiles
qu'on a découverts ; et, ce qui est remarquable, c'est que les
ossements qu'on trouve à des distances énormes, comme en
Europe et en Amérique, sont pourtant des ossements de la
même espèce et de la même taille.
(4) Voir la note M, à la fin du volume.
(2| Peales, account of the skeleton of Ihe mammouth and an his'
lorkat disquisition on fhe mammouth.
204 CINQUIÈME ÉPOQUE.
Après le mastodonte, Téléphant devait, à la cinquième
époque, remplir les fonctions du bœuf de nos jours, et il pou-
vait être soumis aux mêmes travaux et à la même domesti-
cité que le bœuf Test en ce moment. Nous en avons encore
la preuve dans les services analogues que cet animal rend en
Asie.
348. — Les squelettes des éléphants et des rhinocéros, qu'on
a trouvés et qu'on découvre constamment, sont de taille beau-
coup plus grande que les individus vivants des mêmes races;
mais au moins nous avons la satisfaction de voir vivants les
descendants de deux espèces qui ont résisté aux changements
de climat des époques passées. Les mastodontes, les mam-
mouths et bien d'autres familles de géants du règne animal
sont éteints pour nous, et leur disparition nous montre que
les êtres ne peuvent vivre qu'autant que la terre et le climat,
c'est-à-dire les conditions physiques de la terre, leur sont ho-
mogènes. Les éléphants, les rhinocéros et tous les autres ani-
maux qui descendent des races anciennes, quoique plus petits
de taille, nous prouvent leur origine antédiluvienne, et sem-
blent nous dire avec orgueil qu'ils ont acquis le droit de deve-
nir à leur tour les géants du règne animal de mtre époque,
tanclis qu'ils n'auraient été que des pygmées dans le même règne
aux époques primordiales.
349. — Dans les grands fossiles d'Amérique on a décou-
vert le mégathérium, de la famille des paresseux, dont la gran-
deur dépasse celle du rhinocéros et même de l'éléphant; ces
paresseux étaient très-répandus sur tout le globe et la race en
est éteinte.
On a trouvé en Suisse des crapauds fossiles et des reptiles
volants d'une grande dimension. On a découvert à Honfleur,
au-dessous de la Seine, des crocodiles à l'état fossile, et Bruce,
dans ses voyages, a véritié que ces animaux ont abandonné
l'Egypte eh se retirant dans la Nubie et l'Abyssinie, contrées
LES FOSSILES. 205
qui offrent de nos jours ie climat qui leur convient, tandis
qu'eu Egypte vivaient autrefois des ours blancs, qiri ne peu-
vent vivre que dans les glaces du pôle.
Les défenses d'éléphants, recueillies par milliers près des
bords de la mer glaciale, servent aux mêmes usages que Ti-
voire frais; les czars ont voulu autrefois s'en réserver le mo-
nopole. L'éléphant était donc très-répandu dans -les régions
qui sont aujourd'hui l'extrême nord du globe.
En 1771, il a été déterré, auprès de Yelhoni (Russie sep-
tentrionale), un rhinocéros entier, avec sa chair, sa peau et
son poil ; sa tête et ses pieds sont encore conservés à Saint-
Pétei'sbourg.
350. — Dans les plaines de la Plata, Amérique du Sud,
dans Tannée 1841, M. Pedro de Angelis a découvert, à sept
lieues nord de la ville de Buenos-Ayres, le grand squelette d'un
animal géant, qu'on appela mylodon robustus (1); cet ani-
mal était en état de grimper sur l'arbre sigillaria. Le sque-
lette en question se trouve déposé à Londres, au collège de
chirurgie.
Non loin du lieu de celle découverte, on en fit une autre
d'un animal à carapace, osseux el marqueté, d'une grande
taille^ ressemblant à VarmadiUo. Le chargé d'affaire anglais,
sir W. Parish, a acheté Tun et l'autre, el les a expédiés à
Londres.
35L — Thomas Ha wkins s'exprime ainsi (2):
a Parmi les écrits des nombreux auteurs de Tantiquité, il
c< nous est parvenu des notions singulières sur des os et sque-
« leltes trouvés dans les entrailles de la terre, et qui appar-
{\) Description of ihe skelelon of an extinct giganiie tlathy Mylo-
don rob%itëtu$^ Owen by Uichard Owen. London, 1842, 1 vol. in-4o,
(2| Mémoire of icht/tyosauri and plesiosauri extinel monter s of
the ancient earth. London, 1834, i vol. in-fol. avec 24 gravures.
206 Cl>QriÈllE ÉPOQCE.
« tenaient à des anîmaaiL de cette ère hypothétique où Ti-
« valent des géants d^nne dimension extraordinaire. Ncnis
« poorrions, ajoote-t*il, citer bien des passages dans lesqa^
« il est fait mention do temps et de la place où des os
« d'nne grandeur surhumaine ont été extraits do sein de la
« terre.»
Les savants de nos jours, déjà familiarisés avec les expia-
Fatioos de la géologie, pourraient à peine croire les eSels
sério-eomiqnes que ces sortes de décourertes produisaient sur
les esprits étonnés dfô philosophes qui Tiyaicnt dans ces
siècles passés. De là naquirent de brillantes fictions, telles que
les fables des Titans, etc., etc..
352^ — Il n'y a aucun doute que, dans ces débris, il y aTait
des restes de l'espèce des pachydermes, de la race des méga-
ihériums^ avec mille autres espèces toutes colossales, et sur-
tout des grands sauriens H), ces êtres singuliers, ayant pour
se défendre une seule corne, comme un espadon, arme ter-
rible, que M. Gédéon Mantell, après des travaux persévérants,
a su décrire ayiH^ un vrai talent et sans doute une grande
exactitude (2).
Le géant m^alosaurw\ et un plus gigantesque encore,
Viguanodon^ auprès duquel nos plus grands palmiers ne
seraient que des arbustes nains , et le prodigieux ichthych-
gaunvs (3) doivent avoir créé dans Fimagination des peuples
(1) « D*^onnes sauriens, dit M. Alfred Maurj {la Terre et l'Hamune^
1857), fréquentaient la vaste mer crétacée, et Tan d^eux. déeoaTeit
dans les couches de craie de Maestricht, a dû à cette ciroonstance son
nom de moêoêaure (le saorien de la Meuse) ; il était roisin des iguanes,
et sa tète, année d'un formidable appareil denté, avait un mètre et
demi de long. Cet animal monstrueux a été aussi retrou vé en Angle-
teriie et dans la craie de Meudon, près Paris. ■
(2) The Geology ofîhe 9omth^aMi of Englamd.
^3) Au mois de jaîn 1858 , dans le canton de Berne , des fooilks
ayant été entreprises sous la direction d'un géologue suisse, M. Meynu
LES FOSSILES. 207
de ces époques (où les découvertes de la géologie n'étaient pas
inême soupçonnées), une panique suffisante pour créer tous
les monstres que la Fable nous a transmis sous la forme des
hydres, hippogriffes, dragons, etc.
M. Mantell donne les détails des dernières découvertes fos-
siles végétales et animales (1).
Nous ne suivrons pas l'auteur dans tous ces détails, fort
intéressants du reste, ni dans les débats des savants pour dé-
couvrir si ces. fossiles gigantesques appartenaient aux qua-
drupèdes ou à d'autres races. Nous remarquons seulement la
conclusion concernant le classement de Vichthyosaurus ; on
reconnaît que son nom dérive du grec, ichthyos, poisson,
etsatiro.^, lézard.
C'est donc le lézard géant avec ses espèces^ races et va-
riétés qui abondait dans les premiers âges du monde; ces
êtres sont restés les princes du règne animal jusqu'à la
cinquième journée ; après cette époque , la terre n'était plus
assez molle pour leur genre d'existence, et ils ont fait place
à des races mieux appropriées au terrain plus dur qui se for-
mait.
353* — Cuvier dit que (2) les fossiles ayant donné naissance
à la théorie de la terre, lui ont fourni en même temps ses
principales lumières ; que la découverte spéciale des os fossiles
des quadrupèdes peut conduire à des résultats plus rigoureux
qu'aucune autre dépouille de corps organisés; mais en même
temps il est convaincu que les races des grands quadrupèdes
on mil à découverl le squelelle d'un ichlhyosaure ; ce squelette a en-
viron 12 mètres de longueur; il a dû être déposé au musée d'histoire
naturelle de Bade.
(i) Pictorial atlas of fossU remains,,. ^ by Gideon Âlgernon Man-
teU, esq., London, ^850.
(2) Discours sur les révolutions de la surface du globe , pages 39
et 42.
208 CINQUIÈMK ÉPOQUE.
sont éteintes, et qu'il n'y a plus aucun espoir de les voir se
reproduire sur notre globe.
354. — Cuvier avait raison; la découverte des grands ani-
maux anciens sera la seule qui pourra nous conduire à for-
mer, à peu près , la statistique des êtres selon les temps, et,
par leurs caractères et les altérations de leurs formes, nous
désigner aussi les climats qui régnaient aux diverses époques
de leur existence.
Depuis Cuvier, on a continué les fouilles et l'élude des dé-
couvertes avec une persévérance et une habileté merveilleu-
ses. On avait appris de ce savant à composer une carcasse
avec des fragments d'un individu ; la présence de quelques os
lui suffisait pour reconstruire l'animal et lui rendre sa phy-
sionomie; ainsi, il ressuscitait les formes delà nature anti-
que. Les traditions de son école ont heureusement progressé.
355. — Partout les débris fossiles nous ont confirmé que
l'Europe, TAsie, T Afrique et l'Amérique ont été habitées par
les éléphants qu'on a nommés elephas primigenius^ et par les
rhinocéros, qu'on a nommés rhinocéros tichorhinus.
Les auteurs de la Géologie de la Russie ont reconnu que
cet éléphant et ce rhinocéros avaient vécu longtemps dans la
Sibérie. M. Goldfuss ayant examiné des dents molaires d'élé-
phants et de rhinocéros, en Allemagne, y a trouvé des diffé-
rences sensibles et les a nommés elephas prisms et rhinocé-
ros htiiellensis. Ces différences attestent ou qu'il y avait
plusieurs races à la même époque , ou que ces variétés appar-
tiennent à des races successives.
Buckland (1), Gibson, ont trouvé des vestiges nombreux
de ces animaux dans la célèbre caverne de Kirkdale en An-
gleterre.
Les ossenâents de ces grands pachydermes, et ceux des
(1) Reliq. diluv., pi. VII.
L£S FOSSILES. 209
nombreux carnassiers, rongeurs et ruminants, qui leur sont
presque partout associés, se montrent disséminés dans tout
l'espace compris entre la mer Caspienne, la mer Noire et la
Baltique.
356. — Avec les restes d^éléphants et de rhinocéros géants,
ou voit quelquefois s'associer des ossements d'hippopotames,
type complètement étranger à la faune que nous croyons d'or
rigine sibérique ; peut-être se rapprocheraient-ils de Tune des
espèces vivantes de l'Afrique. Une dent a été donnée au Mu-
séum par M. Boucher de Perthes, et se trouve mentionnée et
figurée dans Tosiéographie de M, de Blainville (Fasc. du g. Sus,
pi. ix), comme canine supérieure d'un grand s^is (sanglier).
-357. — L^exploration ,des cavernes de l'Algérie a procuré
également des ossements de lyhacochœre^ d*hyëae tachetée du
Cap, de bos primigenim , et des vestes d'éléphants et de rhi-
nocéros fossiles, rapportés par M. Renou (1), qui sont de la
même espèce que ceux trouvés dans le lac Salé d'Amérique.
358. — Le président des États-Unis, Jefferson, a décou-
vert dans une caverne de la Virginie les ossements d'un an-
cien grand animal qu'on nomma megaloniXy et plus tard on
trouva, dans la vallée du Mississipi, un squelette complet d'un
pareil animal.
Les tatom ou dasypiem ^ qui vivent encore depuis le Mexi-
que jusqu'à l'extrémité de l'Amérique méridionale, sont d'une
taille de moitié plus petite que les débris fossiles de la même
r»ce qu'on a trouvés dans les fouilles du Mexique et de l'Afri-
que.
359. — Mais les éléphants antédiluviens, de l'espèce la
plus colossale, se font reconnaître par les fragments fossiles
trouvés fréquemment dans les couches de terre glaise d'aï-
luvion de l'Amérique septentJ'ionale. Ces découvertes, rappro-
(t) Moniteur^ 2 mars 1858.
14
210 CINQUIÈME ÉPOQUE.
chées de Tobservation analogue relative aux débris asiatiques,
semblent prouver que les éléphants de la cinquième époque
ont survécu plus que toute autre race, en traversant les der-
nières révolutions du globe.
On a trouvé dans les forêts vierges de TOhio (Amérique), et
dans le lac Salé , une quantité d'ossements de cet animal gi-
gantesque, ainsi que dés bois de cerfs géants et d'autres grands
animaux d'un temps primitif. Il y a à Philadelphie un sque-
lette entier d'éléphant trouvé dans Osage-County dont la lon-
gueur, de la queue à la tête, est de 30 pieds; on a trouvé depuis
des os bien plus gros et plus considérables qui attestent une
taille beaucoup plus grande encore.
• 360. — Notons ici deux faits très remarquables : des co-
chons de l'Inde orientale ont été retrouvés, à l'état fossile,
dans l'Amérique du Sud. En second lieu, .à rentrée des Espa-
gnols dans l'Amérique, il n'y avait pas de chevaux du tout;
cependant on y trouve aussi bien qu'en Europe des ossements
fosBiles de chevaux dans les terrains tertiaires supérieurs; le
cheval sauvage a donc existé dans cette contrée , mais la
race chevaline s'y était éteinte ou avait été détmite dans les
âges antérieurs, peut-être par des animaux plus forts, parce
qu'ils n'étaient pas protégés par les soins de l'homme, comme
ils ont dû l'être sur l'ancien continent.
361. — L'un des plus infatigables géologues de notre
temps, le savant sir Charles Lyell, nous donne des détails fort
curieux (1) sur de nombreuses découvertes de fossiles de toute
espèce, et particulièrement de mammifères trouvés au sein de
roches d'une haute antiquité, dans la Caroline du Nord (États-
Unis), entre autres (2) d'un dromatheriMm sylvestre, ainsi
(1) Manuel de Géologie élémentaire.
(2) Supplément au Manuel de Géologie élémentaire, par sir Charles
Lyell.
LES FOSSILES. 211
nommé par le docteur Ëmmons, qui rapporte à la période
permienne (1) les couches au sein desquelles il était enfoui.
Ces couches contiennent aussi des débris de sauriens théco-
dontes. Il est à remarquer que des espèces fossiles de cette fa-
mille de grands reptiles se sont rencontrés également dans le
Trias supérieur du Wurtemberg. L'auteur ajoute que le fossile
en question est aussi ancien que le bassin houiller de Rich-
mond (Virginie, Amérique), et que le dromatherium appar-
tiendrait à la partie inférieure de la série jurassique, plus an-
cienne que le schiste de Stonesfield, et par conséquent on
peut le regarder comme l'un des représentants les plus an-
ciens, jusqu'à ce jour connus, de la classe des mammifères.
362. — Les anciens se sont assez rendu compte des ani-
maux vivants. Nous voyons dans Arislote la description de
presque tous les animaux encore les plus remarqués de nos
jours; mais les anciens n'avaient pas fait des fouilles sous la
terre, ils ne connaissaient les animaux géants que par les tra-
ditions verbales transmises de père en lils, et qui naturelle-
ment s'altèrent paries exafgérations et finissent, comme on
Ta vu, par des fables. Ainsi les singes de presque toutes les
espèces ont été indiqués par les anciens sous les noms de j)i-
thèques, de sphinx, de satyres, de cébus, de cynocéphales, de
cercopithèques.
Les orangs-outangs et tout autre animal approchant des
formes et de la taille de l'homme, mais privés de la parole,
se trouvent compris sous ces différentes dénominations.
363. — M. Owen a trouvé des débris d'un singe qui a dû
vivre sur les bords de la Tamise, et qu'on a nommé macact^
phocœnus.
(i) Le calcaire magnésien de^ géologues anglais a reçu de sir R. Mur-
chisqn, en i84l , le nom de Permiêny du gouvernement de Perm, en
Russie, où ce terrain occupe une surface double de ceUe de la France,
el contient en abondance des fossiles très-variés.
212 CIN(iVl£ME ÉPOQUE.
Il y a plus (le vingt ans, un géologue français, M. Lartet, a
signalé un singe fossile, voisin de l'orang-outang, qui venait
d'être recueilli en France, dans un dépôt d'eau douce à San-
san (Haute-Garonne). Il lui a donné le nom de dryopithecus,
c'est-à-dire singe d*arire, *parce que cet animal, qui parait
avoir été frugivore, devait grimper sur les arbres pour en
manger les fruits. Ce savant distingué a depuis, en 1856, fait
connaître la découverte, au sein du même gisement, d'une
nouvelle espèce fossile de la famille des orangs, de taille supé-
rieure à celle du chimpanzé vivant. Les parties du squelette
qu'on avait trouvées étaient seulement les deux branches d'une
mâchoire inférieure garnies de leurs dents et un humérus.
Ces débris ont suffi pour indiquer, par leur structure anato-
miqué et leurs dimensions, une espèce se rapprochant de
rhomme plus qu'aucune autre parmi les quadrumanes vivants
ou fossiles jusqu'à présent connus des naturalisâtes. L'observa-
tion des dents a indiqué aussi , d'après leur ordre de succes-
sion el d'après leur nombre, que ce quadrumane différait du
chimpanzé et correspondait à l'espèce humaine.
Déjà on avait reconnu que le gibbon, par son squelette en
général, se rapprochait du type humain bien plus que tout
autre singe.
Vers le même temps, en 1854, on avait découvert en Grèce,
l>rès d'Athènes, un autre fossile de singe, que M. Lartet assi-
mile à un genre vivant, celui du semnopithecm, mais qu'on
«croit du même âge que le fossile de Sansan.
a Ces faits, dit M. Lyell (Supplément au Manuel de Géo-
logie), nous font voir combien il nous reste à apprendre sur
rhistoire ancienne des quadrumanes, surtout si nous songeons
que, sous le rapport géologique, nous connaissons fort peu,
comparalivement, les contrées tropicales, où cependant il fau-
.drait s'attendre à rencontrer en plus grand nombre que par-
tout ailleurs des vestiges de genres anthropomorphes (ayant
formes d'hommes) éleints. Si des couches aussi anciennes que
LES FOSSILES. 213
le miocène ont pu nous révéler des formes jusqu'à un certain
point intermédiaires entre le chimpanzé et Thomme, ne som-
mes-nous pas en droit de présumer qu'un jour d'autres cou-
ches d'une date plus ancienne ou plus moderne fourniront
également de nouveaux anneaux ostéologiques entre Thomme
et le dryopithecus? »
364. — H n'entre pas dans le plan de cet ouvrage d'indi-
quer les noms de tous les quadrupèdes de l'antiquité ou anté-
diluviens déjà reconnus par la science; c'est à elle de créer
les noms à^ mesure qu'elle fait une découverte; seulement nous
trouvons que Domitien montrait à Rome un animal auquel on
n'a pas donné un nom particulier, et qu'on appelait le rhino-
céros à deux cornes. Cet animal n'existe plus de nos jours.
Domitien en fit graver l'image sur des médailles, ainsi que
le raconte Pausanias. Cette espèce était donc déjà très-rare à
cette époque ; par conséquent, il y a environ dix-huit siècles
que cet animal a disparu. Le rhinocéros unicorne existe tou-
jours, mais seulement dans les pays les plus chauds.
365. — M. Barrande de Prague, avec un zèle qui honore
sa persévérance, a formé une des plus belles collections de
fossiles de l'Europe ; déjà plus de 1,500 espèces d'invertébrés
fossiles ont récompensé ses efforts.
Ce savant géologue a classé par colonies les formations
probables des couches de fossiles ; ce système pourrait être
assez juste pour un plateau spécial comme la Bohême, et
offrir la gradation des espèces éteintes en présence des races
nouvelles qui se remplaçaient successivement. En effet, les
études de M. Barrande prouvent que la faune graduelle d'une
colonie à l'autre présente, dans la quantité des espèces, une
différence de 8 à 9 p. 100, ou bien de 1 à 2, d'une couche à
l'autre.
■
Mais il serait difficile de prendre cette théorie pour une règle
générale, car dans les grands bouleversements de la teri^ et
214 CINQUIÈME ÉPOQUE.
particulièrement sur les points des divisions causées par les
crevasses, les soulèvements qui ont eu lieu en même temps
que les transports par les eaux doivent avoir confondu assez
souvent dans un même terrain les produits des êtres ou des
formations d'une époque très-éloignée.
Les courants souterrains ont dû aussi porter les dépôts d'un
bout à l'autre du monde, et causer un mélange de débris
d'êtres dissemblables, lesquels n'auraient pu vivre ensemble
sous le même climat; et cependant un soulèvement subit les
offrirait aux recherches des géologues d'aujourd'hui , sur
une même couche, ou dans la circonscription d'une même
colonie.
366. — L'analogie du terrain, ou des couches de terre et
celle des fossiles découverts en Amérique, comme en Europe
et en Asie, prouvent jusqu'à la plus parfaite évidence, que
tous ces continents n'en faisaient encore qu'un seul à la fin de
la cinquième époque de formation de notre planète. Nous
verrons bientôt le moment et la cause de la séparation et de
la division des différentes parties du globe terrestre.
LES INSECTES. 215
CHAPITRE XXII
lies Insectes.
SoMMAiBE. — ImportftDce de Tétude des petits ammaux , 367. — Leur
caractère destructeur; les grillons, les cypris, HOte^ 368. — Insectes
funestes; insectes utiles, 369. — Considérations sur la multitude
des insectes, 370. — Leur constitution chimique, 371. — Leur multi-
plication combattue par les oiseaux , 372. — Les oiseaux insectirores
et les insectes malfaisants, 373, 374, 375. — Utilité des insectes, 376,
377, 378. — Les infiniment petits, 379. — Opinions diverses sur l'ins-
tinct ou l'intelligence des ammaux, 380. — Merveilles de leurs fonc-
tions animées, 381. — Exemples d'insectes apprivoisés,. 382. — » Origi-
nalité du travail des animaux, 383. ~ Belle question à résoudre, 384. —
Actes mécaniques, 385. — Chefs-d'œuvre spontanés des insectes, 386.
*- Habileté naturelle de certaines espèces, 387. ^ La solution reste
provisoirement ajournée, 388.
LES INSECTES.
367. — Les auteurs anciens , comme là plupart des auteurs
modernes, se sont plus particulièrement occupés des- grands
animaux que des petits ; cependant les petits ont été les pre-
miers à paraître sur la terre ^ dans Teau et dans l'air , et ils
ont été toujours ,^ sous le rapport du nombre, dans une pro-
portion intiniment supérieure aux grands; les insectes ont in-
flué aussi beaucoup plus sur les révolutions physiques du globe
ainsi que sur les changements de climats; aussi les efiets pro-
duits par leur présence auraient pu mériter un examen plus
approfondi.
A la seconde époque, à l'occasion du règne de l'eau, nous
avons \u l'importance des coquilles et des polypes^ genre
d'animaux qui se sotit présentés les premiers, lors de la for-
mation de cet élément ; nous ne reviendrons donc pas ici sur
l'origine de ces êtres primitifs.
216 CINQUIÈME ÉPOQUE.
Nous avons fait remarquer en même temps rimportance de
ces petits animaux qui habitent au sein des mers (94-95), et
signalé leur participation dans les altérations de I9 masse des
substances terrestres. Nous allons nous occuper maintenant
des insectes de la terre, qui n*ont pas moins contribué, bien
que dans un ordre différent, aux phénomènes du globe.
368. — Les insectes de la terre méritent encore plus notre
attention, car ils se présentent constamment sous nos yeux et
non sans nous gêner ; ils nous font souvent nous demander
pourquoi sont venues ces masses innombrables de mouches,
de fourmis, de vers, de chenilles, de criquets, de saute-
relles, de guêpes, de cousins et tant d'autres espèces d'êtres
infiniment petits (1) qui ne se contentent pas de demeurer
dans ou sur la terre, mais qui osent attaquer les autres ani-
maux sans respecter l'homme même, soit quand il dort, soit
quand il est éveillé.
Nous entendons dire souvent que la création de ces êtres
importuns était inutile, qu'ils ne font que nous tourmenter
de jour ou de nuit , gâter nos mets sur lesquels ils se permet-
tent de déposer leurs œufs, détruire nos étoffes dont ils ron-
gent les (ils , ruiner nos propriétés, etc.
Il y a, en effet, un contraste remarquable en apparence
entre la conduite des insectes de la mer et celle des insectes
de la terre.
Les coquilles et les polypes, insectes de la mer, font un
travail d'accroissement, d'augmentation, en formant des bancs
de corail qui prolongent les rivages et ajoutent des fies aux
continents ; tandis que les insectes de la terre font l'effet con-
traire, ils ne travaillent qu'à la destruction et la portent par-
tout où ils vivent.
On a rencontré dans des excavations de grandes quantités
de bois fossiles, presque tous rongés par les vers.
(A) Voir la note N, à la fin du volume.
LES INSECTES. 217
M. Deluc rapporte qu'il trouva , dans une colline voisine
de r Atlas, des pièces de bois fossile au milieu d'une couche
de coquilles y et que Tune de ces pièces de bois avait été tel-
lement criblée par les vers qu elle ressemblait à de la dentelle.
369. — Cependant il est impossible d'admettre que la na-
ture ait mis au monde ces êtres uniqnement pour qu'ils fissent
du mal. Au premier aperçu, nous voyons que dans le nombre
de ces espèces d'insectes, s'il y en a de fort nuisibles, exer-
çant leur action funeste soit sur les végétaux précieux pour
nous , soit sur nos animaux domestiques et sur nous-mêmes,
par contre, il y en a aussi de fort utiles; ainsi l'abeiHe, le ver
à soie et la cochenille sont trois espèces qui, par Içur mérite
extraordinaire, feraient pardonner à l'instinct persécuteur
des autres races.
Il y a dans les insectes, comme dans les grands animaux»
des différences extraordinaires qui se trouvent également dans
les plantes : nous voyons que l'herbe la plus vénéneuse peut
avoir un emploi utile soit dans la médecine, soit dans l'indus-
trie; de même les insectes les plus nuisibles en apparence
doivent remplir une mission quelconque dont Tutilité nous
échappe parce que les effets en sont indirects.
370. — L'énorme quantité de ces petits animalcules exis-
tant sur la terre est en dehors de tout calcul; et il serait
assez difficile de savoir laquelle des espèces était la plus nom-
breuse aux époques primordiales.
Il est hors de doute qu'elles ont commencé par un nombre
restreint, et que les espèces comme les races se sont aug-
mentées à mesure de l'acroissement des variétés des plantes et
des animaux.
La chaleur étant le premier élément coopérant à leur pro-
duction, il est évident qu'avec la grande chaleur des époques
primitives, les quantités des insectes étaient très-considérables
sur toute la circonférence du globe..
218 GINQUIÈMS ÉPOQUE.
Il nous reste donc à supputer, par robservation, les nom-
bres infinis d'insectes qui se sont produits depuis cinq cents
à mille siècles, sur la surface d'un globe de deux cent, de cent,
puis de cinquante mille lieues de circonférence, et de nous
demander à quoi a servi leur passage sur la terre.
371. — Pour résoudre ce problème, il faut savoir queTa-
nalyse de chaque insecte nous xlonne des acides et des mor-
dants chimiques, plus ou moins abondants et variés, selon la
nature plus ou moins dure ou molle des individus.
Les vers, par exemple, offrent une pâte acide, molle, dif-
férente de la dureté de la cantaride ou du hanneton, et ainsi
de mille espèces, ayant toutes des propriétés diverses (1).
Or,. dans les convulsions de la terre, ces masses d'insectes
engloutis ont été la matière chimique ou l'ingrédient nécessaire
et exigé pour le perfectionnement de l'alliage, dans la grande
production des métaux, et leur séparation en raison des qua-
lités, précisément, comme les coquilles et les polypes,
avaient coopéré èila formation des pierres; et tous ensemble
ont coopéré ensuite à l'élaboration du règne minéral ; car on
conçoit que le mercure, la magnésie, . le plomb, le marbre,
Tor, le cuivre, l'argent et le porphyre, etc., n'ont pas été
formés du même ingrédient.
Les insectes de toutes espèces ont donc été l'un des éléments
essentiels de la comi)osition de ces produits.
372. — Lorsque l'intérieur de la terre eut absorbé assez
de matières venant de l'extérieur, les minéraux de toutes
sortes furent endurcis et purgés par les amalgames des
(1) Dans les insectes qui passent des mois en léthargie, il y a une
grande abondance de graisse; dans les dienilles, cette graisse forme
le tiers de leur volume. Le blaps produit une huile brune très-fétide ;
dans la glande de Taiguillon des guêpes, etc. , on trouve une liqueur
âpre qui produit une inflammation immédiate, conséquence* de la
piqûre, etc.
LES INSECTES. 219
coquilles , des polypes, des vers, des insectes et des plantes.
Lorsque la tçrre rélrécie n'offrait plus que la moitié de sa
surface précédente, alors les êtres nouveaux ne se présentè-
rent plus que relativement réduits en nombre ; ce nombre
pourtant était encore considérable, et Tintérieur de la terre
les absorbait moins, parce que, n'ayant plus besoin d'au-
tant de matières fraiches, il ne s'ouvrait plus aussi fréquem-
ment qu'auparavant. Alors l'énorme quantité des insectes
devenait nuisible sur la terre; ils corrompaient l'air et l'at-
mosphère, au détriment du climat ; mais la nature devait
produire un moyen nouveau pour s'en débarrasser : elle créa
les oiseaui.
373. — Tous les oiseaux mangent les insectes, mais parti-
culièrement la classe nommée insectivores^ qui est la sixième .
dans Tordre de l'histoire naturelle des oiseaux, et qui com-
prend une cinquantaine de familles.
Mais les oiseaux sont loin de suffire pour nous garantir de
l'importunité des insectes, dont les espèces augmentent tou-
jours ; nous en connaissons déjà plus de vingt mille variétés,
et chacune se multiplie par myriades de naissances pério-
diques.
La température du corps de tous les insectes est à peu près
la même que celle de la terre et de la première couche de
l'atmosphère touchant la terre ; c'est pourquoi ces animaux,
et surtout les larves, passent l'hiver dans un état d'engour-
dissement; mais en été, chez nous et dans les pays chauds, ils
exercent toujours la plus grande activité sur les règnes végé-
tal et animal.
Cette activité vise constamment à la destruction de l'objet
que l'insecte touche, comme si le r61e de telle espèce était de
ronger et ravager les arbres et les champs , tandis que telle
autre déviait se nourrir en attaquant les animaux, non-seule-
ment les morts, mais aussi ceux qui sont en pleine vie. Ces
220 CINQUIÈME ÉPOQUE*
insectes se nourrisseDt du suc et de la substance même de
leur chair, comme aussi de leur sang.
Il y a une larve qui vit dans le dos et sous la peau des bêtes
à cornes ; il y en a une autre qui produit des tumeurs sur un
animal où elle se fixe pour se nourrir du pus engendré par la
plaie quelle à- formée; des larves du même genre vivent
dans l'estomac des chevaux, autour du pylore, et souvent en-
core dans leurs intestins.
Les moutons, le cheval, le bœuf, ont à nourrir dans
leur corps des larves qui se tiennent dans les cavités des
sinus frontaux ; c'est là qu'elles prennent leur accroissement,
et qu'elles se nourrissent d'un mucilage que les moutons ren-
dent par le nez.
374. — Parmi les insectes qui se nourrissent du sang des ani-
maux et de celui de Thomme, en le suçant, il y a d'abord les
pouXy dont il existe un très-grand nombre d'espèces, toutes
très-différentes les unes des autres , les puceSy les ricins, les
coitsins, les taons, les hippobosques et autres, etc.
Les insectes eux-mêmes sont sucés par des arachnides de
la division des acarides.
Il y en a qui vivent dans l'intérieur du corps des autres
insectes; tels sont ceux de la famille presque innombrable
des ichneumons, et la plupart des dnyps de Geoffroy, des
STphex de Linné, et beaucoup d'espèces de son genre musca ou
mouche, etc. (1).
L'accroissement des insectes est prodigieux. Réaumur, pour
donner une idée de leur fécondité, a fait un calcul très-inté-
ressant sur X abeille femelle i il a trouvé qu'une seule mère
met au jour, dans moins de deux mois, 12,000 œufs; il résulte
encore de ce calcul que cette mère a dû pondre par jour, pour
le moins, 200 œufs.
(1) Dictionnaire d* Histoire naturelle.
LES INSECTES. 221
Leuwenhoeck a trouvé qu'une seule mouche pouvait pro-
duire, en trois mois, 746,496 mouches semblables à elle.
Aussi Linné a-t-il dit spirituellement que trois mouches con-
sommeraient aussi vite qu'un lion le cadavre d'un cheval.
375. — Il y a des insectes qui se forment dans les excré-
ments ou les transpirations de certains animaux; il y en a qui
ont une même origine chez certains quadrupèdes et qui sont
comme prédestinés à être le fléau d'autres quadrupèdes. Dans
cette classe, nous citerons la mouche tsetséy mouche à peine
grande comme celle qui habite nos maisons, qui a pour ori-
gine les énianatioils des quadrupèdes comme les antilopes,
les zèbres, etc. Cette mouche attaque tous les quadrupèdes
domestiques, le cheval , le bœuf, le chien : sa piqûre est mor-
telle pour tous.
376. -^ Ainsi la création des insectes a été une conséquence
de la vitalité générale. La terre a tiré parti de la quantité
effrayante qui s'en est produite jusqu'à la cinquième époque
au profit du règne minéral; c'était un ingrédient nécessaire
avec les autres corps des règnes animal et végétal pour la per-
fection des minéraux et des métaux, comme nous Tavons sou-
vent expliqué; mais c'était aussi une augmentation de poids
qui, avec les autres corps, devait continuer la formation de la
terre.
Sans doute que l'exhalaison dfe tous ces corps, jusqu'à la
quatrième journée, aurait été mortelle pour les animaux qui
venaient à la cinquième époque, mais l'atmosphère et le cli-
mat devaient être préservés de la corruption de ces êtres sura-
bondants. C'est pourquoi la nature les a destinés à la nour-
riture des oiseaux et d'autres animaux. Plus tard aussi, à la
sixième époque, les arts et l'industrie ont trouvé à utiliser
quelques espèces en les détruisant.
A cet égard, la science n'a pas dit son dernier mot, car les
plus nuisibles attendent encore leur emploi. Jusqu'à présent
222 CINQUIÈME ÉPOQUE.
l'industrie n'a guère su tirer profit que du kermès, de la coche-
nille, des abeilles et du ver à soie.
377. — Un savant écrivain (1) dit que l'orfèvre et le lapi-
pidaire feront bien de demander aux insectes des modèles et
des leçons. Les mouches ont dans leurs yeux des iris vrai-
ment magnifiques, près desquels aucun éciin ne soutient la
comparaison.
La mouche des chevaux est terne, grise, poudreuse, odieuse;
elle ne vit que de sang chaud ; mais son œil, examiné au verre
grossissant, offre la féerie étonnante d'une mosaïque de pier-
reries, telle qu'à peine l'eût trouvée tout l'art de Froment-
Meurice(2).
D'autres insectes, qui ne vivent que de matières mortes,
d'ordures et de décompositions, émerveillent nos yeux par la
richesse de leurs reflets que nos émailleurs devraient tâcher de
reproduire.
378. — Il y a des insectes qui paraissent créés uniquement
pour détruire des insectes plus petits; telle est la brillante
ddndèle, animal chasseur des autres insectes, très-ardent et
très-meurtrier, pourvu d'armes admirables en forme de crois^
sants qui se ferment l'un dans l'autre pour exterminer la
proie. Cette nourriture vivante et riche semble décorer la ci-
cindèle de ses merveilleuses couleurs.
Dans les ailes du hanneton, on trouve les dessins les plus
parfaits de fleurs, à couleurs éblouissantes, que Ja main de
l'homme ne saurait imiter.
On voit des insectes dont l'instinct, en rapport avec la tem-
pérature de l'atmosphère, peut servir à l'homme de thermo-
mètre ou de baromètre naturels; ainsi, à l'approche des orages
ou des pluies, les abeilles se retirent avec empressement dans
(1) Michelet, V Insecte. Paris, 4858, p. 190.
(2) Orfèvre et bijoutier de Paris , renommé en 1858,
LES INSECTES. 223
leurs ruches et les founnis cachent leurs larves ou leurs
nymphes; les mouches piquent plus vivement et les papillons
craintifs ne s'élèvent plus dans Tair.
379. — Dans le règne animal, la classe la plus nombreuse,
comme la plus merveilleuse, est donc celle des insectes; elle
ne le cède point à la botanique sous le rapport du nombre des
espèces.
Il y en a de si imperceptibles, qu'on ne peut en reconnaître les
formes qu'avec un bon microscope, comme s'ils étaient une
preuve vivante de la puissante intelligence qui se manifeste
dans la création des êtres infiniment petits, et en effet la sa-
gesse du Créateur ne brille jamais avec plus d'éclat que dans
ces êtres organisés qui semblent se dérober à nos sens.
Dans ces êtres presque invisibles, il faut reconnaître une
très-minime partie d'une molécule, déjà grandie, déjà orga-
nisée avec une prodigieuse quantité de formes , ayant une
figure, une structure, des organes de la manducation et de la
génération, et un mouvement volontaire, et tout cela dans un
corps imperceptible! Ce spectacle à lui seul suffit pour élever
notre âme à la contemplation de la nature, et nous porter à
l'admirer dans ses inépuisables variétés, dans l'abondance infi-
nie de ses créations, dont la petitesse même est nn motif de
plus pour nous stimuler aux découvertes et aux observations.
BXÀlEBN SUE l'instinct OU l'iNTBLUGENCE DES ANIMAUX.
380* — - Mais que peut-il y avoir dans le corps des animaux
et particulièrement dans les infiniment petits, pour qu'ils
fonctionnent avec tant d'exactitude de leur vivant? Est-ce
instinct, raison, intelligence, ou quelque autre cause?
Il y a toujours eu, en philosophie, deux opinions sur la na-
ture des animaux : tantôt on les a regardés comme de purs
automates, admirablement construits, mais privés de toute fa-
culté, et ne se dirigeant que par le jeu machinal de leurs
224 CINQUIÈME ÉPOQUE.
organes; tantôt on les a considérés comme des êtres sensibles,
et doués de plus ou moins d'intelligence et de raison, quoi-
qu en un moindre degré que l'homme.
Empédocles soutenait que tout être sur la terre avait de l'in-
telligence et de la raison ; il en attribuait même aux végétaux,
et en voyait Teffet dans leurs mouvements pour croître et
fleurir.
Démocrite et Parménide accordaient aux animaux la pré-
voyance et d'autres facultés. Aristote leur trouvait des traces
évidentes de raison humaine ou de prudence. Galien allait
même au-delà; il leur attribuait une raison intérieure, qu'ils
ne peuvent nous expliquer faute de langage articulé;
Plutarque, Lactance, saint Thomas (1), le cardinal Tolot (2),
défendirent les animaux contre ceux qui prétendaient les ré-
duire au rôle d'automates.
Déjà Uippocrate admettait un principe intelligent, qui gou-
vernait l'animal ainsi que l'homme.
Parmi les modernes, Cudworth avait expliqué les instincts
par ses natures plastiques; mais Samuel Reimar a encore
mieux développé l'histoire de cette étonnante faculté. Em-
manuel Kant a reconnu des facultés primitives et innées dans
rame, et Cabanis admettait des sensations intérieures qui
meuvent imperceptiblement notre intelligence, même dans le
sommeil.
381 • — Si l'organison des corps est une merveille de sublime -
conception, les fonctions animées de ces mêmes corps sur-
passent encore ce sublime, et deviennent une merveille in-
compréhensible.
Tout ce qui existe sous nos yeux, végétaux et animaux ,
travaille constamment, avec un ordre particulier, pour un
ensemble général qui étonne l'imagination.
(1) Summa^ part 1 , secl. 2, qu. 13, art. 3.
(2) De Anim.^ in-8», qu. 7.
LKS INSECTES. 225
Il ne s'agit pas seulement d^admirer les travaux des ani-
maux, en ce qui concerne leur instinct de conservation; leurs
œuvres, même tout à fait indépendantes des besoins de Texis-
tance actuelle, sont exécutées par eux avec une perfection
à laquelle jamais Thomme ne pourrait atteindre.
Ainsi, les polypes, celte simple gelée vivante, que nous
avons vus, au règne de l'eau, construire des bancs et des îles,
pour faire résistance à l'élément qui leur donne la vie, ces
êtres frêles, sans le secours d'aucun œil, savent fabriquer ces
étonnantes constructions de coraux, de madrépores, etc.,
etc., avec des formes éminemment élégantes et infiniment
variées.
Si des insectes de la mer nous passons à ceux de la terre,
nous voyons les manœuvres des coléoptères qui dévoient nos
arbres, ou des teignes qui se pratiquent des fourreaux dans .
nos vêtements, opérations d'une industrie surprenante, opérée
par des individus si chétifs, que nous écrasons de nos dédains,
et auxquels nous sommes loin d'accorder la moindre lueur
d'intelligence.
En remontant vers des êtres plus compliqués, et avec les-
quels nous communiquons davantage, depuis les poissons, les
reptiles, jusqu'aux oiseaux et aux quadrupèdes, nous obser-
vons chez eux beaucoup de grandes industries spontanées, et
dans lesquelles nous ne pouvons pas nier qu'il y ait des in-
dices d'intellect et de raisonnement, variant en raison des
besoins et selon les circonstances.
382. — Plusieurs de ces petits êtres sont susceptibles d'é-
ducation; on peut, jusqu'à un certain point, les apprivoiser;
ils semblent comprendre ce qu'on leur enseigne. £t ici nous
ne parlons pas des mammifères, tels que le chien, le cheval,
l'éléphant, le singe, etc., qui paraissent posséder, sous ce rap-
port, une intelligence réelle à un degré assez développé ; nous
avons en vue seulement les insectes. Ne sait-on pas que des
15
l
226 CINQUIÈME ÉPOQUE.
araignées se sont montrées sensibles aux sons de la musique,
et même en quelque sorte reconnaissantes pour les bons
procédés qu'on leur témoignait ? Personne n'ignore que Pé-
lisson en avait apprivoisé une à la Bastille, qu'elle accourait
à la voix ou au moindre sigiïe de son ami. El celle de ce
jeune virtuose, Berthome, dont parle M, Michelet dans son
livre de V Insecte! Quand l'enfant jouait de son violon, l'arai-
gnée s'avançait de l'angle du mur sur le pupitre, puis du pu-
pitre jusque sur le bras mobile qui tenait l'archet; elle voulait
écouter de plus près, comme un dilettante intelligent (1).
On pourrait certainement apprivoiser bien d'autres in-
sectes Qui ne se rappelle les puces travailleuses^ qu'un
industriel donnait en spectacle à Paris, il y aquelques années?
383. — Mais, en général, Tanîmal, dans ses travaux, in-
vente pour ainsi dire tout ce qu'il fait, il ne copie rien ; tous
ses actes sont originaux et non imités; l'hirondelle n'a point
appris de nos maçons à bâtir son nid, et quoique les guêpes
et les bourdons forment des cellules régulières, il ne leur faut,
pour construire ces chefs-d'œuvre, ni règles ni compas.
L'animal, s'il est malade, sait choisir les herbes qui peu-
vent lui être utiles, et certes il se gardera bien de toucher à
un objet qui lui serait nuisible.
{\) Au moment où nous faisons imprimer cet ouvrage, nous lisons
dans un journal de Paris, la Gazette de France du 29 septembre 1858,
le fait suivant :
« Un riche gentleman de Londres, M. W..., consacre son temps et
une partie de sa fortune à faire une collection d^araignées de tous les
pays. Il en possède actuellement quatre ou cinq mille, et chaque jour
on lui en envoie des pays les plus lointains. On ajoute que, pour ap-
privoiser ces gracieux insectes, M.W... emploie la musique, à laquelle,
comme on sait, les araignées sont très-sensibles. Il est arrivé ainsi,
dit-on, à des résultats extraordinaires. Aux premiers sons d'une polka,
les araignées quittent leurs toiles, abandonnent le trayait, et s'endor-
ment aux accents du piano^ comme un fmancier dans une loge d'Opiîra.
LES INSECTES. 227
384. Or, il s'agit de rechercher ce qui fait mouvoir avec
tanl d'habileté et d*nlilité les moindres animau^i et même les
plantes, bien qu'on ne puisse découvrir la source d'où pro-
cèdent ces actions, ni apercevoir par quel motif une espèce
suit telle industrie, fait telle chose, tandis qu'une autre espèce
en suit ou fait telle autre, toujours si parfaitement, si sage-
ment, sans changer de plan le moins du monde.
385. — Nous n'avons pas la prétention de résoudre le pro-
blème de la vie; seulement il est certain qu'un système d*or-
ganes profondément entrelacé et combiné avec prévoyance,
détermine des actes de conservation, soit en vue de l'espèce,
soit eu vue de Tindividu. Parmi ces actes, il en est d'essen-
tiellement mécaniques, surtout chez les végétaux et chez les
animaux dans le sommeil ; telles sont en particulier les fonc
lions de nutrition: l'absorption, la circulation, la respiration,
l'assimilation, etc.
La nature, ce grand nom qui désigne la mère de tout ce
qui ^ûsle, fait marcher dans l'obscurité la racine d'un arbre,
pour chercher de préférence les couches fertiles de la terre
et celles qui lui sont le plus homogènes, tandis que les bran-
ches et les feuilles cherchent à absorber la lumière et la cha-
leur du soleil.
Ëgalement, dans l'intérieur de l'animal, la nature déve-
loppe, par atonies imperceptibles, l'instinct qui, en grandis-
sant, acquiert une propriété individuelle; celle-ci se met à
l'œuvre immédiatement avec la force d'impulsion qui lui est
parvenue.
Ce principe directeur et créateur est insinué dans chaque
molécule; parle travail de son développement, elle active ce-
lui des organes de l'espèce, et hâte ces merveilleuses combi-
naisons qui font que les générations des êtres créés parti-
cipent de l'immortalité sur la terre.
^ Oo porte d'i&sliiicl, de eapacilés natareiles. Mais
228 CINQUIÈME ÉPOQUE.
puisque Tinstinct est identique chez tous les êtres, les capa*
cités doivent être également semblables, et si les capacités
sont distribuées à toutes les myriades de millions d'êtres qui
vivent sur la terre, il est naturel qu'il y ait des myriades de
millions de chefs-d'œuvre. L'insecte en donne l'exemple, et si
les animaux plus grands avaient à leur disposition des mains
et des outils comme en possède T homme, nous verrions des
chefs-d'œuvre bien autrement merveilleux que ceux que
rhomme nous présente, malgré ses études et sa science.
Admirons celte araignée qui tisse une toile avec des fils
tirés de son corps, et disposés dans un ordre inimitable ;
voyons Fart qu'elle possède pour attirer et arrêter les mou-
ches, les manœuvres adroites qu elle emploie pour se pro-
curer la substance nécessaire à sa vie : on dirait qu'elle est
un homme d'affaires qui attend à son bureau le client qui
doit venir lui apporter son tribut.
Chaque insecte, dans sa spécialité, opère un travail égale-
ment parfait ; l'abeille, la guêpe, le fourmilion, etc., etc.,
sont aussi instruits, dès leur sortie de l'œuf ou de Tétat de
larve, sans études préliminaires, que Tout été leurs pères au
commencement du monde.
Est-ce instinct, est-ce intelligence matérielle innée que cette
habileté individuelle ?
Mais peut-être on nous dira que c'est un effet extérieur,
indépendant de prévisions antérieures; voyons donc des
insectes différents qui présentent essentiellement la prévision
antérieure.
387, — Une larve de fourmilion , en sortant de l'œuf, sans
avoir jamais vu ni son père ni sa mère, qui sont morts, se
trouve seule, orpheline, sur ce vaste théâtre du monde. La voilà
qui trace dans le sable un cône creux, une trémie, se place
au fond, et attendant au passage les fourmis d'alentour, les
fait glisser dans squ puits en leur lançant des grains de cable;
LES INSECTES. 229
puis, après les avoir dévorées, elle va porter au loin leur car-
casse, et se métamorphose en mouche névroptère.
Voyons encore ces guêpes solitaires qui, déposant leurs
œufs en un trou pratiqué par elles dans du bois, et y mettant
de la pâture pour le ver qui doit en naître, ferment le trou
et meurent. La larve, née dans cette loge, toute seule, et
dans l'obscurité, perce le mur de sa prison; elle sort au grand
jour. Alors, métamorphosée en guêpe, elle va trouver une
compagne, s'accouple, sait choisir le nectar de tel genre de
fleurs qui lui est nécessaire pour se nourrir; puis, pressée de
pondre, elle creuse à son tour un trou dans le bois, y apporte
des chenilles qu'elle ne tue qu'à moitié, pour laisser de la
chair encore fraîche à la larve qui sortira de son œuf; enfin
elle se comporte ainsi que Ta fait sa mère sans Tavoir jamais
connue, sans avoir acquis ni habitude, ni science de qui que
ce' soit.
388. — On ne veut pas permettre que tous ces actes soient
le fruit d'une intelligence; ce serait un blasphème, s'écrie-t-on,
de dire que les animaux ont de Tintelligence, qui est un don
exclusif pour l'homme : soit. Mais il faut bien avouer qu'une
sorte de raisonnement entre pour beaucoup dans les actes que
nous venons d'énumérer, et que nous pourrions passer en re-
vue dans chaque espèce animale.
Nous trouverons dans la suite, avant de terminer cet ou-
vrage, d'autres actes originaux et importants de la part des
animaux, et lorsque nous arriverons au règne de Thomme, nos
recherches sur les produits de son intelligence nous donne-
ront peut-être sinon la solution de ce grand problème, du
moins quelques indices plus exacts pour caractériser la com-
paraison des instincts et des intelligences, chez les êtres qui
habitent la terre.
230 CINQUIÈME ÉPOQUE.
CHAPITRE XXiri
flâlte de» Iiuieetes*
SoMMAiBis. — Questions concernant le bien et le mal produits pur les ani-
maux, 3S9. — Exemple tiré des nuées de sauterelles, 390, 391. —
Causes des productions innombrables de certains êtres, 302. — Étude
des évaporatiogs excessives , 393. — Conséquences de Faction de ces
fluides, 39/i. — Ce que deviennent les corps des animaux; engrais, 3Q5.
— Éléments du poids du globe à la cinquième journée, 396.->- Calcul Hhé
des abeiUes, 397. — Résultat prodigieux^ 398, 399. — Observations
concernant les autres classes d'insectes, /|00. — Emploi qui pourrait
être fait des insectes, 401.
389. — Ed attendant, une découverte qui serait digne des
investigations de la science, ce serait celle qui ferait conRaftre
le degré de bien ou de mal que produisent sur la terre la pré-
sence el la masse de telle ou telle espèce d'animaux; car Pap-
parition et la durée d'une race quelconque causent incontes-
tablement un changement dans l'ordre habituel de la nature,
soit dans les effets de l'atmosphère, soit sur les productions
de la terre, soit pour la salubrité du Climat dont Tinfluenee
r^aillit sur les hommes.
390. — Nous voyons, par exemple, tomber à Timproviste
dans une plaine une masse de sauterelles ou de criquets; leur
multitude effrayante dévore instantanément toute la récolte,
toute l'herbe qui se trouve sur leur passage, dans une étendue
de plusieurs lieues (1).
Nous déplorons ces désastres que nous ne connaissons cepen-
dant qu'en partie, c'est-à-dire que nous ne savons rien voir
(-1) Voir la note O , à la fin du volume.
SUITE DES INSECTES. 231
au-delà d'une récolte perdue et d'une plaine immense tout à
fait dévastée.
Mais bien positivement le mat ou le bien ne se borne pas là :
les milliers de tonneaux, en poids et volume, de ces blés ou
herbes qui sont entrés dans Testomac des sauterelles, sont
rendus par celles-ci d'une manière quelconque, soit à la terre,
soit à l'atmosphère, soit à Tune et à l'autre ensemble; et cetle
restitution, ne s'opérant pas sous la forme primitive du blé ou
de l'herbe, dans quelle condition se fait-elle et quelle est la
conséquence de cette transformation?
391.. — Nous avons pris au hasard la sauterelle ou le cli-
quet comme l'animal qui, sous nos yeux, se présente assez
souvent dans les circonstances indiquées; mais il y a une
foule d'autres animaux (1) qui, à des époques données, pour
des causes encore secrètes, se rassemblent en masses énor-
mes, et leur présence, en nombre sans limites, inflige à l'en-
droit où ils se trouvent des altérations sensibles (2).
392. — Ces productions innombrables, d'une classe spé-
ciale d'animaux, ont-elles pour origine une prodigieuse quan-
tité de semence accumulée sur un point donné, ou ont-elles
pour cause l'instinct amoureux de l'attraction mutuelle ou l'é-
nergie du besoin alimentaire? ou enfin est-ce l'atmosphère
qui, par un fluide homogène, fait éclore ou produit et chasse
{\) Les chenilles se multiplient avec la même rapidité; en 1731
elles se mulliplièrenl dans une grande partie de la France avec une si
prodigieuse fécondité, qu^elles dévoraient à Tinstant môme toutes les
pousses des plantes et des arbres , ce qui détermina le parlement à
rendre, le 4 février 1732 , un arrêt qui enjoignait à tous les proprié-
taires et fermiers, d'écheniller dans le délai de huitaine^ sous peine
de 30 livres d'amende. Cette loi a toujours continué d'exister.
(2) De tous les Insectes malfaisants, il en est bien peu qui le soient
autant que les hannetons. Depuis leur naissance jusqu^à leur mort,
ces insectes se nourrissent de substances végétales , et leur font un
tort considérable. {Dicl. d'Hist. nal.)
232 CliNQUlEME KPOQUE.
h la Ibis la masse étrange de cette multitude d'êtres d'une
même race?
Si c'est dé l'atmosphère qu'en dérive la cause , c* est qu'il
est arrivé sans doute dans l'atmosphère même un fluide par-
tiailier et subit qui a déterminé Téclosion de ces insectes; dans
ce cas, ce fluide spécial serait entré dans ratmosf)hère soit en
provenant des miasmes de la terre, soit en filtrant des cou-
ches supérieures de Téther.
Si c'est un produit de Télher, on peut l'attribuer à un amal*
game de molécules qui auraient filtré d'autres planètes et
dont le principe vital, en traversant notre atmosphère, se
serait développé subitement par la rencontre de certains mias-
mes homogènes; mais si c'en est un de la terre, sa source
vient naturellement d'un excès d'émanations extraordinaires
produites instantanément, et qui auront été déplacées et trans-
portées par des courants aériens.
Tout excès d'émanations d'un objet spécial doit produire un
désordre dans les régions de l'atmosphère.
393. — Quel peut être l'excès d'évaporations d'un objet
spécial? Il est facile de le démontrer : continuons d'observer
comme exemple la classe des sauterelles. Lorsque cette masse
innombrable de sauterelles a dévoré et absorbé, sur une éten-
dues de plusieurs lieues, toutes les plantes et les herbes (1),
cette nourriture qui, en poids et volume, aurait fait l'objet
de mille chargements de navires, cette masse énorme se
(1) L'essaim est souvent si grand qu'il obscurcit le soleil; à son cou*
cher/ces insectes pleuvent comme une averse. Bientôt il ne reste plus
sur la terre et dans un espace de 8 à 10 lieues une seule feuille , un
seul brin d^herbe : les arbres se brisent sous leur poids. La plus belle
campagne n'est plus qu'un triste désert; la faim et la peste sont à leur
suite.
Charles XII se trouvant en Bessarabie, se crut assailli par un oura-
gan môle d'une effroyable grôle, lorsqu'un semblable nuage de sau-
SUITE DES INSKCTKS. 233
trouve dislribuëe en parties très-peliles dans le corps de ces
myriades de millions d'insectes, lesquels finissent par crever
tous sur un même point, et la quantité incalculable de ces
petits cadavres empoisonne Tair par Tinfection que répan-
dent leurs corps en dissolution ; de là naissent des maladies
épidémiques, des pestes qui enlèvent, avec la famine, des
milliers d'êtres vivants; de là de nouvelles émanations mor-
bides au moyen desquelles les miasmes augmentent et passent
dans la région de Taimosphëre en qualité de fluide spécial.
394. — Ce fluide spécial, ces miasmes pestilentiels, s'ils
passaient directement dans les régions supérieures de l'atmos-
phère, n'occasionneraient sans doute aucun inconvénient,
car ils s'y amalgameraient avec les autres fluides, et peut-être
même qu'au lieu d'être nuisibles ils seraient utiles dans les
combinaisons secrètes de la chimie céleste.
Mais si , au lieu de s'élancer directement dans les régions
supérieures, il est porté, soit par sa propre pesanteur, soit
par une attraction quelconque, ou par une influence particu-
lière , dans la direction d'une ligne plus ou moins droite , sur
un point de la surface terrestre, malheur à ce point , à cette
province sur laquelle passerait ce fluide pestilentiel, en em-
poisonnant le climat et l'air que les habitants respirent! Telle
est , nous le répétons , l'origine des épidémies et de difiéren-
tes autres calamités; car ce poison, venu de l'air, n'est pas
seulement respiré par les habitants , mais il se dépose sur la
lerelles vint subitement à s'abattre, et couvrant hommes et chevaux,
arrêta Tarmée entière dans sa marche.
Dans l'année 1613, un passage de sauterelles eut lieu en France,
aux environs d'Arles; plus de ^5,000 arpensdeblé furent moissonnes
par elles jusqu'à la racine.
En Transylvanie, il y eut en 1781 un passage d'insectes pareils, et
après leur dévastation on ramassa 1,500 sacs d'œufsde ce terrible in-
secte.
234 CINQUIÈME ÉPOQUE.
couche terrestre, sur les plantes et les fleurs, sur les liquides,
sur les viscères intérieurs des animaux, et , selon les disposi-
tions, il crée des phénomènes individuels ou généraux dans
TexpansioD de la vitalité.
395. — Les cadavres des animaux sont des corps solides
qui restent dans la terre; ils s'y décomposent sans doute
comme se décomposent les plantes et les arbres; mais le pro-
duit de cette décomposition n'est pas moins en grande partie
une substance solide qui, agglomérée avec la terre, en aug-
mente la quantité. De nos jours, cette opération se borne à la
surface et opère une bonification à la terre végétale; c'est ce
que nous appelons engrais.
Mais aux époques, primordiales, ces corps ont été une sub-
stance très-importante pour la consolidation de la terre, ayant
été réunis et amalgamés avec elle, et ils sont entrés par les ca-
taclysmes jusque dans le centre du globe en se confondant,
comme on Ta vu , avec les autres moléculesde toutes lesespèces ;
mais le règne animal a fourni bien plus : les corps descadavres
des myriades de millions d'animaux ont été peu de chose en
comparaison des matières fécales et uraloires que ces mêmes
animaux ont fournies de leur vivant.
396. — Nous pouvons donc, sans crainte d'exagérer, recon-
naître, ainsi que nous l'avons déjà énoncé (345), que le poids
du globe, à la fin de la cinquième journée, était formé à nK)i-
tié des matières fournies par les règnes végétal et animal, et
que l'autre moitié du poids provenait des molécules du pre-
mier grand assemblage.
Nous allons en donner la preuve, en chiffres, par le calcul
des produits.
397. — Pour baser la solution de ce grand problème sur
des faits positifs, nous prendrons une classe d'aninaaux, et
comme les infiniment petits ont été les plus efficaces à cause
SUITE DES INSECTES. 235
(le leur quanlité, nous choisirons au hasard une classe dans
les insectes.
Nous prendrons les abeilles (1), parce que nous pouvons
contrôler et calculer leurs matières. Dans Tannée 1841, le
commerce de la cire a été reconnu, par le transit opéré dans
les cinq parties du monde, de 400,000 tonneaux (1,000 kil.
chacun); le miel a été seulement de 200,000 tonneaux. Natu-
reUeraenty le miel étant en grande partie consommé par les
paysans et les producteurs, le commerce en reçoit le moins;
mais nous pouvons hardiment calculer que leur consomma-
tion égale le quart de la production, soit 200,000 tonneaux;
par conséquent, basons noire calcul sur 800 mille ton-
neaux.
Les abeilles consomment elles-mêmes au moins ta même
(piantité pour leurs approvisionnements de Thiver ; mais nous
n'en tiendrons pas compte; nous nous bornerons , pour ce
surplus, à considérer les corps des abeilles après leur mort.
Bien qu'une abeille qui aura vécu sept ans ail consommé, et
par conséquent évaporé, phts de cinquante foiSy en poids, le
poids de son corps, nonobstant, pour être plus sûrement dans
le vrai, nous nous bornerons au minimum de tous les chiffres
possibles.
Il faut encore compter qu'on ne récolte pas toute la cire et
tout le miel qui se produisent dans le monde; il en reste dans
les forêts et les cavernes beaucoup plus que l'homme n'en
recueille pour le commerce ; nous l'indiquons sans le prendre
en compte; notre calcul en sera d'autant plus exact.
388. — Ainsi, nous admettons 800,000 tonneaux de cire
{i) Une ructie contienl ane femelle, 290 à 800 mâks «t 16 à 20^000
GUYrtéres. Chaque année elle produit deux ou trois essaims doiamant à
peu près les mêmes quautilés. Virgile et PUue disent que la durée de
la vie des abeilles est de 7 ans. Réaumur le confirme ainsi que
IHifener.
236 CINQUIÈME ÉPOQUE.
et de miel par an, et en ne calculant que pour la cinquième
époque seulement, à laquelle se rapporte ce chapitre, et la
supposant de 300 siècles, il y aurait eu pour cette époque
un produit, en cire et en miel, de' 24,000,000,000 de ton-
neaux.
. Les corps des abeilles mortes doivent se compter à peu près
pour le même poids, ce qui ne sera pas exagéré si l'on consi-
dère que les mâles se renouvellent à chaque ponte et meurent
sans jamais riep produire, mais, tout au contraire, en con-
sommant une partie du produit des abeilles ouvrières. Àin^ ,
ajoutant encore vingt-quatre milliards de tonneaux pour ces
corps morts, nous aurons quarante-huit milliards de tonneaux
pesant, pour une seule espèce d'insectes sur la terre.
Considérant que la superficie de la terre, à la cinquième
époque, était plus du double de ce qu'elle est aujourd'hui, il est
naturel de supposer que la production a dû être plus grande
encore ; il est vrai qu'à cette époque l'homme devait faire du
mief sa plus agréable consommation ; mais le climat lui of-
frait dans les plantes d'autres mets aussi utiles et aussi faciles
à obtenir; par conséquent , toute considération à ce sujet ser-
virait plutôt à augmenter qu'à diminuer le chiffre que nous
posons.
399. — L'abeille n'est qu'une classe d'insectes; il y en a
300,000 espèces vivant sur le globe , sur la terre et dans l'eau.
Nous pouvons compter au moins quarante mille espèces qui
font un travail, d'une manière ou de l'autre, en rapport de
poids égal à Tabeille; nous n'avons pas , il est vrai, sous la
main les produits du travail de chaque espèce, comme nous
avons ceux de l'abeille, mais la terre lésa, elle les reçoit; les
comptes se passent entre eux directement, sans l'intervention
de l'homme, qui s'est contenté , parce que la cire et le miel
lui convenaient, de faire le compte-courant de l'abeille.
MO. — Il n'y aura rien d'exagéré en attribuant à chaqu«
SUITE DES INSECTES. 237
espèce d'insecte la même quantité de poids comme tribut payé
à la terre.
On ne peut pas nous dire que Tabeille soit la race la plus
nombreuse; au contraire, le moindre examen prouvera qu'elle
est peut-être la classe la plus réduite; il n'y a, en effet, qu'à
la comparer aux innombrables multitudes de mouches com-
munes, de fourmis, de vers, etc., etc.
Et si une classe d'insectes ne donne pas un produit aussi
lourd que la cire, il sera compensé par la multiplicité des in-
dividus; ainsi, par exemple, la fourmi ou les vers, qui ne
donnent qu'une matière gluante, les cousins et les mousquitos,
qui ne donnent que leurs corps secs, fournifont, par la pro-
digieuse quantité de leurs cadavres, le poids qui manquerait
à la substance de leur produit.
401. — Si, à la sixième époque, c'est-à-dire si de nos jours
l'insecte n'est plus aussi utile qu'il Ta été pour la formation de
la terre ; si son abondante fécondation nous gêne, pourquoi
l'homme ne cherche-t-il pas à eu tirer parti ? On mange le
limaçon , pourquoi ne mangerait-on pas d'autres races ?
Shaw rapporte qu'aux environs du Grand-Caire, il y a plus de
quarante mille personnes qui mangent des serpents (Voyaqe
en Barbarie, p. 355). Les Arabes mangent la sauterelle. Le
célèbre Lalande mangeait la chenille et l'araignée ; il trouvait
à 1^ chenille un goût d'amande, et l'araignée avait pour lui
la saveur de la noisette. Qui sait si quelque classe d'insectes
ne serait pas très-salubre et très-appétissante?
L'industrie aussi, nous le répétons, trouverait immanqua-
blement des matières premières à employer avec succès* dans
les corps des insectes, car tous contiennent des propriétés spé-
ciales et tous ont des principes acides ou salins.
238 CINQUIÈME ÉPOQUE
CHAPITRE XXIV
Maltlplieatioii des Animaax. — I^itr Quantité
entrée dans la terre.
Sommaire. — Calcul des matières fournies à la terre par les quadru-
pèdes ; pourquoi on prend le rat pour base de ce calcul, 402. — Carac-
tère du rat, ses habitudes, ses nombreuses variétés; sa propagation,
403, 404. — Calcul du nombre des rats à la cinquième journée, 405.
— Les lézards, /^Oô. — Les serpents, 407. — Les lamantins et les cétar
ces, 408. — La baleine, 409, 410. — Le kraken, 411. — Effrayante
multiplication des harengs, 412. — Production de la morue , 413. — .
L'esturgeon, la carpe, 414. — Les poissons et les crustacés, 415. —
Supputations tirées des écailles des huîtres, 41G. — Monographie de
ITiuître, 417. — Les oiseaux; leurs produits, 418. -- OifficyJtés d'un
travail de statistique parfait, 419. — Tableau approximatif, 420. — La
succession des êtres et de leurs produits était indispensable au travail
progressif de la terre, 421.
Calcul des matières fournies a la tsire
PAR LES QUAI>RUPt:i>ES.
(02. — Après rinsecle, passons aux autres animaux, aux
quadrupèdes, aux lézards, aux. poissons, aux crnslacës , aux
oiseaux. Chaque famille a fourni son contingent.
Parmi les quadrupèdes, quelle serait l'espèce qui pourrait
nous offrir le moyen de calculer le poids moyen et la quan-
tité de matières que la race animale entière donne comme nu
tribut à la terre ? Si nous choisissions le bœuf ou le mouton ,
notre tâche serait facile» mais le choix ne serait pas impar-
tial ou de nature à fournir des résultats exacts, vu la quantité
prodigieuse de bœufs et de moutons élevés pour les besoins
domestiques des populations et qui passent tous les jours à la
boucherie dans tous les pays du monde; on pourraiit croire
que rélevage multiplie les individus au-delà de ce que la na-
MULTIPLICATION DES ANIMAUX. 239
ture ferait sans les nécessités de consommation île Thomme ;
et en outre, la quantité de bœufs et de vaches sauvages dis-
persés dans les vallées, dépasse, selon nous, de beaucoup le
nombre des individus dus à Télevage. Le bœuf nous oflrirait
pourtant une statistique plus approximative que tout autre
quadrupède. L'espèce cheval serait aussi celle qui pourrait
convenir pour ce calcul approximatif; mais encore ici les be-
soins deFagricullure, des armées^ de Findustrie et du luxe ,
sont cause que cette race est artificiellement augmentée. L'é-
léphant, et toutes les grandes familles sauvages, offriraient
trop d'incertitude, et peut-être chacune d'elles, par leur
énorme taille , donnerait un poids trop grand.
Voulant donc être plus assuré du poids moyen que nous
cherchons, et éviter toute exagération, tournons-nous vers
un des plus petits quadrupèdes et choisissons les rats.
403* — Le rat est un animal cosmopolite, il se trouve
partout , en Europe , en Asie, en Afrique , en Amérique et en
Australie, et loin d'être élevé et soigné, comme l'abeille, on
cherche avec raison à l'exterminer autant que possible, car
il ne fait que détruire tout ce qu'il peut, surprendre et rava-
ger tout ce qu'il trouve sur son passage. Nous ne serons donc
pas accusé d'exagération en calculant d'après ce mammifère
la moyenne de poids relative aux grandes races.
Le rat est très-lascif, et apte de bonne heure à se livrer à
la propagation de son espèce; la femelle fait plusieurs portées
dans Tannée, et chaque portée a un nombre assez considéra-
ble de petits.
Les rats et les souris cherchent généralement l'obscurité et
vivent dans les trous , même dans les latrines ; ils creusent des
habitations sous terre, mangent tout ce qu'ils rencontrent,
matières végétales, animales, même putréfiées; ils dévastent
tout : graînes> farines, Hnge, papiers, provisions de toute
nature, ils attaquent les volailles et même les petits agneaux.
240 CINQUIEME ÉPOQUE.
et quand toule espèce de nourriture leur manque, ils se dé-
vorent entre eux.
Les dictionnaires d'histoire naturelle indiquent trente-qua-
tre espèces de rats et souris rongeurs, plus trois cents espèces
numérotées par lettre alphabétique, depuis le rat d'Afrique
jusqu'au rat dit lei^oyo^^r ou le zibeth.
Quelle que soit la destruction de rais et de souris qui se
lasse par Thomme, par les chats, par les chiens ou par les
oiseaux de proie, il en reste toujours une énorme quantité ,
par suite de la grande propagation de l'espèce.
404. — Pour établir le poids des rats qui rentrent morts
dans la lerre, il faut faire la déduction des pertes qu'ils éprou-
vent dans leur état vivant.
Aristote rapporte qu'ayant mis une souris pleine dans un
vase à serrer du grain, il s'y trouva peu de temps après cent
vingt souris, toutes issues de la même mère.
La Perse est littéralement infestée de rats ; Cuvier disait
que la Perse était la source des rats. L'Egypte a été de tout
temps prodigieusement peuplée de rats et de souris; aussi tous
les animaux qui faisaient la guerre aux rats et aux souris
étaient-ils sacrés chez les Égyptiens.
En Amérique , ils abondent comme en Europe ; à la Jamaï-
que on compte, en moyenne, comme perte annuelle causée
par les dévastations des rats, le vingtième de la récolte; on
tue de 20 à 30 mille rats par an dans chaque plantation.
Dans les ville3 et les village^, nous avons la preuve que le
rat suit l'homme partout, et qu'il aune singulière adresse
pour se cacher et une grande sagacité pour trouver sa nour-
riture. Le rat est hardi, effronté ; il s'introduit partout, et
passant pardessus les câbles, il se faufile dans tous les navires;
quand dix ou douze rats ont pénétré dans un vaisseau , à la
Hn de son voyage il y en a quatre ou cinq cents, nés et vi-
vant dans le bâtiment.
MULTIPLICATION PKS ANIMAUX. 241
- h^ égouts âe tous les coins' du mondo possèdent des nids
de racs; ia Tamise, de Londres, et les rigoles ainsi que les
canaux! sous le pavé de Paris, contieiineni, presque^ en per-^
inanc^afe^ ^ ^n nnilion de rais et de sou,f*is dans la proportion
d'une U^^ cajtrée.. '
. Admettons quç la moitié de ces élres soient dévorés par
d'autr^^ aMmaux; admettons ^ue sur tout le reste du globe
il n'y aiiqu€^ la Htôitié dQS rats et des souris qui se trouvent
dans les égouts des grandes capitales, il nous i^estera^ en
moyenne, up quart tie million de rat£^ et souris, {^ar lieue car-
rée, qui rentrent anuiuellement dans la terre, en y portant le
tribut de leurs propre^ cadavres (1),
* s, ' ~
405. — Mais, à Tépoque du cinquième jour, les rats n'a-
vaient pas encore tant d'ennemis empressés à les détruire ;
leur existence était plus assurée, et ils donnaient à la terre,
comme les autres animaux, le tribut total de leurs cadavres.
Aussi, quand la terre avait une circonférence de 25^000
lieues, soit une surface de 1,120,000,000 lieues carrées, en
déduisant les trois quarts pour les mers, il restait 280,000,^00
de lieues carrées terrestres^ dans chacune desquelles il
.«'ensevelissait au moinç un demi-miUioa die i^s« soit
1 40,000, 0.00,00O»()0û^ ou cent quarante mille milliards; et,
^n comptant un quart de kilogramme par rat, op a.MU poids
de as, 000,000,000,000 kil. ou 35. milliards de tonneaux por
ai); soitr en 300 $i^cles^ 1 million 50 mille milliards de tour-
neaux,
Ain^i 1^ tribut payé à \^ terre par Içs t^ad^vres de ce seul
petit mammifère a, été bie^ pliis iniportattt qqe c^kii des
abeilles* £t il n'est pas déraisofmable d'admettre que chaque
espèce des grandes races en a fourni autant.
r
(4) Jl est entendu que nous réparlissons ainsi par kypothèse^ pQijir
les besoins du calcul, sur un espace déterminé. de terrain vl^^ i^^ts et
souris qui habitent en bien plus grand nombre dans les maisons.
16
242 CINQUIÈME ÉPOQUE.
^Q^ — Les lézards et les serpents, les poissons et les crus^
tacés, sont bien plus nombreux que les rats et se multiplient
plus prodigieusement encore*
Les lézards, dans la famille desquels entrent les sauriens,
les crocodiles, les dragons, le^s iguanes, les stellions, les camé-
léons, etc., avec leurs mille espèces, races, variétés et sub-
divisions, ont été les premiers animaux qui ont suivi les
monstres, ces grands animaux mangeurs de coquillages, et
dont nous n'avons aucun vestige.
Les lézards et les espèces citées ont dotic joué le plus grand
rôle et formaient les plus nombreuses populations aux pre-
mières époques du globe « lorsque la terre était dans les phases
de sa surface la plus étendue.
Les lézards, les crapauds, comme les monstres, avaient
alors une taille gigantesque. Après eux venaient les salaman^
dres, les grenouilles et d'autres races de mille formies dififé^
rentes. La fécondité de toutes ces races était prodigieuse, et
leurs cadavres, entrant dans la terre, y ont ajouté un poids
considérable, que nous calculons approximativement dans
le tableau synoptique qu'on verra plus loin.
407. — Les serpents, également de formes et de grandeurs
gigantesques, et prodigieusement nombreux, ^insi que les
couleuvres, les phoques et les amphibies, les testacés, dans
lesquels il y avait des tortues de grandeur colossale (1), et qui
vivtiient par myriades dans le terrain mou et humide des épo-
ques primordiales ; tous ces colosses, tous ces géants primitifs
ont fini par remettre leurs corps très-pesants à la terre.
408* — Les lamantins ou poissons anthropomorphes, que
Johnston, Aldorvande, etc., représentaient sous des figures de
(4) Même aujourd'hui on Irouve dans les mers de l'Inde et dans le
golfe du Mexique , des tortues qui pèsent six à sept cents kilogrammes.
L'analogie nous induit à penser qu'aux époques primitives, elles de-
vaienl être dix fois plus grosses et au moins cinq fois plus pesantes.
MULTIPLICATION DES ANIMAUX. 24S
monstres à télé d'homme, qui sont réellement des mammi^
fères de Tordre des cétacés et de la famille des herbivores/
selon Cavier; les lamantins (1) ont reçu les noms de bœufs^
de vaches et de veaux marins, parce c(ù'ils paissent l'herbe
comme les ruminants* Ces animaux se servent avec beaucoup
d'adr( sse de leurs bras pour transporter leurs petits et pour
sortir de l'eau. La position des deux mamelles sur la poitrine,
l'habitude que les lamantins ont de tenir hors de l'eau leur
tête et la partie antérieure de leur corps, leurs sortes de
mains» les poils qui garnissent seulement leur mufle et qu'on
a pu prendre pour de la barbe, ont fait appeler ces animaux,
pmsom- femmes, hommes barbus , homm£S et femmes de mer*
Ces êtres, que nous voyons vivants aujourd'hui, sont sans
aucun doute les descendants de races beaucoup plus grandes
qui existaient à Fépoque précédente.
i09. — Parmi les cétacés, la baleine, qui est de nos jours
l'animal le plus colossal, la reine et la dominatrice des mers,
imprimant le respect et la crainte, par sa masse énorme et sa
force invincible, à tous les poissons et aux autres animaux
vivant dans Teau ; la baleine, si elle eût existé aux époques
primordiales avec ses dimensions actuelles, n'aurait été qu'un
petit animal, en comparaison des bêtes colossales de la
classe des mangeurs de coquilles, et de la race des lézards
géants.
Les baleines se présentent déjà au cinquième jour, qui offre
(•1) Les plus grands lamanUns du Sén^l, suivant les observatioas
d-Âdanson, u'onl aujourd'hui que Irois mètres de Long à peine, et pèr
sent environ quatre cents kilogrammes; ils ont la tôte conique el d^uiie
grosseur médiocre, les yeux ronds, Tiris d^un bleu foneé, el la prunelle
noire; les lèvres obarnues el épaisses des dents molaires aux deux
mftchoires^ la langue ovale^ quatre ongles d'un rouge brun et luisani,
le euir épais et d-un cendré noirâtre, la graisse bKincbe el la chair
d^un rouge pâle.
241
CINQUIÈME ÉPOQUE.
un olimet âl des pâtarages sympathiques etnécessair^ à leur
, BUe6 06 dtvîsQni déjà en plusieur»^ braoobes» de graodeur et
même de fbrines diSér#ft(e», set^a les climats et les o^rs
qu'elles halûteiil (1).
^10. — Dans les mers de la Chine, H y atait dés bâl'èined
de te longueur de 300 mètres, mais il n'en existe plus de cette
taille; la grandeur commune de nos jours est de 2^ à 36
mètres.
La pêche de la baleine qui se fait sur les côtes de la Cali-
fornie offre une série île faits curieux, qui prouvent que les
animaux même tes plus difformes, s'ils n'ont pas l'inteHi-
gence, ont du moins nn instinct et un à-propos qui équivaut
presque à la réflexion. Voici des faits signalés par les pê-
cheurs de ces parages.
«En 1&^7» une baleine qui avait été harponnée sans ré-
« sttllat feignit de succomber à de graves blessures, laissa
u approches: deux embarcations chargées de matelots balei-
« niers, et lorsque ces embarcations se trouvèrent à sa por-
m, tée, elle se réveitija aussitôt et les submergea. Tous les
a hommes qui élaieat venus pour la dépecer^ la croyant
« morte, périrent aussi sovis le pouls de i^a vqn^eanee.^ »
On pourrait citer des traits nombreux de toutes sortes,, dit
le Moniteur de la flotte, qui prouvent combien cette baleine
est dangereuse, et quelles précautions il faut prendre pour
la pêcher.
(i) Une baleiné qui échoua dana Pile de Corse en «iSâO, était longue
Ti« 34 mètres; un homme à cfaetàl pou^vail entrer dans son -énorme
gueule ; pour retirer le grand intestin de son ventre il fallut 47 hommes;
elle fournit 67)500 kilogrammes d& lard. C/était uue femelle pleine;
son fœtits avait déjà 40 mètres de longueur et pesait 750 kiiogr.
Une baleine de 24 mètres seulement^ échouée en 1726 dans la baie
de la Somme, avait une gueule si vaste, que deux hommes y entraient
à Taise sans se baisser.
MULTIPLICATION 'd£fi ANIMAUI. 2iS
La portée àé la baleine comprend souvent deux petite ;
dans rOcéan pacifique, les baleinaux naissante ont ordinal^
Iremeilt de 10 à 12 mètres de longueur; ik escortent leur
taère et la défendent lorsqu'elle est îittaqoée. On en voit
tiui, trop faibles |^ur la pTO<)égerv se jettonl a«rdevant des
jpêcteurs, aii» d'at)ttrer leiuF attention et pte permettre à leur
mère de se saftfver,
41 J. — Danslps cétacés, on remarque plusieurs espèces,
çoaujae le cachalot, )e dauphin, etc.; notons aussi le kraken,
ou poisson-montagne, ou grand serpent de mer, qui parait
quelquefois , dit-(Mi , dans les mers du nord comme un sou-
venir de sa race d'ancienne origine. Le kraken est beaucoup
plus grand, que la baleine, mais exlrèjnement rare. On pré-
tend qu'on en rencontre quionX jusqu à une lieue d'étendue.
Tous cçs^grands animaux ne sont pas bien qtiles à Thom-
roe, et Texcéplion de. la baleine, dont il retire Thuile et les
façons; mais ils^ont très-utiles pour arrêter la multiplication
des poissons et des petite animaux en équilibrant, par la des-
truction, l'immensité de la production ; à la mort de ces grands
animaux, le fond de la terre reçoit de leur corps on volume
et »n poida tri^-considérables.
LES POid^Q^S.
412. — Les poissons donnent un chiffre de population vi-
vanle qui étonne rimagination même, et j^'ils n'étaient pas
soumis à ui>e «d^tf-uçtioQ obligée, njéce^ire et périodi^uo^
49À uaiatieut ré^tfilibra av^ T^^cès de production, il leur
aitfSrtait d'inné anoée pour remplir de leurs corps entajssés tous
les bassins des mers; l'eau n'aurait plus de place.
Pour nous .e^ faire uoe juste idée , nous aliops en examiner
quelq^esrun^^
Les harengs, que tout le monde connaît, sfd tienoent au
246 - CINQUIÈME ÉPOQUE*
fond de la mer et surtout dans le Nord. Lorsqu'ils se meileot
en mouvement en sortant de la mer glaciale , ces poissons
forment des bancs de plusieurs centaines de kilomètres de
largeur; la droite va sur les côtes distende^ où elle arrive
en mars; puis, tournant vers Toccident, elle gagne le banc de
Terre-Neuve et disparaît ensuite. La gauche pvead w route
vers le sud , et se subdivise en plusieurs colonnes.
Est-ce que Timagination la plus fertile pourrait calculer le
nombre de ces poissons sur une étendue de plusieurs centai-
nes de kilomètres et, bien entendu, sur une épaisseur consi-
dérable?
Les myriades de millions de ces êtres vivants ne sont rien
encore en comparaison de ce qu'il sortirait des femelles qui
font partie de Texpédition ; dans une seule femelle de moyenne
grandeur on a compté 68,656 œufs. Qu'on juge de ce qui ar-
riverait si la troupe restait intacte : bientôt il n'y aurait plus
assez de place pour cette famille seule, car , en une année,
elle remplirait au moins la moitié du bassin de TOcéan ; si
toute la génération pouvait vivre sans être dérangée , il suf-
firait de quatre années, et les harengs seuls envahiraient com-
plètement les bassins de toutes les mers!
La pèche de l'homme en enlève chaque année la charge de
deux à trois mille navires, c'est-à-dire un million et plus de
tonneaux pesant qui sont jetés dans le commerce pour la con-
sommation publique; mais ce serait là un faible secours con-
tre leur envahissement.
Tous les grands poissons, les cétacés, les requins, etc*,
en font une consommation énorme et journalière.
C'est surtout la baleine qui a pour mission d'arrêter la me-
naçante invasion de cet animal , car la baleine lait du ha-
reng son principal, sinon son exclusif aliment. Mais, qui
pourrait le croire? le hareng, qui pèse à peine un quart de
kilogramme, peut fournir pendant une semaine à la nourri-
ture d'une baleine ! d'une baleine pesant, elle, 15 à^20 tour
MULTIPLICATION DBS ANIMAUX. 247
neauX) cest-ànlire 15 à 20 mUie kilogrammes I Cependant
c'est une vérité , car une baleine de moyenne grandeur est
^ffisamment repue avec 11,000 harengs par jour, et comme
nous avons vu qu'une femelle porte 68,656 œufs, qui pro^
duiseot autant de harengs, elle fburnit donc assez pour sati&*
faire pendant une semaine à la nourriture d'une, baleine.
Il est heureux que le nombre des baleines soif en proportion
assez considérable.
413. — La morue est un poisson doué d'une fécondité en-
core plus effrayante que le hareng; les femelles possèdent un
nombre d^œufs si prodigieux que Leirv^enhoek, qui les a comp*
tés, en a trouvé 9,340,000 dans une seule femelle de grosseur
moyenne; mais depuis l'observation de ce naturaliste, on a
trouvé qu'une seule morue peut donner 20,000,000 d'œufs
fécondés; heureusement elle les dépose sur des fonds iné-
gaux , entre les pierres, où une grande partie devient la proie
des autres poissons.
La morue est vingt fois plus grande que le hareng et pèse
ordinairement de 7 à 10 kilogrammes.
Toutes les nations vont à la pêche de la morue, et ies Hol-
landais, ainsi que les Américains, en font des prises considé-
rables, en sorte que tous les marchés de TEurope en sont
constamment fournis toute Tannée, car la morue est bonne
fraîche, sèche et salée.
Il est facile de voir que, sans la destruction d'une grande
partie des œufs par les autres animaux, et sans la pèche de
l'homme, la morue , laissée à son état de progression libre,
pourrait à elle seule, en deux ou trois années, remplir tout
le bassin de TOcéan pacifique, où elle s'entasserait en forçant
Teau à sortir de son domaine.
4U . — Nous citerons une troisième race de poissons:
l'esturgeon, beaucoup plus grand que la morue, puisqu'il a
24S GINI^UIBME ÉPOQUE.
de 5 à 8 mètres de longueur (1). 11 abonde dans presque
tous les grands fleuves, ainsi que dans la mer Caspienne et
autres. Ce poisson annechaif très-délicale; il est très-fort et
capable de tner un homoie d'un seul coop de queue , lors-
qu'on le retire de Teau.
L'esturgeon produit aussi une prodigieusequantilé d'oeufs;
on en a compté un milHon et demi dans me petite femelle.
Une autre femelle d' esturgeon pondit 119 li:irres pesant d*œufs«
et comme 7 de ces œufs pesaient un grain, le tout pouvait
être évalué à 7,653,200 œufs.
Ces œufs sont préparés par les Russes, qui en font un corn*
merce lucratif, et ils en composent le caviar, qui s'expédie
sur tous les points du globe.
L'esturgeon donc, comme les autres espèces de poissons,
serait capable de remplir, dans Tespace de deux ou trois ans,
en s'y entassante tous les grands fleuves et la mer Caspienne,
»i tous les œufs pouvaient éclore sous Teau.
415. — Nous nous bornons à mentionner les trois raceè
dont nous venons de parler ; mais tous les autres poissons
sont également d'une fécondité prodigieuse (2); et assuré-
ment, s'ils n*avaient pas des ennemis qui détruisent tous les
ans les neuf dixièmes de chaque espèce, leur multitude accu-
mulée remplacerait Teau dans tous les bassins des mers.
C'est encore ce qui arriverait si on laissait intacte la race
des crustacés, qui, depuis le crabe géant des côtes de la Nou-
velle-Hollande, dont les serres sont aussi grosses que le bras
d'un bomme, jusqu'à la petite écrevisse qui vit dans nos ri-
vières et dans nos étangs, produit une immense quantité
d'œufs et n aussi une effrayante fécondité.
(1) Pallas en cile un qui pesait 2fi00 livres (4,400 kiiÎQgramnies) et
qui avait 40 pieds de long (^3 mètres).
(2) On a vu des poissons^ pesant à peine un quart do kilogramme,
contenir ^00,000 œufs; une carpe de 40 centimètres de longueur en
avait ë6i2,^24; une autre, longue de 45 centimètres, en avait 342,144.
MULTliaiCATiON .Dis ANIMAUX. 249
On eonnatt ks œafe'qiie les homards, comme les éerévisâes,
oai sbils lenr qneoej on pettt juger par là ^é \em éetergi^èè
reproduction.' ' . . .>
Si T'On coosMère la matière dont est composée l'écorce dé
ces animaux, <m couTiendra que le poids de ces êtres, com-^
parati^en»eut petits, est cependant bien fort par ses m^^es,
et que cette ra*e doit donner a la terre, après la mort des îndi*-
>idU8, une somme de matières dures 4' un poids assez notable^
l*huItrb.
416. — Comme nous Tavonsdit, et ainsi qu'on peut l'ob-
server, toutes les races d'animaux paient à la terre le tribut
de leurs corps; mais la mesure et la proportion . que nous
cherchons à déterminer pour chaque classe d'êtres ne sont
naturellement qu'approximatives.
Poursuivre ce travail important^ examinons les objets qui
sont le plus à la portée de nos yeux. Voyons^ par exemple,
l'huître, ce petit animal dont Paris consomme un nombre de
70 millions par an, provenant d'un seul petit coin d*uae côte
, maritime (1). r
Supposons que ces 70 millions d'hui très aient pesé 10 mil-
lions de kilogrammes ; la poulpe ou Tânimal qu'on «n a retiré
et qu'on a mangé n'a guèrQ ptesé en totalité qu'un demi-mil-
lion de kilogrammes, car les deux écailles ont bien pesélc^s
neuf dixièmes et demi» Qu'a-i-on fait de ces 9 millions et
demi de kilogrammes d'écaillés? Évidemment, on lésa don-
nés à la terre, en les jetant comme oliget inutile.
L'huître peut servir de point de oomparaison pour tout
autre animal, y compris Thomme, au point de vue du compte
courant de chaque individu avec la terre.
(1) En 1853, il s'eist consommé à Paris 70,876,825 huîtres dp là
Manche, venant de Cancale et de Granville; 1,26^,430 huUres venant
d"'Ostende , et 374,400 haîtres vertes de Marennes.
250 CINQUIÈME ÉPOQUE.
L'hultre ne fournit rien de son vivant» ni en transpiration,
ni en excrétion ; tout s'amasse autour de son écaille ; mais,
à la fin de son existence, elle donne tout ensemble, tandis
que les autres animaux ont produit périodiquement ; et si on
rassemblait tout ce qu'un animal» ou Thomme même, procure
journellement à la terre et à Tair» on trouviirait que» durant
le cours de sa vie (pris en terme moyen), il a donné en poids,
tous les trois ans , au moins neuf fois et demie plus que ne
pèse son corps au moment de sa mort. '
Nous aurons Toccasion, en parlant de l'homme, de dresser
sa statistique spéciale; en attendant, l'huître va nous suggérer
quelques autres observations.
417. — L'huître nous donne l'idée de la matière qui a servi
aux premiers jours pour la consolidation des pierres, ainsi
que nous l'avons souvent indiqué, dans les fusions des coquil-
lages à l'intérieur de la terre.
L'huître nous fournit encore la preuve de la rapidité de
l'accroissement des coquillages et des crustacés.
L'huître est hermaphrodite, comme la plupart des fleurs de
nos jardins. Le rapprochement des sexes n'est pas nécessaire
pour sa reproduction, et une huître produit, chaque année,
dmx millions d'huîtres pareilles d elle-même.
n n'est besoin, pour s'assurer une grande récolte d'huttres,
que d'en mettre une sur un fond garni de branches d'arbres,
ou parsemé de roches on d'autres coquillages présentant un
abri, afin que les huîtres naissantes puissent s'y attacher et
grandir. Ce qui est mortel pour les huîtres, c'est le mouve*-
ment des vagues, qui balaient, enlèvent et détruisent, à cha-
que instant, des millions d'enfants.
On peut semer un champ d'huîtres sous l'eau comme on
sème le blé sur lin sol terrestre, pourvu qu'on ait soin de les
garantir contre les vagues.
Avec une si prodigieuse abondance de production , Thuitre
MULTIPLICATION DES ANIMAUX. 251
a donné à la terre plue de matière pesante^que toute autre race
de crustaoés ; . car si nous prenons pour moyenne le chiffre
d'hnitres consommées à Paris (qui n'en consomme pourtant
que le quart de ce qui s'en consomme à Londres), nous arri-
verons à calculer que le poids des écailles dlmttres jetées
dms les cinq parties du monde sera de 95,000 milliards de
kilogrammes par an.
LES OISEAUX.
4I8> — Et les oiseaux? Que peuvent-ils avoir fourni à la
terre pour leur part de tribut , eux qui ont été créés précisé-
ment pour enlever les matières de dessus le sol en dévorant les
fnsectes, les rats et les cadavres qui surabondent à la surface?
La statistique des oiseaux sera basée sur la classe des moi-
neaux, qui est pour les volatiles ce que les rats sont pour les
mammifères.
Tout ce que la terre donne doit lui être rendu ; quant à ce
que les oiseaux lui ont restitué, nous en avons un exemple
dans ces montagnes de guano, dans ces iles déjà citées, corn*»
posées entièrement de débris des corps et des excréments des
oiseaux.
L'oiseau est un être aussi modeste que joli ; il s'est plu à
porter loin des habitations de l'homme ces ordures qui se
sont amassées en énormes quantités comme un témoignage
de la mission qu'il avait à remplir sur la terre. Nos vaisseaux
font le tour du monde et vont par milliers chercher aujour-
d'hui le guano que les oiseaux ont ainsi accumulé dans les
siècles de la cinquième journée. Ces matières, transportées
dans les diverses parties du monde, sont d'un grand prix
pour Tagriculture ; elles enrichissent nos champs en les ferti-
lisant, après être restées si longtemps déposées inutilement
sur les côtes du globe.
419, — La difficulté de dresser une statistique parfaite des
m
Cim^ttUE ÉPOQUE.
pDoduHs^e ohaquâ espèce d'asimai esteooomttugoiientéeftar
l'igadtaiice uù noms sommea de tout» les r»ets:qui'oaiTéeL«
leineotexialé^fit même de Ibates^l^ qiHexiatanCdeDasjîmra^
Cependant ia science parviendra avant ^u^ s&ns'dailte;;à
leé découTirir* «t si elle a l'appui: de^ivejfiageiirsf infedgabies^
comme J, Peron^ ^qui ai^ppbrté idejl'Aùstmrn^.au landéû
des Plantes de Paris, en 1804, plus deeent malle édmotil"
Ions d'animaux d'espèces grandes et petites, résultat de qua-
tre années d'un travail aidant pour les découvertes, il ne sera
pas douteux que l'aperçu que nous allons offrir, pojir préparer
la vote, pourra être perfectionné plus tard, et ramené à ides
chiffres plus prëcîs. . ' -
420. — Aperçu approximatif des matières solides, des corps
ou cadavres fournis à la terre pendant la cinquième' époqye.
REGNE ANIMAL.
Cinquante mille espèces d'insectes ^ur la proportion de
- rabeillé, à 48 milliards de raèti^ cubes ou tonneaux
iho'^n}. ........': ./........,
^ingt «liUe. espèce» de manuoirèies , en misôn du rat '
(n*" 405), à 1 million 50 mille milliards de mètres cubes
ou iQjçtoeaii}^ pour cbaqive espèce ^ ; . . v • ». ,,. •■
Lézards, serpents, amphibies, eta, etc , .
Lamantins et cétacés , etc.
PdîsBons de toutes espèces . . . . . ... . ...-/.
fCkfq^uàiïtt^eA'^mu^bdcêà, ht^ti^eft, etc, quoique MèD'pluàël^
j Tes que Ip^ miéiunifèréB., nou9 n^ufc boinoti» à, la ^p^urité.
iL.es aiseaux.
^ A
« . I •
f
i^if^œ v<égétfkl tofit ense,m|ite<
Total
MILUARDS.
0
•2,ft0fli,0dO
5,600,000
2,2iOÔ,OOD
4,«06,(^
.ai ,900*000
2,400,000.,
56.û00,d0tf
56,AfO,000
dl2,800,Ô0ê
^ "■ ?"»
Cent douze millions huit cent mille milliards. de oi^ti^a ci^be»
ou tonneaux de 1,000 kil. chacun.
I' » Il ■ ■ I
MULTIPLICATION DUS ANIMAUX.
&5B
Ce tableau, nous le répétons, n'est absolument vrai que re-
lativement au fait des matières fournies, et noaquant à l'exac-
titude du chiffre, qui, en ré^Mié^ doit être plus considéraile ;
mais il prouve jusqu'à révidéncô que la (erre a reçu une masse
de matières qu'elle n'aurait pu recevoir si ces êtres n'étaient
pas venu^ sorte globe. * ;
42 !• — On doit iricluîre de ces faits : que ces matières, ces
corps, étaient indispensables à la terre en qualité et en quan-
tité, pour la fortifier et la mettre en état de recevoir Phomme;
que Thomme ne pouvait pas paraître dans ce monde avant
que le soi et te climat de la terœ fussent appropriés à sa con-
stitution physique, comme Toiseau n*a pu venir avant que Vair
eût étééclairci» comm^ le quadrupède n'a pu venir avant
que les plantes fussent formées à son goût, comme le poisson
ne pouvait pas venir avant qu'il y eût de Teau pour lé rèce-
vQir-
Ainsi, à chaque jour, ou à chaque époque, la création a
fait un pas de plusj le progrès de Ta terre est dû au concours
• - - ' ■ ■
des mêmes êtres qu'elle a créés et qui, À toutes le» époques,
lui ont laissé leurs corps.
La terre n'aurait pu être la terre sans son amalgame avec
les corps des végétaux et des animaux auxquels elle donnait
la vie.
Les animaux et les végétaux de nos jours n^existeraient
pas dans l'état robuste où ils se trouvent, si des animaux et
.des végétaux moins forts n^avaient contribué de leurs corps
à endurcir et à fortifier la terre. .
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254 CINQUIÈME ÉVOQUE*
CHAPITRE XXV
OrigÊMÊm première de la MMière
et des Planètes.
SoMMAiEB. — Pourquoi noua avions ajourné Texamen de l'origine de la
matière, 422. — Opinion à justifier, 423. — Aperçu de la double solu-
tion, A2&. -^ Rappel du trayail du feu central ; état de la question , 425.
— L'herbe et le bœuf, bases de la solution cherchée, 42fi. — Origine de
l'herbe, 427. — Accroissement et poids d'un bœuf, 428. — Poids de
ses diverses parties, 420. — Observations concernant la peau, 430. —
Ce que le bœuf a reçu et rendu, 431. — DîvisioD et emploi des matières
après sa mort, 432. — . Éléments variés des différentes parties du bœuf,
433. — Rapport de l'estomac avecie centre du globe, 434. — ^ Pourquoi
la même nourriture ne produit pas de cornes dans la race chevaline , 435.
— Différence des transformations dans les diverses races; conséquences,
436. -^ Exemple de la prodigieuse quantité de matières fournies par les
règnes végétal et animal > 437. — Causes de la surabondance des fluides
superflus, 438. — Ce que deviennent ces fluides ; erreur commune, 439,
— Expérience prise pour terme de comparaison, 440. ^ AiqiUeatien à
l'ensemble des émanations, 441 . — Empjioi du superflu ; formation de
nouvelles planètes , 442.
COMMENT SB PORMB BT SB DÉYELOPPE LA VATIÈRB.
422.-^ Le tableau des matières animales et végétales four-
nies à la terre dans cette cinquième époque, tableau que nous
avons présenté dans le chapitre précédent, et dont la totalité
des chiffres, quelque hypothétique qu'elle soit, n'est pas moins
une vérité relative, nous porte à rechercher la manrère dont
ces matières se sont formées ; mais , pour être plus explicita»
ici vient le cas de demander comment se forme la matière en
général, et comment elle se développe.
Nous avons déjà parlé (n""* 19 et 20) de l'existence et
de l'emploi de ces matières, mais nous n'en avons pas ex-
OKKilNE DE LÀ MATIÈRE. 255
pliqné Foi igine ; nous devions attendre que nous fussions
arrivés au règne animal pour examiner ce fait ; car ces ma-
tières ont une source identique dans Tintërieur de Tanimal et
dans le sein de la terre; mais c'est surtout Festomac de l'ani-
mal qui va nous montrer le laboratoire dans lequel s'opèrent
cette merveillense transformation et ce prodigieux accroisse-
ment de poids.
Ce sera encore Testomac de Tanimal qui nous présentera
l'analogie du travail qu'opèrent la terre dans son centre, et
Fatmosphère dans ses régions ; dans Tune comme dans l'au-
tre, le travail de transformation des objets s'effectue avec la
même activité et suivant la même loi.
423. — Nous devons aussi justifier Topinion que nous
avons émise en passant (n"" 22), que tous les quatre ou cinq
siècles il doit se former une nouvelle planète dans l'espace,
par Peffet de la surabondance des molécules vagabondes;
opinion que nous avons sanctionnée dans le chapitre XIX, en
disant que la formation des planètes est une fatale nécessité.
L'explication ne pouvait venir également que dans Tétude
du règne animal, car c'est encore le laboratoire de l'estomac
qui va nous mettre sur la voie pour comprendre l'^ubérante
quantité de productions de la nature, dans le travail de la
transformation des matières.
VIL — Pour résoudre ces deux graves questions, rappelons-
nous les phases de la concentration du globe, époque par
époque, et la quantité de matière animale et végétale qui y
est entrée. Cette matière nécessaire à la consolidation qui
s'est opérée dans le globe terrestre, et qui s'est augmentée
chaque siècle, demande que nous examinions dans ce chapitre
de quoi elle s'est formée^ et comment s'est produit son ac-
croissement; cette étude fera voir que toute sa quantité, quel-
que prodigieuse qu'elle puisse avoir été, était nécessaire, et a
été employée au travail de la concentration ; mais aussitôt
256 . cinquièmje: êboqus.
^iiela 4ur^é de la t^r^ eiil iodîqtié qne notre globe en avait
E0çilisuffi^;a4yn{nent^ r^xiibérai^Q <ile la production dut s OQvrif
un autFo ïlébouehé ; alors le laboratoire de ratmosphèré,
pçp^ant'soa c^ncpiiits^ sut^Btitiiaien. partît aonaclu»! i celle
dii centre il) teneur, et par les sOiisks.dti; cette atmosphère, le
surplus dç production futtransporlé^ ; lancé dans des espaces
de la terre en dehors de la limite de notre globe;
425. -^ Le travafil du centre est analogue et semblable au
ii»aVail qui s'opère dans l'estomac d'un animal.
Nous avons suivi jour par jour les phases de la concentra-
tion du globe; nous avons pu entrevoir le grand travail
chimique qui eflFectuait,- à l'aide du l'eti, la transformation des
matiëpes daas les entrailles de la terre ; nous avons remarqué
qu^ la substance qui servait de nourriture à ce feu intérieur
était les matières végétales et animales qu'il • se procurait 'm
ppvrautpar lies cratères ;la. surface 4» soU contraint dèa-lofs
dQ faire tom}>er dans aeSi gouffres toutes les matières fr^bes
qu'il possédait* ,
NiQQs savons dod^e que l^ahment de ee feu; centrât était les
<$o)rj)^ d^$ végétaux et des ai^maux; hous savons, par çofisé-
quent, par rapport à la terre, quelle. masse et quelle qitalité
de nouff H^i?6 41e s'est procurées pour ses besoins de forma--
tion ; mais nous ne savons pas joie q.Doi, conaffi^nt, M daf^
quelles proportions se sont formés ces corps végétaux et ani-
maux qui ont si bien servi à la terre après avoir été èux-
inênies composés.
: <26» — Pour savoir donc de quoi» comment et dans
quelles proportions les corps des^ végétaux et des animaux
se sont formés; pour suivre les opérations daos l'estomac
d'un animal» comme no\is avons suivi les opérations dans
l'intérieur de la terre; enfin, pour recoiànaitre qu'il se ftit
dans les entrailles de l'animal , relativement , le même travail
qui s'opère dans celles du globe, mais bien entendu pour un
ORIGINE BE LA MATIÈRE. 257
résultai différent, attendu la différence des matières et des
corps ^ noiîs atlons, comme avee un microscope, vérifier les
opérations de la nature.
D'abord nous allons surprendre à sa création un végétal
qui est la base de Taliment des animaux , et parmi les végé-
taux nous choisirons l'herbe comme l'objet le plus simple et
le plus impérieusement nécessaire a l'animal; ensuite nous
prendrons dans le règne animal un être qui se serve exclu-
sivement de ce végétal pour sa nourriture, afin de suivre,
sans mélange, Tun et Tautre dans leurs phases de production,
de travail, de division, et dans toute espèce de transforma-
tions que Tune peut faire dans l'estomac de l'autre; et pour at-
teindre ce but, nous choisirons le bœuf comme Taniitoal le
plus domestique et par conséquent le plus laeile à étudier.
427. — L'herbe croît spontanément sur la terre; toutefois
cela prouve que des atomes , ayant le principe de Ja semence
herbifère, se sont trouvés naturellement ou sont tombés
dans le sol. N'est-il pas évident, d'ailleurs, que chaque goutte
d'eau contient un atome du principe de l'herbe? Or, cette
herbe pousse et croit par l'effet de la chaleur intérieure et ex-
térieure du globe, et par le concours de l'eau qui Tarrose,
mais à la condition que Tair aussi entre comme substance
dans la formation et l'accroissement de la même herbe.
428. -^ Un bœof n'a besoin pour vivre que d'un peu de
celle herbe et de l'eau.
Mettez un bœuf dans um é^Me, doÉinez-liri assez d'herbe
fraîche ou sèche, et assez d'eau, et, si on ne lé fait pastrav^il-
let, VMS trou verez, Mx bout de deux aifs, ce beeuf devenu
gr»nd elengrmssé; pesez-le vivant, il aura, ï>ar exemple^
1000 kilogrammes; que ce poids soit moins ou plus fort,
c'est indifférent ; la proportion du résultat sera toutefois telle
que nous allons l'indiquer. Abattez cet animal, et vous trou^
verez^ une Iteure après sa mort, qu'il ne pèsera plus que
«7
258 CINQUIÈME ÉPOQUE.
600 kilogrammes ; donc l'air qu'il a évaporé et le saïig qui
est sorti, formaient les deux einquièmes, ou les: 40 pour cent
de son poids.
429. — Le corps qni reste, pesant 600 kilogrammes avec
toutes ses parties , subit encore quelque déchet de poîJs dont
voici la proportion : les cornes et les ongles, comme les os,
perdront peu ; la viande ne diminuera en 24 heures que de
3 à 4 pour cent; mais le suif, mis au séchoir, éprouvera un
déchet de 30 à 40 pour cent, suivant qu'il possède plus ou
moins de membranes nerveuses ou dégraisse d'oléine; ce qui
diminuera le plus dans le poids, ce sera la peau; pesez cette
peau fraîche, si elle a ÎOO kilogrammes , par exemple , faites-
la sécher, et vous ne trouverez pins en poids sec que 40 kilo-
grammes; donc elle aura perdu 60 pour cenl.
430. — Cela prouve que la peau, quoique la partie la plus
dure et la pJus solide à Textérieur de Tanimal, cette peau qui
nous fournit un cuir si épais, après avoir été tannée, et qui
couvre l'animal d'une protection si nécessaire, est cependant
la partie la plus poreuse qu'ail possède; que ses pores sont rem-
pfis d'air, et que cet air retourne dans l'atmosphère aussitôt
que sa mission est terminée par la mort de Tanimal.
On voit donc que la nature, tout en donnant la peau pour
protéger Tanimal contre les effets du climat et contre les at-
taques des autres êtres, a voulu réserver à travers Tanimal, à
travers ses pores, une communication qui devait servir pour
le libre passage des fluides et mettre en rapport l'air extérieur
avec les entrailles intérieures de l'animal, absolument comme
les pores de la croûte du sol terrestre établissent la commu-
nication du centre du globe avec l'atmosphère et les régions
célestes.
431. — Voyons maintenant ce qui s'est passé de son vivant
chez ce bœuf, par l'intermédiaire de son estomac. Il a mangé
l'herbe, il a bu l'eau et il a aspiré l'air; il a rendu, par ses ex-
ORIGINE DE LA MATIÈRE. 259
créments, par ses urines, et par son haleine et sa transpira-
tion, un poids égal à ce qu'il a reçu, et il a converti Therbe,
l'eau et l'air, qui ont passé dans son estomac, en ces quatre
transformations que nous venons d'énoncer; de plus, il a com-
posé son corps d'une masse compacte qui se subdivise en une
multitude d'objets solides, ^ue nous allons examiner en les
pesant après sa mort.
432. — Ce bœuf nous laisse, après sa mort, les 600 kilo-
grammes indiqués, qui se partagent, par exemple, en :
300 kilogrammes de viande,
140 » d'os, cornes, ongles, nerfs, etc.,
60 » suif.
100 » la peau.
600
De ce résultat, 400 hommes auront été nourris pendant un
jour avec la viande ; on aura tiré des os, soit du phosphore pour
une masse d'allumettes chimiques, soit du noir animal pour
les raffineries de sucre, ou du noir pour engraisser la terre;
le suif aura donné des chandelles et de l'oléine ; enfin la peau,
dans les mains d'un tanneur, aura de nouveau acquis le poids
de 100 kilogrammes, car cet industriel aura rempli les pores
avec la poudre d'une écorce d'arbre, afin d'obtenir le cuir qui
fournira des semelles pour 30 paires de bottes. Et tout cela
est venu d'où? de quelle origine? Del'^ir et de l'eau, qui ont
fait croître un peu d'herbe.
Mais ce n'est pas tout : ce bœuf a rendu bien davantage
pendant sa vie , si l'on veut tenir compte de l'énorme quan-
tité de matières qu'il a produites en digestions et en urine, et
qui ont contribué à fournir un poids d'autant et à engraisser
la terre.
433. — Si on analyse chaque matière, la viande, le suif.
260 . CINQUIÈME ÉPOQUE.
les os, le& nerfs, la Hioelle, la peau, lo sang, les excréments,
Tiirine, etc., etc., on trouvera aussi mille variétés dilTérentes
les unes des autres, chacune pouvant servir pour une spé-
cialité dans les arts, dans tes manufoctiires, dans la nourriture
d'autres êtres; et finalement le tout retourne ou se présente
pour la première fois à la terre, pour entrer sous mille autres
formes diverses dans une foule de produtitions nouvelles ,
quoique le point de départ n'ait été qu'un atome de semence,
développé par Tair et par Teau !
On peut donc se faire une idée de l'activité du laboratoire
de Testomac d'un animal, puisqu'il s'opère en lui cestrans-
formationSy qu'il s'y crée des substances tout à fait différentes
de celles qui y étaient entrées.
<3<. — Ici se présente une autre considération : si des
brins d'herbe ont le pouvoir de nourrir le bœuf, et si cette
herbe, en fonctionnant dans son estomac, fermente et fait
croître l'animal avec plus d'énergie que la semence n'a fer-
menté dans la terre pour faire croître l'herbe elle-même, il
s'ensuit que l'herbe est devenue aussi, dans l'estomac de l'ani-
mal, une source, une semence de développement; que cette
semence, ou cette herbe, contenait une infinité d'atomes pro-
pres à se diviser, les uns pour la production de la viande, les
autres pour les nerfs et les os, et d'autres encore pour le suif
et la peau, etc. ; ce qui nous prouve précisément que l'estomac
de l'animal correspond, par analogie, au laboratoire intérieur
de la terre; qu'il remplit les mêmes fonctions que l'estomac
de la terre, ou le centre du globe , où le feu divise et prépare
les éléments des métaux et des pierres,, par la consommation
qu'il fait des matières, fraiiche^ végétales et animiales qui sont
entrées dans son fayer au, 2v 3% 4* et 5* jour.
Ainsi le feu de l'intérieur de 1% terre a. fonctionné^ puis il
a divisé les molécules eu les subdivisant dans les mille varié-
tés de produits généraux, comme l'estomac de l'animal
fonctionne, puis divise et partage les molécuïes, en tes dis-
ORl&lNE DE LÀ MATIÈRE.
261
tribuant dans les mille variétés de produits particuliers aux
matières animales.
435. — Mais puisque le brin d'herbe opère de cette manière
dans Testomac de chaque animal qui le reçoit pour sa nourri-
ture, pourquoi le résultat a-t-il une différence dans l'une ou
l'autre race animale?
Par exemple, le cheval, qui mange également de l'herbe et
avale de l'eau comme le bœuf , trouve bien, comme celui-ci,
son développement dans la division des atomes de cette herbe,
qui produisent ainsi dé la viande, des os, de la peau, etc.
Mais puisque c^est la même herbe qui s'élabore par les mêmes
fonctions dans Testottiac du cheval, poui^quoi celui-ci n'a-t-il
pas des cornes comme le bœuf?
Ici il faut reconnaître que c'est, non pas la nourriture,
mais rélément de semence dont le cheval a été engendré,
qui tt'avait pas le principe de formation des cornes, cette
même semence ayant une différence essentielle qui fait pré-
cisément la distinction de la race.
Or, quoique l'herbe renferme l'atome homogène à la crois-
sance des cornes dans le développetoent du bœuf, ce métoer
atdme ne rencontrant pas dans le cheval un principe identi-
que à l'élément cornifère, entre datis le développement des
membres qui ont le plus d'analogie avec sa nature, ou s'il
n'en trouve pas dans cette analogie, c'est un atome qui res-
tera passif, et qui sortira danâ les excréments, après avoir
contribué, d'une façon quelconque dans Testomac du cheval,
au travail de la digestion.
436. — Chaque race d'animaux doit donc transformer son
aliment d'une manière différente, bien que F herbe soit la
même et que l'estomac fonctionne d'après une même loi.
11 s'ensuit que les émanations de toutes sortes sont égale-
ment différentes dans chaque race et dans chaque animal.
Il faut donc prendre note que toutes ces émanations, soit
262 €IISQtlÈM£ ÉPOQUE.
visibles, soit invisibles, c'ést-à-dire sous forme de matières
solides et liquides , ou sous forme de vapeurs provenant de
l'haleine ou de la transpiration, ont toutes des principes, des
molécules et des atomes différents, et que ces molécules
passant dans l'atmosphère à Tétat de gaz ou de vapeurs,
doivent naturellement former une variété d'éléments aussi
considérable que la quantité en est prodigieuse.
437. — Si nous ne pouvons pas suivre, même parXinoragi-
nation, la variété des qualités de ces prodigieuses émanations,
pourrions-nous au moins suivre ou saisir leur quantité ?
Si nous prenons pour base le résultat que donne le bœuf pour
toute l'espèce mammifère, il ressort des milliards de bœufs (1)
qui sont venus sur la terre, et qui ont péri depuis le premier
individu de cette race animale, jusqu'à nos jours; il ressort, di-
sons-nous, que Tespèce mammifère, qui a compris desmilliards
de milliards d'individus, a fourni, à elle seule, à notre pla-
nète, soit dans son atmosphère, soit dans l'intérieur de la
terre, soit par rémission des émanations des corps vivants,
une quantité de matières sufûsante pour égaler en poids et
' mesure une vingtaine de fois la dimension et le poids de notre
globe, et que ces produits élaborés dans les intestins de l'ani-
mal, en développant des matières infinies d'objets divers,
donnent des molécules relativement diCTérentes les unes des
autres, savoir : des atomes renfermant en eux-méiues des*
éléments de Tuniversalité de ces produits, et d'autres atomes
composés spécialement du principe de l'un ou de l'autre de
ces mêmes produits.
Ce calcul, qui doit se baser sQr cinq cents à mille siècles,
(1) La consommation annuelle des bœufs, dans les cinq parties
du monde , est de 250 miitions. En 50 siècles, le nombre des bœufs
morts serait de i ,250,000,000,000,000, soit 1 million 250 mille mil-
liards dMndividus qui ont laisst^, en masse, de leurs corps, un poids de
750,000,000,000,000,000 kilogrammes, ou 750 millions de miUiards-
OHKiliNE DE LA MATIERE. 263
Dous ferait connaître le résultat qu'a pu donner une seule es-
pèce animale, quelle prodigieuse quantité de produits analo-
gues ne trouverions-nous pas, en supputant le règne animal
4out entier!
438- — C'est dans le règne de l'homme, à la sixième jour-
née, que nous donnerons le calcul d'une classe spéciale, celle
de r homme lui-même, car il nous offrira des données de quel-
que exactitude, et nous permettra de faire une statistique des
émanations générales. Nous traçons en ce moment cet aperçu
seulement pour faire comprendre combien étaient abondantes
les matières animales comme les végétales, qui servirent, aux
premières époques, pour les besoins de la condensation de
notre propre planète, et combien de matières fraîches furent
fournies, dans le deuxième, troisième, quatrième et cinquième
jour, au laboratoire du feu intérieur, qui avait pour mission
de durcir et diviser les matériaux dans les entrailles de la
terre.
Nous exposons cet aperçu général, en même temps, pour
faire comprendre que les besoins intérieurs du globe, pour
se durcir, ayant été toujours en diminuant, la quatrième
journée, par exemple, n'a consommé que la moitié, et la
cinquième, le quart de ses productions extérieures ; et par
conséquent, il devait rester une énorme surabondance de
fluides, produits par les règnes végétal et animal, qui ont eu
et ont encore forcément un autre débouché, puisque ces
fluides ne sont presque plus nécessaires aux besoins du centre
du globe. C'est ce superflu que nous avons annoncé déjà
être le tribut de la terre ; il nous reste à observer de quelle
manière il est échangé et dépensé.
(39. — L'opinion généralement adoptée jusqu'à présent
est que tous les fluides de la terre, après avoir passé dans
l'atmosphère, retombent sur la terre, comme si à l'atmo^
phère seule il appartenait de transformer et de purifier l'air.
264 CINQUIÈME ÉPOQUE.
Nous avons cherché» mais inulitâoient, quelques traités à
ce sujelî nous n avons trouvé aucnq auteur qui eût évalué la
qualité et la quantité présumabie d'énianalioQs que la lerre
transmet journellement à ralmosphère.
En l'absence de toule donnée de la part des auteurs sur
celle importante question, nous sommes persuadé que l'opinion
dont il s'agit est une erreur ; car, si loules les émanations de la
terre n'avaient pour refuge que l'atmosphère, Tatraosphère elle-
même serait en danger; bien plus, elle ne pourrait pas sub-
sister, elle changerait de couleur; elle serait corrompue, em-
poisonnée; elle n'aurait pas la force de lutter, à elle seule,
contre la masse des émanations ; car en quarante jours seu-
lement, la terré en fournit plus en poids et volume que le
poids et te volume de l'atmosphère même.
440. — Pour avoir un terme de comparaison relativement à
la capacité et à Tinfluence que peuvent avoir les émanations
du règne animal et végétal, dans le travail permanent deTat-
mosphère considérée dans ses limites ordinaires, nous avons
chcHsi un local vaste de 200 pieds carrés, possédant son atmos-
phère oaturelte, et ayant un carreau en verre pour que la
lupiièrë do jour pût y pénétrer. Noos avons enfermé dans ce
local un lapin, dont la taille était d'environ on pied, avec de
Teau dans un bassin, et quelques plantes; nous j avons ajouté
des végétaui de plusieurs espèces, et suffisants pour la nourri-
ture de eet animal pendant qui née jours.
Au bout de dix joui*s, nous avons ouvert la porte pour visi-
ter notre petit règne animal et végétal , mais nous fûmes re-
poussé par une exhalaison des plus méphitiques : l'atmosphère
du local était littéralement empoisonnée; l'animal, on le voyait,
commençait à souffrir \ les plantes et les végétaux qui res-
taient étaient déjà en état de putréfaction*
L'air avait donc passé bien des fois dans les poumons de
ranimai ; Tair avait reçu les émanations des plantes renfei-
ORIGINE DE LA MATIÈRE. 265
niées dans cette pièce, la corruption des végétaux unie aux
exhalaisons des excréments et aux vapeurs de l'animai» avait
changé te caractère de l'atmosphère, qui aurait fini par asT
phixier ranimai, et être pernicieuse à la santé de Thomme
qui le premier serait allé ouvrir la porte (1), si on avait
tardé de quelques jours.
Sans doute si ou eût laissé ia moindre ouverture au passage
de Tair, naturellement Tair, en se renouvelant, n'aurait
présenté que peu de différence avec Tair extérieur.
441. — Donc, si l'enveloppe de l'atmosphère, cette coliche
supérieure que nous avons appelée son épiderme, n'avait pas
dé pores pour la communication avec les espaces du ciel ; si
par ces pores ne s'infiltrait pas un écoulement perpétuel
d'atomes provenant de Téther extérieur en échange des
atomes, des vapeurs grossières venant de la terre; si, en un
mot, les émanations du règne animal, végétal et minéral, de-
vaient se renfermer absolument et être retenues dans le cer-
cle de l'atmosphère, nous le répétons, il serait impossible de
vivre à la surface du globe, les effets y seraient analogues à
ceux de l'expérience précédente ; ils seraient même bien au-
trement funestes, car, comme nops le verrons au sixième
jour, les exhalaisons de la terre fournissent, au minimum/
1 5,360,000 milliards de kilogrammes d'air corrompu par jour;
ainsi, en quarante jours, il y aurait un dépôt de 614,400,000
milliards de kilogrammesdemiasmes dans l'atmosphère, tandis
qne toute l'atmosphère elle-même ne pèse que 523,260,000
milliards de kilogrammes, selon les chiffres de M. Francœur,
que nous avons rapportés n® 226.
442. — I' 6i^t donc évident qne l'atmosphère n'est en réalité
(1) Ce que nous avons expérimenté en cette circonstance se vériQe
malheureusement trop souvent dans les habitations de certaines fa-
milles, et surtout dans celles des concierges des grandes villes, et
notamment à Paris.
,266 ClNgUlÈME ÉPOQUE.
qu'une place de transit, pour ainsi dire; elle sert de labora-
toire pour les petits phénomènes qui concernent la terre, en-
suite pour modifier les émanations et les transmettre, ainsi
que nous Tavons indiqué, aux régions . extérieures , en
échange d'autres vapeurs fraîches. Il y a donc, pour ce
double effet, une loi d'attraction constamment en activité
qui soulève et absorbe les vapeurs de la terre avec une pro-
digieuse énergie; sans cette promptitude, l'air même que
nous respirons ne serait pas assez pur.
D'après cette loi,, qui est incontestable, vu la quantité des
gaz méphitiques que la terre forme et dont nous venons de
préciser le chiffre, attendu que notre gaz grossier et lourd
est en plus grande quantité que celui que l'atmosphère nous
rend en air frais, pur et saliibre; vu enfin l'augmentation po-
sitive de la matière qui se crée sur la terre, indépendamment
de la terre elle-même , on peut admettre qu'il se produit
au moins 10 à 20 pour cent de nos fluides, de nos exhalai-
sons terrestres, en sus des restitutions que nous recevons. Ce
surplus d'émanations qui passe dans les régions de Téther,
forme la portion du tribut que paie notre planète à l'univers;
ce tribut d'atomes se convertit en molécules vagabondes, et la
.quantité de ces molécules' qui émane proportionnellement de
toutes les planètes, sont forcément appelées, après avoir été
attirées par le soleil (n^* 285 à 288), à s'agglomérer, à un mo-
ment donné, et leur assemblage compose un phénomène spé-
cial, un nouvel astre, ou une nouvelle planète, dans l'espace
du firmament.
Yoilà la matière qui forme les corps de ces nouvelles pla-
nètes, comètes, etc., que de temps en temps, à l'aide de nos
télescopes, nous découvrons dans les champs du ciel, et que
nous enregistrons comme des résultats du progrès de nos
découvertes.
l'animal-homme sylvestre. 267
CHAPITRE XXVI.
I4' Animal -Homme sylire«tre<
SoMMAïuE. ^ Formes de ranimai approchant le plus de Thomme à la
quatrième journée, 443. — L'homme sylvestre de la cinquième époque,
444. — Il sent sa supériorité et cherche à se distinguer, 445. — Com-
ment se singularisent le lion, l'orang-outang, le singe, 446. — Note
relative à l'orang-outang, id. — Par quel acte l'homme sylvestre ou
préadamite se distingue d'abord, 447. — Preuve tirée des amas de nitre,
448. — Preuve tirée des facultés actuelles de l'animal, 449. — Origine
du culte des excréments , et note^ 450. — Bornes de l'entendement des
quadrupèdes; séjour des premières races humaines, 451. — Invention
de la chasse et de la pêche, 453, 453. — Découverte du fer; enfance de
l'industrie, 454. — Premiers vêtements, 455. — Premières habitations
construites, 456. — Mariages primitifs ; formation de la faniille, 457.
— Formation des sociétés, 458. — Premières guerres, 459. — Conclu-
sion, 460. I
443. — Avant de quitter cette cinquième époque si impor-
tante pour noire globe, examinons si elle nous offre les traces
de i'animal-homme, qui aurait dès-lors habité la terre, et
quelle sprte d'homme ce pouvait être.
Jusqu'à la quatrième journée, les couchés terrestres étaient,
comme on l'a vu, excessivement pénétrées de miasmes délé-
tères; par conséquent, il n'était pas possible qu'il y eût à cette
époque des êtres ayant les organes de l'espèce humaine; aussi,
quelque gigantesques que fussent les formes des animaux,
quelque variées que fussent les espèces, celle qui aurait le
plus approché des formes de Thomme, dans cette quatrième
journée, devait avoir une peau, ou un cuir assez fort pour
garantir l'individu contre l'humidité de ces miasmes et brouil-
lards jadis permanents, qui commençaient à peine à se mo-
difier par le changement des gaz dans lesquels Toxy gène devait
268 CINQUIÈME ÉPOQUE.
figurer pour que Tair raspirable fût approprié à la constitu-
tion physiologique de la nouvelle espèce. Cet animât devait
aussi , par la même raison , avoir le corps tout couvert de
poils pour être protégé contre les accidents de température ,
contre les attaques des petits animaux, des insectes, etc.;
c'est ainsi que sont constitués,' mais sous des formes réduites,
les orang-outangs et les singes. Mais à la cinquième journée,
la températui-e était déjà toute différente : l'atmosphère s'étant
purifiée après Tapparition des volatiles, et à mesure de la
multiplication des oiseaux ^ l'animal^homme a présenté, dans
cette époque, des formes plus perfectionnées, ainsi que cela
devait être, conformément à la loi du progrès de la nature;
il avait une plus grande taille et un extérieur plus parfait que
le singe, Torang-outang, ou tout autre animai approchant
le plus de Tespèce humaine.
444. — Or, cet animal, que nous nommons homme sylvestre,
a dû forcément paraître avec la cinquième époque, attejidu
les qualités du climat, qui, étant approprié aux conditions
de son existence, sollicitait sa venue, de même qu'aux pré-
cédentes époques, les autres êtres avaient été successivement
appelés à paraître avec leurs variétés ou espèces différentes.
« Chaque phase de température par laquelle a passé la
« terre, » dit très-bien M. Alfred Maury, dans son remar-
quable ouvrage, la Terre et V Homme, « a été marquée par
« un mode d'existence spéciale et en vertu d'une action divine
c( dont le mode demeure pour nous un mystère ; les végétaux
« et les êtres vivants ont apparu quand la température a at-
a teint un degré compatible avec la vie ! »
Cet animal a donc, comme les autres, subi des modifica-
tions et des perfectionnements dans sa forme, à mesure de
Tavancement des siècles. Ainsi, si la cinquième époque a été
de trois ceints siècles, cet être peut avoir éprouvé sans incon-
vénient, et même il a dû, par une conséquence des change-
L ANIMAL-HOMME SYLVESTRE. 269
ments survenus sur la (erre, subir trou cents fois et par gra-
dation presque insensible, deî=i perfectionnements physiques
de génération en génération, en sorte qu'à la tin de cette
cinquième journée, la race s'est trouvée beaucoup plus belle
de formes que celle qui avait paru au commencement de la
même époque. .
445. — £n admettant donc que l'espèce perfectionnée ait
duré, sous sa meilleure forme, seulement le tiers de Tépoque
dont nous nous occupcHis, il s'ensuivra que pendant ce tiers,
c^est-à-dire pendant les cent derniers siècles de la cinquième
journée, Thomme sylvestre ou préadamite a dû dominer par
ses formes, son adresse même ou sa dextérité, au-dessus des
autres êtres, et que, sentant sa supériorité, il a cherché, par
un premier acte de son entendement, à faire une chose qui le
distinguât des autres animaux, ses inférieurs.
Que pouvait faire cet habitant des mêmes plaines, vallées
et forêts? il avait pour lit le même soi, pour le couvrir la
même voûte du ciel , la même eau à boire, les mêmes fruits
pour sa nourriture ; il grimpait sur les arbres comme eux, il
marchait et courait comme eux ; en un mot , tout était égal
entre lui et les autres animaux.
446. — Que fait aujourd'hui le lion, qui se sent être le roi
des animaux? Tout le monde le sait : quand il a faim, il ne
pense qu'à dévorer sa proie; mais aussi, quand il est rassasié,
il se montre généreux; bien plus, il se conduit en héros et
protège les faibles animaux, lorsqu'il les voit menacés ou at-
taqués par le tigre ou d'autres carnivores; ceux-ci, à sa vue,
s'éloignent pour ne pas commencer un combat dangereux, et
renoncent à leur proie.
Que font de même l'orang-outang ou le singe, qui se sen-
tent aussi , dans leurs forêts , les plus adroits de tous les
animaux ?
270 ' CINQUIÈME ÉPOQUE.
Personne ne l'ignore, l'orang-outang (1) etle singe ont
Tair d'être toujours occupés, toujours affairés. L'orang-
outang, plus sérieux , arrache sans cesse des bâtons sur les
arbres qui lui conviennent ; il va choisir les meilleurs fruits,
et s'il peut entrer dans une butte d'hommes vivant à l'état
sylvestre, comme les sauvages et les nègres, il leur enlève une
femme, qu'il transporte sur ses bras nerveux au milieu des
arbres de la forêt; le, après avoir satisfait sur elle ses propres
appétits, il lui jette des fmits et l'abandonne.
Le singe fait des grimaces, comme si, pour le succès de ses
occupations pressantes, il avait besoin d'exprimer des idées
pour lesquelles la parole lui manque ; il parait mépriser les
autres animaux et leur tendre des pièges, comme s'il désirait
les soumettre à ses bizarreries.
447. — Par la même analogie, l'homme sylvestre de la cin-
quième époque devait avoir des idées plus avancées sans doute
que le lion, l'orang-outang ou le singe. Entre autres idées,
il avait assurément celle de sa propre supériorité; et soit qu'il
eût la parole ou une partie seulement de la parole, juste ce qu'il
en fallait pour se faire comprendre des autres êtres de sa race,
il est certain que cet homme-animal (car nous ne voulons pas
dire simplement Vhomme, et cela avec d'autant plus de raison
qu'il n'est pas encore tel que nous le voyons aujourd'hui), cet
homme-animal donc avait des vues au-dessus des autres ani-
maux. Mais quel pouvait être le premier acte de diversion
qu^il devait faire pour se singulariser, puisqu^l se trouvait
exactement dans les mêmes conditions sur la terre ?
Ce premier acte a été de déposer ses nécessités naturelles
dans une localité spéciale, choisie à l'exemple des grands oi-
seaux, soit pour ne pas être offensé de l'odeur désagréable des
ordures, soit pour d'autres causes que nous verrons ; et de ce
({) Voyez la note P, à la fin du volume.
L*ANIMAL-HOMMË SYLVESTRE. 271
fait il nous reste des preuves incontestables, d'où ressort évi -
demment, chez cet animal, une première lueur d*intelligence.
«8. — En effet, Tindustrie et le commerce ont trouvé
que le ni ire est rare dans nos climats; la science a reconnu
que sa production est lente et difficile ; le commerce alors a
cherché et a trouvé le nitre en grande abondance dans l'Inde,
et surtout en Tarlarie et en Egypte, La science, après examen
de ce produit, a déclaré que le nitre ne se forme que des
détritus, principalement des animaux et des végétaux réunis,
et ne se développe qu'après leur fermentation, lente et éla-
borée par le travail des siècles.
Or, comme nous découvrons de nos jours des amas immenses
de nitre en Asie, en Afrique et en Amérique, et spécialement en
Tartarie et en Egypte , ces dépôts , faute de fossiles plus ex-
plicites, parlent d'eux-mêmes, et nous fournissent la preuve
et les traces d'une grande population ancienne habitant ces
plateaux de la terre dans la cinquième époque.
U9, — Pourquoi cette population aurait-elle en l'idée de
déposer ses détritus naturels dans des lieux particuliers? Rien
n'est plus facile que de répondre à cette question. D'abord
ces lieux devaient être de- grandes excavations, ou des ca-
vernes , ou des précipices profonds qui abondaient à la suite
des éboalements passés (1); car les amas de nitre nous expli-
quent positivement une pareille origine.
Or, l'homme sylvestre ne pouvait, à son début sur la terre,
jouir que d'une dose assez faible d'entendement; deux besoins
impératifs étaient les seuls objets de sa pensée et le sujet de
ses occupations , c'est-à-dire manger, et rendre se» digestions.
Pour manger, il n'avait qu'à ramasser les fruits des arbres
et de la terre. Toutefois, il remarqua qu'il faisait son choix
(1) Ce qui était à la cinquième époque le fond d'un précipice a pu
devenir, à la sixième, le niveau du plateau et même la cime d'une mon-
tagne, par Teffet des soulèvements que nous avons souvent indiqués.
272 CINQUIÈME ÉPOQUES.
plus facilemml et mieux que les autres anioiaux , et qa il
pouvait, par son agilité et son adresse, regarder le ciel et
grimper sur les arbres, casser les branches et exécuter toutes
sortes d'évolutions impossibles aux quadrupèdes.
Il observa , en outre, que les quadrupèdes laissaient le pro-
duit de leurs digesti<ms partout où Je besoin le demandait :
l'homme sylvestre , se sentant supérieur , ne voulut pas imiter
en cela le quadrupède; ce fut la première idée qui le poussa à
agir comme nous Tavons expliqué , mais c'était aussi le seul
acte difTérentiel qui lui fût possible à ce moment pour se dis-
tinguer à ses propres yeux, car pour tout le reste, ainsi que
*nous l'avons dit, il était fatalement forcé de copier les autres
animaux»
Ainsi, sa conduite , dans cette circonstance (1), a été le
premier pas , le premier acte d'une action spontanée de son
entendement supérieur aux quadrupèdes; peu t-étre aussi que
les grands oiseaux, qui opéraient ainsi sous ses yeux ^ ontcon^
tribué à lui en fournir ridée.
Cet acte , continué de génération en génération , est devenu
un devoir pour les enfants par respect pour la disposition pa-
ternelle, et dans la suite il a fini par être un devoir de reli-
gion.
450. — Quelque faible qu'ait été l'entendement de Thoi»-
me sylvestre, son second mouvement de réflexion l'a porté à
(1) Si nous nous trouvions nous-inômes aujourd'hui, toul civîliséa
que nous sommes, sur le même Verràm et dans les mêmes conditions
que ces animaux, il nous serait impossible de rien faire de différent
de ce qu'ils font; car pour manger nous aurions l^es mêrpes fruits, la
même eau pour boire, le même sol pour lit et le même ciel pour toit.
Un seulacte dépendrait de notre voloïilé, et nous le remplirions assu-
rément : ce sérail de déposer nos digestions dans un endroit à pari;
pour tout le reste, nous serions soumis à une nécessité fatale, et nous
ferions ce que font les antres animaux , justïd'à ce que nous eussâoil^
obtenu des moyens d'amélioration.
L'ANlMAL-fiOMMfi SYLVESTRE. 273
I
aperçevoir.q^u'il r^d»ii à la terre ce cpt'elle \m avait fourni ^
mais (|u'il faisait cette restitulioa sous uae forme différentt^
de l'objet qui était eiitré dans son corps > ce4te matière^ qui
avait soutenu et fortifié son corps et soriajt de lui comiMune
^rabondàflce, niéritait ses remerctmeBts; et sa reconnaissance
lui insinuant df regarder cette traosfprmatioja comn^ un roi-
rade, il en a fait le premier objet de ses adorations.
Delà vient le culte des excréments, qui s'est conservé long-
temps aussi dans la sixième époque, à tel point que les Indous
adorèrent et adorent peut-être encore aujourd'hui les produits
excrémentiels de la chaise percée du grand Lama, qye les
prêtres vendaient aux fidèles sous forme de poudre renfer-
mée dans de petites boites , ou sachets , précieuses amulettes
bien dignes, en effet, des adorations de Thommel... (1).
iSI. — L'entendemeat borne des animaux quadrupèdes
iodique assez qu'ils n'ont jamais pu avoir l'id^ d'aller dépo-
scor dc^QS un lieu particulier leurs excréments ; toutefois, nous
avons vu l'instinct porter les oiseaux à faire des dépôts de
cette nature; à plus forte raison , à n>esureque l'instinct s'est
développé, Têtre animal, ou l'animal-homme, a naturelle-
ment accompli cette action comme un premier signe de son
intelligence; il reste plus que prouvé que ce fait a été l'acte
d'une population humaine.
Ainsi s'expliquent les amas énormes de nitre que les siècle
ont produits; ces matières animales nous montrent, par leur
situation actuelle , les points du globe où les races humaines
primitives séjournaient par peuplades considérables dans la
cinquième journée.
^52^ — Çe$ pi^emiers êtres 4e la race humaine sauvage
étaient grands de taille ; les besoins de leur appétit devaient
être relatifs, et conséquemment leurs évacuations abondantes.
(i) Voyez la note Q , à la fin du volume.
18
274 CINQUIÈME ÉPOQUE.
Pour satisfaire la faim avec Taccroissement des générations ,
les fruits des arbres ne suffirent plus. Voyant les grands ani-
maux attaquer et dévorer les petits, l'idée leur vint de faire
de même, et l'adresse suppléant à la force, ou la secondant ,
ils inventèrent la chasse et la pêche , qui fournirent à leur
nourriture les animaux, les poissons, le gibier que F instinct
leur faisait rechercher.
453. — Pour prendre le poisson, rhomme sauvage se sert
de branches d'arbre ; un arbre, creusé par Tâge ou par la
foudre et amené sur le rivage par les vagues, lui donne l'oc-
casion de s'avancer sur l'eau pour pêcher plus loin ; voilà là
pêche et la navigation dans leurs premiers essais.
Un bâton lui sert pour prendre les oiseaux et tuer de petits
animaux; Vunion de plusieurs sauvages munis de bâtons leur
procure la force et l'adresse pour combattre les animaux car-
nassiers et apprendre aux quadrupèdes , même les plus terrir
blés par la force et la taille, que dorénavant ils seront sou-
dais à l'homme. ^
454. — Les premiers hommes sauvages remarquèrent les
orages^ les tempêtes, qui étaient fréquentes et terribles à cette
époque; l'éclair et la foudre qui enflamment et brûlent un ar-
bre, leur inspirent l'idée du feu; ils saisissent ce feu allumé
sous leurs yeux, voient avec quelle facilité il se communique
à des végétaux desséchés ; deux morceaux de bois dur, frottés
avec force au milieu d'une atmosphère brûlante, leur four-
nissent également le feu; deux cailloux solides font jaillir des
étincelles qui embrasent des feuilles ou des écorces sèches;
ils se rendent maîtres de ce feu auquel ils devront bientôt l'i-
dée de faire cuire les aliments et plus tard de former des ou-
tils : de là l'industrie dans sa première enfance.
455. — Le climat très-chaud , la terre presque ardente,
permettent aux hommes sauvages de vester toujours «us;
mais, dans leurs chasses au milieu de forêts épaisses.
l'animal-homme sylvestre. 275
il y avait des plantes épineuses ; Tidée vint de couvrir avec
les plus grandes feuilles des arbres les parties du corps les
plus sensibles; cette idée fournira plus tard celle de se
couvrir avec des peaux d'animaux, et ensuite de tisser des
brins d'herbes^ puis réunir des filaments de plantes et plus
tard filer du chanvre, pour se faire des couvertures, des toi-
les, etc., qui ont servi à envelopper leurs corps, et des
filets pour prendre les poissons et les oiseaux;
456. — Les cavernes, très-nombreuses, offrent des retraites
pour la nuit; l'ombre des montagnes et celle des grands
arbres présentent la fraîcheur que nos hommes sauvages
cherchent, en se mettant à Tabri des rayons d'un soleil ar-
dent; cette ombre, ces cavernes donnent l'idée de faire des
huttes avec les arbres et les branches : premier pas à Fart de
la construction.
457. — L'homme sauvage n'est pas seul au milieu des
bois ; un instinct l'entraîne vers sa compagne ; la nuit les
enveloppe de son ombre; la nature commande, elle est obéie;
Texistence de Thomme est doublée, elle est triplée au bout de
neuf mois ; le nouvel être auquel ils ont donné le jour aura
besoin pendant longtemps de lait, de secours, de soins.
Pourquoi le père n'abandonne-t-il pas ce petit, comme le
bœuf, qui oublie son veau et le laisse à la mère sans plus y
songer? Parce que Thomme sauvage voit cette petite créature
mieux faite, dans ses formes en miniature, que lui-même qui
en est l'auteur ; de son admiration est née un sentiment, c'est
Famour paternel ; les feux de ce sentiment s'allument et
s'animent par une action mutuelle ; un lien durable se crée ;
le partage des plaisirs et des peines est établi : la famille est
formée.
458. — Les petits grandissent, le père domine, il est chef
dans la famille, il donne des signes de commandement ; on
276 CINQUIÈME ÉPOQUE.
obéit, Tautorité et la subordination sont établies. Le nombre
des individus augmente^ la race s'étend, elle trouve des êtres
semblables dans d'autres contrées ; la société se forme.
459. — La réunion d^ hommes sauvages présente biwtôt
un chiffre nombreux d'individus de la même espèce ; m se
communique ses sensations et ses désirs; on se divise, et bien-
tôt r^pèce est ivoj^ nombreuse sur plusieurs points du glotbe;
de là, des querelles et des désunions; les combats commen-
cent^ et avec eux s'allument les guerres de destruction, entre
les individus de la même race.
460. — C'est ainsi qua existé et péri partiellement la race
des hommes préadamites (1), géants de taille, et sur lesquels
nous n'avons eu jusqu'à présent d'autres renseignements que
les récits mythologique et les fables des poètes de l'antiquité,
mais qui nous ont laissé des preuves irrécusables ^e leur
existence dans les amas de nitre analysés par la science-
Ce^ populatipns cint dû être trës-npmbreuses; elles ont à peu
près disparu avçc les s^utr^ êtres da la cinquième époque, m
moment ^u grand catacJysiiie qui a terminé ce jour nnéwor»^
ble àfi la Bible, et ouvert la brillaqte aurore du dixième jiNir
de la création.
(1) Ypyez la note R, à la fin du vohime.
SIIIËME JOUR
00
SIXIÈME ÉPOQUE
RÉ6NE DÉ L'HOMriC
Tout se tient, tout s'unit : un nœud mystérieux
Joint et le ver et l'homme , et la terre et les deux ;
L'Étemel, dans ses mains, tient cette chaîne immense
Que termine l'insecte et que l'homme conmience.
Chènedoluê,
Le Génie de C Homme,
O mystère profond des enfances sublimes!
Qui fait naître la fleur au penchant des abimes?
Qui donc prend par la main un enfant dès l'aurore
Pour lui dire : -^ < En ton &me il n'est pas jour encore ,
Enfant de l'homme! Avant que de son feu vainqueur
Le midi de la vie ait desséché ton cœur,
Viens, je vais t'entr'ouvrir des profondeurs sans nombre!
Viens , je vais de clarté remplir tes yeux pleins d'ombre !
Viens, écoute avec moi ce qu'on explique ailleurs.
Le bégalment confus des sphères et des fleurs.
Car, enfant, astre au ciel ou rose dans la haie,
Toute chose innocente ainsi que toi bégaie !
Tu seras le poète, un honmie qui voit Dieu.
Ne crains pas la science, âpre sentier de feu.
Ne crains donc pas l'ennui ni la fatigue, — viens;
Ëcoute la natiure aux vagues entretiens. 2>
Vktqr Hugo,
Les Rayons et Us Ombres.
SIXIÈME JOUR
00
SIXIÈME ÉPOQUE
BieilE DE L'HOMME
CHAPITRE XXVII
Tnter^vall^ du elnquième an sixième Jour.
Sommaire. — Continuation de la condensation de la terre, 461. — État
plus solide; orbite fixée, 662. — Chiffre des réductions, 463. — Éden ,
ou paradis terrestre , 464. — Pause rétrospective , A65. — Jour de
Moïse, 466. — Division du jour d'après le soleil, 467. — Justification
de nos supputations concernant les époques, 468. -^ Facilité d'étendre *
leur durée, 469. — La Bible prise pour guide, 470. — Durée et opé-«
ration de Tintervalle du cinquième au sixième jour , 471. — Ce que
c'est qu'un jour, 472.
461. — A la doquième époque, comme nous rayons indi-
qué, la terre était beaucoup plus solide, beaucoup plus dense
et dure qu'aux jours précédents ; aussi avait-elle, en mille
points divers de son intérieur, des formations complètement
cristallisées, qui éclatèrent successivement à différentes, pé-'
riodes de cette époque; ces éboulements gigantesques et par-
tiels, fournissant toujours des matières fraîches à son œuvré
souterrain^, opérèrent la réduction et le rétrécissement du
280 SIXIEME ÉPOQUE.
globe par parties distinctes, de manière que dans le courant
des 300 siècles, les uns portèrent profit à la mer, qui reçut
un lit plus profond sur quelques points ; dans les autres siè-
cles allernalivement, c'était la terre qui éprouvait des affais-
sements de quelques centaines ou de quelques milliers de
lieues sur divers points de sa surface.
^62. — On voit par là que le cataclysme <j[ut finit la cin-
quième époque n'a pas été tout-à-fait de ta même nature que
ceux qui ont terminé les autres époques, c'est-à-dire que la
terre n'étant plus une pâte malléable dans aucun endroit, n'a
pu être bouleversée sens dessus dessous ; sou état plus solide
la maintenait dans sa fixité ; de plus, la sphère du globe
avait parcouru nombre de fois son ellipse avec son aridedé-
couvert successivement, à Test, au sud, à l'ouest et à^ um^d^
cet aride, qui se trouvait en ce mottefll entre lé nord et Ingst,
occupant à peu près le point presque central dé la sutSàce^
avait déerk tant de fois l'ortMle du globe àdào» i# eoovs des
siècles, que sa route était définitivement tracée et fixée dans
l'espace ; et elle le sera à tcmt jan^ais, ea marquant le lit sur
lequel le globe oontiffuefat ses évolutions autour du Èôteit.
^S3. ^^ La ciiiquièiAe époque finit donc ^ laissant le globe
dms une eîreonfére»ee réduite à douze mîUéH«ues, dont un
quart présente l'arrde, ou !a terre (Mcoïrverte, situé dans le
centre entre le nord et l'est, ou à peu près aux limites du
point où Taride avait commencé à sur^r aux premiers mo-
ments de sa copdensatioq ; les trois quarts ou le reste de la
surface du globe sont occupés par Teau qui entoure le dé-
couvert.
^6^. "— C'est au HÛlieu de ce- vsâle et magnifique plateau
que nous devons contempler ce paradis terrestre^ cet Eden<,
dans lequel la Bible nous enseigne que fui créé et placé te
premiçi^ bouin^, Adam.
4SS. ^ Mais avant d'entrer dans les fait^ bi^toilqàés d^ ce
. INTSEYALtEi 281
grand jour qm dure encore, et dont nous n'avons pf obaUe-
QK^nt pâR parcouru l^ première itnoilié ou i« matinée, nous
devons faire une ocMitte patise, afin- &e reporter nos regàrcts
sar ie passé, et voir si notts avons bien établi les phases de 1&
foiTMition du globe par ses époque», et Aotâmment par les
intervalles, qtti ne s6nt point indiqués dans la Bible ni dans
les auteurs qui nous ont précédé.
^66* ^ Moïse, en écrivant (a Bible, a dû, comme nous
l'avons déjà remarqué, et comme nous l'expliquerons tout à
rbeure, se borner à raconter succinctement les principaux
faits, laissant aux sages pour lesquels il avait écrit son PentOr
teuqtie, le soin des interprétations et de leurs dévelopements.
Ainsi, le jour , composé du soir et du malin, signi6e et com-
j^rend le temps du passage du soleil.
En voici TexpUcation élémentaire :
Entre le soir et le matin, il y a la nuit, et entre le matin et
te soir, il y a plusieurs divisions que les Égyptiens avaient
adoptées et que nous signalerons. En n'indiquant que deux
parties seulement, le soir et le matin. Moïse laissait sous-en-
tendre toutes les autres divisions, qui étaient trop bien con-
nues comme faisant partie tnatérielle du jour, et précisément
ptfree qu'il passait sous silence les phases les pins nombreiKes
d« jour, i\ entendait faire raliégorie d'une époque; car jour,
ou épèqiM était pmtfr lui synonyme.
Linte¥valle qui sépara les jours est mesuré dans fe' Sfyh^
de Moïse par m mot qui exprime ane ttranifesfation phéno-
ménale. -
L'astronomie lui était connue, et la période de la grande
année solaire» ftp^peljée aujourd'hui ]^éee8sim des éqmnoœes,
de 36,000 ans, était aussi pour lui synonyme d'une époque
ou d'un jour.
^67. — Yoici d'autres preuves que nous tirons du récit
d'anciens auteurs : à l'époque de Moïse, les besoins de la so-
282 SIXIÈME ÉPOQUE.
ciëté exigeaient qu'on pût indiquer exactement les tostaots
du jour destinés aux opérations communes. On se tourna yers
le soleil; la marche de cet astre divisait naturellement le
jour en plusieurs portions, qu'on a nommées : VAur^yrt
ou le matin ^ le lever du soleil, V(want-midi, le midi,
X après-midi, le comher du soleil, le crépuscule, le mir et
la nuit.
Or, les sages de Tantiquité tenaient pour principe qu'avant
le jour avait été la nuit; que la nuit avait été le temps des
ténèbres, du chaos et du mystère, et ils appelaient la nuit
mère du jour (1).
Ils ajoutaient que le jour, tils de la nuit, ne devait pas se
permettre de demander Tâge de sa mère, et que celle-ci n'é-
tait pas obligée d'cQ rendre compte à son fils. Ces données
suffisent pour justifier le sens d'époque d'une durée indéter-
minée attribuée au root jour.
Relativement au jour ordinaire ou à la journée commune^
les Égyptiens avaient adopté la division de douze heures pour
le jour et douze heures pour la nuit ; et l'origine de cette im-
portante classification vient encore d'un animal, comme ils
nous Font laissé entendre dans leurs emblèmes (2).
^68. — Ces explications justifient les supputations que nous
avons appliquées aux diverses époques, quelque hypothétiques
que puissent paraître nos nombres de siècles, ils n'en sont
pas moins très-probables; au surplus, que les époques aient
été plus ou moins longues que nous ne l'avons marqué, la
(i) Du chaos sont nés rÉrèbê et la nuit*, de la nuit jointe à l'Érèbe
sont sortis le jour et la lumière. (Théogonie de V abbé Beroibr, t. 1^%
p. 320. )
(2) Dans leurs allégories, par remblème d^un cynocéphale (magot),
c parce que, disaient-ils, cet animal fait de Teau 12 fois par jour , et
dans des intervalles égaux. ^) {Histoire civile du Calendrier^ par Cocbt
DE Gebeun, t. ïV, p. 7^.) ■
INTERVALLE. 283
réalité ne produirait pas de différences notables et sérieuses
dans le calcul des événements qui se sont succédé, et que la
force desi choses devait faire naître pendant le travail des or-
ganisations et des compositions alternatives des matières, et
des êtres qui ont dû coopérer à reformer ces matières d'où
sont venus de nouveaux êtres, et ainsi de suite, jusqu'à Té-
poque dans laquelle nous nous trouvons (1).
^69. — Il serait certes plus satifaisant de savoir au juste la
durée d'une époque indiquée, désignée sous le nom de jour;
elle peut avoir été de mille siècles, comme elle peut n'en
avoir compris que trois cents ; nous avons adopté dans tous
nos calculs un chiffre minimum, car l'exagération conduit à
Terreur, tandis que nos déductions étant basées sur les
chiffres les plus modestes dans l'ordre de la probabilité, les
auteurs qui nous suivront sur le terrain des recherches cos*
mogoniques pourront, s'il y a lieu , étendre le nombre des
siècles, lorsqu'ils auront des preuves que le travail souterrain
de formation exigeait un temps plus long que celui que nous
avons énoncé (2).
(i) Les préires du dogme moderne de Zoroastre disent que les six
temps de Moïse étaient composés d'un certain nombre de jours : le
premier de 45 jours^ le second de 60, le troisième de 75, le quatrième
de 100, le cinquième de 80, et le sixième de 75. Il est clair que par
iourt ils entendaient des époques,
(2) M. Alfred Maury parle d*oiseaux qui ont laissé des parties de
leurs squelettes comme témoignage de leur existence à un âge que
PLUSIEURS MTBiADEs d'amnées Séparent de nous,
{La Terre et VHomme.)
« Le calcul établit qu^un boulet, de la même dimension que la terre,
chauffé au rouge et abandonné ensuite au refroidissement dans des
conditions du môme genre, emploierait plusieurs millions d'années
pour descendre au degré de temp'érature qui règne actuellement sur
noire planète. Que le globe ait été originairement en proie à une cha-
leur aussi élevée jusque dans ses régions centrales, ou que Tignition
284 SIXIÈME ÉPOQUE.
Bu reste, la durée (fuite épo()ue ue peut rieti ôter ûi ajoa-,
ter à notre adteiration pour le créateur de Tunivers, ce chef-
d'oétfvre qui se maintient a^ec une succession st mer'veilfeuâe
d'ordiie et de perfection.
Nous avôtiè écarté lés chiffres des systèinès des phitosoptes
anciens et modernes, par la raison qu'ils n'ataiént d'autre ap-
pui que la Fable ou Timaginsetion dès Auteurs. Ainsi, l'Egypte
faisait régner ses dieux sur la terre, pendant 11, 000 ans*
Les mages de la Chaldée prëtendaieAt avoir une histoire du
ciel qui remontait à 470 mille ans.
Des Indiens ont soutenu que la formation de notre planète
avait eu lieu il y a plusieurs millions d'années.
470. — A la vue de ce chaos de conjeetures et d'hy pstlièM
sans appui que nous avons dû repoosser, nous avens pm la
BiUe pour giride, en plaçant à eôié d'elle les découvertes de
la géologie. Si la Bible a été pour nous le phare qui écleiK
Hovestigation historique, la seience est le creuaet qui mus
ft feurBÎ les moyens de remplir les vides laissa paii la
Bible.
Le jour de Moïse, ou son époque, qui en est l'équivalent,
esidonc parfoitetnent justitié. Quant à rintérvalle^ que ndus
atons employé comme faurore dé chaque jouf , il iïoiss e^t
prouvé, par la Bible même, qu'il va s'étendre du jour de la
création d'Adam au cataclysme, qu^^elle énonce sous la dénor;
mination de Déluge universel.
47 L^ -r Par eet iotervallevoip par aelte aui^re d« aixitee'
ne s^y soit étendue que jusqu'à une certaine profondeur, on n^entre-
Toit pas flttorns, âaHà rbisfeire de \é! MH^i^om la ed^ d'étf ti^ c«AeuI,
dés èbafnes'de siècle^ véritàbliemenl déodesilfréM en is^mpaMiàdn des
éinq ou six milt énairès que nous étilie coflâr^tti»atiittllânt Al fif^ëtendoe
(i!](roiiologfé dé Tèi'e du mondef. n
{Terre et ctel^ pslr M. Jean RtiWAtJD,
^ges 124 et 42$.)
inteevàlle. J185
jour, nous avons la preuve du parfait repos qui était néces-
saire à la terre entre une époque et la suivante, ou entre
deux jours consécutifs de la création.
Cet intervalle a été, comme aux époques précédentes, la
période la plus belle, car le repos permettait, ainsi que nous
l'avons to^JAm^s m* 1^ irfiiomreÛf mmt «t la viviâottion des
êtres dans un état plus pf^fajit q^ Çfi\^\ çù ils étaient le jour
précédent, et tel qu'ils pussent paraître en rapport avec le
nouveau climat et le& nouvelles productions que la ti^r^pUis
consolidée et une atmosphère plus pure devaient leuF<<^rir.
(Test donc Taurore qui annonçait le perfectionpement du
nouveau jDur à chaque époque, et c'est avec raison que
Moïse désigne «elle du sixième jour comme étant le paradis
terrestre.
Ayant expliqué le jour comme Tentendiaeni lés ânéiens,
Bou$ teimneroBS ee chapitre en considérant le jour tel que
Boosi'avond souà nos yèûx.
4Î2. -^ En résumé, qu'est-ce qu'un jour ?
Un jour, c'est une épocjue entier^.
Le jour^ c'est un cadre dan^ Iiequel 1^ x^^m &it son tra-
vail.
Le jour est notre compagnon de voyage ; il nous fait as-
sister à sa naissance le matin, à sa mort le soir, et à sa résur-
rciction au bout de vingt-quatre heures»
Si le jour était un être doué de la parole» U nous dirj^it yei:-^
balement tous les niiystères de la créc^tion» car ces np^ystères
s'accomplissent da^s son sein»
Lj^ jour est uniE^ image de notre existçoçe, c'est une période
complète dans laquelle la naturç se plaH ^ f^f^ toujlps ses
évolutions, tous ses échanges et toutes sesi combinaisons.
286 SIXIÈME ÉPOQUE.
CHAPITRE xxyin
itaUte de Flnterralle du clnqulènie
au sixlèine Jfoar.
SomiÂiRB. — Création de rhomme, selon la Bible, U13, — Repos du sep-
tième jour, &7Û. — Formation dJÈve, 475. — Chute d'Adam, 476. —
Patriarches anté^luylens, 477, 478. — Postérité de Seth, 479. — Ages
des premiers patriarches, 480. — Corruption des hommes, 481. — Noé
et son arche, 482. — Observation sur le récit de Moïse, 485. — Con-
séquence de ce récit, 484. — ^ Omission de la Bible, 485. -^ Réflexion à
Tendiroit de la chronologie , 486. — Les géants, 487. — Note de dom
Calmet, t<f. —Récit de Bérose, 488. — Relations des Juifs avec la Chine,
1^89. — Antiquité des populations chinoises, 490. — Temple de Jagre-
nat, 491. — Pagode de Chalambrom, 492. — Induction tirée de l'exis-
tence de ces monuments, 493. — Monuments anciens en Amérique ,
494. — Grotte de la Nouvelle-Grenade, 495. — Découvertes du général
Lopez , 496. — Hommes géants en Amérique, 497. — Récit du Talmud
concernant Adam, 498. — Explication de Tallégorie, 499. — Chronolo-
gies profanes, 500, 501. — Objets qui échappent aux cataclysmes, 502.
— Nouveau rapetissement du globe, 503.
LA CRÉATION d'aDAM.
^73. — La Bible nous donne , comme la conclusion du
grand œuvre de Dieu, le sixième jour de la création.
Ce jour a été celui de la création de Thomme, mâle et fe-
melle, formé, selon l'Ecriture, à Timage de Dieu lui-même,
qui Iili dit de croître et de multiplier et de dominer sur tous
les autres animaux de la terre, de la mer, et sur les oiseaux
du ciel, ainwsi que sur toutes les herbes et les plantes (Genèse,
ch. I, V. 27 et suiv.).
i7i. — Le septième jour, Dieu se repose, c'est-à-dire cesse
de créer. Il sanctifie le jour du sabbat ou du repos.
LA CRÉATION D'âDAM. 287
475. — Le premier homme a été appelé Adam (1); Dieu
lui donna la supériorité sur tout ce qu'il avait créé ; puis il
lui envoya un sommeil, et tira d'une de ses côtes Eve (2), qu'il
lui donna pour épouse et pour compagne (Genèse, ch. II,
V. 21 à 25).
476. — Quoique Dieu eût mis tout à la disposition de
l'homme, cependant il lui avait défendu de toucher au fruit
de l'arbre de la science du bien et du mal , sous peine de tom-
ber en dîsgrâee.
Un serpent séduisit Eve, qui, à son tour, séduisit Adam,
et Tun et l'autre furent punis de leur désobéissance et chas-
sés du paradis terrestre pour être livrés aux peines du travail,
châtiment mérité qnMls avaient encouru pour eux , leurs fils
et leurs descendants.
477. — Comme Taurore du sixième jour est courte jus-
qu'au déluge universel , et que la Bible nous donne les noms
de tous les patriarches de cette période mémorable, nous al-
lons les lui emprunter d'après son ordre chronologique.
478. — Adam et Eve eurent deux enfants : Caïn et Abél.
Caïn , jaloux deson frère Abel, le tua. Ce crime, reproché
par le Seigneur, força Gain à s'éloigner pour expier sa faute ;
vagabond sur la terre, il se retira vers la région orientale de
l'Eden (Genèse, ch. IV , v. 16).
Caïn ayant connu sa femme (3), elle conçut et enfanta Hé-
(1) j^dam^ dans ta langue hébraïque ancienne, veui dite homme ^
ou tes hommes.
, (2) £p€ a, dans Thébreu ancien, la signification d^étre vivant^ prin-
cipe do vie, de régénération et de fécondité.
(S) La Bible ne dit pas où Caïn avait troavé cette femme; s'il Pavait
prise pour compagne avant son départ, il existait donc des femmes à
ia portée de cette famille primitive; ou bien,sMI est parti seul en quit-
tant sa famille , il aurait donc rencontré à Textréme orient, où il s*est
rendu^ une population établie là avant son arrivée.
288 SIlUllS SPOQDC.
NOCH. Il bâtit ensuUe une ville qu'il appela Henogblil^ du nom
de son fils (id., v. 17). Hénogb engendi^a Ibad; Irai» engencha
Maviael; Mavia^ engendra Matbusael , et Mathijsasl engen-
dra Lamegh, qui eut deux femmes : âda, qui en£anta ^I| fils
nommé Jabel, qui fut le père des pasteurs, et Sella, qui en-
fanta TuBALGAîN ; celui-ci perfectionna l'art de travailler les
métaux et fut très*habile dans les ouvrages d* airain et de f$r
(Genèse, ch. Vf, v. 17 à 22).
•
^79. — Adam et Eve, privés de leur fils Kbfi\ , reçurent du
Seigneur la faveur de le remplacer par Sxth.
Comme la race de Setb a été une postérité cbérie de Dieu ,
récrivain sacré s'applique à la décrire plus particulièrement
que celle de Caïn.
Voici Tordre cbronologiqtie de ces patriarcbes :
Adam, à rage cte 130 ané, engendra Seth , et vécut , après
cette naissano», 800 aos; Adam mourat à Tâge de 930 lùis*
SsiH , à riige de 105 ans, engendra Enos el monnit figé de
912 ans.
Enos, à r&^ de 90 ans, engendra Galuftn et mourut âgé
de 815 ans^ Enos ipeleva le culte religieux par des céréœcuiies
extérieures (Gefl» V, v. 9).
CaînalN, à rage de 70 ans, engendra Malaléel et mourut à
rège de 910 ans.
Malaléel, à l'âge de 65 ans, engendra J[ared et siourirt à
l'âge de 895 ans.
Jaiwp, à l'âge de jl62, an?» engendra Bénoch et mourut à
Vè^ de 962 ans.
HinocB , à l'âge de 65 ans , engendra Hathusdaet moimit
âgé de 365 ans.
IfATHusALA OU Motkmoiemj à l'âge de 187 ans, engendra
Lamecb et mourut âgé de 969 ans.
Lajkiech , à l'âge de 182 ans, engendra Noé et nM)urut âgé
de 777 ans.
LA CRÉATION D'aDAM.
289
NoÉ, àTâgé deSOO ans, engendra Sem, Cham et Japhet
(Génère, ch. V, v. 1 à 31.)
, • *■ • - . * •
480. — Pour trouver exactement la durée de l'intervaHe,
ou l'aurore de ce sixième jour , nous devons récapituler les
âges d'après Thistoire de ces 10 patriarches.
V Adam. . .
. qiii
1 ; ' --'Il
vécut 930
ans
, ayant
engfeiHfré'Seto à^ 130 ans; *
2° Seth. . . .
D
D 912
»
ayant engendré. . . à 105 u |
$°;Én<» . . .
. »
» 905
»
» '
»
.. .à 90 »
4° Caînan . .
»
» 910
)■•
»
M
. à 70 »
a^" Malaléel. . .
»
i> 895
]>
»
. à 65 ».
6° Jared . . .
. ^>
» 962
j>
»
»
-à 162 . »
T» Enoch. . . .
»
» 365
»
»
»
.à 65 »
S° Mathusalem
. »
» 969
»
»
»
. à 187 »
9° Lamech . . .
ï>
» 777
»
. »,
»
. à 182 »
W Noé
»
» 950
»
lors du déluge était i
Total. .
^é de 600 V
. . 1656 ans.
Ce nombre, indiqué parMoise, est aussi la règle de l'hislo-
jriea Josèpbe (lib. I, Antiq.y cap. 3), pour fixer la durée de
rinlervalle ou de la première période de Thistoire, si l'on ^uit
te texte hébreu vulgaire, ancien , et laVulgate; cependant Je
grec des Septante donne 606 ans de plus et porte Tintervalle
k 2M1 ans; le texte samaritain , au contraire, a 349 an&de
moins que Thébreu, ce qui réduit Tintervalle à 1307 ans (1),
(i) Le Pentateuque^ et par conséquent la Genèse, d'o$ ces çhiffref
lOBt i^j^S)«^e^t;))ar|^DQr:j^.S4|u'à no.us par. trois sp.urçes différentes :
1° Les Hébreux; c'est d'eux que l'Église chrétienne a reçu le texte
aujourd'hui partout en u^age;
^'» Les Samaritains*, ils descendent du mélange des dix tribus avec
les colonies établies sur leur territoire par Ézar-Haddon, au retour de
la captivité; leurs ancêtres., sous Néhémie , demandèrent en vain
d'avoir part à la nationalité d'Israël;
3" Enfin, les Septante, ou 70 interprètes juifs d'Alexandrie, qui,
19
290 SIXIÈME ÉPOQUE.
481. — Le chapitre YI de la Genèse nous signale la cor-
ruption des hommes, déjà bien multipliés sur la terre; et, par
son verset 4, il nous explique que ces hommes étaient des
géants, dont la race était tellement corrompue, que Dieu s'était
repenti (v. 6) d'avoir fait naître Thomme, et qu'il avait ré-
solu de l'exterminer (v. 7). Seulement, Noé ayant trouvé grâce
auprès du Seigneur, parce que c'était un homme juste, Dieu
lui permit de fabriquer une arche pour se sauver avec sa
femme, ses trois enfants et leurs trois femmes (v. 14), et deux
animaux de chaque espèce.
482. -^ L'arche de Noé était grande de 300 coudées de lon-
gueur, 50 coudées de largeur et 30 coudées de hauteur (ch. VI,
V. 15 (1).
Noé, ayant l'âge de 600 ans, entra donc dans l'arche avec
sa famille, composée de huit personnes (chap.VII, v.7), et,
protégé par cet énorme vaisseau , il surnageait au-dessus des
eaux, pendant que le cataclysme ou la catastrophe du déluge
universel engloutissait tout dans la terre, en donnant la naort
aux êtres vivants.
483. -— Voilà ce que Moïse nous a laissé de plus précis tou-
chant cette mémorable période, depuis Adam jusqu'au déluge
universel.
Moïse a été d'abord historien, puis capitaine, enfin légis-
lateur; il vivait 2513 ans après Adam (2). Nous ajouterons
environ 300 ans avant J.-C, traduisirenl Vancien Testament en grec
pour les Ptolémées d'Egypte.
(1) En mesures d'aujourd'hui^ l'arche de Noé représente 150 mètres
de long, 25 mètres de large et 15 mètres de haut.
Le navire Léviathan, construit eette année à Londres, mesure 200
mètres de long , 25 mètres de large et 18 mètres de profondeur, mais
comme il a une double paroi, il ne porte en capacité que 1,000 ton-
neaux de plus que l'arche de Noé.
(2) Abrégé historique des 72 livres de la Bible, par B. de BoTtiÈRE.
Paris, 1829.
que Moïse était l'homkne le plus savant de son temps, et qu'il
a dû connaitre personnellement les tils ou au moins les petits-
iils de Sem, Cbam et Japhet, fils eux-mêmes de Noé« et avoir
reçu d'eux des renseignements bien plus détaillés que ceux
qu'il nous atransmis par la Genèse.
M(Hse a écrit la Genèse (1) dans le style métaphorique de
€on temps ; mais ses œuvres chronologiques et historiques
devaient renfermer de plus amples informations; malheu^
reusement, ces précieux documents ne sont pas arrivés Jus-
qu'à nos jours.
Lliistorien Josèphe, déjà cité , a sanctionné les récits de
Moise, sans ajouter de grandes explications.
Le père Calmet a donné des interprétations plus amples
dans son histoire de TÂncien Testament, et surtout dans ses
dissertations sur la Bible et son commentaire sur la Genèse.
484. — Ce que nous trouvons de positif dans ces six cha-
pitres de la Genèse, c'est :
1 •^ Que les hommes étaient très-grands ; c'étaient des géants ;
2* Que la durée de leur vie était de six à neuf siècles;
3"* Que leur puberté se développait tard, puisqu'ils commen**
çaient à engendrer après l'âge de 60 ans.
Ces circonstances coïncident parfaitement entre elles, l'âge
génératif se trouvant en rapport avec la longueur de la vie,
et celle-ci avec les dimensions de la taille, de même que Tâge
génératif actuel est en rapport avec la longévité actuelle et
avec la taille que rhomme a de nos jours. Cette loi s'observe,
au surplus, dans tout le règne animal. Ainsi l'éléphant, qui
est de nos jours l'être le plus grand et qui vit 1 50 à 200 ans,
arrive à son âge génératif bien plus tard que le cheval , qui
ne vit que 20 à 30 ans.
(4) Astruc et d*autres savants ont démontré que Moïse a composé
la Genèse de fragments d'histoire épars en Orient.
192 SIXIÈME ÉPOQUE*
^85. — La Genèse ne dit pas de quelle couleur était la face
d'Adam et d'Eve; étaient-ils blancs, noirs ou rouges ? ni quelle
langue ils parlaient, ni quelle était la femme que Caïn a épou-
sée; elle ne nomme pas davantage celle de son frère Seth et
ne donne pas le chiffre des populations de chaque tribu ; elle
ne dit pas non plus quelles étaient les mœurs intimes, les
occupations, ni quels furent les progrès en bien et en mal de
ce peuple choisi des temps primitifs.
486. — En Tabsence de ces renseignements qu'on ne trouve
pas dans la Bible, nous allons chercher des éclaircissements
dans les historiens profanes; nous aurons ensuite des témoi-
gnages plus authentiques dans certaines découvertes récentes
que nous signalerons a leur suite*
Nous n'en devons pas moins être reconnaissants envers la
Bible pour nous avoir fourni une chaîne de succession dont
les anneaux se tiennent sans interruption depuis Adam jusqu'à
NoÉ. Peu importe que les historiens aient voulu admettre que
la durée de cette période a été précisément des 1656 ans qui
sont indiqués par le temps génératif de Tainé de chaque pa-
triarche, au lieu de prendre les âges successifs de ces mêmes
patriarches, dont l'addition monterait à 8575 ans. Certes, ce
dernier chiffre serait plus en rapport avec la vérité, car en 85
siècles on pourrait concevoir Taccroissement d'une population
aussi nombreuse qu'on veut nous le faire supposer.
Mais en 16 siècles, et avec des conditions génératives aussi
retardées ou aussi lentes, le résultat de là population devrait
être bien minime et nullement en rapport avec ces extrava-
gances d'immoralité et de perfidie qui ne peuvent être attri-
buées qu'à des populations pressées, agglomérées, depuis long-
temps corrompues, et dont les excès et les vices leur ont fait
encourir le courroux du Seigneur.
En conséquence, nous respectons la Bible en ce qui con-
cerne la partie historique et religieuse; mais quant à la chror
LÀ CRÉATION d'aDÀM. 293
noiogie et aux lacunes de la partie historique profane, nous
ne pensons pas qu'elle ail jamais eu rintenlion d'interdire les
recherches et les classements qui s y rapportent.
487. — I/Êcriture parle des géants qui vivaient très-nom-
breux avant le déluge : elle les nomme des hommes violents,
cruelsy qui ne suivent pour règle que la violence et la force
de leurs armes (1).
L^Écriture les nomme aussi quelquefois Raphaïms: Cbo-
dorlahomor et ses alliés battirent les Raphaïms ou les géants,
à Astaroth-Carnaïm.
Les Ënacims (2) étaient les plus fameux géants de la
Palestine ; ils demeuraient à Hébron et aux environs. Leur
taille était si fort au-dessus de l'ordinaire, que les Israélites
n'étaient que comme des sauterelles auprès d'eux.
Moïse parle du lit d'Og, roi de Basan, qui avait 9 cou-
dées de long, sur 4 de large, c'est-à-dire 5 mètres passés
dé long (3),
Goliath avait 6 coudées et une palme de haut ; ce qui re-
vient à 3 mètres et plus.
Toutes ces autorités ne nous permettent pas de douter qu'il
n'y ait eu autrefois des hommes d'une nature fort au-dessus
de la grandeur des hommes ordinaires, et aussi fameux par la
hauteur de leur taille que par leurs crimes et leurs violences
(Sag., 14, 16;Eccles., 16, 8).
Yoici maintenant ce que nous disent les historiens profanes.
US. — Bérose, le plus estimé des écrivains chaldéens, s'ex-
prime ainsi : « Un grand nombre de siècles se sont écoulés
« avant ce fameux ravage des eaux (le déluge univergel), par
(1) Voir la note S, à la fin du volume.
(2) Celaient donc les descendants d'Enoch.
(3) Dictionnaire historique^ théologique ^ géographique^ critique et
moral de la Bible , pour servir d'instruction à la science de l'Écriture
sainte. Paris* 4760.
294 SIXIÈME ÉPOQUfi.
« lequel toul Tunivers périt. Nos Chatdéens en ont eonseryé
« rhistoire fidèle.
c< Ils écrivent qu'en ce temps-là, vers le mont Liban, »
« existé £nos, la plus grande ville des géants» dont la domi-
c< nation s'étendait sur le monde entier, depuis le lever jusqu'au
c( coucher du soleil.
« S'appuyant sur la grandeur et la force de leur corps, ces
(( géants se servirent des armes qu'ils avaient inventées, pour
« opprimer tous les hommes; et, livrés à leurs passions, ils
« inventèrent des tentes, les instruments de musique, et toute
a espèce de jouissances de luxe, ils mangeaient des hommes,
« faisaient avorter les femmes, et les préparaient pour les
« manger ; ils s'unissaient à leurs mères, à leurs filles» à leurs
<x sœursy à des garçons, et à des animaux : méprisant la re-
c< ligion et les dieux, ils c(Hnmettaient tous les crimes.
c( En ce temps-là beaucoup d'hommes prêchaient et pro-^
« phétisaient ; ils gravaient sur des pierres la future destrue-^
« tion de l'univers; mais les géants conservaient leurs habi-
« tudes, se moquant de toutes ces prédictions. La colère et la
« vengeance des dieux les y poussaient à cause de leur impiété
« et de leur crime.
« Un seul di'entre les géants avait plus de respect pour les
« dienx et de prudeaee que tous les autres, même les p]u&
« honnêtes.'
i( Il habitait la Syrie, et son nom était Noa ; il avait trois
« fils, Sam, Chem, Japet; et leurs quatre femmes étaient
«< Titée la grande. Pandore, Noela et Noègla. Celui-ci, re-
« doutant la ruine que les astres annonçaient^ commença,
« dès l'an 78 avant l'inondation, à construire un navire
« couvert comme un coffre. La 70' année, depuis que ce
« navire avait été commencé, l'Océan franchit ses limites au
i( moment où l'on s'y attendait le moins (1); les fleuves et les
(t) Nous prenons noie de celte dcclaration : rOcéd» franchit ses
LÀ CRÉATION DADAM. 295
« f(mtaiDes, bouillonnant jusqu'à leur plus grande profondeur,
a eouvrirent de leurs eaux toutes les montagnes; et au même
« in&tant tombèrent du cieU pendant nn grand nombre de
a jours» avec une extrême impétuosité, qui était même suma-
« turelle, des pluies très-abondantes.
(X Ce fut ainsi que le genre humain fut sufTocfué par les
« eaux, excepté Noa et sa famille, que le navire en sauva.
«c Ce navire, élevé par les eaux, s'arrêta an sommet du
« mont Gardiens; où Fon dil qu'il en reste encore quelque
« partie, a laquelle les hommes vont prendre du bitume
c< dont ils se servent principalement pour les expiations. »
489. — Les colonnes élevées par les astrologues descendants
de Seth sont placées, par Flavius Josèphe, dans la terre Séria-
dique. Or, le nom de Sères était justement celui qu'on don-
nait aux Chinois du temps de Josèphe; donc Thistoire chinoise
antédiluvienne avait été connue des Juifs, et leurs relations
avec la Chine étaient extrêmement anciennes.
I/après ce fait , bien que la Chine fût très-éloignée de la
Syrie, où habitaient nos patriarches, la route devait être as-
sez facile, et cette longue distance était certainement parsemée
de populations, autrement le commerce des Juifs ne se serait
pas alimenté jusqu'à la Chine. Les Juifs ne se seraient pas en-
gagés dans des voyages si prolongés sans y trouver de grands
profits.
490. — L'an 2297 avant Tère chrétienne, la 61^^
du règne de Yao , il y eut une grande inondation en
Chine, si grande et si générale dans tout l'empire, que les
eaux du Hoang-Ho se mêlèrent avec celles du Ho-ai-Ilo et du
Kiang.
Le roi Yao assembla tous les grands de sa cour et adressa
• limites au moment où i'on s'y attendait le moins. Cet auteur ancien
ra{>portait bi«n exactement ce passage qui explique le commencement
physique de l'inondation. Nous verrons plus taixl h. yérilé d'un tel fait.
296 SIXIÈME ÉPOQUE.
la parole à Ssè-Yo, rofftcier supérieur qui avait Tinspection
sur tous les gouvernements des provinces (1) ; d'après les or-
dres du roi, Ssé-Yo présenta à Sa Majesté le plus célèbre in-
génieur de la Chine, Pé-Koen , lequel, par des travaux gigan-
tesques et qui durèrent 9 ans, forma de grands et nouveaux
lits aux principales rivières. Le peuple avait souffert naturel-
lement des pertes considérables, mais, grâce aux soins de
leur chef, ce malheur n*est plus arrivé; et même \ës provin-
ces de San-Ouè et de San-Miao, lieux d'exil pour les crimi-
nels , au nord de la montagne Nan-Chou-Chan , où est la source
de la rivière Ouei-Choui, furent l'objet de soins et de dépen-
ses pour garantir à jamais contre le retour d'un pareil désastre.
Ces dépenses furent en peu de temps payées par des tributs
proportionnels, répartis en 9 classes, et dont rétablissement
annonce une intelligence financière admirable (2).
Ce renseignement historique, obtenu en Chine même, dans
les livres anciens du pays , nous prouve qu'à cette époque re-
culée, la Chine était très-peuplée et avait déjà un système de
lois organisées et une instruction supérieure dans les arts et
les sciences; quant à l'inondation susdite, quelques auteurs
prétendent qu'elle est arrivée à la même époque que le déluge
de Noé; par conséquent, c'est le même événement.
Voyons maintenant ce que disent les monuments, qui sont
une preuve plus certaine encore.
491* — Le temple, ou la pagode de Jagrenat, dans l'Inde,
est un édifice qui porte 360 cadjes ou toises indiennes de lon-
gueur, sur une largeur de 240 cadjes. Il est tracé dans un pa-
rallélogramme régulier que forme son enceinte extérieure.
Cette enceinte est fondée sur un immense bloc de granit que
(1) Histoire générale de la Chine ^ traduite du Tong-Kien-Kang-
Mou^ par le père de Mailla. Paris, 4777, t. I, p. 54.
(2) Oq peut lire la traduction dans VEssai des plus anciens monu-
ments de géographie j de Fortia dTrban, no36i.
LA CRÉATlOîT d'aDAM. 297
Ton a nivelé et coupé en plaie-forme, dé manière que le vif du
rocher sert de soubassement à tout le pourtour de cet énorme
édifice (t). Celte immense enceinte est taillée dans le roc mê-
me, elle est abaissée maintenant à 9 pieds français; on a
élevé le mur de clôture, qui a 15 pieds de haut, ce]qui donne
un relief de 24 pieds à la galerie. La largeur totale est de 38
pieds; sur cette largeur est prise une double galerie de 14
pieds, régnant en péristyle sur le développement des quatre
côtés du parallélograme , et qui est soutenue par un double
rang de pilastres couronné par un entablement et son chapi-
teau, d'un style simple et élégant, mais d'un ordre qui n'ap-
partient à aucun de ceux en usage.
Ce temple surprend l'imagination; on y remarque la pro-
digieuse élévation de la pyramide couronnant la principale
entrée, la hauteur gigantesque du monument, de 304 pieds
du rez-de-chaussée à sa cape, sur laquelle sont posés des or-
nements en cuivre doré, qui couronnent cette majestueuse py-
ramide; ses faces sont surchargées de sculptures à tel point
qu'elles se confondent et troublent les yeux.
Ce monument antique , dont les inscriptions sont illisibles ,
ayant été effacées par les siècles, est plus étonnant que ceux
de l'Egypte; il remonte à l'époque antédiluvienne, et com-
mande l'admiration de l'homme pour la grandeur et la majesté
de la Providence, au culte de laquelle il était destiné.
492. — La pagode ou le temple de Chalambrom est le se-
cond monument de Tlndoustan ; les Tamouls prononcent
chédambaram. Celui-ci, quoique très-ancien, est postérieur
de plusieurs siècles au temple de Jagrenat. La tradition
ne lui donne qu'une antiquité de 5,000 années, tandis que
l'histoire des Indous rapporte l'érection de la pagode de Ja-
(1) M. Legoux de Flaix, dans Tatlas joint à son ouvrage, donne le
plan géomélral du temple de Jagrenat. {Essai »ur l^Indoustan, par
Legoux de Flaix. Paris, 1807.
298 SIXIÈME ÉPOQUE.
grenat à uae date de 1 1 ^600 ans ; oo voit eo eOet encore
une inscription placée sur la principale porte, et qui relate le
nom du monarque sous le règne duquel cet édifice séculaire
a été acbevé. M. Legonx de Flaix, qui en a fait -le dessin sur
les lieux, en atteste Tantiquité, de manière à convaincre
même les plus incrédules.
Le temple de Jagrenat est consacré à Roudre, c'est-à-dire
au suprême ordonnateur, qui signiQe , an figuré, tout ce
qui est ; et celui de Chalambrom est dédié à Brouma, l'un de
ses attributs,, la puissance exécutrice.
Ce temple est renfermé dans un carré long de 390 toises
(780 mètres) de développement, dont le pourtour intérieur
forme une vaste galerie divisée, dans tout son périmètre, en
appartements occupés par autant de familles de brames, qui
desservent ce temple, et qui font le service du culte.
493. — Nous pourrions citer des centaines de monuments,
les uns plus anciejds que les autres, et prouver ainsi l'âge de
ces deux premiers ; mais ces citations seraient superflues, car
les réflexions du simple bon sens nous fournissent une preave
plus forte que tous les autres monuments qui pourraieiii. toe
mis sous nos yeux.
£n effet, ces magnifiques monuments^ de 5 ou 11 ,000 aiKs,
qui se présentent k uous avec une richesse et une grandeur
colossales, ne peuvent avoir été construits qu^après bien des
siècles d'essais, d'études» et par gradation successive. La per-
fection des arts et des sciences ne s'improvise pas par enchan-
tement ; elle ne vient pas comme une inspiration à des sau-
vages ou à des hommes qui n'^auraient pas vu et observé des
constructions auparavant; donc avant ces monuments, il y eo
avait eu d'autres bien inférieurs, et si, en suivant la chaîne
qui conduit au perfectionnement, nous retournons sur nos
pas, il est évident que nous trouvons qu'une longue suite de
siècles se sont passés depuis la construction de la première
LA CRKlTlOIf DABAM. 299
botte de rhomme primitif, jusqu'à celle de Tëdifice somptueux
du temple de Jagrenat, ou de tout autre, et nous devrons ré-
trograder si loin, que nous serons nécessairement ramenés à
la cinquième journée de la création, comme nous Tavons in-
diqué.
i9L — Toutefois, nous avons des preuves plus matérielles
encore pour confirmer Texistence des monuments de l'époque
antédiluvienne; et ce qui surprendra le plus, c'est que nous
avons découvert ces preuves eu Amérique, contrée que notre
eiviKsation n'a connoe qu'au quinzième siècle de notre ère.
Oui, en plusieurs endroits de rAmérique, nous avons trouvé
des vestiges de monuments fort anciens; c'est surtout au
Mexique, au Pérou et dans les provinces de la Nouvelle-Gre-
nade que ces découvertes ont été faites.
495. — Dans la Nouvelle-Grenade, qui est presque sous Té-
quateur, se trouve une grotte ou caverne dont l'entrée est au
niveau du sol, et dont la voûte est en partie naturelle dans la
montagne et en partie travaillée au ciseau par la main de
rhomme. A l'entrée, et comme si c'était un gardien, il y a un
tigre colossal en pierre très-bien conservé. La sculpture de ce
monument est du même dessin que les monuments que nous
voyons dans l'Indoustan.
L'entrée de la grotte avec le tigre se trouve en ce moment
dans un passage assez étroit, entre deux montagnes. C'est en
raison d'une pareille position que ce monument a été préservé
de la destruction du temps. A son origine, il devait y avoir
une plaine et même une ville devant la grotte, car il aurait
été impossible de transporter un bloc de pierre aussi colossal
à travers des montagnes ; et quand même cela eût été possible,
à quoi bon le faire? pour orner un désert impraticable, tel
quil est aujourd'hui ?
Nous verrons bientôt comment, dans des lieux où il y avait
de vastes plaines et des villes bien peuplées, se trouvent au-
300 SIXIÈME ÉPOQUE.
jourd'hui, en Amérique, des montagnes escarpées, rappro-
chées l'une de l'autre et hérissées de précipices*
496. — A peu de distance de cette grotte , dans la même
province, dans le cercle de la ville de Neyva, Tex-présidenl
de la Nouvelle-Grenade , M. le général José Hilario Lopez, a
fait pratiquer des excavations dans ses vastes propriétés, et a
tiré de la terre, d'une profondeur de 2 à 5 mètres, des
statues colossales de la plus grande beauté (t), représentant
des chevaux , des singes, des crapauds, des figures d'hommes
et de femmes*; on remarque avec étonnement que toutes ont le
regard tourné vers Torient.
A peu de distance des excavations ci-dessus, on a trouvé
une table colossale, en pierre, que cinquante hommes pour-
raient à peine mouvoir; celte table, fort bien polie, est pla-
cée sur quatre pieds en pierre en forme de pattes , prenant leur
souche dans un seul pilastre central , à peu près comme les ta-
bles modernes de nos plus habiles ébénistes.
Ces monuments, sur quelques-uns desquels il y a encore quel-
ques vestiges d'inscriptions, sont absolument du même travail
que ceux des Indous et des Égyptiens ; en outre, ils sont d'une
seule pierre ; or, on sait que les Égyptiens ne faisaient aussi
que d'un seul bloc leurs statues, colosses, tombeaux, obélis-
ques.
497. — Mais ce qu'il y a de plus significatif encore, ce sont
les restes des hommes de la classe des géants qui se sont con-
servés aussi en Amérique.
Nous avons vu nous-même, en Amérique, quelques grou-^
(1) M. le général José Hilario Lopez ^ avec un louable amour des dé-
couvertes pour la science, continue toujours ses excavations; il nous
a promis de nous envoyer les dimensions et les dessins des monu-
ments qu'il a découverts et qu'il découvrira, avec tous les détails; et
aussitôt que nous les aurons reçus, nous nous empresserons de les
soumettre à la curiosité du public.
LA CRÉATION d'aDAM. 301
pes de sauvages, les hommes ayant 7 pieds et les femmes 6 et
€ 1 12 ; mais nous n'aurions pas osé en parler dans cet ouvrage,
de crainte que notre simple témoignage ne parût pas avoir
assez d'autorité.
D'autres voyag^irs en ayant déjà parlé, et en particulier le
Commodore Byron , dont le rapport a été inséré dans un jour-
nal de Paris (1), ce témoignage justifie notre attestation et
nous permet d'ajouter qu à \û vue de ces débris incontestables
d'un autre âge, nous avons été fondé à conclure que ces
hommes, presque géants, sont encore de la race directe des
hommes dont nous avons vu la souche à la cinquième jour-
née.
498. — L'aurore de ce sixième jour est tellement resserrée
et restreinte dans la Bible, qu'il nous semble convenable de
borner aussi nos recherches ; nous les reprendrons dans la
suite de la journée. En attendant, revenons à Adam, à qui cette
aurore brillante est destinée, et voyons ce qu'ont dit de lui les
histoires et les écritures des nations.
LeTalmud raconte qu'Adam fut créé si grand, que sa tète
touchait au firmament. Les anges à sa vue en murmurèrent ;
ils représentèrent à l'Éternel qu'il y aurait deux êtres suprê-.
mes, un au ciel et un autre sur la terre. Dieu vit alors sa faute
et la répara: il appuya sa main sur la tête d'Adam et réduisit
lé colosse à une taille de 1500 pieds.
Le Talmud est une Apocalypse composée par les rabbins ;
ils se sont servis, comme Moïse, de l'allégorie et de la méta-
phore, en se réservant l'explication, qui est leur secret.
Cependant nous pouvons aussi donner une explication du
récit précédent.
D'abord le mot Adam signifie en hébreu le peuple, ou les
hommes au pluriel ; et ce nouvel Adam , qui se présente au
(1) La Pairie du 7 mars 1858. Voir la note T, à la fin du volume.
302 SIXIÈME ÉPOQUE.
mande plus beau de formes et de visage que tous les hommes
qui l'ont précédé, est placé oaturellement au sommet de l'é-
chelle du gei:ire humain .
499. — L'allégorie signifie :
Que si tous les tK)mmes préadaiDites avaient été posés debout
l'un sur la tête de l'autre, Adam, nronté sur la tête du dernier,
aurait touché le firmament. Dieu ayant appuyé sa main sur
la tête d'Adam, tout ce qui était sous ses pieds disparut, c'est-
à-dire que tous les êtres mortels sont entrés dans letoml)eau,
et que lui Adam s'est trouvé rapetissé dans sa stature, en de-
meurant toutefois d'une taille encore assez grande pour dcK
miner, par son nouveau nom d'homme et par sa physionomie
nouvelle, sur tous les êtres du règne animal, dont il devenait
le roi.
500. — Avant de terminer les chapitres cooeernant l'inter-
valle du sixième jour, il est à propos de jeter un coup d'œil
sur les différentes chronologies que les nations les plus im-
portantes de l'antiquité avaient appliquées à la création du
monde.
Les documents d'après lesquels les prêtres ou les sages ont
établi ces époques ne sont pas arrivés jusqu'à nous ; mais
sans doute ils ont fondé leurs calculs sur des faits qui leur ont
servi de guides.
Dans des matières aussi graves, un calcul de chiffres doit
partir d'une base positive ; ainsi, chaque nation doit avoir eu
son système pour appuyer les preuves ou les faits qui per-
mettaient de fixer un point de départ. Puisque nous n'avons
pas le moyen de découvrir leur base fondamentale, qui serait
cependant très-curieuse à connaître, contentons-nous de
noter le résultat de leur calcul, en rapportant leurs dkiffres
dans l'article qui va suivre.
LA CRÉATION D'aDAM.
363
SOI.
CHRONOLOGIE DU MONDE.
TRADItlOlV DES PEUPLES ANCISIfS JUSQITA L'EVE DES HÉBEECX.
Règne de Bramah , selon les livres des brahmites, extraits
par la société anglaise du Bengale
Règne de Tensio-Dai-Tsin : ce fut, selon la croyance des
Japonais , à la voix de ce premier dairi, que le monde
sortit du chaos
Commencement de Ki, ou périodes des Chinois; naissance
de Poan-Kou , qui fut le premier homme, selon leurs
annales
Ère des Chaldéens , suivant Épigëne
Ëre des Ghaldéens ou Babyloniens, suivant Bérose; nais-
sance d*Aloras , qui lût le premier homme, selon ces
peuples
Ère des anciens Perses ou Mages
Ère des Phéniciens, selon Sanchoniaton
Création d'Adam, Jusqu'à Jésus -Christ, selon les tables
d'Alphonse, roi d'Espagne.
ARRteS.
8,983,298
2,362,394
2,276,479
720,000
480,334
100,009
30,000
6,984
S02- — De cette grande et mémorable période d'Adam qui
devait se terminer par la destruction de ses descendants, et
n'épai^gner qu'une seule famille^ il ressort pour nous la preuve
que, dans les grandes catastrophes du globe, il y a toujours
eu quelques existences de sauvées, et si Thomme, avec sa frêle
complexion, a pu reparaître sain et sauf après le déluge, il y
a toute raison de croire que les édifices solides, les monu-
ments les plus importants, auront^ avec d'autant plus de pro-
babilité, résisté aux assauts du cataclysme, et qu'ils pourrcmt
en grande partie être retrouvés par les hommes d'une époque
future, qui en feront leur prdit.
503. — Ainsi finit l'aurore du sixième jour, par un cata-
304 SIXIÈME ÉPOQUE.
clysme que nous pouvons autheniiquement, cette fois-ci, ap-
peler le cataclysme du déluge universel.
Pendant que Noéet sa famille reposaient dans l'arche, et
que les peuples disparaissaient dans le bouleversement, le
globe se réduisait à la forme et aux dimensions qu'il a encore
aujourd'hui ; les détails de ces changements seront expliqués
dans la matinée du sixième jour. Mais nous devons examiner
auparavant l'un des plus graves résultats de ce cataclysme.
CHAPITRE XXIX
Formatloo de l'Amérique*
Sommaire. — Noé dans son arche, 50/i. — Sortie de l'arche, 505. — Ré-
duction de la circonférence de la terre, 506. — Cristallisation, crevasses,
effets des explosions volcaniques, 507. — Action de l'équilibre, 508. —
Séparation des masses, 509. — La grande crevasse, 510. — Fonoa-
tlom déflnltl've de l'Amérique , 511. — Formation des lies, 512.
— Explication des effets produits, 513. — Combinaisons physiques du
déplacement des continents, 514. — Double objection, 515. — Action
de la pluie; ses conséquences, 516. — Preuve que l'Amérique n'a point
subi d'inondation universelle, 517. — Avantage du cataclysme pour
l'ancien monde; formation de la Méditerranée, 518. — Les îles de l'Asie
et rOcéan pacifique, 519. — Séparation des lies Britanniques et de Fis-
lande, 520. — Représentation du globe avant et après la séparation,
521.
504. — Noé, entré dans Tarche, selon les Écritures, le 25
novembre de Tan 1656 de la création du monde ou d'Adam,
voit son arche s'arrêter sur le mont Ararat, en Arménie, le
dix-septième jour du septième mois après son entrée.
L<3 premier jour du dixième mois, les montagnes commen-
cent à présenter leurs sommets; cent dix jours après, Noé Kl
sortir un corbeau qui ne revint pas (Gen. YIII, v. 6, 7); sept
FORMATION DE L AMÉRIQUE. 305
jours après, il fait sortir une colombe, qui re?ieiit. Au bout de
sept autres jours, il la fait encore sortir; elle rentre sur le
soir portant un rameau d'olivier d4mt les feuilles étaient toutes
t>er^e8(Gren.VIlI,v. 1 1); il attendit néanmoins encore sept jours,
et il envoya une troisième fois la colombe, qui ne revint plus.
Le rameau de feuilles vertes prouve évidemment que toutes
les plantes n'étaient pas détruites et quil y en avait même en
pleine vigueur. La colombe qui n'est plus revenue nous indi-
que également qu'elle a trouvé des êtres de son espèce, aux-
quels elle s'est réunie.
505. — Noé sortit de l'arche Tan 601 de son âge, le 27*
jour du second mois, qui répond à décembre. Ainsi il y est
demeuré, d'après Moïse, un an et dix jours, savoir :
17"* jour du premier mois , entrée dans l'arche. . . *
17"* jour du 7~* mois, les eaux commencent à baisser.
1*' jour du 11*"* mois, les montagnes se découvrent .
!•' jour du l*'mois, Noé lève la couverture de Tarche.
27»« jour du second mois
jours.
mois.
180
=.
6
104
=
3.14
30
=B
J
56
*=
1.26
jours. mois.
Total (1) 370 = 12.10
Son premier soin fut naturellement de dresser un autel au
Seigneur, qui l'avait conservé avec sa famille pendant une
année dans l'arche; et, après l'holocauste des animaux les plus
précieux, il Ht sortir tous les autres animaux, auxquels il
donna la liberté des champs. Il considéra ensuite le beau pays
(1) L'année de 360 jours, qui était conforme au mouvement du so-
leil en rapport avec la terre avant le déluge , cessa de Tôlre après ce
cataclysme.
Les Chinois , dès le temps d^Yao, contemporain de Noé , comptaient
Tannée astronomique ou solaire, de. 365 jours et 6 heures; telle est
notre année julienne.
20
306 SIXIÈME ÉPOQUE.
qui TeDlouraii, et se disposa à Thabiter et à en jouir avec les
sept autres membres de sa famille*
Mais avant d'entrer dans les détails relatifs à Tbomme et a
ses œuvres, il est nécessaire de porter nos regards sur la phy-
sionomie que présente notre globe après le cataclysme qui a
changé les formes de la terre*
506. — Nous avons laissé notre planète, à la fin du cin-
quième jour, avec une circonférence de 12,000 lieues, et nous
la trouvons, après le cataclysme du déluge universel, réduite
à 9,000 lieues, telle qu'elle est à peu près aujourd'hui.
507. — Si le grand cataclysme du cinquième jour a été
différent des cataclysmes antérieurs, c'était, ainsi que nous
Tavons expliqué, parce que la matière terrestre se trouvait alors
plus dure et plus dense qu'auparavant. En effet, dans le cours
de la cinquième journée, la terre s'était endurcie de plus en
plus, au point de se cristalliser en beaucoup d'endroits. Par
suite de cette cristallisation, au moment du cataclysme qui a
marqué la fin du cinquième jour, elle s* est brisée en ouvrant
des crevasses et en détachant de sa masse, soit en long, soit
en large, certaines parties de l'aride.
Ce dernier résultat s'est manifesté, au cataclysme du déluge
universel, partout où les explosions et lés vapeurs partant de
l'intérieur rencontraient les crevasses précédentes, propres
à leur donner les passages qui leur étaient nécessaires. Les
masses qui se détachèrent alors, et qui sont restées séparées
depuis, devaient s'éloigner encore davantage lors du dernier
cataclysme, celui du déluge universel, en raison de la nou-
velle impulsion et de la force énergique imprimée par les
nombreux volcans qui repoussaient les fragments superficiels
du globe. L'éloignement de ces masses devait aussi être subor-
donné à la puissance expansive de ces volcans, qui, en les re-
poussant, les accompagnaient à leur nouvelle destination*
FORMATION DE l'aMÉEïQUE. 307
508. -^ Noos le répétons, tant quo le globe était resté d'une
nature moins molle et pâteuse, la (nasse avait pu demeurer
unie, sa malléabilité lui permettant de se prêter sans effort
aux exigences d'un juste équilibre; mais lorsque cette masse
s'est endurcie, et en partie cristallisée^ il ne lui fut plus pos-
sible de céder ni de se déformer, à moins de se briser, conime
le verre, qui se brise mais ne plie pas.
Lorsque le durcissement qui s'opérait dans Tintérièur par
l'action du feu eut entassé les minéraux d^un côté, et pro-
duit ainsi sur ce point un poids excessif, il fallut, pour con-
server réquilibre, donner un contrepoids à la partie afiaiblie.
Nous avons vu comment cela s'était opéré aux jours précé-
dents ; mais le moment était venu où cet équilibre ne pou-
vant plus s'obtenir par un mouvement a Tintérieur, dut
nécessairement s'effectuer par une séparation de ta terre à
l'extérieur.
CUANG£VEffT B ASPECT DÇ LA SUi^PACB DU GLOBE.
5QS. *-^ De manière que l'aride où le découvert, qui se
mootraii encore en un seul bloc au cinquièiné jour, et qui
n'avait, pendant l'intervalle ou Taurore du sixième, que d^
crevasses plus ou moins larges, ouvertes aux cataclysmes pré-*
cédents, a éprouvé, dans le c^iaeiyfioie du déluge untverscil;
la séparation complète, du moins à la surface^ d'un gr^nd
nombre de parties par l'éloignement des fragn^ents,, dont les
crevasses annonçaient une prochaine dislocation.
Cette séparation violente a repoussé, à diverses distances,: ces
portions de l'aride, qui ne formaient auparavant qu'une seule
masse, et qui dorénavant paraîtront en former plusieurs,
toujours rattachées par la base ou posées, pour ainsi dire, sur
le même piédestal, mais en masses isolées, suivant leur éten-
due, soil en co&linests., soi4 m fies.
308 SIXIÈME ÉPOQUE.
Cette séparation présente un cbangement complet sur la
surface du globe terrestre.
510. -^ La plus grande, la plus longue et la plus im-
portante crevasse se trouvait du nord au sud; elle était
bien visible et déjà large à l'aurore du sixième jour; elle
n'empécbait pas la communication des peuples d'un côté à
Tautre* Cette crevasse aura été peut-être d'une demi-lieue de
largeur; elle divisait la terre presqu'à moitié dans la direction
indiquée. On pouvait pressentir qu'une séparation était im-
manquable; que la masse la plus grande resterait à sa place,
en raison de sa pesanteur, et que la masse la moins lourde
serait repoussée à une distance assez éloignée pour établir
un équilibre proportionnel.
Sl|. — La masse la plus forte était à l'est, et elle y est
restée.
Nous ne savons pas de quel nom on appelait, à l'aurore
du sixième jour, le continent de cette masse ; après Noé,
on rappela, comme de nos jours, TAsie, l'Afrique et TEu*
rope.
La grosse masse partielle, dont la crevasse s'étendait du nord
au sud de l'aride, était à Touest, et dans l'écartement violent
qu'elle a subi, sa surface s'est portée plus à l'ouest encore;
cette masse forma elle-même un grand continent, que nous
appelons aujourd'hui rAmériiiiie.
512. — Les différentes îles qu'on remarque sur l'étendue
d« vastes océans ont été également Teflet de cette violente sé-
paration, et chacune d'elles a dû s'arrêter où nous les voyons
maintenant, car c'était le terme de la force centrifuge qui les
mouvait, et qui était la conséquence de l'opération du .ré-
trécissement que l'intérieur du globe éprouvait dans cette ca-
tastrophe solennelle.
513. — Pour se rendre compte du grand fait que nous
FORMATION DE L'aM£RIQU£. 309
venons d'exposer, il suffit de sMmaginer que le gouffre im-
mense qui existait dans le centre ardent du globe avait be-
soin de recevoir un renouvellement d'air en même temps qu'il
se trouvait surchargé de matières solides qu'il fallait éloigner.
De cette double nécessité devaient résulter tout à la fois l'ex*
plosion des volcans et le soulèvement des montagnes. C'est
aussi ce qui est arrivé ; mais en même temps , les crevasses
qui avaient été déjà faites et dont les bords et le fond étaient
plus cristallisés que les autres endroits de la terre , devaient
être les premières à céder à l'impétuosité des explosions.
SU« — Il en est donc advenu que partout où la matière
était comparativement faible, elle a été soulevée par-ci par-là,
en masses plus ou moins grandes, plus ou moins élevées.
La place que ces soulèvements laissaient vide dans l'inté-
rieur, fut immédiatement remplie par des matières nouvelles
qui se portaient naturellement dans l'enfoncement des terrains
les plus mous ou les moins cristallisés.
Où se trouvaient-ils, ces terrains moins cristallisés?
Naturellement, c'étaient en grande partie ceux qui se trou-
vaient les plus éloignés du foyer des combustions de l'aride
des derniers siècles; c'étaient donc les terrains qui étaient
couverts d'eau à la partie opposée de l'aride actuel; c'était en-
fin la partie tout-à-fait ouest (pour ne pas dire Tantipode de
la masse de Taride actuel), qui allait céder du sud au nord.
En cédant, cette immensité de matières pesantes produisit
une force de pression telle qu'à l'instant même les crevasses
de la partie opposée s'élargirent , et en s'élargissant trans-
portèrent tout le corps du terrain qu'elles entouraient.
C'est ainsi que la masse du continent, aujourd'hui améri-
cain, qui touchait la masse principale, ou l'ancien monde, de-
puis le sud de l'Afrique jusqu'au pôle du nord, a été d'un
seul coup déplacée par une violente commotion* Dans ce mou-
vement, elle a obéi à sa propre pesanteur; elle s'est arrêtée à
310 SIXIÈME ÉPOQUE.
la place précisément laissée vacante par l'affaissement qui ve-
nait de se produire et où son poids, comme nous T avons dit ,
devait faire équilibre au globe terrestre.
515. — On nous dira que l'ancien monde a subi le déluge
simplement par l'effet des pluies, et que, si les choses s'étaient
passées comme nous venons de les décrire, la masse portée à
l'ouest, ou l'Amérique, aurait été inondée par Teffet des eaux
aussi bien que l'ancien monde.
Nous allons répondre à celte double objection.
516. — ly abord, quant à la pluie, certes elle a été plus
abondante qu'à aucune époque, quelle qu'elle fût, dans le
courant des siècles, et c'est précisément pour cela qu'elle a
contribué à faciliter la séparation des continents, ainsi que
nous l'avons indiqué.
En effet, elle a dû s'amasser longtemps d'avance dans l'at*
mosphère pendant que le soleil exerçait toute l'énergie de sa
chaleur sur la terre, ce qui dut produire une violente séche-
resse qui concourut à l'achèvement de la cristallisation dans
certaines localités, cristallisation qui était fort avancée déjà
par l'action continuelle du feu souterrain.
La pluie n'est que la restitution de l'humide que l'at^
mosphère attire du globe; plus elle en absorbe, plus elle en
rend.
Si donc il a plu à torrents pendant 40 jours, il est natanil
de penser^ car c'est physiquement prouvé, que l'atmosphère
avait absorbé antérieurement presque la moitié de l'eau qui
ci^uvrait la terre et qui remplissait le bassin de la mer; donc
l'eau était très-basse tout autour du globe.
11 est prouvé aussi que plus la terre est sèche, plus elle ab-
sorbe d'eau; de manière que, quand même la pluie serait
tombée autour du globe en raison d'un à deux mètres par
jour pendant 40 jours, ce qui est énorme sur une cii'confé'
rence de 12,000 lieues, ce qui serait même impossible, car
FORMATION DE l'aMÉRIQUE. 311
toute l'eau de la mer n'y suffirait pas; mais en accordant
cette impossibilité, la terre desséchée au point OA elle se trou--
vait avec ses crevasses, et les trous formés par les éboulemenis
nouveaux, devait absorber la plus grande partie de rbuiçide
ou de Teau à mesure que la pluie tombait.
Donc, en ce qui concerne la pluie, elle ne pourrait à elle
seule avoir fourni au maximum que 20 à 30 mètres d*eau en
état de rester sur le sol le plus bas du continent de l'est, et
encore cela n'aurait pu s'opérer qu'à Taide d'une inondation
venant de l'Océan et pouvant se maintenir sur la surface de
la lerre.
Pour ce qui regarde le continent qui se transférait à
l'ouest, toute inondation sur lui-même était impossible, comme
on va Texpliquer.
•
517. — Nous disons, en réponse à la seconde objection,
que l'Amérique ne pouvait pas avoir d'inondation perma-
nente ni à son est, ni à son ouest; c'est tout naturel à l'en-
droit de Test, puisque ce continent s'éloignait de sa position
primitive, et comme il se transportait avec sa base, dont la
racine était au centre de la terre, dans la marche de son écar-
tement il laissait un énorme vide qui appelait l'eau de tous
les côtés par la loi du nivellement; or ce vide était forcé, et
l'eau devait pénétrer et affluer, comme par mille cataractes,
dans cet immense et profond lit que l'imérique abandonnait
à rOcéan.
Du côté opposé, à l'ouest, TAmérique ne pouvait pas non
plus être atteinte par l'inondation: d'abord nous avons vu
combien l'eau devait être basse par suite de la grande ab-
sorption, de l'atmosphère; ensuite le mouvement du nouveau
continent, qui s'avançait vers l'ouest, pressait et poussait
l'eau, qui était forcée d'entrer dans l'Océan, dont le grand lit
atlantique se formait et s'étendait à mesure que la même
masse^u continent l'abandonnait.
L. _
312 SUiÈMJi ÉPOQUE.
En trpisièiiie lieu» il faut remarquer que tout reitrême
ouest, qui comprend Tocéan Pacifique d'aujourd'hui, ayant
subi le plus fort affaissemeat de tout le globe, Teau est tom-
bée daos les gouffres de sou propre lit; ainsi l'eau se trouvait
plus basse que le niveau du sol du nouveau continent qui
venait s'installer au milieu des deux océans.
U faut encore noter que l'eau a ses passages sout^rains à
travers tous les continents, et que l'Amérique emportait avec
elle les meilleurs fleuves de l'ancien monde, dans les lits des-
quels l'écoulement des eaux de la pluie torrentielle s'effectuait
rapidement.
518. — On peut demander ce qu'a gagné l'ancien monde
à ce cataclysme et à cette séparation. Ce qu'il a gagné, le
voici : l'élévation des montagnes que cette révolution a éle-
Tées plus qu'elles ne l'étaient auparavant, et d'autres monta--
gnes ou collines qui ont été nouvellement soulevées, ont fourni
l'occasion de fixer les différents degrés de purification de l'air
atmosphérique, ce qui est assez important pour la salubrité
des climats de toutes les régions et pour l'hygiène aussi bien
des hommes que des oiseaux.
L'ancien monde a gagné encore à cette révolution que la
mer Méditerranée, la mer Noire, l'Adriatique, se sont formées
par les affaissements survenus aux terrains qui composent
leurs lits. A cette occasion, les eaux venant de l'Océan, ayant
trouvé une crevasse entre l'Espagne actuelle et l'Afrique, se
sont ouvert un passage que les Grecs appelaient détroit des
Colonnes d'Hercule (le détroit de Gibraltar), et sont venues
remplir les bassins indiqués, de la Méditerranée, de l'Adria-
tique et de la mer Noire , en se conservant en outre un pas-
sage souterrain qui maintient une communication perpétuelle
et des échanges continuels de leurs eaux avec celles de l'océan
Atlantique.
519. — L'extrême est, c'est-à«*dire l'Asie, a eu ses sépa-
FORMATION D£ l'âMÉRIQUE. 313
ri^lioos de son côté presque aussi imporlantes que TAfrique ;
seulement, comme l'Asie avait plus de crevasses et une cris-
tallisation plus ancienne, ses séparations se sont accomplies
par fragments plus petits, ce qui explique la nombreuse quan-_
tité d'iles et d'archipels que nous voyons dans Focéan Paci-
fique et les mers de la Chine, du Japon, etc.
Quant au continent de TAustralie, il a été visiblement dé-
taché de l'Afrique et de TAsie, au point où s'est formée la mer
des Indes; et; dans le travail de son écartement, il a laissé
sur la route une multitude de ses propres fragments, qui sont
aujourd'hui les Iles et les archipels de la Sonde, de la Ma-
laisie, etc., etc.
520. — Au nord du globe, les séparations les plus impor-
tantes, après la partie appelée Amérique, qui est allée au loin,
ont été l'Islande, et la Grande-Bretagne, dont s'est détachée
rirlande. Une partie de la Grande-Bretagne a continué ce-
pendant de rester assez près du continent, et n'en est séparée
de nos jours que par une crevasse qu'on a nommée le Pas-
de-Calais, qui, à la cinquième époque, était encore plus ré-
trécie, plus étroite, ne présentant peut-élre alors qu'une
simple fente.
Cette crevasse s'est fort peu élargie, soit qu'il n'y eût pas à
proximité des volcans assez puissants pour pousser plus loin
la partie détachée, soit que la place qu'elle occupe mainte-
nant ait suffi, au moment de la séparation, à l'équilibre gé-
néral de la planète.
Les falaises des côtes de chaque côté, en Angleterre comme
en France, sont bien en rapport de hauteur et de nivellement
sur plusieurs points, et la qualité du terrain est également
la même; seulement le fond, dans la Grande-Bretagne, pré-
sente plus de couches de houille, parce que ce point du globe
avait une plus grande quantité de forêts, qui y sont restées
et se sont refroidies à demi consumées, dans le travail des en-
314 SIXIÈME ÉPOQUE.
foocements primitifs, comme nous l'avons expliqué aux
n^* 255 et 275.
521. -- Nous plaçons ici deux gravures du globe terrestre.
La première, marquée 9, ou avant la séparation, montre
notre planète à Tépoque de Tinlervalle, c'est-à-dire depuis
Adam jusqu'à Ndé, lorsque la terre n'était encore qu'un bloc,
sillonné à la surface par des crevasses. Dans cette période
figure la masse atlantide, qui devait plus tard laisser sa place
à un océan.
La seconde gravure, marquée 10, ou ajifès la séparation^
représente ce même globe avec l'écartement de ses parties à
la surface, après le déluge, c'est-à-dire depuis Noé,eltel qu'il
existe de nos jours.
Si Fou prend en main un planisphère sur une assez grande
échelle, on pourra mieux vérifier les emboîtements des terrains
que la nature livre à notre examen pour constater leur union
primitive.
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FORMATION DE L AMÉRIQUE. 3 15
CHiPITRE XXX
Preuves de la formAtioii de l' Amérique.
SoMMAiBE. — Les faits toujours appuyés de leurs preuves, 522 . — Preuves
physiques ; correspondance des caps et des golfes, 523. — Preuve tirée
du système des volcans, 521. — Nomenclature des principaux volcans,
note U , id. — Tremblement de terre de Lisbonne, 525. — Tremblement
au Pérou , 326. — Cataclysme au Katntschatka, 527. — Cataclysmes
partiels; effets à attendrcr du prochain cataclysme général, 528. —
Preuves historiques; l*ile Atlantide, 529. — Récit de Platon au sujet
tle cette lie, 530. — Autres autorités Concernant T Atlantide, 531. —
Identité de foits entre cette île et l'Amérique, 532. — Statue des
Açores, 333. ^- Statue de la Nouvelle-Grenade, 534. — Inscription de
rile Cuervo dans les Açores ; les Gouanches, 535. — Tombeaux, mu-
railles défensives, en Amérique, 536. — Découvertes analogues dans les
fouilles de Tancienae Assyrie, 937. — Monuments trouvés par les con *
quérants espagnols, 538. — Origine do cps monuments, 539. — Le
Faratno d'Àssuay^ décrit par M. d'Orbigny , 540. — Monuments sur les
hauteurs des Cordillères, 541. — La forteresse duGanar, 542. — Le
porphyre dans les deux continents , 643. — Monuments des Incas con-
frontés avec ceux de l'Egypte, 544* ^- Pourquoi ils sont tombés en ruine»
545. — Débris des monuments du Mexique, 546. — Preuves physiolo-
giques et géographiques \ les Gouanches, 54*7. — Identité de latitude,
aimilitude d'usages^ 548. -^ Différences physiques des habitants de
l'Amérique , 549. —^ Les Amazones , 550. ^- Preuves commerciales ;
recherches des navigateurs phéniciens, 551. — Radeaux américains et
chinois; forme identique des chapeaux, 552. — Goût commun pour les
mêmes objets de luxe chez les Américains et chez les Africains, 653. —
Analogie tirée de l'influence du sol sur le caractère des habitants de l'an-
cien et du nouveau monde, 554* — Conclusion confirmant notre système
relatif à la formation de l'Amérique, 555.
522. — Dans le cours de cet ouvrage , nous avons cons-
tamineDt signalé à côté des faits les preuves à Tappui, toutes
les fois que T impérieuse nécessité ne nous a pas imposé une
hypothèse équivalente.
Dans ce chapitre très-important, où s'agite la question si
316 SIXIÈME ÉPOQUE.
4
grave de la formalioo de rÀmérique et de rorigine de ses
habitants primitifs, qui a été l'objet de tanl d'études et de re-
cherches infructueuses, nous devons fortifier la conviction
que donnent nos explications par des preuves qui nous sem-
blent incontestables.
En premier lieu :
PREUVES PHYSIQUES.
523. — La carte géographique sous les yeux , nous acqué-
rons la preuve que rAmérique s'est détachée de l'ancien mon-
de, et que toute sa longueur est correspond parfaitement à
la partie ouest de notre continent, par les côtes qui se font
fece sur toute la longueur de l'Europe et de TÀfrique.
Si la correspondance est plus visible à partir du 30™« de-
gré dé latitude nord , jusqu'au cap Magellan , à l'extrême sud,
c'est parce que Tespace, ou la mer, qui sépare les deux con-
tinents de l'ancien et du nouveau monde, est moins parsemé
de ces fies laissées en route par Teflet du cataclysme.
Il suffit de remarquer le ventre ou renflement énorme de
TAfrique, depuis le cap Vert (1) jusqu'au sud de Libéria; ce
renflement s'embotterait fort bien dans la mer des Antilles et
le golfe du Mexique, qui sont demeurés vis-à-vis en Amérique;
seulement cette partie du continent américain a perdu des
fragments qui sont les fies du cap Vert, les Açores, les Ântil-
les, qui ont été à plusieurs reprises soulevées et enfoncées (2),
Haïti, Cuba, etc. , etc. Au contraire, le renflement du Brésil,
en Amérique (3), correspond au golfe de Guinée, en Afri-
que (4) , avec lequel il s'embotterait également bien.
(1) Marqué n? 1 sur la gravure n"* 10.
(2) Bien des fois, même de dos jours, il se présente de ces phéno-
mènes : les volcans souterrains soulèvent de nouvelles îles.
(3) Marqué n» 3 sur la gravure n** 10. '
(4) Marqué n» 2 siur la gravure n* 10.
FORMATION DE L'aMÉRIQUE. 317
La Patagonie est une partie qui s'est allongée dans le tra-
jet, mais sa forme indique clairement qu'elle enveloppait la
poîntesud de l'ancien continent, c'est-à-dire le cap de Bonne-
Espérance et le sud-est de la Cafrerie.
Si Ton veut considérer de même les deux continents, ancien
et nouveau, dans leurs parties au nord du '30°*** degré dé la-
titude septentrionale, on verra que la correspondance des
caps d'un côté avec les golfes situés sur la côte opposée, sans
être aussi .prononcée , est pourtant très- facile à reconnaître,
en tenant compte des lies et des presqu'îles qui s'y sont for^
mées : ainsi l'Espagne et la France correspondent au bassin
situé au sud des États-Unis, entre la Floride et la Nouvelle-
Ecosse.
Qu'on imagine , en rétablissant les cboses telles qu'elles
étaient, d'un côté, l'île de Terre-Neuve reportée dans le golfe
de St-Laurent , le Labrador dans la baie d'Hudson ; de l'autre
c6té, les îles Britanniques, comprenant l'Ecosse, replacées
dans la mer du Nord, la presqu'île des Scandinaves (la Suèdi) et
la Norwége) rapprocliée de la Russie, en remplissant la Bal-
tique, aussitôt le Danemark s'emboîtera naturellement dans le
Skager-Rack) et la côte orientale de l'Amérique présentera
des correspondances parfaites avec la côte occidentale de l'Eu-
rope.
Nous n'insisterons pas sur les détails de cette correspon-
dance; il nous suffit d'avoir mis sur la voie, car il nous sem-
ble impossible que tout observateur de bonne foi ne se con-
vainque pas de sa réalité au premier coup-d'œil qu'il jettera
sur le planisphère terrestre.
524. — Il est bien facile de reconnaître encore la solijdité
de notre théorie* En examinant la carte dn Système osseux f
aqueux et vokanique du globe. L'auteur de ce système,
M. AragO) indique les contre-courants, les lignes volcani-
ques, et les montagnes terrestres et sous-marines. Après cet
318 SIXIÈME ÉPOQUE.
examen, il faut conaidérer le nombre des voleans enflammés
gui existent de nos jours (1) ; on verra que sur 74 vol-
cans encore en pleine activité , et produisant des éruptions
notables, il y en a dans la seule Àmértqoe 62. On peut se
foire une idée de l^Amo» qif ik ont «w dans Técaiienient
de la xaasm do oasÊkient araérietnn, qolls avaient la nàssàoR
de transporter. Sans doute ils ont exercé çà et là de grands
ravages, de grandes destructions; et, dans la même occasion,
ils ont aussi rétréci des terrains, soulevé des montagnes, en-
seveli des villes et des populations entières; mais il en a sur*
vécu assez, qui n'avaient rien souffert, et qui peut-être, en
certains endroits, ne se sont pas même aperçues de la gravité
de la catastrophe.
Et pour en donner. un exemple, sur une petite échelle :
525* — Le tremblement de terre de Lisbonne, qui a été,
pour cette ville, un phénomène égal à un cataclysme du globe,
ne fut pas du tout ressenti par les peuples vivant en France,
ou dans la plus grande partie du monde. La belle oité que le
phénomène a frappée n'était qu'un grain de sable en compa-
raison du globe. Voici toutefois des détails sur cet évéoemeot,
à jamais mémorable pour le pays qu'il à ravagé. Nous les
reproduisons seulement pour donner, par la compacaison de
ce qu^a fait le mouvement d'un seul volcan, une idée de ce
qu'ont pu faire 2^000 volcans à la fois, dont lés 74 ci-dessus
cités existent encore en activité, quoique travaillant bîen fai-»
blement, et seulement pour le besoin respiratoire pour ainsi
dire du centret
Le 1""' novembre 1755, à Lisbonne, le tremblement com«-
mença par un bruit souterrain qui ressemblait au tonnerre ;
puis une forte secousse renversa la plus grande partie de la
vitie, et tua 6,000 personnes en 6 minutes. La mer, api*ès
|t) Vo.>ez tes noms de ces volcans et leur situation géographique,
no4c 13 , à la fin de oe volume.
FORMATION DE l'AMÉRIQUE. 319
avoir laissé la barre à sec, revint avec fureur, élevant ses va-
gues à 50 pieds (17 mètres) au-dessus du niveau ordinaire.
Quelle inondation !
Plusieurs des hautes montagnes de TEstramadure occi-
dentale s'entrouvrirent, et formèrent des crevasses à leur
sommet. Quantité de monde s'était réfugié sur un quai de
marbre qu'on venait de construire è grands frais ; tout à
coup le quai fut englouti avec tout ce qii'il portait, ainsi que
beaucoup de petits bâtiments amarrés près de là ; et Ton ne
vit, à la place, qu'un gouffre qui a aujourd'hui 168 mètres
de profondeur. Plusieurs vaisseaux en mer, dont un à 40 lieues
à Touest du cap Saint-Vincent, éprouvèrent aussi des se-
cousses plus ou moins violentes. On s'aperçut encore de
légèresoscillationsàAntigoa, auxBarbades, dans la Norvège,
en Suède , en Allemagne, en Suisse, en Hollande, en Corse,
en Italie, dans la Grande-Bretagne surtout, où l'agitation des
lacs^ des rivières et des sources fut extraordinaire. Ces signes
prouvent la communication directe qui existe dans les ré-
gions souterraines du globe.
528. — Au Pérou (2 octobre 1746), un tremblement de terre
éclata, plus terrible qu'à Lisbonne : on ressentit 2,000 se-
rousses dans les premières 24 heures. L'Océan se retira deux
fois et deux fois revint avec furie. Une partie de la côte, près
de Cailao, fut convertie en baie, ainsi que quatre autres ha-
vres : de 23 navires mouillés dans la première de ces villes,
19 sombrèrent; les autres furent portés à de fortes distances
dans les terres. Des 4,000 habitants de Cailao, 200 seulement
échappèrent. Lima fut entièrement détruite. Quatre volcans
firent en même temps éruption dans d'autres districts, ceux
de Lucanas et Conversiqnes de Caxamarquilla.
52L — Au Kamtchatka, le 6 octobre 17Î7, la nder sub*
mergea le pays à une immen^ hauteur; puis, se retirant ayeo
autant d'exagération qu'elle venait d'en mettre dans ses en-
320 SIXIÈME ÉPOQUK.
vahissements, elle laissa à sec l'espace entre la première et la
deuxième des ifes Kouriles. Ces changements, il est vrai, ne
furent que temporaires; mais il se fit aussi des changements
permanents :.des plaines furent les unes affaissées, les autres
exhaussées. Dans quelque»-unes des premières il se forma des
lacs intérieurs. La configuration de la côte fut aussi changée,
et de nouvelles baies furent signalées par les navigateurs sur
le rivage.
528 — Ces petits cataclysmes partiels éclatent de temps à
autre à des distances considérables; ils ont toujours tourmenté
le globe, comme nous Tavons expliqué dans les journées pré-
cédentes; seulement à notre époque ils sont plus concentrés
et leurs explosions sont plus rares. Il est indubitable qu'au
premier changement d'époque, c'est-à-dire lorsqu'il arrivera
dans l'avenir une nouvelle révolution géologique, soit sous le
nom de cataclysme, soit sous celui de déluge universel, la
conséquence inévitable, la plus douce qui puisse en résulter,
sera une nouvelle séparation des continents; ainsi l'Ame-
rique sera indubitablement séparée en deux continents pour
le moins, et toutes les crevasses de l'ancien monde s'élargi-
ront comme à l'époque précédente; de là un endurcissement
plus fort du 'globe terrestre, qui sera alors aussi compact et
aussi dense que l'est la planète Vénus, et conséquemment il
se réduira à une circonférence d'un millier de lieues moindre
que n'est sa circonférence actuelle.
529. — Les descendants de Noé ont raconté à leurs en-
fants qu'il existait avant le déluge une grande tie Atlantide,
que Noé avait vue et fréquentée, puisqu'il avait vécu 600 ans
avant cette catastrophe.
Cette tradition a passé de génération en génération jus-
qu'aux Grecs, qui ont fini par l'introduire dans leurs poésies
mythologiques; mais, sur ce terrain, l'existence de Ttle en
question devenait dès lors assez douteuse.
FORMATION DE l'aMÉRIQUE. 321
Cependant les Égyptiens ne raillaient pas à ce sujet; ils
conservaient un respectueux souvenir de Texistence dé la
grande Atlantide, qu'ils supposaient avoir été submergée, car
Noé ne la voyant plus s'était imaginé tai-mênae que la catas-
trophe du déluge univei^l l'avait engloutie, comme aussi il
croyait que la mer Méditerranée était un réceptacle des eaux
du déluge, où elles continuaient de submerger les hommes
qui habitaient auparavant cette contrée.
Les auteurs graves, comme Platon et Âristote, ont pris cette
tradition au sérieux et se sont trouvés d'accord pour mention-
ner la disparition de l'île Atlantide par l'effet d'une submer-
sion; ils reconnaissaient qu'à l'époque même de cette pré-
tendue submersion s'était opérée l'ouverture du passage des
colonnes d'Hercule (ou le détroit de Gibraltar), qui a fait rem-
plir d'eau les bassins de la Méditerranée, de l'Adriatique, de
la mer Noire, des lacs, etc.
Solon a raconté les merveilles de l'Ile Atlantide, dont il
tenait le récit des prêtres égyptiens. Ce récit est tràs-curieux
et assez impoitant; nous l'offrons à nos lecteurs.
530. — C'est Platon qui nous a transmis la substance de
l'entretien de Solon avec les prêtres égyptiens.
a Un jour, dit-il, que ce grand homme (Solon) s'enlrete-
(( nait avec les prêtres de Sais sur l'histoire des temps recu-
« lés, l'un d'eux lui dit : — Solon, Solon ! vous autres Grecs,
« vous êtes encore des enfants. Il n'en est pas un seul parmi
« vous qui ne soit novice dans la science de l'antiquité; vous
u ignorez ce que (it la génération des héros dont vous êtes
« la faible postérité. Écoutez-moi, je veux vous instruire des
« exploits de vos ancêtres, et je le fais en faveur de la déesse
« qui vom a formés, ainsi que nous, de terre et de feu
c( Tout ce qui s'est passé dans la monarchie égyptienne depuis
c( 8,000 ans est écrit dans nos livres sacrés Mais ce que
« je vais vous raconter de vos lois primitives, de vos rois, de
21
322 SIXIÈME ÉPOQtE.»
« VOS mœurs et des révolutions de votre pays, remonte à
« 9,000 ans.
« Nos fastes rapportent comment votre république a ré-
« sisté aux efforts d'une grande puissance , sortie de la mer
Cl Atlantique, qui avait envahi l'Europe et TAsie; car alors
c< cette mer était guéable. Sur les bords était une grande île,
« vis-à-vis de Tembouchure que vous nommez les colonnes
« d'Hercule (1).
« Cette île était plus étendue que la Lybie (2) et TAsie en-
« semble. De là, les voyageurs pouvaient passer à d'autres
« îles, d'où il leur était aisé de se rendre dans le conti-
« nent.
« Dans cette île (rAilantide) il y avait des rois dont la puis-
« sance était formidable. Elle s'étendait sur cette île, ainsi
« que sur les îles adjacentes et sur une partie du continent.
« Ils régnaient , outre cela , d'un côté sur toutes les contrées
« limitrophes de la Lybie (Afrique) jusqu'en Egypte, et, du
« côté de l'Europe, jusqu'à Tyrrhénia (Italie). Les souverains
« de l'Atlantide tentèrent de subjuguer votre pays et le nôtre,
tt Alors, ô Solon 1 votre république se montra, par son cou-
« rage et par sa vertu, supérieure au reste du monde. Elle
« triompha des Atlantes... Mais, dans les derniers temps, il
« survint des tremblements de terre et des inondations. Alors
« tous vos guerriers furent engloutis dans la terre, en Tes-
« pace de 24 heures, et l'Atlantide disparut. Depuis cette ca-
« tastrophe, la mer qui se trouve dans ces parages n'est point
« navigable, à cause du limon qui s'y est formé et qui pro-
« vient de Tîle submergée. » (Platon, dans le Timée.)
Platon , dans d'autres dialogues et particulièrement dans
celui du Règne, parle de l'affaissement de l'île Attantidet et
(1) Aujourd'hui le détroit de Gibraltar.
(2) Les anciens appelaient l'Afrique la Lybie,
FORMATION DE l'aMÉRIQUE. 323
examine ce qui a dû arriver au genre humain lovs de cette
catastrophe (1).
531. — Strabon, Eudoxe, Diodore de Sicile, Âmmien Mar-
cellin, et enfin Pline et Élien, confirment le fait de Texistence
de Tîle Atlantide, Un écrivain plus moderne, Gënebrard, pré-
tend même que l'on peut prouver la vérité de son existence
par plusieurs circonstances tirées de la Genèse (2).
On comprend que cettq grande île de l'Atlantide, qui n'é-
tait séparée du continent que par la crevasse que nous avons
indiquée et qu'on croyait submergée depuis le dernier (Cata-
clysme, est précisément le continent actuel de rAmérique,
532. — Fortia d'Urban, qui a fait des recherches considé-
rables sur Texislence de l'Atlantide, dit que c'était un conti-
nent très-riche, produisant toutes choses ; ses habitants, pro-
filant de feurs richesses, élevaient des temples, des palais,
construisaient des forts, des ponts, des arsenaux, etc. « On
« voyait les statues de toutes les reines et celles de tous les
« hommes qui étaient de la race des dieux ; elles étaient
« d'or !... II y avait les plus grands animaux, le mastodonte
« surtout.... »
Or, à la découverte de TAmérique par Christophe Colomb
en 1492 et dans ses quatre voyages successifs, les Espagnols
remarquèrent des peuples innombrables, des nations policées,
des empires, des républiques, et Fernand Cortez non-seule-
ment trouva dans le Mexique, en 1519, des statues en or,
mais aussi les pavés des appartements des palais du roi Mon-
tézuma, et même les tours des temples étaient doublés de ce
précieux métal.
(\) D'autres auteurs de Tantiquité ont également parlé de la sub-
mersion de File Atlantide, en disant qu'elle existait en face et au de-
hors des colonnes d'Hercule, et qu'il était resté comme un échantillon
de ce eontinent dans les îles Açores et les Canaries.
(2) Fortia d'Urban, art. 370, page 228.
324 , StXlÈME ÉPOQUE.
CoinmaiU a-l-il pu se rencontrer des peuples sur ce con-
tinent, et avec les habitudes de vie et de Imie analogues à ceux
de la terre d'Afrique ?
Ce continent étant isolé de toutes parts, on crut pendant
longtemps à un passage par le nord de TÂsie ; mais si ce
passage eût existé> comment supposer que les peuples eussent
fait une pareille émigration par le pôle arctique? Ils avaient
assez de terrain et d'une qualité parfaite, plus à leur proximité
pour rhabiter; et certes ils n'auraient pas porté avec eux ces
idoles trop pesantes, quoique d'or, à une distance de plusieurs
milliers de lieues. Au reste , celte supposition s'est évanouie
depuis qu'on a reconnu que l'Amérique est complètement sé-
parée de l'Asie.
PREUVES MONDMERTÀIËS.
533. — Dans Tannée 1641, le roi de Portugal Alphonse Y
permit à don Henri de peupler les îles Açores. On trouva dans
celle de Cuervo, la plus éloignée des côtes de l'occident , une
statue représentant un cavalier qui« de la main gauche, tenait
la bride de son cheval, et de la droite montrait l'occident.
Cette statue avait certainement élé sculptée à l'époque oii
les îles Açores faisaient partie du continerft de l'Afrique, mais
étaient toutefois séparées par la crevasse d'avec l'île Atlantide.
Lors de Técartement nouveau des deux continents, les Açores
forent elles-mêmes détachées de l' Afriqueet restèrenten route,
comme les Canaries. Cette statue, qui montrait du doigt roe-
cident, voulait donc indiquer que de ce côté, en face, au-delà
de la crevasse ou du détroit , se trouvait une autre terre,
c'est-à-dire l'Atlantide; ou bien, que là était la capitale ou le
séjour des rois, puisque les prêtres de Sais dirent à Solon que
les Atlantes régnaient aussi sur une partie de la Lybie, ou de
l'Afrique.
FORMATION DE L AxMÉRIQUE. 325
534. — Remarquons que cette circonstance coïncide par-
faitement avec l'attitude des statues que les fouilles du géfiéral
Lopez ont mises au jour dans la Nouvelle-Grenade, et qui
toutes regardent rorieiit(496). Ces statues, ayant été faites
dans riie A.Uanttde, montraient ou regardaient rorie&t, pour
indiquer aussi la terre dont cette île se trouvait séparée.
535. — On voyait dans la même fle de Cuervo, sur le roc
où était la statue, une inscription en caractères inconnus.
On a conjecturé que ce monument était phénicien ou cartha-
ginois (1), et les raisons qu'on en donne seraient assez plau-
sibles, si Talphabct punique n'était pas assez connu pour
faire croire qu'on l'avait mal interprété. Ce monument est
plus ancien que Tyrel Carlhage; il appartient peut-être aux
Atlantes, dont la mce vivait des deux côtés du détroit, et a
subsisté encore longtemps après le déluge sous le nom de
Quanzes ou Gouanches, qu'on croit être un reste de ces an-
ciens peuples (2)r
En 1803, le docteur Tilesiers éçrîva;ît le 25 octobre de
Santa-Cruz-de-Ténériffe. Ce savant naturaliste avait examiné
plusieurs des momies qu'on rencontre danç les grottes des îles
Canaries. Il a trouvé aussi un monumçnt représentant deux
figures de Gouanches sous leyr ancien costuma; ils tiennent
dans la main un féiAUi;, sont courpnnés de fleurs et vêtus de
peaux d'animaux. (Fortia d'Urban, art. 370, page 220^
536. — M. Alcide d-Orbigny ra,pporte qy-on a trouvé des
tombeaux d'une forma gî^tesqi^^u^ bien dans le Péroju
que dari& les forêts AeSmui-^i^m {États-tînis). Des^ restes de
quelques (»^res de ces moniiimepts^ owt fait évaluer leuifs di-
mensions jusqu'à 100 piefis {33 wèlrea) de haut et 800 pieds
(2ft6 mètres) de diamètre.; - ^ ,
, •*','■■' ' '
(i) Histoire de France^ pac Villarel. ln-12, l. XVI, page 377. Paris,
1765.
(2) Voir la noie V, à Igtûn du volume.
326 SIXIÈME ÉPOQUE.
Des murailles en briques el en terre ^ dont F ouverture est
à Test/ forment une ligne de défense de 50 milles de déve-
loppement au sud du lac Êrié. Ces forts, d'api^ les calculs
approximatifs de M. Culter, remonteraient à 12 siècles; ils
consistent en bâtiments divisés en plusieurs salles, comme
ceux qu'on a découverts dans la Louisiane : on y trouve des
idoles el des inscriptions.
M. d'Orbigny fait observer que les plus grands tombeaux
sont dans les parties méridionales; il suppose que, vu Tétat
sauvage et inculte des habitants actuels^ ceux-ci seraient des
émigrés venus du nord vers le sud.
Nous croyons qu'au lieu de 12 siècles supposés par M. Cul-
ter, ces vestiges datent d'une antiquité bien plus reculée, et
que l'abrutissement des peuples a marché de parité avec le
dépérissement des arts depuis la catastrophe du déluge; car,
à cette époque terrible, quantité de nations onl dû périr, et
celles qui sont restées doivent avoir voyagé du sud au noid et
du nord au sud, dans Tespoir de trouver leurs parents ; elles
ont tini par se fixer au terme de leurs voyages, se trouvant
ainsi confondues, dispersées et souvent isolées en petit nombre
dans des contrées éloignées, où elles sont tombées à Télat sau-
vage en perdant toute instruction et toute trace de civilisation.
537. — Les monuments qu'on rencontre au-dessus du sol
parlent aussi clairement que les découvertes géologiques qui
se font au-dessous de la terre.
Les excavations qui portent à notre connaissance les mer-
veilles de Fanliquité s'exécutent aujourd'hui aussi bien en
Asie qu'en Amérique. Le temps n'est pas éloigné peut-être où
Ton pourra en opérer aussi dans l'intérieur de l'Afrique.
Pour l'Asie, depuis que l'Angleterre s'est emparée de Tln-
doustan, du Mogol, e(c., et que ses savants voyageurs ont
parcouru l'intérieur de l'Asie, ils ont fourni à la science de
précieux restes, d'après lesquels on ne peut plus impuné-
FORMATION D£ L AMÉRIQUE. 327
ment nier l'antiquité très-reculée des nations existantes sur le
globe.
Entre autres vestiges d'une date antérieure au déluge, sont
ceux qui rappellent la ville ou la tour de Babel. La tradition de
la Confusion des langues, qui se place immédiatement après
le déluge, donne, à elle seule, la preuve de l'existence de nom-
breuses nations parlant différents idiomes et se trouvant réu-
nies sur un même point de la terre au moment où Tinduslrie
humaine songeait à rétablir les grands chefs-d'œuvre monu-
mentaux que le déluge venait de détruire.
A Tappui de ce fait d'archéologie, le colonel Rawlinson a
trouvé, dans les fondations de l'emplacement de Babel, dettx
cylindres qui portent une inscription à peu près pareille à
celle qui avait déjà été découverte et savamment traduite par
M. Oppert, et insérée dans les Annales de philosophie du Mu-
sée britannique, à Londres. Le détail de cette intéressante dé-
couverte se trouvera eu note à la fin du volume (1).
Le puissant empire, dont ift monuments allaient être re-
construits par les Babyloniens, avait été certainement peu-
plé par dès hommes très-avancés dans les arts, de Tarchitec-
ture, du dessin et de la sculpture, et leurs relations s'éten-
daient aux peuples voisins de l'Afrique et conséquemment
aussi à ceux de l'Atlantide qui faisaient partie de l'Afrique.
Il est donc hors de doute que le même goût des arts, que le
même système de monuments s'établirent jdans le centre de
l'Asie comme en Afrique et comme dans l'Atlantide, car les
honmies et les ouvriers passaient d'une contrée à l'autre pour
s'y installer et coopérer aux mêmes œuvres réclamées par
l'aisance et le luxe des peuples de ces anciennes villes.
Il est même prouvé, par les récits des prêtres égyptiens ,
que le peuple de l'Atlantide possédait plus de richesses, plus
d'aisance, plus d'esprit guerrier, que le peuple d'Asie ; dans
(1) Voir la noie X.
1
328 SIXIÈME EPOQUE.
de lelles coudilions, ce peuple de l'Âtlanlide émigrait, et por-
tait ou la guerre ou Tinduslrie dans les autres pays.
538. — Maintenant, en outre des fouilles qui se pratiquent
en Amérique; et que nous avons déjà notées, nous pouvons
aussi jeter un coup d'oeil rétrospectif sur quelques monuments
que les Espagnols ont trouvés à leur arrivée dans ce nouveau
monde, au 15* siècle, et qu'on avait supposé être les œuvres
des Incas.
Avec un peu de réflexion, les Espagnols auraient pu à Tins-
tant même s'apercevoir que les monuments gigantesques qui
se présentaient à leurs yeux étaient incompatibles avec le ca-
ractère mou, inerte, et faible des hommes qu'ils assujettis-
saient comme des agneaux, et chez lesquels on ne trouvait
«
pas la moindre trace, même des outils indispensables pour
travailler la pierre. Les Espagnols pouvaient aussi' cbnsmerer
qu'un pSuple, qui avait des terrains immenses disponibles,
s'il eût voulu faire des travaujL gigantesques, aurait choisi
des emplacements spacieux et analogues aux exigences ordi-
naires de l'aisance et du luxe ; il n'aurait pas négligé les
beaux sites de sa patrie, pour construire des chefs-d'œuvre
d'une grandeur colossale dans les ravins, ou entre deux mon-
tagnes, ou sur les pentes et les cimes de monts escarpés et
inaccessibles.
• > • •
539, T- Telle est la position des restes que nous vayons
encore aujourd'hui; d'où nous pouvQUS conclure qu'ils se
trouvent dans cette situation par TefTet de la presision qu'a
dû produire le cataclysme daps la violence de son actiao, au
moment qu'il Iranspojct^ijt \^x ,masse,:Siir. iin anti^ hémisr
phère.
Mais les Espçi^ol^. cpoquérwts du 1,5^ siècle n'allaient pa^
scruter le^ découvertes .de la science; ce qu'ils eberçbaient,
c'était l'or, les richesses, ^t la domination $ur le pays. Il est
vrai qu'à leur époque pn était loin d'imaginer que ee nou-
FORMATION DE L'AMÉRIQUE. 329
veau monde pouvait avoir été une partie de l'ancien, car il
s'esl passé depuis lors près de quatre siècles sans que les études
aient fait éclore celte idée ou cette recherche. .
540- — Parmi les preuves monumentales que nous pourrions
encore citer à l'appui de la vérité de notre système, nous ne
mentionnerons pas les petits débris que nous avons reconnus
nous-noême dans cent endroits différents, depuis le nord jus-
qu'au sud du continent; ils seraient insignifiants maintenant;
nous nous bornerons à une dernière preuve qui a beaucoup
d'importance; nous la tirons du remarquable ouvrage de
M. Alcide d'Orbigny, Voyage en Amérique.
Ce savant voyageur s'exprime ainsi :
« A Alausi (en Colombie), bourg de 5,000 habitants, com-
« mencent des forêtsépaissesquinevç^t.fiï^ir qu'à l'Océan»
« PÎlus loin, à Puma-Chaca, après- ce : vaste jJateau qui se
« prolonge sur les cordilières de 0*^ à 3® de lat. australe, pa-
tt raît une masse de montagnes qui, comme une diguç
« énorme, réunit la crèle orientale des Andes de Quito. Ce
« groupe, dont la base est de chiste micacé et le revêtement
« de couches porphyriques, est connu sous le nom redoutable
a de Paramo d'Assuay. Dans les mois de juin et de juillet, ce
« passage est l'effroi des voyageurs. Surprises par la neige,
« des caravanes entières d'hommes et de mulets sont plus
« d'une fois restées englouties sur cette crête. Passant a une
« hauteur égale à la cime du mont Blanc, celle route est ex-
« posée à des tourmentes plus affreuses que celles qui régnent
« sur nos Alpes et sur nos Pyrénées. Pour gravir* le Paramo
« d'Assuay, on traverse Puma Llacta, village situé à peu près
« à la^ même hauteur que Quitd ; j?uis on ne'cessèkïe motiter
<x jusqu'à Salanag, petit plateau où l'on fait une halte. I^e là,
«» *û^gagne ceWî de^Pieheâ; puis celttî duLîtaii,dh feôtoménce
«le Paramo, point le plu^ haut, lé pltis terrible, le plus.
« dahgefreux de ce chemin. SoUv'eîit le' froid seul y tue; il
((^'raidit lès inembrcé et ôte toulé'facùhé d'avancer. Échappe-
a^O SIXIÈHS ÉPOQUE.
« t-on à la mort, il est rare que, dans la mauvaise saison,
« on ne quitte pas le Paramo avec un membre gelé. Au
« point culminant du plateau, se trouvent deux étangs, Tun
« de 180 pieds de long, dont Teau reste à 9° R. au-dessous
« de zéro; l'autre a 1,000 pieds de long sur 800 delai^e.
« Près de ces lacs, qui ne semblent nourrir aucun pœsson,
<x croissent des pelouses assez touffues de graminées alpines.
« Ces lacs «ervcnt de limites à la plaine de Puyal, stérile.
« marécageuse, n'offrant au pied des mutes qu'un terrain
« argileux et inconsistant. »
Sur un pareil point du globe, sous Tinâuence d^un tel
climat, sur un sol aussi désolé^ quelle nation aurait jamais le
courage ff aller bâtir des palais, des édifices et ^tfès monu-
ments qui serA ent ordinairement pour le hne des rois et Fa-
■
grément des peuples? Cependant sulVôns te savant autèifif^iii
va nous décrire ce qu'il a vu.
541. — « A cette hauteur, continue M. d'Orbigny, et au
a milieu d'une telle nature, se voient pouftaat des restes im-
a posants de la magnificence des Incas. » (L' estimable j9u-
teur s'en rapporte à ropinion générée des Espagnols*} « Due
« chaussée bordée de pierres de taille ,- véritable voie romaine
« pour les proportions et la solidité, se prolonge sur le dos de
« ces Cordilières- Dans un espace de 6 ou 8,000 soètres de
a longueur, cette route conserve la même direction. Ob peut
« même, au dire de quelques voyageurs, en observer la eon-
a tinuation près de Caxamarca, à çmt vingt lieues ausud de
a TÀssuay, et l'on a été porté à en conclure qu'elle établi^it
<i un qhamin par les crêtes des Andes» entre Guzco et<2>iUo.
« A quelque distance de ce chemin^ et à une hauteur de)i«O00
a mètres, gisent» au milieu des glaces et des neiges, le^ ruines
« d'un palais qu'on croit avoir été celui de llncas Tapao-
« Yupanqui, converti aujourd'hui en quelques masures nom-
a noées los Paredones. » L'auteur ajoute : <x On s.'explique dif-
FORMATION DE L* AMÉRIQUE. 331
«c ficikment le choix de ce local pour une m^son de plai*
« sauce, à moins que la Yne des glaces et de la neige, pendant
« huit mois de Tannée, nefàt une jouis^anœ pour lesoaye-
« rain qui Ta bâtie. »
Sefait-il possible qu'un souverain trouvât de la jouissance
à bâtir dans une localité impraticable» pour demeurer les
deux tiers de Tannée au milieu des souffrances, loin des corn-
munications-et loin des populations qu'il serait appelé à gou-
verner? Mais ce n'est pas tout; voyons encore la suite de ces
restes magnifiques que Tauteur décrit :
4
512. *— « En descendant le Paramo d'Assuay vers le sud,
« on découvre un monument pâ^umen plus important encore»
« Vlnffapika ou forteresse de Canar, C'est une coUijDte termi*
€( née par une plate-forme. Là s'élève, à la hauteur de 5.à 6
c< mètres, un mur construit en grosses pierres de taille, for*
« mant un ovale régulier dont le grand axe a 3S mètres de
a longueur; l'intérieur de cet ovale est un terre-plain d'une
« végétation charmante. Au centre de Tenceinte se trouve
« une maison haute de 7 mètres et ne renfermant que deux
«( appartements. Ces deux pièces, comme les édifices d'Her-
« culanuro et comme tous les monumentsdu Pérou, n'avaient
« point de fenêtres dans l'origine...»
c( Les pierres du monument du Canar sont d'un porphyre
« trapéen d'une grande diwreté, enchâfssant du felèspath vi-
cr treux et de Tamphibolé.... »
L'auteur ajoute encore : « Bouguer et La Condamine ont
« vu, dans des temples d'Incas, des mufles d'animaux en por--
c< phyre, avec des anneaux mobiles de la même pierre qui
c( leur traversaient les narines.. *.
c< Au pied de ta colline, dans an lieu retiré et i^ous un ber^
« ceau d'arbres touffus, sur Tune des faces du rocher, est
a tracée une suite de cercles concentriques représentant
« Timage du soleil, avec des traits effacés qui semblent in-
332 SIXIEME ÉPOQUE.
« diquer des yeux et une bouche. D*après les indigènes, ce
« serait là un monument de création divine, auquel la main
« de l'homme n'aurait rien ajouté, »
543. — Remarquons la profusion du porphyre dans ces
monuments de rAmèrique; l'Asie et TÉgypie nous présentent
également en porphyre la plupart de leurs anciens monu-
ments.
544. — Une déduction fort simple prouvera aussi que ces
restes ne sont pas l'œuvre des Incas , mais qu'ils sont d'une
origine bien antérieure. D'abord tous ces vestiges se présen-
taient au moment de Tin vasion espagnole dans le même état où
on les voit aujourd'hui (sauf quelques-uns des monuments qui
ont été altérés depuis par les bâtisses des Européens). Ensuite,
tous ces restes se trouvaient. et se trouvent toujours au-dessous
du sol; il n'y a que de rares exceptions, comme le palais du
Canar, cité ci-dessus, qui même ne sort que de quelques
mètres à la surface. Si l'on fait la comparaison des ruines de
Thèbes, qui pourtant datent de plusde 4600 ans, où l'on
voit encore sur pied des milliers de colonnes, d'ares, de sta^-
tues, d'obélisques, etc., etc., malgré la dévastation de^ Turcs,
on se demandera s'il est possible de supposeif que les ruines
de l'Amérique , qu'on rencontre dans un état mille fois plus
désolant, puissent avoir été des coustruclions récentes, habi-
tées par les Incas, qui étaient en grande prospérité au nioment
même de la conquête. Non, certes;. les iRicas au^raienl p^résenté
ces i9oaument&> s'ils avaieat été construits p^r^K , daj^^ un
parfait é^,. et quand :môme> <je nm nfi)f^mlif^ ^uppq^JWe,
les, EwQp^ei)s Jie^ aurRiwt négligés f t ^aijf}Qnûé.s , ite n'au-^ ^
raient ^u> entroîS; sièclciSj ^ulemjpati to^i^r d^njSf, jiiuqé^^ de*
dégradation?!, beaii/çouppiiiSi^^ ;^>Tbèl»ft< t
545. ^^ On demàndeira pôi^^quoi lea^fiies^, qili pdssèHiiienl
tant de richesses^ n'ont pas rétabli des' anerëns mbnumenis.
Il Cî^t feidle de comprendre que les peuples ayant été disiper-
FORMATION DE L'aMÉRIQUE. 333
ses par le cataclysme du déluge , ceux qui se sont trouvés
dans le nouveau continent Tout parcouru de droite et de gau-
che, au nord et au sud, pour se . reconnaître ; il aura fallu
plusieurs générations avant d'arriver à pouvoir former de
nouvelles nations; en attendant, les arts négligés furent per-
dus; les usages furent complètement changés. De nouveaux
hommes inventent de nouvelles choses sans s'inquiéter des
anciennes; qui sait combien de fois ces peuples ont passé de
l'état social à l'état isolé , pour revenir à des réunions com-
plètement différentes? Sans doute, les Incas avaient beaucoup
d'or , puisqu'ils possédaient des mines abondantes de ce métal,
mais sans lui donner la valeur que nous y attachons ; pour eux,
ce n'était pas une monnaie, mais un simple métal bon pour
les décorations de luxe.
• Les teiïiplès et lès habitations âé» chefs étaient Jeurs seuls
édifices; la plupart des maisons n'étaient construites que d'ar-
bres et couvertes de branchés.
548.-^ Nous pourrions encore indiquer les immenses ruines
découvertes flans le Mexique , au milieu de ses vastes forêts ,
et ignorées pendant trois siècles ; car c'est seulement en 1787
que le capitaine Del-Rio et \lonzo dé Calderon, pour la pre-
mière fois, rencontrèrent sur leur passage les grands décom-
bres de l'ancienne ville de Colhuacan, depuis lors nommés les
ruines de Palenque, dessinés sur les lieux par le capitaïneDu-
paix. La ville de Colhtiacan , située non loin du Mlcol, affluent
du TirHja, parait, autant qu'on peut l'établir à l'aépéet de ses
ruines, avoir eu de«ept à* huit lieues de -tour. Dàn& cette éten-
due désolée , «on distingue des vestiges de* temples, diès' têtes,
des sculptures mutilées, des fortifications , tles tombeaux , des
pyramides, des aquedûCs, ete^; tous ces débris sôïift dans un
état plu§ dévasté et avec une apparence plus ancîenne^uetes
ruines de Tbèbes ^ encore ex;istant6s sur pied. Les morceaux
les mieux conservés, en fait de pyramides, seirouvenià Te-
334 SIXIÈME ÉPOQUE.
huantepec, avec des hiéroglyphes à peu près pareils à ceux^
d'Egypte.
Si nous avons fixé nos observations de préférence sur les
mines monumentales de la Colombie , c'est à cause de la
position géograpbiquement coûcastrée, ou pour mieux dire
resserrée, de ces ruines; car à Taspect de leur emplacement
actuel, toute idée de leur construction récente doit disparaître*
PREUVES PHYSIOLOGIQUES ET GÉOGRAPHIQUES.
547. — Les Gouanches, qui formaient, à Touestde l'Afrique,
une fraction du peuple atlantique (535), existent encore en
Amérique; ils ont porté naturellement leur nom avec eux; il
y a encore de nos jours des tribus très-nombreuses d'Indiens
appelés Gouanches, en Amérique, comme il y en a aussi
dans les iles Canaries. Et il se présente un fait plus parlant qui
prouve que, dans cette peuplade, il y avait des hommes su-
périeurs, car c'est d'eux que sont venus les habitants du Pé-
rou, qui ont fait, comme les Mexicains, des prodiges sous le
rapport du faste qu'engendrent les richesses; ils ont établi
une province qui a conservé leur nom i et ont donné aussi à
la capitale le nom de Guanacho, aujourd'hui Guanuco; cette
ville, à 45 lieues nord-est de Lima, contient 25,000 habitants
et a 40,000 Indiens tributaires.
548. — Quoique dans la séparation des deux grands conti-
nents le Mexique ait conservé à peu près la même latitude
que le nord 4e l'Afrique, et que la pesanteur de la masse ait
diliHé le sol en portant plus au sud le Pérou, il n'y a aueiui
doute que l'un et l'autre de cas pey^, lorsqu'ils formuent par-
tie du grand plateau de l'Atlantide, n'aieot été relativement
en ligne directe de comibunication intérieure, le premier
avec la partie nommée r£gypte, et le second plus particu-
lièrement avec l'Assyrie et même avec la Chine. Cette o>pinion
FORMATION DE l'aMÉ&IQUE. 335
ressort de l'ensemble des faits que nous exposons et eueorc
de plusieurs analogies rencontrées à Tépoque de la découverte
par les Espagnols» Entre autres, on a trouvé que le Mexique
était gouverné par un roi qui possédait ^euleiaest le pouvoir
temporel, les prêtres y exerçant les fonctions religieuses,
comme celd se pratiquait dans le nord ou en Egypte, tcmdis
qu'au Pérou les pouvoirs ecclésiastique et séculier étaient
réunis, comme ils l'étaient à Troque des patriarches avant
Noé.
549. — Les peuples qui habitaient l'Atlantide étaient nom-
breux et épars sur les différentes parties de ce grand conti-
nent; ils devaient naturellement avoir des types différents de
physionomie, selon les climats ou les latitudes respectives du
nord au sud;
Ces différences s'observent dans chaque tribu des indi-
gènes américains, même depuis que la catastrophe du déluge
a faitrapprocher les races. Ainsi les Guaranis sont imberbes,
tandis que les Guarayos sout pourvus d'une barbe patriar-
cbale qui leur descend sur la poitrine.
Les Patagons sont grands et forts, tandis que les Péruviens
et les Guaranis sont petits et trapus.
La couleur est très* variée; les Américains du nord sont
cuivrés etrougeâtres; les Péruviens, les Patagons, etc., sont
bistrés comme presque toutes les nations du sud, tandis que
les peuples des sombres forêts sont jaunâtres et presque
blancs.
-- ' ■ • . '
SSQ. -— L'Aniazonê, ileiive primitif; èkisle ««cOMf atijoui^
U-hcri , et lui seul ^flli^ir pt%^ud j^dûr ITfoQter ^què VAmé-
riqiiè e^t rëéliétnênt l^aÀdèhôè ÂÏlâiitide'dë VëfidqQe^èiiitô-
ditevienne.' "^ ' • '" ' ''^ '''"' '" ' ■■"■' '■"'• ' ' - ■
L'Amatone est le ^nn grand fleuve du monde; il prend sa
source au Pérou, dans le lac Jauricocha, prèi de€1lânuc(>^, in-
diqué cî-desfeus.
33C. .fixtius iroQOs:/;' -m
iLei:VOyf>gèiir-pbil4Mophe'>LaGoDdBftlin(^^:^ 'R'ât«t)rctlltt
cmttHCû: qi^À un petit ^nombrei'^. fmUi:4nài^:>qtiii((léfeB(I&it
avfC vigucnf e6ux.qai«Vaient' nëeitéisBiconfimoe^WttoBiBii'
pas 4»e rAmèritroe a^eûtreceU 4ta[|^toti3seiiv'hïieihlt«iif(el»'
roaaodee. (Le Jfonrfe^fîMiîi/', t. VIv^ia67i)ni»io:» iiti î<h>»
Ontie ces t^moigHagee'gétiinvpluquBs.^t^iHX^âiBslnfer&ilMii
àutotout'phjui^gique!'i1ans>le8ieBnsc«Èm8^dC8ifiiei4il«sJiif>i'^'
Nousvc^oflï dutS'Jesifnniiea'a«éricdliKii)ph»td;evëioM^'
et de força de^caroctèire quS' denBiifes.r^feH)iveë'dei tfà|iiâ9ii'l
monde, qui-sant plus paiuhtesergénéraluii !;<'<! i'<"' .^i-yj-v.
Nous àvoDs vusouveoti, eoAiliémqalC'v 'M'HUenalles^^rte,
voies de fqit'mtne^les hopaies;' âniib dèf;iqiti?utiel>feiiàièi0e '
présentait an milieu du: oowlwt,' la'liAlei4:easailij<i6t-les>t)Mi'"i
teaiiK«,leiiésMpourftqpper«.toinbàMnt!C«ipii6ipBr,«lMUftBte«''
meritata ehbd'ime'feiiiaKn^ s'dlfeffçftitxQOTfij^ua^àH^Cm"
milieu des combattants. ■ ''■••■i' '■-
femfiies,se,fijri]qer ,^p^ ^^(tmj.téÈ^i.çiltre, eil?^!lfft^ïni'"liî^<;féH(^';i
---; ifli];) 'jiirilua'J'JlIUiq lli pit'J'^'lui'jiïOi; ViSebSïCiM à Vu-i*-
appHqu&à.fi9ireil^^^yiçes,iîplesftp^f^r,l^g9lçip»^,^^erT.
FORMATION DE LAMÉRIQUE. 337
•
cille (déiroil de Gibraltar), et se sont mis à chercher TAttan-
tide à droite et à gauche, partout, et iis sont allés si loin,
qu^iis ont découvert, au lieu de ce qu'ils cherchaient, les ties
Cassitéridès (ractuelle Islande), où ils ont continué longtemps
à faire un commerce très-lucratif. Après la chute des Phé-
niciens, les Égyptiens, qui avaient conquis leur pays, renon-
cèrent à ce commerce maritime qui leur paraissait trop loin-^
tain; t(s auraient d'ailleurs assez de richesses chez eux. Ensuite
le peuple carthaginois, qui avait entrepris ce genre de com-
merce, succomba lui-même, à cause de la mollesse dans la-
quelle Vavaient plongé les richesses qu'il avait recueillies avec
l'intérieur de l'Afrique, dont Carthage était le seul port d'ex-
portation, comme elle était la^seule place pour la trai^action
des affaires, ainsi que nous Tavons rapporté dans un autre
ouvrage (1). Après ce peuple» aucun autre n'a plus songé à
TAtlantide.
552. — Lors de la conquête, les Espagnols ont trouvé que
les indigènes américains faisaient entre eux un grand com-
merce. Les transports venaient du centre de Tînlérieur, et ils
se servaient de grands radeaux qu'on appelait champans; ces
champans étaient construits d'un fond plat, pour la naviga-
tion des fleuves et rivières de Tintérieur ; leur longueur était
de 50 à 60 pieds sur 20 de largeur ; la partie centrale était oc-
cupée par une sorte de berceau couvert en feuilles de palmier
assujetti avec des bambous.
Ces masses énormes ne pouvaient servir que pour les fleuves,
où l'eau n'était souvent que de 1, 2 ou 3 pieds de profon-
deur, et en arrivant à proximité des embouchures où le fleuve
commençait à être plus profond, on transportait les produits
sur des radeaux ou des pirogues, ayant une quille, propres à
naviguer sur une eau plus profonde, et aptes ainsi à arriver
dans les ports du littoral. .
(I) Recherches sur Voiigine du Sahara H de ses sables mouvantSy
Les ItidietiBidefb (0(i\mMB4etm(MsiamÊi^
quatre siècles, foDil«Afttfaiiis>6tf<âuté«i|)ii(idbiffi<e«q^ U
Mvigdalma^ et ^éafi^^dliriifiMlilkit^ Â0fiâii)dt<diifj»id>àaiiiM*d.
' Le$ huMeiïi^ délift Cïllâfffidiië/ip^
que éelleâ des peujiles dfncàîn's et àsiàtiqirefej' f èssoWf" ^6"'^
similitude de leurs gohlS pour lès'btpM^kcm'gc'iJiWiy'féllf
apportait If: GQntq9|/Bi<cef il$i a^ntr|i^eq|,p^^i;|^^ties n^es
ïàBfl^tifel' ^''''P-^'M. Hî-/non| ^.^.M'Hii.Hiî/^ noid , ^^i^Kint^nooii')
FORMATION. I>E i'aMÉHIQUE. 33^
etfm^^kh^^fmmM^ï^miimyiHà^ià^ laipariiei MFd'de^
cette Amérique, ce peuple encore (^f^iHènfetice^^^ùr ain&i
dirs^iisuiivâfU:^ jtteiteâides^œatiançi^iapporteriUQef â^tie ;éncr*
gië dsfili«i(teb mbfefràiaÉ (|ili;,srart)a$e^
ef«BijificaobtiQiiê£m(tfîii)M.^à:lv^^ k-&ol' de
lfA«iëQif(|mcact^]aik^ 6oi3$.Qe r^pporl^ qu'il est
J)Mad&MâcHii;JoÙ3Gtllpml)/)Ojft»f(WJ!/m^î^ Fei3ii«n(i C^r
{Biiih¥mm^\^')9imiQ\enifhtem\,àmi\]& Ni\\^àvt}l^%\qm et
Dément les Européens, quels avaiiAagîi^ c^ PAUVewx.V^^^
rantâ leur ofit apportée. Nous l'apprécieront bien t(5t, cette ci-
^''^^-L^îîriimndantv^â^ap^^ jireiivèâ qii'n'eèt ï)o$si-
ble de réunir de nos jours, et en aj'cfM^fit èf'(îètteâ 'lîUé''îi&u^
VëBolir(I^^Htifh6i4r '!a'*ilarratto' cdfndmt^' âèsymuà''^^^^^
BilfÛ^Kl 1iés"c6tés des ^deux ùioiiafe^ /téè'ôkéniente^ .fd^àifeà déi^
él^iïlïiA^s an^teïià qur vi^îént^ tt^ihfeh ' érf k;teéri(j[taè fe^gqte
c^ëofiftli^iit^yii^nit' h/YéMènïMïîmi W'(\n^ ÔnVUrièj^r^ri
àè'iSiiil'Vtt*^'^^ a*Pbbfeët/oèl'é dihiàt W^êl^K
pHlV^if8H%iïiblè l]8iif' lèH'V '«Si(S(èntfëf^^ii\''^aflft!ibf^ihtoi^ë>l^^^
méi>^Mii8A'ûk 's4çfy1î#'i)d^!seUfëiûéiiraai» éMiaÔts;
akft'âWfi^i^ ïiiyn3é''yi'aaii'èkistUt*p'ruâen AtîïéritïUé, où
Ton m rencoatrel}btlW>sVfeWsifâssfles.(î6W^
circoustaoces, bien examinées,, prouvent jusqu à l'é^j-^— -^-^
340 , SlXlÈUli ..ÉPOQUE., ^,.,^j,
que les 4eux cpolm^ts étaient |rJéun^^|e^^cQ|a..1l^f^eÀl|^^
époque, .a^seï, récente.;, qu^ jaçéwj^>tiQi^^î5^t^effg}^ée ^ 4(Çr-j
iiier.cataclysiqe, pa.i> J'éJiacgi^s^wen^dB.I^ (^y^j^^/q^
pai^iVd^ià (lerAfnqiifl..^|ii^afttJ^ft tp^^iljfJiîSj^^HWtt^f^
pliw ancieaç.aMi,e.ura.... ....,, .,... , ,.., ^ç,^ t^,jî,ç1 „jo,^, -o.or-»
Cette a^parajUpn,, ainsi, qv^pï^i:^ ^pe^^^i^.J^^^ 4ft
re^te., par réqqilibrp dç lapiqnèt^., ^nfrvjiir/îKoioqo'n H .^ibrr,
^ ' . . I ■• ... ' .. ..I '-'. tqfïfOYn /frnr» sol 19 odisfl'l
• • .' ; •' J:.r • i-'i -:•] "' -'] '-'t j-r^vu! n! m^ ZiiO'j p"^^ i)7n 60/
'Ciî .'»'!' ')'. .i.a '.1 s> '»<^''ij-yr» f:' 'jinr«|»iiinî ?iulq ,Ofîil ^fjl(|
•)\' ;. <•••'? '• fr-Ml' f. -/r!u .Jifti'.v (îif tir;) r^rtunq iim .i^iau'hcff 8fp.
Origine des, premievs Kims. r .,, .
, i"j7i7nq ni) b"lib)3 'X*ai7^0D £>rJnob Dmaiorl ( c
Thomme, 557. — Contemporanéité du' déluge universel, 558. — Ques-
^'' déiifrâfés<Mdrt/5MJ. ^^^efeèb^lMlW4^yi^iëW%ti^^
,o5apu t*-,0pii|K)iiidfi^ii^rtTiaiitwl 3ô(^:~ Sfiïiweeert>^«gBesalftiiioWiUkitî<j
^ oig^iques.57-Q, .77,.^tératipM:et ^l^^V^rAtbnasnci^gdw^ de^
: 571, — Gomment onr pu 'se peupler les lies -et les continents, 572. —
»7i, — comment onr pu se peupler les îles -et les continents, 672. —
4féstfmé^a^hkHcJpî6ioïl^'57»?d^' '^ ^^' ''* t'iiia)^ 81)D noilliil iJX5
>j^ îi;q '.aU>-.>j //'j , ii<jiji"î)ri i",i ab ot/uu^ ollsd >iijbj fii 'iiio
556. - Apr^^..py9)^,^(^n§^t^'/fiÇ|§baggfiç^
u.mye^§e/;,,q^t ^ajj^enjni^^,)'iftter)5|il|^3 ^ftiJ^f rft>^,SXJànift
Nous avons laissé, au chapitre XXIX, Noé et sajj|jjp^^gï^r,
le Wiçp.t; Arafat., awino^^
lions degrM au Pieivtou|,^pujs^nl,qai Jes fiv^^ ..|.
ÇRIGINE DiRS ' i?KKMlEÊS ÊTRES. 341
'te môTVtAraràt •ëtaH%t)lus hatite montagne éu^^ ïtki-
lii'rfé yro '^1tlbë-f c'é'riioht'dôT^^ 1^ ceirtre Û'tiri ^Vàn'diïHa^
téà\r'qWWVâft( 1ë^ di^luèe, 'ëlètît^ pèiipië d'iiAe nrimensè popii-
iaèdrrf ^M^iîif^tH^r dé dette Hauteuf à ^në gi^ànde dis-
lance j mais, hélas! ses yeux cherchaient en Vain ces villes,
cêsvîlïâpsycJeiVaste'd'bt H^es d<!^ quil avait connus
jadis. Il n'apercevait plus rien VtotttëlaitdrspaTii * les pierres,
l'herbe et les eaux avaient pris laplace jadis luxuriante des
richesses des hommes.
Noé fixa ses yeux sur la nouvelle face que présentait la terre
tiutour de lui; il adm^raii^e nop}?ç}|e, riclgiesse plus naturelle,
plus fine, plus tranqiiille, la richesse de la nature avec lous
ses parfums, qui promettait un séjour plus délicat et plus noble
h rhomme doni là'cfesfînée ^taît^d^ën nrofitër.
ésr:'— 't!a:BiMené^i]Çl pàa quefie'étiîtjk tqijlè de Noe;
seuIe|^iU.,jeî^,,pqifs,4;lfly'>):%yaii,^Lar^ §Qçlit de
l'arctfô*^ Pâi5ttlet4gev'q*ii étatt yége^ vH'il id«& Jioiïlfi^
puidqit^)ine«lB?vay«ta«>a)W9ia,-~piat^ tejBHdeiiipi'it «(vécu eSî^ore
au milieu des mœurs et des usag^,;.d&^:§pii^. §^^nts> 4^Ni^ la
matinée de notre époque.
Cette sixième ^poqu^j^}^ joujp^^Jfi» '^ ^^h\e a commencé
par la plus belle œuvre de la création , c'est-à-dire par la
itfo&^'Ôàns^lè
de la ^P^tl6«'%f ik' Wrlaftféitti? dfe^'^ 8ii
342 SIXiferiE ÉPOQUE."/' '^"
s'il n'est Jdeàtiné* qu'à servir déiraitMtbtf att'^rôgrë^^eb ^fe^^^
sant placç à son lour à un être eiifeorb nfleîHéi&'^ë^iài'?^'^'*'^
Avant d'examiner 'cette iquëèttoW;'tf ^i^flt'^bii^ëi^Mliiïèrer
rhomme dans toutes les phases de sâ^Vîfe^/^ ^^' ^"P '-^'"^'^^^ ^•''
558. — L'hoI^me.se trouve ,auJQurd']ffl[i^.çajg|ig\5iP9[SOf^^
le contemporain du déluge universel, c'est-à-dire de Taug^^f
du sixième jour, ou de la .sixième ^poqu^^j^^., ommoirj "lî
Nous sommes donc en face d'un événement qui ^l^ftj^xPf
matin, car 4900 ans (1) ne sont rien dans Thistoire du temps;
mais les faits qui se sont passés dans cette période sont plus
autberilîquès que ceux despéri'odéfe't)iiféHerti*s;''ê*Hëùs ren-
controns heureusement^àfoHs'deriàiriés preuves infaillibles à
l'appui de nos explications.
^'Nôùs attoris doilU'exftimn«ï'1'libthttkd'l}Hî«i(fiidient ^^ino-
ralement; car nous sommes en présienfeé de laii-nfteiilëî"«t*Jl
ne peut rien nôus'cadher, in laisser tieii de^prèWëfeié*?^.
Noustav'ons ^buà la màîrt viVèlnt 'élihoft'; ^^r^oméçimw,
' ïïdà rë*éf éhës iàeràht aussi éxacfeé qnie pbsèifclè; ^-' .-'nii)//tij
, 559- -r- Pour procéder avec ordxe. nous devons .exa-
. 1? Çoïnmeu^ eeivôftu W' JMQf4*e.tin,pfWlterj4¥)mPftj
2° Le rapport de la nature physique î^ l'Jhff^ipi»^ ^j^ja
/t^rw^wle^.ftmmïiuîi, le* v^imxi^i^:mU^fmm\^mnno3
jusqu'à no» joursr; .;.,•:, .....-, ,,.j,,:.f. -uMjfji/iî.iii 'jâi/iL.Kj
ii,.si° jkiQpifpi^et.^e \a l0^^d0 l^,i!(e>»piM^^^
(1) Depuis le déluge iusqy'à Jésus-rChrisl,. . .-. . . 3ro44 ans. ,
Depuis nolro fre. '. \' '. ■•;'';".''.•■!■ !".' ". 'V'/''^ '^i '"''
ORlGliNE, pf:^S.J?RKiyilï;RS ETRES. .343
.;^'*,L'oçigifle,ide&4Aïfg*ges,,pl poarqMP^ de, Iftn-
de même que les acç^^^l^^ ..^^ ^ ^ ;,^ ,. j . . . . , , , ,
7® Le but de la création de l'homme;
,^; jjà^ ïi^tMiti^^ Wm^è; m' ' i&i ' réàblteti' • 'de '^fedte ciViHsa.
9* yhorame comttë^ 'éh^ 'întMRgéDt ; "m cônaaMè'd «près
^ln<| lU«>- ».'-•' j "!î fj 'I.-.'. >■ .. /, i^- •■- ' . -... ! ! ;■ . .,
d'animansuaftles et femelles se trouva. réujoie, la. loi degéi^-
r^ioBi.jtra tailla à la p)\iUipljc«^m dps.ii|divi(Aus.et,d^.e^-
jit^f^çfile.jpri^WjÉ; ;lor^iu'|Gwi ; baffle -m» gr»ift. 4e..Wér iia,lçr;re
travaille, et au Ijoutid'w.cejrVïin ipmps^sjw^r.lediivçlçippçrï^w^
de la fermentation, les, crains se multiplient en forme d'épis;
fèsiépismârissènt^, él'îon fâït ïa récolte V mais' autant^if est
fafcilede comprendre la multiplication d'une chose qui existé,
'Hh téWWfll^^ferîîïltfB^ïlei i dé> s*^ trett*^ (îO!ïypté?> d# («Jiflmèrif • est
venu sur la terre le premier être de chaque espèce qw4ii«$
Comment^ m^^^tit^^kiÉ^ymv >lii' tewe . te?'pr«!ni6r'iie^taè,
'^^eî^l^péhfte^^lic)felri^^ l^iptemieriy^h*(^ft,'>le préÉ&S^^ iéhfeval^i lô^pre^
'Miri^*efépMi¥iil;Mé'prieW!fié»^insô<5td,iI^
premier individu de chaque espèce animait??' "[ ^^'- > '«»i)^^t
''i»'l8g*ffc^éiitv''da'fftî»Jfô'*fè^ef 'ffegiéfeH' ljoÉrtm<5li^! êe* ^'«s^enu
8ur la terre le pi^éMtlêtt 4À4n^il']^béi ^lat j^ftt^ilièrëc pla^itev le
premier grain de blé, le prenjier raisin, enfin le premier ar-
bre '^< félreriiier frtiit^'-a/àà'^ ^'épè^P"''''' "■' ^""' •;,' ' •
56|,~. ^ Aous ent^pdjQjOs faire abstraction complète de tout
re^heifche de^ceUa 6(mhcoid6îilaio^éalk)ffijàsr^ j ëoHdrrittoi^^^
paiiii6)déî^ confin^a* parJ'^élodeMôànraétaaH
vrage (û« 7,'8, Sri^'ia; \i\ V«)rii'Mtï^emtff1M^
c'e^-S^dirt qu'elles leiï^éne' le t/i4ûliï^e'ày^ W;''l<a[ ""MW-
quent, puisqu'elle est pleine de vie, comme c'est induodâfiie^
notre terre (» fQrnftft,daip»}éBMf^§o#hflWfiy#ri
OSiW>>BP rftflî<feî'i^)>. i jiifon ^j^ inp r'OJ^M^ni 89l ,Jiofn bI aoiqiJ
conque, a produit de même un insectefyifBigJ^ CicçuSiflee^n)
ORIGINEL 0$tJ'*vi>R]^M^iËtLiS^ ÊTRES. M^
rhomme même. Si uu^bof|»fn8iip6isd4ieàlpa9pi'b^^^ ^il â'ô
în^i^itabbxtaanë qiiiÈtreustff 'iai^^éiiie utca^^âteme^^ d<s^ tep ver^
ill^llâ^iflib ()QabeéeEi8pQjaiiji>c{«iL;bKedtôt l'ora»erom>4i«^; pi^piilâu
têJDsâaoEBie .^qjBmœihew^ai leuché son .cdrps^ et cependant» il
verra attachés st: $onb ^dflwneJ une întfinilé ya«lPes <insieet0$
£iSy%f?^y^g/;W^.'.Mi,fil^'î? qui, .^ès
plus ou moins chaude, et, sous beaucoup de rapports, tfiffé^
feBtd^è>l9<irMiis^¥c((f^Pd^-|â^l^ei^(pd¥tie^^^ eërpsV^I ^4n-
suil3^é te^)d«^i'ë'é!fSài@à'éliMfêy de/ ntoâi^è'>i[(irdâ!ufiëi^ï>»1é^
msedlBfei v^rl^, «triviiftl lèsA'flr^i^se^' <t^^ "qd'ift' pè^éëdient
enTate«W)*feaaipàytïé'fldkîG?pk'dôii*^l#fe(^^ " -'* '' ' '^^
^•<Oli?iiiî^0iMï<îd j«jqtlîà^^feoi*âniè éspèeeà^ ^^*ei^' » flMi^ectëà^
aïk|e^i|%^ftitf^ï^^Mëièà^'«mfl'to%ïflëh^
après la mort, les insectes qui se nourrissbSfeiit 'fort 'ftièti' dëS
3oey3deollhcftâiâfe>^k«t. Wéf Mvétf ViS^Vé^^^ut^ Fhohifaie
piivi^^tfite^>«Ér*»i ifs .pèns^irt^tMsV' eÇ^ ItiiteënC^eâf 'j^afeë 'à
d%«|r^')tegéc«éfeH»*fe(M'^fe'ivëfe^^»^
565. — Mais ce n'est pas l'homme seulement qui est sujet
àr^litiit^'l^vpi^jtii^i eiè&'indécfë^ éâ'k^#érî îKdën^e* ta Tie i^ns
s'en apercevoir; tous les autres animaux ont un. sort pareil
^kh^%W^ f^m^WM M^^^^^^^^^
presque^d^ji^fj.lMi j»Pf>f*^bi)i^^^ ,^^^n ..ppèsfejifver .. Vatoillô) etter
Mh 'u>i ' sixiiEH«ii'iËP4iQ^Et/:KHfiH
4aAiBe'a'<b)a!)f!«MveBtâURisoa,eoF.ps^|KAit^iAseçt^ii4f()i<nw>
La loi est donc la même poufVitOH^aWtiEiuilKitS'^Qur («ut
le.EÇSW.dttrègfeABifii^ij.le.ilBi^çtDfl^ si^p^ffli^l^orps g^un
prjn«i)e*iJWtS,vqui ,a .une, vit^fil^ .(ipro^d^W flfiç^
«elftppçfflenu^^ ,-;..., ., ■■ .1.. r.',,,, ,,,-, m,,:;.,,,! .,i. ,,,.,d'i,;
' 5BB.'-^ Polir ïugéi^ cbrabien" ce |)^BlïW'vjtè'lle^'aélica»J U
lie s"iigit qiK! d'ob^l^ëf ce qlii se jù^'é jt^t^n^lettiefit a-9Ui^n)&
'yews.'"' "' ■■ ■■-■■■■;''■■■■.■ ^■■■^■'..' '[■: 1 ■;>.■; ^-'mi ■jij.'.'njt
Si l'homme, qui WitfiialtïèsMr tonrè^dértàe ties'iosédti^
qui ne sont que 1e'prodiii{tle's«s ënilBsioiW vitales iabÀudaii>-
nées à élles-mêiiiefe siii* son cbT\w, prend- uff >!iiige eV sa 'del-
tdie, i>ar ce Bimplô iiniW détruit toute: Kictivilddesmol^
cilles; tie seal acte' niodifiie, 'aHfAe \W^mii'^mhlt(tèie6> k
■anôairtili'lenr vitalité; ' ■' '• ■■ • ■ [■■■■■■} i' ' i-.'i!:j'i
Ainsi lorsque l'homine se lave, le contact de l'eau ettao^
de Mite 4e «liéat'JaQlOlii' d« «t»i^ uoPfj8;'ihiErtLtôilBesi«liatl»sés
è ëclore svrr son dpidermâ'^ièsetft éia> aot)t)>eiatûrté4 pttote
-llqiiid*.' ■■ ■ ■■■■■■';■;■■ i.i'.-j. ;--■ r:. ; : .'Ui-,.,!!- n -w .w
rispii'atiOn 'cOnden'ilCTit dôâc
^îïiais t'éniî'ssièri|dé'ï'Haléîim
sieçfeg;ions'einerees,'if'
Caufrc^'I
illles' ^émanations' vont â'ms
jiesfëkions'r^*'*-^''"''''' ^
Uj de loul à
[#'i5;.
c«iitribiit! pour >a parl.a a loii]at(pn a v
esiHJnetoucéâ les rois au ç]le,jrencoBtre ^
liables a son il^Teiopiiemehi;' dfM'le ci
atlu'ce dans (es assemuukjE» deslméâ à 1
veaiii astres, ou île, won veau j; corpssol
tpltl'haillBet^t^leaslm«'t^(«teii!a«©flB■dK!l(n»lftlefrl«)J'lie»■e^
tmèg-annétim>èrnMfif^iév^'>-\ .>u\ùi,< .à lu.,,., i-. ,.■>! ,.■.;
arbre, un bomme, ou un éléphant, ne peuvent' girtVe^'soHiV
fl'lTO;fll^e<>IHiJp«ifftumfptfâ?M:i9aKeUe*teswipDCe,99Jva
gwJHiw- dep» iviteliM l'«»l>ryan?.huniain à$m, le ,îeftUi4e Si
femme n'est pas plus grand que la pùinte d'une éj)ingle,. atril
^tkigjerfiie ode ihlt;l'ormaliQ»'<l'un>Jiioini»<;.itle 6.pd«i]aiâe,hau-
laot^ilitïiia^fi {)yiioi»âoe«« HBSHiAMeZjl'éléfd^otr' j. i c
- l'jQiH!^ a3t'^ib#iAte<AowiiBt)(>^.d']iQHmw m itt'^l^fibaQt .arrive
^flo&iiuaieiidïWtj(*âl»ilfffrer(iM:p0ï»è(l$.rfe8iqpftlitteB«a^f!g(»»
1^ c*Ji!*fi!quii6e iiioav^iil dans.Jefiem de la- fwoBie, oa de i',ér
léphant femelle, pOHcquoi l'individu jie se.déMMoppeii&iIntI
"PïISfSi-i .■- ', i ■■!■ i-.i.i... ^ ',i . .(■ . '- -'i:' ■.■','■; ■ . i' ■ ■
<,,;0f-^iii Q*t<!i»riaJtn<Kttt>,,dpjii¥ :ie «Qtirsijdajla; Co^fkM^ii df
et ces moments, nous les avona appelés le» mtervallea,s,^lQr^
^le.^lil^çt étajl trè&7pi;op,reà,ï^iredévd^ Iesi)t6mesv.mi»
^dfôfiutïeS| astres, et qui trouvjfiifini 1 elat de la terre eii'àn^-
Togié avec ,leure .propriétés productives, . , . '
Ainsi, dans le jf'- -'-•-^ ■--" — ^ -Ide l'èaù, tes atomes! des
Doissqns ont pu se net.' élément, comme iés
friwb 1110/ ^jl*'/' l|.; ;i:ic 11 I i,'iii"'i /in
plan es avaient pu la terre onrait une coiir
cne propre a leur te même que Té 'principe
animal.a pu aussi^ ur. due les plantes mi dnl
pffecl «ne subslanc , ' '
Si (Tohô, .dilns ri lèmè .au cinquième jour,
.unaiome animal qi int.desinge oud liomtee
8 est iroiive sur un près d un f^rDreini d.une
plâiilie donnant^ par. nvpomese, ue la comme^'ou'une autre
siiiHlance équivalente; si, de plus, une température douce et
Î48 ' ■■■s)ai\iniKhip»9^E.i''-"'ti'
(lir ,et,f)âise:foiuHi6r: pftt> UabtMtptiM (Isioena sutMtsnCèt Âv^
IriUvBqui ÉtaitÀiï(l<'portée!,'COQunéil'>vaiidra^«tot«oÀ1f«itsf^
9lie<lrW^''Vtdui»it<4>in8,'.dO<pettei)i)ahièrB^ siiljRaisèàaC«)0i^4ôi*
Nous avons une prei^ (ie«e(tc lm^llloii^dé)^(Hfi:Ali[iol]id6ii0
ye|leç t9rtnes,sçf]é)iç|ftBP<fft rWf'fi l*[^ediifl«?iKHjëaihiallil(p
^9^1 ir:;,: .■::li;i .:! J^ù .'Il ;ifli.|[0-( .iioid ■"•ir)) a'i^/Tâq £oni
0iitsBg:^d0ii*l1krâuei8eiBerait<t>e!rï»cti6b»ëèi^ft^'dë^dH)J9yib^iEi?
SUeceSBife: '•'''•' '■■ ''J ,''K-"i:i>! '< ''ii "si oli ml.iB-jgob JfioicriuiWi
que tMRis ne-Toalïonsta^'et^'^i'^IlH'^'t^'^^'Ûë''^^^*^^'^
de formalion ou de création, et il est lout-à-Hft'îfiâWSJ^idïî'
pv'cxniséqbém,- •tiaé')a> )^ab«He t'iibmUlcf iv}#ftbë ' If^'^éï - \m
ai^^ireote,-c4r,'ffvh«>pdrt>ctiimwe<tie'')'l(iiïtr<ë<' Hiitiltâïfl Itiâ^
joui'S remonter au principe que nous venons d'ilAffl|Uër^^M^
la^fdriBpitioÉi dttip««i«i"^ie»m''i -'■W"' ^-n-^o ob «./nmori ^'.J
OBIGINë .S«S-<tRB«IIIL&'ÉTRES. Si^
iQQlél9ettli)iU'a«ufâ qaeioliBqiieiietipèbe.teifiolUtiifirivéb'ftehf la!
localité favorable à ce (iéveloppement, suivant f)*'ftiatHi«'(léi'
Bt(liPfiiluBiM(to'soliisi***tïiiHl'il«>9cali'Bft;.ii! :Mii!..i.i/.;^.Ki-:
i>-CT|[.r.U.'»'n(ïwe^tobe^i «estïrtié%''Voit'. èlAiétt^è "Wné fôïs,'
l«iiuBt«fe»e-f(i*WS:ti|^ï*fertHW^siîtl Ijri'è'Clè (t^'lA»tiimfe;"^)i!-
rfl^ ({^Heil'éMieiit^l«^'hothMë3iflM'!^'nciëil^t!èiil[^rcï^)^WiVi^'
mes pervers que Dieu, comme le dit te Bible, avait r^cH/î
(Hçpffçrm^flf t, pftr, Ije. d|jl?s«,,uDiK«rsftl|, HM-panitllt reatasurffiphe
pourraient descendre de la race actuelle, mais qui poârmienli
8fl^i,;^re,(!^;^)çar,dç(,i^(HiiYfiU«fl:ififité«ih6-é(Btiaées«i'fliiWes
astj^.,sai\ar^|lfi,BjlSl*fn^iaMeiOW»awp9'iM(fK(sé,ftllrCTr¥»nl.
sflP^lr? ftçrrg|juflijp()v^epi|!ç(imat,ito(jt,8r&rftfcivoP8We à tem*.
«l^^WflPfiR^Oh-,. tm.l U', 1; ;■> .nii'i..-) '.1: i- "'-'■•' --'i -'-^
,,.Un,»?|tj«nftl'^iMi*P9«'llfti'diMP.S6»Lquî'rt ideaièdie.sufBnttti
Dfl^f Kft^Hi'fl <le§ir,WP5,|n9BNflH9Sj)tep*.Mtaies,les.«pèo*sl(i«-
^eOp'iBBWfll.'b t^mi-i ^.jmi ■11'}. '.<|i inJhi <•■ T,piM.i,i .-■ 'im--
Les hommes de cette autre foimalioriiHniii^eait de^tfaalïlési
4«éri)bwlp«^fmiiiBMopfMrr»l'j»^ |»M)iiei0âi!Sfpaen,oaitl»
toutes les conséquenees que nous augurcul9k)ittéiiifteè^Ké^H^
actuelle et pendant le premier quart de siècle contemporaUi de
Noé.
Car d^où seraient venues ces grandes populations qu'on
trouve, peu de temps après le dernier cataclysme, éparses sur
les continents et dispè/sée4 sûi^'ltààU^ilâfiilliers d'îles qu'on
reconnaît habitées à mesure qu'on les découvre, et générale-
meMfOHipiÊès ddmaUqpifiHt^iHYaseaâlittfPenifAieiUd'itm^
Ce grand nombre d'hommes et de JtWJPii^^tti^^f ^^ ^
continents et d'iles très-éloignés les uns des autres, qui n ont
jamais eu. daireUtûonsentre eux., puisqu ils xie.connaÂ$i&^^t
pas là navigation, côttlinent se trouvaieîxt-ils tfeis ees^ten-
drpits? .. - r . . .
jËvftdemment on, au moment du cat^lyj^e du^ ^éiluge^iini-
vei*se!, la terre s est brisée en mille parties, jf^rojelant • ses
fragments au^ dislances actuelles, comme nous raijj^ns ^sjpli-
qué (SIU 6t2), 6tempartantav.ee elle tojule 1^ (H^ulîllimi^qui
couvrait chaque fragment; , . ~ ' '
On, au premier quart de siècle de Noé, lé~cUmat ëtàit ^tel,
que . la reproductif» des:espèiçi)s.sur l.^lLerf4,ft.Bu.s'#e4uer
par les atomes venus des autres astres, ainsi ^oe nous Viitdi-
•873: *^ Notre opillion^e8t<dt!)lu^qa^à'Chaq^eio^vaiieId'llne
époitiié àf àiitre des épôi^a^s 'primtlîvèsf; te leitfe à^'imemi à
sa,siM?ei;(i^! fti^.chalf?m' \^\okiif^i(.^^^^^^^
parTincendie ou par TefTet de combustion dtt^cir^i^'ieata-
clysme ; et, jusqu'à ce que cette chaleur se fût refroidie, la
siirto(^"'tèiVésÎTe 'êtàït (ïë'A^^
'^\o:xk^\s\iî\\\vànm%'ii\^^^^ ''•^^*^<i '^J'^ »"
i
NATURBiiy&ML'lHOMQVIBiiGMIPARÉE. dSt
lir/i/p «noiJiiluqoq èsbairi;^ ?/>•> ^'Mirn/ JfLOinio^ .''obiii.)
o[II«pfMnPt'lde..'lft;i:nii)ù0i%^;-pi^ 'riljpHOifnpift..:!
airee la Terre, les AnimannL , Ie« Vé^tMàHJn^
575. -— Symétrie des organes et de leurs fonctions, 576. — ^ Autres ana-
lo^Qs entre rbomme et la lerre, 577. -^ Pourquoi le végéial diflfôi^ dé
-''U'afÀlmàl/èT^! —IhippeWdeinîOniiàoiài^eeiIe'm^^ WÔy.^ Dtrii^it
r" < fqRfM^ daj]^'élept?f^ijt^»|58q.}Tr f oi^cjiofl di^ poiete? ii readfjpi^ de r«é|QQ-. y
:i,.trwîité, 581*5 — Correspon4ance (te Thomme et des autres ôtres avec
Tatmosphèrc, 582. — Les pores dé rhomrac , oS5. — Nouvellô aiiàto- '
' "î^gft '^Àwé •l!htf<nAié é^ 'ïa-tewé', SS^/ ^*— ' îOorfet^ôhdanèG déd" traiâ i-fegnes ' ■
avec la terre, 585. — Loi de supériorité |Q(Ç <}'^ér|fritf au p^ysiQue.^. ,
j^|aYjf0pîaf^|ij^KrT.Aniaqç^.(^^s^??O^Yçm^ et l'homm^;
cpnMdératiôhs physiologiques, 5B7. — Rapport J)hysique de lliomme et
'''»ï^fe''Aiitpe^"'èiiifnatik,i88; JJ-'i)îfféréhcë"dii'si^3fèrtiB' dè'nntnti'dn entre. j.
~ i h ia iiégôHHfçit^l^liiifflll Vii!58ft^.^- liappçttPf«t odilféijçfi^e^ d^alf^ ii^yqlèities ,
de géoératioa» 590. — Effet de l'air dans l'acte de nutrition, 591., t*
L'air comme aliment; moyen d'épuration, 592. — Décomposition de
''rfTfai<jJLh^lëiftëri«*Mèûèdaïa.nuttfîti^^ PrDdigï€ti!ïe('mas8e^*air
f] f fj^sqmpi^ rpp J^'eg;lfèce,^i)JflpfHjiî^ S9^. TTî , Cqpsqminatjipp . prpduîtç pnv
• les trois règnes, 595. — AuJtres cauâei^ de consommation considérable, et
ni ,oiI)io'i'J')'i j)ïl '.>^. ir"il/;i!> .');i'n onp '"•> h'i'p-'.ij , 1'> • '!•", '!•!
un état passif; cependant,. <ivW^,/^n|fiW«iqVfilnW*t!*'','«H?!i
352 SIXIEME ÉPOQUE.
ses altérations, et manifeste sa part contributive d'action par
son poids dans la balance du mouvement et par sa décompo-
sition dans les formations nouvelles.
Le minéral prépare la terre qui produit le végétal au ser-
vice de ranimai.
L'animal , en avalant le végétal , s'assimile donc des par-
celles quelconques d'essence minérale.
575. — Dans la composition chimique du corps de l'homme,
il y a une parfaite analogie et afûnité avec le corps de tous les
autres animaux, avec les plantes et les minéraux ou la terre.
Tous contiennent l'oxygène, Thydrogène, Tazole, le car-
bone, le soufre, le phosphore, etc. La différence n'existe
que dans la quantité de l'un ou de l'autre de ces ingrédients
simples ou composés.
Pareillement, l'analyse des cendres d'une plante, celle d'un
animal, comme celle de l'homme, donne les mêmes produits
et ne diffère aussi que par la quantité, en plus ou en moins,
de telle ou telle essence.
576. — La terre contient des pierres et des métaux; nous
avons les os et les ongles.
Les plantes ont des branches et des feuilles; nous avons des
bras, des doigts et des cheveux.
L'homme, comme les autres animaux, a les mucosités des
fosses nasales ; il a la transpiration du corps. Les arbres ont
la gomme et les suintements humides qui indiquent une fonc-
tion symétriquement pareille.
577. — La terre travaille dans son intérieur par l'effet du
feu central; ce feu purifie la grande masse au profit des ma-
tières qui se divisent en minéraux et métaux, et se stratitient
par couches, ou s'échappent par des expirations dont les vol-
cans sont les cheminées.
Nous, dans notre corps, nous avons également le feu vital,
plus Testomac, sorte de laboratoire pour la division de la
NATURKlOB"t'ilOHHB^C««PABËK. BSEl
SHninri«iafe,< -et /enOIrkstlHt^rMixi^ ^«outi^oUmM wa' vbicans
dttjWrtiet, nu K',!] !■, tiHIIl-'IHH.I llil -n ■■ilA ly. ■!< ■■:IJii;.>
La terre reçoit la semenMletiloiTistHiié'JlDlt'riittti'tfltt^htHtbi
âit,<nteiC[;te<j)iini^tifèçoif ûoi aMnie'de'Mswncè^titS'tiAtiire
Tait naître rbomme. .'..ri. i i-.i ■.■,/
-■i^À'Afl^imitVàixttBmi léitenc») )»<rt9mifn«,>n'biie'ft's'^-
cuper le moins du inoDdb.rie IIaecv^e9eibeM<l<tei'rettllH^6ir;
'.^,fifîf;^i1'^^W^%>^>)?ff'flF««- :■'■■■■;■-■-' ■'■■•'■' - ^ =
^f'G9ttj>-^>Si.)eooiteil'eiiVégéterpMBeiite'urimctitiiTi'é'h6inbr6
diongUnasique.cehiide'ra'nimâi. klest- qûesa'vfe^'i^ptèhd
unr.iDolni^re.Dombre'd'ecljOrls. ■'..,.•■■.■< -^ ■
'Sitaisabetencé du vég^l n'offire pas tes ti^iis néfVeux e't
muaelilniree^o'âA qu'il n'ai pas leiensibilKé ni ik Idcomo-"
biliW. .- -],■..■. ,io^<-n-^.-
"'6j'9,' — Ndtiî-seillénienlif y à daiis 1
iiSentfqtiie'à celle qi)r a tormé' h' phrtè
niA\ë'¥\ia(aa\b, camàe les 'idib^raùi;
coaslammenl dans 30d corps les mém
di'eiii^utei.'Âflnaicte(:;^:miité^|i^«-Mrt'KéteofHicité,->o'«st
de l'intérieur de la terre que s'exhate 'le"vbOBpIWre.'éff^^
&{l*rçaU/eiv,eotr$allÉiw(t «ilreiebaildBlle'Ida^ «ertftittéklnïï^s
nouvellement ouvertes; la flammefieif^maimbiqtie'ittli^tftle-''
iwtol^;àil'«in[de-ttiinéineiinjdei>la:itiim,>-ft'e««iie'^4»«^Néïéqui
' sîwt «flatté daïntrtsDMi4niilewnaiti«eB*pt4D^J'deinén(f,' apri»'
DQtoelEMMtMronisktmitideèMivid iè>ifibo^plH>r#^^#^ëtA|àdié'
dans la fabrication des aliumetteSiiiei^lfe HMfë'WhlèVWtéit-iJJ
»^it,^qlp(l[Wft„|^.i!^Ht\9J-^,|i^ i)fltWiWW*.P^aiu-piWffe
'ir^llitJiila 0^. ta ./iinJ^tn J'> /iicrjEiim no Iii;i8ivib !w iijp i»i;)iJ
-fi802'>HiMilÂ(a^UHa^.*i!eJMl^^«eqH«)i^'aB«fei%i^'9Ihit§'l.
le grain des céréales que dans l'ffitiP>i«n«lltaëafïi"eèi^W
ré»érteiitiprimitilildeilear'feu"«Mt*J'' ■»li ''■>'f>^ • "'<""ii^'''' -^'l'i
3S4 SIXIÈME ÉPOQUE.
No»-sfiiiilenidiit l'éloetri ^eUé est le sottrce ëe la vie animate
et végétale, mais elle accompagne constamment les animaux,
{es vë^tou3 et les minéraux; de plus, l'électricité estérieure,
en rai^QD de son affinité, les saisit et les enveloppe : tootes les
fois qu'une pointe quelconque d'une natore, soit minérale,
soit végélalei, soit animale, se préseEtesur le passage de Té*
lectricilév cette poiftte devient son eomdiicteHP.
L'électricité intérieure du globe, celle qui eonlribue à la vie
des animaux et des plantes, comme celle de j'atmosph^e,
sont toutes d'une nature identique.
581. — Les pointes placées à la surface de la terre attirent
réiectricué atmosphérique j une pointe quelconque fait aussi
jaillir Tétincelle d'une machine électrique.
Dans l'un comme dans l'autre cas, TefTet est identique, car
kl oa«8e est la même : l'électricité, qui tend toujours à se
mettre en équilibre, c'est-à-dire à se distribuer également sur
tous les corps, s'écoule, par les pointes, de l'atmosphère ou
des nuages, où elle s'est concentrée, vers le réservoir commmi,
qui esl la terre elte-même ; ou bien elle s'échappe avec ex-
ptosion de la machine sur laquelle on Ta accumulée, vers les
régions aériennes où elle se trouve en moins.
Si «fie tige de fer élevée attire la foudre, l'arbre pointu a
te même pouvoir, et la pointe des cheveux de Thomme a
également le miéine pouvoir, seulement avec une diminution
proportionnelle ée force attractive.
Le» poissons des mers, et jusqu'aux moites méduses elles-
mêmes, qui pestent k fleur d'eau, transmettent par leurs
écailles ou par leur peau le phosphore qu'on aperçoit à dé
grandes distances.
De là ressort qu£i W princi^ éleclri^iUQ vi^l est dan.9 tous
les cqrps sans excepiiomk, e^ qu'ils s'attirent, par ajâxiité toutes
les fois qge des pointas favori^^mt leur Qoriraspc^dan^^. Dooe
l'homme, comme l'arbre, comme le fer, comuH^ les poiçsons.
NATURE DK L'ttOMaiE COMPARÉE 355
a la même affinité avec l'aimospbère qu'avec la terre el
Feiaii.
582. — Dès correspondances sans nombre sont donc éta-
blies, de bas en baut, entre Tbomme et Tatmosphère, comme
entre Ta^tmosphère, la terre et la mer, comme entre Thomme
et la terre, tous agissant dans le même sens, et parallèlement
à la sève ascendante de chaque être; la terre, elle aussi, entre-
tient, par le suc des végétaux, des relations continuelles
entre, le sol d'où il sort et Tatmospbère où il s'évapore en
partie.
583: — L'bomme, comme la terre, comme l^atmosphëre,
nous l'avons déjà vu, a des pores innombraMes, par lesquels
sortent ses émanations.
Ces pores, suirant Letewmhôek, %ont si «ombreux et pi pe-
tits, qu'il y en a 125,000 sur Tespace qu'occuperait un grain
de sable. II soti, par ce crible, dés vapeurs continueMes, et
d'après les expérieiices de Sanctorim, un bomme qui m^nge
Ott boit la quantité de hait livres dans un jour^ en perd cinq
par la transpiration insensible.
584. ■ — Les conséquences qui découlent de ce résultat sont
remarquables, car elles nous indiquent la proportion de ce
que la terre émane et retient dans ses échanges avec l'atmos-
phère. Or, que pourrait faire la terre de ce quelle retient^ si
ce n'est pour le fournir au centre du globe comme une ma-
tière fraîche, en tant qu'elle est nécessaire pour le grand
travail central du feu, qui entretient la vitalité et la chaleur
de la planète?
Il en est de même de f homme qui, de ces huit parties qu'il
a introduites dans son estomac, après en avoir rendu cinq
par la transpifation, en retient trois pour l'entretien de son
corps, dont I existence et la vitalité dépendent de cet^e nu-
trition. '
Si Khomme conserve ces trois hiHtiènf>es dans sot> estomac ,
356 SIXIÈME EPOQUE.
c'est pour laisser à celui-ci les éléments d'un travail qui doit
être perpétuel sous peine de mort ; la moi t frapperait égale-
ment notre planète, si elle n'avait pareillement son travail et
son mouvement perpétuels.
Mais comme l'homme restitue à la terre ces trois huitièmes
par les excréments, les urines, etc., la terre rend, à son
tour, ces mêmes trois huitièmes par ses exhalaisons amalga-
mées dans les milliers de phénomènes qui passent sous nos
yeux.
585. — Tout animal qui mange et qui boit absorbe ou s'as-
siiniie^ transj^ire et rejette.de son corps tout ce qu'il avale,
précisément comme l'homme.
Tout arbre, toute plante, toute feuille végétale absorbe,
transpire et rejette, proportion gardée, ainsi que l'homme et
les aulres animaux.
La terre a donc une correspondance identique avec le règne
animal et avec le règne végétal.
Le règne minéral, qui est moins sensible et par conséquent
ne peut pas produire une transpiration d'humeurs, donne ce-
pendant à la terre son tribut proportionnel , en se décompo-
sant suivant les besoins réclamés par l'intérieur ou l'extérieur
des couches, depuis le centre du globe jusqu'à la surface ; son
travail est plus lent, plus long, mais non moins efficace pour
l'ensemble des besoias de la nature.
Après l'examen des généralités, voyons les détails particu-
liers de la composition individuelle de l'hoinme, avec la terre,
• *
les animaux, les plantes et les minéraux.
586. — r La nature a pour mission, au point de vue maté-
rieU de développer Taccroissement des corps dans le sens de
la perfecjtion.
Si le corps d'un homme, d'un animal ou xl'une plante, <hi
une partie quelconque d'un de ces êtres, est difforme, c'est
qu'à l'origine il y a eu un dérangement spécial dans le pre-
I4ATURË I>£ L HOMME COMPARÉE. 357
mier travail du développemeni de Tétre qui se trouve af-
fecté.
Le germe générateur est toujours régulier. Cependant il y
a intrinsèquement des degrés de supériorité et d'infériorité.
Dans le premier ordre, il apparaît des perfectionnements qui
s'élèvent jusqu'au sublime, et dans le second on remarque des
monstruosités.
Celte loi, qui est régulière et constante dans Tordre maté-
riel pour tous les êtres du r^ne animal et végétal, est identi-
tique aussi dans Tordre moral et intellectuel qui regarde
Tbomme.
587. — La terre, comme nous Tavons va, tourne sur son
axe, c'est-à-dire sur elle-même, en ii heures; en sorte que son
mouvement à Téquateur est de 6 lieues 1/4 par minute, ou
416 mètres par seconde, ou 375 lieues par heure, ou 9,000
lieues par jour. Son feu intérieur est la force motrice de cette
grande et perpétuelle évolution.
L'homme a également son centre d'évolution; le srége en
est le cœur. Le battement du cœur s'exécute en une seconde;
d'où il se fait 60 pulsations en une minute, 3,60fr par heure,
ou 86,400 par jour. L*agent qui produit ce mouvement est le
sang, qui est pour Thomnae ce que Taxe central est pour la
terre.
Le cœur, dans son ventricule gauche, contient 60 grammes
de sang, qu'il pousse dans l'aorte, ce qui cause le battement.
Or, puisque le cœur bat 3,600 fois par heure, il en sort, par
heure, 7,200 onces de sang, ou 600 livres de 12 onces; mais
toute la masse du sang contenue dans le corps d'un homme
ne monte ordinairement qu'à 2i livres. Donc, en divisant
600 par 24 , on trouvera que toute la maêse du sang passe
par le cœur 25 fois par heure, et par conséquent 600 fois par
jour.
Le cœur, qui n'^a tout au plus que 6 centimètres de long
358 SIXIÈME ÈA*0(jUS.
sur i de large , emploie à chaque baileDienl une {oit^e de
50,000 kilogrammes.
Il faut une masse d'air de 5 pieds cubes ( t6 décimètres
cubes) pour entretenir la respiration d'un bomme pendant
une heure; et, dans cet acte, il se produit environ 244 grains
(13 grammes) d'eau, ou par minute 41 grains (217 milli-
grammes (1).
588. — Lsi charpente ou le squelette du corps de rbomme
détermine sa configuration et est placée suivant la proportion
de sa taille, comme la charpente des corps de tous les autres
animaux détermine leur configuration proportionnelle. l\ en
est de même des rapports de la chair, de la graisse, du sang,
des viscères et dés fonctions de toute nakrre, sauf Torgane de
la parole, dont l'homme seul est gratifié.
589. — Un arbre qui croît dans Ri forêt, un animal qui vit
dans les bois» un homme qui naît à la campagne, ont la char-
pente plus forte que la plante cultivée dans une serre, quun
animal domestique ou un bomme né et vivant dans les mol-
lesses de la ville.
L'homme et les animaux exécutent leurs digestions à l'in-
térieur; les végétaux les effectuent extérieurement.
Les premiers ont la faculté de manger et de porter dans
leurs cavités intérieures le dépôt de leur nourriture.
La plante, n'ayant point la faculté de locomotion, absorbe
et rejette, grandit et meurt à la place même où elle a pris
naissance.
Un végétal se reproduit par bouture, de même qu'un po-
lype divisé en plusieurs morceaux fait de chacun de ces mor-
ceaux autant de polypes distincts.
La génération et la multiplication des individus ont aussi
des rapports presque identiques dans le végétal et dans l'ani-
(1) Eneylop. méthode arl. air.
iHATURË DE LHOMMfi GOMPARK£. 359
ma), car ThMime fi'a que deux aetes qtii dépeiftdent de sa vo
lonté : manger et engendrer; tout le re^te $e fait chee lui na-
torelleiiaent, comme cheztooi autre ar>imal.
590. — Dans le végétal, le rapprochement des sexes n'est
pas un acte volontaire, il se fait irrésistiblement. L'applicar
tion du pollen de l'organe mâle à Torgane femelle est la con-
séquence forcée et mécanique de la disposition des parties, et
en outre le pins grand notnbre des végétaux sont hermaphro-
dites, c'est-à-dire portent dans une même fleur les deux sexes :
ces deux sexes sont généralement disposés, l'un par rapport à
l'autre, de manière que le pollen tombe mécaaiiquement sur
le stigmate de l'organe femelle.
591. — La nourriture est en proportion de la Uûlle : l'ani*
mal la reçoit en objets solides et liquides; la plante la reçoit
des corps humides^ gazeux et vaporeux 4 les uns et les autres
aspirent 4'air.
L'air aide à la décomposition des substances dans le corps
de l'animal, comme dans l'intérieur du végétal et dans le sein
de la terre; c'est pourquoi l'analyse des cendres ou des élé-
ments d'une plante, ou, comme on l'a vu (575), d'un homme,
donne des aeides, des sels, des alcalis, de la pesasse, de la
soude, de la oftagnésie, àe l'oxyde die fer, de l'albumine^ etc.
L'homme, ranimai, la plante, la terre, la mer, en remuant
constamment, émettent des évaporaliens sales, mauvaises et
pernicieuses : l'air s'en charge; il en fait l'analyse, il en re-
jette une partie au dehors de notre atmos^lière et nous rend, à
nous, l'autre partie transformée et bonifiée par l'amalgamation
d'atomes frais, arrivés, pour notre bien-être général, d'autres
sources, de mille points divers de Teapace, qui est réellement
son grand laboratoire.
Si nos atomes individuels, notre haleine, montent dan& les
régions supérieures, et si nous respirons l'air et les atomes
qui nous viennent de la même source, i\ est évident que nous
366 SiXI£ll£ ÉPOQUE.
avons par là ooe liaison invisible avec les fé^cfos les plus
lointaines du ciel; donc nous avons, individueilemenl et pro-
portionnellement avec les astres ou les corps célestes, les
mêmes rapports de liaison électrique et physique qu'a la terre
avec les autres planètes et son soleil , car la terre renvoie
à la même source et reçoit de la même origine l'air et les
atomes.
L AIR COMME ALIMENT.
592. — L'air est le premier aliment pour la terre elle-même,
comme pour l'homme, comme pour les animaux et les végé-
taux; chacun en absorbe en proportion de sa taille; chacun
en tire le princi[ie de son activité; de cette activité ressort le
mouvement perpétuel et relatif, ou la vitalité.
Quand même il n'y aurait pas d'autres motifs, la terre de-
vrait tourner avec la rapidité que nous lui connaissons pour
solliciter l'épurement de Tair, et, en forçant le passage par les
pores de l'atmosphère, renouveler la masse d'air nécessaire à
Talimentation de tous les êtres qui l'habitent.
Comment serait-il possible de renouveler l'air, si la masse
totale du globe ne l'épurait pas par la rapidité de ses évolu-
lations? Comme un éventail rapidenàent agité diange l'air au-
tour de notre visage, ainsi la terre roule rapidement pour
changer l'air autour de la sphère terrestre.
L'homme avale plus d'air que de toute autre matière; il
en avale continuellement et il le convertit en sa propre sub-
stance.
Dans l'homme et dans les animaux de toutes espèces l'air
entre par la respiration , travaille par la digestion , et sort
par la transpiration et par les voies inférieures.
Dans le végétal et dans la terre, Pair entre par i'absoption ;
il fonctionne dans la plante en aidant à ses développements ;
il agit dans la terre par rafraîchissement en faveur du feu
NATURE DE L*HOMM£ GOM PARÉE. 361
central; Tarbre ou la plante le rejette par les branehes, les
feuilles et les fruits, et la terre le rejette par les évaporations
t^restres.
593. — L'air qui entre frais dans le corps de l'homme, de
l'animal, de la plante et de la terre, sort de tous ces corps
dans un autre état; il est vicié, corrompu, et a besoin d'être
aussitôt envoyé au loin pour s'échanger.
S'il restait seulement une heure sur la surface de la terre
sans mouvement et sans déplacement, Tair ainsi corrompu
empoisonnerait tous les êtres à Tinstant même.
Comment s'éloigne-t-il? et comment esl-il remplacé subi-
tement par un autre air frais? C'est précisément par reflfet
du mouvement violent et perpétuel de la terre autour de son
axe, et par son passage dans les pores innombrables de Tat-
mosphère.
594. — Cuvier dit qu'après l'expiration la plus forte, il y a
encore de 100 à 60 pouces d'air dans le poumon.
Godwîn prétend, lui, qu'après l'expiration la plus forte
possible, il reste encore 1786 centimètres cubes d'air dans le
poumon. Thompson a trouvé que le corps humain, qui aspire
à chaque fois 655 cenlimètres cubes d'air, a 28,800 aspira-
tions par jour et porterait 13,100 centimètres cubes par mi-
nute dans le poumon, ou 786 décimètres cubes par heure, ou
18>864 décimètres, ou 24 kilogrammes par jour.
D'après cette dernière indication, qui est le terme moyen le
plus probable, il est évident que la race humaine, composée
d'un milliard d^individus sur la superficie de la terre, aspire à
elle seule vingt-^juatre milliards de kilogrammes d'air par
jour.
595* -^ Si la race de Thomaie, à elle seule, aspire 24 mil-
liards de kilogrammes d'air frais par jour, en comptant coua-
me terme moyen (1) cette consommation, les 80,000 races
(-1) Ce terme moyen est irês-miniihe, ear une grandef partie des ani-
362 SIXIÈME ÉPOQUE.
d'iiDinMLQX à poumms, mant 9ur le globe» consôtninâéottt en
aspirations, pour cette partie du r^ne animât saulemeiit,
1,920,000,000,000,000 (un million neuf cent vingt mitlè
milliards de kilogrammes) d'air frais par jour.
Le règne végétal en consomme beaucoup, plas; mais pour
rester dans le minimum » nous nous bornons à lui accorder le
même chiffre de 1,920,000 milltards.
La terre, les fleuves, le sable, les cavernes» etc., en absor-
bent au moins autant que les deox règnes animal et végétal
ensemble, c'est-à-dire 3^840,000 milliards par jwir» ce sera
donc 7»680f000 milliards pour la totalité.
Le règne animal et le règne végétal en rendent immédiate*
ment, par expiration, les cinq huitièmes; admettons une égale
r^titution immédiate de la terre et des eaux. Mais touies ces
restitutions sont d'une nature altérée; on échange Tairusé,
corrompu, contre l'air frais; la conséquence est que ces cinq
huitièmes font 4,800,000 nailliards de kilogrammes d'air cor-
rompu, usé, que la terre rend par jour à l'atmosphère, pour
ie compte des êtres qu'elle fait vivre; elle lui rend aussi les
autres trois huitièmes , mais ceux-ci passent sous d'autres
formes, pour reparaître en résultats différents ; ils sont con-
vertis en vapeurs et augmentés d'autres gaz qui entrent dans
les phénomènes étrangers au simple échange de l'air.
596. — Le résultat du calcul ^i précède est «m minimum,
et concerne seulement ie rapport de l'homme avec la terre,
iesaoimauxy les plan^^et les minéraux, dont l'aspiratiofi et
respiration ont éié particulièrement te sujet de ce chapitre.
Nous n'avons compté ni avec la chaleur, ni avec la glace^
ni avec les océans, ni avec les évaporalions des cadavres qui
sont sur 1^ surfaee du globe, m avec les gaz artificiels émanés
desproduils de l'industrie, ni avec les nûaiimes des milliers
maux aspirent 4, 8 et même dix fois plus que Thomme; tels sont les
chevaux , les bœufs, les chameaux, le lion, Télé^bant, la baleine, etc.
NATURE DE LflOMMl COMPAR££.
363
de marais putrides, et nous resterons encore bien au-dessous
de la réalité si nous admettons que, pour neutraliser les mias-
mes de ces diverses émanations, la terre doit recevoir au moins
autant d'air frais que les trois règnes ensemble; donc, ajou-
tons encore 7,680,000 milliards de kilogrammes qui feront
leur échaiige imâiédiat conti^ la putréfaetton tocaie de la
surface du gh>be, et dans ce oan, il résaMera paar nous, que
Tair corrompu que la terre rend journellement à l'atmosphère
est de 15,360,000 milliards de kilogrammes.
On conçoit que, si cette <}uantité de miasmes restait une
heure seulement stationnaire sur la première couche, en con-
taet avec la terre, le genre humain périrait immédiatement
empoisonné.
597. — Maïs le Créateur n'a pas pennis que la matière res-
tât stationnaire une seule minute. Tout doit marcher sans in-
terruption; et, éans cette ararche même, il s^opète un grand
travail au profit de tons les éires , de manière que knit est si
bien ecmibiné, si bien calculé, que les masses des émanations,
qui seraient mortelles à l'humanité si elles restaient station-
naires, deviennent une source de vie, de santé et de puissance
par Teffet de leur propre mouvement. Ce mouvement invisible,
comme la matière elle-même, est l'origine de la force la plus
pttîssaate de l'univers.
Noos allons, dans les chapitres suivants, exfriiquer Tofiga-
nisation et les effets de ces matières, et, dans un chapitre
particulier, nous les traiterons dans leur spécialité, en pre-
nant pour base leur formation et pour ouvrier de cette forma-
tion l'homme même, ce qui nous donnera l'occasion de faire
le compte courant de l'homme directement avec la terre et
avec les astres.
364 SIXIÈME ÉPOQUE.
CHAPITRE XXXIII.
Prlneipe de la Loi de la Petsaoteor ou du
MojBvement perpétael dans la Naiare.
Sommaire. •— Problème laissé à résoudre par Newton, 508. — Ren-
contre des molécules, source de la motion, 599. — Cause première du
mouvement perpétuel, 600. — Preuve tirée de la circulation du sang
dans rhomme, 601. — Loi de ce mouvement, 602. — Identité de cette
loi pour l'homme et pour les astres, 603. — Principe de cette loi dé-
montré par les fonctions de l'homme, 604. — Pourquoi la motion est
perpétuelle, 605, 606. — Résumé des proportions suivant lesquelles
s'exerce la motion ; point d'appui des corps célestes, 607.
598. — Newton démontre bien que les mouvements des
astres procèdent purement du combat ou du juste balancement
des forces centrales, la force centripète et la force centrifuge,
la gravitation et la motion.
Comment se produisent ces forces? Newton ne le dit pas.
Où est la source, Torigine, le point d*appui de ces forces
pour soutenir la pesanteur? Newton ne le dit pas non plus.
Ce qui est calculé dans Tarticle précédent nous fournit une
clef pour résoudre le problème omis dans les explications de
Newton.
599. — Si nous observons cette masse d'émanations con-
stantes et perpétuelles qui se produisent sans cesse éternelle-
ment, sous forme de vapeurs, soit grossières, soit invisibles ;
si nous considérons que ces vapeurs, en s' élevant de la sur-
face de notre globe, rencontrent immédiatement d'autres va-
peurs qui , s'étant purifiées dans d'autres régions, s'empres-
sent de prendre la place que les premières viennent de quitter,
nous devons admettre que c'est la simple rencontre de ces
PESANTEUR ET MOUVEMENT PERPÉTUEL. 365
deux fluides d'espèce différente (air c(H*rompu et air frais)
qui provoque^le combat, qui est la source de la motion.
Si encore nous considérons qu il s'exécute une opération
identiquement pareille autour des milliers de mi llionsde globes
épars dans Tunivers, noua serons forcés de reconnaître qu'en
raison de la prodigieuse quantité de ces fluides, toujours en
mouvement et toujours convbattanis, ii se forme par leur ren*
contre ce jusie balancement sur leqnel est basée la force de
l'équilibre, et que cette force, en devenant compacte, resserré
les liens sur lesquels s-éiablit le point d'appui dans le Système
de la gvamteiion tmiverselki .
600. — Nous avons déjà dit (n** 189) qu'il ne nous est pas
permis de demander pourquoi le Créateur de l'univers a fait
les mondes et établi ces belles lois, mais qu'il nous donne l'in-
telligence , et dès lors la permission de découvrir œmment
elles opèrent.
Nous sommes disposé à croire que nous avons résolu le
problème du comment, en disant que les forces centripète et
centrifuge, la gravitation et la motion, en un mot, le mouve-
ment PERPÉTUEL et son point d'appui , sont basés sur Texpira*
tion et Taspiration auxquelles sont assujettis les corps com-
posant r univers.
Et comme les corps composant l'univers, c'est-à-dire tous
les astres, toutes les planètes, exercent les mêmes fonctions
que les petits corps qui les peuplent ou les habitent, chaque
petit corps peut donner l'idée, et mieux, la def de l'éclaircis-
sement relatif à la composition du mouvement perpétuel et
aux effets accessoires qui en dérivent.
Pour être bien clair, bien intelligible, nous allons baser
l'explication de notre pensée sur un des êtres de notre globe,
et puisque nous sommes à l'époque du règne de l'homme ,
c'est chez l'homme que nous allons puiser notre preuve.
601. — L'homme, pendant sa vie, a en lui-même le mou-
I
366 SIliiMS ÈPOQVB.
vemmt ferpétueh c'est le baiiement de son cœur et la circQ-
latioQ de so»sans, opérations pour lesqliellesil n'a rien à faire
diraeteiMttt ; il suffit qu'il prenne sa nourrilnre et qa'il laisse
partir le superflu par ses évacuations journalières.
N^re planète , c^est*à<Kiire la terre, ne fait pas davantage
par elle-même ; elle reçoit Tair frais et les rayons du soleil, et
émane le superflu de ses vapeurs. Cette simple combinaison
{qm est en rapport identique avec ce qui se fait dans Thomme)
alimente son feu central, et suffit pour la tenir purifiée et pour
exareer son mouvement perpétuel, comme s'exercent le batte-
ment du cœur et la circulation du sang dans Phomme,
Mais comme Thomme est un grain de sable en comparai-
son de la terre, son mouvement perpétuel cesse avec la petite
durée de sa vie, qui peut être d'un siècle; de même la terre»
qui est aussi un grain de sable en comparaison de tout l'uni-
vers, aura une durée proportionnelle qui sera peut-être de
50,000 siècles, et encore cette longue vie n'est qu'un point
dans l'éternité.
•
6M — Mais quelle est la Foi qui fait exercer, dansrhomme,
le mouvement perpétuel du battement du cœur et de la cir-
culation du sang ?
La voici, cette loi : elle est déterminée par la respiration,
c'est-à-dire l'aspiration de l'air et Texpir-ation de son haleine.
L'homme aspire l'air frais et expire l'air corrompu; de ïà l'en-
trée et la sortie de l'air de son corps; la rencontre de ces deux
airs provoque le combat iinliqué par Newton. C'est ce combat
qui s'opère jour et nuit , continuellement , qui entretient le
battement du cœur et la circulation du sang, en un mot, qui
entretient sa vie, ou mieux, son mouvement perpétuel durant
sa vie.
L'opération est précisément la même pour la terre ; seule-
ment kl terre opérant sur une échelle grandiose, le combat
est plus violeat dans la rencontre des denx airs, ou de ces
PESANTEUR £T MOUVEMENT PERPÉTUEL. 367
deux vapetirs, ou de ces dem gaz, tandis que chez rhoiiime,
où l'opén^ion se produit sur une très^petite échelle, la ren«
contre de Tair qu'il aspire et de Thaleine qu'il expire est
presque insensible, mais l'effet est identiquement le mèmey
puisque cet échange, on ce combat, est la loi qui entretient
ses forces centrales, sa motion, sa force centripète et centri-
Cuge« en un mot, sa vitalité.
603. — Il est donc prouvé, comme Newton Ta indiqué, que
les mouvements des astres procèdent purement du combat ou
du juste balancement des forces.
Or, si nous trouvons que le mouvement et le juste balan-
cement des forces, c'est-à-dire le battement du cœur et la
circulation du sang, sont pour Thomme ce quest pour les
astres le mouvement des planètes sur leur axe, il est évi-
dent que, pour l'homme comme pour les astres, le même prin-
cipe, la même loi, agit d'une manière parfaitement iden-
tique.
604. — Maintenant il importe de savoir d'où dérive cette
loi dans la nature. Comme c'est une combinaison forcée, irré-
sistible, une fatale nécessité et une conséquence tout A la
fois, nous allons l'expliquer en prenant pour base loajours
l'homme, qui est le plus k notre portée pour éclaircir notre
pensée.
L'homme est forcé de respirer ; quand il dort ou quand il
veille, quand il marche ou quand il reste tranquille, jour
et nuit, toujours il respire. Or, nous avons vu (n* 594) qu'il
aspire dans les 24 heures 24 kilogrammes d* air frais, les*
quels s'échangent contre 24 kilogrammes d'air corrompu qui
sort de son corps ; ce qui fait en lui et pour lui seul, un mou-
vement d'action de 48 kilogrammes de vapeurs par jour.
L'homme ne peut pas éviter ce travail, qui se fait en lui--
même sans qu'il s'en aperçoive^ bien que ce soit ce travail
^t le maintient mvêmt.
de sa quantité, à être pressée et à voltiger pçrpél;iiiSH||Mrt}
àm m^Rof\^w^}mvM^% ^'iirtj]^b«iidié«sii^^H«nt
ils doivent finir par arrii^raâlSipiâlIpiBlAJbiteKllIIPliitii^i^d
à s'unir. ,,,..,. ^ „•«
Oc» cûmnae la tôiantQ des atomes se trouve souoiise a TrînkN
.Umi/Hinr, aaïï oo ^ojfincla =^lii) gcno') Rftb imoa apasayroi
AuTsion de la . terre, nous allons en retrouver le nombre dans
sm.iiiniB . HOiJfliloJp.noo siipcin) »d iioloa ol 819/ sâSMUeUîm
.ènnoilnsm é'Çeb aaovs'l anon
9leOBoilafiilé8'|Lt4lliail<dié^)^pSM^1Bd«plH:)^A« ^ëffifflf %e
litn^H êfi^-Ùti^AHo^tdat^if» ï^l-l^i^u^éftfllfa&lif^^fbi^
iiÉiktm mmiv^mk ik^sM^fë<2i9betâ>eâ|^eisU tfiMi^rP'
(N^(^aiA4il6P d' (^' ^^ ■ àligasoèn slfiiel anu J89 8§aBi{9
3^pÀ^»<¥««^i^éKblfh^Hifa(bllth«ai§&i^v4^
quantité de 15,360,000 raUliards de kilos d'M?^fl^i>^P='
PRpftoHriM^fiqafiftp,<»A(fonri ^(nfi^ftlifsq^diiiiiiSuffecaiitt
gMxiUtftteMbTi^O^OibmMiMrtlitifle JMkenndn* fa^}0lmiq86'i
Cette masse de molécules est forcée d'opérer en se reuguK
v§|ft8trio«r«9UM«^l)«Nt(Hrt 4«((9dMnA|i«m «étqigBntiÉBe
àiëb(!fm%ia^»iMhmiûofht»m 4»SBdéint8aiÈMrHeiiaq lala
é0|td qiiioAbéj9ià;^ptoiiêbliâmi A»l»>esil#ii!teéBiafltoflM'l
(1^9 lft9^«Hl^»9lc^i«1ftihefiotoiMlP0lqé(i fliépbœanlMiië'ttUiM'l
SS
PESANTEUR ET MOUVEMENT PERPÉTUEL. 369
atômes qui, en ligne directe, verticale ou oblique» se trouvent
sur leur pasvsage, lesquels, à leur tour, forcent le déplace-
mrat des atftmes plus voisins, et ceux-ci celui des plus loin-
tains, et ainsi en avant jusqu'aux régions les plus reculées,
marchant de couche en couche à travers 1* espace de toutes
les régions célestes, qui, par ces passages des atomes de bas
en haut et de haut en bas, sont continuellement agitées et
travaillées.
Or, par la raison qu il y a des milliers de millions de pla-
nètes égaies à la nôtre, ou plus grandes que notre globe, et que
chacune fonctionnant de la même manière émet, en propor-
tion de sa grandeur, ses émanations superflues , pour une
partie desquelles elle reçoit en échange des atomes purifiés,
la motion est forcément perpétuelle.
606. — Dans ce mouvement irrésistible , les molécules,
forcées de sortir des corps (des planètes ou des individus),
sont attirées vers le soleil de chaque constellation, ainsi que
nous Tavons déjà mentionné.
Comme ces molécules grossières subissent l'attraction de
l'astre solaire, de même les molécules purifiées, fines, subis-
sent l'attraction de la terre ; celles-ci sont attirées dans le
corps de la planète et des hommes, des animaux ou des
plantes, comme les premières sont attirées vers le soleil ; ré-
change est une fatale nécessité : de là, te combat, le juste
balancement, la force de pression et la loi de gravitation des
corps en général.
607. — Sur une petite échelle, l'homme, par l'expiration et
l'aspiration, a le battement du cœur et la circulation du
sang.
Sur une plus grande échelle, la terre éprouve le même
effet par ses émanations et ses attractions. Pour l'un et pour
Tautre la cause et les effets sont identiques ; la cause , c'est
Tair, et les effets sont la reproduction de l'air ; le moyen est
24
le combat oa It nécessité it rechange; cette nécessité s'étend
sur lotis les êtres du firmament.
Les mille millions (Ka^e^ et de j^ sont assujettis,
par lenrs émanations et leurs attracuons, à reposer sur cette
organisation matérielle des molécules toujours en mouvement:
la qîSM fn'fiîlîe^Se^îSnîlSHa îfrtArfl?W%?5>«i1SB^ÏI pe-
sçinteur: Vùcétm compacte dé cette meUière offte Fanmi m"
-'^tfllîarddiiè iNtï!«Iiffettt>l m"mifëêéfi, tm'tè^nmi^iim-
m fiii€ej',%p$^ forc^<)rét«l1(» W^m 0KF«f^«!CH)ttiiitftison
.S£d ,l£d «aah£M3 &[ ab ioJ
îjb 80ÎJ1O8 «noiÎJBnemo'b èliînBiip «I iio768iuo4 — .808
li /j§nnrioo ae on:}9i n li «p -lifi'b èiiJafiup al Js iBfliinc en§ài
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-Oni 89b 9yii9iq lUOq 9i891 119 8U0n li •8JlB 8£fl i9 89009198 89l
9:ipii8ii îB jjûog iuf j9 iiovB8 bflBig nw Jn9j8f^llB inp sinomun
.9qqol979b é[')l)
l>ii9Jè'ô à)i88SD6n oii9o ;9gnjsi{oà'l sb Miéi^oàn si no i^iUaco r»i
.Insnifiinift ub eoilê 39i auoJ iîj?
9)J93 •IJJ8 'i98oq9i é ,gnou9mJJfi aifj^r J9 «ribiJenBOTÔ 8iu9l im\
: Ja9£a97uom tt3?:iuo[uol a9lua9lom ^^b elloiièjcni aoUB^'nw^io
. jSomvàire. — Impossibilité de calculer le nombre Œho'mifies adteneurftà^
,quos reconnues comme exactes, 612.-^ Total des hommes fovniô jus-
respàçe Jiumaine , ol7. — • Restitution et tribiU; de riiomme en faveur,
Loi de la création > 621, 622.
808. — Pour savoir la quantité (Tëmanations sorties du
règne animal et la quantité d'air qu'ail a reçue en échange, il
n'y a que l'homme encore qu1~puisse nous le dire. Cependant,
demander le nombre d* hommes qui ont paru sur la terre à la
cimiuième époque, ou avaat Adam^ ce serait nous forcer à
faire en réponse une hypothèse trop vague; nous ne l'entre-
prendrions pas, faute d'éléments pour un calcul de chiffres.
Il serait également impassible de dresser une statistique du
nombse d'hommes qui ont existé depuis Adam jusqu'au cata-
clysme du déluge uiiiverselv
A regard de ces temps éloignés, nous devons nous conten-
ter d'apprendre^ par ThistcHre et par la composition géologique
delà terre, que notre globe a été, dès la plus haute antiquité,
peuplé par la race humaine, qui était déjà très-avancée dans
les sciences et les arts; il nous en reste pour preuve des mo-
Qwnenlft qiû attestenl^ un grand savoir et un goût artistique
déjà développé.
SlllEME EPOQtJË.
exactrtude^ approxim,aav«^^e^ |p^«|
aura une base assez solide.
£i
9' j Minol kéwAI ,.:\l J,ne7B ?,9e,^ hb'I .kniA,— ,019
,3,043 avant J.-Ç.
Sem, son nls, pren
âge de 100 .ans:, il eneenqra,, deux, ans. anr^, atdI
le teite hébreu orAna.r^ a 1|^ ve{;s^Q^Ja^^.^^,^Çg.p^^
,. mort, en
(lethis et celui de^JÏeinph.s ^1). ,,.«,,„«! eab.^on.o-.è'piL bI
ti'ieme patriarche, et deja s élevait la vuie ou la {PW,mb%-
l)el, qui a marqué l'époque de la Confusion des îanffûSRS.JGe-
jl^jitgpqyîfjqyp i9idbiano9 eh si»u[ onofa Jifiiae II — .1 18
il'Ùfe ïiwïù#të^Kfeè#e%ife«i'Pfq»âl'?P,>W8'%V§!k'f 3^3 ïfe
"^Rfudë^^ir^V^'A^'Mëaigié «Hyt»é!MélS>âir«;<M9b^%J^
affirme que Noé avant sa mort a^(<^8iq#QJéfANMii^<^Wfli-
•g9^{#fi# l^[>ffl»i^ (i/@ iiH^i^ ^[jfieBMlaga que .fftfils
•■!!f»Dui(p ô(t<}/(5 hiîioirioJ Jno 9ahqoiJa9 Jno'I iup zufto ;9}3fixs
(/«rne, par Lenglet Dufresnoy. Paris, 1823, 1. 1, page 64.
COMPTE GOURANT D£ J^'hOMME. 373
affaiblisseroeat
et petits-fils avaient fait de la terre, et tnéine raffaiblissen)
,')hiR« s;)cf:i3 OPc.'i ')tni (. • ••
610. —
blisse 4e$ ro
H^ ^
Ainsi, vçrs la fin du, oremier siècle,, après le çatS^élfsme ,
^ Ce. siècle, suivant, (es nations efâ^èni deja en çomiàunica.-
la aiffémnce.des langages.^ •( ^' «'rflf^K^^Iî '">«' J^«"^^^"
-*}T^9tt ipoj fil 00 61117 b! JlBV9l9 8 Btel) J9 31131611 Ji5q SfnOf II
-9<t)) .«OTijîiftJ asb «okM^HoO bI oL tupoqà'l àupinm g îup JîmJ
61 !.. — Il sérail donc juste de considérer qv^ls^MPpli^p
les 8U8ceplibili(ép„3iHr cfeHPjptgjftWj^^gi^ijfllfog^i^ çftRp
Jilé^ft4adi«»lf«8»«bJ'eHP»«nJ9«Sf^fite?Befc(Wiff dwiffllSiîW
->q9ânfel^ifi|}{Myb>ii^iVVi^6 Jiom £8 inBVfi èo(^ dup âmnrti.i
8li)^, aup B8^j|«Qsfl^ff& g^âMIt IKi> ffidâlMiy^ ^liii«Bti^tiflé
exacte; ceux qui l'ont entreprise ont toujours avoué que celle
W !H)Wgttr'ëtâll*'î«pMîfle»^~ilîfesl8P*»îhttgfe î^^iîtr'iU'ne
fHre, 8ur twle U surface di ^ob«9dilniMHior^4thiili^^mi'J
divisés de Jaj?g.^^|g(jyr%5lift{oo no ,feiiriO-8H8àl i boVl 90
En Eu^pj. V . ■ . M^iimtÊiimasé siioVl
.a*^'Se8e • . • . • .16^
Afrique. ... ICO
-.'.:<7 j' v snoi^BA^ÉtèSqèé^.') upeiei b f^dgaiiob sidnioa 99
••. ■: io;)'. jo sisloôr? 82 ~,Hoq Js .sIo^w-rmfTjJnçJidBiI'fa sbiBÏI
ïL if.i:ifai iSS .... ?<•<>.» "?'"'.o«^ .jusm^l
Ce cbifiVe est bien aa-dMHi(«i>de^ft|ofëM«^qui! n9 .sisM
noiJeluqoq bI ,èo>î aéiqB asloéia aisim
Vwci une plus récente,9{9|iiji^DJ||i^Xmw%W%y-i$^fl(f^m
géographe et professeur ^JtâaWïfifsilélAïsftegyçbiejiiijn s jjo^
JeI^utop*-. ; •. •. - 272 MÎIffWiyj'î'^f» 81100
^liiBillim ^IKëie. . . . , .7810 .sjaai li
■. -*on vMnd aiioInB amurebupsël ius ftstamdï ab J9 eararaori'l»
AœtranT! .' ; 2 •^**ï"'*>'
-liam aal gàiqfi'I) .anal cl 9b 9lcloJ yMbymia .bJ — .i.19
: 90000 ,89ilG0 891091
-'T^i^^^iMi^iiâdAsS^ H. Dîeteriei port«9(fa7p^|uaa) de
)a Chine à 4004â()lfiÂilBtttandisqnftle.demieti3è(fensement,
dressé par i'ordi^âe9tâiil|^ear de la Cbins^ilKkUi, la porte
à 425 million8.000^02M .... 9opiiàaiA'l
Si l'on pouva^^l^oos les Pe«ê8|f8jf8«J^te^.^ iCfe
tërieur de rAniéfl9i»j^^^n,|rouverait^%^ggjj^^l^j Ijgs^g,
plus de 150 mitiienb d^twbitante.
Enfin, notre âVi^^^tjt^ la p(»putatfl$b><ikt«lè^|tdMi)l«i<'-
toû^ dJe>>ag^^r>.n«ir, «mwiip^ntLÂ(4if^£ msmsÂiMmi
De Noé à Jésus-Christ, on coi^mi#lflk«' «'' «^'^'''
Notre ^»i«MliMi»tM9nd , ii^l9ua n^
<Mal. • . ■ . • SStô'^hs.
081 ... .auphiA
Ce QoiBtM>e daane(|%,t à raison de^4pg^/^tioQ« ou 4 mil-
liards d'habitginjta par aifecke, et pour 5$ siècles et demi seu-
lemexit. '?"^/''^l" «^«î . . • . 234 milU^rds
Mais, en suppo»m^'*i8b4ifcl8Mr-uB noid tas ôiTiirio el)
miers siècle après Noé, la population
nous déduir^ji^ g^g . . . . .-agoTai^
Il reste. O^V. \ » « « .9iM4 milliards
d'homines et de femmes sur lésquW niryis allons b9s^ niiire
compte. ^ 1*1
6U. — La.sui)ecflde totale de la terre, d* après les meil-
leures caries, donne :
,ifl9ffl98fl9KABit9im9b*sIiôop8ibn6lJ,âWllilftP00i éônidD bI
9Jioq bI ^rifiaffidpi^nidO gJ oh laeiscJtjWMftftbio'l isq àassib
l'Amériiue . • . . l,820,000,8floillim S£i b
.alflBJidori'b onofUiin Oôl ob 8ulq
S«tf%»>lfMil*4Bjtfqfefil6hiqoq si SS^'^MrM etion ^nftaa
^«i^ldftdHi^aiiHi âl^Qavé^mnmmSk .-lêêÊimdiëfk^fig^^
Ycrsité, ce qui porterait le«iitUBttk&rto4léàrM%ilildIii9d «noistqcnod
XJfe .3UtfOH'tlXltHt/ii»a<jî)KdTIUaj
^sleldsiïHlqnMiàHiJIdttrMMirnlsaMâliqAiKhiiitiiBtM^-
^ dépMl'Iel(létu|mjit9tp^èëâo9ii»iirB)rffliqn^BioitlM^ÙMfr
''ft«in«iÀ «nW^. ë(t)iilJi<tfâiM|AMfllllea^l«li4nKl«ta««i-
!>'lii«)rii'll'â|kiiiii<^U<%ilHttlliM><>llii«aW«g*<4l«l%4WliAie
de la terre: ce qui équivaut à une couclie de cette-^pMlSSir
'«Ci«m»W!, 'ié ï;pieSS)^«MA'liM((»eft ftUBrtsos» jArait
■'èërfHIrfe^ ,lniiyii/a alyiJiii'I êncl) laupilq/a'l gnolle aiion 9iip
qu'il a léguë son cadavre à la terre; mais itMf>W^iAlt1ësMt:n
"'p\tti a^WiiCaviltlAltrïllM 4[>«Wi»«IIHiSWfm«f<)>«»'Mtrëe
"lit"»! iflMeWI im««WI4làta^reJlaMtai«seiin«s>l»i4
3Up 9b-iB^ 9n 9119 ; amulov (roa SDq 9jn9lïl§lj6n ,âi]îtinn0391
-31 Mibrrm ïlli^nilOSIifl)! (i»fl»fe»W «l)ll| #«bSl««M^«p"
-epla»l«IV)J)«9J«„JHIBi|(»,phi((mj((^j|JW,S|)l l«W«,i|)|ylti4>>8FMW
H«ft4«iiul9[«iM>)è»i«'ia»We>ii!)<il)jiH'ji|)IJ«Ml.w«iMf'j'iNf''
uNtei'jiqnulft HOOH iiiol) aaiiiioclegav Ja aautlioquM aaluaàl
En état "de maladie, il Jtg)i#l/#)9tl«efl|dW«^ljlljlillli°"
-np^emdtuMillIjoiailit^jqjWiyitf i|H«< jMSMiMioyiaadO
C0HPTE30()OllnXMftR[t'H0UHE. ^1
-aB^ti!f9a)inoilse*pfËIÉelBaleaiMie(]fl>tidMlitonpl«lï«toste,
concession possible, nous restei^aMflttBS'ito tiiistie^wïjtmdle
e par léle, et
i6 ïïïï mnnard
I 8fi IJO ,--3iJ
avec l'aiSS'iiê'felWJef H'BsPVHil', «î(ISlftiWsfe«M(A9|^
-B|»»ltooiieHii«(«l6iAtei»r«liMWiSBfiSÎI(!WIÏS%!0aL(jV^ et
-r«»Mlll*iMHH,*)lifli8l)\(»it*^ jBfHlii^fS ,«tW!n* /iti^iil!f#!'
sAihii'» «li*ii6#*rflft(i(|t«(Jji»|,ji*i{o«jjjiap;i)|i jifslSie
liâeîlW^-!)Jly3 s!) gdDiios 9nij fi Jimviupô iup 9a :9ri9J jil 9b
que nous allons l'expliquer dans l'article suivant, es^j^iUi-
-iÀ»l#ai)«ilM|i|W«i«WiP«f|p8iteli|ifel>B(W%iWittW''"'
nènl(>i«eerfli)«eiH)glM«l»li«t teneaifTOrfHlf H«M issMl''
naklsaiinMrilMDIJi 8i„m ;9,Mj jl i 9Tieb»o nœ àugàl 0 li'np
■ pio(iie««Me»«tf Moi)sii4«)i«>ttii> miàmi sm sm» «'n°^
reconnattre, n'augmente pas son volume ; elle ne garde que
n^e^WaiJltlIiiiilfe pRi9«M^a%<j ISbtPMnfdrlIÏ nradOé! re-
sqSWIilÇiy ¥l(|iiW§«i MitiSMt>M'l'>'/'4<4$'«)'^>'^>«i'l«<'<><|s-
!»lMt'ï4M>iS!^''^n"ctil'lUi>i«>WWrl)Wl)ti|H>llisiutifl» HD-
lécules superflues et vagabondes dont nous tfd0tt|)it(9Adu
"^febMJffëW'flébfit-'ffit^tiêf'Atift^^t. li .aibslsm 9b' titlh nH
ObservoiM'HWi a(lii^ya«IU>ill«:'<Wlllcgilii«ntl»npon-
d«Me< e^èib^in «nrùii^oHMillIttiiftW'iqttiCàrteiaM^Sèo
eBuleatoqpQt:ftbepM:4)«4^ tanéb dë-Méuif à» 1^ i jwjmIi éattm n
a»fiiHlfMmt^i0leiieeiipi'<UftBâiB9M#i 6àm»mBÈti^ifi>m 7
619. - VoiciH«Ml^^^t^l4JoMlgBi#^<fêfm'Mrf '
'%'fftW5fii no'up J«9'a Jisq é *nq smaiod'l «ïbM — .0S8
Dans l'état robnste, il robrnitde trois qiiaTts.^<jn JÂtePWIHt»
liquide pajE,#dHQ#» mTî^mi^imsfàfils^,i^m hmmÊa
ressort que, pendant qu'il est au niondflUJ){fmilifyi|tlt^st$im«\
fois en urine! «jfjnfiiû -^ulq noM àjiJfiBnp an» ,sio'ja*>
220,325,000,000;^»ïftf fÀ^Sii'^ilfê.^^^'S'^'*! «^'«l *'^
-.•Jitn>;rjp b1 loiJnoinàf) ob liiefii-jlDoa è)è JnfifB Jnd silo/
c'est-à-dire dej^pJfe^^Jt^ilBfla'^'.WîjftW/iï JcJa I aaeb (ud
iDonlagiies de la grandear de rBysmlaya.
H aura donné, en outre:
''i'.i^iLfë fil 3ijp 'iij'bn9J> >fjîj ^ii/i J49* îè^ 'i»'>fi0ii3hbili5 lara 6.1 U/
peùie de 75 kilognunme»..,,;,^^^,,,.^.^,, „^ ^„.„| „,„.„.,-, ^sb imlB-, ^tIoh
COMPTE C»!Il9lÙHWaBil«/«0HlliE. 993^
6t20> — Mais l'homine pris à part n'est qu'un iâdi'VMtP'
nSint^'^fi^i 4Aêâte'^a^ifiS(np^ta&>¥k<^<i^ifl«iÉ«, ••Jmnm
sfi l\Ât^^«R^18dlii^fiâ^<<IU'l0i>h^i]fiâ «OidO^'f^Ànë^ltiff^^
déjà énorme du comp(%inépu'ife<^èèJén(e^^é^<EâJîSi«^
f&m^ifii-ê^'^t^^aRbaom ub Jao Hop Incbnoq ,onp J lo^ioi
encore, une quantité bien plus j;rande. îsaitu ii.-» isioi
présente un cj4gfiy)|;fi?c|Sfi,iflgJ}^}jb|^(^ jloj^gef^i^jipe
ce poids prodigieux ^iJi^n^ryi^^j^ W6?f>00,000,e£S,0£i;
Notre but ayant été seulement de démontrer la quantité
bué dans l'état vlvWia(aeeS'*lflié*#aitl^lènrti!iHyI> 3«ifa-B-J«9'j
•CYcIem'jirf obiuobfiBig el 9b aangeldom
:0'iJi)0 119 ,'jnnob biub 11
(1) \s. mer Méditerranée est sept fois ptuo étendue que la surface
de la France -, elle reçoit l'eau de •'«'o^^^fgVl^'^M^p^^.f^HK*
des 9 fleuves qui vont s'y perdre. Halley a'caiçulé qu iis'evaMre de
cétife'ffièr'yifflvto^ù9'^i*?ié's;^8rf%iHite<ftl'fôftrMiJi^'diâîi?ASsi
notre calcul des évaporations est très-modéré-;»""""''»'''' '' ^^ **'' ''"""
380 SIXliUE ÉPOQUE.
I?c .3MM0H J aa Ti^/nuoD aTiMoa
Od se demande donc où sont allées toutes ces matières tque
Sita^-'KffiS^fîtaftiP'^ 89ïoqmoa Jnoa 9a 9n93T)/wiu Fdiflna
,,.,... . j .anotbnol zaïaoïg. aïooi
La dissolution des corps exige du temps pour Douvoir^t e-
^<^iëPi ''kmÂMt^i mit
8eMV&<liln^Mi^rîlW'fif%rît':' . ,
i*8iâiaévyfl§teë*à^ïimfuiiiiiiî(fr
iBYin
wornins^e transiorme au prompius spécial au legne vegeiai;
••''ll^^attm.^f^^WM'eîgffl âfetfil^^^^^^^
^rê'^^gîoÉ mm f mgc»
les corps quf i^ffi^vèmlilfefélfl aîin§ son ini^ieur, et cela pour le
besoin de sa formation, afin d'endurcir la planète et de former
ces mille qualités de minéraux que nous avons signalées en
détaillant le travail intérieur dt^^ jours passés.
822. — Nous Tavons suivi, ce travail, nous l'avons suivi
pas à pas depuis le premier jour du grand assemblage des
molécules, indiqué au commencement de cet ouvrage; mais
tout en suivant avec admiration le progrès de la consolida-
tion du globe, nous n'avions pas peut-être aperçu la source
certaine des molécules, ni les nécessités de leur emploi; il
fallait traverser les siècles peu à peu, un Jour après l'autre ,
jusqu'au terme de la création, pour vérifier les détails des
formations et la source de la matière. Il fallait arriver jus-
qu'au règne animal , puis à celui de l'homme, afin qu'il nous
expliquât par son intelligence comment les anneaux de la
COMPTE COURANT DE L HOMME. 3SI
aunAtis'isilem a;i3 aaluoJ r^sbUv. Inoa l'jo onol sbriBoiab sa nO
tMin<r universelle se sonl composés Pae|^ftfèçyi(:|||Bl^j,46
93rz9 80105 aali noiJirloe>:ib i!.l
im-JT'Wi Sfflififïl sn llo'l J»
mêmfeT exemple ïo leur pla"*,tf«i}iÇiAj|Jsj„Vfcffl>||
quilïté intérieure, a se panfier en émanations en rai^j|ç^
■laiinol !)!> ]9 9l^fi£lq ci imiibivj'b iiilc ^noilismiol bk ob iiiowd
iiu aaàleiiyis amwc auon 9i/p ziiBi^iiiin ab «ylilEiip silim «93
.a6-a6f| aiHoi aitb ■mahàJni licvfiHal îneMinJàb
iviiia sno/o'I p.hoh ,lif;7Git 93 .Î7iiia ano'/s'l euoW — ■ .SC3
83b ageidmaasB biieiy ub moi la'tns'K] 9l aîii(|'Jb acq é ?.6q
aifitn ;9giiTïiio J99 9b JHsraoonaiiimoa iiB iiiprbni ,a9lu3àlorn
-Bbiloanoo cl 9b aâiyoïq 9I iiorjGiimbe 397G JiiBïhia ns iuoJ
aoiiioa cl ooiaqB ailâ-fuaq an<] aiioivB'n buoit ,9dol3 ub noit
li ;io[qm9 mal 9fa aàJiaaaaàn asl in .agluaàlom f.3b anieJisa
, silnfi'I a^iqB moi "" .tioq'^ «aq ealsoîa sàl ie8i97BiJ jIbIIbI
esb alicilàb a9l i9Îlii97 luoq .noileèiD b\ ab sraieJ iiR'ijpent
-aui igvniB jibIIbI II .aiéilcm bI ftb aoiuoa r.I Ja snoilcmioï
800« lî'ijp nîîn ,9inmof!'f 9b iiibs é aiuq ^ iBcnins ariyâi iic'up
si »h itijii9(nic ayl Insnimco oaagaillaJni iioa luq Jêupilqx»
lijo <iiii ^eJ ,^.o§/:)5ncl aob ûnighoM iij« ftodoisrios'i eeb siiel
des I4»ii«aes , des Idiémes e|^f^jf|IS7#TIIt^{6
inn ;\\^\mV\(i ?)V>i\o\f. ^i ylulîlni oafiivoo lod iio^ 19 ,nif^93 8b
SiOHHAiRE. -7- Pjremiers besoins deA'enTaiit^623..--r-()Blnion (ie9_^¥.vit&-
OK^iiiîl ano'jip tij87i5 v'n li'up main'faoo fea II .(I) « siiw* »
tes q^ue l'instinct de manger, et cet instinct lui fait chercher
iHi^tdt^â'lâanim a^ëlsâ Wè^>'^ottiflgW9g[^fèn'gle<S^ il
mtfWnfWë^ifilsfft'? ^l(flê^éfil-éî^nttâ^Sâ'VâiftV^Î(^
M^m ^ ^flâl^'hP1^e{flt«flé^,^%dt^Hl^lé?!FI{ i»m
infiniment petit qui l'a créé ; elles existedV^'^^qfe^f^
hlf>R«-|Mqi<»tt)âllu}«Wfist^Midafl«^9iiVp. ^mo no msoA ,iia nu
m(&S^ a)e8|)^JUitalo«Mnxidoi\t8lq)^âDâbcfi9ad|ifi)d}»ta^iBa
cette semence le principe des couleurs, du parfum, en un mot,
de la formation complète de laMlQ^ ,i i ,\,umr^^ »b«oU (Ji
8Î4. — Un grand nombre dô savants ont passé leur vie à
faire des recherches sur Torigine des langages. Les uns ont
pris des racines desi9J|g»p,mûdeçpA& pp^ les attribuer aux
langues nK>rtes; d'autres ouf vouiu que le chaldéen, ou Fin-
Nous remarquons, entre tous, un savant infatig^H^ourt
de Gebelin, et s(m bel ouvrage intitulé k Monde primitifs qui
es(|il9AkUcmifit4iiGimb^ iangoe^iSten-âffet^.
kt^tlrn^ ^arto"^ ¥oA^i^wt^mMèsiëti9ip\i'^^ <)éf&Hs très*
« guei déposent hautetamt ^^ elles descendent toutes aune
« seule » (1). Il est convaincu qu'il n'y avait qu'une langue
pHin¥a>v>^d^É^l)é''Hd{|âiHeâV'ldHay m\iÛnh TXdmhe
'>^lift?diPfl8W»J¥»fh9J8ix9 89ll9 ; 9èio fi"I iup liteq Jnsminûni
-d|ttL}a«^ i!ÏWfiinl3^rMlt,i{H»'f«)iïif«f«llf)!iO^(^dftQ Mif
un cri, hùua ou otia, .qiâiii8l^#lnSffi»Ql8aiHBlicNâql«t^i^«IAi
flb Atii03>â( eflnàdfimdi(9^&cal{aiiMt(»i^« «ér èHFPpK)>*te«P^
,1om nu ns .mulieq ub ,81ij9[hoo 89b oqianiiq 9I oonsrag? 9JJ90
(1) Monde primMf, l. 1, p^îf^PSlÇl 9l> '•Jâlqmo-J noitaffliot fil 9l»
384 , SIXIÈME É1P0QI}£<
sentiment de douleur qu'éprouve renfant ou du besoin de
manger.
627. — Supposons que le père et la mère ne sachent pas
parler, et qu'il n'y ait aucun habitant autour d^eux, Tenfânt
ne pourra certainement pas apprendre à parler; mais ils con-
tinueront de se regarder mutuellement ; il s'ensuivra bientôt
un langage, d'abord des yeux entre la mère et l'enfant, et
ensuite de signes.
Lorsque Tenfant, grandissant, montrera avec le doigt un
arbre, il émettra un son de voix, il articulera un mot qui si-
gnifiera l'objet montré. Ainsi l'arbre sera nommé pour tou-
jours avec le mot qui aura été prononcé; l'enfant fera de
même pour désigner un animal et tout autre objet qu'il verra
autour de lui.
628. — C'est ainsi que les membres de cette famille primi-
tive se formeront un langage suffisant pour s'entendre entre
eux, et les enfants qui naîtront successivement dans cette fa-
mille, trouvant déjà un certain nombre d'expressions acquises,
en ajouteront d'autres à leur tour, à mesure que le besoin leur
en fournira l'occasion. Il en résultera qu'après deux ou trois
générations, cette famille, déjà nombreuse, aura son langage
particulier ; de là le premier progrès de TinteHigence.
629. — Admettons que cette famille soit née en Asie; mais
il s'en trouvera mille autres qui seront nées en même temps
en Amérique t en Afrique, en Europe et sur des iies qodl^
conques.
Toutes étant donc dans des circonstances identiques, cha-
cune forme son langage spécial ; car, pour chacune, ce lan-
gage est une nécessité que lui fait comprendre le simple /lot/a
ou ouà, qu'a prononcé l'enfant en naissant. Ce cri a suffi à
l'homme pour savoir que sa langue est déliée el destinée à
son service. Il en use donc et crée ses expressions ; le temps
et la pensée se chargeront de les perfectionner.
ORIGINE DES LANGUES. 385
630. — Lorsque la multiplication des hommes eut engage
les familles à voyager pour s'étendre sur celte belle terre qui
les entourait, certains membres de ces familles, en arrivant
à dix ou vingt lieues de distance des limites qu'ils n'avaient
jamais franchies auparavant, auront été très-étonnés de voir
pour la première fois des hommes semblables à eux-mêmes ,
vivant dans des conditions pareilles, s exprimant dans une
langue issue de leur instinct et améliorée par Tintelligence.
Naturellement, la première chose qu'on aura faite en se
rencontrant aura été de s'adresser la parole; mais sans doute
on ne se sera compris ni d'un côté ni.de Tautre.
631. — Cependant on se rapproche; l'un désigne du doigt
l'objet qu'il nomme, l'autre le comprend et indique à son
tour le nom qu'il avait donné à ce même objet (1) ; et ces
familles voisines, finissant par adopter l'un ou l'autre nom,
forment des séries de mots exprimant les objets les plus né-
cessaires à la vie. De là le langage parlé par un grand nombre
de familles, qui s'uniront pour composer une nation.
Voilà certainement de quelle manière se sont formés des
milliers de langages et de dialectes tout autour du globe; et
chez les nations dans le sein desquelles il est né des hommes
d'une plus grande intelligence , la langue a été plus enri-
chie, plus améliorée par leurs soins.
Il s'est trouvé bien souvent que le même objet a été, par
hasard, désigné par la même expression chez plusieurs peu-
ples, mais prononcée différemment.
532. — La prononciation a été dans tous les temps et elle
est encore aujourd'hui bien plus variée que l'expression ou
le mot même : on peut s'entendre par sentiment, on peut se
comprendre par le fait, mais on ne peut pas s'expliquer;
(1) C'est ainsi que nous avons nous-môrae expérimenté avec les
sauvages^ en Amérique.
386 StXlÈMB ÉPOQUE*
Taiiglais, ralieinuml^ le hollaiidais» oât des mots qupa écrit
prestque identtqnenieatv «lais qu'on pit)n»ne(fi4'uH6.inanfière
tout à fait dUTéiônte daaB ruB^ ctraiitte Isaigii&^^lbiei^fikis,
il y a de nosjQurs;, dans le même pays,, chez. , les mêqtief na-
tioos, des hommes parlant la même Jangiie, qu|.fl|e,§J} çp^
prennent pas ; cela viept de raccent avec le^qiiel on prpnonce
Je même mot» et cet accent e^l très-différent ^dansr la J:j|9}^çhe
d'an homme né dans le midi, ou dans celle de rhomç^e^ui
est né dans le nord d'un pays, chez une même natioiu,., ,„
. - -• ^ ■ - ■ . ' -■'■'. -"» V ■; ■: M'iîfT
e^USSB DE LA YAKCfenà ]]fE8. Pp^SK)^Qll|ipSl ;, ;.; | r,r
633. — Àl quoi doil-pn attribuer ïa différence îVfînîèjîes
accents dans la prononciation naturelle d'un niémë înpt ,
sortant du gosier d'an homme ? " - . , '^ -
On doit l'attribuer à cette grandei loi générale de Ta ialure
quimrie ifowf ce qu'elle produit. , " '" ' ':'** ,
Comme il y ^ une différence daii s lès physionomies, dans
led visages de' tiras lèsrindiivida^-de l'i^s^céhumiine,.i£dst-à-
dire d^ms tout te milèiieird deè Êtres 4sotiiposdqt là i pdpalatibn
du globe, puisqu-itii'y apàs^déwx %uf8S,*Bflk^|^^
deux tempéraments identiquement pareil^/ttli^t-l>le& ^itû^el
que fesïoi*ga«es:c)e^te «oïfiv fe^jrjAr^ p^isétitent
4Sgàlemeûi'^dé>1a'>tiiiifëiteifi3eiîi'l é Ic-jaf ih -rihi^q ob oiîoîot
i^emM géh^mlë^n^is^^tdi^fae jpafiFsMbmiPdii
â la f^nipe; elle s«ôkserv3e)dîiTià;tàut)ie tè^nemim^lwtaème
végétal : on ne trouvera jamais, nullit»^itV'dd(fit)èt#6£^Ijiitln^
tiqaik&entsèâihtablqi ^'le0 attires éèiiit%otavërte)d0«^ de
feaiUeSvlimt^ néag^eâ bra^éte^ éh^hièk I
on ne trouvera pas sur un méliAe'^&ièri^^iifJsartiMiJi^jfae
branche; deiiis feuiltps èxatote{Éiènt^(>aiMfti9¥ ; i(^ >f^/«â»à) tou-
jours queUfoe dlfféreïfcë entre diés. ' *^ ? ''-'■ '"^ ,?îr!8
li était donc impd^ble que la pèfTolS êi> Patcmt dismt
uniformes chez les hommes. .'*iif>4
CAUSES DE LA YAHIÉTÉ DES PHTSIONOMIES. 387
Cependant ce que )a nature se refuse à produire, Fart ei
la civilisatïon ont chercfaé à Topérer, et toHà roriginedes
iénguee^ pariées ël écrites tbet toutes les nations,
634. — Quel est le motif qui oblige la nature à faire ces
changements, à vue d'œil, dans tout ce qu'elle produit?
Le niotîf se trouve clairement expliqué par le mouvement
universel et la constante rotation de la terre. Comme les
êtres ou les objets qui naissent, poussent, ou viennent au
monde, paraissent toujours au moins à quelque centième de
minute de distance les uns des autres, cela suffit pour justifier
le fait de leur diversité: n'arrivant pas exactement au même
instant ni dans des gibgonstakges rigoureusement semblables,
des différences intérieures ou extérieures de physionomie,
d'organes, d'accentuation, etc., doivent se produire, puisque
les conditions ont successivement varié.
Ainsi, il y a pour cette diversité, motif de distance^ motif
de pc^ition, motif de climat, et motif de temps.
'"*'■•.'
835. — 'Lemolif de temps suffirait à lui seul pour expliquer
la tartëté de& physioocmiies et de» organes; car dans la même
jâimite, ctekis la m^e sec(»ide, à deux mëtrei» de distance, le
$e»ps est différent.
:. idimi^ pai? e^eûdple^ le Pantbéonu'esl paa loin de TObser-
vatoire de Paris; eh bien! à Finf^ant oè le méridien de TOb-
S!nn^MM3re tnarqiie »idi^ lePantliéw, situé plûa à f est, pré-
fleotê.dbui^;aQcond6s de difiEérence; c'est-à-dire qu'il a déjà
Rfidt el deux secondes.
lie tnéridieo de Versailles, qui n'est que de. 20 kilomètres à
l-0aeâi de Paris, est d^ ôaretard de plus de 50 secondes sur
fc'fcwifi^ 4e «ette dernière fville ,
(((jîrww^b:, pditit de départ du premier méridien an-
glais, est situé à 2' 20" de longitude à l'ouest de Paris;
sratieure est de 9' et 22*' secondes en retard sur celle de
Paris.
388 B'iîtitîtft: '^' tv^^tn'r^
N^w-York, Siliié h 76 degrés de lottgtt^ à<\)tfefettîe Miis,
a 5 heures en retard sur celle de Pâïisv'!» "I'î '" *>b .noije-jia
San-ïVancîëco, en tJàiifcrrriiè, eàtfeirté'à lab'âég^^idWdtfl
gilude ouest de' Pfitrfe, él Ia^iffër6ii^é'>*3ihà''sott*^ttèi#e^i«l
de S'heu^es 2*^ de retard sur- Pârir. ''^' » "-*i J'^» oaimofl J
Lors^tf à 'Pë«s ttoûs"âVOiïs'mMr;'& »sôil' atltîf ddëio^'c^a
dire à 18« diéghé^ de WngUlide/ ètt *[• hMH«ttï^>eîe^ï'lôaTgi«
qui depuk' le détroit de Bebritig, m nèrd'^èft Wï«out^ll^i2èj
lande, au sud; traverse ou cmit^e Tdoôâ«f'Pfid«(ltt^Jl«rtéMé
sur ce point de petites ileâ madrépoH^u6i>pt0^'bû<dft>ûîlSëâ^
bitées..
Il est donc naturel que l'arrivée ^u monde oé deïïx"Tnfrai-
vidus,' ou ioàêmé dé deux feuilles!, ne pur$se/p^^li^^^
des conditions identiques, quoiqu ils nàîsseût'àu iiiemé^ms-
tant. , , .- \
'!'■•-: i"Hi<- *' ' '•» '-' ' il .■ ' ^ •;[ -.1 iiri' L^I '11'^ jnod
.'■'•ut/;':]»: ."'i •'''••!; h:; ^s[» .-if^-^Mlni/n 'Jï^'Mi/i'iq au
1. • ^ 'î J
du mal morAl, 6/1 1. , '
( •
êtres animes , et pour diriger 1 organisation du service fer*
restre, en dominant, comme nous 1 avons aeiamiP remarauer,
par son intelligence, sur le règne hnimai.
Ml^SiOJX. ^£ i.I|QMME:. 389
,^t989. rfr-ij^.ritc^àikmiiie n'e^t pas l'objet .principal de la
création, de même que T homme n*^st p^& aoipi but spécial;
l^W^ûï^%;yDirifli flUfle. formant, établir, le Gjautrôpwli^ de la
r^s§it§flv^«>larfopc^)b«utalpde6.aulre.sapimqu^ . .... ;
L'homme est placé au sommet de .Kiéchelie des corp^ppgai
ûiii^fft/Jojifîy.^niR Ql yconseryer^ne préj^^d^a^ce: n(«urflUfée,
§[îoY|û^id^.jï}od^rftri,rpar wjje jqdiçieij^ disUibuIiioû,, ,1q trqp
m^m\ pojiif .réprimç,r,.pqr lï^idapvédali(Hi,q<,i,'il.§xer«e, .,J'çût^
<»^sfeY]â<lihoBdaiifi€)dtiirj^ûq v^gétAl • ->,:..; mI» f m:.. >
.fÇM.,:— . L'bomme est cosmopolite: tous les coins de la terre
— n«în /.îi ■!> "'Vf ■»; i;<' • ■.! /■ • -^ i ^- rM '■ ' u
peuvent convenir a son tempérament, attendu qu il peut s ha-
Diluer avec facilite a tous les climats.
Il est le seul être, le seul absolument, doué de la parole et
muni de mains délicates, instrument merveilleux destiné à
exécuter les prodiges imaginés par la pensée; il marchie de-
bout sur la surface de la terre, la tête élevée comme pour ad-
mirer les cieux, et commande en maître à toutes les autres
créatures.
Cependant cet être super jeur. qi% aRPA?pï)ce n'a pas en réalité
un privilège au-dessus des autres êtres, relativement à la sou-
mission qu'ils doivent. à la nature. Il souffre même plus que
les autres de f influence des climats et des orages ; il est assu-
jetti à être décimé par les pestes, ravagé par la oetite vérole,
\'^\^^^.^^\^m^m^^^^ ct le^, au-
tre»^fl<tou«A;^>^n*'Otttiie^f>la'i«»tupë lui "ar imposé des besoins
cdffl&^e-'p^ftt ' ë&ïiti^ëb'À1îitïëét'''f avafl%é^ dr^sjâ Suj)réirimie.
Ainsi elle l'oblige à être laborieux agriculteur, "intrépide na-
vigateur, infalieable artiste: il faut qu'il se confectionne des
vêlements poux suppléer a. la couverture naturelle dont lî n a
8î>b oiamOfni'jT /] firjiiiôvij'.:!' ;j n.H': .<:;.iji . .'i!--"' ••'T> îm '•
pa&ele.iavorise comme les autres animaux, .qui sont couverts
d une peau gariiie de poilàm arme^ d un cuir préservatif,
ilest donc forcé d occuper les b^as dont la nature I a gra-
390 SIXIÈME ÉPOQDfi.
titié; mais en même temps la nature a imposé è llimnme un
devoir plus important, c'est de bien employer Ttfitdligence
qu'il a reçue exclusivement en partage.
639. — La Getiëse dit que Dieu condamna la femme, qui
avait goûté à Tarbre de la science du bien et dû mal, èî tii^
accouchement douloureux. '
Comme dans toute autre parabole, Moîàé s'est môtUtié f6tv
ingénieux dans cette allégorie, aussi belle que juste. '
C'est la vie sociale, la vanité, les passiotis, l'excès #8m0(ii^
propre, qui ont rendu la fkmme civilisée sujette & cesà màiix. -
Les femmes de tous les peuples sauvages aecMcbonC'étaAiÉit'
douleur, tandis que tes femmes des nations •cîvîHsée^ sont pr4-
cisément celles qui éptouvent des accidents funestes dSÀ^^
leurs cx)uches.
Plus on se tient près de la nature , plus elle nous favorise y
plus on s'en écarte, plus elle nous punit.
Les femmes laborieuses des campagnes accoiidicfnt satis^^
peine, et, presque comme les femmes sauvages, se rétablis^iit^
au bout de quelques jours. On en a vu en Suisse, >en Rtiési^^^
prendre, dès le lendemain, leur nouveau-né sur leur Jos'*!»'
retourner à leurs travaux dans lescliamps. Lei^ felmineS'des
sauvages, en Amérique et en Afrique, n'iilterr^mpent pas^i
même leur ouvrage pour accoucher. ' • •'^î »
.^.;
640. — Il est possible que la création ait eu on vue, dajas
la formation de r homme, le service physique qii'il devait
rendre à la terres mais son but morpi, en ce qui repartie lé
bien et la vertu qui sont imposés à l'homme par le bienfait de
rintelligence et de la parole, a-t-il élé atteint ?
Il est permis d'en douter. L'histoire des siècles depuis lé |
déluge, dont un abrégé formera le sujet d'un prochain chapitre
de cet ouvrage, et le tableau des actions de l'homme qui se
déroulent sous nos yeux, présentent un triste contraste à l'en-
droit de ce but désiré.
MISSION DE l'homme. 391
Quelle qiié' initia perfection physique de Ifboiniiie».quel
que soitil'dfidteHe^m^rable de la iiatare dan^ U composition
de ses organes, les vice^4^J'68f)^*toiP9i^i0l4:d4MiuFéde
tout temos 1^ ypes mof'ales de sa création. La ciyilisatipn„ les
lois^ Q^tjÇ.W jusq^ ICI despalliatus iiin^puissants.
641. — Les vices sont-ils innés dans rborpmei ou ^iit-ils
lajf«ki$é«iA!m3ft^4«i Jllïficcié^
Nous crQjeQ6| qu'ite np sont .p^^ né? avec r^x>«ime« car
Dîwia !M^.4(^parfeit.-yieBfpiiït;^^^^ Biaîi .ajryiyej^u nicmde
a\9$ji»ii ij^iur iipqo<}6»Ml4 c/est Mm p\wW<V^h ^9^ comme
OQif!ii0jati.2^t!ci^ti9elQf| J0. eukùrei.q^ Orpplique^
-Jiia^iinal>e8(; 4ca»e é^m ila société» ttaîs c.e in^ ^i wie cause;
ceMeica«i9#^ viânt^de^.abeirratipiis de rintelli^ence employée
en opposition du but pour lequel l'homme Ta reçue d^ son
L'examen de cette c<^^^,api^l)eil'attfni(^Oj9i»4(^p^lo8ophes;
ILi(af)9UlYmil»t<q«f^, )(j^n$ t9W les .(empstir iBi^'^^fie^^ plfs (ri-
y»tefc4l«tovphj^,itti)apaWefiiiPi^^ c^lj^jqwi.pi^SWsmné «le
p^^teur ^iedansite sein /des.v^^tdiDtés^ ^ danç^l'^^pvie d^ ji^^sr
s^*c)le bien .matiérifkl qui». «^ -KîWt ^99m\^mf{ Pfls»» :
^M&kQm^^ djii p^re.f^ Irandmat jn^tir^f M^ein^t a TeiM'^i^t ;
lesF^buft.'Çn^i^g^^ jetiS9^^lLTAppai'l'a¥^,)^it,¥Jftuejui' du corps,
l'élévation de Tesprit, ou J^.poiivw qp'ojn- .ex-^isço» ,•
La cause des abus qui ont fait dans tous les siècles les
malheurs des hommes, lié saùrail jamais errëà^èfe proclaiiï&e,
affn fiue'la peWe ou^ le souveuîV de Jeiïrs tiirie^ëà cbiisé-^^'
qupuces puVsç servir' dé fréln. «ut (iàssîôns^ des hônVmës'; car
si le tableau d^ maùi qu'éûtralhe fêiëès de' tlms vïcés né
pa['vient pas à les corriger, ' le désortli*e finli-a |iar ravaler
l'homme civilise àù-dèssôus de 1 homme sauvage, et même de
la brute. ' '^
»-.-
... . • .' j . . . . . . . . ^- . : î im^ÉMiihc/ •ci'HIfiifelfff ^'^ 5jq i:)iîiicf au k
vli II )\\ i:/ •♦•MI .j-.iiMini i "* 'H'îiiio') :iiiij(i!mi'nfî3SîO(9'iu'jn9 liJ
religieuses de ces peoples , 648. — Le Guesa , 649. — Fonnation éé^"^
<dies-rëgn&it'ltàgeid)or,' eAttà t)bmtiié'pat^'4b'ëIbî^lA-fliaCëA
dans tout leur é^rât'isi'puretié lêésT^xmi'lëfèé^é^WÊ-
4e là religion > chacun alors remplissait.çooiKiisvajr atVf^bottf
heur. • ., !,..> •.•|)i'iin(>!i| •■ildmod
. , p,pwqjjqi.,a-tTPn, flt^ér^ : çe^ .type iriftgnijifl«|e.,4e)4'*3ii8t»ce
IMWWP^! '•■!.■! iiii'i.' M •.'• 'I'!'! ' ùri-.iuiia '«im-it-iob 2Ji«l 29!
, , ,:l^,lJf^^itif^fl,lYe^^,fR^p p^tje., ftlfér^lpwi ajt é»^ i9«4l(k!Pëy«Mt
Is 8^J'W^t^s»iiS'^(J<e%d3^?lJ§,yrt^erfylej¥i^iV!ftiP««t4S la
trui, à la soif de l'ambition; tous ces crimes s'i^nWih^
^.y;)ulu l'afi^^piti" W»filétWe*?it.fl^Fiileifl4^waP jwiff^ho »
;t.«43v'H«-' Enl eÉteil aepois-'CtfttéiicsHastPèlJHtf/^àilî^'fl*
hommes is'fôiiradcbundeiainsii q^ë>kr t(u<'^''Së>']^â? i9^}^<ib
qoiàodiqitôl'aiipBntiohid^oÉietaete lioU^fel' ^ ' «-'^ <^ ^"o^ *'
Mais si les premiers descendants de Noé montrent des
moeurs et sont en possession^ ^' un bonheuir^^r^çoj^i^^^^affuo-
L^'oiïÂiÉ dî^iLïSÉl' 393
nie avec le bien-être approchant de celui de l'âge d*or, pour-
quoi, peu de temps après, commençons-nous à voir de nou-
veau reparaître dqq ;Dl]é^|R:lrgp^Tï^je^*;)désordres poussent
bientôt l'homme à exercer les plus grandes cruautés, comme
si un principe de maligiît4«$LVMtiiH<|llQil mission de perver-
tir encore le genre humain; comme si l'intelligence, au lieu de
coajyeibufi^oà'l'/Ordre^^admÎF&bleide ki^tnatuoE^ agftt -été cliorgée
de^âYoîi^ose^i'i'fè'fe^cdtaffiëlt^ ce^yèMàtirë^^^^ pouvait
r6|{S'?(S(ii|r^^
^yïtttïfllfg^edéfe hnmulïie ibfnèTfem-erit traéiiëë' dié^îa ij^
et ae la perfection des œuvres de la nature^quo* ?te,pr/cfpQpant
d'assimiler, autant qu'il lui serait possible, ses propres œu-
jffiî^]%(p^.fierfi^Gtippn^ipep,t, rh4?OTine .a^fondé^ipjouiî^ pwrye-
fljurprjfi^y#.rne«4^ la;cqlturô.de };efipril4^,€» dptinant5à'oe^JBi■
J^fqj^,,3Ç|l^s^^^.pfa^ique»•te^ ' ' •' 1' î>
onéMu.é uOjrLà» ervili«itîk''à-Mlë téteïl^feùt'^àuè'tnèttité le
Wod^i^e dé v'rhawianïté? A-tMeHë prHaâlr'îes 'bltenfaît^ 'que
semble promettre son nom? ''
^'OfBtèirèÈCdfe^ërmîsd'ën ddùl'ér; tai^; eû]preriàntèë(rféinient
les faits des temps modernes, Thistoire nous dit qu'èn'l^àiWh'éé
JW^abftftètoë! èi^ (!'),'•* lés' Jiilfs detlj^rërfé'î'ÛdttV'À^dfi^é^ëlait
Afltoidbeli,''(bWittWdrb'ti*è^'aë^2!0t)lw^^
-t^ftat*^q\k^îfe'iaVaîért'<!!ie"si''èt''cë^^
cfliftiiliîërtttéè^45àivtitttël 'éfe^lHiêtoe*' Ji/i^' fôiil'^M^ jî^ynSySh
« eri'égyptëi mk WïiiëilMèfiï'tixiwm HiMtàHts'; ^cëti^-cS
*O^QR^i ^ Aipxan^fii^^^oà jilS)iiaas^orp.rtJt Jedio les! J»ifs,£l*n-
éb d,^f ^ft4PKipM*»Mil^sr:|uifc, pçti^ôumflt} l'Égyplai'€tr^^^
« tout à feu et àrSfkj^^ffls ae^otiàèiVBiîtmtta»!^
Xv ChTonoiogte ancienne et moderne^ page 272.
394 SIXIÈME ÉP0QUI5.
« versent Ja ville.de S^JamiBe, et fo^t périr j^lus de 2SK^tO00
« personneei* . ^ , j
« Les massacres de cette année font {4us.4'ii9 i^iiiWià^u,
« vieiiœes. » - •^;d..>^ -i/';:^^-? jo^a ofî ^n
A une époque plus récente» .k^ Jton¥t)e^;l«»jjg|^lP4M^^
dan§ lepuyç leplu§ riche et l§ plus civilisé^ TEsp^ign^ avaient
élevé un tribunail,.Qeluî de r.influisiliohr jli^^^ vi- ,
vants les hommes qui avaient des opinions ,pQlïUq}iesou^r^^^^
gieuses. différentes des leurs.. . , ' V"..,
Et ces atrocités se. commettaient au nom du D^eu mijséricorr
dieux et pas^ient pour, un hp,mmage;2j sa bçjqleir \H V^^l^hr '
Eotin» d0 nos jours, dans le centre de rÈWi^plL
ment est allé si loin « que des hqmipes se disanj civilïs& o^^^
cherché à faire prévaloir Ja doctrine que, la jrro^j^n^té fstié
roi/.e'est-rà-direque oe aii'iune honnête famille/îiforceué-"
pargne, aurait an^assé pour 1 éducation de ses enfant^» serait
un VOU . : . '{ . . •
645.' — ^frég^rem^nt dfé iHn'leiïigencèVrf dé W'i/Wft^r
tion nous offre de tels exemples en Europe,' en "Asie' éf en'
Afrique, dî^ns Tancien niondè enRni voyons ce qiié ^kni^i-
que, le monde nouveau où nous sôniimes allés dànyiélifélr/"'
disions-nous, de civiliser, voVons ce que ces peuples, ^suîVaili^
nous jusqu'alors sauvages, ont gagné à notre cmiisàUôn. '
Depuis îa découverte iie rAmérique par Christophe Çoîciiiltj, '
en 1492, les grands civilisateurs ont ét^ Férnand Côhéz/^Fi-
zarro, etc. Us ont trotrvé, tomme rious raioiSsdèjâilttrcRîis
le Mexique, dans le Pérou, et sur toutes les fies, ou dans les
continents, dé nombreuse^ (iopulattonsî très^rwhès, irès-dt)-
sées, conslitu&s en royaurties, en république^; ete. • - ^^ '"*^'
Ces sauvages étaient loin d'avoir les beaux habits dés fe-
pagnols, c'est vrai; les armes à feu leur étaient inconnues;
Peffet de ces machinées meurtrières les a étonnés, >stupéfiés;i
ils se sont mis à genoux en voyaotia flatnme etteoMip. môTn
l'homme citllisfe. 395
te) porté par an|ii$il; car, comme tte adoraient \é sdéîl, ils
croyaient que c'était leur Dieu qui avait mis la foudre dan^lQs
maîDBcWcas dtrâti^b.^ -, ' — - >
Ils se sont soumis comme des agneaux à ime poignée
d'hidtlIiaÉiéë pitéiteiiâas civil^^
646. -T- Ouetlé pVgè honorable Thistoire aurait pu enregis-
trer, si ces ciyïlîèaletai*s eussent réeltement saisi cette belle
occasion au profit de la Vi*aîé Civilisation I Comme îl aurait
été facile d'amener ces peuples à la véritable vertu, disposés
qu'As étaient'^ la plus complète soumission! "';
Maîs'dbrtez^ Pizarrpi et tous leurs successeurs,' n*ont pensé
qu^à prendre i*or qui âbbndaît dans lès mains des Américains,
lesquels né connàîssaieiit pas la vïiléur àe ce métal; et, non
contents de prendre fout 1 Or qu ils pouvaient trouver, et de
recevoir celui que'îes Américains leur donnaient vôlorilàîre-
ment, ces civilisateurs lès iheltaierit à la torture et tés massa-
craîent dans l'espoir d'en recevoir encore davantage {Xj: ' *
Et pendant t^ois siècles les Espagnols envoyaient de TAmé-
mérique, a. la mère patrie, des vaisseaui^ chargés d or et
d' objets précieuï/ enlevés k ces pauvres habitants prîmitiféV'
en même temps gu'ils lès d^pouîlraient chez eux'deleufspfo-
prîètés, (ië ieurs terrés et de leur pays. ' " ' '^*''*
Un exemple que nous tirons entre fnille suinra, poul* don- '
ner.unè idée de ta ci^uautédes bïvïfisaf ëîirs éi de IS ^ïAàtifeué-'
tude des Américains indigènes. . '
Mh --^■JEàli522i.F.fqn«pi^R?»r^p^'ava§^^ #qs Ifint^rieu^p, ..
(1). ©ftiu la GabwilMtMDWjQi|ï.dp.Bog<4%jfi»j.iy.:a je 1»P .G**î^tayiii^,,3
dont le bassin «st siUiç, à â.OOO mitres ^i^-dessus dp la mer. Lors de la ^
conqviéle>,le9 naturels se trouvant persécutés à cause de leurs trésors,
jetèrent dans le lac' tout leur or et leurs î)ierrés précieuVes, regardarit
ce^Fac commB uhedlVÎhHé tutélalre. S^aïéspàrèës-réoSt», Jesstgeîit^*'
du càpkaii^GhaVfé^ Codhrftne éfit tentié^^uèr^uii deAftèdmnMntijiiiv !
opété>en |MK»liev a> 'valUiO&x^eRtrepraiieare. quel^in»^ s^ueUe^ d'or«.
'4H &%^vtiti^ ivnfQ^tJ
^i B&plt;g(m', et Devient atee'le littie die j^oO>f»ilièot^^^ hif^K
arrive à Tumbaz et à Piyura. L'année sui vaille; lé 'WéfÈlèfîlA^
di» .pai^$ > ^ient éa pensoii»e ' visiter te< tqu&rtèï >ée§ É^pbMrLe
^apflainuYalverdB. veat le «cokiTerti^ièiitn' M^ci^tmWj
L'Iiu)»$ nfesl pos'C<i«¥alncD elTefasë (aproiÈClSô^ éhiTe^'^fié^
H^n^j Ye^hrwde. lui -montre" setii'bréTial ne i 'flifïcHlï^pï'eStflt!
li^rey lâ^snet à» son oreille et dit: <t Ce quento^mé tildf^ti^
npTépond!pa6,.»î€tJl loi jelte- le 'litre; -''.l'iliii '"'^nirjii-^ -'»j
j.iLe ir^igr^x en fureur crie;&lar»:'CcAax drAftf$,^bk*étt#fi^?
(^i pprole-de Dieu a été profanée. Vengez ce =crtttô''dèèt îfe
S9tpgda$ infidèles» » Le signai donné, le -e^inon réëâniië'^Vèd
fracas ; les pauvres. Indiens sont intpito^&blenienK ût^iè^^ëè,'
^jQ;i;oi,Àtohaalpa'.est amené prisc^nbier nu qu^àlfëTl'^Uif iÀs-
tftîiltjjMiffttàiPiafinroipour se trouver ^maître d^é *i(ftll^é'lë*l^l^
ci)9»|ea!deiJ'JiieaSriÂt8lhua)pa offr(^ pour m tnu^m^ âëVëi6p]l\f
diiw >$a: ' pi^BS)» j; i l' ordonne "à ses sdj etsr d^ëiééUtc»' >sa 1*11^
messe. Dais de! intervalle, 'de» ËspBgûols,-envoyéé*piii^OPiïirt*
dans tout le Pérou, y sont partout traités comme des dieux ,
cto^'tqui (ironvïe» qU'Mi '««nraiti pu conqàë^Vitiiurt l(é |)ayT5 jftfi^la
4oBfiKort/y'dxoTbjtQntlftTaifço'n'd-'Atdhûalpay^^^^
QlJaidfistfibnttoaTOndtà (ihlaftbeOâOiaM i^?^WmMvïm^
fcnittiié obansrqdè û^m p(mm\^i^m>m^ eà^'Hhërié ?^ii8^d;
i!«fffes^i»$'è0|iKU)iirë/tô imp^^
mu mqâiiBii0rià>étf>édbi^é>^;ipb)lt>ëe'^ùsli^ %fm-'
i^sftortuliieslde cè»àippii%eviil>^d>fàitl<èl)[tii1i^ ;iiét^bifti^i^aiiMP
Ift.faiïemij'.aeé5étteiq«fe4)dbdài. ;'»l'i<»'i>'i ohikhI f^nrrb hiuoino)
slWB*rTnT|SftCftfflpwfôW*4ed^ïmpaiaBg^ àesIèitilàMfteii»
ç^ âpf^QfHéi^^ A^âriolii»S'UAis •riaundlèlrdi^to&l^ bous daoM
Ilf ^i^((^i HK)Bp^ntt ;t ils- AQi leioonnaissaicTiÉ'pas^ ih 'n'"<Bvnimî
Jijfimj^i c^te^pl^, ()i^i{lac ^ 'lui; ^ il^Mftddreieoh le ^i^^|etiie§
Yf^y^iji^fi^* If^AKs» pr/âlra$( }0,émimi )..lesrf«ôlree| étâîa^^^d^
@J^g^( 'Ç^nl^r^Mp^e^oripUavis a^veoi deoCe to'ifaa ^sisiliU^iè<}
ces sacriGces inhumain^ientFdieotià teUflotot dçHisfltiifoii'rbtiu
S^^'^lf^i^^.i^R^)^ qvie.le^ivibtUsttcs ellesiiÈâmestsY-^P^^^^iit
iftq^r|i^ui^nA,.ç^ip3iiqii0je$ïprélw«4fflfisuAi»it^ - 'i . >ij »iiil
Pff l^rai>,4a)lo4)gii«iinirini lan dirigeailï eiiosii/le; iliadd nsdi^&fl^
4H(lRWPift >W*alft CiôltiTeJigi^cX^flùunileflisèirôèldiiia '{W^
tiftB^ };>(^,flMi'»|vr(HiY!Ç Mfqwe>ies<;ptétfl€riviqûi qiii(iiBène<^lei»pi'
/iitul><'/H» ■Hiiino'j <'>ih(t !inJ'n,(j liHj-' Y .lurii/I ol JnoJ aniîb
PJlVUcéig^yjÊfl PPoCïçlp MWRMç>»il&) ailTïéeB^iorifiiiiiii€ifaitbte
^9Sm ^ÀM^f»^ j^i!f§^Tâ^niÀv^Mgmu([i\ i Getj ebfajiti iteUtèfc
toujours d'une bonne famille; Ulétaif: v^uémàkuUaûreinài^i
par les parents dès l'âge de 5 ans; jusqu'à 10 ans, il était
«ijGdiîinéletiéle^é ()aa^iË(}efi]^ë;*I^Éii(j44»f}e^âh)r^ nl^pmyWle
^k)^mma çb(4^ài'dâliaasirleâOkiiB^i(lertr&iti ^èiâëtt^f )^a!tfé>
398 SIXIEME 6P0QU£.
racles : puis, à rei|>irati(m de la 15*" année, on le conduisait
vers la colwne^ espèce de gnomon destiné à tnesurer les om-
bres solstieiales et le passage duscutleil par tezénith^r Les prê-
tres ou MQue» smv9ienl la viettme^ MçisqQés comme les prê-
tres d'Égypie^ ils repi^slénlaient, cepxr^ci Bodbicà, le Dieu à
trois télés, coHilBe U Trimouiti imlieit; ©eux-là/ Ghiav la
kmiûe de Bocbica ; é'antresi Famagota, âyaibole du m&U
avec uac&il, qoatre^xr^UeSiet «ine loâgUe^iae^iievjQuandHcette
procession altégpriqtie était ^rivjée à la coionnei on y liait la
victime, et à l'instant même une.nuée deflècdiaiveBaienl?la
frapper* Son cœur» acraché tout de suite, détail ofkri à Sa-
cbica^ le roisoieil ; puis son sang était neeuailti èstasi les vases
sacrés.
Il faut dire que parmi les sacrifices humains de 4;es peuples
se trouvaient ceux des prisnaniers de gueire, imm<ilésxlans
un but de vengeance.; maïs la même abonrimitioa avaii/lleu
f^i^ les Indes oriefilales, et sous les jmx mêmes des Anglais,
è U9e épofiue bieir plus récente» De plus, on eontinHiaiti :en
Âsie> à voir le spectacle des épouses des rois et des prêtres,
s' immolant vplontair^e^, à la mort de leurs maris^four
lesr^oindre sans retard 4ans le monde des trépassés, oq.ils
pouvaient avoir besoin d'elles, ...'.,..
Ces uso^es 4e h {)ln& b^ute antiquité se spp t tronjT^s irépRp-
dus en Asie, en Afrique, aussi bii^ qu ep A|n|^nqi|<)f« . '
^ r 6(0; ; "-r t^s^^ifidigènc» «wérioains a voient > pricffonâéroen t Je
r^ntiment religieux:; au^i^iloblrie peupte •s'est pnompsement
converïi^Waparole des prêtT<a$.cathoWq«ie& y; \« » i: -.
Mais 6^,p!9nvfG^iAfl(léi$Gaîni^^ «près sfêtre ôonvetitiB.'à>ola
.iiOuvelle^ï^Upoç, IW3 ^ yîiîenlv;pas mojhSîOnte^Ker' lei?jr;Or et
liQur :b^Hjlf9^if<9Çi^^'^>l6ttt' pâj^i .iis/duiieiilv >ei>lgraÉile
partlevdAV{mir;lt9S:dfimestique$tde cesr-eotpiquéiraiDls;; %tiia6|l{tfi-
rent dan#. c^tte via ^'e^e^iiage. les^.Tiée^'etJaL^châjflUoheidont
leurs n^ftres leur donnaient Texemplei: ^ . ::'^". l-y-^v.
Un très^graod noiiibre é'entce euxne parent longtemps
souffrir une pareille 6!!Listence;^l8 préférèrent emporter leurs
oonscienoes pures au milieu des bois, loin des oâteset des en-
'll^mtidé^leQrs imœurs et de iem% lofô primitiTes. tlîspersés
dfiiis les^foFêts de rmtérieur de rÀmërique, ils commencèrent
une :y tel péDÎtile^ Leur position ^U bien changée. Privés de
r iQuibes^ leurs ressources" antérieures, loin des centres de leur
• tOQornifaeroet sans temptes el sans maisons , ils sont redevenus
des sauvages; lesgéitémtio^fis successives, de plus en plus ha-
• biuiëes'à lavie des forêts^ phis endurcies par Thabitude des
> ' peîneset des privations^ sentirent s'accroître leur haine contre
lè&Mmme$ étirangers ; n'ayant d'autre souvenir que les ou-
Irages: veçm pèir leurs pères, ils jurèreiDl d'en tirer une écla-
tante vengeance, et, dans toute occasion, ils ne manquèrl^nt
<f)iodp4'eKercer.
: '^'èst ainsi que, pendant deux ou trois siècles, le centre de
t vJf Ainéricpie du Sud et du Nord a vu augmenter le nombiie des
, saUtc^es^ de là des actes continuels de cruauté» et la guerre
.;<d'0itenmnation apportée et suivie contre eux p^v les Euxro-
^^péens..
651. — ' Ptes tard, Témlgratiôn européenne se multiplia
cdnsidérablenrent sur toutes les c6t(^s noîrd et sud de TAmé-
rique, et cette nouvelle population, portant des afmes è: feu,
-•Ht; là- châsse aux sauvages,' qui n'aValèrtt (Jùe d^ javelots
et des bâtons pour èédëfendte. ' • i ' ** *' "' • "'■"'
! ij6 icàrnage I cxijstinua 'Con9tani!iMifeiitu '&iii tua^
< deices^paHJVfrësétre^;. oq priMetit pays:partioiitv du noMiiu
sud, et ceux qui- Miplent*'encoreV<eirfbrt'peltl -IJoWhre, eoiit
î icahoettlréset vivent -retirés if = oôtë 'des' bêtes llétoièféé. '•
!\ -Si Hfuèlquesrmis de ces iqalheureu^r tentèrervt il^ se tappro-
tidfterjde&enva:hi£éettité, ils/fu)*e»t'fol%éS'dtitëèterè une ù^rlaitie
~ iii|4ia;ni;e ; toist a4)f»los^4)n daignpié» ^Tf^pèièr'dëS'I^iénB, et
i.onileupiitlsigiâcede^leQr-acheier'Ie^BÏr outoBpeàux, oii le
niiel, qu'ils présentaiakitv'i Ce petit commerce', toute ravan-
tageddseu^ahi^ettrsy a servi eftcorel 'pô^r ^fëmprë le ca-
400 SIXIÈME ÉPOQUE.
ractère des ladiens, et depuis^lors ils sont devenus pins astu-
cieux et plus dangereux.
Voilà le tableau des bienfaits portés aux indigfenès^'^HiDllil}'
( . "•
'j •• I
de rAmérique par la civilisation européenne.
652, — Mais si cette lutte déplorable a presque exterminé
la race originelle des Américains, du moins les conquérants
en ont-ils profité?
L'Espagne a été la prehiière à s'emparer du centre et du
sud de l'Amérique. Les richesses énormes qu'eUe en a reti-
rées ont produit la corruption du gouvernement el^ porté la
mollesse au sein du peuple espagnol. Les cruaqtés qiiç l fe
pagne a exercées en vue de maintenir sa ciominatiôix ont .fini
par lui faire perdre sa conquête, et elle reste aiiioi^rd'hui
plus pauvre qu'elle n'était avant Ferdinand et Isabetîé, qui
s'étaient approprié le Nouveau-Monde.
C'est le châtiment naturel de la justice dé Dieu. . , »
L'Angleterre a éprouvé le même sort dans rAmérique du
Nord, et par les mêmes raisons elle a pjerdu les Êtats-?lfnjs.
Si l'Angleterre, alors pauvre, est devenue plus riche que
l'Espagne, elle le doit à son industrie, car le nord dcVAp^é-
rique ne pouvait pas lui donner autant d'or que le si^d e^^ of-
frait à l'Espagne; mais la décadence qaajmèn,^ la coçjj^upjipii .
unie à la mollesse, vice qu'inflige ce mét^l au^ pa^Jipnp CftfH|fle-
aux individus qui le possèdent, est réservée à l'Ji^^lç^pfrft'^
pour un jour qui n'est pas bien éloigné ,. car. ejleagit c^-ce,
moment dans les Indes orientales comme J'a fait l'p§pagqe;
dan^ le sud de l'Amérique. < „ , \\^
653. — Nous termiaerons ce ebapitce ifelatHià IdiCËviUia^
tion par un des derniers faits arrivés aux derniers .ndoments
de la domination espagnole en AmériqaOi' O'étai^ eii tôlfi,-
lorsque le général Morillo faisait les deriiiers efforts pour
abaltre la révolution des indigènas.
Après les revers d'un côté et de l'autre, et dans les inter-
naient une ville que, plus tard, ils (lQy9#0nt:dejDaai9emi léynn
m^àii^^mi\\hmmmf^\i^\^^. Klwe^n^ng^swi^y et
les plus cruelles eséçèl^Ji|W^'Ç(»iWîJ»W^J^ ipKJ^v^:€«^^«<HB
^t surtout contre les hommes de talent. , . .,
il y avait, a ce momeat, plusieurs personnages mstruits et
qui se livraient avec une grande persévérance a 1 étude des
sqiences- Ces hommes étaient 1,'espoir dupavs: on conaptait
sur leur savoir pour Téducaiion scientifique de la prochaine
génération. Parmi ces hommes vraiment célèbres se trouvaient
le djimisie Cabàf et les botanistes Caldaz et Lozano.
. ^l^'mfàugàble Caïdaz,' fjuî avait été utile aussi à M. de Hum-
bbtjli, 'é^alit'ala fois géologue , minéralogiste et astronome;
ses recnprcîÉies sur la formation des races américaines auraient
aôhn'é'délrès-curïeux et précieux renseignements; ses écrits
étaient nombreux, mais tous en manuscrit; il se réservait dé
les faire ipopirîaiér en Eiirojpe, ou de faire venir des presses en
iiûlnljii'e âpres son travail de rédaction; maïs, hélas! un'van-
dalé'^ftè ISL (iire espèce devait' en féver à la '|)6slérîté ces précieux
0è(^^'''r;[^''/"" '"'[ ''"';• ^\\"\\' ' ' '
*'Wl8*ii^,1e'général MorilloVàunom ^dii gouvernement es-
pa^ifiil, 'ivail reconquis pour un instani la Nduvélïe-Grenade^
^W'^lf^ à '^ahta-Vé rtë Bogota fut le sigtiard'éf êcutions san-
m¥^&i!fr,^oîiV(yJi^^ l^W
publique le spectacle d'un grand intëîiaÈ'*i^ot#'fen''sè'^p-
seBièi(oi»2Bl(liMËai')p<»u}fpmbdf6 ^^RBB'jfapieri^, îbdit rtc PSéftez
(etnmiTDÎe, aiBoisMhissaz 'éefiiYnEBtEutrFt£r9{)Gef«9nfc des'tr^so)^
^^fclilr de );6tij'ôbu0)[êiài;né'eBt leitnrvoqlalei^teiniativie; il>
«iqoq dEkSoa}H3sespidQ8(dédèimitâs9i^^
« sr vous détruisez mes écjâtow'^fiimri KfiteuKitiufevdi&al, salli^dz:
«-tsmtf)«^6iBilti()*f teB^lop; lsJEiiv<las')Jvouiei;>an''Foir iM^tsgUe^
2«
402 «iiiÈ&rB Érairufii.
« quoiqu'ils aW^itisnneîit à mon pftys; «dtettx vaii|is^u«r«e
« trésor doit au pouwi^ d'un entienlioqfi^ dlétirrdétraks'^la
« postérité VOHB serai WiMMilioisaatiliv'D^ ..î omraoïl'I «l-up^oi
Caldazfie s'était j^iiâtte^lifléK|aeatei^iifaasiynet,,^)0^
séquent, il «kurail <tûîéu-e'i«p6ctéip»ilefgéaëpaï«sp«papd^
nom de la eivitisaiîoti et <U la}m%éptfa8»ic8:barb^iWi&nâsî
stupide que Céroqe, ar/Jp;ana V^jt^OMjjpUji^^ (^ald^if sur Ignace
puWique mêmp,. «1 jnopaç*t ^ Ift ./i^^t^ug^îfla
ouvrages- On »vait^fftp|ftxé,(lpua^^J^rfifJ^^uj| WmW
tous ses. manuscrits et «^^JYf f?:, .^3(/SSeglïj^^?fo Wfm^
par le feu. . , .-.,î ,;. 'j',wj)'i'ii ^leun'ïof) asn seih
• 1 ^
» I " ' » ■ ■ I
4 '1
CHAPITRE XXXVIII. -'-noiliîdii^ Jo
•'.;■• i . : .n:';rii-{r;Hriaxiiio:'» ..I aé(I — ,368
gences, 655. — Heureupe" directip^i <Jes, patriarches. 656. — r Accapare-.
'^ meftt d^ Îiîtel«ééncfes/ei57. ^-*drtoàl!()& fiis^ctfâ^^Sfe,'^^!
— Prépondérance des chefs, 650. — Origine de la supersti1fOâ([|IGd
, se forme deux camps, 663. — l,es guerres commencent. 664. -r Xora-
/ tien'4&lf 'éèttnfiâ^dâpèety-^ FBDd^fiéilgMÛ,^|8ABâiikifûfi]&Clferol
4e& 30 tyrans et du pouple-^ 66p. -— J^e despotisme envahit la terre-
^670. -- Weâtes al)érr^ti<às'de' là' înilltikidô/iîir^^ciéfâlt ^
productiéit-; â6SJâff^lAi»-{'«lipè(àailuf^yihèlV^6fri; UiCÀsAUÊiStxAtitîtp
nirt»Uig6ne«,,ô73i.TT+m^v<wsWptfeP8..iiHxACT «\iîîWlho^%£7
L'intelligence au 18**.*sièclê, 675. - .^ . r . «l
• • -j .îi<\ u ":.i -v) filxi/til) OlIIfflOD tfl/519n
6S<. ^ ï)ûns cette sîJdènié'jWii^riéëj ^l^î^t fc^8fffe^te|Mis
le déluge universel, rintdfigence dé PhdhifaieaiSér^^^à fA#pe
btsioifem grandes pages« >3i ^fi^uSiiWtttiMs M^ivrey^illet
L flOMMS HISTORIQUE. 403
)paEjfjeuîUet,xba^a8tède nous fournirait des milliers àevo-
Jumesqài^aiteàféraicpit 106 ég^nsments sans nombre à travers
lesquels T homme a pro«ifiDé^«»i.;es9rit sublime dont il a été
-giMiA^,JsQUB)rift ttitiîeoii^'iotelligsiid^ conduire au
iibqiifac9tttj<.ttrqèéj]pdlheu|reu8efl^ plupart du
i^amp^ iqd'àdiiiDr&idt^t féaéral tout opposé, à «on but.
""ïl^è'-pèî^lsiViarttrré; est vaKéié d^^^ hommes; les uns la
'^^jlcJ^fâiflfJi^'tfn haùl|1(iegré; les autres^ un degré inférieur;
'''tfiffili^éls'^fiôteà lih'dè^é^^ c'est'-à-dire qu'elle est
ebez ces derniers partagée en branches plus ou moiés faibles
et diverses; mais le principe étant un, ces brancbes condui*-
raieot au même but géuéral» si la culture redressait à propos
et ramenait sur le véritable chemin rinlelligence inférieure
et subalterne. j . v z / 7 > - ; ^
656. — Dès le commencement, les chefs des familles primi-
tives oif^'f^iaM&ti ^'it'^nail» diri^r les intelligences des
hommes; amsfr^'sa^inlitté'd^lft'joiitiiée, période heureuse où
la nature seule agissait, ces patriarches, donnant Texemple
dëiPVërf Û*, iMSSiemt le» lïonhétri^ dés pedples; qiii, m leâ imi-
tfjjfl 49Ju^a,i^ la yérîtablè yîè die paix^dô gloire et de
fi K7: -^ Cette Vîert 'à paà' duré ïong^^ qtietques^ècles
â]^^îfslpà),i:i,arches vinrent d'àiïtrés esprits (jui accaparèrent
le)43ciâino{iole.de(â inteUigeaeés^ «'étaéent tdes honuxies d'une
ïJëîîétifaTSqn i^eiharqûablè; ^^^ p6«r la clarté
^'■^^]^i:,!e^pritt'|^^ était faale ; dlmprîmèr ^la direction
c|u'ilsi(«atitaient ài^intel^geBce 4^ pei4>lâ<et de (aminlaler sui-
vaiA^^rt^Infes fertiles. I**5frfAe'qiiHfe on f^^^ consi-
dérant comme devant étendre lé plus le domaine dé leur pré-
•' Hifgig, >^ Mairf eee^hommes supérieur»: en 'intelligence s'étant
404 SIXIÈME ÉpeQOs;
multipliés, Tan aè voulait passe scmmettrè à i^auii^; ^acufli
préteudit à sa part de doinvnaticm Ou^^fit^lièf^ééi^Krtii à^il^ll
profit. Tous isë <)iYi9èveiil;''i(iniiiétiHfaMÛ%{iém ^itfirêStes
sectes, les unes fireâaùU'poui' 'peUgi^ 4^'^Uh Mcpl^^^^
astres, les autres adorant les étoiles, la lune-^40îlèil^U^§ëÙ
ou Tair, ou des.(Ue^^,4e&diçmi-4jep de fp^inc^iiu^
de formes animales,, et iP^^^^nit mlPifts^fl^ec-^^
sons ^fantastiques qv^ a9u^MyoypB^,#fis^J^|ii^jj(fe4^^
nisme. . .,,,,. ,. . >,,;, -, , :-.• i-^ «ri ancL 8ia9':r.q<T£
659. — Tous ces -chefs; ^ s^a{^Qtâ4^fit-pf^bè«ëé9'fa^pè(|
devins, prêtres, etc*, s^étûlent attiré)M^^oiï#^»^iflMÉ^
peufries chez lesquels ils semaiëtii<Ieu^i'itedoii§ éli^^èp^^M^W
leurs idées. Ils avaient dans leur^inaifië ^i^Té(^6'îf<^ifi^^^^i
tière; ils pouvaient diriger Vinlelligenç!8,.^e.riî,9!3^ la
voie de la véritable vertu. S^ik ravaie/jt^y(0ulu,,ils POBvaient
tîxèr, pour la postérit^, la^lq|jde la^ijerf^^^^^
maintenue de^généra^tiw ey §^néi;a^î^9Jj;>af3 it.^Bè|\^iMM
que ces ma^es etm.prêtfé3..fu^§ent, de eén|f^^^^ ^M^m
ration aussi, ,îpu40^§4eç,çS^)^^^^^^^^^
et de la vérité; car, avant tout, il fallait Vexemple pour pou-
voir conservera st^&aaë'^iHs' la 4bb*»^W.^ — -£93
660.- Ces gra3flp,Hi»n3.es,|a,^^;e^r^^(>oy{||§}jt^j^^^^^
tivaient 1 instruction et, Ifô . sciences; mallieurëiisëmèqt, ils
étaient avares de leur 'savoir et ne ^^(>{^raij^nm^jî^i[^M^^|Çy|u|^
faible partie de leurs connaissances aux peuplesf ils eh fai-
saient le pluf'èfti^ëllt aefe'^fïpë?eg^."fitem (ilAnïver*l?en
physique, en -fehlhifë; %n^ inailfërÂâlfl^ees'.'^iî^âiHfei^iéôJ^d
restaient à hiiib^^s,'^élèVVëèyâg^ s^s^(tes!^<lèmiéâitl^.
De temps en HeMps i(^'àriHëif#{^n%''uif^mâiiï4lM^|gê
astronomîqtie, quisé'Vétifiaitj'm^inftihé^ïâimîi'è^n^
sition chimique qui'ëïonriaît, àiiTsi'<{tië^çl'à^ifrfeàffeffêfâ.â4rti
sique, etc., et les annonçaient aux pëiïJ)ïêë'''côÔirii^^8ë#%tfî-
racles dus à la puissance de M. ou teIii4i«itveé«kN»aajl8ii>ùr
L'HOMJyiS HIStXORLQUE. 405
lui.djîa offr^Mes» des holocaustes, des tributs, etc., etc., aux-
quels le .peui)teis'<ifiapre^t de coirtiilnier.
r.. Be\ik)i)e prÎQ^ipe dela.superstili^v du fanatisme et la
^.ai^im)de[)ia^i):^^)3iâe3/pPétre8.ou.de$ cbefede cultes dans
taii$; 1^ vii^iepsi. ..i , .
, .gg|..akJiLtb fôHtine et là puissance furent donc l'apanage
dëS eèirporalîofls''dès mages et des prêtres; aussi le nombre
désfc^^tes atte éû's'àugmiéntàiit. Quand il n'y eut plus de dieux
apparents dans les astres et dans les éléments, on créa des
p9ppi4'éire$jQ»a^Qeiife$, et. lorsque ces noms eurent épuisé
i^)C«»Plï|Î9Jiisi9»^4ep jiettres.de Ifalphabet, on finit par fabri-
SU$^.::4l^][dtèu|( 61) {i^ierre, en métal et. en bois; de là Tadora-
ttty[i dfl^.îfWte^crf. d^imag^^^^
'" é^/— 'Devenus trës-i-iehes et très-puîssanls, les prêtres fu-
1...^ ^./id.:....- -.O-^.,.^.. ^.:_ M convenait
dans leurs
nommèrent des
rSi^^,'^aÔn ^à^]ivolr'pBr c^^^ physique
péûlîitît^iiû^^s^âlsposaîent'e dé la force morale.
663. — Dèscj?,,mosW»*t. l'iRftçlligçpçe si^ibit un partage,
elle s'est trouvée divisée en deux camps : dans l'un se tenait
re/*iietî'f ïl'oii4t)!^^''(félus^d:*h formant une
^std^a^mitiàtricertfaiisr fdtclcissée toute la multitude,
dunnteiijgenèe soumise.
iiMh^7Tî(h% ^^nifi^M^o^ WP.c^ssivQ?.t^^s,XQi§. trouvèrent
SÎjteBÇttP'^iiÇ^fM^^BW. IP^ discours .des .devins, qui encou-
fflgft9èÇft\l(l^?M.Af;Hi^^ *^^^^^ volontiers et avec
i?,^j^fl? Te^Pl^fi^Qcei.deJwir (}^ .bonheur des bienheureux
(^nç Jje çi^, ,d$m^ ^^jB' séjour iciiji^; était promis , en récompense
di\^8^6rifice 4«! le,uf vjg^^
ï» 865^— On avait supposé que rhojnme ne pouvait être re-
e ta sève s'éehaufTâiï fiiseiraffiH
, et l'année suivante, .câ^tlSliB
'i _ -11' - 'iiiii'iin fil filji>]r,'i»ii
ce les meilleurs fruits. , .
:106 SIXIEME ÉPOQVt.
tenu dans le bien que par la crainte des sttppticts les^ltHis
épouvantables; snppositioB feusse et c«nlinir«'â Vkti/fasm\^^
universelle. ■ - ■■ - '-"■''"■ :"<i' i'^ is ,Tnhm-i
La violence abfutU rhonftne et'Ië'W«a-MrHMt;«"l'I ^""^«'^
Il y avaitaussi ce proverbe: « Qui aike'bien]cnMu'b'wi,^»*
etroDeu tirait, par afialogie, un point d^.coat'^r^i^n/'tfii'
arbre qui donne peu de fruit, on le frap^it; avpc u'nMton;.
de coupa sur la tige et sur les branclits,. depuis lépiéç
qu'au sommet : la vitalité, de 1 " "' ■*'"'
mail par ces coups réitérés,
donnait en grande abondance les meilleurs'lî
Ce traitement bnital paraissant çonfofme^0|j^,^t^| ae^Jâ
physiologie, on l'imitait dans certains (^as.dç.in^ja^ie^iç^
l'homme, en employajit la flageUatictn,: }^,,|ipppi,^pi^'i^ 1^
vésicatoires, qui laissent des empreintes sur;iM P^W^ .^^''^ft^
les coups de bâton sur l'écorce de l'arbre. liovt;?, o^iigninri
Le peuple soumis et iguorant ne raisonnait pas, et devait
se prêter à tout {je bonne foi; il reoeiiait'h«nbleisiaQt4es.g99p6
de bâton, ei IOBte!:auftrGiflagellutiaDr«diiwist«!i$idî'aËeèï]:M
raison suffisante d'une obéissance sans af)ip«l^ .f0 i,UvÀ)tfis
plonger les générations Budce3âresifettâiutiptoû^<i4>9^
sèment. ■ . . . ,. , ., .y...! i,; ■.,;, ji,,! tioimwi;
686.— Longtemps* après,, pàrarent'tp^sSgë^'bi'l't^'iliw^
égyptiens. C'étaient d'abord' dés' vrais sàyàiife'è'Cd^ ^ftiÔ-
thropes qui essayèrent de relever l'inteltigéocé [/^tiBe^]^-!'
lie de la minorité de la grajide'ryc'e'h'^mâv^'^ i^'nM #3fflfi
trop tard. ■ -^ -:..■..-„. ïi.-ormp swU.oo .1
Les hommes du peuple ava
coutume de ne point, ftç t^i^rn;
répugnait; ils aimaient mieoxi
et croire aveuglément aux préi
étaient expliqués par ceux qu
leur temps et leur jeunesse à t] . ,
jBB7 — h é4flft^ivûn à m peuple OQ se fait (tas dans la durée
iJ nflfl flwiq gépwfiitjd* (1 faut ^wècjips Cernent peur U
baucber et si des entraves en arrêtent la marché) elle ne
s opère plus JÇ^ çon^^çplj^lie^^fr-^dl^te durent re-
Dpiiç;W<8L^Jeuij>laD.âe {perfet^oonemcnt ef se restteindie de
iic^veau à cultiver le^ sciences enlce eitv Du roomëtil ^e
ce jçftfti eut ^e pris ils e renïet-mèrenl rigdut-euhçment dans
le ST^Ieme ,d i monopole de 1 intctrigence, et firent dès lors
çÉis" circonspeçtb, çt en apparence plus absolus que leurs de-
vanciers Ce.pendant lU avaient Te d^sic Se la propagation ge
nerale dé la lumière et la preuve en est qu ilb se montrèrent
généreux ils ne refusèrent jamais d admett è aa partage de
Kup irj^tàilbn^ tous tes ëlringéry de tètent qui sèprésen
Ôfflnf ils (çs inttiâielit à leurs grandes détiouV^ftes «t après
^ (ïiiuîe fe'la grandeur égypticnfte tious a-tois retrouvé
ôflKPÎtfe'^triboplies gred^ leiirs disciples les traces de leur
immense savoir
Un ni h
<^n8 ^ OM Kœ rpihrïoioiphës grecs o^ grand», iinrilt
^ifee9<[(n'fotit> twedMootpe dSffirtatiuu/n-âttMQtiqueteiilift-
^^^ideS I3gypbfir(«.
-aillS(^^i^<tiiilsd£8iMneBLmBtnB£e drpenple^^ ils
auraient fait de la population grecque le modèle brillani dss
l^pj^gt^^jifs^^el^ifr la„yei;tu q^ exemple
^ÈhSM S^S'Pil?,"^'^^ ""^H^ W innéàse
le contraire qui devait arriver, u ni perse-
cntésî.c'est que les prêtres dç la Grèce n'étaient ptîé ïès prê-
ïn
'^S&"im?piS'i&ikii\i, %Mitimë du savoir
mWS^MlVWiilii ikWm ISâr'deiiinléressemenl ,
HrmctStelJÀliÂ'Wqnè'Wrinieilèlacond^^^
»pWs&ffiiS,fefii!liWiiëut:i""' -. -
408 > IIXIÈMrfi ÉPOQITEW
Les prêtres :grecsétaie{U poissants; ^s do^pinaient par la
wpçrstition ajiissi W^.lçs r^, Jfef jtycFftP^te q«ie tes ç^^pea. . ,
Les philosophes furent persécutés, b^^i^, €W|^r^(9afi^y
et^cm^eat jB^Si)^ l»P«t,' p^.,baiipiÇfcipflur ,teiiiî&Hl^OTfce8* >v
' Socrate^ay^t .4^,boi|iie /krqigu^i^tf p^Miiiiaife^i^f^b^
ses^ fiimisi; il rôhwip ga, lep jmmmmh ^i i^fj^lmwm^m-
timedes tyrans, persuad4îlWlapï*5.Ba,pi()j?*Jetp(JVIv«ttipdQ*)n
injuste iî^i)djaBma4ipA<BeraU,^l)]fenij^ iS(^e««eiob et
un (mn .q^\ §m\!i^^^^'^tiM wiwwwrfiltemeit dif) PMôiM«s4tt-
. 669. — Nou3 avons iQyrnellemènt sous 1^,, yeux, des t^-
bieaux aux couleur^ si y âriéçs gui, nops axpoa^p t Içç jmeryeilr
les extérieures de la nature. , Te t f . ' , . ,î /.„.
Représentons-nous, pour un instant, le, tabljeaiimterieur
du cœur humaip, avec lesxnilles variejes de ^l^telhgeftçe.b^-
èWdia et enseigna là|yo|Qfe^^Mn|^a§jy5^fe%V^
en donnant lui-même I exemple de la Vertu unie aux devoirs
dub9acitssygn,t.%il^^ôpilfé:^î> ài^rwpWidc^sa patjriç» se
û!i 4ftij.j:.fe)i^j^a|é«ftttvpeJtPc^ a^tophon^
qui, étant tombé de chev^)o#|i)^iQa.i^rjl&lr^ftU€^9Ôi)fJt«iété
^f^,V^^\,,\\Téi 4f^ji^MMè(^tH P9rM:.^rlieu.ide'4ftr*é;^>te«-
qcwdp.fcig^fl^^M'èâP'isqsiifQSWtji^^ défela jetomÂs
en fuite, il fut le derni^èiA*l*çe^«l^^.îie*yftitey tlitooitfdoi'si
^cjï^pe fli5^©#8âe,jfli]^(¥^i^^guà;ï>^ le
Ç^^qfiH«,\%Wrjei)^igni4ifete^at 1^ 6on!|WO|T6i(*:eïnple,
^^mip iitmm^^^ J^tmlhvt 4^ toiilte Jes( JecônB^àu Thiomme
celle de $e .Q,Qnaftîtrer s^i-mêm^, de ne pas! foire à>Jun autre
ce que npus ne voudnons pas» qu'on nous fit, de remplir sa tft-
j
l'homme historique. 409
che, d'éviter les voluptés, d'abhorrer le vice, d'être bon père
et bon époux, de se montrer pour modèle à ses enfants, et
dévoué^ii' son papys.
VeybM ^ Sôôisate, faisait tous les jours des cours publics,
sans jamais âetiiander un salaire, en disant que l'avantage de
sandre ses disciples vertueux était le seul profit et le plus so-
lide 'qu^il eât pu retirer de ses fatigues.
V Sur un autre plan du tableau, voyons les trente tyrans
-d'Â^nesv qui le condamnent à mort sous des prétextes fri-
voles, pour se débarrasser d'un homme trop admiré, trop
honoré, et dont Jes vertus^ distillées dans le cœur du peuple»
leur donùaiént ombrage et crainte, pensant bien que si le
peuple devenait instruit, ils ne pourraient plus manier à leur
gré le gouvernail de la fortune publique.
Au troisième plan du tableau, voyons ce peuple, ces masses
stûpidés, comme hébétées, sans discernement, incapables de
juger le bien et le mal , ayant une intelligence froide, passive,
|ftèifiraitftoîi rîà'nt, suivant Témotion d'un cœur inhabile à se
i^ndrë compte de ses propres sensations.
v 870Li^^— Le tabler quS précèéènoiis présente le degré de
GtnW^ioti où se tratuvaît le monde » a|lràs trente siècles de
ètàviâil^t «depuis le' déluge universel.
.^;oIjir)^v)âiofi*^â0't'intelligenceen deux camps, comme nous
)%v<$ns vu,! devait •produire ee résultat désolant : les masses
igoo^antes '$k bomptatônt{)ar millions, et les hommes instruits
toutlau'fplas par q^elque^ centaines.
v' PiutniiiiilBS^îiomniies'instruïts, la majorité, ne songeant qu'à
son pis^pfeiirtérét, se laissait maîtriser par l'ambition, la ri-
chesse et un désir effréné de domination; Tun, aspirant.à se
rrâdre-'hiâépendafit de l-autre, tirait à son profit tout ce qu'il
pouvait". BientAlune infinité de petites cours, de seigneurs et
de despotes se' partagèrent la terre, les provinces, et s'arro-
gèrent le droit de vie et de mort sur les masses. C'est daps
410 siaifeui'ÈPuomui j
cette situation , qu'en traveiiniBt k8<sièclêa,'iBini9iln>u)iioDâ:da
race h8fnBine''au'iaojtCD'Agtt '■ ■ ■•■ ,:, ■<ai i-i;i:>]ri non ob .viiiJ
B7I. - Cemoyen-â^e.est'rfchê'èW'éatâitWi^fifeS^iitHriflês?'
en guerrespartieltite; èri-bi^àafe,''«l/i'a^ier4«"frt)Mtrièfe.«
Si le peupte a négli^ tc>ccàSion'*^*^felo^àtnâ6iîifl!afii
licence, il n'a pas ioalbeareuMaiei>t;iiKra4aéiiÂ^xeiaple^^e
badurie, Tropsoaveot HA'thifiAié^kj'miiUi'Tuim^feii\i§\mi
actes de riolenoe qu'il TOyait escrcer ^r s<w wigndiA^fMri WW)
grande échlellê; mais sod ëtet de^ét^en^Riiee loÀMijtOf^i^
la drcoDspectiofi ; c'était enisecreti;qvie jl«,ii^l^iniË^tai8
ses projets sanguinaires. - Ses JifteniliEin»iiitnuvaiâ^n%$rC<wtib
foient dans le sitence. Intelligence, rnstiqHe.eh smalineêS^
iéées éiaidnt conriisfis^^sa .positioa:doùtèuse;)'«b1^9it<^tre7t
courir à la ruse; il troavaitdans la.fourbei^ 61 paiiiles.^<9r^
âé'SDO întdligeBCe cempriméç, ^es res»Qtirett$. podT ^^|ife
sea passions, el aen pessiœis finiesaieBi -par? leiooigâH^T^i^îii
crime. . ■., f, i;. - r .-y.i/?-.!! noil
672. — Franchissons le m6yen^âgè.'3aHs'te'éUi%t¥etêrJ«irf>
les considéraMon» V>-.4i>t pO|^^ ^t, giierj^,{^çroi|^des
cette sura,l«iBdaneû^e,peuple, .pfis,pli»(i!i5.n(t9^g 5^9,^ ^H^7
B!W8 vrljé^*i(i:,l^.,nîqtifa, (pM ,99t ifajt^^çil^îj^ (l^^iflftS%
^Hirabondftiit^,d«^pevp!e,J^4î( çoïw^ructiqp,^ l^j^çj^^/flifl^
.-\ïl,y_,3 e»îfiaiîs,-fpiisi,^es,.^ps [^
d%*s,)ftRftÇfi,tiîUffl^i|g,/:ymft^^^p(
m^rf flMûrwfiÇr(l'ifttô)iigfiflfç„n;
moyens de diminuer la suraboudan
ïfe 4eTfi9WtiftW9(SftNi-^Dsi,^<i
swtjp»rJ'w^il*^i^:,à 4^ fr^p^njf.
déçimation iq^ii^.p^r^le^ ^epBs,'
L HOUUH aiSTDRIQUj: 411
■ Si.'im cohtniife, le peuple «ûtéïé dirigé vers la; libre cul- .
lurë Oe son intelligence et de sao ^prk, il se^serait parlé à
la.^gj^()^i^^sl8rjesl9(plaix\eSr^n|Uaqif_afitijé improductive
ï'^^iflçl^ft^empfiifl^jnt^^. Ce)yiÎ9q.«citi(tivé.et habité n'a
jôqi^ipjEtp'ï^l^it^ïi'ftii^e pgj-tie^e/if surfajce delà terre.
^IfiTSii-UM TbatèS'jeKtorivDlcietiB mlciilëesstpriDcipaJeiaeiU^
lee'gdèrrts gënéi^les MrpàrlicoliôrèB portaient; «ii préjudioel
(S0atidérS(ble9U!t progr^ dail'inlelligencey etDOlammeDt à
sWfiiâppliëMidn' an'dér^ppfteinent'de&artg et de LlnduMrie.
SM'^cMces: étaient déjà presque oubtiées ; bien mieuiveUesi
eft%^aier)t'iëS'tj'rMi3, et ils les proscrtTaieiitl Si- de leiopsâ^
atitre-'ùn^ botaïae de génie osait se aïootaer, il ri«juait les
toflures,'*! s'esposaitmêioe à Hvs brftlé vifl... C'est avec'
(^ trl^^sounnir qae DMts ar^iToiis su 17* siècle de ootrt ère,-
^èble'ôÛ- l'ÎBietHgenee -du Jieuide était tombée.aU nivew dé-
l'igiforbnce des premic*^ hommes sylvestres, avec l'aggrava»
1)01) des vices, produit de la mollesse et des mauvais exemples'
<ijptjC0wtxcii()'a\aieDt p»^éj*« ii^fectés. . ,, ,. ; .. j.^^
''ht — Toutefois l'inièlligenceeomipriméefivâltfîsseÉ-âoo-
viîm, aaris différeiits Et*(s, éclai^ cortitne'ottéiWffibeî.'quibrfee'
^rèdiiit en projéètites le» Cerctea qUî'reiit6tlréilï;:'les'fci61é>
éH%vèM M' létmiés ■ m-àiiéri^ii' 'tmiesf'tffià'i(flllëg^ ^
ak ■'iiiàsÀt^èk"XfiK^'\es cfrrtsëquërtttt-ldfe ^éte^'i^oUltiabst
W''dù':J(istf;"*t-âè(a^'
iè"1b3^Ht>kiriflé^ élites
H'iëill'Jî^eeffitiBitiWi'
s-Tli^ttaintint de è6n
cbkiil à la copiéitë il le défaut de raisomnetnent.
412 SIXIÈME ÉPOQUE.
675. — Entin, aa 18* siècle, la philosophie a pu, au moins
en Europe, se permettce de paraître encore une fois sur la
scène du monde. Malheureusement, Timpulsion trop vive a
produit des excès; il a suffi d'ouvrir Ja lice à rintelligeoce,
pour que le tourocôs se soitimftuédiaWm^uè rempli d'hommes
à idées élevées et parfois trop brusquement avancées.
Des hypothèses bonnes et./nj^uyfij^ ont été produites,
discutées, critiquées et acceptées, et elles ont cependant pré-
paré le lit du 1 9* siècle, sur lequej sont venues se reposer plus
solidement les découvertes que l'humanité était en droit de
connaître depuis de longs siècles.
Le terrain des scienpes/gr'esjt pl4Sjajçijpurd'hui un sol inter-
dit à la généralité des hommes ; il n est plus Tappanage du
petit nombiy^ a"fsi,,f omiçe.tçi^eg^lgj ijtffi|ligeûî^td;4|ite
se mettent en mouvement pour poursuivre les secrets de la
"?lF.?îj'!?^-?PÂ^^C^9*^ sanyojn|Çi„J| feui-ci'r^pérçj'.HÀcCelte
gi^ainjis dicûii)wtQ:don)tla^itliiw<'apparifl^i à4^hraâ!ne«eul.
c'esli^à^dift * décoûVH^ et léS^CSui* ttrfïMl^iiaffëHarMffime
génétaletneflt' iç[^rg|ilei,.^qj; Ji^.îes^j^igjt ,l§%jffiQx^^^îy,i re-
médier.
^ .0:^ ?<) vidiTioiï 9î Jnob ^poipéia ^ob noi8<i9O0ïJ2 fia — .8^3
V. .nr|îj> ?AhSff^ <M'^n oup iiiloD h •iiiomqrja naW inarnsnis;
; xiÀ ânîtiiHitrQ^o6^ ^ié> ^^(^mM'm^é^^^mm^^mm
reBlpri]];(>DfoFniém^tiàii»$«»e#¥é«AtteV9<»i^^
fois un.ià{ii^ndi^ ^ifi$^iii^4%dq(P^é^li<»l«^^^ '^^JiPVdëfii^^
cbte'jconoèi^iiaQhi^li^flttèièè ^^ k^^ ^W^vm^^mx^àe
riiQiiHiHnOTr tafomêïâ^JÔfJfuIJilaî^caHê?» «lo-'J èsb asiJe d'.n
,0 tîoi]î'îj3q8ïb irjsf « io aorJfioiîOi 'fusl b Jaoflio/ieè^oo.;^
.gsit'i'OfTi 81U9I oh j!i>t ë)9 fi îup ioiqnia'I olei^in.;o
' ^^i; ^'iJorr ob ollonotorn aoijcèio ki 9biBS9i mp 90 j^
3:.; 1.Ï797 a9 908.:(îq G<?(rrr?TrTrr^^.iJon ,8JiiLa.:i'1i5ri a9c5 ob je
--: rU k^n 1M.^'- î;»m;ùO'''^'i> ^l'^f'O ^i^^f- ^î^^*" ^^ '* f^^ ^ • 'i^''
.• , f ■ -, . ■>"-., , . ' . i.- j I ,. I ' • • • i < • ' '1 • * *- • t . ,
' i' ■ •
V I
bI eb 8î97i)9> •■ 4 ^'îvinaufOii *iir)q ^.^'rnovu^^'ïi iî-j M-'î'»*:^ -
676. — La successioa des siècles, dont le nombre est cer-
tainement bien supérieur à celui que nous avons supposé,
MHfe^f s4^S»^^ii'*®«B^8iâftil«g«^^ Qes ^otosp'«|oeii«tt& ayons
Y-fiffiSS'ïtoftifis ^8f 4«olrttKi6.^Rbj*i||faQftf* afifB9gl]pbec.ir aloX
sbNftfftffl^SBfoPW» «fl»À'B^ ^nwmipïr joflCiiimicpéatioû
des êtres des trois règi^^ijilajji^l^f^inayri im)imiBS8ià(i
successivement à leur formation et à leur disparition , et
constaté l'emploi qui a élé fait de leurs matières.
En ce qui regarde la création matérielle de notre planète
et de ses habitants, nous Savons donc passée en revue avec
rapidité , il est vrai , mais assez clairement pour que le lec-
teur soit en mesure de faire ses commentaires, et d'ajouter,
par de nouvelles recherches, des considérations qui ne feront^
414 - hPXEKDIOEJ :
à notre avis,' que confirmer et 'ëclwmr>ilai4nt^eâtiotre
.677. - Ma«è.<ïû.té^p,,^<ïr#ti9^5TRt^t^eîlfi,dçf,$9B8%cé-
leste&ou terceslrps eï^dejfiprpbal?»*»!^ taftw^îilmLpF^-
tiop ifloralp ^l, ^rtftqt,.l9| ,«Jirçfîtj^^ , «V^ifloMo 8îH^%jl';^.t8fir
pa« aussi ,99s s,ériei»e^ 6tfl4.^?|,^i,fl9W^MS;i^'^s^^^|P
sublime, «mcçpaoq <^ VfJ^tÇ}ljg«P^l*W9#ï?ï'flMkjî9.^tei-
xm\ celte ifl^ryeiMe,, nçi^is ,ftyft«s,é^^„^fqig^-,4ç;#p^l,4w^e-
JDeat.. comipe raj&&J^tjiii',tr,jstç,£Qj)tnt^e,r^Ypq-,lA {i|^egl,if)p
.des açfes <\f^.\^ ,na(^i|r^„i)^ (^ypD;ï;r(9^i,pfl^ fei^lilç) mf
fie ce.pMtçaye a,^puyp(i;„ 8'4t.fiî»r,POP^&i.,l3.,f0Hiï^ijj(u
Jft raçp entière t!ai>f,SiaB jep^çfDftlçî.iÇpç^fis^^^it;^,^
les i^ultais^,acte&^eri9jpDw,pp,;^i)SiDfiP3%iÇflnte'^n^
avec la beauté des résultai des actes de la natore? Quel est
1^ principe ^ui pbuss^ J'horbifie dans le malheur lorstfoe ses
aspirations.et s^ b^iii^ lui'f^Jit ^^^d\^M^êi^m%
une puissance ^trapgè're à'sa vbldnié' qitfïlinôîUe ^'f sjfn'm-
amë' ïuî-oiëiaè àui!'eJt;ralH§iEÎ"^e
.r'il 'un Jrt.. .r.T.^'i I ,.j| iiip |r, _9,(,,
pas ta ticbe .de
intrie passpéciali
ii, 'comme.',to,iis
36 à iin point lïe
; en^bicn.ofi e^
irce, imecréatîùt
création peut-être indépendante de la ci ._ _ .,
fKut-dtPfc; iQânie>({nc «'istunie cvéatioBlnDiqneinïeat Éwnée
de la voloRlé de l'homme, et; date eci oasu^nouk poM;^çnb'JdK-
naiider àl'bomme poiinpoi- cette vbktdté^uetteiintkUigBacË,
'qifil a totalement à saidieposi^ion,. il m la 'dirigé! {ap dbiban
odté pour son propre bien->ôlre etpotr «isbil de UailètaD ei^pèi&.
L DOHKfiHOKAL.
.flT8. — Pealrêlre rhdmme noua répon^a qo'il y a uûe
force supérieure et inconnue qui l'entraîne aux actes doHt.Ies
conséquences sont nuisibles à lui-même et à la société.
"*'lWÏ*lfè!'q(li'ia ;(illlp4rt (liS'itiaavaliirésultatii tes actions
'^%ïiWrftJéî'ÉBA'«iieflët"l'iitlfe^d'une(brceinvi^ble.'i)tinsce
lW;^lt«W«Sek lliJ»li«*iiMi|t!'*WiTli!J M*1I »« thér-
"k^VUmiS Mmv&sWa iit^WniitluI* (wtiirB étl «nlile
"iJiÂiàtoyfl'tau» JfejlWrtrfoiî [TOtlft iB aSfttiT, â ïéiMKhcê; SI
■JaA'BIMift-'Nis'lloityéiiS'Jé'tè^rtSiWri et* l'extirper; ' '■■
■^■iWilif <%iï(<ri! ei' 'f'oaWiil«â*illr ilt'enitetilt '|«ils«mlV il'ftot
Wê^lit» ll)rt'.liilB'lW;'!i«nréWà(itl'lioi«i!! S'Il'WveiKi'esl
■WWSfcl-'ijaè'te'éWntBiï'llé'Séo M*n-«r«i'Ml*(i'«i)tt'(lè'ie
itUiSiff(ilrlSet'>i*Wta»Uï«S IWHé,' il ifeirCléliiirttjsèr.l'llh-
'Y)uK^l"ïi'|Mitili'#Uile'li'i(tmiMr'Mtbii>rlëi'oUMclfes';mitis
»«ieiW'(!liftiii'H»t«HW*4imtfétil ësr««e'l*'Billd«, ««il I*-
i>Ha«'.'Trtiii»enïil''*'êroMsi»iniretitMleM;' ' "■■>
o^nttlh -«tfSignttlvilaHaBets da.>mal, «^eHi enûildiqKfir Ini^
-^èdaçpwr 4H<aoiHiaJm,^l&utjétLidiBrl<Ëm)teQrB(ile» carae-
,âàfles>ëljB£pa3sîoi)SîdeSboiQmea> celte'étndstitDtiâiiib àlrao-
nvdrilà qsfilt^dèeilaiée^quipFédemioeBtr ebee .uoe >natiaii,
^fiiiilte mi^éf iel et flilide.uHir&l. L'uii>el raulie<«si8lflat, l'un
416 APPENDICE.
et Tautre pèsent d'un poids considérable sur T individu isolé
et sur la société entière.
La création du fluide moral est un fait qui se produit réel-
lement dans rhomme, par sa volonté et par Içs circons-
tances de sa vie, et qui se transmet de génération en gé-
nération ; par conséquent, Fétude en est très-importante, et
mérite que nous entrions dans quelques détails, afin de prou-
ver combien il est nécessaire de connaître la valeur du fluide
humain, pour que chacun s'applique h perfectionner son ca-
ractère, non-seulement en vue de son propre bien-être sur la
terre, mais aussi pour contribuer à celui de T^pèce entière,
et cela même dans son propre'intérêt, car le reflet du bien ou
du mal d'une masse d'hommes, ou même d'une nation, re-
tombe immanquablement sur chaque individu, quelle que
soit la classe dans laquelle il se trouve placé.
681. — Si nous étions sur un balcon, et qu'au lieu de voir
les passants à leur extérieur, habillés richement ou pauvre
ment, nous puissions apercevoir l'intérieur de la pensée et le
cœur de chacun; nous aurions le triste spectacle d'une ulcé-
ration générale; car tous, sans exception, hommes et femmes,
riches et pauvres, sont afTectés au cœur par un mal déjà pro-
noncé, ou encore en germe, mais prêt à se développer.
Comme nous ne pouvons voir que l'extérieur, et que nous
jugeons, soit sur le luxe apparent, soit d'après le reflet de
la misère, nous nous bornerons, pour commencer, à étudier
le caractère des souffrances, telles que l'époque actuelle le3
présente à nos yeux.
682. — Quelle est la classe la plus soufTrante, du moins
en apparence? Sans doute, c'est la classe pauvre, cette classe
qui souvent n'a pas de pain à manger; mais supposons que,
par un miracle extraordinaire, le pain tombe naturellement
dans la bouche du pauvre, penserait-on que les souffrances
de la société en seraient amorties ? Loin de là, la racine des
L HOUME MORAL, 417
mauvaises passions humaines a pris trop d'empire dans les in-
dividus, ils se sont créé trop de besoins pour que le pain (et
sous ce nom nous entendons' désigner tout pl^et nécessaire à
la vie) suffise pour déraciner !a misère générale qui lient en-
lacée.toute iii sociél,é'. .', , '
La première étude à faire, la
tuelle dès nations civilisa,'
aurait pour but dé découvrir lei
efficace à l'hupaanité souffr^i'n
tout, un remède, pour la classe)
matériels, et (insuitc pourla cl
car l'ùneet l'autre souffrent, é
çnl besoin de se réformer. ['.\ ^ .
683. — Or, co.iaiDfi; laelEkas9'I«att0|dépei»l:et dépendra:
loujou
mëde,'
par Iti
.Qùd
doiis'f
noni ij
aussi I
liçhe j
]ij;e)i.o
Sousi)
jh-di'rç
sont pi
demie
iBalbâiiraijoqt)deD'âtOBSr4fâ{teaiipËreJaiU mt Wsk^se^ltGi^,
saaB.<}ueoei!iierci'B*flpf«îetç«ïvfcilHico«iq*e«etfc'iDlaasev(!a|ti!»''
fajt(^<îenK>D<j^BaiKeb.iit'ai;{iasr. téna.«pis¥t» de l'affinité (fm, •
dans l'ordre de la^aiwe^: iqaprïmel'atËrtctcon intime du bien ;
et du mal' iaes. le .rppport .géséraj de tou^ lek étr^j .
684. — Si la classe élevée par la richesse ou par l'intelli-
418 Ai'PENDICE.. '
gerice avait fait une étude snr le fluide m^rnU cette c1d8se,^dê«-
puis bien des siècles, aurait changé de systèjQoet. et Torgani^
sation de la société aura^U depuis Uxngljeinps ui^a }m^, 4ii^éreple
de celle qu!^lle a encore au|ûurd'luû,,.r ... ;;, ; r,, »v ; -^
En effet, si nou^ disons à; un hoo^ipi&.iriobf^rlKH^^JV 4? ^Ht^
Taisance qu'offre la fortune, à qui .rien.ne.,i?îanque>:,qiïipfjiit
avec son argent obtenir tout ce qu'il,veut;.^inoua di3oa$,àiçpt
homme : Vous, aurez des pialadies,. vqus inourrez, |^fi,tuD^lleT
raent, il le croira, par^ce qu'il levQii tous lesjiDsurs,;!Wi?Li^'§i
nous lui disons : Yous aurez de la misère au milieu de jtQpte
vôtre richesse, et cétie misfere vous' viendra de ce pSÛVre
hère qui se trouve'daris la rue, que vous nfe connaissez pias,
et bien plus, vous aurez précisémehl dans vôtre coeur, la même
misère dont cet homme est accablé î A une pareille sortie^,'
rhomme riche, Thonime élevé, non-seulement ne nbùVcroira
pas, mais il se rira de nos paroles, il nous traitera de vision-
naire, de fou, et cependant rien ne serait plus vrai que notre
discours. 4 r
"■'■■■ - ■'■■ •'■• '- ■■■ ■ • cokî.UAiioKs: •■"•■■''''"'' "■■''■""' '""'^
. , .^5k r-.^9n Wjon^ y udans. cet ^vf^g^,, ^ )cl)apitre.:^V,
comment, ^f<?ri?)q,rheï:be et cf3.qMei(îkvieptG^Ufl.jigr^ ^^jf^
\:^ifip^i^ fJ- Vq i 'îfipiitîl npusftvpns viji aii^si^qu^ j^^ in^m^Uef^
d^ç rpsioifWî.^'pft jcJ^vaU/lait Ii8? naôo)^ ÇwçtjPf^^ f(^^^f»
gfiftppgjard0.^^ ^Wtiieft'deJa,T,vilailiJé deJ'^niïpalv piftipvq«»i7
tori^apparen;($^d€iic€s dp^être$,w (;i .;- ^vimIiî^ iîn.jHir.
Comme il existe donoM^OM différ^(^ ide^i^^iUpn ^0S
chacun decc^auiraaiu,. pour le.dévj^pnemeptd'i^pefliôfne
^ut^tance, U exi^, également da^s le^ homo^es que .divi»n^t4
de tempéranientr qui fait q^i'unc mime sub^ani^e seidévetr
lopp^d'upemanière toute différente chez]' un ou cb^a V-aut^e»
et cette diOTérence affecte le^in^i^idu^, auivant qa,'ilâ.p9^T^
L HOMME MORAL. 419
dent plus ou moins de chaleur vitale ou des passions plus ou
moins prononcées.
Par conséquent, la substance de Pair (ou des miasmes), qui
est avalée par tous les hommes, détermine la variété des pas-
sions ^l leurs conséquences à diflFéfents degrés chez Tun ou
tJiei l'autre ; c*est-à-tiire que le même air respiré par deux
hommes produira chez Tun le développement d'une sensation,
d^une maladie, d'un besoin, d'une volonté, d'une passion, etc.,
tout dîfférèfits de ce qui se produira chez l'autre.
i. ■ -■
.6.86. — : S'il n'y avait dans la nation entièrB qu'un seul
homme dominé par de mauvaises passions, on pourrait dire
que son caractère fait exception, puisqu'il s'est développé en
mal par l'aspiration d*un fluide qui était bon pour tout le reste
des hommes de la même nation. Mais quand on voit plusieurs
individu^, ou jiiéme la majorité, Çt peut-être la totalité, do-
niinésd'unjB manière ou de l'autre par dçis passions enneniies
de leur propre bien-être, et nuisibles à chacun et aux autres, on
doit raisonnablement comprendre que le fluide que chacun as-
pire, soit par l'haleine, soit par la pensée, est un fluide vicié
et pernicieux.
887. ^^ G'eM,^OBCWn fait avéré, que la société ne doit im-
puter l^-à ene-raêmélesmauxdont elle gémit. L'homme isolé
n'est dominé pài" lés ' passions que perce qu'il leur a laissé
osurpen sor lui on empire qu'il devait exercer sur elles. Le pou-
vàltril ? Là comnliunauté dès hommes n'a-t-elle pas contribué
à^pafraiyser*seîsf6rees, à le& affaiblir, peût^^^ même à les
anéantir? Bien plus, la société n'é-t-elle* pas encouragé le
vibè et les passions lès plus malheureuses? -
'^ Les passions; dit Dntlds, n'ont par elles-mêmes rien de
*^ vicieui. EHes deviennent bonnes ou mauvaises par \vs effets
« qu'elles produisent; C'est la. sève des plantes, on en doit
« juger pair les fruits. Que deviendrait la société, si on la pri-
c< vait de ses ressorts, si on en retranchait les passions ?
420 APPENDICE.
c( Qu'on apprenne aux hommes à s'aimer entre eux, qu'oit
« leur en prouve la nécessité pour leur boaj^eur. 0^ peut leur
c( démontrer que leur gloire, et le^ur bien-être p^rse, trouvent
« que dans la pratique de leurs devoirsMPQurlea Fi^fb*|3 RteiN
« leurs, il ne faut que les éclairer.i> . ...
Cet illustre moraliste énonçait une grande, vérité^ -piais il
n'a présenté aux hommes qu'un côté de la médiaillei. quand, il
leur a dit de s'aimer entre eux pour leur bonheur ; cela est
bien superficiel et peu accessible à Voreille d'une grande
majorité des hommes. Au contraire, s'ils tournent la médaille
et s'ils voient de l'autre côté la peine, le châtiment. personnel
qu'ils s'infligent eux-mêmes, en n'obéissant pas a cette doc-
trine, oh ! alors le propre intérêt venant se mettre en jeu, ils
réfléchiront plus sérieusement.
- V
688. — L'illustre Pope, une de ces intdligeffices d'élite
qu'il faudrait, lor*sc(u*elles^paraisdén^OBur ta tieFre(';tîuHtv^
comme on cultive le tdé, a^n d'aM<rir^'pelteriiiteitigon£Mes
épis nombreux, a dit:' " !• ' / oll^fio' J-.9 If .s*. »
Homme, sois convaincu de ce^è'V^rift jî^'iCA l'.i é SUpiîqCP':
Que dans la vertu seule est la (ëlicité.
Seule elle irouvé en' soi sa proprè'V^iîottpeiîSiP*^" J. - - .093
^ Des biens qu'elle^WçoHs-<des*lètt* q€«&llfe[Taia|ieftf!ie[îlor8 tujpclc
Jouis égal^n^^ ft yw>,,fans,t'éi^0u,îji^ai^,g|^ g,^( ^j ^^^^
S'élever d'un rival çu tomber le pouvoir. ^ . ^, . ,
Dans la seule vertu gh le *bOnhèui\uprê'rtte:''^'^^**'ï'^'' ^' ^*if^'«**'
ïl'faut donc, ayttn4't(»itrv'se't!biûkRWîfeoiftto9è/9 Oi^OJ c! eu,
Et eneBfêl, sirhemmè'vbu&iit'«e^i<»pnattrà> hwf-nftWiieil s'il
voulait bien compfendré (\û'fihii^jeÈV(^n^ graiit dëoiaâiiie;aur
celte terre, qu^à (^lîitelilué Wi^ 4^îîJr»gWHiera
ciété, il n'est, souiller appoint pl^Stf(|àé,^i0^^ëga:ljAu pluepaif-
vre de son espèce; que le dernier soupir s'exhateraîpour IHin
et pour l'autre de la même manière, et^q^eieurs cendres se-
ront un jour confondues sans aucune distinction de la part
l'homme moral. 421
de la terre , peut-être que ce tableau présent à sa pensée tous
les matins lui donnerait à réfléchir.
Cependant ses idées prendront encore une meilleure direc-
tion, si nous lui prouvons qu'avant d'entrer daps le tombeau,
il y a^ pendant la durée de sa vie^ un fluide moral qui le tour-
mente et dont il pourrait être victwieux par sa volonté et par
ses adesy dé manièi^e 4 jouir delà ^vie bien plus agréablement
qu'il ii'en jouit en ce liidment sur* la terre.
Ç39^ 7^ Xes preuves que nous avoiis données dans cet ou-
vi:a"'geâe ridentîté de laWinposil'ion de l'homme avec la com^
position dé ïa matière donl est faite la terre ainsi que tous les
autres animai^^^^^^^ Hé son corps
aux autres corrm, exigent que nous montrions aussi la simili-
tude înte\réctuelle qui existe entre lui, homme, et les mêmes
corps. ^
'"Bèce^rapport il' ressortira, de la manière la plus lumineuse
'^Ifliioimne, qu-il£s( kitHBême Tartisan de ses malheurs
ftXirtsl^^tpârûeqiiiâv'COQlî^tQiiites les dispositions de la na-
ture, il est rebelle à Tintelligence qui lui indique toujours un
ordre de conduite régulier, et ce que nous disons de 1 homme
s'applique à la nation entière*
690. — L'hon^iia.ç ^ crée lejnot intelligence et il se l'est ap-
pliqué exclusi^akeni eomme sa propjtiété^ parce. que c'était le
mot le plus significatif, le plus beau; le plu& sonore; il a at-
tribué à l'animal, m\\v le même fait.le mot instinct; et ce
que la terre exéeute: dans le mémeiordre^ Jl la désigne sous la
dénomination A'œuvre de la nature.
Ihn'y a pas de comparaison à établir entre ce. que nous ob-
tenons de la terre^ qui nous donne /tout jpar/aiï, et ce que nous
tiroflsdenfaoèrei;tleliig(^eJ^j(}.'hQmme,,doat les jeffets resteront
•toujours eniarriSce et iniieû loin de la perCeclion des produits
de lanature.: ^ •* ■ - -
MaisRous pouvpn^ très-bien comparer les entendements
422 ^APPENDICE.
et les actions des animaux avec rintelligénce sublime et 1^
actions de l'homme.
691. — Commençons par les actes de Vbomnia 'enters
rhomme, et examinons d'ebord^le sétitmiétit, qni a^t la piiM
mtëre passion qui sorte de^l'âroe. ' v. ' - -• . .i .
Voyons un homme qui , ayant besoin d^un autre bjûmmel,
a. recours à lui et obtient robfet clé ses désirs. L'intelligence
humaine exigerait, en pareil cas, que celui qui est ainsi favo-
risé conservât envers son bienfaiteur un sentiment de're^dn-^
naissance, et lui prouvât à Toccasion sa gratitude.
Ëh bien ! sur mille. cas de cette nature, nous en verrous
neuf cent quatre-vingts qui auront un résultat tout ïicèn-
traire.
Nous noterons quelques faits journaliers. >
Si vous êtes bienfaisant^ si vous secourezuii infortuné^ on
si vous lui formez une position, lorsqu'il aura acquis,. geà^
à vous, une fortune^ attendezrvousd'abord à le voirs'élioi^^ttekp
de vous: Vorgueil a poussé dans son cœur avec Jai far tnàe;
ridée qu'il vous la doit pèse sur lui ; oui, la pensée qv'ilvoas
a des obligations, le fait rougir en yotre.pi;é$ence> 11 voqij^eait
ne plus vous rencontrer i, carv dans $or iniérieuf , i^éprP^Y^
un combat entra le sentiment. qui lui icapose^laîreçot^naisr
sance et Torgueil qui la repousse. Dans cjb combat^ Torgueil
généralement l'emporte; conséquemmenli, il vous ha|t ^0: se-
cret ; il vous nuira donc, s'il le peut, et il fjniiia.môme''pair,Êt«"ô
votre en aemit ,. . . . , •..—.!=.;.{
Si votre fortune n'est pas assez grancîepoiuriyQtu^.permkeiUfe
4e faire la position .d'un infortuné qui réa^araç .voire . bien::
veillance, mais, que cependant, par bonté (Jç oceur, vous lui
donniez des secours, ou si vous l'accueillez auprès djB vpijs,
attendez-vous à le voir au commencement très-zélé, trèsHBmr
«
pressé à vos intérêts; mais aussitôt qu'il ae^a bien au cquraiit
de toutes vo3 affaires, il tâchera devons soundettrC/ à ses yo^
lontés; s'il ne réussit pas^ il deviendra également votre enn^
l'hommis moral. 423
mi, €i le pl«is dftngerèux de tous^ car il coonaft vos affaire
et votre position.
: uNoijfi oâ^aigitailwonspas d'autres exemples; dés faita de ce
g^mer^id^fif. ao^es^d-iog^mlil^è «aipàssenè jouÉneNemènt à ]a
connaissance de tout le monde et aeciuseni la dégéBéreseence
d^}re$pèoe<fajimailiei .< . ' .' • m • '.v.\ ■ .
) ^Jb'uigraditud&est ie^sentiirsent le pinRlécher conH»e it est
aussi] fôipffeméepQiobiie de reffronJferie.(|ii} ehcoura^ ^'iioiiinie
àiioKsdeâiviice&i!'" - i» -'- . .:-
Voyons,. pèropposiftiaD^' ta condvile d-uo àAéû en pareUte
ittUn nhi^nià i<|ut vous aUres fait du bien, sdit que vous lui
montriez de la bienveillance, soit que vous le nourrissiez^
vous témoignera aD!^sitôt'^{| recôanaiësauce ; il S'attache à
ipotrèi|iL6PSonne,:ik:se'dévi)ueëv(>tre sûreté, il veillera surdos
bîéi]â,,4l aéra le 'gardien Gdèler de votns propriété; il vous
d^feûdli'â.en touiè ôdcasioti ^ 41 Be4&issertt luerpour^vous sauver.
; : l^f^ i^hieli ja donc junisientiméiitplus'pioble^ plus élevé qtie
Miflte. ^'Prétettdi^dit-otï qiië Tàiciiott dti^éhieti'^éttfn effet de
éwTtf^tiWiktf'M&ié ri^tinfct-Be' complMtid'¥>olif »feé Hèéôirià
iàiftérteteèt^|^I^^<ifê6,'«élsMqi^e toati^^ dbrftfi*? «ié'Afiféftdbe
iiâ Jiaiftq^el<,< • êûûn 'p(yèit ' teut >ee' 'qui »se* i^â (iprtHfè <à' 1 k 'dcfri^er-
vMiôtt kfe'Vêtt^e^fdndfldttkiEltti; et'à^cèlîiWè l'hbAfttféf iyo^È^^
éj^tâëiW^nfMtisIJA^tU' ^ ^ .-^-^1 >i^^'^ ^''-î'^' '' "''^ •""^■' '^ • ^^'''-^
L'action volontaire, qui se fait spontanément; qiirîvîenVdé
reteèfm'(itfî'àMift^fetJt'^l«é eu riuisrfelè,^ qtii' est originelle,' créée
à^imt^lïtl^à l^ôééask)*,' in*è8t pllis; urt teffel- d'éTîHsf iîictV îiiafé
bièif'leifrùJtdè là' cdiiCéptibfi et dé reàtendéWrtt. La préiivé
eii 'e^t'<iue ié ^éhién, «qui à f)rii5 èf tîftcbé dé proti^ér son Wétf-
feHteuï'j^ se ftiit^lAiéi^^^r iiii;' ^riiit^îe' u'n -acte d'itislittct
ijueitfé'àè mtë tiïer?^^(M'nïêhyeifhferi,lqirt'ëai^ésteson niâttH^
(jd4 4tA ^vpri-Bttë; paft^ses ^eux' et ptfr îë'miiiîVétfieht dé sa
qUèue, ya jdîéen'lé-toyànfr, présente ses^ délits et Ses crocs
424 APPENDICE^
menaçants à son ennemi comme pour l'avertir de s'éloigner
sons peine de recevoir ses morsures; n'est-ce pas encore une
preuve d'indulgence de la part du chien que cet avertisse-
ment? Et lorsque tout à cou[y il se met en action et livre ba-
taille, puis qu'il retourne vainqueur vers son maître, ne té-
moigne-t-il pas, par sa démarche joyeuse, qu'il cousait Tim-
portance du service qu'il a rendu?
On ne peut nier aussi que le chien n'ait, à un degré plus
élevé que Thomme, le pressentiment, Todorat, la vue. À»
reste, bien d'autres animaux ont ie sens moral plus délicat et
les sens physiques plus perspicaces, plus exquis, qu'on ne le
remarque chez l'espèce humaine.
693. — Le singe appelé titi ou capucin, dans les forêts de
la Colombie, ressemble beaucoup à un enfant: même exprès-,
sion candide et malicieuse» mén^j^ mobilité dans les traits ;
s'il a peur, à l'instant n^ême ses yeux se mouillent de larmes;
s'il est content, il bondit de joie et grimace de la manière la
plus gentille. Timide et délicat, le titi s'apprivoise facilement
pourvu qu'onje tienne /lu milieu des arbres; dans une plaine,
il devient tj^iste et dépérit. ^
Cet autr^ §iQ^ ^PP^!^ ^ vindita^ fort gentil, à l'air doux
et timide, ne s'irrite qu'à la. vue des oiseaux, contre lesquels,
avec l'agilité d'pn chat, il s'élance sur les brapches et égorge
sa proie^-s'il pput la saisir.
Et cesrOiseaijx,,.expos^s à la persécution de cette sorte d'en-
nemis, ont l'adri^sse de construire leurs nids d'une manière si
artistique qu'il est impossible aux singes de les atteindra; ces
nids sont à. p,eiQe< suspend us sur les cimes des branches et n'ont
qu'un petit^trou au milieu caché de manière à rendre impos-
sible ia vue de ce qu'il contient.
Cette précaution des oiseaux n'esl-ellepas l'indice d'un sub-
til entendement?
69^ — Plusieurs philosophes du 1 8"" siècle ont aussi com-
L'hOMH£ BtORÀLv 425
paré, soùs le rapport de rintelligence, rbomme avec les au-
tres animaux, et un poète a fait parler unehuitre qui s'adresse
de cette manière à l'homme:
Que trottves-tu là qui t'étonne?
Apprends que dans cette prison x
Qu'entre vous océan Ton nomme,
Chacun de nous a sa raison.
Et que rinstinct de tel poisson
Vaut rintelligence de l'homme.
DORAT.
695. — On voit que le cjbien, le singe, l'oiseau, et tout
autre animal, grand et petit, que chaque individu, chaque
race, conservedegénération en géuération , toujours Qdèlement,
le mêmeentendemeut, ou le même instinct, si Ton veut. Pour-
quoi ne voit-on pas, chezces races animales, les mêmes change-
ments que nous observons chez les hommes? Ceux-ci changent
d'opinion à chaque instant; la fidélité à une opinion, et par
conséquent les actions qui en découlent chancellent constam-
ment.
C'est parce que les animaux n'ont qu'un but, celui de faire
chacun leur devoir; aussi une même race n'émane jamais par-
mi ses membres d* autre fluide que le naturel qui existait dans
sa famille depuis son origine, et les descendants, conservant
toujours pures leurs habitudes, restent exempts de cette cor-
ruption horrible qu'enfante le poids du mauvais fluide que
l'homme produit ou absorbe dans le cours de sa vie, et qui se
transmet d'un individu à l'autre pour son propre malheur et
celui -de sa race.
Ainsi, c'est le fluide matériel et moral de chaque race ani-
male qui dirige le sentiment, ou l'instinct, des individus de
la même famille.
696. — Cependant, l'homme se croit l'être le plus parfait de
la nature ; orgueilleux de sa personne, il ne veut pas s'alrré*
ter à cette réflexion que, comme être physique, il n'y a aucune
426 APPCNDICfi.'
diiféreiice eotre laî el la brute, puisqu-il remplit absoUinieni
les mènies; foneticins noturelied que t<mt aiitre animât s^t^es^
tre. Il ne veut pas nodpltis arrêlfe^^se^'i^fteiîonSstlf^^esàt>^
tiens instinctives des animaux.
L'bomme se croit omnipolefi4>à causede son intelligence,
et il ne voit pas que le plus souvent il remploie, cette intel-
ligence',Menséni^ inverse dti buf^pbtif létfùëlié Créateur fe'^ui^
a accordée. " " - '" '' '"'■' '' '''' •"''-^'
A rèxceptioii de-quelq^ïésftommèsd'éîite; là plupa^tTdiés^n-
divîdu^ de l'espèce hurttWne à'écorcheratent les unf fes'âtltîés^
pour s'approprier ce (|ui appartient à leufié vôisittfe, tn^iïiy''à
leurs amis, même à leurs parents. f ti ^ t <•».!:•
Et, quand il montre 'cette aviditë, Vhoirtme, avec éélVé In-
fériorité de sens, se croît meilleur ijiie les âuttes ammauïf'
■ T
. 697i. —Celte' perfection individuelle de tt'inteHigëtaeèdfoç
VhiWf»'^ pos^^^'^wcJquerftiible'qnèHe^it'eûd
ternit h|i:-ni0tpe^ par sos actj$g$;$a..C0nd4iHe fatlMmti^emir qu*jt
n'est que Fintenajét^iéif^e eû|re,vl^vbrpte:ét rhopwqeiq'iiii^tipi^
dra à [la. septième joiirHée* . «; ' . .. ^ t . . h f;! Awh'
L'homme. factuel estil-être le.pliisltoéchaat; il faifc'ptiMrfle
m^l h sa propre, race qtie Iom lesrailimauaL ne^ s'entstont! §eàSb
entre^eux è^jtou.iesle& épaques ipassét^ssdçdà ctésïi&by'rj ■-li»':
il^^ afijn^aux.de la même raiee se cbe!i?dfieQt{réfh»Bekiè!qiièk>
rellf ; ' ils. ■: fpftt , -, te -.gMeJ^re' bontre d'Huttes 'raofs> ^èûahaiwarti^
DQ^ »leur^4M<)9Bsi0i3i^)^Ofit promptameoÉ iètominées^ ie>)v«àd-<
qnwr mwgcîsa i(fi0Umei:etjlQut'Clé(> finiu'Lfhniftiïie, «q^bèn^.
tf^^re»,. : îCboT^he fiçôni&!«rtmBn4? • qiifepeUèj à>8qn&Hanhla*Mf^*9
guerre entre eux est acharnée ^îperpélaelle;Mahaifiev^'<îhi^
çane^ laiforfî^ntepie, J'çtôtucë sont les moyônsLiàwiiiiib^^iiiire-
Ipppe ceiïx 4e son espèce quillj peut app)fh0heri;>UptwiuM0
iQur paix > dévore lettiis .rtesottrôe^vJeiif. pnéparu/ioûBL^Ioiigaf»
agopje; airr^l'homroe.est plus cruel; qiie «IdAruté* iiw;AHJi= o
L'homme est si loin d'-Mre parfaib^ <^siiiftveogièMiq(i'iive
L HOMMft MORAL. 421
s'aperçoit pas que. le mal qu'il prépare à son semblable doit,
tôt ou tard^ retoiyiber &ur lui-même ^arla' loi de Talfinitéqui
règle Ip^ilee qui existe d«m ,1a iti^ture» .
t ,
CA.V9BS:
. 69;^. — Maiuteinam, vpyiQrfâ les causes qui attirenl SM^r
rhomme le fluide pernicieux, origine de ses malheurs* .
, L'homme ne s'est pa3.encoreaper^ qu'il y j^ki d^ns l'ordre
mq^al, uni^ sorte d'^aJKinité intime qui faitoOmmuuiquerJe
^a| Qu^e bie;i général ide rijidivi<lu à re^pèceeotière, être*'
ciproquement.
Cette ph^ervatiou a échappé jusquf'4 présent à la pitoélraiion
des moralistes» et cependant riei^ .n'est plui^ réel. . (
L'homme riche se persuade qu'attendu qu'il possède une
gn^defixrtuae, il est à l'abri du<mâlbeU#; il voiiles pauvres,
il Mes plaint^iNeur donne aussi peut-^tre qnelques' secourir, et
voiljBi M»t;t6iX)yant aToiffiûoeompli' sa -tâche, il^it: al\ilftii(
ee.foeijfai po4 tttél ll>se(:poée leni(4iHaiiiliropiè; "^ ' ''* ' - '
Mais la classe nombreuse des pauvres et^des^êtt^eii souffrante
alesniémes besoûis(sa«fla<lup[e) qu'a'lafcla<;se plas^l'estreinte
ie& hoDunes dehesç^'â •la>ci«i5se>fA)âibreyse né -{ieiitt ptfs^sftisP
faire ces tesoins.^ tmpérieiiiX4'qui'«ont^eukiÉlè^«dri^e!^ié<létieev
elle fdoil^aMtffrirt^i-iséttie souffranee aigiid^'étend «sm^i UA^^'^iil-
tilnde d/âtces^qui; forinent ila Jgtaùde mstjmi^ dé te' po()ulatfon>
Tiiwtte;^ cette.soutfl'aliee^3dtjmeidui«i»mriâel'h«FiiJitflè><e»tù^
gnétique ,eti lëieo trique' |s eUei$e'4:omffluniqi)ejet^''0Of»inè<^tfif
oonjta^D^ ! seUei'passe dàbs lUmetidei Vtièmv^ 'VUffé] ^ui^ ^p9i\^
eoatrecottpv toriffreà»80n!tour/^-'-'"»'- "• • ■' '"«i'* '^'''•' • '"'S'^
Lftisouffmècei du riche; iaos douiez b'esO^as '«te' la méMê^
nature iqtieilasottlfrpiiicdifhi! pieuvre; kt^riiîhe peut ^lenir té
qu'il Veut avec son argeùt-; ^la soufframeequi s^'est gliiâséè pw
contagion jotons< isoh àme sera d'hpe nature '4out62 diffërente;
mails la misère intime^ sera la "méoie.
428 APPENDICE.
699. — On connaît la coniagion du corps : on sait que la
péste,« le choléra-morbus, et toute autre épidémie, se com-
muniquent même sans l'attouchement ; il suffit de respirer
quelques atomes de cet air corrompu ; Feffet de cette sorte de
contagion grossière et violente est le rapide développement
de la maladie, et généralement la mort en est la consé-
quence.
L'haleine est également contagieuse ; mais, plus subtile,
elle transmet ses atomes bons ou mauvais à la personne qui
Ta respirée; c'est ce qui arrive très-souvent et même jour-
nellement ; bien plus, cela se passe forcément. Partout où
îl y ^ agglomération de peuple, Tair local est insuffisant pour
la respiration; or, comme les poumons doivent constamment
fonctionner, ils reçoivent forcément Pair ambiant de quelque
nature' qu'il soit; par conséquent, les hommes, quand ils sont
réunis, aspirent rhateine les uns des autres.
700 — Jbes malheureux 'entassés dans leurs petites mai-
sons^ où le ^re,' la'mèrie et les enfants n'j>nt tous ensemble
bien saaviHitxiu^uiifêseuie chambre qui sert à tous les services,
avalent jomr et i^i^ jlae haleme empoisonnée par la respira-
tion commune; de. là lar.triste^e, les chagrins, les soucis, et
la.misère oaatatèi^ieHë'se Imnsmettent du père aux enfantSfy ea
s'incorporânt dans les viscères, dans le sang, dans l'esprit
même, et ces misères, dont la racine s'est ainsi inoculée et se
développe ai^ee'l'accnRssementi de rîndiyidu^. feront rç^^eptir
leur effet matérid-iet miHrab>penddDLi truite Jei.4iAfée d^trl^
Vie- ' *^.> ..'0. *"■. ■«,<• 'Aj'j\i'\).j r/j'c a.., -,K.ak^ô ?.:t\ k- ••«.
' Dans le courant; dela^vie^ c6ttei,géfiéraUoi|,iee$.'€ailffiOto
devenus hommes, habitués aux privations, aux chagrins, à
l'air corjromçu.r n'y,.gon,t .pgi% lfpp^^ibJi^j^.n^çi|^^), fi'est
pès moins vrai eque lei*8 sa«g e$l vèeié>vq*ie, fleurs .çi^ha-
Iskons seront corrompues, ^t( -que leu cocrtiption ka, crois-
sant chaque fois qu'une nouvelle privation et de- nouveaux
L HOMME MORAL. 429
chagrins attristeront les instants de leur pénible exis-
tence (1).
L'haleine et fas exhalaisons de ces étires entraîneiront né-
cessairement ces propriétés; puis celte haleine, ces exhalai-
sons, passeront dans le sang et influeront sur l'âme de tout
autre individu qui, par une cause ou l'autre, se trouvera de
près ou de loin contraint de les avaler, et Tair ne manque pas
de les transmettre à tout le monde.
701.-^ Or, la classe riche fréquente. les...assemblées, les
concerts, les thé&tres, les égUsje^i etc« Les réunions y sont ha-
bituel lemi^iit^assez nombreuses, et par conséquent hors de
pr^portioft avec l'aix existant dans Tatmosphère de la salle,
4an^ je théâtre <)u> dans Téglise» çtc. Donc Fhaleine sortie de
leur j)puche remplao^ l'air pur. Au bout de peu d'instants, cet
air n'est plus le mênoe; on avale alors les évaporfitions et les
haleines des autres. Comme, chez tous, le sang est déjà plus
01^ moins imprégné de l'w vidé dontidnûos signalons Uori-
ginè à l'article précédent vietccoimnediiujai^rs et partout. des
hommes de la classe indiquée sont aiébessakesiaux serviees^du
local, -il s'ensuit qu'il est impossible d'écbtfiper entièrement
à la contagion de la misère et dés senânsènti^di^adés dés
êtres souffrants, corhme il serait impos»blôdd'iéf ker êa^eonta^r
gion d'une peste gi on respirak rèaleiee de8ipÊsliférés[)3daiîs
leur appartement. .. >r ' o») ,fe:o :>i =j' ; o -i
Ainsi la tristesse et les peines quegkniffieé' la{.graiidj^i^flse
de 4b population viennent forcëmaït eôrrnn9re.l6sang,ide
cœur et les sentiments des hommes qui croient s'en teniri à
tU^tance ou être à Tabiri^da contact de la. misère humaine
"'(l) Dans ce lableau fipti^tfôbsi^ëprësêiildiis^ la 'luittàliôn'la'plus
ordinaire; lious pâssons/^ns rferidirer, saf ie& èffÊt& pvimtlifs^ inévi-
tables, dérivés d'un sang acre, vicié, et dluiij^, position malheureuse
qui , en outre du besoin, fait pencher les garçons vers les désordres de
Timmoralité, les pousse au vol, et les fîUes à la prostitution.
430 APPENDICE.
par l'effet de leur position plus indépendante et plus élevée.
i ••'
702. — Mais il y a plus encore : la eouftagîc»! est positivé,
même en dehors des jeouses indiquées^ aux artidies 'qui pré-
cèdent. . ; »■• •
La çpatagîDn de la oorrûptron da ^aflg^etdéi'é^prtf/ séé(Mi^
inpniqae, iBfiiOUtre,! pac oe que noLis>aipfieti€rÀtis te poidBdè^
fluides. Il y a 1^ fluide matériel; et^te-fiaide uioral i le maté-
riel est celui que nous veûîdfis de spécifier, qtn"^'iv^\itë^v
rhaleine; le fluide moral est celui qui se transmet par la j^n-
sée, et sur ce terrain, l'homme ridie fait une • ample téôdlie
et absorJbe énormément plus qu'il ûe le suppose de h ûfïisëré
de l'homme malheureux.
En effet, le pauvre, qui n'a d'autre ressource que de ga-
gner son pain parle travail que le riche lui procure, rhortime
d'affaires qui attend ses profits spéculatifs de Thomme riche,
oht sans cesse leurs 'pensées et leurs vœîix tournés vers liifi Xe
fluide moral, qui est comïhe''resséncé de la pensée, suit la
même direction, et p'âr conséquent aussi T essence du râalheur
etdèla misère se réfléchît sur^ lé riche, comme se réfléchit la
chaleur qui frappe une muraille èl qui transmet son' eliet sur
le visage quand on regaMèen face cette riiuraille,qû, si Ion
véùt;*éomme leléol'éîf qui frà'^p^ la terré èifàiî'rm^^
lumière sur fa lune. ' \ ' ,
703[ -^««len 'que Iff' «tfîde Mt' ainsi dirè^ctémeriit àcif'éésé
par la pëtlséé-flU |iôiiVi^ oti*dte Petite sdti'Mni âif^^rt'éfrèvc^^^^^
8o4Helt^Hii^*i«tti^ *e flttîde-^^^i^une'sbrte' tf'attl^rt^^^^
nant de ses propres désirs; car, vaniteux comme il Testée'
sa .position, son s^mour-rpropte rfen, tmuY© suï'êxcité/^OCet
am^mr-pïfopi;^ ,n'iest;Auipe cJio$e<}uei teîd&ir deifaîDCfparter'de:
lui, d'^cquiérir de la glQirie, d'avflir-dè la réputation,' d'^ea**
tendre prononcer son nom et faire son portrait për le plus
grand nombredebouches^po^ible. non€,'8on désîr,iscm!fluide
l'homm£. MoaAL. 43 1
expectnnjt, recherche et attire celui (fiie le malheureux lui
avait déjà adressé. Ces deux fluides s'affinent', pour ainsi
4iç^^ ^ 9^l^ig|tIMItt. ' > '
. ^ri^fD^sibrii! qu'on BeiKoitpes'ees'ftaiidés; flous répondrons
qu'on ne voit pas non plus dans un œuf de poule, cotnpoi^é
4'i^n) jtMJii^i^idl d*à&bla»c';, Je moiiidre tiade nrdëfiaug^ ni de
p(^nl^$.y.ni^4e.ftbr€â B^vscailaires, 'et cependant tôiAcete existe
et p^natjï à tio$s yeux des «fue Toenf aétééefiaaffë par la poule
Q)i,|nMin(ifeip»riiiDe chaleur artifideliev
~nl4 jUajUire^danssasag^se, oacbeànotre vue trop gros-
sij^fVQ ,\es pbjetsi infiniment petits; mais elle ne refuse pas
le^;^:(«e^[veB de .ce cpi'elle prpdnit, et le magnétisme ani-
mal, qui est reconnu par la science, nous fournit la preuve
ii^rjéfr^g^ble de ia-cocrespondanoe des fluides de Thomme à
7Û4'. — La nature nV donné à Thon^n^e quj? cinq seps t la
Vûe;Vbd6rat, te tact, l'ouïe et.le goût;, les fepimes^ en admptt
^ènt un sîxiéÀjé, c'est celui qui est relatif ay §ent.itnQi[tt de
l^è/iiibjuri dans ce cas', les six sen^ seraient en rapport avec le.
i'ôilliiÉ/rlçdèâ jours de la création 1, , ,, , . ri,.'
**ïl est 'reséryë probablement aux hpmm^ dCj ia septièipe,
j\iiii*aeé iPàvbir un seplièmo sens, dont, ôpttô nç.sc^irîops aajtj^^^^
cipeY le hdm, mais qui aurait ïa propriété ^efajjr^^pjerceyofjr
les fluides moral et matériel qui existent immanquablement
eljijyj^^^foflçUQ.nflÇflt^
Wî?.*?- i^MOTes m^^ m^^^ mJrmm^ imn^édjatewettt.
} MhiT^rî^i^^BOifmtàoiU'è^^ dfes clauses'
nibllMÉiniisesyil é'^âabKt 4ij^^germé^danî^<lés^vrs
menricbe; lè>prefxxieiî effet dè^ <^é génne est' un nià4atsè dont if'
n»^ rënd;pa^ieomp^ei;ùn^ospèee de doéèonlèûtëàientimoral, '
oui uii; désîr qHi^ ite > pousse llisénsiMèihieii t à Wn^ pa^iorr ; alors
432 APPENDICE.
ce sera sur celte passion que se développera toute la force du
fluide pernicieux.
Il y a mille sortes dépassions ; nous ne parlons pas des plus
ignobles, qui sont les plus communes; seulement, pour satis-
faire sa passion morale ou physique» Thomme fera tout; il
oubliera même qu'il est homme !
706. — Dans le cadre ordinaire de la vie humaine, ce qui
domine le plus, c'est la vanité, Torgueil, le désir effréné de
surpasser ceux qui nous entourent, de paraître plus riches, plus
considérés, plus vaillants ; c'est l'indice instinctif que chaque
homme sent qu'il est encore sur une échelle inférieure. Il
cherche à monter, et quand même il a réussi à obtenir Tac-
complissement de ses vœux, il n'est pas satisfait ; son cœur
désire encore; il est peut-être plus malheureux qu'auparavant;
il a surtout des reproches à se faire, des remords à expier, et
il marche vers la tombe convaincu qu'avec toute sa gloire et
ses richesses acquises aux dépens des autres, il n'obtiendra de
la terre que le mélange de ses cendres avec les cendres des
hommes qu'il aura le plus cruellement offensés durant sa moi^
telle carrière. Et en partant il laisse deux testaments: Pun, à
sa connaissance, affecte ses biens à ses héritiers; l'autre, au-
quel sans doute il n'a jamais songé, et qu'il leur laisse égale-
ment, c'est son fluide moral pernicieux, qui, s'inoculant dans
ses héritiers, va combattre et probablement détruire le bien-
être que pourrait leur procurer l'héritage de ses richesses
matérielles.
707. — Il est donc clair comme le jour que les passions
des hommes, les vices des tempéraments, les maux qui en
sont la conséquence ont leur origine dans l'espèce elle-même:
le point de départ, la première source vient de la misère de
la majorité des pauvres et des êtres souffrants, dont les fluides
sont forcément attirés, absorbés par la minorité, c'est-à-dire
par la classe aisée, sans que celle-ci s'en aperçoive.
L HOMME .MORAL. 433
Cette vérité est effrayante si on la consiilère altentivemeat;
et, après mûre réfleiion, est-ce que rhomme riche n'aimerait
pas mieux être un peu moins riche et sortir de cet esclavage
du fluide qui te tient enveloppé, comprimé, qui assujettit son
existence et même celle de ses enfants?
Nous allons encore lui donner quelques preuves de cette ter-
rible vérité.
EXEMPLES.
708- — Il y a fort peu de familles qui parviennent à se
perpétuer dans une longue succession de générations en ligne
directe; un nom s'éteint au bout d'un ou deux siècles ; tandis
que la race d'un animal ne cessera de se continuer en ligne
directe que par un changement de climat sur le globe, ou par
Teffet d'un cataclysme.
Une plante dépasse des milliers de siècles sans altération
bien sensible; ainsi le chêne, la vigne, etc., sont de nos jours
ce qu'ils étaient du temps de Noé et même avant lui*
Si la postérité directe d'un homme riche arrive à deux siè^
des, il est certain que dans l'intervalle encore ses successeurs
auront traversé bien des vicissitudes; ils auront probablement
perdu la fortune primitive de leurs ancêtres, peut-être ils l'au-
ront refaite et perdue de nouveau à plusieurs reprises; pour-
quoi ces alternatives de bonne et de mauvaise fortune quand
lé fondateur de la famille avait assis l'édifice delà sienne avec
tant de soins, et qu'il avait employé tous les moyens possibles
de garantie pour sa stabilité ?
La raison en est simple : le sang et l'esprit corrompus dé
plus en plus par la quantité et le poids du fluide de misère,
dirigé par la classe souffrante, ont affaibli le tempérament de
ces héritiers d'un riche patrimoine ; le bon fluide a été faible;
déjà les malheurs et les désastres qui les ont frappés de mille
cOté^ sans qu'ils s'en aperçussent. Si ces hommes avaient eu
S8
434 AFPEffDice.
poar gnide va esprit sain, s'ils avaient fkH'lé-un 'iM 'Tf^ànt
sur )e fluide moral de la communAulé; si éax-ïnèaiei' aViH«é(
pu résister aux maàvaiaes passions, soit de^pi4ftt£i6ôitd1if-'
jaslice, ils auraient su conserver leùir bien et vHVea^lM^ëftip
tempsheureus. ' • ■ ■ ^ " >£ " ''-li!-':! ■ ,■■
709. — Un autre esemple, plus clair cncOTe,, se rernaràuç.
tons les jours chez les hommes appartenant à la classé la.futis
heareose en apparence, et même à celle qui sern|)té^'jitâéeeè
l'apogée de l'échelle sociale.
Qu'un homme conçoive un
ses facultés; lorsqu'il aura l
dépensé, et qu'il croira être
arrivera qu'à ce moment m
main l'objet de ses désirs, il :
tourné à l'opposé de ses pi
échappe. Et si jamais il a pu
plus souvent, soit à des circo
vues, soit à des causes tndéper
nant peut-être de personnes
comptait le moins. ' ^''..^ ,, ..■.,,. ' rfi
C'est la preuve la plasirrécusané dëTa nBlltle individaene
deThomme". . j^„, ,,,,(^s.. „^ 9103^,3 _ ..,^
On a nommé ces accidents « les C^WiÇ^^f^jf^fil:fif>^j^ft.
si le sort était un être qui préside .aui,:éyéi:|ei^tji|it^jj^,J, ,. .,,
On doit plutôt voir qufi,.pomme touî ^ J^ç|^ai;i^,^s fliçwifiîj
d'une nation, la grande quantité et la.diy^r|ité4iij^0u^jiii;tr.
rai pernicieux, par son choc è, l'intér^iy de j'I^çiïijf^e, j^op.-
trebalance notre volonté, etinQi)^puis^)iiai^^sur.,le,f£iiiie('4
sèment de nos plus ardents désirs. ,^,.,.,, .,, iioiiiissllipi fia i^L:-
710. — Oo voitencofc dtJrffiÀïtJSA iAaf4ttëh£âftï<>(«âfl8iîce
pour aiii» dire obstinée de bieà^'4ti''Bk'W^f||gVei%oêiiteâ#
pmoBues ou certaine» ràmiitèsVpë^eï'é^êV'^lI é^'qé?^
MitKpm par un homme M k^asuïit;^ ^f'^'^it^l^'iMNi«
l'homme moral. 433
^itr^mdra luunia'a contre ses désirs. D'où vient cette tena-
cilé^eb^ne, fortune ou de revers? Ëvideimneot il doit y
avo^VP^ cttu^j.e^ U est impossible de ne^as attribuer cette
caiitsç it.uDe^<ii$poBitiaa préventive de l'individu, provenant
d'un Quide matériel et moral earaciaé dans ses viscères.
^ Le Quide qui existe dans une race animale est en équilibre^
it pYa âoè^^oininé qui l'ait fait sortir de son équilibre, en
mv^^ûnt leLBitoations dès ètrèsjdaDs l'espèce. Or, le balanoe-
mentgâieral cherchaat a faire une compensation, il arnve
nt, en totalité
1 ou du mau-
homoie actuel
viscères une
è qualité, soit
a agi avec in-
luide mauvais
à ses desœn-
le an tribut de
çomme.une dette^d'héritage.
vient delà rdigion
holiqiies, les pi'otes-
' méthodistes, etc.,
it^ issues du chri^
ifimpris, ne forment
36' trois antres quarts
'pagïoiâiue, divisé
qUfBf ^M !«"■'.' ^'"■^vo MMTV t"
■joB«»S#>ïl»»«f)ffll*> #»%i«cili(i psrtij» du monde, cha-
4i6 APPENDICE. '-
A quoi tient cette prospérité exceptionnelle et ëviitaddè? Ette
tient à l'homme, qui, sentant sa faiblesse^ nài)ureMl^<is'incline
respectueusement devant Dieu, sous quetqM» fortpe (^i^
teuille le lui représenter : Kliomme comprend q«i^l«>64 dràb
sa nature d'adorer un être suprême, auqitôl il doit sou^^^^i^^
tence et sa conservation. ? ' •'ho^ov ?n -^'
Le poids des fluides incline donc entièrement de^ce'eôté;
chaque peuple porte ses hommages et. ses- vOêés au* dteu^iAd»!
il professe le'culte, et ce culte prospère; Les > prêtres et^téd^mi^
nistres n'ont d'autres ennemis qu'eu^^êmiss, se-jaSoUsèkHt
entre eux, se décriant mutuetlemeirt da^ns teuv^^Vâgi^^ %ii
vue d'abattre un culte rival. -«.;:. . '.
Heureusement ceux qui proclament des èn^eurs'ir'ont -pas
longtemps le pouvoir d'entraîner avec >eûx une viâë^orité-^
fluide dans la même direction, car^le^peuptev ddfiH ibn'i)on
sens, aperçoit tôt ou tard l'esprit de pas^q, d^ )ii)olfeie ^t
d'intérêt, qui perce dans les diatribes, au lieu^derresp^sd^U-
nion ou de véritable religion ; le peuple ne fait dçnc aucun cas
de ces sermons de partis. ^ » /: -l= ..i^
C'est ainsi que les prêtres et les riifmkrësià(B'^cét'f^^
ne voient à leur suite qu'une faible minortt(^|'et!^qàe^ièîife
traits les plus poignants ne peuvent huirè, tfai^r^^l^urs^^éf-
fbris incessants. - '^ a: ..■ .-'o^i» ^M^oo^iq i^Ji^
Chaque religion prospère jusqu'à Ce qiie ' të pçiiPlê l'iMièr-
çoivé que, sous le nom de corporétiàn fètigîéikei tel' pretlfe
et les ministres ont accumulé degrandes ^rjlchesse^, aHuimen-
ses propriétés, des terrains can^idéràiblès,, ét(^^^ re-
venus dont le superflu suffirait pour' soulager ^e i^f ûîill^*lât-
sères; alors seulement il éclate dès scissions, dfôré\^tres, \les
schismes; le fluide moral entre en ébullittôïif'iHji' ^M
déplace, son mouvement agit avec plus d^énèr^è^/'il^ èîd^'^^
suite des divisions, des sectes, etc.vaînsi qtoè rhlStîiîJ^^^
' feurait des preuves nombreuses. * ; '' ''\ '^^'*''
712, •— L'action du fluide moral nous paraît donc une vé-
L UOMM£ MORAL. 437
•
fivé iQ{2M)t^aibte. Mais voici encore quelques autres preuves,
j .li'élôqvieiÉccrdfttn (»ateur^, la parole des ministres d'un onite
f uelf^ooque,' ao^ montrent également combien il est facile de
;ftûfle fientâii^p tj^rs^qn point déterminé Topinion, c'est-à-dire
lai.plufijr8nde |^a(rlio.du poids du ftaide.
Nous voyons, à tout instant, la masse du peuple, dans une
:fllr6on»iaitc6fdonBée;4se porter aux excès de la joie ou de la
v(toilleui}i>our:céder, sans savoir pourquoi, à un aveugle entrai-
«om^t^ i»}iqae0àent pouv-suî^re un exemple^ absorbée qu'elle
^est^fâlr Iiii<si,m9l0 ea^viement d'inclination; nous la voyons
.S9 piîessjiiv^Quriir, s'afrêler, s6 grouper, pour une bagatelle,
pour un minime objet de curiosité.
<>i;.<Q9¥i>iiloisyôimntft:subitS'6ont un signe que le fluide moral
:^Q0lir^)jE)aiTpii^; 9randie^<{^aiilfté vers une direction spéciale.
j oXî^st 8orîcetife]drrection.qu,'il importe de veiller, car le jour
jqu&^fieupire éfN)tovera:i'inftii^ce de la bonne direction, ce
-jiMirhlàrâS^fa»6eliiiidu6bpiitaèiir pour une nation.
713. — Rien ne prouve mieux 1 existence d un fluide mo*
^iîi't%'^ii'te'^fflP^^(?^Wf,,^\^ ^^? produisent ces orateurs qui
jj^ll^ie^^ etjJ^J^j^^^^ 4es^ masses d'horçmes au même instant,
été préconçu d'avance. Une autre preuve ressort aussi de ces
J^^i^e^ions iq^ts^t^nées^^ liaient et se communiquent à
linËlfoùlé d hommes al asb^ct d'un site, d'un point de vue,
« Lors de 1 expédition d^gypte, lorsque I armée française
M^"^o^lÇ]jT^i ^ m:. (J.-B. Eyrès, l armée entière,
à^ràspect de ces îuînes ^pai^sesi s'^arréta d'elle-même, et, par
uiirmouvèjag|en^j^^^ d'ad^mirî^tion,. battit des mains. »
t.^eiithjl[us^^çç^^^ général; ils lui faisaient
.^onAredeilé^irs cQr^ poiii: le pfésefvçr des rayons ardents du
soleil, afin qu'il put prendre |es dessins de ces antiques débris,
et mettaient leurs genoux en rond pour lui servir de table.
436 APPENBICE.
7U. — Au reste^ ce fluide moral a été reconnu dès la plus
liMte antiquité , et les hommes les plus éminents Tont ap-
précié dans tons les siècles. Les prêtres et les ministres de
tontes les religions antiques et modenies le proclament haute-
ment; peut-être que ceux de nos jours ne font de. même que
par tradition.
Ces prières en commun que Ton recommande surtout dans
tes calamités publiques, les proees^ons, les assemblées reli-
gieuses, quel en est le but 1 N'es^-ce pas de i^éfmit 1% plus
grande masse possible de fluidamoral el^^delui donqetijiBe di-
rection déterminée? .' . > ne ?
S'il y a une famine, une peste, une.sécbere$se^ii.' jiijt^iiê4ron
pa« iout le peuple à ne porter ses vœux, ses pensées, ses
prières que vers un même point , afin d'obtenir de Dieu la
plttie, rabondànce ou la santé? ^ , r^c
Nous avons encore un exemple fmppant âtt^tte,;ér^4^
les sectateurs de la religion mahofluélane, q^i/fust i^nl^^ef^
racinée, et par là la plus tenace ^da|^(i)Bt pm^J^hi^^iï^
prit des Turcs. Le Coran leur défend roéme[ de^isç}|t^^ay^
les infidèles en matière de religion. Leurs prêtres dc^u^nt
l'exemple en pratiquant rig6ureu$emeptl€3%;ippIfj§4yÇAj
Leurs prières publiques se font six fpis par. jQ9rljr^l^^sr ^i)Je
moral est donc toujours porté à la mèpciedif^qii.^l^Q^içJis-
sionnaires, qui souvent ont réussi ^,.C0nvert|i^46¥IjÇ^ÛI^ ^^
et des Indiens, n'ont jamais pu parvenir à convertir un Turc
au christianisme, et la majorité de cette race (i^ommés n'a
jamais avancé d'un pouce dans la civIlisâtioriV car Teuf vo-
lonté ferme tend toujours au même but : c'est l'effiîf^e lêfir
ft«ide moral. " '*'^'
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i/homms moaàl. 439
CHAPITRE XL.
Wwà Tient le poids du Fluide moml
et qui revtretlent.
%'
Sommaire -r Origine du mauvais fluide, 715. — Erreur au stget de la
classe ouvrière, 716. — Causes provenant de la manière d*élever les
eniànts» 717. — Causes tirées do. la conduite des hommes, 718 à 71<k
-* Quelle est la classe la pHu exposée à estrelienir le mauvais fluide,
— 721. — La Justice et ses écarts, 722 à 795. r- Comparaisona avec •
les barbares , 726. — Conséquences, 727 à 731. — Conclusion, 732 à
715. — Du moment que le sang de Thomme est vicié- par
le poids dti mauvais fluide matériel et que le fluide moral a
corrompu son entendement, il flotte sur l'océan du désordre.
Si des causes étrangères se présentent et viennent augmen-
^ sa ^t^âtesée, le mal grandit dans des proportions sans li-
^(^ipelift à^àndir c6 mal? D'où yient*il et pourquoi? Qiiellas
sëHt'lèK^'caUsëS'qisi ébàruenl la bonne, voie et quelle est la
cHisse^e la sûdété q«tfi^àugmefite le plus ce mal?
- ^'Kéiiâ •alfdfls reéhiôrelier la solution de ces qu^ons.
7 16^— Ûiri est assez dans l'habitude d'attribuer les convul-
sions de la société^ les révolutions politiques, au chômage des
ouvriers.
Cette idée, prise en général, est une erreur. D'abord les
véritables ouvriers (et le nombre en est grand), loin d'être
dangereux, même en état de chômage, sont calmes, modérés
et pacifiques y parce que, s'ils Font pu^ ils ont fait quelques
économies; ils possèdent soit une somme à la caisse d'é-
pargne, soit un crédit moral auprès de leurs voisins. Donc ils
440 'ÂPi>^ENDltÉ* '
auront la certitude de ne pas manquer' de palh. Its sonï cal-
meSf parce que le crédit perèontiël,'la éonduitë régùRère et
l'ameur de la famille leur impdsent robli^ktloh fiin bon
exemple à donner. ' : . - p-x « . t?
Mais, sous la'dénomination générale d'ouVrierèV il ^'glisse
non-seulement les hommes qui travaillent de leurs bi^a$,''mais
aussi ceux qui spéculent de Vesprît les W%s crdisësC Cëàï celte
gent qui est dangereuse; elle se* rèncont^s matheutëusëiUént
dans (a classe ouvrière aussi bieb qiie dans idiùiëi tes autres
braâches de la société. '^ ! . . -
Cette espèce vetft,dit^!ë;trtLVaHler,'^ttlaiS trës^pè* 6U >àMt
du tout. Ce sotit ces hommes tfès-hoiiibreàot qâi'vohdi^ent
dominer/s'enrichir, a^mporte par quëtà"moyensVsabs Jàëiâi^
être contents ; ils^nttoajoûr^ 4tl()uiè«i: Qe> l«0Ht ëth^(]iii^Mè^
teut^eâ plus grande Vtuamité.'l'^eixpaAsion d'tm Buiéé iiMé-
riel et moral pernicieux, c'est-à-dire celui des mau valises pën^
sée8,-^^urce duj3U3^ s<jRti4nep;,qui,e^^^^^
les^^actiojiS-v,.. ^ .( ^\\.,^, ^\ ^Knu-y, yuMU:,^. imhi i^3 st'îimof*
pas Tun et l'autre 4^^qA^^.cmt4^^^ m^
vais Aui4&^«e V^pÇ^^Urfl??, s^pf^sW^, i^^b^^^
VÎS€!fel!W;^ pOaFtg^flS^t^fPW^UJirtOSVtft.^ ^l ;wh,-;
. ,pès,qu:u%;^ni^^^^v^p9J^^fB^^
' v0ntde.l>9y^jip««^^Bf^e^Ja^j8]^^
eftf^nlsy^ws^ un. m^^t>] J^
leur>nne,.png,(}i§p<ï$^ti<Sî;% jîa,|^ IHgPÏ^WS 4* M^r
La compçss^iQUi (le$i:.Yisçiès«ïS.rflu<.l^-v(^liPq,^^
digestion, d'où résultent des engorgements et la cacochymie,
cause pnemiètè dtfWchltî^hlëJLë 'saiiy^^^ le
corlfe, l*e^uW;âii'cei'Vékii'èl! y''pt^àùit-'M' ^éoMlsî^^^ dfe
paroxysthêS IJ'épflëpsiei'tès l'àhges^^^ nietteh^ 4U sd^^lice
et nous défdrmeiitV^Le thaÎTlÔt, lès'bé^eé 'del!togè',"cdmpri-
ijiànt Tenfànt, sont donc une coûlumelhseri'sèe é^ bfuelle pour
le physique. Voyons leur effet poiir le moral. ' ' ' ^■' '• *" "
l'homme mohal. 441
Une position contrainte devient fatigante, engourdit les
orgaw», tîause 4ie la douleur, force l'enfant à s'agiter avec
violence, et par ses tiraillements elle fait quelquefois sortir
des hernies ou démettre des articulations. Ces accidents ai-
grisseat davantage renfant ; il multiplie ses lamentations,
^és pleurs deviennent une habitude : cette habitude de crier
s'earacine, prend de la force et se substitue au calme, qui
devrait être l'un des. attributs de Tenfant. Les pleurs et les
cris ie rendieni, irascible, témérairç et indomptable ;| de là
vient cette première inquiétude, point de départ du déraison-
nement qui sera la base de son tempérament futur.
'. Xes^rabes, qui 'ont un tempérament calme, uniforme,
commQ..tous.les Orientaux; les sauvages de l'ancien et du
noweaumonda^ qui sont si parfaits dans les formes du corps,
n'ooA jamais pensé. à torturer les enfants dès leur nai^ance
par des laqge». .
718.'— ta composition physique intérieure du corps d'un
homme est identiquement pareille à celle des corps de tous
les autres hommes, et le placement des organes est parfaite-
ment arïalogue à la proportion de sa taille.
Pourquoi rem?arque-t-on une disproportion souvent infinie
dans le caractère moral d'un homme comparé à celui d'un
îiuti^e? Puisque le caractère moral est produit par le dévelop-
^eiii'éllt' déS facultés physiques, ce caractère devrait également
kvoirxinè "pâMïiîte conformité de perfection , et tous les hom-
me^ ne dëVi^ieriC avoir en vue qu'un même but, celui d'amé-
Horalftitt* èft^'de f)<*6grés, conformément aux lois de la nature.
749. — r. Ce qui a contribué à faire prendre une fausse route
au moràl^de l'homme, c'est le tort qu'il a reçu d'un autre
homme. On oe p&ut pas nier que, lorsque nous éprouvons une
insulte ou une injustice non méritée, nos sentiments s'altè-
rent, et, au moment de cette altération, notre sang échauffé
n'est plus dans Jes conditions paisibles oà il était auparavant.
4,42 , ÀPt>£Naicj£. .
i-haleine et ja pensée, clest-p-dire le Qi)ide,.jp^(^rjiel ei le
fluide lûoral» se trouvent .9ll^ç^i^?^.ej, f^^^^
Qou»^ ils ser^t aujj^ibjl^,. ide^ çriè^ pu ,dia lom,..i^ ç^^e voisin.
Les.iactfis d'i^plîce^ les ipaçivaU^^ 1^ pç^iif^, pon.naé-
ritécîs.jsoiat4aiMîM ?<>W^ ^S^uyws fluide .iç^ Or^, si les
parents, soit par ignorance, soit par superstition/ font souffrir
leari èÊêâtkU^^àhsi^pk^ïÀi^wtisBàfBbimonà^^ cmqiçttent
«m aet03id^iiôtffitîoe',^siqia;deateiïia«dM laaift/ils: nfen
èauseirt^pM^mufais^'des^doiifciiA k\Veûî&B^j:ceÀpn'^\gtîi stfn
tempérament et Texcitara à faire à: snKPtohr^'dis'^infaalièes
tciraqu'il 'sera»ïdQlt&"r y ''j.' .''•bîiO'î'7o;>*lt -. oioi-j fo^ -l^-
ilij«islic^'<«i& àiltr^ljwwmescojn'jt' -ô psai ^.-^^ :'• f-' -fha ^rcn^
>: 7!20vfi^>.Gfi9»p^daGgi»»dft;^^
irop afesKtffeé 4* ^»|l^^ji|]^^i^u^«»ij^
«Ii^^f9^,.-|y8^ntiflifii«| fei»«g^(tefj.A(fo*ftwF;l^PΫ^
^«M»fteii0hîffîi^«^tirfi§tié«i«*ryw^ /•.
vo ta f9ii^|^l^i9§pi|)^MQg^eo)fj^;^^ mmw-
rêt; il tâche, il est.yfajj,^ 9«RÏiÔ6i*9*e»ttipfi!4«^(:SBÎiJb^
-<î^.y<¥i%jyçeiWftS©fffiPleRt^ft^ \BJ^g»«e%^^ft«i^ sflp^apti-
^ir«s(H' «t^^jôè^^ ïmym
4^1: lovjmtriiQi^èia'Moii! ÎMkéMfi^.ipîiM^ ^^àmmyml^
4à la ^mcieno^. et B»ar^é «uy )Ua> gii^mj^ d^ y^iws ipil
aum* dépouillées ou len^^rsées': enr sm pflpssageto mj ; •*
L'flOîiiMl: BIÔÀAL. 443
parfuïiie'^èveijâté 'tkm iiiérièêel, accusent le t\el de Finjiistice
^es b6mïh(^,.lBt/iii)i^àntà fèw tour pfÀr përiire to^^ ïeligion,
"ktks traB^etfeîil; à )àgénêtMhf^ Va M^ui Vrë ttdëe de
la^iSiéJÉiânfeii] et déifà'liàinè ileshbinmëst^^^
' /ïH >^» A^^èse*gîooiirtrfliw6çuîgëiiéry j; ill«>ug3ir£fete à ydr
({iislle ^ 1» dasseitefiihommes IabpiHS,eKf^i)^
cfau^te 'peii{|lef)oe, gsritm du âujdte lÂs Jbatbèiyr^ qui ;^ $»bdi-
■"^»i8èi0Bstaai«dedH?a»dieaL ^.i;j>] jê; .;>i*ji:^xe'î *e p^-^^'^-vi-, ■ ^
On sera étonné d'apprendre que ce geaiiei iCelte^strdrpeAe
^tâe'diànkml^qfiéimte kdm eotF^bei^sjtatiarfe^pait^
ment par la classe des hommesaMOMpNls^^été «miiéela^niraH-
sîon de les détruire.
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pable, sauver la yeme et sa fortune menacée. A cet effetV^
avait en»|Kriiii^4^^|'atfâN$idf]^ne^l^^
de la stutue àfi |^ jiuiUi^'ii.Ci'iâtaH iituit'feainie b)aiit)ite6''}itUl
el de l'eutce. j;nsj^. ,uf)e>fl>>atEn««i(i£e j^iûsigailini qoerâtiju^Uot
ne regarde personne, qu'elle est impartiale, que le bienidift
mal»le.|or|L.ou:la'faà^Qn.^r{iat[tflfieX|i^'leBiraU-peBdB,f«t'i^e,
le jufjflmient Br()poBiîft,,l'*ij|iarit(é' publique feià-maUitehi»; lik
décision. .i.ri.:;,:' ,>i. ■'■■■ i' ■■■■■■.■(.■■,■■•, hh '-A ••.'■■■MU.
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désordres, sévèrement punis, disparaîtraient de la soQJ^oi'»
volonté, la fausse interpréiatipfl<;i;jntl^éfW«fioe»tGilpirt»^St'
gence des hommes qui ont été appelés k siéger comme
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